Le plus grand nombre de nos gens de Lettres, loin d’écrire avec art les bagatelles qu’ils composent, s’éxemptent même quelquefois de mettre du bon sens dans les Ouvrages un peu relevés que leur plume ose enfanter.
C’est la premiere foiblesse d’un jeune homme bien élevé, qui n’ose secouer le joug qu’il commence à trouver trop pesant : cette piece sagement écrite, est bien différente de la Vestale Ericie, trop exercée aux sentimens les plus passionnés pour en être étonnée & qui plutôt brave la religion & la pureté par les sentimens qu’elle ose montrer. Les petites maisons ou le réveil d’Epiménide, sont une satyre des mœurs de son tems qui ne différent des nôtres que parce que le vice n’osoit pas encore braver ouvertement les loix & la pudeur. […] L’Abbé d’Olivet, quoique tenté de faire des tragédies de Racine un livre classique, n’a pas osé proposer ce parallele, ou plutôt donner cette préférence à Racine, quoiqu’aussi bien écrit que Térence. […] L’amour régne dans les plus sévéres ; dans Polieucte même, (il n’a pas osé dire pieuses) il se mêle aux affaites d’état, aux conspirations, aux intérêts les plus terribles, ce qui donne à la tragédie moderne un air de galanterie, une allure efféminée qu’on n’a point à reprocher aux tragiques Grecs : les mœurs de nos tragédies sont efféminées, donnant à Melpomene la ceinture de Vénus.
J’ose avancer qu’ils étaient déja en usage. […] Les prémiers pas que ces conquérans de l’Univers firent dans la Grèce, pour repousser Pyrrhus, qui osa les attaquer jusques dans leurs propres foyers, leur découvrirent les charmes de la Littérature, & la beauté des Spectacles, dont ils avaient à peine l’idée. […] Je n’ose entreprendre de résoudre une pareille difficulté.
Qui oserait désavouer que le Clergé séculier et régulier ne soit très déplacé au théâtre ? […] (les Casuistes dont nous parlerons sont un ordre à part), j’ose dire qu’on n’en trouvera pas un qui ne défende la comédie aux Ecclésiastiques. […] Une Troupe n’oserait les recevoir pour Acteurs ; pourquoi les admettre pour Auteurs ?
Leurs textes, qu’on nous rapporte, sont si formels, qu’on ne conçoit pas comment on ose les citer en faveur des Spectacles. […] Comment des Ecclésiastiques osent-ils y paroître ?
Leurs textes, qu’on nous rapporte, sont si formels, qu’on ne conçoit pas comment on ose les citer en faveur des Spectacles. […] Comment des Ecclésiastiques osent-ils y paroître ?
ce n’est pas non plus pour exciter l’indulgence du Public que je mets une Préface à la tête de cet Ouvrage : non, je n’ignore pas que j’en aurais besoin : jeune encore, c’est le premier que j’ai osé livrer à l’Imprimeur ; que de raisons !
Bossuet), à l’incontinence publique, d’une maniére plus dangereuse qu’on ne feroit dans des lieux qu’on n’ose nommer ?
Salvien n’ose seulement en parler, parce que, dit-il, les choses qui s’y font sont, telles qu’on ne saurait les dire ni même s’en souvenir, sans se souiller, et la langue, et le cœur.
Supposons une ville aussi infectée de la contagion qu’un Hôtel de comédie est infecté de la dépravation des mœurs, on la bloqueroit, on tireroit des lignes de circonvallation pour empêcher tout commerce avec elle & sauver les provinces voisines, & vous osez commercer avec le théatre, user de ses marchandises, en respirer l’air, vous nourrir de ses alimens ! […] Fermons l’oreille à ces conversations tendres, à ces discours licencieux, à ces équivoques recherchées, à ces médisances empoisonnées, à ces fades puérilités dont on s’amuse, souvent à ces grossieretés dont on ose ne pas rougir. […] Il ajoûte : Les spectacles, dont nous avons tant de peine à vous faire comprendre le danger par les règles de la foi, furent interdits comme des crimes par les loix de l’État, & les Comédiens, que le monde du plus haut rang ne rougit pas d’honorer de sa familiarité, & auxquels des parens Chrétiens osent même confier le soin d’instruire leurs enfans dans tous les arts propres à plaire (danse, musique), déclarés infames & bannis du royaume comme des corrupteurs des mœurs & de la piété. […] Nous n’osons, qu’en tremblant, réclamer vos bontés & nous présenter devant vous.
J’ose avancer que la situation est encore plus touchante dans Zaïre que dans Electre. […] Si elle ne n’osoit le voir, c’est que Roxane faisoit observer Bajazet, comme Racine le lui fait dire : Ils ont beau se cacher.
Il faudrait qu’on se fût étrangement aguerrie à la comédie pour l’oser dire. […] Qui a osé la lui offrir et s’en promettre récompense, les lumières de la conscience des amateurs du monde ne sont pas éteintes jusqu’à ce point, ils se contenteraient bien de n’en être pas punis, or c’est un principe certain que Dieu sera un jour le juste vengeur de tout ce dont il n’est pas l’auteur, et qu’il n’approuvera que ce qui aura été entrepris par le mouvement de son Esprit, « quorum non est author, justus est ultor »S.
Je ne dis point que ces Tragédies n’aient eu ce qu’elles devaient avoir pour plaire au goût des Athéniens : mais qui pourrait traduire en Français dans toute sa force l’Œdipe même, le chef-d’œuvre des Anciens ; j’ose assurer que rien au monde ne nous paraîtrait plus barbare, plus funeste, plus opposé aux vrais sentiments qu’on doit avoir. […] Comme les Dieux causaient les plus grands crimes sur le Théâtre des Anciens, les crimes captivaient le respect des Spectateurs, et on n’osait pas trouver mauvais ce qui était abominable.
Monime & Xiphares savent aimer : mais quand ils voyent que pour leur malheur le Ciel a joint si tendrement Deux cœurs que l’un pour l’autre il ne destinoit point, aussi-tôt ils se disent un adieu éternel, & Monime n’ose se plaindre de son sort, puisqu’elle a dit à Mithridate, qu’elle n’aime point, Et même de mon sort je ne pouvois me plaindre, Puisqu’enfin aux dépens de mes vœux les plus doux, Je faisois le bonheur d’un Heros tel que vous. […] Il osa faire plus, il osa comme Euripide εκτραγῳδῆσαι, traiter l’Amour d’une maniere tragique, & peindre dans Phedre vertueuse toute l’horreur d’une passion criminelle.
où Cicéron, le sauveur de la république, Cicéron, de tous ceux qui portèrent le nom de pères de la patrie, le premier qui en fut honoré et le seul qui le mérita, nous est montré comme un vil rhéteur, un lâche : tandis que l’infâme Catilina, couvert de crimes qu’on n’oserait nommer, prêt d’égorger tous ses magistrats et de réduire sa patrie en cendres, fait le rôle d’un grand homme, et réunit par ses talents, sa fermeté et son courage, toute l’estime des spectateurs ? […] Par des confidents et des confidentes que je n’oserais nommer par leur nom, et qui semblent n’avoir d’autres fonctions que de corrompre ceux qu’ils conseillent. Quels modèles osez-vous offrir aux femmes ?
Scipion Nasica, votre Pontife, que vous n’oseriez regarder en face, arrêterait vos murmures. […] Quel est celui que la comédie n’a pas osé attaquer ? […] ), ouvrage utile, bien écrit, mis au nombre des livres Ecclésiastiques par le Pape Gélase, traite contre les Idolâtres le même sujet que ce Père dans la Cité de Dieu, et fait voir que les malheurs des temps viennent de la corruption du théâtre : « Theatra incusanda, non tempora. » Par une profonde méchanceté le démon a demandé des sacrifices, où il se nourrit moins de la chair des animaux que de la perte des vertus : « Profundo malignitatis argumento sacrificia flagitans, quibus non tam cruore pecorum, quom profligata virtute pascerentur. » Les vertus sont les victimes qu’on immole à l’autel de l’impudicité : « Ad aram luxuria virtutum victimas trucidantes. » Vous qui ne goûtez que la volupté, osez blasphémer le Dieu qui la défend, et vous vous réjouissez de la perte de vos âmes.
Mais de bonne foi, vous qui ne voulez point d’Amour, pourriez-vous souffrir un Personnage aussi peu galant que l’est Achille dans l’Iphigénie d’Euripide, lequel n’ose entretenir Clytemnestre, parce que, dit-il, il n’est pas bienséant qu’un jeune homme soit si longtemps seul avec une femme ; cela ne vous fait-il pas pitié ? […] Ce grand Poète cherchait à plaire et à profiter, et pour ne rien faire qui servît de prétexte au libertinage des jeunes gens d’Athènes ; il n’ose introduire un jeune homme avec une jeune femme, qu’en même temps il ne prenne cette précaution que vous blâmez si fort. […] Et depuis personne n’a osé tenter la même chose, on a renvoyé ces sortes de sujets dans les Collèges, où tout est bon pour exercer les enfants, et où l’on peut impunément représenter tout ce qui est capable d’inspirer ou la dévotion ou la crainte des jugements de Dieu. […] C’est ce qu’Horace avait pensé avant luiai ; Et si j’ose ajouter quelque chose à cette remarque, il me semble que ce n’est pas s’y prendre comme il faut, pour réussir au Théâtre, que de commencer par chercher des aventures extraordinaires, et chargées d’incidents. […] Au reste, ne croyez pas que des Auteurs médiocres soient capables de mettre en crédit mon nouveau Système de Tragédie, si j’ose parler ainsi.
Leur établissement quoique moderne a déjà produit les abus les plus invétérés, & j’ose ajouter les plus pernicieux. […] S’il est assez sage pour prendre son congé lui-même, on l’oublie dans l’instant : ose-t-il se présenter, on l’humilie ; revient-il à la charge, on le chasse. […] Cet exemple terrible est tout récent, & je ne crains pas d’affirmer qu’il faut être pervers, & l’ennemi de son Prince & de sa Patrie, pour oser nier les funestes conséquences de ce Spectacle, & prétendre qu’il produit quelque bien. […] Dans quel siecle le faste a-t-il osé paraître avec autant d’audace & d’impudence qu’il se produit dans le nôtre ? […] Voilà, Monsieur, ce que j’ose attendre de la suppression des Spectacles Forains.
Vous dites cependant : « Pour peu que Molière anticipât il avait peine à se soutenir, le plus parfait de ses ouvrages tomba dans sa naissance. »h Observez qu’il se releva peu de temps après et qu’on ne tarda pas à préférer Le Misanthrope au Médecin malgré lui : un Philosophe comme Molière n’était pas homme à se décourager pour la chute actuelle de son chef-d’œuvre, il prévoyait bien que la force de la raison subjuguerait le mauvais goût, et c’est ce que les bons Auteurs qui lui ont succédé ont osé prévoir comme lui, en attaquant des vices, des ridicules, et des opinions du jour qu’on avait trop ménagées avant eux. […] Pour prouver que « le Théâtre purge les passions qu’on n’a pas et fomente celles qu’on a »ad , vous dites qu’on n’ose mettre sur la scène « un homme droit, vertueux, simple, grossier et sans galanterie, qui ne dit point de belles phrases »ae , il y a cependant longtemps que Molière a produit cet homme sur la scène. […] Molière aurait pu comme nos Auteurs d’à présent lui donner beaucoup de finesse, lui faire lancer des madrigaux et des épigrammes très aiguës contre la pédanterie des femmes savantes, mais il était trop grand maître pour cela, il a senti qu’il ne fallait opposer que du bon sens à l’abus de la science et de l’esprit, il a donc fait parler un homme sensé, simple, sans amour et sans galanterie, enfin un homme tel que celui que vous croyez qu’on n’a pas encore osé mettre sur la scène ; écoutez-le pour vous en convaincre. […] Le troisième reproche de votre observation n’est pas plus difficile à pulvériser que les deux autres, et je ne vois pas pourquoi l’on n’oserait pas mettre sur la scène un homme sans préjugé, qui refuserait d’exposer sa vie pour se venger d’une insulte. […] La vie est un dépôt confié par le Ciel, Oser en disposer c’est être criminel ; Du monde, où m’a placé la Sagesse immortelle, J’attends que dans son sein son ordre me rappelle : N’outrons point les vertus par la férocité, Restons dans la nature et dans l’humanité. » au Quoi de plus contraire aux maximes outrées du point d’honneur que ces vers : cependant ils ont été applaudis et admirés ; si vous en doutez, informez-vous-en.
Les règles que j’établis sont fondées sur l’expérience, et j’ose les assurer d’avance qu’en les appuyant du poids de leur autorité, elles remédieront à tous les abus que l’on peut reprocher au Théâtre. […] Si une Baladine osait venir lutter de magnificence au Palais Royal avec des Princesses, si l’objet de ce faste était d’y négocier plus avantageusement sa turpitude, je voudrais qu’elle ne sortît de la promenade que pour être conduite à Saint-Martin 4. […] J’ôte en même temps à des gens sans talent, sans capacité, sans crédit, et sans moyen la liberté de s’établir effrontément Directeurs de spectacles et, par conséquent, de tromper des sujets qu’ils sont hors d’état de payer et avec lesquels ils osent contracter des engagements que rien ne cautionne. […] C’est pour nous un passe-temps que les déclamations des bigots, et l’impertinence de quelques Bourgeois imbéciles et fripons par état, qui osent dédaigner des gens qui valent beaucoup mieux qu’eux. […] Si l’on osait se battre tête à tête, et que les combattants fussent dénoncés, ils seraient sans rémission punis de mort, aussi bien que les témoins volontaires de leur combat.
On osait dédaigner ceux qui font éclore les trésors de la terre, & l’Ouvrier qui nous procure les commodités de la vie.
J’ose me flatter que rien d’absolument essentiel ne m’est échappé.
L’Auteur de la Pièce, pour achever de l’avilir, osa lui prêter son langage.
Quoique cet ouvrage soit posthume, on ose espérer qu’on ne le trouvera pas indigne de la réputation de l’Auteur ; on n’a encore donné aucun ouvrage en notre langue, sur les Jeux de Théâtre, où il y ait tant de choses curieuses.
Pour fortifier (P. 17.) ma pensée, entrelaçons la branche au tronc, & donnons au tout cette unité si favorable à l’établissement de la vérité & à la persuasion, opposons les notions, saisons contraster les principes, attaquons, ébranlons, renversons un tas d’opinions ridicules qu’on ose établir ouvertement . […] ) respecter quelquefois la vérité, ce n’est que pour mieux pallier l’iniquité de leur systême, & peut-être même pour fournir en leur faveur des prétextes à ceux qui sont assez foibles ou assez téméraires pour oser encore les justifier . […] pour oser nous apprendre (p. 22.) […] Qu’ils paroissent à ma vue, ces oracles menteurs qui osent les mettre en crédit, & je les confondrai avec les paroles mêmes d’Hypermnestre. […] De quel front ose-t elle nous dire cette raison aliénée, que le Théatre de nos jours sert à corriger les mœurs : Ridendo castigat mores ?
Celle-ci d’ailleurs ne vous étant point étrangère, j’ose espérer qu’elle fera excuser ma démarche respectueuse et que vous ne me refuserez pas votre bienveillante attention. […] En quoi Dieu est-il offensé par un exercice agréable, salutaire, propre à la vivacité des jeunes gens, qui consiste à se présenter l’un à l’autre, avec grâce et bienséance, et auquel le spectateur impose une gravité dont on n’oserait sortir un instant ?
Il raconte qu’une femme chrétienne étant allée à la comédie, elle en revint possédée du Démon : & comme dans l’exorcisme, on reprochoit à cet Esprit impur, comment il avoit osé attaquer une personne fidéle, il repondit ; In meo inveni ; J’ai eu raison, puisque je l’ai trouvée chez moi, c’est-à-dire dans un lieu qui m’appartient. […] Voilà le précipice où vous les conduisez, & où vous tombez les premiers, malheureux Pères & Mères, qui êtes si complaisants que vous n’oseriez résister au libertinage de vos enfants.
L'on n’ose la mettre au jour, de crainte d’être regardé comme le défenseur de ce que la religion condamne, encore qu’elle n’y prenne point de part et qu’il soit aisé de juger qu’elle parlerait autrement si elle pouvait parler elle-même, ce qui m’oblige à vous dire mon sentiment, ce que je ne ferais toutefois pas sans scrupule si l’auteur de ces Observations avait parlé avec moins de passion. […] Je n’oserais vous découvrir mes sentiments touchant les louanges que cet observateur donne au roi.
On sçait que l’incrédulité ose se produire par-tout, & même dans les Ecrits où il devroit moins en être question. […] C’est un homme du monde, qui a le double mérite, & d’oser dire la vérité, & de sçavoir la bien dire. […] Desprez de Boissy d’avoir le double mérite, & d’oser dire la vérité, & de sçavoir la bien dire. […] Car, dès qu’elle exige une exemption de tous vices, aucun vicieux n’osera donc se présenter pour être reçu dans cet Ordre. […] Caffaro se seroit-il cru obligé de donner la rétractation la plus authentique de la Lettre dont on ose s’autoriser ?
Ce n’est que depuis un siécle environ, que l’on est en droit d’espérer de l’Eglise, l’Absolution des Comédiens ; car on ne doit pas s’attendre ici, que l’on ose improuver les respectables décisions des Conciles. […] J’ose remarquer en passant, que si les Théologiens de France, qui voyoient les Princes & le Peuple si amoureux de cet Exercice, eussent représenté dans les Conciles la nécessité de le régler plutôt que de le condamner en général, & que la sévérité des Conciles n’eût tombé que sur ce que l’on appelloit les Combats à outrage & à fer émoulu, ces Jeux, sans doute, n’auroient pas eu des effets ni des suites aussi funestes. […] La Comédie fut regardée, dans sa naissance, comme un effet de la sagesse des Grecs, & elle resta long-tems dans la plus haute estime ; mais quand un Poëte osa se mocquer publiquement des Dieux, des Ministres de l’Etat, & des Philosophes les plus respectés, les choses changerent de face, & ces Comédiens, auparavant si aimés, furent alors chassés comme ils le méritoient.
Louis étoit confus, dit la Baumelle, de l’impie plainte de la piété qui faisoit valoir à Dieu même son exactitude & son recueillement à la messe ; mais il étoit charmé de se reconnoître dans la grandeur & le faste d’un Roi de Perse (cette flatterie seroit une satyre : Racine avoit-il assez l’esprit de Port Royal pour oser censurer le Pénitent du P. la Chaise ?). […] Le médisant est un lâche qui attaque en son absence un infortuné qui n’a pû ni se mettre en garde, ni parer les coups qu’on lui porte ; un traître, si c’est un ami qu’il flétrit ; un tyran, s’il opprime le foible ; un insolent, s’il ose s’en prendre à son supérieur. […] C’est là le Tabarin que Madame Dacier, admiratrice de Socrate, ose admirer ; voilà l’homme qui prépara de loin le poison dont des Juges infames firent périr le Philosophe le plus vertueux de la Grèce.
Qui oserait comparer la morale du théâtre avec un sermon, les décorations avec les tableaux d’une Eglise, les chants, les danses, avec des exercices de piété, les actrices, les coulisses, les loges, le parterre, avec des assemblées de religion ? […] Quelque hardi que soit le théâtre, je ne pense pas qu’il ose accorder à la comédie aucun de ces privilèges. […] l’oserait-il ?
Et quand même ces effets, que je n’ose faire entrevoir, ne s’en suivraient pas, n’est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion ? […] Et j’ose même dire que cette apparence d’honnêteté, et le retranchement des choses immodestes le rend beaucoup plus à craindre. […] L’Auteur cite l’endroit de Tertullien au Chapitre 28. du Livre des Spectacles, d’une femme Chrétienne, laquelle étant allée au Théâtre et à la Comédie, en revint possédée du diable, et que les Exorcistes demandant au démon comment il avait osé attaquer une Chrétienne, il répondit qu’il l’avait fait sans crainte, parce qu’il l’avait trouvée dans un lieu qui lui appartient, Inveni ine meo af.
La plus-part de ses personnages savent par cœur la carte du tendre ; elle n’oserait se faire voir sans être accompagnée d’un habile décorateur, & d’une foule de gardes.
Ils n’estoient point montez comme les nostres sur des Chevaux caparaçonnez, parez, poudrez, & chargez de rubans, & n’eussent pas osé se trouver à la teste des Troupes d’Infanterie, dans un équipage peu guerier.
J’ai voulu me frayer un chemin et pressentir en quelque sorte le goût du Public, avant que de m’expliquer ouvertement ; et c’est dans cette vue que j’ai donné mes Observations sur la Comédie et sur le génie de Molière b : On a paru n’être pas mécontent des réflexions semées dans cet Ouvrage, et on a bien voulu me tenir compte d’avoir choisi Molière pour modèle des préceptes que j’ose y donner.
Je ne parlerai point des Scènes d’amour qui, peut-être, leur apprendront, pour la première fois et toujours trop tôt, à connaître cette passion ; car, quand même il serait vrai de dire que, tôt ou tard, il faut bien qu’ils la connaissent, (ce que je suis très éloigné de croire) il n’y aurait pas pour cela moins d’inconvénient et, si je l’ose dire, moins de cruauté à leur donner, sur une matière si délicate, des leçons prématurées et du moins infiniment dangereuses, et à leur faire courir le risque de perdre leur innocence, avant même qu’ils sachent quel est son prix, et combien cette perte est affreuse et irréparable.
Qui est-ce qui, malgré une prévention si générale, osera entreprendre de le réformer ?
Car, c’est là en effet, si je l’ose dire ainsi, leur pierre de touche pour le mérite : et celui qui n’en soutient pas l’épreuve, il est dès là rejeté. […] » Il ajoute que la plainte générale d’aujourd’hui est que les Ecrivains n’ont rien de Poète que le nom ; que la poésie et en particulier celle du Théâtre ne met plus en œuvre que l’obscénité, la profanation et la licence effrénée d’outrager Dieu et les hommes : il confesse que cette plainte n’est que trop bien fondée, et marque une extrême douleur de ne pouvoir pas la démentir : il se flatte pourtant que tous ses confrères ne sont pas embarqués dans cette horrible entreprise de se damner. « A mon égard, poursuit-il, j’ose avancer, et je le fais sur le témoignage sensible de ma conscience, que j’ai toujours tremblé à la moindre pensée d’impiété et que j’ai toujours frémi des ordures qui sont aujourd’hui l’aliment du Théâtre.… Quel homme raisonnable, ou quel homme bien né ne rougit pas d’enflammer ainsi la convoitise ? […] Qui oserait être vicieux au péril d’en voir tomber autant sur sa tête ? […] Torrismond n’a qu’à dire à sa Princesse, qu’elle ose être criminelle jusqu’où elle jugera à propos, que sa beauté doit faire taire tous les cris de sa conscience ; parce qu’il n’est rien que le Ciel ne soit obligé de pardonner à une belle personne.
Elle n’étoit pas si difficile pendant le règne de sa sœur, elle eut volontiers épousé Devonshire, si Marie l’eut permis, & si Devonshire l’eût osé ; elle s’engagea avec Milord Strafford ; cet homme hardi & puissant chassé par la Reine, s’étoit réfugié en France, Elisabeth entretenoit avec lui des intelligences, elle le fit revenir, & lui promit de l’épouser, s’il vouloit faire une conspiration pour monter sur le trône ; il s’empara de quelques places, prit la qualité de Roi, & se donna pour mari de la Princesse, il fut pris & décapité, Elisabeth devoit l’être avec lui, elle y étoit condamnée ; Philippe lui sauva encore la vie, tant de revers la dégoûtèrent du mariage, & firent enfanter ce brillant système de virginité qui fit donner le nom à la Virginie, & mérite de figurer sur le théatre de la foire. […] C’est une erreur, une ch mère, Dieu ne veut point dans la Religion le mêlange de l’erreur & de la vérité, qui n’est pas avec moi est contre moi, qui ne ramasse pas avec moi, dissipe ; un Évêque peu courtisan osa lui reprocher qu’elle agissoit plus en politique qu’en chrétienne. […] Apollon toujours équitable prétend qu’ils ont raison tous deux ; elle lui en fit les plus vifs reproches, & ses lettres contribuèrent à faire porter le fameux Édit de Nantes que Louis XIV s’est fait un devoir & un mérite de révoquer, Édit qui donne aux Huguenots plus qu’on ne leur avoit jamais accordé, il fut dressé part les Ministres Huguenots qu’Henri en chargea ; il n’en auroit pas fait davantage quand il étoit à leur tête, peut-être n’eut-il pas osé en faire tant. […] Ce successeur n’étoit alors qu’un enfant de treize mois, elle mit a profit le temps de son enfance pour gouverner despotiquement l’Écosse, & y établir la Religion Protestante, elle lui donna un Tuteur & un Précepteur, lui forma un Conseil à son gré, qui n’agissoit que par ses ordres, sur-tout & contre la volonté de sa mère ; elle le fit élever dans la Religion Protestante, & une si entière dépendance de l’Angleterre qu’il n’osa ni venger sa mère, ni se plaindre quand elle fut décapitée. […] Ces regrets la firent tomber dans une noire mélancolie, & de là dans l’enfance, elle n’osoit s’en plaindre, elle en rougissoit, elle refusoit les Médecins, les alimens & les remèdes.
On ne vous louera pas moins, j’ose en répondre, de vouloir être son Commentateur. […] Mais j’oserai croire, en cette qualité, que ce savant Prélat se seroit expliqué différemment, si le Théatre ne lui eût pas paru aussi répréhensible qu’il l’est en effet dans sa constitution présente. […] Mon amour vous le doit, & mon cœur qui soupire, N’ose sans votre aveu sortir de votre empire. […] J’ose au moins avancer qu’il n’y a pas dans tout ce Poëme un seul Vers foible. […] Un seul osa d’Aman attirer le courroux : Aussi-tôt de la terre ils disparurent tous.
Oserait-on résister à l’éloquence d’un Sçavant qu’on place au rang des Bienheureux, quoiqu’il vécut dans l’idolatrie ?
… j’oserais dire, plus digne ami.… ta sublime vertu se rend petite avec moi ; elle s’enveloppe & se cache sous la livrée de ma misère ; ce n’est qu’avec ton estimable compagne qu’elle brille de cette vive & pure lumière, dont mes faibles yeux ne pourraient soutenir l’éclat.
Il n’y a personne qui osât le penser, ni le dire.
C’est à ce titre que, rempli d’espérance à la vue des miracles qui chaque jour se développent à nos regards étonnés, j’ose m’élever moi-même contre tout ce qui pourrait encore arrêter l’effet des desseins magnanimes du Héros qui les produit.
Mais qui sont ceux qui s’imaginent que nous n’osons toucher aux fleurs ?
On n’ose découvrir ses propres sentimens ; on n’ose montrer ses plaies, mais on affecte une indifférence extrême ; on cherche divers prétextes pour s’éloigner de ce qui est permis ; on prête une oreille attentive à la voix de la volupté qui semble encore se faire entendre ».
Et qui oserait estimer les Clercs du Palais gens de peu d’honneur pour représenter la cause grasse, la veille du premier Mercredi de Carêmef ? […] Et s’il y en a comme quelques-uns tâchent à le montrer comment l’ose-t-on dire sans avoir peur de participer à cette infamie ?
Cette société ambitieuse et sans cesse agissante a tout osé, car elle a renversé de fond en comble la religion chrétienne pour y substituer une nouvelle religion de son invention, une religion jésuitique, mais infâme, car leurs maximes favorites sont, que la religion ne peut se soutenir et triompher, que par le pouvoir absolu et les richesses, que par la force, la terreur et les supplices, et enfin, que par les crimes les plus odieux, en soutenant que ces crimes deviennent des vertus, lorsqu’étant commis avec une direction d’intention, ils ont pour but l’intérêt de la religion et de la gloire de Dieu. Quel est l’homme de bonne foi, qui oserait reconnaître dans cette atroce religion jésuitique, la vraie et sublime religion chrétienne, qui ne veut se propager, que par la douceur et la persuasion, et qui est fondée sur la charité et sur l’humilité évangéliques ?
Si vous pouviez réformer toutes nos pieces de théâtre dans ce goût-là, j’ose vous assurer que vous n’auriez pas long-tems à déclamer contre nos spectacles, que vous rendriez bientôt déserts. […] Si j’ose ici réclamer ses droits, n’allez pas, je vous prie, vous imaginer que ce soit un effet de mon antipatie pour elle. […] J’ose même ajouter que la justice est une, & que dans toutes les causes soumises à la décision du peuple Romain, il étoit d’une certitude absolue qu’une des parties avoit tort ; cependant celle qui soutenoit une prétention injuste, trouvoit un Patron qui se chargeoit de défendre la légitimité de ses droits. […] C’est une vérité singuliere, que j’ose affirmer après de scrupuleuses recherches, & qu’on peut discuter dans la derniere rigueur : depuis que nous avons des spectacles réguliers en France, jamais Comédien n’a été immolé à la sûreté publique, en expiation de ses forfaits. […] J’ose reclamer, en faveur de l’humanité, les droits qu’il a de prétendre à l’approbation de tout homme qui pense : serions-nous assez injustes pour le proscrire, tandis que tant de professions pernicieuses, ou du moins indifférentes & frivoles par leur inutilité reconnue, échappent au mépris dont on flétrit l’école de la sagesse & de la vertu ?
J’ose même vous assurer, que l’avantage qui résulte du commerce des deux sexes, sera plus sensible encore, dans nos grandes Villes, si l’on exécute le Plan de Réforme. […] Il prétend faire entendre, que la Comédie ne peut attaquer avec succès les vices favoris ; & qu’elle n’ose, comme l’Ane de la Fable, insulter que les ridicules expirans. […] Les mœurs de nos Acteurs seront pures : quel est le Jeune-homme, la Jeune-fille, connus, estimés d’une Ville entière, qui oseront se manquer à eux-mêmes* ? […] osez accuser les Caligula, les Néron, les Domitien, les Caracalla, les Heliogabale ; comparés à vous, ces tygres déchaînés contre le genre humain n’étaient que des méchans ordinaires. […] Et moi, j’ose assurer que M.
Comment des Ecclésiastiques osent-ils y paroître ? […] Un Seigneur de la Ville osa publier un Ecrit en faveur des Spectacles. […] C’est, osons le dire, l’histoire usuelle, l’histoire utile, celle du moment ». […] Quels modeles osez-vous offrir aux femmes ? […] Sa merci nous osons à cette heure parler & écrire.
LA matiere que je traite aujourd’hui, Mademoiselle, ne doit point effrayer votre Jurisconsulte, elle est parfaitement de son ressort : il se donne pour l’organe & l’Interpréte de la Loi, & c’est touchant cet objet, qui lui est si familier, que j’ose lui prêter le collet.
Mais il s’est beaucoup licencié dans ses notes ; il a osé répéter plusieurs traits de Moliere qui pourroient bien faire lancer sur lui une nouvelle excommunication, par le respectable Sénat, si zélé pour la décence.
Ceux qui sont nés dans les lumières de la Foi et de la Religion Catholique, ne rougissent-ils pas d’avoir part à ces œuvres de ténèbres : Mais vous, Mes très chers Frères, qui êtes sortis du sein de l’hérésie, quand ce ne serait qu’en apparence, dans le temps où vous viviez dans le libre exercice de vos erreurs, osiez-vous, ou par crainte, ou par conscience approcher de ces spectacles que vous fréquentez aujourd’hui.
Dites-moi, de grâce, mon cher Lecteur, oseriez-vous après cela baptiser les théâtres et les spectacles, de récréations et de divertissements ?
Pour moi si j’ai jamais quelque juridiction sur ce livre par une seconde impression, je ne le traiterai pas si favorablementc ; et je n’oserais dire à quoi monteraient les corrections que j’y pourrais faire, si j’en avais le loisir, tant il y a de choses à observer, quand on veut éviter la négligence de style.
Qui oserait lui offrir cette action et s’en faire un mérite devant lui ? […] Ose-t-on bien compter sur sa vertu et sur la Grâce, quand on cherche la tentation et qu’on va s’amuser aux dépens de la Religion ou des Mœurs devenues les jouets du Théâtre ? […] Desprez de Boissy 28 : « J’ai considéré de près les disciples de nos Théâtres, ceux qui avaient commencé à les fréquenter avec les dispositions les plus éloignées du vice : j’ai vu, pour l’ordinaire, leurs vertus disparaître, leurs mœurs se corrompre, leurs manières décentes et naturelles se métamorphoser en affectations ridicules, en frivoles compliments, en jargon théâtral, qui les annoncent pour des petits-maîtres, l’espèce la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre. » Il est cependant des Chrétiens qui osent avancer que les Spectacles contribuent beaucoup à former la Jeunesse. […] D’ailleurs, quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le Théâtre, il n’y aurait pas moins d’inconvénient, et, si j’ose le dire, moins de cruauté, à leur donner, sur une matière si délicate, des leçons prématurées et infiniment dangereuses, et à leur faire courir le risque de perdre leur innocence, avant même qu’ils sachent quel en est le prix, et combien cette perte est affreuse et irréparable.
Apollon n’osa paroître en personne, dans cette brillante inauguration ; il eût été éclipsé par l’Apollon Voltaire, bien plus grand Apollon que lui ; on l’eût obligé de lui rendre hommage, & les Dieux sont trop fiers pour ramper devant un mortel. […] Arrivée auprès d’elle, elle se prosterne dévotement à ses pieds, le prie humblement de répandre quelques rayons de son génie sur tous ses adorateurs : sentant qu’elle étoit exaucée, elle se releve gravement, jette de l’encens dans le brasier, & fait brûler ces feuilles malignes, qui avoient osé blasphémer tant de fois ie nom sacré d’Arouet ; que ne peut-elle lui immoler de même leurs obscurs & toujours vils & envieux auteurs ! […] Oser le dire, est-ce faire honneur à l’auteur & au Héros de cette misérable production ?
En vers injurieux j’ose blâmer Venus ; Pour le Dieu des plaisirs mes respects sont connus. […] Il ne pense pas differemment de l’Ombre du Festin de Pierre de Moliere, parce que cette piéce sous un masque de religion est une vraie impiété faite pour la combattre, on n’eût osé le faire ouvertement Voici un compliment de sa façon pour les Evêques. […] Il ose dire d’après Térence : La crainte fit les Dieux, & la force fit les Rois : Primus in orbe Deos fecit timor.
on n’ose le croire. […] on n’ose le dire. […] Moins timide que le Mercure, j’ose dire & croire que les Grecs à cet égard étoient des barbares.
. […] Digne fils du Héros qui t’a donné le jour, Délivre l’univers d’un monstre qui t’irrite, La Veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ? […] où Cicéron, le sauveur de la République, […] nous est montré comme un vil Rhéteur, un lâche ; tandis que l’infâme Catilina, couvert de crimes qu’on n’oserait nommer, prêt d’égorger tous ses Magistrats, et de réduire sa patrie en cendres, fait le rôle d’un grand homme et réunit, par ses talents, sa fermeté, son courage, toute l’estime des Spectateurs ? […] Vous qui n’êtes pas plus grand que moi, vous avez bien osé l’attaquer.
On ne peut pas en douter après cela, mais on doutera peut-être si vous êtes Chrétien, puisque vous osez comparer le chant de l’Eglise avec les déclamations du Théâtre. […] Mais s’il a bêché la terre comme vous dites, avec quel esprit osez-vous en parler comme vous faites ? […] Il proteste en parlant de son Roman en versy qui est rempli de fables impertinentes, et de fictions impures « que Dieu l’a si sensiblement assisté pour lui faire finir ce grand ouvrage qu’il n’ose dire en combien peu de temps il l’a achevé z ».
On fait encore part au public d'une foule de plates rimes dont on l'a célébrée, et qui ne feront point passer à la postérité le nom des protecteurs éphémères sous lesquels ils osent se montrer, surtout le Mercure, dont l'Auteur, bien payé par les trois théâtres, se fait un devoir de justice et de reconnaissance d'aller composer sous les beaux yeux des Actrices, et consacrer régulièrement tous les mois, trente à quarante pages d'un livre qu'il vend fort cher, à recueillir toutes les futilités du théâtre, et a le courage d'être l'intarissable, l'inépuisable, l'infatigable, et sûrement très frivole et très fade panégyriste de tous les Acteurs, Actrices, débutants, débutantes, chanteurs, chanteuses, danseurs, danseuses, instruments, décorateurs, peintres, machinistes, jusqu'aux tailleurs, cordonniers, brodeuses et couturières. […] Le gouvernement laisse courir ces estampes, on en pare les carrefours, comme de celles d'Arlequin et de Gargantua ; mais on n'oserait en Italie mettre ces impertinences sur le compte de la Cour, et en faire l'étalage dans des ouvrages qui portent le sceau de l'autorité publique : on y connaît les bienséances. […] Ainsi dans les combats que le spectacle livre à la vertu, ou plutôt dans la défaite générale de ceux qui osent s'y exposer, tout ne reçoit pas les mêmes atteintes ; l'impureté, qui y domine, n'est pas toujours l'épée qui porte le coup mortel, chaque passion lance ses traits ; l'arsenal de l'iniquité, le carquois du démon, ainsi que celui de l'amour, sont bien fournis.
Le Peuple & les Magistrats s’en amusoient beaucoup ; mais lorsqu’on eût osé en venir aux Magistrats, ceux-ci trouverent que la plaisanterie passoit les bornes : autrement ils auroient continué de s’amuser de voir la vertu attaquée, & la Religion ridiculisée. […] Elle osa nous prêcher le vice effrontément ; Elle mit en tous lieux sa gloire à nous séduire, Et corrompit des cœurs qu’elle devoit instruire. […] Il étoit réservé à ces derniers temps de voir plusieurs Poëtes oser attaquer dans leurs Vers la Religion, & la prendre pour l’objet de leurs railleries. […] Si l’on ose prostituer les Grands de Rome au Théatre, sous prétexte d’exercer l’Eloquence & la Poésie ; que leur reste-t-il, sinon de se montrer nuds, armés d’une ceste, & de substituer ces combats aux armes & à la guerre. […] Cet avilissement, de peur qu’il ne reste du temps pour en rougir, se prolongera jusques dans les nuits, afin qu’au milieu du tumulte, on ose, à la faveur des ténebres, ce qu’on desiroit en plein jour.
C’est ce qu’elle décrit d’une merveilleuse sorte ; et comme son Petit-fils ose lui répondre, elle s’emporte contre lui et lui fait son portrait avec les couleurs les plus naturelles et les plus aigres qu’elle peut trouver, et conclut « qu’il y a longtemps qu’elle dit à son père qu’il ne serait jamais qu’un Vaurien ». […] Toutefois le Bigot ne se trouble point, conserve toute sa froideur naturelle, et, ce qui est d’admirable, ose encore persister après cela à parler comme devant. […] Panulphe persiste donc dans sa manière accoutumée ; et pour commencer à se justifier près de « son frère » (car il ose encore le nommer de la sorte), dit quelque chose du « dessein qu’il pourrait avoir » dans ce qui vient d’arriver ; et sans doute il allait forger quelque excellent imposture, lorsque le mari, sans lui donner loisir de s’expliquer, épouvanté de son effronterie, « le chasse de sa maison et lui commande d’en sortir ». […] Il faut être bien enragé contre Molière, pour tomber dans un égarement si visible ; et il n’est point de si chétif lieu commun, où l’ardeur de critiquer et de mordre ne se puisse retrancher, après avoir osé faire son fort d’une si misérable et si ridicule défense. […] Je ne feins pas de vous avouer, que ce sentiment me paraît un des plus considérables effets de la corruption du siècle où nous vivons : c’est par ce principe de fausse bienséance qu’on relègue la Raison et la Vérité dans les pays barbares et peu fréquentés, qu’on les borne dans les Ecoles et dans les Eglises, où leur puissante vertu est presque inutile, parce qu’elles n’y sont cherchées que de ceux qui les aiment et qui les connaissent ; et que comme si on se défiait de leur force et de leur autorité, on n’ose les commettre où elles peuvent rencontrer leurs ennemis.
Quoique une compagnie dans laquelle il y a toujours eu des gens de lettres d’un grand mérite ait mis cinquante ans à le faire, il est tombé, dès qu’il parut, dans l’oubli et dans le mépris si fort qu’on n’ose le citer ; aussi dit-on que les illustres n’y avaient pris que peu de part et que c’est l’ouvrage des jetonniers.
Le goût a tellement changé, qu’on n’a plus osé le faire paroître qu’après les plus grands changemens, & dans les chants, & dans les paroles. […] Cette satyre est outrée, il y a encore dans le monde plusieurs personnes vertueuses, plusieurs filles sages, quoique le nombre en soit petit ; mais dans un autre sens, on pourroit sans exagération écrire à l’entrée du Théatre : ci git la vertu, c’est-à-dire : c’est ici le tombeau de la vertu ; il n’y en substitue, il n’y en substituera jamais, toutes celles qui osent y entrer, y reçoivent le coup mortel, l’innocence n’y vient jamais impunément & ne s’en retourna toute entiere pour ceux qui l’aiment & le fréquentent, la vertu y est profondement enterrée.
Il commence par la définition des Comédies déshonnêtes : Ce sont celles, dit-il, où les hommes et les femmes s’entretiennent des intrigues d’amour, dansent au son des chansons les plus tendres, et donnent publiquement des leçons d’un crime qu’on n’ose commettre qu’en secret, tant ce crime est honteux : les entretiens n’en peuvent donc pas passer pour honnêtes ; et quoique la corruption du siècle les tolère, ils n’en sont pas moins criminels. […] Tu blâmes ma douleur, tu l’osez nommer lâche, Je l’aime d’autant plus, que plus elle te fâche. » Enfin l’Auteur dit qu’on trouve dans presque toutes les Comédies et dans tous les Romans, les passions vicieuses ainsi embellies et colorées d’un certain fard, qui les rend agréables : d’où il conclut que s’il n’est pas permis d’aimer les vices, on ne peut pas prendre plaisir aux choses qui ont pour but de les rendre aimables.
Tartuffe n’est point comme Monsieur Jourdain un personnage risible, c’est un monstre exécrable qui soulève l’indignation : il fallait être doué d’un certain courage pour oser montrer ainsi à nu l’âme d’un faux dévot, à une époque où les tartuffes n’étaient pas rares, et l’opprobre dont Molière les couvrit fut une bonne leçon pour les mœurs. […] Il fallait un auteur qui sentît bien sa force pour oser mettre vis-à-vis l’un de l’autre deux pareils interlocuteurs.
Que si le Poëte ose attaquer jusqu’à ces défauts, il ne cesse pas de nous intéresser par sa censure même. […] Nous trouvons même un plaisir secret à en gémir ; & nous sommes quelquefois les premiers à les déplorer ; notre amour propre se flatte qu’il commence par-là à s’en guérir, & comme il n’y a personne qui ne se repente dans certains moments de la servitude des passions, le Poëte possede l’art d’amener, si j’ose le dire, ces moments de repentir, de nous faire sentir la pesanteur de nos chaînes, la douceur de la liberté, & de nous plaire ainsi par sa morale dans le temps même que sa morale nous condamne. […] Je vais encore plus loin, & il me semble que dans ce plaisir, je reconnois la main & la bonté du Créateur qui a voulu que tout ce qui est parfait, ou qui approche de la perfection, répandit dans notre ame une satisfaction sensible pour nous en inspirer le respect, la vénération, l’amour, & afin, si j’ose hazarder ici cette pensée, que nous pûssions connoître la Vertu par un sentiment d’admiration, comme nous découvrons la Vérité par ce repos d’esprit qui accompagne l’évidence. […] Il finit d’ailleurs ce trouble, cette agitation, cette anxiété, qui cause une douce torture à notre imagination par le nœud & l’intrigue de la piece ; c’est une espece de délivrance qui succéde heureusement aux douleurs de ce travail, &, si je l’ose dire, de cet enfantement d’esprit. […] L’application s’en fait d’elle-même au style Poëtique ; il nous plaît jusque dans la Prose, lorsqu’elle peut oser s’en permettre l’usage ; & le Public en a fait l’experience dans Telemaque, dont la lecture a sçu l’intéresser pour le moins autant que celle de l’Odissée, malgré le grand avantage que les charmes du nombre & de la mesure donnoient au Poëte Grec sur l’Auteur François.
C’est s’écarter, on ose le dire. […] Je n’ose. […] On n’ose pas s’étendre davantage sur cette réponse ; elle est presque aussi inutile que la question. […] Oui, j’ose m’en prendre d’abord au Chef même des Auteurs et des Acteurs de notre Scène. […] Que le comble des maux, est que le mal ose se revêtir de tous les caractères du bien.
Si j’ai osé plaisanter dans quelques endroits de cet Ouvrage, je l’ai fait afin de distraire le Lecteur.
Ainsi ce que n’ont pu dans l’horreur de la guerre, Centaures, ni Geans, fiers Enfans de la terre, Ce que tout l’Univers n’osa jamais tenter, Une Femme le tente, & peut l’exécuter.
En un mot, les Grecs fesaient de la musique, telle qu’ils la possédaient, une affaire de religion & de politique ; il était défendu sous des peines èxpresses d’oser y toucher, fut-ce même pour la rendre plus parfaite. […] Si quelque mal-adroit osait prétendre aux couronnes qu’elle distribuait, & qu’il fut jugé vaincu, il était condamné au fouet, à la férule, ou bien à être plongé dans la rivière. […] C’est aux concerts de Baïf qu’on a obligation du prodigieux succès de notre musique : que Messeurs les Musiciens osent encore dédaigner les Poètes. […] Shakespéar, si j’ose le mettre à côté des Pères de l’Eglise, fait souvent l’éloge de la musique dans ses Ouvrages ; il dit entre-autres choses, que celui qui n’aimerait pas la musique serait capable de toutes sortes de crimes.
Ce même Grand-Prêtre que rien ne peut troubler, qui parle quelquefois avec une espece de dureté à Abner, & à Josabet, & qui ne caresse jamais l’Enfant, se trouble pour lui, s’attendrit & pleure, quand il prévoit les dangers où il l’expose en le couronnant : O mon Fils, de ce nom j’ose encore vous nommer, Souffrez cette tendresse, & pardonnez aux larmes, Que m’arrachent pour vous de trop justes allarmes, &c. […] L’un & l’autre à la Reine ont-ils osé prétendre ? […] Elle l’appelle Auguste, & elle n’est jamais devant lui comme avec son mari, mais comme devant un Grand-Prêtre, que par respect elle n’ose interroger. […] Il est très-poëtique, & n’a point cependant la pompe du récit de la mort d’Hippolyte, & de plusieurs autres morceaux de la Tragédie de Phedre, parce que le Poëte attentif en tout à la vraisemblance, conforme son stile à ses Sujets, ce qui fait que ses Tragédies ont toutes une Versification différente, au lieu que la Versification de Corneille, si j’ose le dire, est toujours la même, toujours pareille tournure de Vers.
Les Catastrophes funestes ont plus de dignité que les autres, si j’ose ainsi parler. […] Peut-être que si les Pères, qui ont fait des déclamations si fortes contre les pièces de Théâtre, eussent trouvé la Comédie, telle que nous la voyons aujourd’hui, peut-être l’eussent-ils tolérée, comme on la permet maintenant ; ou du moins ils en auraient parlé avec plus de modération ; ils n’auraient pas fait des invectives si sanglantes contre le Théâtre, ni défendu sous des peines si sévères, d’y assister : Quelque dépravées que soient nos mœurs, si l’on jouait maintenant les Comédies que l’on représentait du temps des Pères, il n’y aurait personne qui n’en fût scandalisé ; et l’on ne trouverait que des misérables, et des gens de la lie du peuple, qui osassent s’y montrer. […] Les assemblées du Théâtre sont des assemblées d’impudicité, où l’on voir tout ce qu’il y a de plus infâme, où les Comédiens représentent tout ce qu’il y a de plus libre, avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; où les femmes perdant toute pudeur, font, à la vue de tout le monde, ce que les plus emportées osent à peine faire dans leurs maisons ; où les jeunes gens se prostituent à toutes sortes d’abominations ; où des filles sans pudeur donnent des leçons de libertinage à celles qui n’ont nulle connaissance, ni nul usage de l’impudicité. […] Cet usage était ordinaire ; de sorte que le sage Caton, assistant un jour au Théâtre, et étant averti, que les Romains, par le respect qu’ils portaient à son caractère, n’osaient demander que les jeunes filles et les jeunes garçons parussent tout nus sur le Théâtre ; il se retira, pour ne pas priver le peuple de ce plaisir brutal, et pour n’être pas lui-même témoin de cette infamie, dont la gravité de Caton aurait été offensée.
» Se l’imaginerait-on que l’on ose tourner le saint Baptême en dérision, à la face d’autant de Chrétiens qu’il y a de témoins de cet attentat ? […] Mais puisque Mr Dryden ose contredire les principes du Christianisme, examinons un peu les siens. […] Des hommes faibles et impuissants, des vers de terre qui osent braver le Tout-puissant, que ne feraient-ils pas si leur pouvoir était proportionné à leur volonté ? […] L’ombre de Darius rapporte la ruine de Xerxès à son orgueil insupportable ; « C’est pour avoir osé construire un pont sur la mer, pour avoir outragé Neptune et s’être cru supérieur aux Dieux.
Ceux qui sont nés dans les lumières de la foi et de la Religion Catholique, ne rougissent-ils pas d’avoir part à ces œuvres de ténèbres : mais vous, Mes très-chers Frères, qui êtes sortis du sein de l’hérésie, quand ce ne serait qu’en apparence, dans le temps qued vous viviez dans le libre exercice de vos erreurs, osiez-vous, ou par crainte, ou par conscience, approcher de ces spectacles que vous fréquentez aujourd’hui ?
Il ne faisoit point de vers, & n’entendoit pas le latin ; il n’osoit ni faire tire en avouant cet ouvrage, ni manquer à son ami en le désavouant : il faisoit le modeste. […] J’ai oui-dire que votre Dieu est descendu du ciel pour le salut dès hommes, & que celui que les cherubins n’osent regarder, a bien voulu converser avec les pécheurs, & n’a pas dédaigné de parler à une Samaritaine & insigne pécheresse. […] Cependant l’esprit de mitigation, qui n’a pas osé s’y refuser, s’y fait sentir.
Quels modeles osez-vous leur offrir ? […] Il faut, à son exemple, & lorsqu’il en est temps encore, oser dire la vérité aux risques d’affliger ceux qui l’entendent, & de passer pour un caractere dur & féroce, ou même pour un esprit contrariant & bizarre qui cherche à se faire un nom par la singularité de ses opinions.
Si on compare huit jours avec cinq ans, le Luthérien osera-t-il se plaindre du Catholique ? […] Sans doute on l’auroit fait à Berlin, si on eût osé de même : Si un roturier, soi-disant Gentilhomme, épouse une fille de qualité, marché nul.
Que l’Académie de Musique réunisse toutes ses grandeurs, le grand Quinaut, le grand Lulli, le grand Pécour, le grand Batistin, le grand Servandoni, & les grands mots du grand Mercure, & qu’on ose mettre en parallelle leurs puériles croquis, avec l’immense, l’éternel spectacle que nous offre l’Évangile. […] J’ose dire que la vie des Saints, même humainement, est le livre le plus agréable, aussi-bien que le plus utile à lire, & les événemens qu’elle rapporte les plus intéressans à méditer.
Ainsi je n’ose pas tout a fait me rendre à toutes ces opinions. […] Le n’ose en dire toutes les diverses dexteritez qu’on leur atribuë.
Que sur mille volumes de pièces de théâtre on fasse un extrait de ce qu'il y a de bon, d'utile, de sensé, j'ose dire que ce recueil fera à peine un volume médiocre, et un millième de la matière du théâtre. […] Qui oserait faire l'apologie d'une joie indécente qui blesse la délicatesse de la pureté, je ne dis pas d'une manière grossière, que les premières lois de la politesse interdisent aux honnêtes gens, mais encore par ces obscénités voilées de la gaze de l'équivoque, assaisonnées du sel d'un bon mot, déguisées sous des noms empruntés ou des allégories délicates, délayées dans des sentiments tendres, glissées dans la naïveté des expressions, perçant jusqu'à travers le masque de la condamnation ?
J’ose le dire, si les gens de Distinction ne fréquentent plus la Comédie que par coutume, ou pour s’y donner eux-mêmes en spectacle, on doit moins l’attribuer à un certain goût de frivolité, qu’à une juste satiété, qu’à ces intrigues amoureuses, qui, leur rabattant éternellement les mêmes intérêts, les mêmes situations, ne méritent de leur part qu’une inattention dédaigneuse.
Il n’y a, Messieurs, aucune de ces Piéces où il n’y ait du venin ; nous oserions même vous assurer qu’à chaque page, pour ainsi dire, il a des propos indécens, ou des erreurs, ou des impiétés : j’en citerai seulement quelques traits.
Et quand nous oserons faire imprimer des Poèmes si chargés d’avis aux Acteurs, que deviendront-ils, s’ils sont lus par quelqu’un qui ne soit ni Pantomime, ni Comédien ?
, de les immoler à l’incontinence publique d’une manière plus dangereuse qu’on ne ferait dans les lieux qu’on n’ose nommer ?
5° « Anathème terrible contre quiconque osera violer le serment fait aux rois, et contre ceux qui attentent contre leur autorité et contre leur vie.
Voici le nom des conciles que j’ai osé citer, savoir : ceux d’Arles, années 314 et 1234 ; de Carthage, en 349, 397 et 398 ; de Chalon-sur-Saône, en 813 ; de Cologne, en 1536 ; d’Elvire, en 300 ; de Mayence, en 813 et 888 ; de Nice, en 300 ; d’Oxford, en 1222 ; de Pavie, en 850 ; de Reims, en 813 ; de Rome, en 744, 787 et 1059 ; de Salzbourg, en 1420 ; de Tolède, en 589 ; de Tours, en 813 et 1239.
J’avoue que cette licence effrénée d’un Particulier sans caractère, nourri dans nos Théâtres, qui ose faire publier à Paris un Libelle aussi monstrueux, contre une Nation dont il n’a qu’à se louer, m’a révolté ; et je n’ai pu m’empêcher de faire la critique de son Livre, malgré toute la faveur où sa façon d’écrire et la nouveauté des idées qu’il présente, le mettent aujourd’hui auprès du Public.
Il aurait dû l’en faire tomber, si j’aspirais à l’honneur de bien écrire ; mais j’ose en rechercher un autre, dans lequel je ne crains la concurrence de personne.
C’est ce que qui que ce soit n’osa jamais avancer ; et quiconque l’oserait, il n’en retirerait d’autre fruit que de se voir siffler pour sa folie. […] C’était sans doute en plein jour et en belle compagnie qu’il employa ces pensées-là ; je le connais, il n’eût pas osé le faire seul et dans les ténèbres de la nuit. […] « Qu’il ne sera permis à aucune femme soit dans la Communion de l’Eglise, soit Catéchumène d’épouser ou de retirer chez soi aucun Comédien ou Acteur de Théâtre : et celle qui osera le faire sera excommuniée. […] Nous n’osons pas non plus être à vos spectacles, de peur que l’indécence et la profanation qui y règnent ne fassent sur nous de fâcheuses impressions. […] » Oserions-nous donner après cela le nom de divertissements à nos spectacles ?
Mais le cœur ému par cette représentation n'a pas les mêmes bornes, il n'agit pas par mesures : dès qu'il se trouve attiré par son objet, il s'y abandonne selon toute l'étendue de son inclination ; et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s'est trouvé bien loin de son compte, l'esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n'étant plein que d'aventures agréables et surprenantes, de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n'est plus capable de retenue, et quand même ces effets, que je n'ose faire entrevoir ne s'ensuivraient pas, n'est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion, n'est-ce pas en quelque sens le plus grand péché qu'on puisse commettre ? […] Et j'ose même dire que cette apparence d'honnêteté, et le retranchement des choses immodestes le rend beaucoup plus à craindre.
Page 200 L’auteur Pygmée du livre des Crimes de la presse ose attaquer un Hercule. […] Page 201 Les vérités légales en matière de religion devenant lois d’Etat, condamnent à mort quiconque ose nier de pareilles vérités.
J’ai choisi, pour mon coup d’essai, le sujet, j’ose le dire, le plus tragique de l’Histoire moderne ; la Saint-Barthélemi. […] Cette scène est admirable, j’ose le dire. […] J’ose dire qu’il n’y a qu’une manière de répondre à ce raisonnement.
Elle fut suivie d’un éloge en prose du même, que Garrik termina, selon les ûs & coutumes de l’ancienne chevalerie, par un défi d’oser attaquer la gloire du Poëte. […] Ce Prince eut encore la foiblesse de faire insérer cette loi dans son Code, & d’immortaliser sa honte, au lieu de justifier l’infamie de sa jeunesse, & de dégrader son autorité l’égislative jusqu’à renverser à perpétuité la Jurisprudence, dont il étoit le restaurateur, par des loix infâmes dont il devoit rougir d’avoir eu besoin, & d’avoir osé les accorder à la sollicitation d’une actrice. […] Les Professeurs de Verone qui n’avoient pas osé refuser leur classe à une famille puissante rougirent d’assister à cet acte de Tabarin, & cederent la place aux Dames qui y vinrent en foule avec leurs Cavaliers, parées de tous les agrémens de leur sexe ; auxquels le Soutenant rendoit galamment les armes.
D’un autre côté, le célebre Bossuet, Evêque de Meaux, avec cette force du raisonnement, & le sublime d’expression qui caractérisent ses ouvrages, porte au théatre un dernier coup de massue, dans un traité exprès dont nous parlons ailleurs, qui a demeuré sans réponse, & que n’osent pas même citer ceux qui ont depuis fait des appologies de la Comédie. […] Hérode Ascalonite, qu’on appelle Grand, par une de ces basses flateries qui avilissent les titres en les prostituant, introduisit dans la Judée, & à Jérusalem le théatre, l’emphitéatre, le cirque, le luxe & tous les vices de Rome payenne, jusqu’à lors inconnus chez les Juifs, & que même le Roi de Syrie, le plus grand protecteur de la Réligion, n’avoit pas osé introduire en particulier. […] Car alors il n’y avoit point d’actionnaires ; on ne payoit point à la porte : on ne chargoit point les villes de la dépense, le Prince la faisoit toute, & de si petits princes n’auroient osé braver le goût, l’usage, la loi de la nation, comme avoit fait leur pere.
Il en a laissé beaucoup sur lesquels les anglois ne s’accordent pas, & qu’il a désespéré de faire entendre ; il n’a pas osé leur donner un sens arbitraire : il abandonne à la sagesse du lecteur la découverte des merveilles qu’il y voudra supposer. […] Personne depuis Pradon & Racine n’avoit osé traiter un sujet tragique dans le goût de Phedre. […] Ce monstre de scélératesse fait horreur au plus libertin ; & quoique la femme de Constantin, & quelques autres exemples dans l’histoire, eussent fournit une matiere à la scène, on n’avoit pas osé braver si indécemment les bonnes mœurs.
Je suis bien éloigné de vouloir me mêler dans une dispute qui ne me regarde pas ; & j’ose encore moins entrer en lice avec un homme de lettres, dont je reconnois la supériorité de génie.
La plupart des passages des Poètes sont tels sur ce sujet, qu’on n’ose même les citer en Latin.
Celui dont vous osez prendre la défense est frappé d’une damnation éternelle. » Le prêtre alors, ne serait-il pas dans l’état, beaucoup plus puissant que le prince et les lois ?
observez à Paris dans une assemblée l’air suffisant et vain, le ton ferme et tranchant d’une impudente jeunesse, tandis que les anciens, craintifs et modestes, ou n’osent ouvrir la bouche, ou sont à peine écoutés.
En vérité la plupart de ces sortes d’endroits sont si étranges qu’il n’est pas permis de les mettre en jour pour les condamner même : ils sont si sales qu’on n’ose y toucher. […] Une jeune personne flétrie par Chérée ne donne d’autres indices de son malheur que les larmes amères qu’elle verse ; elle n’ose le raconter à des femmes mêmes. […] Son style a je ne sais quoi de pompeux, de guerrier, et si je l’ose dire, d’entreprenant : c’est en quelque manière la trompette qui sonne dans ses vers, propres à échauffer le courage, à inspirer l’ardeur Martiale et à en faire venir à une action. […] Dans un autre de ses Poèmes, Créon veut la mort d’Antigone pour avoir osé ensevelir Polynice.
Après la premiere guerre Punique, Andronicus fit jouer, pour la premiere fois, l’an de Rome 514, une Piéce divisée en Actes, & osa abandonner les Satyres pour traiter des Sujets suivis. Tite-Live employe ce terme, il osa, parce que c’étoit une entreprise hardie, de vouloir mettre une forme à un Spectacle qui n’en avoit aucune.
Le Principal en convint ; mais il dit que c’était de l’intérêt de son corps d’en user de la sorte. » Le Marquis de Caraccioli, loué avec raison dans tous les Journaux, et par tout le monde, dit très sensément sur les pièces de collège : « Tant d’hommes consacrés à Dieu, qui osent exercer la jeunesse à ces amusements ridicules, devraient bien se convaincre que leurs spectacles sont entièrement déplacés. […] Qui oserait blâmer ce que fait un corps si respectable ?
Caffaro, Théatin, pour avoir osé écrire en faveur de la comédie, et l’a fait authentiquement rétracter (ce fait reviendra ailleurs fort au long). […] Belle chimère, que le théâtre ne vit et ne verra jamais, et qui donnant le change sur le véritable état des choses, fait sentir des gens embarrassés, qui ne veulent que se tirer d’affaires dans une occasion critique où ils n’osent ni blesser la vérité, ni déplaire en la disant nettement.
« J’oserai leur indiquer un signe certain au moyen duquel elles pourront décider, d’une manière positive, de l’innocence et de la légitimité de semblables amusements, pourvu, je le répète, qu’elles soient sincères dans leur examen et franches dans leur aveu. […] Si nous avions pour la gloire et le service de Dieu seulement la moitié de la sensibilité et du zèle que nous témoignons à nos amis ou à nos partisans politiques, trouverions-nous quelque plaisir dans des lieux où la débauche enflammée par les fumées du vin, guidée par la licence, vient puiser des impressions conformes à son état et à ses goûts ; ces lieux qu’on a osé appeler des écoles de morale, et du voisinage desquels s’empressent de se retirer la morale, la modestie, la décence, tandis que la débauche et le libertinage s’empressent de s’y rendre, et y établissent leur résidence de prédilection ; ces lieux où le saint nom de Dieu est journellement blasphémé, où l’on applaudit des gestes et des paroles qui ne seraient pas tolérés dans une société quelconque, mais qui peuvent hardiment dépasser toutes les limites les plus reculées assignées à la licence dans nos cercles, sans franchir les limites tout autrement larges de la décence théâtrale ; ces lieux enfin où la morale qu’on débite n’est pas celle que doit chérir et respecter tout chrétien, mais celle à l’extirpation de laquelle doivent tendre ses efforts de tous les jours ; non celle que nous recommandent les saintes Ecritures, mais celle qu’elles condamnent comme fausse et criminelle, fondée sur l’orgueil, l’ambition et la faveur.
Il en est de cette coutume comme des modes que chacun suit par bienséance, & dont tout le monde dit du mal en particulier ; on voudroit bien qu’une telle mode fût abolie, mais on n’ose pas l’abandonner le premier.
La fureur des Duels vient de l’opinion fausse que l’on doit conserver son honneur aux dépens de la vie de quiconque ose le flétrir, & pour le réparer, qu’il est indispensable de tuer un agresseur : or, cette opinion, aussi contraire à la raison qu’à l’Evangile, est préconisée dans le Cid, & c’est un pere qui donne cette horrible leçon à son fils : contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs ou tue… On n’est pas moins choqué d’entendre dire à Chimene, s’adressant au meurtrier de son pere qu’elle va bientôt épouser : Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien.
Pour moi je suis bien éloigné du jugement qu’il en porte ; car non seulement je ne crois point qu’Angélus ait été excessivement sévère ; mais j’ose dire qu’il a fait tort à la vérité, et qu’il a été très hardi de vouloir limiter ainsi par son interprétation particulière l’obligation que les Canons imposent sans restriction aux fidèles.
« De quel front, s’écrie Salvien20, osez-vous fréquenter les spectacles après avoir reçu le baptême ?
J’envisage cet objet du côté du bon ordre et du bien de l’Etat, et j’ose dire que quoique le gouvernement tolère les spectacles, la bonne politique, toujours d’accord avec la religion et les mœurs, ne leur est pas plus favorable.
J’ose donc assurer au contraire qu’ils seront charmés de voir leur génie en liberté, et que leurs premiers efforts feront connaître combien l’amour, qu’on croit aujourd’hui l’unique fondement du Théâtre, y est étranger ; pendant que la nature toujours féconde fournit abondamment, dans le cœur de l’homme, des sujets convenables pour former de bons Citoyens.
non seulement il était permis à certaines femmes de sacrifier leur honneur ; il se trouvait encore des hommes assez impudents pour faire le métier infâme d’exposer en vente, si j’ose parler ainsi, la pudeur de ces malheureuses.
Bossuet, ennemi déclaré de la comédie ; dédicace aussi maladroite que la piéce est déraisonnable, il ose lui dire, les Prélats qui condamnent la comédie ont des mœurs déréglées, elle doit donc être soufferte, les bons l’approuvent, c’est le goût du peuple, il en est infatué, (c’est une insulte à M. […] Nous l’avons cité ailleurs, en voici un trait singulier : Les Magistrats violent jusqu’à la bienséance du vice, (cette expression n’est pas juste, ce grand homme a voulu dire la bienséance que le vice même n’ose violet ;) on en voit qui seduits par les conseils d’une aveugle jeunesse, ne connoissent que le théatre, d’autre morale que les frivoles maximes du parterre, d’autre étude que celle d’une Musique effeminée, d’autre occupation que le jeu, d’autre bonheur que la volupté. […] Il est surprenant qu’on aye osé proposer, & il le seroit beaucoup qu’on reçut ce systeme inhumain dans un siécle philosophe, où on ne parle que d’humanité & de bienfaisance, & qu’on en vint jusqu’à en faire un plaisir, qui jamais ne pourra plaire qu’à des mauvais cœurs.
Il est pourtant certain dans le christianisme que toutes les libertés qu’on ose prendre, toutes les pensées qu’on se permet, sont de vrais péchés jusqu’à ce que le sacrement ait béni l’union conjugale. […] Il osoit dire en chaire qu’il chasseroit de l’Eglise ceux qui y avoient assisté, s’il les connoissoit. Croit on qu’à Londres, à Naples, à Vienne, à Madrid, à Lisbonne, à Paris, un Evêque osât tenir ce langage ?