Les Acteurs du nouveau Théâtre voudraient le faire changer de forme.
Ce ne fut que quatre cens ans après qu’ils prirent une nouvelle forme, par les soins de Thespis ou d’Eschyle, qui jettèrent dans les chœurs un Personnage récitant. […] Il ne paraît pas que les Romains ayent fait changer de forme au Spectacle chantant qu’ils trouvèrent en Grèce. […] Pour revenir à l’Histoire de l’Opéra-Sérieux ; peu s’en fallut que le Spectacle lyrique ne prît en se montrant en France la forme que l’Opéra-Bouffon a de nos jours. […] Il est vrai qu’il serait criant de dérober aux yeux les charmes d’une jolie Danseuse ; j’en conviens ; cependant l’idée qu’on se forme des Furies éxige qu’elles n’ayent point une mine si friponne, si tentante. […] On veut que l’ouverture par laquelle les Démons sortent de l’Enfer, ressemble à ces abîmes que la terre forme en s’entre-ouvrant : on veut que la voûte d’un Palais se partage, se brise quand une Magicienne ou une Divinité est supposée la fendre pour s’élancer dans les airs.
Comme vérités originales les Spectacles seroient très-insipides & très-froids ; il n’y a que sous la forme d’image de ces mêmes vérités, qu’ils plaisent. […] Mais ce qui dans le cours ordinaire des choses, s’ensévelit ainsi, entre les mains de l’art prend une forme nouvelle : la vertu devient lumineuse ; le crime détestable : les qualités éclatent ; le vice est confondu. […] Si, au travers des voiles transparents de la fiction, la réalité perce ; c’est qu’on prend tout dans nos usages, nos maximes & nos mœurs : le fonds & l’ordonnance d’une Piéce ; le goût & la forme de la représentation. […] Enfin ce n’est qu’en nous devenant propre & personnelle en quelque sorte qu’une forme étrangere en impose : l’art n’acquiert cette simplicité, & cette expression attachée à la nature qu’en en prenant exactement les traits & la figure. […] Dans les uns & les autres ce n’est seulement pas sous la forme d’une belle égalité qu’elle prétend régner ; elle a des traits qui lui sont propres & qu’elle conserve par-tout.
Examinons maintenant l’autre point, qui consiste en la forme, et en l’apparat, dont on a accoutumé de représenter tels jeux. […] Sur ce que l’on pourrait dire, qu’il en faudrait ôter ce qu’il y a de mauvais ; réformer les abus, non pas rejeter la chose ; Je réponds, qu’après avoir montré, que ni l’auteur, ni la matière, ni la forme, ni la fin, c’est-à-dire ni les principes intérieurs, ni les extérieurs, n’en valent rien ; on serait bien empêché, d’y trouver quelque chose de bon, et qui pût retenir le nom de tels jeux, que l’on demande i. […] [NDE] « que » est une simple forme d’insistance : si… bo. […] [NDE] « que » est une simple forme d’insistance : si… Voir supra, p. 21. […] [NDE] forme archaïque du féminin.
Là-dessus je forme le plan de ce discours, en proposant simplement deux questions. […] Le théâtre ne forme pas l’esprit. […] Il forme cependant, il délasse l’esprit. […] Il forme cependant & il délasse l’esprit. […] Le théâtre ne forme pas l’esprit.
pag. 128. lig. 18. après ces mots, qui se forme par dégrès, ajoutez cette note : (Une preuve frappante que l’harmonie & le chant nous sont naturels, c’est ce que Rameau lui-même, quoique intéressé à relever la supériorité de son art, rapporte dans son Traité sur la manière de former la voix.
donne à ce mot : mais ce philosophe le prend en bonne part, au lieu que Saint Chrysostome regarde la mobilité de cet homme qui se revêtit de toutes sortes de formes pour divertir le monde, ou le faire rire, comme un caractère de légèreté qui n’est pas digne d’un chrétienChrysost.
Mandons aux Commissaires du quartier, en cas de contravention, d’en informer, de se transporter sur le lieu toutes fois et quand il sera nécessaire ; et au premier avis qui leur en sera donné, même de faire arrêter ceux qui auront fait ou excité quelque violence ou désordre, et contrevenu à la présente Ordonnance ; laquelle sera exécutée selon sa forme et teneur, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, lue, publiée et affichée par tout où besoin sera, afin que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance. […] Mandons aux Commissaires du quartier de se transporter sur le lieu, toutefois et quand il sera nécessaire, et au premier avis qui leur en sera donné ; même de faire arrêter en quelque lieu que ce soit ceux qui leur seront indiqués, et qui auront fait ou excité quelque violence ou désordre, et contrevenu à la présente Ordonnance ; laquelle sera exécutée selon sa forme et teneur, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, lue, publiée et affichée par tout où besoin sera, afin que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance. […] majesté ayant été informée qu’au préjudice de son Ordonnance du trentième jour d’Avril mil six cent soixante-treize, qui fait défenses à tous Comédiens de se servir de Musiciens externes, quelques-uns ne laissent pas de faire chanter sur leur théâtre des Musiciens, qu’ils prétendent n’être pas externes, sous prétexte qu’ils sont à leurs gages, et empêchent par ce moyen que les ouvrages de Musique pour le théâtre du sieur Lully, Surintendant de la Musique de la Chambre de Sa Majesté, ne puisse avoir tout le succés qu’on en doit attendre ; à quoi voulant pourvoir, Sa Majesté a ordonné et ordonne, veut et entend que ladite Ordonnance du trentième jour d’Avril mil six cent soixante-treize, soit executée selon sa forme et teneur ; ce faisant permet auxdits Comédiens de se servir de deux Comédiens de leur troupe seulement pour chanter sur le théâtre, et leur fait très expresses défenses de se servir d’aucuns Musiciens externes, ou qui soient à leurs gages, à peine de désobéissance.
Il ne nous reste à mettre sur la Scène que des demi caractères, des vices à la mode, qui changent bientôt de forme. […] On personnifierait l’idée que nous avons des Riens ; dans chaque Scene on verrait des Riens qui prendraient des formes différentes.
Et parce que les Gentils étaient comme ensevelis certains jours en toutes sortes de lascivetés et gourmandises, les Chrétiens pour se montrer tout différents de leur forme de vie, faisaient jeûnes et prières solennelles aux mêmes heures et temps. […] [NDE] Le texte porte la forme : « Nazienzene ».
Lors que dans l'eau du Baptême nous faisons profession de la Foi de Jésus-Christ, selon la forme et la manière de sa Loi; Nous déclarons de notre propre bouche que nous avons renoncé au Diable, à ses pompes et à ses Anges. […] Il n'y a point de Préteur, de Consul, de Questeur, de Pontife, quelque libéralité qu'il déploie, qui vous puisse faire voir ces choses qui vous puisse donner ce plaisir : Néanmoins la Foi vous les représente dès à présent par les Images qu'elle en forme dans vos esprits ; et après cette vie vous verrez ce que l'œil n'a point vu, ce que l'oreille n'a point entendu, et que l'esprit de l'homme n'a jamais conçu.
Mercier a joint à sa piece, pour mieux peindre son héros, un long commentaire qui forme un gros livre : il a prévenu la postérité, & s’est rendu à lui-même le même service que les interprêtes rendent à Sophocle, à Euripide, &.
Nous avons un illustre exemple dans Polyeucte, et puisque Judith dont l’Histoire est si délicate et si difficile à traiter, n’a pas déplu dans la forme que je lui ai donnée, que ne peut-on pas attendre de ceux qui avec une Muse plus forte que la mienne, voudront entreprendre de semblables ouvrages, et leur donner tous les ornements de la Scène.
Pourquoi prétendraient-ils, contre toute justice et en dédaignant les formes prescrites par l’église, exercer contre des citoyens et sans l’aveu du prince, une action publique, une punition et un déshonneur sensibles, qui affligent les familles, qui mettent le peuple en émotion et troublent l’ordre public ?
Bajazet enfermé dans un appartement du serrail, forme avec le grand Visir, une conspiration pour détrôner le Sultan ; il y va pour lui de la couronne & de la vie. […] Parmi une foule de causes de la décadence du goût sur le théatre, dont le détail forme une espece de traité de l’art dramatique, l’auteur en rapporte deux qui régardent les comédiens. 1°. […] Ce ton tragique forme une comédie larmoyante : quand tous les acteurs seroient autant de Roscius, ils ne le seront pas long-tems faute d’émulation ; on censurera les débutans, on ne voudra que des Pïgmées ; en un mot, c’est le renversement de l’État ; mais de quoi se plaint-il ? […] Tout cela ne forme que des sous-divisions dans le genre ; mais n’est pas moins dans le genre du Tragique.
On a d’abord dit en Latin Siffiare, son imitatif, ou les deux ff, forment un petit sifflement ; delà est venu le mot François sifflet & siffler, par corruption on a changé les deux ff en b, sibilare, sibilum, ce qui est plus doux à prononcer, & peut s’appliquer plus aisément aux différentes significations du mot siffler, au lieu que siffilare ne convient qu’à la moquerie, & forme une espece de ris en le prononçant. […] L’idiome se forme la-dessus, un Avocat est un grand acteur, un champ de bataille est un théatre, le Conseil d’Etat une scéne, le Prédicateur un Corneille ou un Racine, & on croit l’avoir bien loué, &c. ces mots sont devenus des termes Techniques, tous les Etats se forment de même leurs Ergots. […] Les femmes, dit-on, ne sont ni élevées à la magistrature, ni instruites dans le droit : on se trompe, qui sait mieux le droit, qui est plus véritablement magistrat, que l’actrice qui forme les magistrats, dicte leurs Arrêts : On se louoit autrefois de la chasteté de la langue française, grace à la Comédie, & aux Femmes qui vont y apprendre à parler ; leur nouveau Dictionnaire feroit rougir les hommes les moins devots, s’ils ne devenoient femmes avec elles. […] On entre dans quelque détail des petits chapeaux qui ne sont qu’une calotte, des grands chapeaux qui, comme un toit, mettent à l’ombre des innombrables formes de coëffures, en Clocher, en Calèche, en Bergère, en Chat, en Elephant, en Cilindre, en Rinoceros, en Doux sommeil, en Dannemarc, en Persienne, à la Grecque, &c. on se lasse de les compter.
Il est vrai que dans ce siecle le goût du spectacle est extrême ; non-seulement on y mène les jeunes gens, mais on les forme dès l’enfance à la déclamation théatrale, comme faisant partie de la bonne éducation, on joue des pieces dans les Collèges, les Séminaires, les Couvents, chez les Seigneurs, chez les Bourgeois, & par une inconséquence de conduite incroyable les mères les plus sévères, qui ne vont ni ne laissent aller leurs filles à la comédie, y assistent & leur laissent voir représenter sur les théatres de société les pieces de Moliere, & même des parades plus licentieuses que la comédie publique, comme si c’étoient les murs, les décorations, les habits, qui méritent leur censure, non les pieces où se trouve le plus grand danger, & qui ont le plus besoin de réforme, pour en faire un divertissement innocent & même instructif. […] Voici les règlemens qu’il propose. 1.° Aucun Acteur ne sera reçu qui ne soit homme d’honneur, connu & avoué de sa famille, dont il rapportera des certificats en forme. […] La forme extérieure, la grandeur, la magnificence des bâtimens, l’appareil, la richesse des décorations & des habits sont différens.
Le voyage dans un pays inconnu, ou le Temple de la piété (il fallait dire au temple), livre nouveau, où le sieur Compan tâche d'égayer la piété par de petites aventures, comme le voyage de Jean de Palafox, les romans immenses de l'Evêque du Bellay, d'un Minime d'Avignon, le château de l'âme de Sainte Thérèse ; ce pieux Roman trouvant la piété ennuyeuse, malgré toutes ces aventures, imagine de la faire divertir au théâtre, et lui forme jusque dans son temple la cour la plus singulière ; il lui donne pour favoris Borromée, François de Sales, Corneille et Racine. […] La comédie forme avec Jésus-Christ un contraste plus insoutenable que toutes les bassesses de la crèche, et toutes les ignominies du calvaire. […] Examinez ces gens du théâtre, si même il est possible, car comme des Protées, ils prennent toute sorte de formes et échappent de tous côtés, tout en eux se ressent de cette frivolité.
Il pousse quelque temps fort à propos cette excellente morale, et conclut enfin en disant au Cagot par forme de conseil : « Ne serait-il pas mieux qu’en personne discrète vous fissiez de céans une bonne retraite ? […] Avant que je vous le déclare, permettez-moi de vous faire remarquer, que l’esprit de tout cet Acte, et son seul effet et but jusqu’ici n’a été que de représenter les affaires de cette pauvre famille dans la dernière désolation par la violence et l’impudence de l’Imposteur, jusque-là qu’il paraît que c’est une affaire sans ressource dans les formes ; de sorte qu’à moins de quelque Dieu qui y mette la main, c’est-à-dire de la Machine, comme parle Aristote, tout est déploré. […] Quoique la nature nous ait fait naître capables de connaître la Raison pour la suivre, pourtant jugeant bien que si elle n’y attachait quelque marque sensible, qui nous rendît cette connaissance facile, notre faiblesse et notre paresse nous priveraient de l’effet d’un si rare avantage ; elle a voulu donner à cette raison quelque sorte de forme extérieure et de dehors reconnaissable. Cette forme est en général quelque motif de joie, et quelque matière de plaisir que notre âme trouve dans tout objet moral. […] Le Ridicule est donc la forme extérieure et sensible que la providence de la Nature a attachée à tout ce qui est déraisonnable, pour nous en faire apercevoir, et nous obliger à le fuir.
Du nom, de la forme, & de la difference du Theatre. […] Quelque forme qu’il eût on le reduisoit en ovale, ou en partie dovale, d’ont l’une estoit destinée pour les regardans, l’autre pour le Spectacle.
En effet, pour que ce refus de prières et de sépulture puisse avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on voudrait l’appliquer, eussent été excommuniés, dénoncés dans les formes. […] Peut-on douter maintenant, que la secte jésuitique ne fasse aujourd’hui tous ses efforts, pour reproduire et reconstituer partiellement une véritable inquisition, sous des formes mal déguisées.
Nous voulons être parfaits, & c’est ce qui forme en nous le desir d’apprendre, outre la satisfaction que nous trouvons à fixer par un objet nouveau l’agitation de nos pensées ; mais nous désirons encore plus d’être heureux, & nous regardons le plaisir du sentiment, comme ce qui nous met en possession d’une félicité présente & d’un bonheur actuel. […] J’entends encore ce tissu ingénieux, qui forme si adroitement le nœud de la Piece, que le Spectateur cherche avec inquiétude comment le Poëte pourra le dénouer, & qui le dénoue ensuite si heureusement & d’une maniere si convenable au reste de la Tragédie, que le dénouement paroît sortir du nœud même sans que le Poëte ait été obligé de l’aller chercher bien loin, d’emprunter des secours étrangers pour sortir de l’embarras où il s’est mis, & de faire en quelque sorte une seconde Piece pour finir la premiere, comme il est arrivé à Corneille même dans les Horaces. […] Ce sont des paroles harmonieuses dont la mesure uniforme ou variée, mais toujours assujettie à certaines regles, forme ce qu’on appelle des vers. C’est une espéce de Musique qui plaît naturellement à notre ame par les sons & par leurs rapports, mais qui lui plaît encore parce qu’elle forme une espéce de Langue différente qui réveille bien plus notre attention que celle qui nous est plus familiere. […] L’autre, qu’il n’en est pas ainsi quand les objets, dont on nous présente la Peinture, ont une beauté naturelle qui nous frappe & qui nous saisit par elle-même indépendamment de celle de l’Imitation ; il se forme alors dans notre ame un mêlange de sentiments dont les uns naissent de l’objet représenté, & les autres de la représentation.
On pourrait conjecturer avec un peu plus de vraisemblance, que Saint Ambroise ne regardait en ce lieu que les ecclésiastiques conformément au titre du livre rétabli dans l’édition des Bénédictins en cette forme : De officiis Ministrorum.
Ce sont ces Fêtes que l’on doit regarder comme les véritables Spectacles qui ont succédé en France à ceux des Grecs & des Romains, & non les Spectacles particuliers qui s’établirent à Paris sous differentes formes en éprouvant divers changemens, & qui forment aujourd’hui le sujet de tant de disputes littéraires. […] Il y a donc toujours eu de tout tems, comme on vient de le voir, des Spectacles chez tous les peuples, mais sous des formes différentes. Ce sont ces formes qui doivent en constituer la nature. […] « Les Princes & les Ministres, dit M. de Fontenelle en parlant de Corneille & de sa tragédie du Cid, n’ont qu’à commander qu’il se forme des Poëtes & des Peintres, tout ce qu’ils voudront, & il s’en formera.
« La plus belle des Reconnoissances est celle qui étant tirée du sein même de la chose, se forme peu à peu d’une suite vraisemblable des affaires, & excite la terreur ou l’admiration, comme celle qui se fait dans l’Œdipe de Sophocle & dans l’Iphigénie : car qu’y a-t-il de plus vraisemblable à Iphigénie que de vouloir faire tenir une Lettre dans son Pays ? […] Cette Action, dont la premiere entrée d’Athalie dans le Temple forme le Nœud, est partagée, comme celles des Tragédies Grecques, en quatre intervalles, que remplissent quatre Chants du Chœur. […] Cette Reconnoissance qui est tirée du sein même de la chose, se forme peu à peu d’une suite vraisemblable ; [je repete les termes d’Aristote] le Grand-Prêtre a promis un Roi aux Levites : quand il le leur présente il leur en raconte l’Histoire. […] La fille de Josabet qui quelquefois fait partie du Chœur, & quelquefois parle en son nom, en est le Coriphée : ainsi cette Tragédie est dans toutes ses Parties, la Danse seule exceptée, dans la forme de celle des Grecs.
Forme ancienne du subjonctif : « dise ». […] Le texte porte la forme « Hebrieux ». […] Le texte donne toujours le nom sous la forme Aeschylus. […] La forme est encore courante au XVIIe s. […] Grand : forme archaïque du féminin, à moins que ce ne soit une coquille, car la forme « grande » est utilisée deux fois dans les lignes suivantes.
C’est à la dureté du cœur humain que l’on doit rapporter une concession pareille ; quelqu’autenticité qu’on lui suppose, elle ne sçauroit légitimer ce que la Loi de Dieu défend, un amusement contraire aux bonnes mœurs & à la religion chrétienne, Il n’est point vrai, Mademoiselle, que l’Etat vous autorise, vous n’avez en France, selon Brillon2, aucune Lettre-patente, au moins dans les formes usitées, les Comédiens sont purement tolérés.
Le saint Esprit qui forme les bonnes pensées, les porterait bien plutôt à fuir ces divertissements.
C’en étoit un encore de dorer les cheveux, l’histoire des voyages rapporte que les Negres sur la Côte d’or, & dans l’intérieur de l’Afrique, les Sauvages dans la Guyane & dans l’intérieur de l’Amérique méridionale, le long de l’Orenoque, où il y a beaucoup d’or, & où il se fait même un commerce de poudre d’or, ces peuples en répandent non seulement sur leur tête, mais sur-tout le corps, après l’avoir oingt de quelque matiere grasse, où elle s’attache, ce qui, en se séchant, forme une croute émaillée d’or, qu’ils trouvent fort agréable ; ce n’est pas le goût François, il n’y a point de femme qui pour l’usage de sa toilette, ne préfere le blanc & le rouge à la poudre d’or. […] L’état de Baigneur, Coëffeur étoit considérable à Rome, comme il l’est en France ; mais il ne le devint que quand les mœurs s’y corrompirent ; à peine connus auparavant, le Luxe les fit sortir de la misere & de l’obscurité, on les appelloit Cinerarius & Cinisto, comme nous l’apprend Varron ; parce qu’ils faisoient chauffer leur fer à friser dans des cendres chaudes, il n’y a pas un siécle que cette lie du peuple a commencé de jouer un rôle, & elle veut aujourd’hui aller de pair avec les Seigneurs ; elle forme un corps nombreux, fait valoir des Privileges, arbore le luxe des habits, & la parure de la tête comme un modele, une poupée vivante qu’elle présente ; le Théatre lui forme un grand crédit, la grande regle du bon goût est la parure d’une Actrice.
Je ne parle pas des saints Pères, dont la constante tradition, bien supérieure au poids d’un préjugé, forme une vraie décision souveraine & sans appel, je me borne aux Écrivains à qui le zèle a fait prendre la plume. […] La diversité même des sentimens sur les spectacles, forme du moins un doute légitime. […] On ne sent le mal de la comédie que par les péchés qu’elle fait commettre & les habitudes qu’elle forme, souvent même les attribue-t-on à une autre cause.
Mais la passion reproduite sous tant de formes ne fait-elle pas sentir aux moins clair-voyans combien le vice s’accommode du masque ? […] Tout s’émousse dans l’habitude & la monotonie de la forme naturelle ; quel ennui d’être toujours avec soi-même ! On se multiplie, on se diversifie en quelque sorte, on s’embellit, on se rajeunit, on se ranime sous une forme empruntée.
Ecrivant dans le sein d’une République idolâtre de sa liberté, ils s’attacherent à décrier la tyrannie ; ils tracerent des portraits effrayans ; des Rois & de tout ce qui les environne, afin d’inspirer plus d’horreur au Peuple contre tout ce qui pouvoit altérer la forme du gouvernement établi. […] L’expérience nous apprend qu’il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de corriger des hommes faits, & de changer entiérement des caracteres déja formés : au lieu que la jeunesse est une cire molle prête à prendre toutes les formes qu’on voudra lui donner.
Une musique brillante forme dans un endroit, des concerts mélodieux ; des violons, des cambourins, des castagnettes satisfont ceux qui aiment la danse, ah ! […] Il se forme pour toutes sortes de danses, des cercles de personnes de tout état, & sans confondre les qualités, si on est jaloux de la sienne, ou en les mêlant, si on l’aime mieux.
Supposons que les Acteurs, Actrices, Auteurs, amateurs, en un mot, le Sénat dramatique, par une révolution subite, soit revêtu de l’autorité souveraine, & forme une République ; que cette République veuille se faire un corps de législation selon l’esprit regnant de la scene, je dis que ces nouveaux Licurgues, ces nouveaux Solons, ces nouveaux Numas ne feront que ce qu’a fait Fréderic. […] Luther, Melanchton, Œcolampade déclarerent dans une consultation en forme, que Son Altesse dans un si pressant besoin pouvoit, à l’exemple d’Abraham, joindre Agar à Sara par un second mariage de la main gauche, ce qui fut exécuté.
Contemplez ce bel astre qui répand la lumiere, & se levant & se couchant, nous donne tour à tour les jours & les nuits ; cet astre qui préside à la nuit, & qui par ses différentes phases nous enseigne le cours & la mesure des temps ; ces armées d’étoiles qui du plus haut des cieux brillent d’un si vif éclat ; cette terre avec ses montagnes, suspendue au milieu des airs avec un si juste équilibre ; ces fleuves intarissables, ce vaste océan avec ses immenses rivages, & l’harmonie merveilleuse qui unit constamment tous ces corps ; cette atmosphère de l’air qui pénètre tout par sa subtilité, & entretient tout par sa fécondité, qui tantôt rassemblant ses vapeurs en forme des nuées, & verse des pluies abondantes, tantôt les dissipant ménage la serénité d’un beau jour. […] Cette multitude d’objets charmans, dont la peinture cent & cent fois retracée répand des graces toûjours nouvelles & toûjours riantes dans les chefs-d’œuvre de la poësie & de la peinture, & jusques sur le théatre, dont elle forme les plus agréables fêtes, n’a pas besoin, pour nous charmer, du tumulte & du fard de la scène : Beatus ille qui procul negotiis, paterna rura bobus exercet suis.
Une tirelire est portée par ces diables, qui vous la présentent, et ce que vous leur donnez forme une bourse commune, à laquelle le roi Hérode a droit de co-participation. […] On conviendra que jamais sur nos théâtres, rien de semblable ne viendra offenser la vue, ni la raison des spectateurs ; et que la morale, qui forme toujours le but de nos auteurs, y est beaucoup mieux observée qu’à cette procession. […] « Ils portent un long bonnet, dit l’auteur des Délices de l’Espagne ab, couvert de toile de batiste de la hauteur de trois pieds, et de la forme de pain de sucre, d’où pend un morceau de toile qui tombe par-devant et leur couvre le visage. […] Entre toutes les saintes on remarque Sainte Catherine de Sienne, auprès de laquelle est un enfant portant un soufflet dans une main, et dans l’autre un balai ; parce que les légendes rapportent que Jésus-Christ entra un jour sous cette forme dans l’appartement de Catherine, pour lui servir de valet de chambre. […] Le bas chœur tenait à l’église les hautes formes, conduisait son roi en cavalcade par la ville, l’accompagnait en habits grotesques, et divertissait le public par des bouffonneries.
En augmentant le nombre des bons Drames, on forme des grands Poétes.
Le Théâtre se perfectionnoit ; mais trop scrupuleux imitateur de la forme ancienne de la Tragédie, dans un état, dont le gouvernement, les mœurs, étoient différens de ceux des Grecs, l’action étoit encore embarrassée, réfroidie, souvent même étouffée par des Episodes étrangers, & des chœurs mal-cousus.
Mais quand je le vois reparaître sous une autre forme, son ton, ses traits & sa voix, qu’il m’est facile de reconnaitre, me découvrent le Comédien, par ce qu’il n’est pas naturel qu’on se métamorphose dans le monde en une autre personne.
Que le Musicien ait soin que chacun des Interlocuteurs parlant à son tour, toute la suite du Dialogue ne forme qu’une mélodie, qui sans changer de sujet, ou du moins sans altérer le mouvement, passe dans son progrès d’une partie à l’autre, sans cesser d’être une & sans enjamber.
« Quand les vices paraissent sous leur forme naturelle, on ne s'y laisse pas surprendre, au lieu qu'ils nous trompent quand ils prennent le masque, et l'apparence des vertus. » « Vitia non decipiunt nisi sub specie umbraque virtutum. » Hieron[ymus].
Nous avons dit personæ grandiores ; car on tolère et on peut tolérer, même dans les églises, les anges, les génies qui sont représentés sous la forme de petits enfants.
Pourquoi ne nous point faire connaître l’amour sous une forme estimable ?
Elles portoient pendues au cou & sur le front des médailles, des figures des faux Dieux, elles en brodoient leurs habits & le tour de leur gorge, en attachoient à leurs bracelets, & y attachoient de prétendus talismans pour se faire aimer ; mais le vrai talisman étoit la forme, la couleur, la fraîcheur, l’éclat de leur nudité, que le fard & la parure relevoient avantageusement ; les fleurs par leur odeur & leur couleur y donnoient une nouvelle grace. […] Il forme les organes du corps, les lumieres de l’esprit, les sentimens du cœur, le caractere du Soldat & du Capitaine, les circonstances des tems & des lieux, pour l’accomplissement de ses volontés. […] Echauffée jusqu’à l’ébulition, il se forme une colle, ou plutôt une espece d’empoix, qui pourroit servir à colorer les coëffures, en les empesant, ce qui est encore un secret très-utile à l’État. […] Il a une très-jolie couleur vive dans chaque nuance, & forme huit nuances bien comptées, & toutes très-jolies & très-vives.
Passons aux Comédies : ce genre de Drame, si différent de l’autre, pour la forme & par la manière, l’est également par ses effets. […] Oui, dans le système actuel, l’idée de diriger la forme des Spectacles vers l’utilité publique, est vaine & chimérique ; non, dans le système des Grecs, & dans celui que nous venons de voir. […] Arrive-t-il souvent qu’un Père mourant laisse à un Tuteur étranger, tout pouvoir sur sa Fille, & que ce vieux Tuteur forme le dessein de la contraindre à l’épouser ? […] Loin de-là, il me semble que je vois tous les Spectateurs pénétrés des vérités qu’ils entendent, verser des larmes de joie sur la riche espérance de la Nation, qui se forme à la vertu dans les mêmes lieux, où triomphaient auparavant le vice & la corruption. […] Lorsque j’ai avancé, que le Christianisme sur le trône, aurait lui-même rétabli la Comédie par politique, mais sous une forme différente, je n’ai rien dit que de conforme à la raison & aux évènemens.
Tandis que l’ambition allume par-tout le feu de la guerre, qu’elle forme les Conquérans, établit les Empires sur les ruines de la liberté ; le Chef de la Nation sainte attiré des bords de l’Euphrate aux rives du Jourdain, en parcourt les Déserts montueux, logeant sous des tentes : Dieu lui découvre sa nombreuse postérité dans la sombre succession des tems à venir ; au fond de ce divin miroir, Abraham apperçoit le Libérateur promis, ses enfans passent en Egypte, pour s’y former en corps de Nation ; la plus dure servitude n’empêche pas leur population miraculeuse. […] Moïse que les Israëlites auront pour Législateur, voit l’Eternel en un buisson ardent qui brûle sans se consumer ; il jette sa baguette devant Pharaon, laquelle est changée en Serpent, ce monstre disparoît aussi-tot sous la forme d’une baguette.
Je sçai que le mélange de la Réligion avec l’indécence, est une profanation qui forme un second crime ; que cette profanation est contraire aux régles de l’art & au Costume, c’est-à-dire, à l’usage & aux mœurs de la personne représentée ; mais outre cette multiplication de crime, la seule immodestie forme le même danger, & le même péché.
Le nœud se forme par dégrès d’événemens multipliés sans être trop confus. […] On me dira peut-être qu’il n’est point là de nœud, puisque le nœud se forme des accidens qui viennent troubler, renverser les desseins du principal Personnage, & qui doivent seul le concerner.
Benoît XIV eut une fois la curiosité de voir en particulier la forme d’un théatre que l’on venoit de construire ; on écrivit aussi-tôt sur la porte, indulgence pleniére : les plaisans ne passent rien dans ce pays là, même au Pape, il est privé de toute société agréable, il n’entre jamais de femmes dans son palais. […] Je crois bien que les acteurs font moins bons, & les actrices moins belles, les décorations moins brillantes qu’à la comédie française ; mais c’est toujours une bonne école de mœurs & de réligion dans le goût du Prélat ; on y représente les mêmes pieces, on y donne les mêmes leçons de vertu, on y inspire à la jeunesse le même amour du plaisir, le même esprit du monde : c’est un second Collége sous le même toit qui met la perfection au premier, & y fait fleurir les études, & de concert avec lui, forme à l’Etat de graves Magistrats, de pieux Ecclésiastiques, d’excellens peres de famille. […] Il se défendit mieux contre quelques Académiciens, qui lui argumenterent en forme.
Les objets spirituels échappent à l’imagination & n’intéressent pas, mais les objets extérieurs excitent de fortes tentations & de violens ébranlemens ; l’ame accoutumée à juger de tout par comparaison, les prend pour la mesure de la grandeur, & se forme des idées plus élevées de ce qu’elles représentent. […] Dans tous les temps & chez tous les peuples, les habits ont servi à distinguer les états des personnes par la forme & les richesses, & à faire paroître les agrémens naturels par l’arrangement & la propreté ; jusques-là rien que d’innocent, & même de convenable. […] On traduit communément ces paroles, point d’acceptation de personne, n’agissez point par respect humain ; que la présence d’un homme puissant ne vous impose point, ne vous fasse pas changer de visage, & Fagnan applique ces paroles au fard, espèce de masque qui forme un second visage sur votre visage ; c’est un mensonge contre votre ame, faciem adversùs faciem .
Dans le second cas, on forme ses principaux rôles sur plusieurs Acteurs, & on les agence à leur maniere.
De la forme de ces Combats.
Cette nouvelle forme, qu’il s’agirait de donner au Théâtre-Ephébique, exigerait à la vérité plus de dépenses & une Troupe nombreuse : néanmoins des raisons assez fortes, & que je dirai plus bas, empêchent qu’on ne permette au Néomime d’aggrandir sa Salle : le même motif me porte à croire qu’il serait à propos que l’Ambigu-comique ne pût avoir ni Machines, ni un Orquestre complet : on le priverait de tout ce qui ne serait pas essenciel pour former la Jeunesse : j’opinerais même encore à ce que son Orquestre fût composé, comme son Théâtre, de jeunes Sujets, distingués par des talens déja supérieurs, qui de-là passeraient aux autres Spectacles, afin que tout le nouveau Théâtre devînt un Ecole, dont le Public serait le Professeur : ainsi lorsque la Représentation serait achevée, les jeunes Acteurs rangés dans la Salle de Répétition, seraient obligés d’écouter durant une demi-heure, les avis que les Spectateurs éclairés jugeraient à propos d’aller leur donner, & de recevoir également bien le blâme & la louange : & pour fournir au surcroît de dépense, les Places seraient à 3 l ; I. 1.16 f ; I 1.4 f ; & 12 f.
[NDE] Echafaud: ouvrage de charpenterie élevé en forme d’amphithéâtre pour y placer des spectateurs et pour le jeu des acteurs (voir Furetière 1690).
Je ne me range point parmi les accusateurs de M. le curé de Saint-Germain l’Auxerrois ; mais de deux choses l’une, ou ce curé est coupable et il est indigne du poste qu’il occupe, ou il est innocent et alors son caractère sacré lui impose l’obligation de prouver publiquement et authentiquement son innocence, de la manière et sous telle forme que le jugeront convenables ses supérieurs.
L’amour nous en présente dans les Comédies sous une forme bien différente : le vice se montre presque toujours à découvert ; et on n’en remporte souvent que des impressions capables d’allumer ou de nourrir dans le cœur un penchant dangereux.
Toute la piece est pleine de ces traits, & forme un miroir fidele. […] Il en est bien éloigné : la forme de la réparation est d’une difficulté presque insurmontable. […] Cette délibération est consignée dans un registre public, elle le blesse comme littérateur & comme citoyen, elle lui forme pour jamais la carriere du Théatre, elle le déclare auteur d’un libelle, & une pareille imputation ne peut être indifférente à une ame honnête. […] A l’égard de celle enregistrée le 22 décembre, & de la troisiéme adressée à la Troupe le 4 Mars, comme ces deux dernieres ne sont ni reçues, ni même jugées, & qu’il n’est plus possible que le sieur Mercier compte désormais sur l’impartialité des Comédiens, on le croit fondé à demander en outre que le jugement de ces pieces soit renvoyé à des Gens de Lettres ; à l’Académie Française, par exemple, si elle veut bien se charger de cette commission : alors le sieur Mercier sera jugé par ses Pairs, forme bien préférable à tous égards à celle qui est usage aujourd’hui. […] D’ailleurs, la propriété des ouvrages de génie, la plus recommandable de toutes peut-être, forme du vivant de leurs Auteurs le patrimoine le plus naturel dont ils puissent jouir.
Au fond, n’y ayant rien de changé, sinon les mots, et quelque chose en la forme, et la matière y étant toujours la même, tout ce que la jeunesse, surtout, y voit et y oit, est comme qui battrait le fusil sur de l’esmorchead bien sèche. […] L’expression « boutique du diable » se trouve sous la forme ergastèria daimonôn (boutique [ou atelier] des démons) dans le Commentaire de S. […] Le texte donne la forme « Harlequin ». […] Forme masculine de « fiente », qui a le même sens. […] La forme pronominale a ici la valeur de la forme transitive.
Gardons nos petites salles ténébreuses ; elles suffiront pour la plupart des sujets de nos Comédies : si quelquefois nos Tragédies s’y trouvent à l’étroit, tant-pis pour elles ; ce genre de Drame ne forme pas encore, chez les modernes, la partie la plus importante d’un Spectacle fait pour les mœurs. […] Les Salles de nos Théâtres actuels, déstinés à la Comédie, peuvent donc demeurer telles qu’elles sont, quant au vaisseau, je ne vois de changemens à faire, que dans la forme de la Scène. […] Si nous jettons ensuite les yeux sur la Tragédie & sur l’Opéra, nous conviendrons qu’il y a des changemens bien plus considérables à desirer ; puisque ce n’est pas seulement la forme de la Scène, mais la Scène elle-même qu’il faut changer. […] Les Actrices n’auront point un geste à ressorts, le ton des Furies, les regards effarés, la démarche forcenée : on ne les verra point quitter la Scène dix fois de suite précisément avec un modulement pareil dans le ton, & le même déploiement dans le geste ; la nature sur un fond unique diversifie toujours les formes, & se fait une loi de la variété. […] Aussi lorsque je considère l’agrément des voix & du chant, le charme des Danses, la forme des habits, &c. je ne trouve nulle part ce que j’ai nommé l’Actricisme, dangereux comme à l’Opéra.
Je demande, qu’elle image l’esprit se forme de tout cela, & ce qu’il conçoit d’un assemblage bisare de mots décousus, qui n’ont aucun rapport avec ce qu’on veut leur faire signifier ? […] Ecoutez, je vous prie, combien de formes on fait prendre au mot Bonheur, & combien de Métaphores on met pour lui en usage.
Ils s’y font tout à tous pour les gagner tous, en prenant toute sorte de formes, et jouant toute sorte de rôles. […] Le Plaisir forme la Jeunesse aux vraies vertus, aux vertus propres de la Religion.
C’est aux puissances inférieures de notre nature qu’ils ont coutume de s’adresser, c’est à nos sens, à notre imagination, à nos passions ; ils accoutument notre âme aux émotions fortes et factices, de manière à nous blaser en peu de temps, et à nous donner bientôt un profond éloignement pour des lectures et des compositions d’un goût plus pur et plus sévère, surtout pour les saintes Ecritures et pour tous les livres religieux, dont la lecture forme l’un des plus importants devoirs de la vie, et contribue à notre bonheur en ce monde et en l’autre. […] Il est surtout un argument spécieux contre lequel ils doivent se tenir en garde : on leur dira qu’on peut profiter à l’école du théâtre, et y puiser des principes de religion et de morale ; on leur parlera encore du mérite littéraire et de la connaissance du cœur humain qu’on trouve dans plusieurs de ces œuvres dramatiques, comme si ces avantages devaient compenser les blessures profondes et souvent mortelles que font ces représentations dangereuses, à l’innocence, à la pureté et à la religion ; pour nous, convaincus que la corruption s’appelle toujours la corruption, et que ce serait acheter trop chèrement les plaisirs d’une composition savante, ainsi que l’élégance et le goût littéraire, que de l’acheter au prix de notre innocence, prenons la résolution ferme et invariable de combattre le mal, de quelque masque qu’il se couvre, de quelques formes attrayantes qu’il se revête.
Il n’est pas besoin d’expliquer en détail les erreurs contenues dans les trois Chapitres ; c’est assez que l’Eglise en condamne la doctrine, comme elle l’a fait au second Concile de Constantinople ; & quelle que soit la forme de ses décisions, de quelque maniere elle les prononce, étant assemblée ou dispersée, il faut y adhérer sans examen & sans reserve, parce qu’elle est dans tous les temps, la colonne de la vérité, que le Seigneur a promis son assistance jusqu’à la consommation des siécles, pour empêcher que les portes de l’enfer ne prévalent contre elle.
On ne sait que trop, au reste, que cette malheureuse passion, sous la forme que lui donnent les Poètes, porte très rarement les hommes à la vertu ; et qu’au contraire elle les porte presque toujours au vice.
Clitandre aime Henriette dans toutes les règles de la bienséance ; il la demande en mariage à son père qui la lui accorde, et la mère seule y forme une opposition, parce qu’elle veut la marier à un autre.
On se forme communément cette idée des Italiens, quoique peut être injustement. […] Les flâteurs disoient d’elle : tout la pare également, on ne peut discerner ce qui la favorise davantage, comme le rapporte Varillas : modestes ou galans, simples ou superbes, de quelque couleur ou forme que ce soit, on ne sait quel choisir. […] Le théatre est une école militaire, & l’Actrice une maîtresse d’escrime ; il s’y forme de grands Officiers & de bons soldats. […] Il reste des vestiges de ces anciens goûts, quoique sous une forme bien différente, dans les pieces pieuses qu’on joue quelquefois, Polieucte, Ester, Athalie, Joseph, Judith, &c.
Ce ne peut être par la raison qu’il en est un plus grand besoin pour les corriger ; il n’est pas permis de penser que les moyens ordinaires de réforme, que la persuasion, les bons exemples, surtout cette patience, cette modération, recommandées envers les fourbes et les méchants, n’agissent pas aussi efficacement sur des hommes profondément pénétrés de l’amour des vertus que sur tout autre ; on use ici de plus de rigueur, on est inconséquent, injuste, par cette raison que j’en ai donnée déjà : que ces inconséquents, ces contre-sens, ou cette forme de leçon dont les effets sont opposés à l’objet du fond est un ressort dramamatique le plus souvent nécessaire pour attacher, égayer et rappeler le public. […] Les premières, malgré des ridicules qui doivent accompagner les pauvres humains sous cette forme ou sous une autre, jusqu’à leur dernière postérité, se distinguaient par une grande délicatesse, par l’exacte observance des règles du respect et de la décence, et surtout par une morale très-sévère, que les hommes savaient unir à la galanterie. […] Ils pardonnaient tous les crimes, pourvu qu’ils fussent revêtus de formes aimables ; le seul crime impardonnable était le ridicule, et le plus grand des ridicules était la vertu, etc.
La satyre de ses mœurs conta la vie à Urbain Grandier, Curé de Loudun, qu’il fit brûler vif, comme un magicien, selon les mémoires du Cardinal de Retz, il y ajoutoit la pédanterie ; il fit soutenir chez sa niéce, des theses d’amour, dans la forme des theses de théologie, qu’on soutient en Sorbonne. comme le Jurisconsulte Contius fit des commentaires sur les arrêts d’amour, il porta l’audace de ses desirs, vrais ou affectés, jusqu’à la Reine Régnante, Anne d’Autriche, il en essuya des railleries qu’il ne pardonna jamais. […] (C’est une idée risible, qu’une musique en forme en Ecosse au 16e siécle : il n’y en eut même en France que long tems après ; & une musique Italienne chez un peuple barbare ?) […] Charle-Quint dont la fortune fut plus éclatante que celle de Louis XIV, ne fut pas appellé Grand ; il n’est resté à Charlemagne, que comme un nom propre, & ne forme en François qu’un mot.
Chaque femme, comme un habile Ingénieur, forme son plan, élève ses batteries, ouvre la tranchée, donne l’assaut ; les promenades, les spectacles, les cercles, jusqu’aux Eglises, sont les champs de bataille où ces Héroïnes se battent à outrance. […] Y allât-elle d’abord modeste, la seule fréquentation lui en inspirera la fureur, & avec elle tous les vices qui en sont le principe ou l’effet ; elle y perdra toutes les vertus qui produisent & entretiennent la modestie, & qu’à son tour la modestie forme & entretient. […] L’Eglise est un rendez-vous ; elle s’y forme un cercle, sa dissipation dissipe, ses nudités séduisent, ses gestes & ses regards distraisent.
« J’avoue que d’épouser deux maris pour sa satisfaction, c’est commettre un énorme péché d’incontinence ; mais de le faire pour la paix de l’esprit, ce n’est pas plus que de s’enivrer par forme de remède. […] On voit sous combien de formes la malice industrieuse de nos Poètes se travestit pour diffamer le Sacerdoce dans toutes les diverses créances. […] Mais quand cela ne serait pas ; je réponds en second lieu que l’idée qu’on se forme des Chapelains est une erreur très grossière.
Les dépenses qu’on fait pour les funérailles s’étendent jusqu’aux Perroquets, l’amitié singuliere du grand Prince pour un de ces oiseaux, fit croire que l’ame de quelque Monarque avoit passé dans son corps, qu’il falloit lui rendre des honneurs proportionnés à sa dignité, on éleva une grande pyramide où l’on montoit par degrés, il y avoit au haut une plate forme ; pour y brûler le corps de l’oiseau, qu’on y porta dans une cage d’or. […] 2. forme une petite histoire singuliere.
C’est justement le cas où vous vous trouvez, Monsieur : il falloit examiner par vous-même ; on ne voit jamais bien par les yeux des autres ; on ne peut rapporter les choses que selon l’idée qu’on s’en forme, & nos sensations sont toutes différentes : d’ailleurs, il est difficile de trouver un homme désintéressé : enfin vous deviez vous exposer au danger, si vous vouliez remporter une gloire solide & méritée.
Le beau est un Protée qui semble ne changer de forme que pour dérober son éclat.
On peut assurer que le même caractère mis plusieurs fois au Théâtre par différents Auteurs, changerait toujours de forme, & paraîtrait presque tout autre.
Il ressemble à ces fleurs artificielles qui ne frappent la vue qu’autant qu’elles ont la couleur & l’éclat des fleurs qu’elles représentent ; c’est l’ouvrage de l’art le plus recherché qui prend la forme & les traits de la Nature même.
Car comme ceux qui se trouvent dans ces assemblées veulent tenir le haut bout, et précéder les autres, par cet amour de propre excellence dont le cœur humain est empoisonné, et qui fait la principale partie de l’esprit du monde, soit en dansant actuellement, soit pour se placer, soit encore pour prier ou inviter les femmes ou filles à danser ; il se rencontre mille occasions de contestation, dans lesquelles on s’emporte souvent à dire des paroles aigres, offensantes et injurieuses ; on se pique d’honneur ; on entre dans le ressentiment ; on conçoit de la haine et des désirs de vengeance ; on en forme le dessein, et on en vient même aux mains et aux armes.
Le sujet semble, en effet, au premier aperçu, beaucoup mieux convenir à un docteur de Sorbonne qu’a un maréchal de camp ; rarement on a vu le même homme mener de front les matières cléricales et les théories stratégiques ; il est fort permis à un général de n’avoir pas lu Baronius, et ce n’est certainement pas dans les actes des conciles qu’on apprend à placer des batteries ou à ranger une division en ligne de bataille ; enfin, si l’on me permet cette forme triviale, canons et canons il y a, et l’on pouvait raisonnablement craindre qu’un homme habitué à vivre au milieu de ceux de Mars, ne traitât un peu cavalièrement ceux de l’Eglise.
Entrez dans ce salon où de rians Protées échangent en riant leurs formes empruntées, où la nuit le tumulte & le masque trompeur font naître à chaque instant d’agréables erreurs, où le maintient décent, la froide retenue n’imposent point de gêne à la joie ingénue, où les sexes, les rangs, les âges confondus suivent en se jouant la Folie & Momus. […] Il n’y a point de spectateur qui en revienne innocent ; au contraire, il forme l’habitude de s’occuper des objets que l’imagination a saisi & que le crayon s’est efforcé de rendre, il sera tenté, & se croira autorisé de peindre des nudités. […] La jalousie des concubines, qu’on a fort mal à propos menées à l’attelier, forme une scène de fureur qui exprime leurs sentimens par des danses de furies. […] Chez Pline & Saint-Lambert tout se passe entre trois acteurs, Alexandre, Appelles & Campargue, & forme une scène de caractere : il n’en faut pas davantage.
Vous l’êtes justement, et c’est sans attentat Que vous avez changé la forme de l’Etat, etc. » Et son complice, qui ne médite pas moins la mort de son Prince, lui dit : « Oui, j’accorde qu’Auguste a droit de conserver L’empire où sa vertu l’a seule fait monter : Il a fait de l’Etat une juste conquête. » S’il est Monarque légitime et vertueux, quel droit, quel prétexte a-t-on pour l’assassiner ? […] Une conjuration aussi noire contre César y forme un incident qui en fait le dénouement, entremêlé d’une vengeance forcenée, d’un amour insensé, qui dégrade César, et dont une coquette ambitieuse se sert pour obtenir une couronne. […] Fuir, comme un déshonneur, la vertu qui le perd, Et voler sans scrupule au crime qui le sert. » Cet affreux machiavélisme forme-t-il de bons sujets ou de bons Princes ? […] Qu’on les proscrive, et qu’on adore le théâtre, qui nous donne et nous forme des maîtresses, qu’importe à quel prix ?
Il n’y a point d’Etat bien constitué où l’on ne trouve des usages qui tiennent à la forme du gouvernement et servent à la maintenir. […] Les coteries existaient dans mon enfance sous le nom de sociétés ; mais la forme en était moins bonne et moins régulière. […] Pour une querelle passagère qu’il cause, il forme cent attachements durables. […] On me dit que cela les forme ; je conviens que cela les forme à être impertinents et c’est, de toutes les choses qu’ils apprennent par cette méthode, la seule qu’ils n’oublient point. […] Cette institution est très belle, et forme un des grands liens qui unissent le peuple à ses chefs.
Mais ce merveilleux talent, si rare ailleurs et si commun chez nous, ne s’y produit pas toujours sous la même forme : tantôt on exténue le mot affreux, auquel on change quelque lettre sans altérer par là le sens ; comme si on voulait éluder le crime, bien que l’on viole la loi : tantôt on ne fait que bégayer, on ne prononce le mot qu’à demi ; mais on laisse toujours assez entendre la chose : c’est comme une pièce de monnaie qui n’est point si tronquée tout autour qu’on n’y voie et la figure et le nom. […] Ainsi, les Poètes Anglais donnent encore sur ce point le paroliac et à tous les autres et à Sénèque : les impies de celui-ci ne sont tels que dans un état de gêne, de douleur, de dépit, d’impatience, de désespoir ; au lieu que ceux des autres le sont sans trouble, sans sujet apparent, sans prétexte, et blasphèment par forme de divertissement. […] pour s’être rendu semblable à nous et présent à nos yeux sous une forme humaine ?
Mais le moment où le Sultan a jeté le mouchoir à la favorite ; son visage, ses regards, tout son maintien prenoit rapidement une forme nouvelle, elle s’arrachoit du théatre avec le désespoir & l’excès d’accablement des ames vives & tendres. […] Le Poëme des Saisons s’exprime ainsi sur le bal : Entrez dans ce sallon ou de bruyans Prothées Echangent en riant leurs formes empruntées, Où la nuit le tumulte & les masques trompeurs Font naître à chaque instant d’agréables erreurs ; Là le maintien décent, la froide retenue, N’imposent point de gêne à la joie ingénue ; Là le luxe, les rangs, les âges confondus, Suivent, en se jouant, la Folie & Momus.
Mais si nous les examinons quant à la forme, qu’il reste de choses à faire pour les rendre légitimes ; c’est-à-dire, pour détruire cette opposition trop marquée à la Religion du pays, & à quelques-unes des Loix civiles ! La forme de nos Spectacles consiste dans le genre du Drame, le jeu des Acteurs, & dans la Musique & les Danses qui peuvent les accompagner.
Je n’y ai gueres d’autre part que de les avoir rassemblés & liés dans la forme d’un discours suivi, au lieu de celle du Dialogue qu’ils ont dans l’original. […] Je vois dans ce tableau des chevaux attelés au char d’Hector ; ces chevaux ont des harnois, des mords, des rênes ; l’Orfevre, le Forgeron, le Sellier ont fait ces diverses choses, le Peintre les a représentées ; mais, ni l’Ouvrier qui les fait, ni le Peintre qui les dessine ne sçavent ce qu’elles doivent être : c’est à l’Ecuyer ou au Conducteur qui s’en sert à déterminer leur forme sur leur usage ; c’est à lui seul de juger si elles sont bien ou mal, & d’en corriger les défauts.
La forme adjective ne semble pas attestée. […] coucourde = une grande gourde de forme ronde (Cotgreave).
Car Poème [selon Possidonius] est une oraison faite avec mesure bien jointe, excédant la forme d’une oraison laborieuse, c’est-à-dire qui se fait en Prose, et Poésie est un poème significatif contenant l’imitation des choses divines et humaines. […] [NDE] Forme ancienne du passé de vivre : il vécut.
Si on livre sa production à leur censure, ils la coupent, taillent, rognent, mutilent & disséquent au point qu’en vérité il ne reste pas même au pauvre enfant l’ombre de sa premiere forme. […] Je n’envisage, ici, que les enfans de nos Bourgeois, qui sont les plus assidus à ces Spectacles Forains, & cette jeunesse forme la classe la plus nombreuse, & en même-tems la plus nécessaire à l’Etat. […] Ce n’est que par une pratique assidue, par une étude journaliere des bons modeles & des grands Maîtres, qu’on forme les talens & qu’on enrichit son esprit. […] Tel, & plus hideux encore, est le portrait du fat, qui se forme aux écoles du Rempart, écoles funestes, qui sont autant d’écueils où viennent échouer, se perdre & s’engloutir la raison, l’honneur & les sentimens. […] Je le dis hardiment, il ne se forme aucun sujet sur ces Trétaux.
Le célebre Richelieu vouloit donner au Théâtre une forme qui le rendit propre à être un amusement utile & exempt de dangers*.
dit que l'art de bouffonner ayant pris la forme des Satires, Andronicus le fit passer des Satires aux Fables, pour plaire aux Spectateurs.
Il n’est pas permis de dire toutes choses ; mais il est certain que comme on y est libre, on y fait des déclarations qu’on n’oserait faire autre part, et dans ce malheureux commerce on forme des alliances qu’on entretient secrètement, et dans le cabinet.
L’impunité leur est acquise, les mesures répressives ne sont pas même proposées pour punir le vol fait à la chose publique ; des procès insignifiants sont intentés pour la forme, ils s’éteignent avec le temps, et se terminent pour ainsi dire à l’amiable, tandis que les grands complices du brigandage se partagent tranquillement les dépouilles du peuple.
Moïse, que les Israélites auront pour législateur, voit l’Eternel dans un buisson qui brûle sans se consumer : il jette sa baguette devant Pharaon, laquelle est changée en serpent ; ce monstre disparaît aussitôt sous la forme d’une baguette.
Son aventure en forme l’intrigue. […] Celui-ci, après quelque légere exhortation pour la forme, de ne pas s’engager dans une si pétilleuse carriere, entretient ce beau feu naissant, & cultive ses talens.
A force d’humbles supplications, de respectueuses requêtes, de larmes, de gémissemens, ils obtiennent que l’illustre Délégation chargée du démembrement des provinces, prenne en considération leurs besoins & forme une commission de rebus Jesuitarum, sur la maniere d’aliéner & d’employer leurs fonds, sur les enseignemens nationnaux, où après des détails & des débats infinis, comme en essuient en Pologne les affaires publiques, les nobles seigneurs dont la plupart se sont enrichis de leurs depouilles, répondent gracieusement, qu’on n’a pas , trouvé dans tous leurs biens dequoi leur fournir des pensions ; mais qu’on va chercher des moyens, au milieu des malheurs de la République épuisée, de fournir à leur subsistance : en attendant, vivez comme vous pourrez. […] Le théatre ne forme pas des vaillans preux : celui-ci peu fait à des pareils gestes, voulut se retirer : mais un autre prince se déclare son chevalier, accepte le défi, prend son bouclier & son casque, & se montre dans le champ de bataille, pour soutenir l’honneur de son favori, le fait monter sur le théatre danser une passecaille, & jette à ses pieds une boutse de cent cinquante ducats, qu’il avoit ramassés dans une collecte faite charitablement pour lui dans toute la ville, l’assurant qu’il n’avoit rien à craindre, qu’il le défendroit jusqu’au dernier soupir, & feroit plus pour lui qu’on n’avoit fait pour la République.
C’est un professeur qui analyse la science de l’amour, en donne des leçons, forme des élèves, en fait de grands maîtres. […] L’aventure de l’amour dans les Graces, qui ne sait ce que c’est qu’une femme, dans Lucinde, dans l’Oracle, qui ne sait ce que c’est qu’un homme, celle de deux filles dans l’Isle sauvage, à qui leur mere fait accroire qu’on devient blanc ou noir selon qu’on aime ou n’aime pas ; qu’on l’examine bien, ce n’est qu’un thème mis en trois façons ; mais en toutes l’excès du bonheur d’un jeune cœur qui peu à peu goûte l’amour pour la premiere fois, n’annonce & ne forme qu’un voluptueux délicat, qui ne s’enivre pas tout d’un coup d’un plaisir extrême, mais qui savoure lentement, & boit à petits coups la douceur de la volupté, & se satisfait en caressant son idée, & exaltant par degrés la passion.
Chacun s’en forme des idées à sa mode, où le goût et l’intérêt sont plus consultés que la raison et l’Evangile. […] Tout cela n’a rien de légal, et ne forme point un état avoué par les lois.
Il forme dans l'âme affaiblie une si forte habitude, il acquiert un si grand ascendant, qu'elle y est entraînée sans résistance. […] » Fût-on maître d'arrêter un ressort débandé, de ramener un cheval échappé, de fermer la gueule à un tigre altéré, qui peut répondre de l'ascendant que prendront à l'avenir, et le plaisir qui enivre, et l'habitude qui se forme, et la faiblesse qui s'augmente ?
Le mécanisme des vers, la distribution des scénes demande quelques réflexions, & forme une difficulté que Moliere a rarement surmontée, puisque la moitié de son théatre est en prose ; enfin, comme le plaisir est la grande affaire, tout ce qui en fait goûter, tout ce qui flatte les passions est assuré de tous les suffrages. […] Rien de plus glorieux au théatre : ces honneurs effacent bien avantageusement l’infamie, attachée à l’état de comédien ; puisque non seulement on y tolére, on y loue, on y recempense, mais encore on y forme des comédiens, on y invite, on couronne les Auteurs. […] La belle illumination de tout côté répandue, forme par la réflexion un très-agrèable spectacle ; ce qui sert d’ailleurs de rafraichissement en Été ; on n’a rien fait encore de pareil à Paris, on s’est borné à éléver le parterre à niveau du théatre pour en faire un sale unique au bal de l’opéra.
De tous les arts c’est celui qui fait le plus d’honneur à l’esprit humain ; il se forme par la variété & la multitude des combinaisons, &c. […] On y distingue même différentes couches, parce que dans les eruptions arrivées depuis ce temps-là, chacune y a jetté ses cendres & sa lave, ce qui en divers endroits forme au dessus de la ville un terrain de 80 pieds d’épaisseur. […] Ce sont tout autant de monumens de débauche ; on voit dans leurs formes & leurs ornemens tout ce qu’une imagination sale peut produire de plus bizarre & de plus licentieux.
S’il paroît quelque fille élevée avec soin, & loin des occasions, c’est une Agnès, dont on se moque, & qu’on a bien-tôt déniaisée, ou qui instruite à l’école de la nature forme, dit-on, les plus violens desirs, fait cacher son jeu, tromper les plus clairvoyans, jouer son père, sa mere, son maître, son tuteur, & s’entendre avec son amant. […] La parure, comme la littérature, la politique, les affaires, forme les coteries, & une espece de monde dont elle est l’ame. […] S. le démon avoit à paroître, sous quelle forme se transformeroit-il, prendroit-il la tête de Meduse, pour rebuter tout le monde ?
Voilà les héroïnes que forme la scène. […] Les femmes voyoient avec peine mépriser ce qui les enchante, & forme pour elles un triomphe ; les hommes étoient déconcertés & réduits au silence ; c’est là tout ce que la plupart savent dire & répéter à toutes les femmes. […] Quand la Reine vint à l’Académie, elle fut fort, étonnée de ne pas l’y voir, & en demanda la raison ; on lui apprit que la requête des Dictionnaires, ouvrage ingénieux, mais très-mordant, lui avoit fait des ennemis dans ce Corps où la faveur forme le scrutin plus que le mérite.
Image parfaite du Théatre : il n’est qu’un orchestre ; les spectateurs sont des violons, leurs passions sont les cordes, l’acteur & l’actrice sont l’archet qui les pince, le frémissement du cœur suit l’impression, & forme avec lui un accord parfait de vice. […] L’assortiment des graces des filles avec le Service divin est admirable aux yeux d’un poëte comique : il forme une scène. […] Elles portent sur le front une petite hupe comme les allouettes : ce qui forme un habillement assez galant.
J’évite, Monsieur, autant qu’il m’est possible de faire le Prédicateur dans une Lettre qui prend toutefois assez la forme d’une Dissertation : sans cela, Monsieur, je pourrais bien vous dire avec l’enthousiasme de M.
La forme « luicte », pour « lutte », est encore attestée dans Cotgreave.
Je n’examinerai point quelle peut être (sous le rapport de l’art) cette nouvelle direction, qui confond les genres et qui imprime aux récits les plus véridiques les formes romanesques. » Décade.
Quel besoin est-il donc de leur donner en tant de différentes manières & sous des formes si séduisantes des leçons de la force, desquelles ils ne sont déjà que trop instruits (p. 12. […] que cette espèce de corruption…… est sans doute criminelle, puisqu’elle offense Dieu,… qu’elle est sans doute criminelle en France puisqu’elle blesse les loix du pays ; Ils aimeroient bien mieux pouvoir nous démontrer qu’elle n’est point incompatible avec le bonheur d’une Nation , eux qui ne se contentent pas de nous fournir un moyen absurde pour nous faire un jeu de ce crime , mais qui en Apologistes infatigables se font sous toutes sortes de formes un honneur, une étude, un capital de nous en fournir tous les jours de nouveaux moyens. […] cette secte de faux sages qui ne font que renouveller sous différentes formes tous les systêmes (p. 10.) […] Quel est donc ce prodige à forme humaine, qui n’est ni homme ni démon, puisqu’il n’a le ver rongeur ni de l’un ni de l’autre ?
Il forme le corps, dit-on, il débande l’esprit : Est-il besoin pour rendre une fille modeste et de belle taille de lui apprendre à sauter ? […] Demain il prenait la forme d’un Aigle pour enlever Ganymède et se jouer avec lui. […] La famille ne peut être sainte, si elle ne forme des saints, si la Chasse est un empêchement de la sainteté, au lieu de l’approuver pour elle, il la faut défendre. […] Quelque requête qu’on eût à présenter à l’Empereur Andronicus le jeune, on était assuré qu’elle serait décrétée en toute la forme qu’on voulait, pourvu qu’on joignit à la demande un chien de Chasse ou un oiseau. […] C'est la forme interrogative de "ç'a été" qu'on trouve parfois à l'époque.
Ainsi la Comédie dans son essence, c’est la Comédie telle qu’elle devroit être, & qu’elle ne fut jamais ; la Comédie avec ses accidens, c’est la Comédie telle qu’elle ne devroit pas être, & telle qu’elle est toujours ; car ce n’est que dans ces accidens, dans ces circonstances, qui accompagnent la Comédie, que notre Docteur trouve des vices, qui la lui font absolument réprouver lors même que le sujet & la forme de la Piéce n’ont rien que de très-innocent.
Ainsi la Comédie dans son essence, c’est la Comédie telle qu’elle devroit être, & qu’elle ne fut jamais ; la Comédie avec ses accidens, c’est la Comédie telle qu’elle ne devroit pas être, & telle qu’elle est toujours : car ce n’est que dans ces accidens, dans ces circonstances, qui accompagnent la Comédie, que notre Docteur trouve des vices, qui la lui font absolument réprouver lors même que le sujet & la forme de la Piéce n’ont rien que de très-innocent.
Ce n’est pas tout, les Anciens par la forme de leurs Théâtres donnaient plus d’étendue, & avec plus de vraisemblance, à l’unité du lieu, que ne le peuvent les modernes.
Comme ils ne savent pas eux-mêmes ce qu’ils veulent dire, on a de la peine à le deviner, et plus encore à y répondre, puisqu’on ne peut que difficilement repartir à des choses confuses et qui ne signifie rien, n’étant pas dites dans les formes.
Il n’en coûta rien à l’Arétin de faire ce mauvais drame ; c’étoit un hypocrite qui prenoit toutes sortes de formes ; sa plume étoit également vendue à la piété & à la licence ; il passoit avec la même facilité & la même hardiesse du saint au profâne, que de l’adulation à la satyre ; aussi outré dans le panégyryque que dans la calomnie. […] Appellé par les princes, & confiné dans une prison ; honoré dans toutes les cours d’Italie, vivant & mourant dans la misere ; d’une famille illustre, & fugitif de ville en ville, de province en province, sans savoir où se réfugier la moitié de sa vie ; couronné comme un grand poëte, & enfermé dans les petites-maisons, pour y être traité comme un insensé ; vivant en grand seigneur, & s’habillant en berger, pour mener la vie pastorale ; comblé d’éloge, & accablé de satyres ; regardé comme le premier poëte d’Italie, & solemnellement condamné par le jugement & les écrits de la plus célebre Académie, (de la Crusca) qui, dans le fonds, n’avoit pas tort, quoique sa conduite fut indécente dans la forme ; célébré, chanté de toute part, errant, inconnu, couvert de haillons, changeant de nom, d’habit & de gîte, par des chemins détournés, exposé à tout, souffrant tout ; ne se sauvant que par des mensonges ; philosophe modéré, se possédant en citoyen, & donnant un soufflet, se battant en duël dans sa colere ; pratiquant des exercices de piété, & traitée d’athée, de philosophe platonicien, & y donnant lieu par ses ouvrages ; faisant des vœux à la Ste. […] L’un répand les étincelles, l’autre forme le brasier.
Pouvant s’allier avec les mœurs, tout Gouvernement peut le comporter, & doit le protéger, puisque tout Gouvernement a un intérêt sensible de perfectionner la morale, qui forme un des plus solides fondemens de toute autorité légitime. […] Un homme qui tente un grand crime n’est pas regardé comme un grand homme, ou bien il faudroit chercher un autre terme pour désigner un homme qui forme une entreprise grande & juste. […] Mais en voyant des hommes, allier par un mélange monstrueux, aux emportemens d’une ame injuste, des qualités brillantes, on se forme plus aisément l’habitude de séparer la cause primitive, des forces qu’elle fait mouvoir ; on juge non les moyens employés, mais l’intention.
Le fard formoit, jusqu’à nos jours, un objet très-borné d’industrie, qui n’occupoit que peu de personnes ; il est devenu un objet fort étendu de commerce, il forme un metier complet, que l’Académie des Sciences ne manquera pas de donner au public, avec tous les autres arts & metiers. […] Louis Guyon, Médecin de Paris, a composé, & Lazare Meyssonier, Médecin de Montpellier, a commenté un grand ouvrage de médecine, intitulé Miroir de la Beauté, ou Médecine de la Beauté, ils y suivent les différentes parties du corps humain, & en détaillent les beautés, la forme, la couleur, les infirmités, les difformités ; ils donnent plusieurs recettes & remedes pour conserver les unes, & réparer les autres ; ce titre singulier, & cette marche intéressante sont une charlatanerie littéraire, pour piquer la curiosité, & donner de la vogue à leur livre, qui a eu plusieurs éditions.
Quelque Procureur dirigea la procédure, & servoit de Greffier, il le faloit bien, les Dames sont peu faites au jargon de la chicane ; il y a bien loin d’une information criminelle aux billets doux ; enfin tout bien considéré, & murement pesé, après plusieurs séances, le Procureur du Roi & le Dignitaire du Chapitre furent déclarés atteints & convaincus d’avoir composé, fait écrire, affiché & répandu dans la Ville des chansons diffamatoires, contre un grand Prélat & plusieurs Dames distinguées par leur naissance, leur beauté, leur mérite : pour réparation de quoi le Dignitaire fut interdit de l’entrée au chœur, & aux assemblées du Chapitre, condamné à demeurer trois mois dans un Seminaire, jeûnant & prenant la discipline le vendredi de chaque semaine, de quoi il rapportera un certificat en bonne forme, signé du Supérieur. Le Procureur du Roi ne pourra paroître sur le theatre, ni assister à la comédie, & il ira passer trois mois à planter des choux, & mener la vie pastorale avec ses chevres & ses moutons, de quoi il portera un certificat en bonne & due forme, signé du Curé & du Juge de la Paroisse, après quoi ils pourront revenir chez eux, mais non pas se trouver dans les compagnies avec Lesdites Dames offensées, & seront tenus de se retirer quand elles entreront, & défense à eux sous des plus grieves peines, de faire ni de chanter jamais de pareilles chansons, contraires à l’honneur des Dames & des Evéques.
Une telle cargaison est-elle nécessaire, même à la passion, dans un pays où le Mahométisme forme des sérails, où le paganisme consacre aux idoles la plus grande corruption ? […] Cette prétendue réforme ne sait, comme celle des protestans, qu’adoucir les austérités, mitiger les regles, les prieres, les exercices, & débarrasser de tout ce qui gêne : cet air de liberté, ce ton de mondanité, détruit l’esprit de l’état, & forme une décoration comique ou plutôt tragique, puisque la religion en souffre, & que le contraste de la rigueur édifiante des regles primitives avec les nouvelles constitutions scandalise les foibles.
Les idées de la morale la plus pure (la plus licencieuse) font sur elles une impression d’autant plus profonde, que l’instruction ne se présente que sous la forme du plaisir (c’est son poison). Rien n’anime (ne dissipe) plus la société, ne forme plus le goût (du désordre), ne rend les mœurs plus honnêtes (moins honnêtes), ne resserre plus les nœuds de l’amitié (du libertinage) ; il n’y a que des barbares qui puissent les blâmer ou dédaigner.
Il lui donna des habits de peau, dont il est vrai-semblable que les Patriarches ont conservé & transmis la forme au peuple Juif. […] Sur quoi roulent ordinairement les éloges des libertins, leurs regards criminels, leurs impudiques attentats, quel est le coup d’essai de leurs libertés indécentes, & le premier anneau de la chaîne qu’ourdit l’enfer, que l’éclat, la couleur, la forme de ces funestes écueils de la pureté ?