Mais dans cette Actrice, tout ce que la beauté a de plus touchant, suppléait à la faiblesse de l’organe.
A l’instant pour orner la terre, Des vives beautés qu’il enserre, Il lui voulut donner un Corps, Vraie Image de sa figure, [mot illisible] ce que l’œuvre de nature Se perd en discordants accords.
Bien plus, dans la société, quoiqu’on puisse être en contraste avec d’autres, plus ou moins belle, & gagner dans la comparaison, dans la société on ne figure proprement avec personne ; mais dans la danse théatrale on est plusieurs ensemble qui se cherchant, se fuyant, s’entrelassant, symmétrisant, étalant à la fois plusieurs corps avec leurs beautés, se donnent un jour mutuel par leur opposition ou leur rapport, & les font circuler rapidement. […] Un des plus grands dangers des danses théatrales, c’est le mélange des deux sexes ; chacun y développe ses propres beautés, & agit sur les autres danseurs & sur les spectateurs de toute espèce. Ces deux genres de beautés, à qui la nature donne des rapports si marqués & si vifs, se prêtent par leur concours un secours mutuel qui les rend plus séduisantes, & conduit à leur union, dont elles offrent l’image licentieuse : image qu’on charge encore par des vis-à-vis, des regards, des langueurs, des épanchemens, des vivacités, qui la mettent sous les yeux par toutes les allures de la passion, & en font un tableau vivant. […] Il ne s’en cache pas, il s’en fait un mérite, & conclud ainsi : Amour, si dans mes vers je t’ai marqué mon zèle, A la postérité porte-le sur ton aîle ; Dieu charmant, tous les arts te doivent leur beauté Et tous leurs traits divers ; c’est toi que j’ai chanté.
Si l’utilité, la bonté, la beauté d’un instrument, d’un animal, d’une action se rapportent à l’usage qu’on en tire ; s’il n’appartient qu’à celui qui les met en œuvre d’en donner le modèle & de juger si ce modèle est fidelement exécuté : loin que l’imitateur soit en état de prononcer sur les qualités des choses qu’il imite, cette décision n’appartient pas même à celui qui les a faites. […] Enfin, n’oubliez jamais qu’en bannissant de notre État les Drames & Pieces de Théâtre, nous ne suivons point un entêtement barbare, & ne méprisons point les beautés de l’art ; mais nous leur préferons les beautés immortelles qui résultent de l’harmonie de l’ame, & de l’accord de ses facultés. […] Autrement, mon cher Glaucus, comme un homme sage, épris des charmes d’une maitresse, voyant sa vertu prête à l’abandonner, rompt ; quoiqu’à regret, une si douce chaîne, & sacrifie l’amour au devoir & à la raison ; ainsi, livrés dès notre enfance aux attraits séducteurs de la Poësie, & trop sensibles peut-être à ses beautés, nous nous munirons pourtant de force & de raison contre ses prestiges : si nous osons donner quelque chose au goût qui nous attire, nous craindrons au moins de nous livrer à nos premieres amours : nous nous dirons toujours qu’il n’y a rien de sérieux ni d’utile dans tout cet appareil dramatique : en prêtant quelquefois nos oreilles à la Poësie, nous garantirons nos cœurs d’être abusés par elle, & nous ne souffrirons point qu’elle trouble l’ordre & la liberté, ni dans la République intérieure de l’ame, ni dans celle de la société humaine.
Voila les beautés du Spectacle, & une partie de ses avantages. […] Elle trouble le repos des familles ; elle rend faible & criminelle la beauté qui ne se proposait quelquefois que d’enchaîner à son char une foule de soupirans.
Une piece de théatre bien représentée doit plaire aux sourds & aux aveugles, aux sourds par la beauté des gestes & la vérité du pantomime, aux aveugles par la beauté des paroles & le son agréable de la voix, & à ceux qui jouissent de la vue & de l’ouïe, par le parfait accord de ces deux choses qui sont faites l’une pour l’autre. […] On assujettit aux sens les plus grandes ames, on y représente comme doux & invincible l’ascendant de la beauté, on ne songe qu’à s’en rendre la servitude aimable. […] Il tente l’homme par les femmes, par l’attouchement, la vue & l’ouïe ; au bal par l’attouchement des mains, le regard de la beauté, la douceur du chant. […] Vanité de la beauté des ornemens, jalousie des uns des autres ; colere si quelqu’un s’y oppose ; paresse & oisiveté.
Les représentations théatrales le sont même davantage, on y goûte un plaisir plus vif : tout est mort dans la lecture, tout est animé dans l’action ; la beauté de la décoration, l’énergie du geste, l’inflexion de la voix, la parure & les graces des Actrices, la douceur du chant, les attitudes de la danse, tout augmente le danger du vice, les alarmes de la vertu. […] Voyez ce père de famille dans son cabinet, dévorant le roman anti-chrétien du Dictionnaire de Bayle, la femme d’un autre côté dans un cercle de femmes lisant le roman impie des Lettres Persannes, son fils étudiant l’Espion Turc, sa fille se repaissant des Contes de Mille & un Jour, désirant peut être de régner dans un serrail, comme les beautés Indiennes dont elle lit les aventures. […] pour une femme uniquement recommandable par sa beauté, souvent inconnue, dont on devient subitement amoureux, & pour laquelle il faut se battre, & contre qui ? […] Porée pour la beauté du style, & l’emportent sur eux par l’onction de la piété. […] Mariana, célèbre par de bons & de mauvais livres, par la beauté de son style & la témérité de ses opinions, par la liberté de ses censures contre son propre Corps, Mariana a composé un traité contre les spectacles.
Abbé, ni le Maître des novices, ni les autres Religieux, ni les domestiques, ni ceux mêmes qui la déshabillent et la servent dans sa maladie, s'avisent de soupçonner son sexe, que sa jeunesse, sa délicatesse, son teint, sa beauté, ses grâces, et tout ce que la plume des Poètes et des Romanciers prodigue à peu de frais à leurs héroïnes, devaient au premier coup d'œil faire deviner aux moins attentifs. […] Elles font frémir dans la plus vile populace, qui souvent les vomit sans les entendre : seront-elles des beautés dans la bouche d'un homme de condition, d'un Religieux de la Trappe ? […] Les deux héroïdes ne valent guère mieux : le drame a des beautés, des situations touchantes, de beaux sentiments, de beaux vers. […] L'Auteur du drame ne pouvant s'en dissimuler le scandale et l'absurdité, quoique fort content de lui-même, dit modestement dans sa préface pour s'excuser : « Le génie doit s'élever au-dessus des règles pour produire des beautés. » Un Chrétien ne connaît ni beautés ni génie dans ce qui blesse la religion et les mœurs.
Sur leurs pas, les Grecs courant à la recousse de cette Beauté, se battront à leur rencontre : Les Troyens se rangeront dans leur Ville.
Les Heroïnes qui pour l’ordinaire n’ont que le merite de leur naissance, de leur sexe, de leur jeunesse & de leur beauté, demandent des supplémens d’esprit qui consolident les loüanges & qui les fassent subsister mesme aprés la feste & les acclamations, dans le particulier & dans le silence.
Car que d’impertinance & de vanité dans les combats du cirq, où l’on void les sottes émulations qu’ont des athletes à paraistre les premiers en addresse & en magnificence, en la beauté des couleurs & des liurées, & en la somptuosité des chariots. […] Car sans luy descouurir ces Spectacles surnaturels, ces beautés celestes & rauissantes, qui luy seront cachées tant qu’il viura ; ie veux exposer à sa veuë céte vaste machine du monde, qui est remplie de tant de merueilles. […] Que ces Spectacles sont rauissants, veritablement ils meritent seuls la meditation d’vn Chrestien, car quel cirq ou quel theatre peut disputer de gloire & de beauté auec toutes ces merueilles ?
Quels tableaux nous trace leur plume élégante de la beauté de l’univers, de la lumiere des astres, de la richesse des campagnes, des profondeurs de l’océan ! […] Les beaux arts en tirent toutes leurs beautés. […] Je défie tous les Corneilles, quelque grands qu’on les dise, d’imaginer de si brillans spectacles, ni de composer des ouvrages qui approchent de la beauté des Écritures.
Dacier & l’Abbé d’Aubignac soutiennent cette opinion de laquelle résulteraient de grandes beautés, si elle était adoptée.
Il se donne des maîtresses, & leur dédie ses pieces, une entr’autres sous ce titre singulier, à Vous, comme si tous ses lecteurs, depuis les Pyrénées jusqu’en Flandres, devoient la connoître, & ne pas balancer un instant sur une personne unique en beauté & en graces, à qui dans toute la nature personne ne peut disputer la palme. […] Il s’est tres-bien peint lui-même : Mon goût, dit-il, est de ne m’amuser qu’à des espèces de mignatures, à des développemens naïfs du cœur, des idées riantes, que je veux toujours traiter simplement, & jamais parées que de leurs propres beautés, qui souvent même se perdent sous la main. Cette finesse, cette légèreté seroit un mérite littéraire, s’il n’avoit que des objets innocens ; mais peut-on trop déplorer l’abus des talens, quand ils ne sont employés qu’à produire des mignatures de péché, des développemens de corruption, des idées riantes du vice, parées de beautés dont la naïveté fait la séduction, & qui ne semblent se perdre sous la main que pour se glisser imperceptiblement, mais trop efficacement dans le cœur ? […] Est-ce même une beauté de n’avoir que deux Acteurs ?
« Et sa tranquillité ne vaut pas ses tourments » : c'est le goût d'un Néron. « N'allons-nous pas aussi pleurer avec Zaïre, gémir avec Monime, ou frémir de terreur quand Œdipe nous offre un spectacle d'horreur » : il est plaisant qu'on compare le théâtre à la Grève pour en faire sentir les beautés. « L'homme que frappe alors une vive peinture, avec plaisir en soi sent souffrir la nature » : et il n'est pas cruel ! […] Une femme qu'on dit avoir de la beauté, dans les airs, à demi nue, qui se défigure elle-même par les convulsions de ses mouvements, les contorsions de ses gestes, la fureur de ses regards, ses traits enflammés, sa bouche tremblante, son rouge et sa pâleur ; est-il rien de plus hideux et pour les yeux et pour le cœur ? Et ce spectacle, que l'humanité, que la nature, que la pudeur, la religion, l'honneur, ne pourraient soutenir, sera donc une beauté, une merveille qu'il faut saisir, répandre, conserver, immortaliser ! […] quels portraits de leur beauté !
Tout se borne chez lui à la bienfaisance envers les hommes ; rien sur le culte de Dieu, nulle idée de foi, d’espérance, de charité, d’humilité ; nul respect pour les choses saintes, dont il ne parle pas, moins encore pour les Ministres de la Divinité, qu’il décrie & méprise ; plusieurs aventures amoureuses, l’enthousiasme pour la beauté des femmes, &c. […] La Clairon seroit fort étonnée de se voir sur le Théatre d’Ecbatane, & les Medes ne le seroient pas moins de l’entendre, malgré tout l’éclat de ses charmes, & les attraits de sa beauté. […] Toutes les beautés remarquées par tant de connoisseurs, dit l’Histoire du Théatre François, tom. 13 p. 99. […] Ce beau Chien que vante la fable, Qui des cieux orne la clarté, N’a jamai dans la vérité A Jonquille été comparable, N’a jamais dans la vérité En tant d’esprit, de grace & de beauté. […] La chaleur, le beauté du climat invitoit à la vie molle.
Il ajoute que les beautés des Portraits qu’il fait, sont si naturelles qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossiéres : & que le talent qu’il avoit à plaisanter s’étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire. […] Il faut avouer qu’il parloit assés bien François ; qu’il traduisoit passablement l’Italien : qu’il ne copioit point mal ses Auteurs, mais on dit peut-être trop legerement, qu’il n’avoit point le don de l’invention, ni le génie de la belle Poësie2, quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses Piéces le Comédien avoit plus de part que le Poëte, & que leur principale beauté consistoit dans l’Action.
Ce nouvel Acte serait d’ailleurs susceptible de grandes beautés. […] N’arrêtons jamais les progrès d’un art par des règles trop rigoureuses ; permettons-lui de les enfreindre, lorsque sa témérité le conduit à des beautés nouvelles.
On sent quelle beauté de coup-d’œil on donnerait, par ce moyen, à l’endroit le plus fréquenté de la Capitale, & le plus remarqué des Etrangers, qui se trouverait décoré de la manière la plus élégante, la plus convenable & la plus avantageuse. […] Je préférerais donc cet emplacement, pour l’ornement, la beauté des vues & la salubrité que procurerait son dégagement naturel.
Oses-tu te montrer, méprisable A***d Bâtarde d’un hautbois, épouse d’un bandit, D’un imbécile amant, trop insolente idole, D’E*** te doit la mort, Licidas la v[érole] F*** son déshonneur, l’Univers du mépris : Mais quelle autre Beauté ? […] déjà tout finit, et la vive Camilleh Pour le séjour des Dieux abandonnant la Ville, Des trois Grâces suivie, et son fils dans les bras, Va priver les Mortels de ses riants appâts : Vénus toutefois prête à quitter sa toilette, Adressa ce discours à plus d’une Coquette : "Il n’est qu’un seul moyen de parer la Beauté, C’est l’Amour : ce miroir sans cesse consulté, Ne vous y trompez pas, apprend mal l’art de plaire, Le cœur conseille mieux dans l’amoureux mystère ; Belles qui m’écoutez, quand vous saurez aimer, Mon fils vous montrera comme on peut enflammer."
Si ce sont là des beautés, ce sont donc de ces beautés de monstre qui frappent par un excès d’horreur. […] Le premier trait, digne de la grandeur et de la probité Romaine, est une vraie, une sublime beauté. […] Le second, digne du plus lâche, du plus méprisable esclave, peut-il être une beauté aussi ? […] » La raison en est simple encore : on aime le théâtre ; a-t-on pu le censurer et le dépouiller de ses beautés ? […] La belle poésie est l’imitation des beautés de la nature, et non de ses horreurs.
L’Abbé de Marsi a fait un Poëme sur la tragédie, pour en enseigner les régles & en faire sentir la beauté, comme l’Abbé d’Aubignac a fait la méthode du théâtre, & le P. […] Si ce sont là des beautés qu’elles aillent chercher des admirateurs chez les Antropophages. […] Mais Eschile a de beaux vers, des pensées sublimes, des scénes brillantes, des chants qui valent les Odes de Pindare, &c. : sans doute, il y a des beautés, & quel est l’auteur de réputation, qui n’en a point. […] Malherbe est élégant & correct, &c. ; mais ces beautés sont noyées dans une foule de platitudes, de pensées fausses, de mauvais termes, de scénes languissantes, de déclamations d’écoliers, de fanfaronnades de Gascons, de bouffonneries de Tabarin ; &, ce qui est encore plus répréhensible, dans des équivoques licentieuses, des portraits obscènes, des sentimens passionnés, dans une galanterie séduisante, une morale pernicieuse, des exemples dangéreux, des appologies du vice, qui portent à la vertu de plus cruelles atteintes ; qu’au bon goût, aux belles-lettres, à l’art dramatique, rien n’est parfait, rien n’est véritablement grand au théâtre. […] Chez les Grecs, il y a des grandes beautés, de détail, dé pensées sortes, des expressions vives, des situations touchantes, du pathétique, si ceux qui ne connoissent les tragédies & les mœurs étrangeres que par des traductions, & sur des oui-dire, les condamnent sans restriction : ils sont comme des aveugles qui diroient qu’une rose n’a point de couleur, parce qu’ils en comptent les épines à taton, dit Voltaire.
Pour ajouter aux charmes de la lecture une partie de l’illusion que fait la scene, & le plaisir des yeux à celui de l’esprit, on a réuni tout ce que la beauté de l’impression, des desseins, de la gravure, peut avoir de plus séduisant ; choix des artistes, dépense pour avoir de beaux desseins, frais d’impression, du beau papier (superfin), beau caractere, rien n’a été negligé, nous avons engagé M. […] Il faut de l’attention, il faut de l’esprit & des connoissances pour suivre le plan, le fil, le style, les beautés d’une piece qu’on voit jouer ; il ne faut que des yeux & un cœur gâté pour avoir, pour goûter le crime buriné, & pour être atteint de son poison. […] Une beauté parfaite charmoit tout le monde sous toute sortes d’habits. […] Il fait l’analyser de la Tragedie des Pelopides, qui tient dix-neuf pages, écrites avec le même enthousiasme ; quoiqu’elle ait des beautés, cette piece est inférieure à plusieurs autres du même Auteur, & on a de la peine à comprendre cette phrase, d’ailleurs peu correcte Quand on songe que ces vers sont d’un vieillard presque octagenaire, on ne sort point d’étonnement & d’admiration. […] Il est vrai qu’elle y a maussadement enchéri, non en beauté, mair en grosseur gigantesque.
En voyant la beauté, l’immodestie des Actrices, entendant les discours libres, en fuit-il moins un mal actuel, parce que Valere va se marier ? […] On l’appercevra dans le choix de ses lectures, dans la préférence des scenes, dans les sentimens, les bons mots, le caractere des personnages, l’éclat des décorations, la beauté des Actrices, &c. […] Cet Auteur croit pourtant qu’on peut permettre aux jeunes-gens la lecture des comédies & des tragédies, qu’on doit même les leur faire lire, que le Précepteur doit les lire avec eux, leur en faire sentir la beauté, l’utilité, les mettre au fait de la pratique du théatre, & leur en expliquer toutes les parties, & les regles de l’art dramatique, quoiqu’il veuille qu’on les éloigne des spectacles. […] Rien au contraire n’est plus propre à leur en donner envie & piquer leur curiosité, à former des amateurs, & des Acteurs même, que de leur rendre ces pieces familieres, leur en faire remarquer les beautés, leur en enseigner les regles, leur en apprendre le succès. […] Le théatre ne connoît dans le sexe d’autre mérite que celui de la tendresse & de la beauté, & n’a que des couronnes de myrthe à lui distribuer.
Il employa ses talens en faveur de la Religion, quoique son poëme qui a de grande beauté, ne soit pas peut-être aussi parfait que Phedre & Britannicus. […] C’est dommage que ces nuages obscurcissent des discours où brillent les plus grandes beautés ; nous avons cru devoir les remarquer à l’honneur de la Religion devant le public, devant l’Académie, sur-tout devant l’illustre Prélat qui lui succede , pour qui nous avons le plus grand respect. […] C’est l’imagination la plus noire, qui ne peint que des objets terribles de toute espece, rien de plus hardi, de plus original, de plus rapide que son style, & de plus affreux que ses couleurs ; son pinceau l’emporte & sur Crébillon & sur tous les Tragiques François ; il faut un goût particulier de tristesse pour soutenir cette lecture ; elle plait aux Anglois qui se repaissent d’horreurs ; son génie est plus profond, mais plus boursoufflé, le gigantesque, même le bas, le trivial aussi fréquent que le sublime, sont retrouvés à chaque page, le coloris Britannique, c’est sur-tout le caractere de ses nuits, ouvrage célébre à qui rien ne ressemble, toutes ses œuvres, & singulierement son théatre, est le pendant de celui de Shakespear ; il n’a pas assez de beauté pour être comparé au paradis de Milton. […] L’Italie avide des approbations de Voltaire, a fait grace à la foiblesse du Traducteur eu faveur des beautés de l’original. […] A ces mots, l’Abbé s’enflamma, court au Théatre, fait sentir aux Comédiens la beauté de cette piece, & force leur admiration.
Traité de la comédie et des spectacles La critique ordinaire de la Comédie fonde ses jugements sur l'application qu'elle fait des règles de la poétique aux ouvrages des particuliers dont elle prétend découvrir les défauts, ou les beautés. […] Les différentes beautés des pièces consistent aujourd'hui aux diverses manières de traiter l'amour, soit qu'on le fasse servir à quelque autre passion, ou bien qu'on le représente comme la passion qui domine dans le cœur. […] Les femmes ne négligent rien pour paraître belles : elles y réussissent quelquefois, et s'il y en a quelqu'une qui ne la soit pas, il ne faut pas s'en prendre à la Comédie, rien n'est plus contre son intention, puisqu'elle lui fait tenir la place d'une personne qui a été l'objet d'une passion violente, qu'une Comédienne sans beauté ne représente pas fidèlement: mais ce qui est de plus déplorable, c'est que les poètes sont maîtres des passions qu'ils traitent, mais ils ne le sont pas de celles qu'ils ont ainsi émues ; ils sont assurés de faire finir celles de leur Héros et de leur Héroïne avec le cinquième acte, et que les Comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle, parce qu'il n'y a que leur mémoire qui s'en mêle.
» Et dans le chap. 9. v. 8. « Détournez vos yeux d’une femme parée, et ne regardez pas curieusement une beauté étrangère. […] « Plusieurs se sont perdus par la beauté de la femme, et la passion s’allume comme un feu en la regardant.
C’est de l’intime union du Poète & du Musicien que le Drame lyrique tirera toutes ses beautés.
On trouve encore dans l’Ouvrage de ce pieux Prince autant de preuves de son zèle que de la beauté de son esprit.
On répond que pour prévenir le péché, le théâtre purifie l’amour ; la scène toujours honnête dans l’état où elle paraît aujourd’hui, ôte à cette passion ce qu’elle a de grossier et d’illicite : et ce n’est après tout qu’une innocente inclination pour la beauté, qui se termine au nœud conjugal.
Il est donc certain que la partie du public, dont le goût est invariablement décidé pour le vrai, l’utile et le beau, n’a fait dans tous les temps que le très petit nombre, et que la foule se décide pour l’extravagant et l’absurde ; ainsi, loin de disputer à la farce les succès dont elle jouit, j’ajouterai que dès qu’on aime ce spectacle, on n’aime plus que celui-là, et qu’il serait aussi surprenant qu’un homme qui fait habituellement ses délices de ces grossières absurdités, fût vivement touché des beautés du Misanthrope et d’Athalie, qu’il le serait de voir un homme, nourri dans la débauche, se plaire à la société des honnêtes femmes.
Ce grand zélateur alloit lui-même au Seminaire donner des leçons de l’Adriene, traduisoit d’abord en François, & comme la plupart de ces jeunes gens venus de la campagne, n’entendoient guere mieux l’élégant François du Grand-Vicaire, que le Latin de Scipion & de Lœlius, il le leur traduisoit en Gascon, & leur faisoit sentir les beautés de ce fameux comique ; pour les préparer à l’administration des Sacremens, il faisoit même quelque-fois venir sa classe aux Chartreux, pour donner à l’Evêque & à ces bons Réligieux, le spectacle comique d’un examen sur l’Eunuque & le charmion ; il mourut avant l’Evêque, les autres Grands-Vicaires qui gémissoient de ces folies, firent fermer le théatre, & rétablirent le bon ordre. […] Le crime étoit énorme ; c’étoient les principales & presque uniques Dames de la ville, la plus jeune en est la beauté. […] La beauté, comme de raison, regne sur le cœur d’un riche Abbé, & grand Prélat ; les autres se bornent à la Magistrature. […] Quelque Procureur dirigea la procédure, & servoit de Greffier, il le faloit bien, les Dames sont peu faites au jargon de la chicane ; il y a bien loin d’une information criminelle aux billets doux ; enfin tout bien considéré, & murement pesé, après plusieurs séances, le Procureur du Roi & le Dignitaire du Chapitre furent déclarés atteints & convaincus d’avoir composé, fait écrire, affiché & répandu dans la Ville des chansons diffamatoires, contre un grand Prélat & plusieurs Dames distinguées par leur naissance, leur beauté, leur mérite : pour réparation de quoi le Dignitaire fut interdit de l’entrée au chœur, & aux assemblées du Chapitre, condamné à demeurer trois mois dans un Seminaire, jeûnant & prenant la discipline le vendredi de chaque semaine, de quoi il rapportera un certificat en bonne forme, signé du Supérieur.
Qu’on passe derriere le théatre, qu’on aille après la piece voir ce Héros, ce Monarque, cette Reine, cette beauté ; qu’y verra-t-on ? […] Gardez-vous d’avoir du goût pour ces beautés séduisantes, & de vous laisser surprendre aux charmes séduisans de leurs attitudes & de leurs gestes : Ne capiaris nutibus ejus. 6. 24. […] Une preuve évidente que le théatre & tout ce qui le compose, déclamation, danse, geste, chant, parure, &c. excitent les passions les plus vives, & plus même que la beauté, c’est qu’on voit entretenues avec profusion, aimées avec fureur, des Actrices, des danseuses, des chanteuses d’une beauté très-médiocre, d’un esprit très-mince, souvent laides & sottes, qu’on ne daigneroit pas regarder, à qui le théatre prête des charmes.
Après avoir parlé de cette beauté d’harmonie, à laquelle les anciens Poëtes Dramatiques étoient si attentifs dans la composition des Vers, afin que la Représentation de leurs Piéces procurât la satisfaction des oreilles ; il me reste à parler de la nouvelle harmonie que savoient y ajouter les Acteurs par leur Déclamation. […] J’ai dit plus haut que l’impression que fait sur nous la Musique est causée, non par les paroles que nous entendons chanter, mais par l’Harmonie des tons, & la beauté de la voix, & que cependant cette impression n’étoit pas ordinairement assez vive pour nous faire verser des larmes. […] Quintilien [L. 9.] nous dit qu’un leger changement dans l’arrangement des mots d’une phrase de Cicéron suffit pour en faire perdre toute la force & la beauté. […] Pouvons nous comprendre la beauté que Denys d’Halicarnasse trouve dans ce Vers de Phedre, rendu ainsi dans notre Langue ?
Il est juste que je donne à Athalie le pas sur toutes les Tragédies modernes : de quelque côté qu’on l’examine, on ne trouve dans cette Tragédie que des beautés admirables. […] Enfin la Tragédie d’Atrée et de Thyeste est remplie de beautés ; et l’imagination du Poète a tiré partie de certaines choses qu’on n’aurait jamais cru pouvoir paraître avec agrément sur la Scène. […] Martelli, Italien : c’est une étude digne d’un homme d’esprit et de goût, que de comparer à l’original Grec les imitations des deux Poètes que je viens de nommer, et d’examiner l’art avec lequel chacun d’eux a tourné, selon son génie, la Tragédie d’Euripide : pour moi j’admire également tous les deux ; car, en suivant des routes très différentes, chacun d’eux a réussi parfaitement, et a trouvé moyen d’ajouter des beautés nouvelles à l’original Grec : cet examen et les remarques qu’il ferait naître fourniraient aisément matière à une dissertation très curieuse, et surtout utile pour les Poètes ; mais je reviens à mon sujet.
Lorsqu’une Pièce, d’ailleurs estimable, a des taches que le grand nombre n’aperçoit pas, & qui peuvent nuire au bon goût, il est utile de les faire remarquer, & que la crainte du ridicule empêche les Auteurs de nous donner du clinquant pour de véritables beautés.
Les fruits qui croissent sur les bords du lac de Sodome paraissent d’une beauté charmante ; mais aussitôt qu’on les touche, ils tombent en poussière et répandent une infection insupportable.
Leurs principales beautés résultent de leur union. […] Un avis si sage, si important, mérite de passer pour une règle ; je n’ai pas besoin de m’éfforcer de montrer les avantages qu’on en retirerait, ils se sont assez connaître d’eux-mêmes : j’éxhorte les Poètes à placer dans leurs Pièces une pareille nouveauté, elle y répandrait des beautés qu’on y désire depuis long-tems, & dont on éloigne jusqu’à l’apparence.
soupirans après une beauté ; ils ne cherchent qu’à attendrir nos cœurs par les attraits de la molesse. […] dans le cœur d’une jeune fille, quand elle voit par les intrigues d’une Soubrette, & les aveux d’une beauté ce qu’elle pouvoit faire en secret, en gardant certains ménagemens ? […] Par-tout on n’y voit que des héros qui soupirent pour une jeune beauté, comme Rodrigue pour sa Chimène, Titus pour sa Bérénice ; qu’impudicité, que fornication, qu’adultere, qu’inceste, &c.
L’art trop affecté lui nuirait, au lieu de l’embellir ; il ne s’écarte guères de la Vérité ni de la Nature ; & de là lui viennent ses principales beautés ; aussi ne cherche-t-il point ordinairement loin de nous les moyens de plaire.
Les observations faites avec goût relevent les beautés & les fautes de ce pere de la Tragédie Britannique, que les anglois mettent sans façon au-dessus de Corneille, & que les françois, depuis qu’ils sont anglomanes, placent modestement à côté. On s’attend bien que, selon la coutume des commentateurs, les beautés du grand Shakespear sont sans nombre & au-dessus de tout, ses fautes légeres & en petit nombre : il est pourtant vrai que c’est précisément le contraire. […] Il n’est point de qualité théatrale qu’il ne trouve à sa maîtresse : finesse de jeu, ton plaisant, malin souris, graces, beauté, il est dans l’enchantement ; surpris à l’excès que, dans un âge si tendre, sans autre maître que son esprit & son cœur, sans avoir aucune teinture de la scène, elle ait porté la perfection dramatique à un degré que l’art le plus accompli n’auroit pu lui apprendre . […] A son âge, avec ses infirmités, le visage de n’est pas favorable au ciseau : pour dédommager l’artiste, on lui a fait modéler sa nièce, qu’à Fernei on dit une beauté, dans le style courant du Parnasse.
Toutes deux pleines de vanité & de faste, éprises de leur beauté, occupées de leur parure ; mais comme Elisabeth avoit besoin de l’attache du Parlement, les Finances Angloises étant mieux économisées, le courant des dépenses plus modérées, & les prodigalités réservées pour les occasions d’éclat ; Catherine dépensoit le bien de son mari & de ses enfans ; elle lâchoit sur le peuple une meute de Financiers comme une meute de chiens sur le gibier. […] Elisabeth, quoique bien faite, n’étoit pas une beauté à faire si rapidemeat des conquêtes ; il ne la vit qu’à travers les nuages d’une conspiration avérée, & leur caractère ne sympathisoient guère ; il seroit singulier que les deux jalousies de la Reine eussent sa sœur pour objet l’une sur Devonshire qu’elle aimoit, l’autre sur Philippe son mari ; la première étoit fondée, la seconde ne l’étoit pas. […] Le massacre de la Saint Barthelemi, dont en bonne Protestante, elle devoit avoir horreur, étoit tout recent, mais c’étoit une occasion d’étaler du faste, & de montrer sa beauté sous un habit de deuil qui lui étoit favorable ; le théatre change de décoration, c’est une pièce nouvelle, où elle joue le plus beau rôle. […] Voilà la source de ses malheurs ; Elisabeth le savoit, en parloit avec dépit à ses Ambassadeurs ; on lui eût pardonué tout le reste, mais on ne pardonne pas la beauté : est-il de plus grand forfait entre les femmes ? On impute à Marie bien des choses, on n’en avoit point de preuves, & Londres n’y prenoit aucun intérêt ; mais la supériorité de beauté étoit évidente ; rien ne touche de plus près une Actrice.
« Dans les bons Auteurs, tout parle tout agit ; mais c’est, dit le pere Brumoy, plus l’action & le sentiment que le discours, au lieu que nos jeunes Poétes donnent souvent dans le discours & les paroles, pour suppléer au Spectacle & à la passion. » Ce n’est que de sens froid qu’on applaudit à la beauté des vers dans un Spectacle.
Nous y découvririons des beautés qui nous seront peut-être toujours inconnues.
Voire gens qui sont en la fleur de leur âge, d’assez honnête et excellente beauté, vêtus somptueusement, se parent pour tomber en une mort volontaire ?
Ne cueillons-nous pas le lis et la rose, et toutes celles que nous donne le printemps, qui embellissent les parterres, et qu’on estime pour leur beauté, ou pour leur odeur ?
Rousseau ; et si le public les admire encore, c’est plus par honte de s’en dédire, que par un vrai sentiment de leurs beautés. […] Mais ceux qui ont excellé dans la tragédie, ont peint la nature dans sa vérité, dans sa beauté simple et touchante, et la réalité en est aussi révérée que la fiction en est applaudie. […] La laideur et la beauté sont arbitraires jusqu’à un certain point : il y a du préjugé, de la fantaisie, du caprice même dans l’opinion qu’on en peut avoir. […] L’homme livré à l’instinct des bêtes chercherait partout sa moitié ; et au défaut de la beauté, la laideur serait adorée. […] Que Zaïre soit jouée par une actrice d’une rare beauté, sa beauté affecte les sens, mais son rôle n’affecte que l’âme.
Vous faites entendre, ma sœur, que le Projet ne détruira pas l’inconvénient de la séduction de la Beauté. […] On l’a dit dans le Plan de Réforme, il suffit de peindre la difformité ou le vice, pour le faire haïr, & la beauté morale, c’est-à-dire, la vertu, pour la faire aimer. […] C’est que le mérite & la Beauté brillant dans tous leur jour, ne courront plus risque de rester ensevelis dans la foule obscure. […] Quoi de plus ridicule en effet, que de faire une femme de la Beauté personnifiée, & de lui donner les aventures, d’une Courtisane célèbre ? […] La beauté dans une Vénus adultère ?
Si de la belle Esther un Prince est enchanté, C’est sa vertu qu’il vante et non pas sa beauté, Rien du profane amour n’y ressent la licence ; Tout respire en Esther la paix et l’innocence.
Ainsi tout le dessein d’un poète, toute la fin de son travail, c’est qu’on soit comme son Héros épris des belles personnes, qu’on les serve comme des divinités ; en un mot qu’on leur sacrifie tout, si ce n’est peut-être la gloire, dont l’amour est plus dangereux que celui de la beauté même.
Ses vers sont, dit-on, le fruit de quelques heures douces, où son ame s’arrachant au tumulte des villes, cherchoit un asyle dans les solitudes, le spectacle de la nature écartoit de lui tous les dégoûts ; il étoit transporté à la vue de ses beautés ; c’est pour lui le plus délicieux des spectacles. […] Cœur tendres, amant malheureux, courtisan pauvre, érudit crédule, italien superstitieux, plume facile ; des malheurs, ses amours, son siecle, sa réputation, sa dévotion, son libertinage, routes ces choses réunies dans sa personne, ont fait un ouvrage plein de beautés & de défauts, plus dramatique qu’épique, qui n’est qu’une longue comédie, faite uniquement pour le Théatre. […] La musique, la danse, la décoration sont plus difficiles, & demandent chacune dans son genre plus de génie que la poësie : elles y dominent, & font la beauté du Spectacle où l’on s’occupe peu des vers.
Voilà ce que d’habiles gens, des connaisseurs délicats, remarquent au premier coup d’œil ; « au lieu que nous autres petits Auteurs, en voulant censurer les écrits de nos maîtres, nous y relevons, par étourderie, mille fautes, qui sont des beautés pour les hommes de jugement. »by C’est donc votre fautebz de n’avoir pas senti pourquoi M. de Crébillon a conservé au caractère d’Atrée toute la noirceur qu’il a trouvée dans l’original Grec, à très peu de chose près ; c’est votre faute de n’avoir pas senti pourquoi ce Sophocle Français a mis, dans la bouche de ce monstre ce vers terrible qui vous révolte si fort ; c’est votre faute enfin de ne pas savoir que plus un Scélérat est heureux, plus il est en horreur à tous ceux qui le connaissent. […] J’ai joué, comme je vous l’ai déjà dit, le rôle de Séide dans cette pièce ; M. de Voltaire avait lui-même composé notre Auditoire de gens qu’il avait prié d’apporter un œil connaisseur et critique sur la pièce et sur les Acteurs, plutôt que leurs dispositions à se laisser toucher par les beautés d’un Poème. […] En voulant censurer les écrits de nos maîtres, notre étourderie nous y fait relever mille fautes qui sont des beautés pour les hommes de jugement. » bz.
On lui suppose un vœu de chasteté, dont l’Ecriture ne parle pas, et qui n’était pas alors connu ; et malgré son vœu elle écoute et souffre à ses genoux son adorateur, qui l’appelle beauté immortelle, et fait toutes les folies des amants de théâtre : elle lui répond sur le même ton. […] Les Journalistes de Trevoux (févr. 1711.) s’empressèrent d’y trouver mille beautés, et louèrent surtout la piété de l’Auteur, qui avait exactement suivi le texte de l’Ecriture. […] Pour une pareille raison, malgré le grand nom de Corneille, et de grandes beautés, Théodore, vierge et martyre, n’eut aucun succès, et ne s’est jamais relevée de sa chute.
fit autrefois l'Empereur Constantin, après qu'il eut fait profession de la Religion Chrétienne ; il tira des Temples toutes les Idoles, et les exposa dans les places publiques, comme des objets d'opprobre, de mépris et de risée ; il en transporta même quelques-unes jusques dans son Palais, et par ce moyen étant arrachées des lieux où l'on avait accoutumé de leur immoler des Hécatombes, et de les voir avec des sentiments de Religion, et étant mises en d'autres endroits peu convenables à cette révérence, elles perdirent entièrement ce qu'elles avaient de vénérable à des aveugles, et restèrent aux yeux de tout le monde, comme des ouvrages dont toute l'estime dépendait des grâces et des beautés que la main des Artisans leur avait données.
Quoiqu’il ne sût ni grec ni latin, il n’avait pas laissé de faire des pièces fort estimées ; son Ésope à la cour a de grandes beautés.
On trouve dans l’ouvrage de ce Prince religieux autant de preuves de son zèle, que de la beauté de son esprit.
Si vous étiez élevé sur une haute montagne, les plus grosses villes vous paraîtraient à peine comme des hameaux, leurs Palais les plus superbes et les plus magnifiques comme des huttes et des cabanes, et les hommes des fourmis, si toutefois vous pouviez les apercevoir, tel est celui qui habite déjà dans le Ciel par l’ardeur de ses désirs ; toute la grandeur humaine n’est pour lui que bassesse, qu’un atome éclatant, un point qui en impose aux yeux par quelque apparence d’enflure, il a peine à comprendre l’excès de folie et l’ensorcellement des hommes qui se laissaient captiver et transporter par ces niaiseries, si quelque objet sollicite son cœur par quelque monstre de beauté pour s’en faire aimer, il le dépouille aussitôt de ce fard et de cette vaine apparence qui pourrait l’éblouir parce qu’il est homme, et lui dit vous n’êtes rien, vous n’avez qu’une faible lueur de cette lumière immense, de cette beauté originale qui est en Dieu, lui seul mérite d’occuper nos esprits et nos cœurs, adorons-le ; il lui tarde que nous soyons tous arrivés à ce jour qui sera le dernier de tous, où Dieu seul paraîtra grand, « exaltabitur Deus solus in die illa »Isai.
Qui étale, bien que ce soit pour le mariage, cette impression de beauté sensible qui force à aimer, et qui tâche à la rendre agréable, veut rendre agréables la concupiscence et la révolte des sens. […] Qui peut se flatter d’être insensible au coup d’œil éblouissant des femmes qui remplissent les loges, et qui disputent entre elles à qui l’emportera sur la richesse des pierreries, sur le luxe des habits, sur les grâces, sur la beauté, sur l’adresse à suppléer aux agréments que la nature a refusés, enfin sur le nombre des adorateurs ?
Le peuple sent-il la finesse du dialogue, l’harmonie des vers, la vérité des portraits, l’enchaînement des scènes, le jeu du dénouement, la noblesse des sentiments, en un mot les vraies beautés théâtrales ? […] Mais le Parnasse a beau faire le pompeux éloge de l’art et des talents, l’étalage des beautés et des règles, la critique des défauts et du goût, dans le fond Melpomène et Thalie n’aiment que la débauche et l’argent.
Ils connoissoient aussi bien que nous la passion de l’Amour, & du tems de leurs grands Poëtes, brilloit la fameuse Aspasie, qui par sa beauté & son esprit captivoit Pericles, & que Socrate lui-même alloit voir.
Si donc il est arrivé que le libertinage des Acteurs ait donné quelque peine à la pudeur des Ames Chrétiennes, il ne faut en cela qu'imiter les Empereurs qui n'ont jamais rien prononcé contre ces représentations, et qui se sont contentés d'en réformer l'abus, et d'imposer des peines rigoureuses contre ceux qui par leurs désordres corrompaient l'excellence de cette Poésie et la beauté de sa représentation ; il en faut chasser le vice qui se doit faire haïr partout, et conserver un art qui peut plaire.
Enfin le sujet de la piéce arrive, le sieur Schrone forcé de s’asseoir dans le brillant fauteuil, d’où, comme sur le trepied d’Apollon, il va prononcer des oracles, expose le plan de son poëme, il n’ose compter sur les beautés du style ; mais il espere que le choix du sujet fera agréable à l’illustre compagnie ; il s’agit de célébrer le jour séculaire de la mort de Moliere. […] Fanier, vous-même, dit Galant le poëte, c’est un vilain rôle que celui de vieille sorciere ; mais il l’embellit tendrement, la jeunesse & la beauté donneront des charmes à la vieillesse, il oublie que ce sera contre le costume que la jeunesse & la beauté défigureront le rôle de vieille sorciere ; mais au théatre le plus important costume, c’est de conter fleurette aux actrices. […] Les graces, la beauté, les richesses, quel amateur peut resister à leurs attaques ?
Il fit venir dans sa loge l’Auteur qui avoit été aussi Acteur, & jouoit le rôle de Caton ; le loua d’avoir si bien rendu les beautés, & lui donna cinquante guinées. […] La coquette la plus idolâtre de sa figure, à force de se voir dans le miroir & de s’admirer, n’est plus touchée de sa propre beauté, il faut en relever le goût par l’assaisonnement de la pature, comme on releve & diversifie le goût des alimens. […] Tout ce monde étoit partagé en differentes bandes ; chaque bande avoit à sa tête deux habiles Danseurs & Chanteurs qui donnoient le branle ; toute l’atrention & l’habileté consistoient à les imiter ; & la beauté du spectacle si bien d’accord, que tous rendissent en même temps les mêmes figures, les mêmes gestes, les mêmes chants, les mêmes paroles, comme si ce n’étoti qu’une même personne. […] Le spectacle n’étoit pas au Mexique, non plus que dans tout l’Orient, une affaire sérieuse comme en Europe, où l’importance qu’on lui donne, la perfection qu’on y exige, l’attention qu’il faut y avoir pour en saisir les beautés, en goûter l’exécution, en font un exercice aussi fatigant qu’amusant.
Mais elle doit ces éffets admirables à notre constitution particulière, plutôt qu’aux beautés de son art. […] Les éffets que les Anciens attribuaient à la musique, la leur rendaient aussi recommandable que ses beautés particulières. […] Dans l’instant que j’écris, plus d’une naïve beauté se laisse peut-être surprendre aux accens d’une voix agréable, & aux èxpressions voluptueuses de quelque ariette sentimentée. […] En cherchant à diminuer la trop bonne opinion que nous avons de cet art célèbre, je rends au Spectacle moderne un service èssentiel ; j’engage peut être le Public à faire ce raisonnement : si la musique est quelquefois méprisable, le nouveau Théâtre nous plaît donc parce qu’il possède de vraies beautés.
Le nœud d’une Tragédie comprend les desseins des principaux personnages, et tous les obstacles propres ou étrangers, qui les traversent : Il va ordinairement jusqu’à la fin du quatrième Acte, et dure quelquefois jusqu’à la dernière Scène du cinquième ; ce qui est une extrême beauté dans une pièce, qui est d’autant plus vive et plus intéressante, que l’esprit du spectateur est toujours suspendu sur l’événement. […] Il est encore à propos que ceux qui doivent causer la disgrâce du principal personnage, aient été liés d’intérêts avec lui, ou de société, ou d’amitié, et qu’ils se soient témoigné une confiance réciproque ; le dénouement, qui ne répond pas à ces heureux commencements, surprend extrêmement le spectateur, et cette surprise fait l’une des principales beautés de la Tragédie. […] La Danse, compagne ordinaire des spectacles, vient à peu prés de la même source : d’abord elle était toute naturelle, et telle qu’elle s’est conservée parmi le petit peuple ; mais comme l’on raffine toujours, on en fit un art, et on y mêla une infinité de pas très subtils, et d’agréments, qui ne purent être pratiqués que par un fort petit nombre de gens ; et qui ne contribuent pas peu à amollir et à corrompre le cœur par les postures qui font la principale beauté de la Danse. […] Les Auteurs de ces Comédies n’avaient nul goût de la Fiction, de la Fable, de la Versification ; on ne se paraît point pour aller à ces sortes d’Assemblées ; les Dames n’empruntaient point le secours de l’art, ni des ajustements, pour relever l’éclat de leur beauté, et pour paraître avec tous leurs avantages, comme elles font aujourd’hui : Ainsi il ne faut pas s’étonner, que les Directeurs et les Docteurs de ce temps-là aient toléré des spectacles, qui n’étaient nullement capables d’exciter les passions dans ceux qui y assistaient.
J’en tombe d’accord ; mais ce n’est pas en cela que consiste toute la beauté de cette Tragédie, et je doute que la pièce pût se soutenir, si vous en ôtiez l’amour d’Achille et d’Iphigénie, et la jalousie d’Eriphile. […] Je dis bien plus, excepté quelques Pièces qui sont toutes d’amour, les plus belles Tragédies que nous ayons vu depuis trente ans se sont soutenues par d’autres beautés que celles que vous trouvez dans cette passion. […] Mon ignorance est si grande là-dessus, que je suis encore à savoir en quoi consiste la beauté des Tragédies Grecques. […] Les dernières Pièces de Monsieur Corneille ne sont pas indignes de lui ; elles ont des beautés qui sont particulières à ce grand Poète, et je crois qu’on y courrait encore comme au Cid, s’il ne représentait jamais d’Amantes.
Ce mari que vous prétendez attirer, ne serait-il pas un grand sot de se laisser ainsi leurrer et jeter dans les filets, à l’appétit d’une contenance bien étudiée et d’une beauté contrefaite ?
Il y a quelquefois des vers heureux, des tableaux rians, des sentimens nobles : mais ces beautés sont noyées dans un verbiage poëtique continuel qui ne dit rien. […] Là de jeunes beautés dansent sous les ombrages ; leurs pas pleins de noblesse irritent mes désirs, leurs bras voluptueux m’invitent aux plaisirs. […] Ce n’étoit pas son coup d’essai : Apelles entretenoit chez lui la fameuse Laïs, pour s’en servir continuellement de modele ; & quand il peignit la fameuse Vénus, que ses modeles ont fait imiter, & dont on a fait une infinité d’infames copies, Appelles assembloit plusieurs belles filles, pour prendre quelques traits de beauté de chacune. […] Tel fut l’héroïsme de Scipion en Espagne, qui rendit à son amant une esclave d’une rare beauté, dont il étoit le maître. […] Apelles troublé, éperdu, hors de lui-même, par l’excès de sa passion, crayonne, esquisse, efface, revient, efface encore, essaye différentes postures, l’habille en Pallas, en Diane, en Flore : il n’est jamais content ; il se perd dans ce labyrinthe de beautés ou plutôt de folies, où le licencieux danseur s’égare encore plus que lui.
Mais de cet amas d’absurdités naissent des beautés inattendues, d’une seule partent mille traits de satire qui se dispersent & frappent à la fois ; en un moment il a démasqué un traître, insulté un Magistrat, flétri un délateur, calomnié un Juge. […] J’aimerois autant dire que les farces de Moliere étoient inspirées par la Fée Corabosse, par le Nain Jaune ; ils sont aussi réels qu’Appollon, ils ont inspiré des contes souvent aussi jolis & plus décens que les farces de Moliere, mais on est convenu d’être duppe d’un jargon d’habitude qui ne signifie rien & qu’on veut absolument être une beauté ; c’est un enfant qui fait des poupées, & les donne pour des beautés parfaites ; c’est le pays de la Lune où les peuples se repaissent de vent, en ont des outres pleines, & quand ils veulent se régaler les lâchent à la bouche des convives comme un poëte lâche la mithologie. […] De là il passe à la comédie, dont il propose à l’Académie de faire un traité, examine les beautés, les défauts de Terence, Aristophane, Moliere, &c. […] Mais Rousseau rachette ces défauts par des beautés d’un autre prix que les bons mots du Théâtre, auxquelles Moliere ne peut ni ressembler ni atteindre.
sans qu’aucune considération ait pu faire excepter de cette sévere loi ce prodige du siecle dernier, dont pour faire en deux mots le portrait, on pourroit dire ce que disoit un sage Payen d’un auteur tout semblable : qu’étant presque le seul qui pût mériter d’être vu & d’être écouté sur le théâtre, il étoit, d’autre part, le seul de tous ceux qu’on y voit, qui méritât de n’y jamais paroître : homme, en effet, qui, dans tout autre état que celui où son génie l’avoit jetté, eût été non-seulement l’honneur de sa patrie par la beauté de son esprit, non-seulement l’amour & les délices de la société par la bonté de son cœur, mais un modele de Christianisme même par l’austere probité & l’intégrité de ses mœurs. […] De-là, comme remarque l’ingénieux Lactance, cette beauté, cette noblesse de sentiments, cette vivacité, cette diversité d’images, pour faire trouver les crimes plus charmants & plus aimables ; de-là cette magnificence, cette pompe de décorations, pour leur donner, plus d’appareil, un éclat plus frappant ; de-là cette liberté de fiction, pour en dégager la représentation de tout ce qu’ils eurent dans la réalité de rebutant & de hideux ; de-là cette exactitude de proportions & de vrai-semblances, pour exciter plus sûrement à l’imitation ; de-là cette politesse de langage, ces vers nombreux composés avec art, pour aider à les retenir plus aisément. […] Et quand il n’y auroit, ajoute Saint Augustin, que la rencontre de l’un & de l’autre sexe, sans parler de ces criminelles afféteries de femmes sans pudeur, qui par leurs airs languissants, leurs voix pénétrantes, leur action empoisonnée ne cherchent, selon l’expression de Saint Basile, qu’à vous percer, vous déchirer des traits des passions qu’elles représentent : sans tout cela, dis-je, quand il n’y auroit que la vue d’un sexe toujours dangereux, qui affecte de venir y montrer une beauté relevée par-tout ce que le faste & le luxe ont imaginé de plus enchanteur : ah !
La comtesse comptoit des héros parmi ses ancêtres ; la beauté fut le moindre des dons qu’elle reçut de la nature ; supérieure à son sexe par l’assemblage de tous les talens qui forment le grand homme, l’Europe l’eût comptée parmi les premiers souverains, si sa naissance l’eut appellée au gouvernement d’un empire. […] Les pleurs que versoit abondamment cette malheureuse fille, sa beauté, sa jeunesse la firent bientôt reconnoître. […] La comtesse de Konismark sa mere, suédoise, d’une naissance distinguée, avoit le mérite des femmes, de la beauté, de l’esprit, des talens, faisoit des vers françois, médiocres à la vérité, mais assez bons pour une étrangere ; elle eut même des vertus, son cœur fut disputé quelque-temps.
» Il finit par une description des beautés de la nature, des ouvrages du Créateur : spectacle bien supérieur à toutes les comédies. […] Plus les auteurs de ces fables ont de talents, plus ils sont dangereux ; ils s’insinuent par leurs grâces, se gravent plus profondément, et se font mieux retenir par l’harmonie et la beauté des vers : « Facilius intrant in memoriam versus numerosi et ornati. » Des tragédies ne représentent que les fureurs et les amours des mauvais Rois ; ce ne sont que des forfaits montés sur le cothurne : « Regum malorum cothurnata scelera. » Les gestes et les mouvements licencieux des Acteurs, la mollesse de leurs corps efféminés, leurs déguisements en femmes, à quoi servent-ils ? […] 89.), éviter les entretiens et les compagnies des femmes ; leur beauté est la mort qui entre par les fenêtres de l’âme : le saint Prophète David lui-même a été vaincu par un regard.
Elles veulent estre tousjours belles, la beauté ne desplaist & n’ennuye jamais ; Mais elles ne sont pas tousjours ajustées, le soin est souuent suspect à ceux qui le voyent, & incommode celles qui le prennent. […] On peut tirer auantage, n’en doutez pas, de certains defaux bien ménagez ; Et pourueu qu’il y ait fondement de beauté en quelque sujet, la crasse, les haillons, la tristesse, l’indifference, les froideurs mesmes & les desdains donnent de l’amour.
Ils ont leur beauté. […] Leur beauté naturelle auroit-elle pu plaire à des Spectateurs accoutumés aux désordres de Rowe, d’Otwai, de Dryden ?
de détourner nos yeux d’une femme bien parée, et de ne pas regarder une fille en face, de peur que sa beauté ne nous soit un sujet de scandale et de chûte, comme cela est arrivé à plusieurs ;Ibidem. […] Ils devinrent après cela tout effeminés et tout voluptueux, car ils ne recherchaient plus, dit Sénèque, qu’à satisfaire l’ouïe par la douceur d’une agréable mélodie, leurs yeux par la beauté des spectacles ; et leur goût par les viandes les plus exquises, « Aures vocum sono, spectaculis oculos, et saporibus palatum suum delectabantur. »Sen. de Beat. vita c. 10.
Détournez vos yeux d’une femme coiffée à l’avantage, de peur que sa beauté ne vous soit un sujet de scandale et de chute. […] D’abord on ne louait que la beauté extérieure des Idoles, et cela suffisait, selon que nous lisons dans la Sagesse,Sap. 14. 18. […] 2. « Plusieurs Religieux et gens de devotion, étaient à la même heure devant Dieu, chantaient ses loüanges, et contemplaient sa beauté : ô que leur temps a été bien plus heureusement employé que le vôtre ! […] Ne regardez point une jeune fille, de peur que sa beauté ne vous soit un sujet de scandale et de chute. […] Détournez vos yeux d’une femme bien parée ; il y a quantité de personnes qui ont malheureusement péri, pour avoir admiré la beauté d’une femme, parce que c’est ce qui allume le feu de la concupiscence.
Ce genre inconnu aux Anciens, & à qui elle a donné l’être, à de grandes beautés.
Faut-il s’étonner que la portion des spectateurs la plus capable de saisir les beautés d’une Tragédie, paroisse desœuvrée au Théatre, ou occupée de toute autre chose ?
Je ne veux point entrer dans le détail des études aux quelles le Comédien est obligé de se livrer ; ni lui éxpliquer les règles de son art, je ne veux parler que de la beauté de son jeu arrivé à sa perfection, & de son éffet sur la Scène, lorsqu’il est conduit par la Nature.
Observons ici, que les Poètes à qui nous devons la Parodie, ou la Satire, car c’est la même chose, ont eu la gloire de faire mourir de désespoir quelques-uns de ceux aux dépens desquels s’égayait leur plume mordante : honneur insigne, qui prouve la beauté du genre dont je parle.
Vous dites, qu'il répond à l’élection, et qu’il sera représenté par la fable de la Pomme d’or. » Cette Pomme d’or, mes Pères, est propre à faire souvenir ceux qui ont lu les Poètes, de l’Histoire ou de la fable de ces trois Déesses qui se disputant l’une à l’autre le prix de la beauté s’en remirent au jugement de Pâris qui décida en faveur de Vénus.
Tout cela est pris de sa vie donnée en 1724 : ces traits injustes déshonorent plus le théatre que la beauté de ses pièces ne lui fait honneur, ils font l’éloge & justifient les sentimens de ce Héros qu’on a si injustement attaqué. […] Ce régal fut préparé dans le vaste Réfectoire de l’Abbaye de Salsines, magnifique maison à une lieue de Namur ; les Officiers du Régiment furent seuls admis, on refusa les Seigneurs de la Cour, on n’y voulut que les Dames : les Officiers furent assis, & les Dames les servoient autour des tables de la manière la plus galante, comme on voit dans l’Odissée d’Homère les Princesses & les Nymphes servir les hôtes : usage que Fenelon a cru devoir conserver dans l’Isle de Calipso en faveur de Télémaque, peut-être en faveur de Madame Maintenon : chaque Officier en entrant alla lui baiser la main comme à la Reine assise sur un fauteuil, elle présentoit sa main de la meilleure grâce, elle y étaloit tous ses charmes, surtout ceux de son esprit qui l’emportoient beaucoup sur sa beauté. […] On avoit parcouru tous les théatres de l’Europe pour en tirer le plan, en désigner les beautés & les fondre toutes dans la salle de la comédie de Paris, comme Appelles rassembla les beautés d’Athènes, prit de chacune ce qu’elle avoit de plus beau pour en former sa Venus.
Toutefois l’inconvénient étoit moindre pour les Spectateurs qui voyent aujourd’hui paroître sur la scéne des Actrices vêtues avec une pompe & un art enchanteur, qui joignent toute la beauté & toutes les graces aux parures indécentes ; le maintien, la demarche, le son de la voix, les regards passionnés, tout parle, tout émeut en elles, dit S. […] Le premier objet est celui qui tombe sous les sens ; on est frappé d’étonnement dès que l’on ouvre un œil sur la beauté de l’Univers1.
Une Pièce de ce genre aurait autant de beautés, & réunirait peut-être plus de difficultés que celle du genre ordinaire. […] Celui qui ne dissimule point les fautes d’un genre qu’il chérit, doit être cru quand il élève à leur tour ses diverses beautés.
Les connaisseurs ont beau les admirer toujours ; si le public les admire encore, c’est plus par honte de s’en dédire que par un vrai sentiment de leurs beautés. […] Ah si la beauté de la vertu était l’ouvrage de l’art, il y a longtemps qu’il l’aurait défigurée ! […] L’attrait de la chasse et la beauté des environs entretiennent ce goût salutaire. […] En voulant censurer les écrits de nos maîtres, notre étourderie nous y fait relever mille fautes qui sont des beautés pour les hommes de jugement. […] [NDA] Que sera-ce en leur supposant la beauté qu’on a raison d’exiger d’elles ?
On lui fait grace en faveur des talens, car elle ne prétend point la pome de la beauté, encore moins sa mere, actrice vieille & usée, qui jamais n’y eut droit ; toutes deux se disent mariées, mais leurs maris ne paroissent pas, elles en sont séparées. […] Des belles voix chantoient des couplets adressez aux Dames, pour les inviter à honorer la fête de leurs regards, & faire respecter un Poëte que la beauté aura d’aigné courronner. […] Il y prit goût, non pour des pieces régulieres, & bien faires, dont il n’étoit pas capable de sentir les beautés ; mais pour des farces & des mascarades dignes de la barbarie de ses peuples ; il avoit à sa cour un vieux fou, nommé Jotof, qui lui avoit appris à écrire, & s’imaginoit avoir mérité, par ce service, les plus importantes dignités.
Ils parurent tout-à coup dans leurs loges, leur aspect imprévu remplit tout le monde de joie ; mais lorsque après avoir marqué sa satisfaction, l’Impératrice annonça elle-même cet heureux évenement, avec cette beauté qui la caractérise ; les acclamations redoublerent, les Ministres, les Ambassadeurs volerent à sa loge ; parterre, emphithéatre, loges, acteurs, danseurs, tout étoit dans l’ivresse. […] Des ribauds, en blanche chemise, agacer par leur beauté, liesse & gayeté, des animaux de toute espece marcher en procession, des enfans jouter dans un tournois, des Dames cajoler des beaux cœurs, le grand guet faire la garde ; toute la ville baler, danser, se déguiser, &c. […] Ce galimatias est-il une beauté ?
Chaque Valere y avoit sa Lucinde ; surtout y foisonnoient les actrices, les filles de l’Opéra, qui savent à fond tous les rafinemens, toutes les ruses & toute la délicatesse de l’amour, & qui en donnent des leçons, & font plus de conquêtes que des beautés de distinction. […] Après avoir fait la description de leurs beautés & de leur parure, il dit gravement : Leur vertu semble faite pour leurs graces. […] Les loix de la pudeur sont bien moins cheres que les graces de la beauté, l’honneur de la vertu que la gloire de plaire.
Il ressemble aux beautés à qui le negligé siéd mieux que la parure , (ces beautés plus séduisantes inspirent-elles la vertu ?) […] Peut-on être flatté de l’entendre dire & voir imprimé : Je l’ai vu par un goût volage séduire & tromper la beauté ; changer chaque jour d’esclavage, être pris, repris & quitté.
» On lui inspire la plus folle vanité : éloge perpétuel de sa beauté, de ses grâces, de son empire : encens, flatteries, hommages, qui l'enivrent d'elle-même, et lui apprennent à mépriser la vieillesse, à se moquer de ses infirmités, de ses rides, de ses importunes sollicitudes, qu'on attribue à mauvaise humeur, et au dépit de ne plus jouir des plaisirs qu'on avait autrefois goûtés. […] La femme qui jouait le rôle de Chimène, me toucha et par la beauté et par la tendresse des sentiments de son personnage. […] Les applaudissements que les spectateurs donnent à la beauté et aux talents de ces jeunes personnes, leur inspirent de l'orgueil.
Aimable jeunesse, Profitez du tems, De vos jeunes ans, Donnez-vous à la tendresse, Ne perdez point ces précieux momens La beauté se passe, Le tems s’efface, L’âge de glace Vient à la place, Qui vous ôte le goût de ces doux passe-tems.
De là je le mènerai où je croirai ses leçons le plus nécessaires ; et partout je donnerai tant de laideur au Vice et tant de beauté à la Vertu qu’il ne tiendra pas à moi que l’on n’ait autant de haine pour l’un que d’amour pour l’autre.
Plus les Auteurs de ces infâmes représentations ont d'éloquence, mieux ils persuadent ceux qui les écoutent, par la politesse de leurs sentiments, et la justesse et la beauté de leurs vers fait qu'on les retient plus aisément.
Cependant les beautés de cet ouvrage et le fruit que les Spectateurs peuvent retirer du caractère de l’Avare, m’ont obligé à souhaiter qu’elle pût être corrigée.
Il représente toujours son héros, son invincible devenu l’esclave de quelque beauté, et parce que la vaillance gagne plus l’admiration de ce sexe infirme, pour réussir en ses recherches ; le plus puissant moyen, c’est de rendre plusieurs combats.
Le Décorateur doit le seconder par ses beautés muettes ; le Machiniste sur-tout doit se montrer attentif à ne pas donner du miraculeux pour du merveilleux 2. […] L’enthousiasme avec lequel on a suivi le Siége-de-Calais doit les animer : la Pièce n’est pas un chef-d’œuvre ; mais l’amour du Pays y a semé des beautés inconnues, & les Français se sont eux-mêmes prêtés à une illusion flateuse. […] Créons donc un nouveau Théâtre Français : formons-nous des Acteurs d’un ordre nouveau, dignes des Chef d’œuvres qu’ils représenteront ; du Jeune-homme honnête, de l’innocente & naïve Beauté qui viendront s’y former le cœur & l’esprit. […] Lorsque l’Auteur a dessiné, imaginé, créé, c’est à l’Acteur à constituer un corps à des beautés muettes ; c’est de lui que la Représentation doit recevoir l’importance, l’intérêt, & l’agrément. […] On fera en sorte que la nécessité de rassembler ces jeunes garçons & ces jeunes filles, serve à faire mieux connaître aux uns & aux autres de quel prix sont les talens, unis à la vertu & à la beauté.
Cependant ils n’approcheroient pas encore des graces de la vieille Comédie Grecque, parce que la Langue Latine ne paroît pas à Quintilien susceptible des graces infinies du langage Attique : ce qui lui fait dire, Loin d’égaler la beauté de la Comédie Grecque, à peine en avons nous l’ombre. Si malgré l’élégance du stile de Plaute & de Térence, les Romains ont eu à peine l’ombre de la Comédie Grecque, que dirons nous, par rapport à cette beauté de langage & d’harmonie de notre Comédie, & sur tout de nos Piéces en Prose ?
285) dit en parlant de la comédie de Siam : « Les Comédiennes sont bien laides ; leur grande beauté est d’avoir des ongles d’un demi-pied de long. » Réflexion sans doute bien innocente, mais qui fait voir qu’à la comédie on s’occupe d’autre chose que de la morale qui s’y débite, surtout quand les Actrices n’ont pas les ongles aussi longs que les Siamoises. […] Leur incontinence devint commune, elles y firent une foule de dévots de leur beauté plutôt que de leur Déesse Vesta ; le théâtre leur fournissait des rendez-vous et des facilités pour les voir et leur parler.
Insensés vous-mêmes, nous avons dans la céleste Jérusalem des objets bien plus ravissants : « Cùm dimisso theatro cœperit evomi ex illa cavea turba perditorum memoriam suam pascentes rebus pestiferiis, etc. » Il entre ensuite, et dans bien d’autres endroits, dans le détail des merveilles que Dieu a faites dans le monde et dans la religion, et qu’il prépare dans le ciel, et il fait voir combien ces divins spectacles sont supérieurs à ceux que donnent les hommes, par la grandeur, la beauté, le plaisir, la vertu. […] de la Musique) après avoir montré que dans la plupart des Comédiens qui plaisent le plus par leur chant, il y a très peu de science, même de la musique, parce que ce n’est ordinairement que la beauté naturelle de la voix, une routine, un exercice, qui n’est qu’un pur mécanisme, où l’esprit a très peu de part, ce qui est très vrai, de même que dans la danse, les instruments et tous les arts, où l’on voit tous les jours que le plus grand Musicien chante désagréablement, le plus grand Poète débite mal, le plus savant Architecte ne taillerait pas une pierre, qu’ainsi quelque honneur qu’on veuille faire à la poésie, à la musique, les exécuteurs, c’est-à-dire les Comédiens, ne sont que de purs artisans, S.
Or c'est un fait indubitable que ceux que l'on nommait Technites parmi les Grecs ou artisans de la Scène parmi les Romains, c'est-à-dire, les Histrions, Mimes, Farceurs, et autres Bouffons, ne jouaient point sur l'avant-scène en Grèce ; mais seulement sur l'Orchestre, dont nous avons le témoignage de Vitruve dans la description qu'il fait de tout le Théâtre fort exactement en homme intelligent et qui n'ignorait pas la construction des Théâtres, qui de son temps étaient en leur plus grande splendeur, soit pour la beauté des Edifices, soit pour l'excellence des Drames que l'on y représentait.
On peut, d’après Juvenal, dire des Français, dignes émules des Romains : Ce peuple si supérieur aux autres peuples, qui donne le ton de l’élégance et des grâces, des sciences et des arts, de la littérature et de la parure, après avoir vaincu le monde, est à son tour vaincu par la comédie, et borne tous ses désirs à avoir du pain et des théâtres : « Qui dabat olim imperium … fasces, legiones, duas tantum res anxius optat, panem et circenses. » Les papiers publics en font chaque semaine une honorable mention, les Mercure, les affiches, les journaux, les feuilles de Desfontaines, de Fréron, de la Porte, transmettent à la postérité les événements importants du monde dramatique ; on célèbre le début d’une Actrice, les hommages poétiques de ses amants, les compliments d’ouverture et de clôture ; on détaille avec soin les beautés, les défauts, les succès, les revers de chaque pièce ; on en présente à toute la France de longs morceaux avec les noms fameux de Valère et de Colombine.
Le nombre la variété, la beauté de ses pieces, en sont le plus grand ornement ; & quoique dans un genre different de Corneille & de Racine, il peut se mesurer avec eux. […] Voltaire est heureux qu’ils soient morts ;) tous deux ayant le même défaut, l’intempérance de l’imagination, & le romanesque incroyable ; Arioste a racheté ce défaut par des allégories si vraies, des satyres si fines, (c’est pour Voltaire un grand mérite) une connoissance si approfondie du cœur humain, par les graces du comique, & des beautés innombrables qu’il a trouvé le secret de faire un monstre admirable, (c’est à peu près le caractère des œuvres de Voltaire. […] Ce sera pourtant le meilleur produit, tant qu’on pourra l’y faire venir, ce qui dépend du caprice de cette beauté fantastique, & ce caprice n’est pas petit.
vous faites tout ce que vous pouvez pour vous parer, vous employez tous les artifices imaginables, vous ajoûtez, autant que vous pouvez, à la beauté que la nature vous a donnée : mais quel est votre dessein ? […] On répond que pour prévenir le péché, le théâtre purifie l’amour profane, que la scène, toujours honnête dans l’état où elle paroît aujourd’hui, ôte à cette passion ce qu’elle a de grossier & d’illicite ; que ce n’est, après tout, qu’une innocente inclination pour la beauté qui se termine au nœud conjugal. […] S’il vous faut de beaux objets pour charmer vos yeux, envisagez les décorations de la nature, la pompe & l’armonie de l’univers, la magnificence des cieux étendus sur vos têtes, la beauté des campagnes déployée sous vos yeux, la majesté de la mer qu’un grain de sable captive dans ses limites, & qui pour rendre hommage à l’Eternel, vient sans cesse briser ses flots aux pieds de son trône. […] De-là tous ces agrémens que l’ennemi de la pudeur a pris soin de répandre sur les spectacles ; de-la, comme remarque l’ingénieux Lactance, cette beauté, cette noblesse de sentimens, cette vivacité, cette diversité d’images pour faire trouver les crimes plus charmans & plus aimables. […] Et quand il n’y auroit, ajoûte saint Augustin, que la rencontre de l’un & de l’autre sexe ; sans parler de ces criminelles affeteries de femmes sans pudeur, qui par leur air languissant, par le son de leurs voix, par leurs actions empoisonnées, ne cherchent, selon l’expression de saint Basile, qu’à vous déchirer, qu’à vous percer des traits des passions qu’elles représentent ; sans tout cela même encore quand il n’y auroit que la vue d’un sexe dangereux qui affecte de venir y montrer une beauté relevée par tout ce que le faste & le luxe ont imaginé de plus enchanteur : ah !
Ce chef d’œuvre meritoit bien d’être conservé, & préféré aux legeres beautés d’un vil théatre ; écueil ordinaire de la chasteté & de l’innocence, qui y apprennent toujours l’art funeste de faire un naufrage inévitable , dit l’auteur en gémissant. […] On commença d’y faire de ces théatres mobiles sur la fin du Regne de Louis XIII, & on continua pendant celui de Louis XIV ; mais sans toucher à aucun de ces ornements, & le théatre démoli ; la salle étoit rendue à toute sa beauté.
Elle a des beautés du côté littéraire, des portraits finement tracés, des vers heureux, des scènes bien filées, une intrigue bien nouée. […] L’art de sanctifier le crime & de s’en faire un mérite : L’amour qui nous attache aux beautés éternelles, N’étouffe point en nous l’amour des temporelles : Nos sens facilement peuvent être charmés Des ouvrages parfaits que le ciel a formés.
Si Euphemie a moins de beautés, d’élévation & de force, elle n’a guère moins de choses répréhensibles sur la religion & les mœurs, qui doivent la faire proscrire d’un théatre chrétien. […] Malgré la force & la beauté de l’expression, la religion, la vertu, la décence frémissent des innombrables blasphêmes répandus dans le Paradis perdu de Milton ; mais enfin ce font des démons qui parlent, c’est leur rôle.
Il n'y a pas jusqu'au mot de troupe, qui communément ne s'applique qu'à des Comédiens, qu'il n'emploie en parlant des Apôtres, la troupe des Apôtres : en cent endroits le reste du jargon théâtral, les fers, les chaînes, les feux de l'amour, de l'hymen, les traits de la beauté, une amante, un amant, etc. […] C'est un style reçu, ce sont des beautés de genre, c'est le rôle des Acteurs, c'est tout ce que l'on voudra.
Les différentes beautés des pièces consistent aujourd’hui aux diverses manières de traiter l’amour ; soit qu’on le fasse servir à quelque autre passion, ou bien qu’on le représente comme la passion qui domine dans le cœur. […] Les femmes ne négligent rien pour y paraîttre belles : elles y réussissent quelquefois, et s’il y en a quelqu’une qui ne le soit pas, il ne faut pas s’en prendre à la Comédie, rien n’est plus contre son intention, puisqu’elle lui fait tenir la place d’une personne qui a été l’objet d’une passion violente, qu’une Comédienne sans beauté ne représente pas fidèlement.
Que du moins les beautés répandues dans leurs Ouvrages soient des modéles qu’il faille suivre servilement ; ensorte que les premiers servant de piéces de comparaison aux derniers, il ne soit pas permis de mettre ceux-ci en œuvre sans les avoir pésés dans la balance des autres.
vous faites tout ce que vous pouvez pour vous parer, vous employez tous les artifices imaginables, vous ajoutez autant que vous pouvez à la beauté, que la nature vous a donnée, mais quel est vôtre dessein ?
ou que vous ferez, ou lesquels vous vous plairez d’entendre des autres, n’aient rien d’impie, ni de nuisible au prochain, ni ne soient contre la vérité, ni ne ternissent la beauté de la chasteté, en un mot qu’ils soient bons. […] souvenez-vous que toute sorte de jeu n’est pas convenable à un chacun : « La beauté de la vie demande, dit saint Ambroise, de donner à un chacun ce qui est convenable à son sexe, et à sa condition » :77 Car quoique le jeu de soi ne soit pas une mauvaise action, mais plutôt indifférente : néanmoins il peut être mauvais et indécent, plutôt à une sorte de personnes, qu’à une autre. […] que d’ordinaire ont ceux qui y vont, comme sont la vanité, soit ès habits, soit en la beauté, soit aux rangs ; la sensualité ; les querelles ; les envies.
On a consulté Justelipse, Bullinger, Rosinus ; on s’est donné à peu de frais, un grand air d’érudition sur les anciens théâtres d’Athènes & de Rome ; on n’a pas même négligé les savants traités d’optique, de perspective, de statique, d’acoustique, avec l’ornement à la vérité peu divertissant, de quelques formules algébriques, pour déterminer les proportions les plus propres à la propagation du son, à la distribution de la lumiere, au jeu des machines ; on a même voyagé exprès en Italie, pour lever le plan des théâtres de Rome, de Venise, de Naples, de Florence, de Parme, de Milan, pour en fondre toutes les beautés dans celui de Paris, à qui l’on doit solemnellement donner le glorieux titre de théâtre de la Nation. […] si l’on pouvoit n’en perdre aucuns, & fondre tous ces divers théâtres, en un seul, qui réunit tant de beautés différentes ; ce seroit le plus beau théâtre du monde, le plus digne de la Nation.
Il intitula la piece : La Beauté du jour ou la Fille à l’enchère. […] Cet amour mystique de la beauté des femmes, qui ne pense jamais à l’impureté, est une chimère que ceux-mêmes qui le préconisent, ne croient pas.
Vous faites tout ce que vous pouvez pour vous orner, vous employez tous les artifices imaginables, vous ajoûtez autant que vous pouvez à la beauté que la nature vous a donnée ?
Le premier objet est celui qui tombe sous les sens : n’est-on pas frappé d’étonnement, dès que l’on ouvre l’œil attentif sur la beauté de l’univers ?
Cette felicité, MONSEIGNEVR, est deüe à la force du genie d’vn Prince agissant, & à la sage conduite de ses Ministres, & c’est de ces mémes sources que partent toutes les réjoüissances publiques, dont la magnificence de nos Theâtres & la beauté des Poëmes qui y sont representez font la meilleure partie. […] Mais, MONSEIGNEVR, je dois áuoüer que ie ne m’arrestay pas tant à ce bel exterieur, à ce magnifique frontispice, qu’à ce que ie me promettois de la beauté du dedans, & sur la foy de mes yeux & de mes oreilles ie me confirmay entierement dans la creance que j’auois eüe en la foy publique, qui m’auoit depeint VOSTRE EXCELLENCE, comme vne des plus sages personnes de la Terre, & des plus éclairées dans les affaires de tous les Estats. […] Voicy les raisons qu’ils ont eües, sur tout les François, qui sçauent parfaitement le prix des choses, & qui ont estimé la beauté d’vne jnuencion qui a percé tant de siecles, pour atteindre chez eux le plus haut degré de perfection où elle pouuoit monter. […] C’est donc aux nobles trauaux, & aux soins infatigables de l’Illustre Academie Françoise que le Theâtre est particulierement redeuable de la beauté des Poëmes que l’on y recite, où le Poëte tâche de répandre toutes les douceurs de nôtre langue, & de ne s’esloigner iamais de sa pureté. […] C’est cette beauté & cette douceur de nôtre langue qui font que les Etrangers s’empressent de l’aprendre, & comme ray veu auec soin toutes les parties de la Chrestienté, il m’a esté aisé de remarquer, qu’aujourd’huy vn Prince auec la seule langue Françoise qui s’est par tout répanduë, a les mesmes auantages que Mithridate auoit auec vingt-deux.
Une Nimphe à quinze ans de sa beauté parée, A vos visages peints doit être preférée. […] C’est que cette grosse Allemande, qui a le poignet fort, sans s’embarrasser des beautés sublimes de Zaïre, de Mahomet, lui fit lâcher prise à grands coups de poingts, sans garder la mesure des vers.
Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles. […] La beauté, la parure, la magnificence ne lui paroissoient pas suffisantes, il falloit encore charmer par les odeurs le Général Assyrien, 6.° Dans le détail que fait le Prophète de ce que le libertinage, & la vanité inspiroient aux filles Juives ; l’un de leurs crimes est leur fureur pour les odeurs, elles étoient pleines de cassolettes olfactoriis .