Cest là qu’il a établi son empire.
Ce Prince ne fit jamais rien qui le déshonora davantage que d’avoir voulu chanter sur le Théâtre, les Sénateurs et les Soldats en conçurent du mépris, et les uns et les autres crurent que l’Empire ne pouvait être plus malheureux que de se voir sous la conduite d’un Musicien.
Il faut que la honte du péché lui soit bien invinciblement attachée, & que l’empire de la pudeur soit bien absolu. […] Ainsi maintiendroit-on sincerement le doux empire de toutes les vertus. […] La scene, la poësie, les romans rappellent sans cesse ce langage muer, & lisent dans les cœurs par les couleurs, les regards, les parures, les gestes, qui président à la toilette ; l’empire des passions, l’amour est le vrai baigneur, la vaie femme de chambre. […] Cyprien, sont les messagers, les considens, les entremetteurs de la passion : Vestis curat negotia luxuria ; les appuis de son empire dans le cœur de celles qui les mettent en œuvre : Annunciat virgines mentes constupratas.
Point d’histoire plus remplie d’évenemens dramatiques ; c’est un spectacle perpétuel, sur-tout depuis que, devenus maîtres de la moitié de l’Empire Romain, ils étoient au comble de la gloire, des délices & de l’opulence, & pouvoient sans crainte se livrer à leur goût. On ne voit que des révolutions tragiques dans l’Empire d’Orient ; plus de trente empereurs détrônés, emprisonnés, assassinés ; plus de vingt hérésies qui ont troublé toute l’Eglise, un schisme absolu qui le sépare du centre de l’unité, des ministres disgraciés, des évêques, des papes martyrisés, guerres, incendies, trahisons, &c. […] Il parcourt sur un globe l’étendue de son empire, accompagné des divinités bienfaisantes : les déesses malfaisantes, Furies, Harpies, veulent le troubler, elles sont chassées, pas de rigaudon. […] Le ballet périt avec tous les arts sous, les efforts des barbares & les ruines de l’Empire.
Mais ne portons pas nos regards jusqu’aux Alpes & aux Pirenées, ne sortons pas de la Capitale, ce centre de son empire. […] Le terrible Eschile faisoit mourir les enfans d’effroi, & avorter les femmes ; mais cet empire passager qu’il avoit sur les sens, il ne l’avoit pas sur les mœurs. […] C’est là son empire, tout l’y adore, son nom y retentit jusqu’aux nues, il n’y a de bon comique que chez lui, on n’est bien instruit qu’à son école.
Les Académiciens, fort embarrassés, représentaient, « que la Compagnie, qui ne faisait que de naître, ne devait pas se rendre odieuse par un jugement qui peut-être déplairait aux deux parties, et ne pouvait manquer d’en désobliger au moins une, et une grande partie de la France ; qu’à peine pouvait-on souffrir sur la simple imagination qu’elle prît quelque empire sur la langue, que serait-ce si elle entreprenait de l’exercer sur un ouvrage qui avait l’approbation publique ? […] C’est ce qu’on ne vit jamais ni dans la Grèce, ni dans l’Empire Romain, ni dans le monde entier. […] Dieu nous préserve d’une politique qui n’élève son empire que sur les débris de la vertu.
Les trois Théatres de Paris ont chacun un privilége, selon son objet ; & ils ont eu souvent des démêlés très-vifs, & même des procès sur l’étendue de leurs droits : il a fallu des arrêts pour fixer les frontieres des trois empires. […] On croit impunément pouvoir braver les mœurs, & que de la raison le souverain empire releve un homme libre au-dessus des clameurs de ce peuple insensé qui crie au nom des mœurs. […] Il s’est élevé un Tribunal qui s’arroge le droit de juger les Auteurs & leurs Ouvrages, qui ouvre & ferme à son gré la carriere du Théatre, qui exerce sur les Ecrivains dramatiques l’empire ou plutôt le despotisme le plus absolu. […] Mais une licence qu’on ne peut gueres comparer qu’à celle des Saturnales, n’a régné que trop long-temps ; & cette espece d’empire bizarre usurpé sur les véritables maîtres, doit cesser à l’instant même où ceux-ci voudront se ressouvenir de ce qu’ils sont, reprendre la dignité de leur caractere, & se rétablir dans la possession de leur domaine. […] On ne peut se dissimuler les inconvénieus sensibles qui résultent de l’empire que des Comédiens se sont arrogés sur les productions des Ecrivains dramatiques.
La société veut qu’à l’âge de raison tous ses membres jouissent de leurs droits en toute plénitude, ou ne soient soumis qu’à l’empire des lois générales et positives qui la régissent ; c’est pourquoi, se défiant de la perfection de celles de la nature, voulant prévenir ses injustices ou ses erreurs, et l’amour, la tendresse paternelle, les affections intimes et cordiales d’un père pour son enfant ; les gages qu’il lui en a donnés depuis son berceau, ne paraissant pas encore à sa sollicitude des garanties suffisantes, l’enfant étant parvenu à cet âge, elle l’affranchit du pouvoir paternel, pour le mettre à l’abri de ses abus ; elle lui assure soigneusement ce que son père lui doit ; et ici, par une inconséquence trop peu sentie, elle l’abandonne et le laisse à la merci du pouvoir et des passions d’un inconnu, ou d’un étranger de fait plus puissant sur lui que son père même, avec lequel il n’a que de froids rapports, et dont rien ne lui garantit la bienveillance, ni même la justice.. !
Voltaire a fait des histoires, les Annales de l’Empire, l’Histoire universelle, le Siecle de Louis XIV, &c. qui par les mensonges innombrables qui en font le tissu, ne sont, comme Zaïre, Mahomet, &c. que des pieces de théatre, des romans. […] Le goût des tournois chez nos ayeux n’eut pas d’autre origine, & de nos jours, où l’on est moins crédule, le vaste empire du mensonge dans les deux branches des romans & des drames a fait des progrès différens, selon le caractère des esprits.
Cependant le goût du célibat, ou plutôt de la débauche, était si général, qu’Auguste craignit l’extinction du peuple Romain et la dépopulation de l’Empire. […] Les empires du Turc et du Sophi ne sont pas mieux peuplés, il est vrai, quoiqu’ils n’aient point de théâtre ; mais ils en ont l’équivalent dans les serails : les Sultanes y sont les Actrices, ici les Actrices sont les Sultanes.
La décadence de l’Empire, au commencement du cinquième siècle, attira celle de ces mêmes jeux, et les ensevelit, pour ainsi dire, sous les ruines des lieux où ils avaient été autrefois représentés.
Ce tableau renouvellé tous les jours par les plus grands Seigneurs aux pieds des Actrices, fait voir l’empire des femmes, & la bassesse honteuse de la passion. […] Parmi toutes ces passions, qui jouent tour à tour de si beaux rôles, il en est une dominante, qui regne toujours, qui met en mouvement toutes les autres, & dont toutes les autres établissent l’empire : c’est l’amour, de toutes les passions la plus dangereuse, dont on chérit les blessures ; c’est elle qui forme toutes les intrigues, & qui à travers tous les événemens tragiques ou comiques, remporte enfin la victoire sur tout. […] L’empire du Mexique dans l’Amérique septentrionale, peut être aussi puissant que celui du Pérou, n’étoit pas aussi bien policé quand il fut conquis par Fernand Cortez, soit que les peuples y fussent moins spirituels & moins traitables, soit que les Princes eussent été moins heureux, & moins Philosophes que les Incas ; peut-être que n’ayant pas eu d’Historien comme Garcilasso de Vega, du sang royal, fort instruit des affaires du Pérou, nous ne connoissons point l’histoire du Mexique ; du moins est-il certain par tout ce que nous en savons, qu’on n’avoit point à Mexico, comme à Cusco & à Lima, un théatre régulier, où l’on représentât de vrais drames selon les regles de l’art, soit dans le genre noble entre des grands & des Héros, les seuls que permettoient les Princes Péruviens, soit dons le genre subalterne, bourgeois & bousson, comme en ont tous les théatres d’Europe. […] L’Empereur avoit sa troupe qui n’étoit que pour lui ; elle n’étoit composée que des enfans des plus grandes maisons de l’empire.
Constantin devenu chrétien, ayant transporté ensuite le siege de l’Empire à Bisance, aujourd’hui Constantinople, & laissé le Pape seul dans Rome, cette ville fameuse ne se trouva plus composée alors que d’un peuple toûjours avide d’amusemens, mais qui n’avoit plus qu’un foible souvenir des jeux du Cirque, & couroit avec empressement aux farces de Genest, converti à la foi, en contrefaisant les cérémonies du batême ; & aux représentations de quelques mauvaises pantomimes au coin des rues, contre lesquelles les Peres & les Conciles s’éleverent, & implorerent l’autorité des Souverains. […] En Russie le gouvernement despotique est assez heureux, & quelquefois assez malheureux dans les momens d’un besoin pressant, pour que son despotisme fasse qu’il n’ait aucun crédit pour emprunter des sujets de l’Empire. […] Ici une jeune beauté en secret, se diroit à elle-même, « Voilà celui qui regne avec tant d’empire sur les cœurs, & qui par conséquent a encore bien plus de pouvoir que n’en avoit le Cardinal de Richelieu, lorsque le Lieutenant Général d’Andeli refusoit d’accorder sa fille au grand Corneille ». […] On y voyoit arriver de toute la vaste étendue de son Empire, des Ducs & des Comtes, qui eux-mêmes étoient suivis d’une Cour brillante, & faisoient une dépense égale à celle des Rois.
Quand après avoir reçu le Baptême vous retournez aux spectacles que vous avez mis au rang des œuvres du Démon, ne vous engagez vous pas de nouveau sous son empire auquel vous avez renoncé ?
Il est certain que si les théâtres ne représentaient que les choses honnêtes, la pompe de leur appareil, et les naïvetés de leurs actions, seraient de belles et puissantes armes, pour assurer l’empire de la vertu dans le cœur.
Sont-ce-là les principes & la Doctrine de l’empire François ? […] Constantin permit dans tout l’empire, & embrassa lui-même la Religion Chrétienne, & laissa les Payens dans leur culte idolâtrique. […] Autre erreur, les Prêtres des faux Dieux n’ont jamais eu le pouvoir de condamner à mort dans l’Empire Romain, & jamais avant le Christianisme on n’a fait mourir personne pour fait de religion. […] Hé qu’est-ce qu’une poignée de misérables sur l’Oronte, à 800 lieues au bout de l’empire, où l’on sait à peine leur existence, pour donner de l’inquiétude au Capitole, & en faire émaner un édit sanglant, comme si la Czarine portoit quelque édit contre les Festiches de quelque hutte de Kams cha Ka. […] Jamais les Guebres n’ont été soumis à l’Empire Romain, qui n’a jamais dominé ni en Perse ni dans l’Inde.
Vous l’êtes justement, et c’est sans attentat Que vous avez changé la forme de l’Etat, etc. » Et son complice, qui ne médite pas moins la mort de son Prince, lui dit : « Oui, j’accorde qu’Auguste a droit de conserver L’empire où sa vertu l’a seule fait monter : Il a fait de l’Etat une juste conquête. » S’il est Monarque légitime et vertueux, quel droit, quel prétexte a-t-on pour l’assassiner ? […] L’exemple en est commun, et parmi les Sultans Ce chemin à l’Empire a conduit de tout temps. […] Le Triumvirat est un tissu d’abominations, par l’attentat de trois hommes qui s’emparent du gouvernement et se partagent l’empire, et par le massacre d’une infinité des plus illustres citoyens, que les Triumvirs se vendent mutuellement. […] On ne voit que l’or seul présider au Sénat. » C’est ensuite la plus basse flatterie au chef des conjurés, pour l’engager à s’emparer de l’Empire sur les débris de la République, par le fer et par le feu. […] Que n’ai-je pu ranger la Grèce sous ses lois, Et détruire l’orgueil et l’empire des Rois !
Ainsi nous assurons & étendons sans cesse l’Empire de la beauté, par des demi-lunes. […] qui ne se rendoient pas moins odieux par leur luxe que par leurs crimes, & hâterent par l’un & par l’autre la chute de l’Empire. […] On a raison de donner pour attribut des masques à Thalie, son empire n’est qu’un assemblage de masque, qui en tombant, laissent l’homme le plus célébre à sa médiocrité.
Au lieu de rendre les Etats florissans, il prépare les calamités, & consomme la chûte des plus grands Empires. Tel l’Empire Romain dont les ruines nous étonnent. […] Le luxe est le résultat des richesses d’un Empire, & il doit nécessairement le ruiner, puisqu’il est précisément la dissipation de ses richesses.
Voici un trait vrai qui lui échappe & le démontre : La chûte de l’Empire Romain, préparée peut-être par le théatre, n’a-t-elle pas bien vengé les bonnes mœurs ? […] Un crime a puni un autre crime ; la chûte de ce grand empire les a punis tous les deux. […] La perte d’un Empereur, la chûte de tout l’empire, causée par le théatre, sont-ils des objets auxquels la philosophie doive être indifférente ?
) On ne connaît pas exactement les étoffes dont parle la loi ; la mode s’en perdit dans les siècles de barbarie qui suivirent la chute de l’empire. […] 15.), rapporte qu’Abdala, trente-unième Calife, chassa de tout son empire les Comédiens Grecs qui commençaient à s’y répandre. […] Les donations entre mari et femme sont défendues, dans la crainte qu’abusant de l’amour et de l’empire qu’ils auraient pris l’un sur l’autre, ils ne se dépouillassent de leurs biens par des libéralités indiscrètes ; à plus forte raison sont-elles prohibées à des femmes de mauvaise vie qui en sont indignes, et mille fois plus avides et plus séduisantes : « Hæc ratio fortius militat in impudicis quæ solent esse blandiores et rapaciores, nec debent esse melioris conditionis quam uxor legitima », dit Dumoulin.
Sémiramis fit élever en l’air des jardins immenses par des colonnes énormes, les empereurs de la Chine firent environner leur empire d’une muraille de quatre cens lieues, Auguste changea la ville de Rome & la bâtit toute de marbre. […] C’étoit une faveur qu’on accordoit aux grandes villes pour corrompre les mœurs dans tout l’Empire.
Ce n’est pas assez de plaire à quelques-uns ; il faut exercer sur tous un empire absolu.
Je trouve qu’il prend trop d’empire sur moi : & pourtant, comment pourrais-je m’en plaindre ?
Toutes choses égales, on sera plus indulgent envers une actrice qui est sous l’empire de la puissance maritale, qu’envers un acteur qui est maître de ses actions.
Suivant ce principe on a cru, en France, pouvoir conserver en partie et ajouter à notre Théâtre les mœurs des Latins ; les Valets de la Comédie moderne ont un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, comme les Esclaves et les Vieilles des Latins l’avaient dans la Comédie de ce temps-là : ils ne savent que conseiller le mal, et s’employer pour l’éxécuter.
Riccoboni prétend & paroît prouver que ce n’est que la comedie Romaine qui a subsisté en Italie, quoiqu’infiniment dégradée, malgré la chute de l’Empire, & l’inondation des Barbares, & s’est peu-à-peu remise en bon état, même long tems avant les Medicis, quoiqu’elle avoue leur devoir beaucoup, ainsi que les autres arts, au rétablissement desquels ils ont beaucoup contribué, sur-tout, dit-il, les Pantomimes, si décriez dans le Paganisme-même, par leur licence, & dont il assure qu’Arlequin, Pierrot, Scaramouche Capitan, &c. […] Arlequin & les Lazzis seront toujours surement maintenus en possession de leur empire, & comment gagner du terrein. […] En France la loi salique reçuë dans l’empire des Lettres comme dans le Royaume ne laisse pas tomber les lauriers poétiques en quenouille. […] Jamais plus puissant empire que celui des Cesars ; jamais autorité plus sacrée que celle de la chaire de Saint Pierre ; mais l’application qu’on en fait à tout, est ridicule.
Le luxe, la parure, les graces, la galanterie de cette fameuse Egyptienne, qui sçut captiver deux Empereurs Romains, César & Antoine, allumer la guerre entre Auguste & Antoine, & rendre douteuse à la bataille d’Actium la fortune de l’Empire Romain : Cæsare captivo pharios ductura triumphos. […] Les maux qu’elles font ne sont pas si eclatans, elles n’ébranlent pas les empires, mais elles jettent le désordre dans les familles, ruinent les fortunes, l’honneur, la santé de leurs amans. […] Lucain appelle cette Reine l’opprobre de l’Egypte, le fleau de l’Empire Romain, comme la belle & impudique Helene fur le fleau des Grecs & des Troyens : Dedecus Ægypti, latioque feralis herinnis Romano non casta malo. […] Il étoit si puissant & si accrédité qu’Octave, depuis Auguste, fut obligé de s’unit à lui, & de partager avec lui l’Empire du monde, & de lui donner sa fille en mariage.
Un tremblement de terre, sous l’empire de Neron, détruisit Pompeia & causa de grands dommages aux deux autres. Quelques années après, sous l’empire de Tite, Herculea fut absolument engloutie dans une éruption du Vesuve. […] Il étoit commun dans l’Empire Romain : chaque grande ville avoit le sien. […] L’empire du Théatre pouvoit-il n’être pas florissant dans une ville où tout étoit corrompu ?
Persuadé que, la sainteté de la vie des Prêtres et la ferveur de leurs prières fait la prospérité de l’Empire et en assure les victoires, par les grâces qu’ils nous obtiennent du ciel, que leurs exemples sanctifient les âmes et nous attirent la miséricorde de Dieu, nous avons appris avec douleur, et ce qui paraît incroyable, que des Diacres et des Prêtres, et ce que nous rougissons bien plus de dire, même des Evêques, jouent à des jeux de hasard, et s’oublient jusqu’à se trouver à la comédie, « scenicorum vel thimelicorum fiunt spectatores ludorum « ; eux qui obligent tous ceux qu’ils baptisent de renoncer aux pompes du démon, dont les spectacles sont une grande partie, « ut abrenuntient pompis Diaboli, quorum non minima pars sunt spectacula ». […] 3.° Quoique dans l’Empire Romain ce fût un usage immémorial, qui était devenu une obligation dans les grandes magistratures, de donner des spectacles au peuple, cependant on ne pouvait pas admettre aux saints ordres ceux qui pendant le temps de leur administration avaient fait ces libéralités.
Le Cardinal de Polignac, Ambassadeur de France, allant à une répétition au théatre Aliberti, vit que l’Ambassadeur de l’Empereur avoit pris deux loges ; sur l’une il avoit mis les armes d’Espagne, & sur l’autre les armes de l’Empire : le Cardinal en demanda deux aussi, où il vouloit faire mettre les armes de France & celles de Navarre. […] Il a voulu être tout dans l’empire des lettres, & embrasser, comme Leibnitz toute la sphére des connoissances humaines, avec plus d’élégance peut être, mais incomparablement moins de génie que ce fameux Allemand, qui ne se mêla jamais de théatre, qui fut un vrai prodige. […] Il fit rentrer l’actrice dans son état, rappella son épouse, & ne négligea rien pour persuader à tout l’Empire, que ce qu’il avoit fait, n’étoit qu’un jeu.
La pompe de ses décorations de ses habits, de son langage annoncent sa gloire, & exercent sa puissance ; les vices, les passions & leurs objets dans le point de vue le plus imposant, étendent son empire : quel contraste entre les deux Religions ! […] Pour favoriser la population des Nains, ce Prince si grand & si petit qui a joué tant de rôles sur la scène du monde, fit en 1710 une fête solennelle sans exemple dans l’histoire, ayant eu la fantaisie de voir un mariage de Nains, il en assembla soixante-douze pour la cérémonie, qu’il fixa au 24 novembre : la veille, deux Nains de taille égale, richement vêtus, se mirent dans une petite voiture à trois roues, tirée par un petit cheval orné de rubans de différentes couleurs, & allèrent précédés de deux Maréchaux Nains, montés sur de très-petits chevaux, inviter ceux que l’Empereur vouloit admettre à la nôce ; le lendemain tous les Nains étant assemblés, la procession défila vers l’Église de la Forteresse où le mariage devoit être béni par le plus petit Papa (Prêtre Grec) qu’on avoit pu trouver dans l’Empire : un Maréchal Nain portant un bâton orné de rubans, ouvrit la marche, il précédoit le fiancé & la fiancée qui marchoient devant l’Empereur, les Ministres, les Knées, les Bojards, les Officiers & les autres personnes de la Cour ; les soixante-dix Nains restans venoient ensuite, ayant un Nain à leur tête, & marchant deux à deux ; la procession étoit suivie d’une foule immense, contenue par les Soldats de la garde. […] Deux grands liens parmi les hommes, deux grands ressorts dans les affaires, deux grands mobiles dans les mœurs & dans les passions autant que renfermées dans de justes bornes, ils annoncent la vertu de celui qui les porte, & l’Empire à ceux qui les voyent, autant l’excès, l’immodestie, l’affectation par un effet contraire décélent la corruption de celui qui s’y livre, & la répandent dans ceux qui s’en laissent toucher, ils entretiennent l’orgueil ou l’humilité, la modestie ou la légèreté, la molesse ou l’austérité ; & par conséquent des exemples continuels & des objets frappans de vertu ou du vice, des grâces séduisantes ou des invitations édifiantes ; c’est une espèce de sermon éloquent.
Mais ces plaisirs ne dégénèrent-ils pas en désordres, et l’usage immodéré du vin ne trouble-t-il pas, n’altère-t-il pas la raison que Dieu a donnée à l’homme pour le distinguer des autres créatures qu’il a soumises à son empire ? […] C’est en vain que vous démontreriez que notre France, par les produits de nos arts, de nos manufactures, exerce un puissant empire dans l’étranger, et que le monopole de nos modes frivoles le rend tributaire de notre légère industrie. […] Que feraient de plus des envoyés de Satan chargés de recruter pour son empire ?
L’empire des Lettres ressemble à nos Hôtels des Monnoyes.
Quel avantage tireriez-vous d’être avoue de cette Epouse de Jesus-Christ, si vous continuez à lui faire répandre des larmes, à perdre ses enfans que vous regardez comme vos freres, en versant dans leur cœur le venin de la séduction, à faire revivre en un mot toutes les passions que le Sauveur a combattues, entretenant vous-même une guerre ouverte avec cet Homme-Dieu, dont vous détruisez l’empire dans les ames.
Nous défendons aux Peuples dans toutes les Villes de notre Empire les divertissements des Théâtres, et du Cirque le Dimanche, qui est le premier jour de la semaine, le jour de la Naissance de notre Sauveur Jésus-Christ, le jour de l'Epiphanie, les jours de Pasques, et de la Pentecôte, tant qu'on porte les habits blancs, qui par leur blancheur, comme par des rayons célestes figurent la nouvelle lumière qu'on reçoit au Baptême; Comme aussi les jours qu'on célèbre, avec grande raison la mémoire du martyre des Apôtres, qui sont les Maîtres de tous les Chrétiens; afin que les fidèles occupent tout leur cœur et tout leur esprit au service de Dieu, et que s'il y a encore des personnes qui suivent l'impiété des Juifs, ou l'erreur et la folie des Païens, ils reconnaissent que le temps des prières est bien différent du temps du divertissement, et des plaisirs, et afin que nul ne s'imagine qu'il est obligé d'assister aux Spectacles, ou de les représenter à notre honneur, par la vénération et le respect qu'il doit à la Majesté Impériale, sans avoir même égard au culte qu'on doit à Dieu, de peur de nous offenser en faisant paraître moins d'affection envers nous, qu'il n'avait accoutumé de faire; Nous voulons que tout le monde soit persuadé que le plus grand honneur que nous puissions recevoir des hommes, est que toute la terre rende à Dieu tout-puissant la soumission, et le service qui est dû à sa grandeur.
En effet, quelque air de sagesse et de modestie que l’on puisse donner à cette passion, elle aura toujours trop d’empire sur le cœur des hommes, pour ne pas faire une impression dangereuse sur les Spectateurs.
Quelle force pouvoient avoir des réflexions involontaires contre l’empire de l’imagination & l’enyvrement de la fausse gloire ?
[Ceci n’est pas exact : les Pyrrhiques durèrent jusqu’à la chute de la Religion de l’Empire, sous les Empereurs Chrétiens : Trajan ne fit qu’empêcher la scandale des Acteurs-Pantomimes].
Rome avait des fêtes spectaculeuses, dans un temps où elle ne valait pas Génève ; on découvre les restes d’Amphithéâtres magnifiques dans toutes les Villes autrefois soumises à l’Empire Romain ; & la plupart d’entr’elles valaient bien moins que Genève. […] Il importe assez peu que ce dernier empire ; mais il est de la dernière conséquence que le Juste sache se préserver de ses embuches. […] L’empire de celles-ci fut toujours très borné : leurs Citoyens ne se crurent jamais au-dessus des Monarques ; la médiocrité volontaire ou forcée était leur appanage. […] Durant mille ans les Peuples végétèrent sous l’empire Sacerdotal : un degré de ténèbres de plus, la Théocratie despotique allait, comme autrefois, régir le monde. […] L’époque du rétablissement des Lettres en Occident, est, de l’aveu de tout le monde, l’extinction de l’Empire Grec.
Les Cordonniers n’ont pas moins de titres : un pied bien chauffé ne suppose pas moins de science qu’une tête bien coëffée : leur empire est même plus étendu. […] On a toujours reproché à la Comédie Françoise un caractere, un goût efféminé qui en fait le fruit & l’école du libertinage ; de-là cette fureur de mettre par-tout l’amour, d’adorer par-tout les femmes, de ne penser, chanter, danser, peindre que galanteries ; de-là l’esprit général des acteurs, spectateurs, amateurs, auteurs, qui n’est pêtri que de débauches, l’empire des actrices, la vogue des parures toutes les plus indécentes, l’imitation des femmes qui semble avoir changé les sexes, ou plutôt ne faire qu’un même sexe des hommes & des femmes. […] Tout le monde a entendu parler de l’irruption dans l’Empire Romain, d’Attila, Roi des Huns, qui se faisoit appeler le Fléau de Dieu, & qui, avec une armée médiocre de barbares, ravageoit toutes les provinces.
Dites plutôt que c’est se jouer de la sainteté de la Réligion, & désavouer les promesses de son Baptême : dites avec Salvien, que c’est avouer tout haut qu’on veut rentrer sous l’empire du démon & se rendre à lui tout entier. […] parce que le tentateur peut nous attaquer par-tout, comme il attaqua nos premiers Peres dans le Paradis terrestre, comme il a tenté Jesus-Christ dans le désert, il n’y aura donc pas de péché à aller s’abandonner à lui dans ces lieux où il est comme au milieu de son empire ? […] Loi que Charlemagne renouvella dans la suite, & plus sévérement lors du rétablissement des mœurs & de l’Empire. […] C’est un fait constant dans les Histoires, un fait que les Auteurs ont pris soin de remarquer, que l’époque de la debauche & du luxe qui ont perdu les Empires, est l’établissement des spectacles. […] Le théâtre, poursuit Tertullien, est l’empire de l’ennemi de J.
Comme l’amour est le regne des femmes, l’effet naturel de ces Pieces est d’étendre leur empire, & donner des femmes pour les précepteurs du genre humain. […] Quelle force pouvoient avoir des réflexions involontaires contre l’empire de l’imagination & l’enivrement de la fausse gloire ?
Ce n’étoit pas un Comédien, dont il y avoit un nombre infini dans l’empire d’Orient, mais un Joueur de flûte, qui gagnoit sa vie à jouer dans les villages, in vico, & quitta même son métier quand le Saint l’eut instruit. 2.° S. […] Il est certain que l’art du théatre, comme tous les autres arts, enseveli en Occident sous les débris de l’Empire par l’inondation des Barbares, ne se rétablit que plusieurs siecles après, & n’eut que de foibles commencemens.
D ans le sein de la Capitale dont les Grands font l’ornement, leur exemple exerce un puissant empire.
C’étoit avoir à résister à l’Empire & à l’Espagne. Plusieurs Rois se mirent sur les rangs, les Rois d’Espagne, de Suede, de France, ils étoient trop absolus, ils auroient voulu gouverner, & ne faire qu’un empire des deux Royaumes ; on craignoit d’être éclipsé & subjugué. […] Ce n’est que pour elle qu’on a gravé cette fanfaronnade, les autres Rois d’Angleterre, son père même sont plus modestes ; je ne sais à quel titre elle se l’attrique : si c’est comme Reine, ou comme Chef de son Eglise ni l’un ni l’autre n’y donne droit L’Empire Britannique spirituel ou temporel n’est aujourd’hui composé que de trois Royaumes qui ne valent pas la France, & de plusieurs Colonies dans les déserts immenses de l’Amérique septentrionale. […] Mais après avoir lu toutes ces apologies avec quelque tentation de les approuver, l’empire de la droite raison dissipe les charmes des apologistes, Æthiopem lavat.
Les grandes villes sont celles qui ont éprouvé les plus grandes révolutions, dont la prise a entraîné la chûte des empires : Ninive, Babylone, Thebes, Persepolis, Tyr, Carthage, Jerusalem, Memphis, Athenes, Rome. […] Le gouvernement espagnol est chrétien & modéré ; la communauté de biens, impossible dans un si vaste empire, ne fut jamais établie au Perou, & rien n’y approche de la vertu qui régnoit au Paraguai. […] Les Chinois nous appellent des demi-diables ; ils disent que nous n’entendons rien à l’agriculture, à la morale, à la police, & que s’ils n’avoient pris la sage précaution de nous arrêter sur leurs frontieres, nous aurions corrompu leurs peuples & bouleversé leur empire. […] Il est faux que l’empire de la Chine soit absolument fermé aux européens, puisqu’il y va une foule de missionnaires de tous les ordres, jusques dans la cour de l’Empereur, honorés de ses saveurs, qui ont tant écrit sur la Chine.
Ainsi de certains prétendus grands hommes de l’antiquité ; par exemple, Auguste, ce prince qu’on cite à tout moment, dont on donne le nom à tout propos, ne fut qu’un scélérat, un débauché des plus outrés, un ambitieux, un usurpateur qui s’empara de l’Empire romain & le rendit héréditaire ; qui, pour y parvenir, employa les fourberies & la cruauté. C’étoit le plus infame débauché, abusant de toutes les femmes, incestueux, adultere, sodomiste avec le plus grand éclat, sans pudeur & sans ménagement, traité de dieu par les plus grands poëtes, Virgile & Horace, ayant des temples des prêtres, des sacrifices dans tout l’Empire, le poëte le plus infame & île plus ordurier : il reste de lui une épigramme qu’un honnête homme ne peut pas lire. […] Empire de Charlemagne, quelle est ta destinée ! […] Ces troupes innombrables de barbares attaquent la vertu comme le débordement des visigots, vandales, lombards inonderent & détruisirent l’Empire romain.
En attendant cet heureux retour au systeme de la Nature, dans l’état où se trouve la société, encore bien peu philosophe, il est difficile de comprendre le motif d’une suite d’éloge de deux hommes si peu faits pour être le pendant l’un de l’autre, l’un grand Archevêque, Prince du saint Empire, l’autre un misérable Histrion, venu des pilliers des halles, que son propre pere désavouoit, comme déshonorant sa famille. […] Vainement en feroit-on la tantative ; la vanité des Auteurs, le libertinage & la frivolité des acteurs & des spectateurs auroit bien-tôt détruit cette innocence rustique, & fait rentrer le vice dans son empire. […] Un homme humble de cœur, chargé de former un grand Roi, & de préparer la destinée d’un vaste empire, auroit tremblé à la vue d’un emploi si difficile & si dangereux ; plein de défiance de lui-même, il s’en seroit cru incapable. […] Le Théatre se croit tout un monde, & quoiqu’il n’y regne que trop en effet par le vice qu’il répand, il s’en faut bien qu’il soit l’oracle de la vérité, & le tribunal souverain de l’empire des lettres.
Celles qui suivoient la Cour (car ces Officieres y sont nécessaires) étoient tenues de faire le lit du Roi des Ribauts, charge considérable qui avoit sur cette matiere juridiction dans la Maison du Roi & dans tout le royaume (l’empire de ce Prince est bien étendu, il a bien des sujets & des sujettes). […] parce que la nature sacrifiée a repris ses droits, parce qu’une fille a cédé à ses désirs & à ceux de son amant, tout un empire regarde cet amourette comme un présage de quelque événement sinistre. […] Le grand commerce de la France avec la Cour de Rome a commencé avec la seconde race, par l’élévation de Pepin le Bref au trône, & de Charlemagne à l’Empire, & il étoit beaucoup plus grand dans le onzieme, douzieme & treizieme siecles, du temps de S.
Que faut-il de plus pour faire mériter les couronnes académiques, & être proposé à la postérité comme l’un des plus grands hommes dont l’Empire François se glorifie ? […] Ce code dramatique fut-il aussi long à enfanter que son Dictionnaire, l’empire des lettres sera enrichi de ce trésor. […] Il a si bien établi son empire, que les Acteurs & les Actrices, à l’aide de la bourse des amans & des maîtresses, éclipsent les plus grands Seigneurs.
Toute la ville étoit en mouvement, toutes les affaires cessoient, le Sénat prenoit le deuil, les femmes éplorées & échevelées couroient les rues, on craignoit tout pour la République, la destinée de l’Empire paroissoit y être attachée. […] La sainteté de cet état n’est donc qu’une illusion, une erreur : le monde est bien plus heureux & plus saint, l’empire des passions est bien plus désirable.
Ainsi l’égalité, la force, la constance, l’amour de la justice, l’empire de la raison, deviennent insensiblement des qualités haïssables, des vices que l’on décrie ; les hommes se font honorer par tout ce qui les rend dignes de mépris ; & ce renversement des saines opinions est l’infaillible effet des leçons qu’on va prendre au Théâtre. […] La plus noble faculté de l’ame, perdant ainsi l’usage & l’empire d’elle-même, s’accoutume à fléchir sous la loi des passions ; elle ne réprime plus nos pleurs & nos cris ; elle nous livre à notre attendrissement pour des objets qui nous sont étrangers ; & sous prétexte de commisération pour des malheurs chimériques, loin de s’indigner qu’un homme vertueux s’abandonne à des douleurs excessives, loin de nous empêcher de l’applaudir dans son avilissement, elle nous laisse applaudir nous-mêmes de la pitié qu’il nous inspire ; c’est un plaisir que nous croyons avoir gagné sans foiblesse, & que nous goûtons sans remords.
Mais la chûte de cet Empire préparée peut-être par cette cause, n’a-t-elle pas bien vengé les bonnes mœursa ?
Et qu’en arrive-t-il, des suites déplorables pour des familles : c’est par ce moyen que le diable établit son empire, et cause de terribles desolations dans l’Eglise.
Que tous les partis continuent à signaler les abus, les excès et les désordres ; mais il est bien inutile de demander un changement dans le personnel des ministres, tant que nous serons opprimés sous l’empire de l’influence des Pères de la foi.
Tandis que l’ambition allume partout les feux de la guerre, qu’elle enfante les conquérants, établit les empires sur les ruines de la liberté, le chef de la nation sainte, attiré des bords de l’Euphrate aux rives du Jourdain, en parcourt les déserts montueux, logeant sous des tentes.
Elle fait défenses à tous Juges de se trouver aux jeux publics, « soit du théâtre, soit du cirque, sinon lorsqu’ils seront donnés pour célébrer le jour de la naissance des Empereurs, ou celui de leur avènement à l’Empire.
Cela posé, qu’est-il besoin de la force des lois, et de l’empire de l’opinion, pour lui faire goûter des peintures consolantes pour les bons, et effrayantes pour les méchants ? […] Mais est-il besoin de prouver quel est l’empire de l’habitude, et M. […] « L’amour est le règne des femmes, dit-il ; un effet naturel de ces sortes de pièces est donc d’étendre l’empire du sexe. […] L’amour règne au théâtre, il faut bien qu’elles y règnent, et qu’elles exercent sur la scène le même empire que dans la société. […] Il renverse donc le plan économique des familles, et l’ordre politique de la société, l’empire de la coutume et de l’opinion.
Les François, qui en ont peu, ont mis tout naturellement en jeu les valets & les soubrettes ; & pour mieux jouer leur rôle, les représentent toujours vicieux, avec un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, ne sachant que conseiller le mal, & s’employer pour l’exécuter. […] Quelque air de sagesse qu’on lui donne, elle a toujours trop d’empire sur le cœur pour ne pas faire des blessures mortelles.
Isidore Archevêque de Séville en Espagne, en apporte la raison, lorsqu’il dit qu’on idolâtre dans le jeu, parce qu’on n’y reconnaît plus la Providence de Dieu, et qu’on n’y adore que l’empire du destin et de la fortune ; c’est là, dit ce savant personnage, où les hommes se donnent aux divertissements, au lieu de s’y prêter. […] En effet, c’est là où le Démon règne avec empire ; c’est là qu’il corrompt les âmes les plus pures par des idées dangereuses, par des gestes dissolus, par des postures lascives, et par des paroles indécentes et malhonnêtes dont on fait gloire ; si bien que c’est un dangereux écueil pour la pureté des Filles, qui le doivent éviter avec soin, si elles ont de l’amour pour Dieu et pour leur salut.
Charlemagne, par un capitulaire de l’an 789, supprima tous les jeux des Histrions, restes de la comédie Romaine, qui après la destruction de l’Empire, se soutint encore sous les Rois Wisigoths, comme on le voit dans les Œuvres de Cassiodore, Ministre de Théodoric, qui la condamne sévèrement. Elle expira avec leur empire, elle fit quelque effort pour se rétablir sous Charlemagne, elle y fut foudroyée sans retour.
.° Quoique par un usage immémorial, devenu une espèce de loi, dont on ne se serait pas dispensé impunément, les grands Magistrats de l’Empire Romain, pour signaler leur entrée dans les charges, fussent obligés de donner des spectacles au peuple, l’Eglise ne le leur pardonnait pas, et si dans la suite, quittant le monde, ils voulaient entrer dans les ordres sacrés, ils étaient censés irréguliers, comme nous l’avons ci-dessus remarqué ; et si par la facilité des supérieurs, ils étaient admis aux saints ordres, fussent-ils élevés à l’Episcopat, eux et leurs consécrateurs étaient déposés, par l’ordre du Pape Innocent III, adressé au concile de Tolède : « Qui ordinati fuerint, cum suis ordinatoribus deponantur. » (Distinct. […] Ces trois sources empoisonnées du vice, les trois concupiscences, y jouent continuellement leur rôle, y exercent leur empire sur l’âme.
Pour moi je ne puis m’empêcher de répéter que l’art Tragique se propose d’ébranler l’ame par de violentes sécousses ; que le sentiment perd de son activité à proportion que l’esprit fait des progrès ; que le goût analytique est le plus cruel fléau de l’imagination & de l’enthousiasme ; que c’est à l’empire qu’il exerce de nos jours sur le Parterre, qu’il faut attribuer en partie, la foiblesse de nos Poëmes, & la décadence du Théatre.
Au tyrannique empire, au despote injurieux que les Histrions exercent contre les successeurs des Corneille ou des Moliere, je n’ai dit mot.
La prose règne, la prose étend son empire ; et quelle prose !
Les demons depuis le commencement du monde ayant bien pris toutes leurs mesures pour élever leur religion & leur empire sur les ruines du culte de Dieu, inter cætera idolatriæ etiam spectaculorum inquinamenta quibus hominem à Deo avocarent ; & suo honori obligarens ejusmodi artium ingenia inspirarunt . […] Car, dites-moy, qu’est-ce que comedie ; je répons qu’elle n’est proprement que cette apotheose tant vantée parmy les Payens, par laquelle un Prince, un Conquerant, un Heros, qui s’étoit signalé pendant sa vie, ou dans le gouvernement de l’Empire, ou dans la defense de la patrie, ou par la defaite des ennemis, étoit admis au rang des dieux, aprés plusieurs religieuses ceremonies, & sur tout avec l’approbation & le consentement du Senat ; cette approbation du Senat a paru si extravagante à Tertullien, que ce Pere voulant tourner en ridicule cette apotheose des Romains, leur dit en se moquant d’eux ; de humano arbitratu divinitas apud vos pensitatur, la divinité parmy vous dépend du jugement humain, elle est une espece de present qui vient de la liberalité des Consuls & du peuple ; en sorte que, nisi homini placuerit, Deus non eritTertull. […] Ah M. voilà ce qui fait ma douleur & l’opprobre du Christianisme ; ils sont donc Chrétiens disent-ils ; mais helas quels Chrétiens, qui sont de la même profession que ceux contre lesquels l’Empereur Tybere rendit un arrest de bannissement pour consacrer la septiéme année de son Empire ; quels Chrétiens qui font le métier de ceux que l’Empereur Theodose condamne par les loix de son Code à estre exposés à la fureur des tygres & des leopards, comme étant la corruption des peuples & la peste des Etats ; quels Chrétiens qui sont declarés infames par les saints-Canons, comme on le peut voir dans le troisiéme Concile de Carthage ; quel Chrétiens que S. […] Augustin, se servoit de son authorité & de son empire ; elle commandoit à la prudence, ut vigilanter inquirat quomodo voluptas regnet, & salva sit , de rechercher avec soin & application tous les moyens necessaires pour rendre heureux & tranquille le regne de cette voluptueuse Princesse ; elle commandoit à la Iustice, ut nulli faciat injuriam , de ne faire tort à personne, ne offensis legibus, voluptas vivere secura non poßit , crainte que les loix étans violées, elles ne vinssent troubler son repos ; elle commandoit à la force d’éloigner de son trône & de son palais, les douleurs, la tristesse & les chagrins, ou du moins d’adoucir ses petits déplaisirs presens, par le souvenir de ses delices passées, ut per pristinarum deliciarum suarum recordationem, mitiget præsentis doloris aculeos .
L’histoire de l’Empire Romain nous apprend que, lorsque les Spectacles y étoient protégés par le Gouvernement, on s’y livroit avec une telle fureur, que souvent on fut obligé de les supprimer. […] L’idée que l’Auteur donne de la Comédie des premiers siecles de l’Empire, est qu’elle fut plus ou moins fréquente, plus ou moins honnête, selon l’inclination des Empereurs. […] La These qu’il y soutient, est que le Théatre moderne est pernicieux aux mœurs, & de plus contraire au bonheur politique des Empires. […] « Après l’Empire d’Occident, celui d’Orient commença à dépérir par les mêmes raisons qui avoient causé la perte du premier. Ce fut au Théatre que prirent naissance les deux factions qui partagerent l’Empire sous Justinien.
Ainsi, en voyant ce Prince, l’homme faible, l’homme ignorant l’avenir, l’homme sentant l’empire de la Divinité sur lui, craint, tremble pour lui-même, & pleure sur Œdipe : c’est l’autre partie du Tragique, la pitié qui accompagne nécessairement la terreur, quand celle-ci est causée en nous par le malheur d’autrui.
Quand on condamne l’immodestie des femmes, ne parle-t-on que de cette licence grossiere du théatre payen, dont l’histoire a conservé la mémoire comme d’un phénomène de corruption, sous l’empire de Caligula, de Néron, d’Héliogabale, &c. lorsqu’un peuple brutal, connoissant bien le caréctère des Comédiennes, les méprisoit assez pour les faire dépouiller en plein théatre, ordre qu’elles exécutoient avec joie, & souvent se faisoient donner, nudentur mimæ ne parle-t-on que de l’état où, comme des animaux, vivent les Sauvages de l’Amerique & les Negres de la Guinée, qu’un soleil toujours brûlant force de chercher toute sorte de soulagement ? […] Quelque engageans que soient les agrémens du visage, il porte son antidote ; une sage modestie, une prudente gravité en imposent ; la vertu s’y peint avec les traits les plus respectables, l’ame se montre toute entiere sur ce miroir ; elle inspire l’estime, la crainte, le respect ; elle édifie, elle gagne, arrête, refuse, défend, exerce une sorte d’empire : un coup d’œil suffit pour déconcerter les plus téméraires & étouffer tous les sentimens corrompus que la beauté pourroit faire naître.
Le plus brillant empire des masques & du théatre est le Carnaval de Venise. Aussi est-ce le plus puissant empire de la licence & de tous les crimes.
Le sujet du Triomphe estoit aussi reglé, & il faloit avoir defait un ennemy considerable ; avoir tué sur la place * quatre ou cinq mille hommes ; avoir poussé plus avant les limites de l’Empire, & avoir enfin fait un notable progrez pour le bien & pour l’honneur de la Republique. Par-là, ceux qui avoient emporté quelque succez sur les Sujets de leur Empire, ou sur des Citoyens rebelles, n’obtenoient point pour cela l’honneur du Triomphe, parce que de telles Victoires estoient censées tousiours plus lugubres que glorieuses.
Le théâtre a renversé l’Empire Romain ; et nous nous vantons d’avoir des mœurs, de la religion, de la décence, de la probité ! « Blandimur nobis de probitate morum. » L’opulence a perdu Rome, en introduisant le luxe, les spectacles, l’impureté ; elle perd les Cours des Rois et les capitales des empires, et par elle les provinces : connaît-elle quelque mesure ?
L’amour, et toujours l’amour, comme un tyran qui captive les esprits et les cœurs, paraît et reparaît sous mille formes diverses, parle, pleure, gémit, s’agite, et se tourmente, jusqu’à ce qu’il ait tout soumis aux lois de son empire. […] Il suffit de vous dire, mes Frères, avec tous les Docteurs de l’Eglise, que le Théâtre est le foyer de l’amour profane, l’école du libertinage, l’empire de la volupté, et conséquemment l’écueil de l’innocence ; mais je ne veux que votre propre témoignage, que l’aveu de votre propre cœur, pour constater ces vérités.
La gloire des Langues & celle des Empires marchent du pair. […] La gloire des langues & des Empires marchent du païr. Il est aisé de remarquer dans les Annales & des Grecs & des Romains, que la splendeur des Empires & l’elegance des langues ont presque toûjours marché du pair, & que l’on n’a iamais mieux parlé a Athenes que soûs le regne du Grand Alexandre, ny à Rome que soûs celuy de Trajan. […] Sans parler de la guerre, il ne se void jamais de Comediens dans l’vne des trois grandes Republiques de l’Europe ; & dans tout l’Empire, qui est vn Gouuernement meslé du Monarchique & de l’Aristocratique, & qui tient plus du dernier, il ne se trouue que deux ou trois Troupes de Comediens du Pays, qui sont fort peu occupées. […] Mais en diuers voyages que i’ay faits dans toutes les Cours de l’Empire, ie n’ay veu des Comediens nulle part qu’à Vienne, à Prague, à Munich & en Lunebourg.
C'était un Romain qui vivait sous Auguste à la naissance de l'Empire, qui n'ignorait pas les Lois de son Pays, et qui ne pouvait s'abuser en la connaissance du Théâtre de son temps, que l'on peut dire avoir été lors en son éclat ; et voici comme il en parle.
Reconnaît-elle l’Empire de la raison ?
C’était l’ennemi du salut des hommes, qui, élevé presque sur tous les Autels, fier de l’empire qu’il avait sur tous les cœurs, se faisait consacrer par ces dissolutions les premiers jours de chaque année ; à quel autre principe peut-on attribuer l’institution et la coutume des scandaleux divertissements du carnaval ?
n’est-ce pas avouer tout haut qu’on veut rentrer sous l’empire du démon, et se rendre à lui tout entier ?
Desprez de Boissy, y est-il dit, ne cherche dans son Ouvrage, qu’à rétablir la pureté des mœurs, le vrai fondement de la prospérité des Empires. […] L’insensé, qui ne craint pas Dieu, est le jouet éternel de tout ce qui l’environne ; au lieu que le sage, qui le craint, exerce une espece d’empire sur toute la nature & sur soi-même. […] quel empire sur ses passions ! […] Ainsi l’égalité, la constance, l’amour de la justice, l’empire de la raison, deviennent insensiblement des qualités haïssables des vices que l’on décrie. […] On y présente l’amour comme le regne des femmes ; c’est pourquoi, comme je l’ai déjà dit, l’effet naturel de ces Pieces est d’étendre l’empire du sexe, & de donner des femmes pour les précepteurs du Public.
El semble que la foiblesse y ait établir son empire avec la mollesse ; & la comédie que Frederic fit jouer à Dresde, & où il mena la Famille royale, le jour même où il s’empara de cette capitale, est très-conforme au goût régnant de cette cour, quoique très-opposée à l’humanité & la décence.
Le seul souvenir de la volupté est dangereux, ne nominatur in vobis ; le théatre en fait un portrait agréable, en offre l’objet, en est l’école & l’empire.
On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.
Encore les Empereurs avaient-ils accoutumé de faire des Jeux au jour qu'ils avaient revu l'Empire ; quelque fois tous les ans, ou bien au bout de cinq ans, de dix et de vingt.
Si je réclamois la liberté du Théâtre dans l’auguste Assemblée des Représentans de la Nation, ou si j’étois sûr de n’avoir pour Lecteurs que des hommes éclairés comme eux & soumis au seul empire de la raison, je n’invoquerois l’autorité d’aucune époque ni d’aucune Nation. […] Mais si, quand il faut de puissans remèdes, on nous donne des palliatifs ; si l’on veut ménager encore les prétentions arbitraires, & cet empire de l’habitude, cette autorité des anciens usages ; si l’on se contente de remplacer un Gouvernement absurde par un Gouvernement supportable ; si l’on ne fait que perfectionner le mal, pour me servir de l’expression du vertueux Turgot ; si, quand il faut établir une grande constitution politique, on s’occupe de quelques détails seulement ; si l’on oublie un instant que les loix doivent également protéger tous les Ordres de Citoyens, que toute acception de personne ou d’état, est une chose monstrueuse en législation, que tout ce qui ne gêne point l’ordre public doit être permis aux Citoyens, & que par une conséquence nécessaire, il doit être permis de publier ses pensées, en tout ce qui ne gêne point l’ordre public, de quelque manière, sous quelque forme que ce soit, par la voie de l’Impression, sur le Théâtre, dans la Chaire & dans les Tribunaux ; si l’on néglige cette portion importante de la liberté individuelle ; la France ne pourra point se vanter d’avoir une bonne constitution : les ames fières & généreuses, que le sort a fait naître en nos climats, envieront encore la liberté Angloise que nous devions surpasser : nous perdrons, peut-être pour des siècles, l’occasion si belle qui se présente à nous, de fonder une puissance publique ; & les Philosophes François, écrasés, comme autrefois, sous la foule des tyrans, seront contraints de sacrifier aux préjugés, ou de quitter le pays qui les a vu naître pour aller chercher une Patrie ; car il n’y a point de Patrie sans liberté.
Les nudités, les parures, les charmes, les voix de tant de jolies magiciennes qui séduisent les cœurs, le prestige du spectacle, les rendez-vous qu’on s’y donne, le délire où l’on tombe, le temps même de la nuit toujours destiné au sabbat, surtout la perte de tant d’ames dont ces assemblées funestes préparent la réprobation, ne montrent que trop l’empire du Prince des ténèbres. […] Il la sut le dernier ; on lui conseilloit de la répudier, il souffrit & dissimula, & répondit : Il faudroit donc lui rendre sa dot, elle m’a apporté l’Empire.
Nous leur devons une partie du respect que nous rendons à celuy qui les éleve à la participation de son autorité, & qui les honore mesme de son nom, comme les Cesars donnoient leur nom à ceux qu’ils associoient, & quelquefois à ceux qu’ils destinoient à l’empire. […] Nous avons de puissantes armées, & de grands Chefs, plusieurs de ces Provinces ont esté défenduës par les plus vaillantes armées, par les plus grands Capitaines de l’Empire Romain ; nous avons des Pasteurs & des Religieux qui veillent, & qui prient pour nous ; ils ne sont pas en plus grand nombre, ils ne sont pas plus Saints, ils ne seroient pas plus exaucez que ceux qui ont veillé, que ceux qui ont prié pour ces infortunées Provinces ; & quels crimes sont plus capables de fermer les mains, le cœur, les oreilles de Dieu, que ceux qui corrompent l’innocence des peuples ; & qui font une profession publique & constante de deshonorer & de mépriser Dieu ? […] Cet edifice sembloit dire au Ciel, qu’il ne pouvoit condamner la representation des vices qu’il couronnoit dans une de ses Déesses les plus considerées ; il sembloit dire aux plus sages du Senat, & de toute la terre, qu’ils ne pouvoient censurer sans injustice, sans inégalité, sans quelque espece d’impieté, la representation de ce qu’ils reveroient dans une de leurs plus puissantes divinitez qu’ils reconnoissoient pour l’origine, & pour la plus favorable protectrice de l’Empire.
Enfin tel qui figure bien dans l’empire de l’imagination, dans celui de la vérité souvent n’a point de rolle à faire. […] Ce seroit ici le cas Mademoiselle, d’en attester vos Talens ; l’art singulier avec lequel vous maniez les cœurs, vous remuez les ames, prouve combien le Spectateur est docile aux accens d’un Acteur ; & l’empire souverain que vous exercez en ce genre sur tous les esprits, est un témoignage bien précis en saveur de la supériorité attachée à cet état. […] Mais aux Spectacles le génie trouve sa leçon, & le tact sa régle : c’est-là qu’on apprend en un mot à connoître la nature, à distinguer ses traits qui sont toujours modestes & simples, d’avec ceux de l’art, qui sont toujours au contraire ambitieux & fiers ; parce qu’il n’est rien dans l’empire des lettres qui soit plus étroitemens obligé que les Spectacles à rapporter la nature : c’est-elle qui fait la gloire & le triomphe d’une Piéce quand on la saisie : c’est-elle qui lorsqu’on la manque, en fait l’échec & la confusion.
Sa vie, sa mort, ses métamorphoses d’ecclésiastique en guerrier, de général d’armée en philosophe, de chrétien en païen, donnerent continuellement la comédie à tout l’empire.
Il nous est défendu d'être spectateurs des duels, de peur que nous ne devenions complices des meurtres qui s'y font: Nous n'osons pas assister aux autres Spectacles, de peur que nos yeux n'en soient souillés, et que nos oreilles ne soient remplies de vers profanes qu'on y récite; comme lors qu'on décrit les crimes, et les actions tragiques de Thyeste, et qu'on représente Terrée mangeant ses propres enfants; et il ne nous est pas permis d'entendre raconter les adultères des Dieux, et des hommes, que les Comédiens attirés par l'espoir du gain, célèbrent avec le plus d'agrément qu'il leur est possible: Mais Dieu nous garde, nous qui sommes Chrétiens, dans qui la modestie, la tempérance, et la continence doivent reluire, qui regardons comme seul légitime le Mariage avec une seule femme, nous chez qui la chasteté est honorée, qui fuyons l'injustice, qui bannissons le péché, qui exerçons la justice, dans qui la Loi de Dieu règne, qui pratiquons la véritable Religion, que la vérité gouverne, que la grâce garde, que la paix protégé, que la parole divine conduit, que la sagesse enseigne, que Jésus-Christ qui est la véritable vie régit, et que Dieu seul règle par l'empire qu'il a sur nous: Dieu nous garde, dis-je, de penser à de tels crimes, bien loin de les commettre.
C'est ainsi que nous jouirons dans l'esprit, d'une joie céleste e ineffable, qui ne sera point troublée par les remords de notre conscience, qu'ayant mené ici-bas une vie chaste, nous serons couronnés dans le Ciel par la grâce et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l'Empire maintenant et toujours, et dans tous les siècles.
Quelle force pouvaient avoir des réflexions involontaires contre l’empire de l’imagination et l’enivrement de la fausse gloire ? […] On y présente l’amour comme le règne des femmes : c’est pourquoi l’effet naturel de ces pièces est d’étendre l’empire du sexe, et de donner des femmes pour les précepteurs du public… » « La même cause qui donne sur le Théâtre, l’ascendant aux femmes sur les hommes, le donne encore aux jeunes gens sur les vieillards ; et c’est un autre renversement des rapports naturels, qui n’est pas moins répréhensible.
« Mais la corruption, à son comble portée, Dans le cercle des grands ne s’est point arrêtée : Elle infecte l’empire ; et les mêmes travers Règnent également dans tous les rangs divers ». […] Je suis persuadé que son ouvrage, que je n’ai pas non plus l’intention d’ôter du rang auquel l’opinion la placé, sous le rapport littéraire, n’aurait pas été mis au théâtre, du moins sans un retranchement volontaire considérable, si quelqu’ami respectable, moins prévenu, ayant mieux profité des leçons du passé, l’eût éclairé en lui montrant dans plusieurs exemples les funestes conséquences qu’il aurait infailliblement, et en lui disant pour consoler son zèle : vous avez la très-louable intention d’éclairer vos concitoyens et principalement de prévenir les hommes puissants, les princes, les ministres, contre des intrigants hypocrites qui prennent le vernis de belles qualités qu’ils n’ont point, pour en imposer et obtenir des places dont ils ne sont pas dignes ; hé bien, il n’est pas nécessaire pour cela de faire tant de bruit, d’avoir recours aux prestiges de la déclamation, à la séduction de la poésie ou des beaux vers qui font croire le pour et le contre, aidés du fracas et de la magie du théâtre, de son appareil fantasmagorique, qui exerçent trop d’empire sur les sens et sur l’imagination des hommes, surtout en rassemblement, qui les exaltent, et les font extravaguer ou passer le but qu’on se propose.
Il est sans vraissemblance qu’à l’âge de treize à quatorze ans, où l’on ne sait ce que c’est que l’amour, Britannicus ait formé une passion violente, capable de braves l’Empereur ; que Néron, qui ne voyoit en lui qu’un concurrent dangereux à l’Empire, dont il songeoit à se défaire, se soit avisé d’être jaloux de sa maîtresse, & que cette prétendue maîtresse, bien plus âgée que lui, qu’il n’avoit peut-être jamais vu, puisqu’elle est absente depuis plusieurs années, soit une libertine décriée, déjà mariée à une autre, par lui répudiée pour ces incestes, & chassée d’Italie ; cet amour puéril dans le Prince, sans attraits pour l’Empereur, deshonorant pour tous les deux, chimérique chez toutes les personnes raisonnables, ne peut trouver place que sur le théatre François ; trône ouvert à toutes les folies. […] Un Empire est plus ou moins illustre, à mesure qu’il produit un plus grand nombre d’hommes immortels, un Corneille, un Moliere, un Baron , c’est-à-dire, plus de comédiens.
) Il jouoit bien des instrumens, & avoit une voix de basse très-agréable : c’est une preuve que les Italiens avoient déjà l’empire de la musique (preuve bien foible) & qu’ils étoient en possession d’exercer leur art dans les Cours de l’Europe. […] Il la trouva exerçant son empire chez les Toupinamboux.
Toutes les villes du Royaume pourroient fournir à l’empire de Thalie d’aussi fraîches & d’aussi plaisantes époques. […] C’est un incendie qui dévore tout, si on ne se hâte de l’éteindre ; c’est un malade dont la maladie empire à chaque instant, si on ne court au remede, & qui enfin devient incurable.
Créer un second théâtre, c’est partager l’empire, et non pas briser ses fers. […] Je conviens que, si l’on trouvoit un moyen de forcer tous les paresseux d’un empire à travailler, il s’enrichiroit du produit de leur travail et de leur industrie, et que la misere y seroit moins grande.
Non, le vice n’aura point un empire sans limites, et les consciences n’y éprouveront point une sécurité sans interruption ; tandis que les Ministres de l’Evangile s’acquitteront de leur devoir : tandis que ces Ministres seront regardés comme les Envoyés du Seigneur et les colonnes du Christianisme ; tandis qu’ils seront en possession d’être écoutés et respectés pour leur caractère, le sujet de la douleur des Poètes subsistera toujours ; le Théâtre sera toujours traversé, l’Athéisme combattu, et le libertinage réprimé. […] » On avait pour les Prêtresses d’Argos une telle considération que l’on datait les Epoques, de leur nom et de leur temps ; et que dans la Chronologie elles tenaient lieu d’Empire, de Règne etc.
Tandis que Valérien son père était prisonnier ou plutôt esclave des Perses, et qu’Odenat se frayait le chemin à l’Empire, il se livrait tout entier à la volupté, et donnait au peuple toute sorte de divertissements. […] que les Païens furent extrêmement sensibles à l’abolition de ces jeux, qu’ils regardaient comme le soutien de l’Empire et un préservatif contre la peste, les guerres et les autres maux, dont néanmoins les jeux de Sévère ne les avaient nullement garantis. […] Les jeux ne cessèrent pas de même dans l’Empire d’Orient ; quoiqu’on eût vu le tremblement dont Dieu avait affligé l’Occident à cause des spectacles, on les aimait encore à Antioche, contre laquelle Julien et S. […] Antioche, qui peu de temps avant l’avènement de Justinien à l’Empire avait encore souffert un furieux tremblement de terre Procop[o]. […] Les siècles que nous allons parcourir, ne nous présentent de tous côtés dans l’Empire d’Orient, que des irruptions de peuples barbares, qui firent cesser presque partout l’étude et la politesse.
) jaloux d’étendre la domination de cet ennemi du genre humain, veulent abrutir les Peuples pour les tyranniser , sous l’empire de leurs passions ? […] Sexe charmant, à qui la nature a donné sur nous un si grand empire, venez-vous gémir de le voir s’étendre encore à la faveur de cette manœuvre diabolique ? […] Tel est sur nous l’empire des vérités ; tout affligeantes qu’elles sont pour nous, toutes flétrissantes qu’elles sont pour nos héros, nous ne pouvons les taire.
Si l’on ne voit pas dans les autres Cours, des troupes d’Acteurs d’Opéra-Bouffon, comme dans l’Empire, la difficulté d’en trouver de passables en est la seule cause.
A l’image animée de ces passions, il ne manque guère de s’en élever de pareilles du fond de corruption qui est en nous, tel est l’empire d’une représentation vive sur le cœur humain, lorsqu’elle est accompagnée de discours passionnés, tout y concourt, la déclamation, le port, la geste, les ajustements, la symphonie, n’est-ce pas là jeter de l’huile sur du feu, et aplanir le chemin à un torrent ?
Après avoir rempli la Grèce de leurs pompes, après l’avoir instruite de leur puissance en civilisation, les muses dramatiques s’introduisirent à Rome, sans y pouvoir vaincre la rivalité que leur suscita le féroce spectacle des combats à mort des gladiateurs ; mais bientôt les barbares ravagèrent la métropole du monde : ensevelies sous les ruines de l’empire, elles restèrent sans voix.
S’il n’est pas mieux de dire, qu’elle subsistera éternellement pour faire son plus cruel supplice, après que le Sauveur triomphant aura détruit tout empire, toute domination, & toute puissance,1. […] Ceux que l’on représentoit à Rome & dans l’Empire avant la conversion de Constantin ; & ceux que l’on a vûs dans la suite.
Le succès de ce Spectacle inventé dans l’Italie, & répandu ensuite par tout, prouve l’empire de la Musique sur les hommes, empire qu’elle excerce aux dépens de la Poësie, de la raison, & des mœurs.
Avons-nous vu des Scènes plus admirables que celle où Auguste délibère dans Cinna s, s’il doit quitter l’Empire ; ou que l’entrevue de Sertorius et de Pompée dans Sertorius t ; ou que, dans le Mithridate u, le dessein que prend ce Prince de porter la guerre jusques à Rome. […] Vous verriez un Capitaine Chrétien assez généreux pour refuser l’Empire qu’on lui avait offert.
Il est une vérité hors de doute, c’est que la prospérité & la durée des Empires dépendent entierement des bonnes mœurs4. […] que de jeunes gens maudissent les funestes Salles du Boulevard, dans ces courts instans où la raison reprend son empire sur leur cœur ! […] Qui peut donc ignorer jusqu’où l’exemple étend son funeste empire ? […] Ce jeune & vertueux Monarque, qui signale chaque jour de son auguste Empire, par de nouveaux bienfaits, est pour nous un bon pere ; il regarde & chérit indistinctement tous ses Sujets, comme ses propres enfans.
Ainsi vn hõme qui est souple de tous ses mẽbres quoy qu’il ait le corps affoibly de débauches ; vn hõme qui ne merite pas le nom de fẽme pour ses dissolutiõs ; bref vn ie ne sçay qui, vn voluptueux, vn mõstre en nos iours qui n’est ny hõme ny femme, a biẽ le pouuoir de ietter le desordre dans vne ville, & de donner par ses bouffõneries vn credit absolu aux salles plaisirs & aux fables du temps passé, qu’il fait reuiure dans la scene : C’est de céte façon que nôtre nature defectueuse nous porte à l’amour des choses illicites ; & que les hommes pour authoriser leurs vices recherchent les memoires des anciens afin d’en tirer quelques mauuaises actions qui ont esté la proye de plusieurs siecles, & que l’aage deuroit auoir estouffées, ces squelettes qui sont fraischement sorties de la poussiere & du tombeau, paraissent sur le theatre ; & comme si les voluptez n’auoient pas assez d’empire d’elles mesmes, on expose aux Spectateurs ces exemples de l’impudicité de nos ancestres, pour leur en donner dauantage.
La politique l’empêche de détruire ouvertement la Confession d’Aubourg, pour établir le Déisme ; son peuple, tout l’Empire, les Protestans même s’y opposeroient ; mais il en sappe les fondemens, & en ruine la créance par des voies indirectes.
plûtôt contemplez, adorez, aimez un Dieu qui ne connoît point de bornes à son empire, de taches dans sa sainteté, de nuages dans sa sagesse, de termes dans sa durée, qui marche sur l’aîle des vents & la cime des ondes, qui porte l’univers dans sa main, devant qui toutes les créatures sont comme si elles n’étoient pas.
Les Théâtres ne tomberent pas avec l’Empire Romain en Italie, s’il est vrai, comme le soutiennent quelques personnes, que la Farce Italienne, Spectacle très-ancien & très-constant en Italie, est une suite de ces Spectacles bouffons dont les Romains dans les derniers tems étoient si amoureux, & que les Zanni rendent ce Personnage nommé par Ciceron Sannio, Acteur qui, au rapport de Ciceron, faisoit rire par sa voix, son visage, ses gestes, & toute sa figure, ore, vultu, motibus, voce, denique corpore ridetur ipso.
[NDE] Cyrano de Bergerac, auteur de L'Histoire comique des Etats et Empires de la Lune.
Tandis que l’ambition allume par-tout le feu de la guerre, qu’elle forme les Conquérans, établit les Empires sur les ruines de la liberté ; le Chef de la Nation sainte attiré des bords de l’Euphrate aux rives du Jourdain, en parcourt les Déserts montueux, logeant sous des tentes : Dieu lui découvre sa nombreuse postérité dans la sombre succession des tems à venir ; au fond de ce divin miroir, Abraham apperçoit le Libérateur promis, ses enfans passent en Egypte, pour s’y former en corps de Nation ; la plus dure servitude n’empêche pas leur population miraculeuse.
Les troubles dont l’Empire Romain fut agité, l’inondation des Barbares, sont encore des causes de la décadence du Spectacle.
Il est vrai qu'elle ne fait pas ces effets dans toutes sortes de personnes: mais il est vrai aussi qu'elle les fait dans un grand nombre, qu'elle les peut faire dans toutes, et qu'elle les doit faire même plus ordinairement, si on considère de bonne foi quel est l'empire naturel d'une représentation vive, jointe à une expression passionnée, sur le tempérament des hommes.
9.) parce que son empire s’étend sur les vivants et les morts, sur les dieux, les hommes et les bêtes.
Il servit & déchira tout à tour Charles V & François I, rivaux de gloire & concurrens à l’Empire, & ennemis déclarés : adulateur pour & contre, au prorata des pensions qu’il en recevoit. […] J’ai un Coigni, Bellone & la Victoire, Ma foible voix n’a pu chanter la Gloire ; J’ai vu la Cour, j’ai passé mon printemps muët aux pieds des idoles du temps ; J’ai vu Bacchus sans chanter son délire ; Du Dieu d’Issé j’ai dédaigné l’empire ; J’ai vu Plutus, j’ai méprisé sa cour ; J’ai vu Dapné, je vais chanter l’Amour Aussi est-il dédié à sa maîtresse.
Un autre trait aussi singulier & aussi théatral, c’est l’empire que la Princesse avoit pris sur le Duc de Longueville son mari, l’homme le plus doux, le plus moderé, & qui l’aimoit malgré ses hauteurs. […] On y revenoit toutes les fois que les remords troubloient les douceurs de cet empire.