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137. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Il leur déroba la plus grande partie de leurs Spectateurs ; &, ce qui leur fut bien plus sensible, presque tout le profit qu’ils en retiraient. […] Il fallait alors à notre Opéra des Spectateurs & des Lecteurs. […] Les couplet qu’on devait chanter étaient sur des airs connus, on en répandait des copies dans le Partèrre & dans les Loges ; l’Orchestre jouait l’air, des gens apostés exprès, confondus parmi les Spectateurs, commencaient à chanter, le Public les accompagnait en chorus.

138. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Quand on pense que les comédiens passent leur vie toute entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant les spectateurs, l’image de quelque vice, et qu’ils sont obligés d’exciter en eux des passions vicieuses, on ne peut s’empêcher de reconnaître que la comédie est par sa nature même une école et un exercice du vice, et qu’il est impossible d’allier ce métier avec la pureté de la religion ; que c’est un métier profane et indigne d’un chrétien. […] Enfin, leurs théâtres n’étaient point élevés par l’intérêt et par l’avarice ; les spectateurs n’y étaient pas mis à contribution. […] « Mais le comédien sur la scène, étalant d’autres sentiments que les siens, ne disant que ce qu’on lui fait dire, représentant souvent un titre chimérique, s’anéantit, pour ainsi dire, s’annule avec son héros ; et dans cet oubli de l’homme, s’il en reste encore quelque chose, c’est pour être le jouet des spectateurs.

139. (1675) Traité de la comédie « XVI.  »

Car la fin qu'ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne leur sauraient plaire qu'en mettant dans la bouche de leurs Acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, ou à qui ils parlent.

140. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

C’est que, dans cette entreprise, un Ecrivain se trouve d’abord arrêté par des obstacles qui mortifient son amour-propre ; car, d’un côté, des personnes pieuses regardent comme un crime, la seule proposition de faire absoudre les Comédiens par l’Eglise ; & de l’autre, les trois quarts des Spectateurs traitent de ridicule, le soin que l’on prend de justifier leur plaisir : de façon que cette défense est, aux yeux des Dévots, un attentat ; & aux yeux des Gens du monde, un pédantisme. […] 1 Au fameux Théâtre d’Antioche, qui, dans sa vaste enceinte, comprenoit un Jardin & une partie de la Fontaine de Daphné, des Femmes qui faisoient les Rolles de Nayades, pendant la représentation de la Piéce, nageoient nues aux yeux des Spectateurs. […] Il y avoue à la vérité, que par la faute des Acteurs, des Auteurs, & des Spectateurs, le Théâtre n’est pas irreprochable ; mais il conclut, qu’il pourroit être propre à former les mœurs, & c’est, sans doute, la décision la plus favorable qui fût permise à un homme de son état. […] Dans le nombre des Spectateurs, tout est dangereux pour un cœur qui n’est pas formé ; la promenade, les assemblées, les Temples mêmes. […] On se flatte d’avoir exposé un si grand nombre de raisons, que l’on espere qu’elles produiront des effets utiles ; & une remarque digne d’attention, c’est que les Personnes les plus pieuses & les plus éclairées, s’écartent de leur objet, sans y penser ; car un moyen certain de rendre les Acteurs, les Auteurs & les Spectateurs plus sages, est de lever l’Excommunication prononcée contre les Comédiens.

141. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Lorsque la Tragédie, dit Aristote, après beaucoup de changemens eut enfin reçu ce qui lui appartenoit, elle se reposa : ἐπαυσατο : ce qui ne signifie pas qu’elle fut parfaite ; Aristote ne prétend pas le dire de celle même de son tems, puisqu’il ajoute, or d’examiner si elle est aujourd’hui telle qu’elle doit être, soit par rapport à elle, soit par rapport aux Spectateurs, αλλος λογος, ce n’est pas de quoi il s’agit ici. […] Le premier Poëte qui fit jouer une Piéce Satyrique, se nommoit Pratinas, & ce fut à la Représentation d’une Piéce de ce Pratinas que les échaffauts, chargés de Spectateurs, se rompirent ; ce qui engagea la Ville à faire construire un Théâtre solide. […] Les divers mouvemens du Chœur à droit ou à gauche, ou vis-à-vis les Spectateurs, qui donnerent lieu à ces termes, strophe, antistrophe, épode, étoient faits, suivant les uns, pour imiter les mouvemens des Planetes ; & suivant d’autres avoient été établis par Thésée à son retour de Crete, en mémoire du labyrinthe. […] Pour étonner les spectateurs par un appareil terrible, il voulut faire paroître souvent des Furies, des Ombres, des Tombeaux, &c. […] Eschyle fut appellé le pere de la Tragédie, parce qu’il la tira de son état rude & grossier, comme dit Quintilien, rudem ac impolitam Tragædiam aliquantulum illustravit, & il mérita surtout ce titre, pour avoir compris le premier, qu’il falloit écarter des yeux des Spectateurs la vue des meurtres : c’est ce qu’on lit dans Philostrate.

142. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Un Spectateur éclairé ne s’en écarte pas. […] Tous les Spectateurs ne sont pas attirés par le seul objet de la Piece. […] La disposition des Spectateurs y contribue. […] Qu’en pense le même Spectateur après la représentation ? […] « Quels autres Spectateurs ?

143. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVI.  »

Le but même de la Comédie engage les Poètes à ne représenter que des passions vicieuses : car la fin qu' ils se proposent est de plaire aux spectateurs, et ils ne le sauraient faire qu'en mettant dans la bouche de leurs acteurs des paroles et des sentiments conformes à ceux des personnes qu'ils font parler, et à ceux des personnes devant qui ils parlent.

144. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Les différens mouvemens de l’ame y sont exprimés : les ressorts secrets que le vice & la vertu font jouer successivement, y sont exposés au grand jour : le spectateur juge. […] Il excite l’attention du spectateur & non son estime : c’est contre de pareils scélérats que l’indignation de la vertu se souleve pour les écraser. […] Tout Auteur dramatique n’est-il pas obligé d’établir les caracteres qu’il fait agir, non-seulement pour soulager l’attention des spectateurs, mais même pour les guider dans leurs jugemens ? […] Cet exemple terrible ne suffiroit-il pas pour détruire l’impression momentanée, qu’auroit pû produire sur quelques spectateurs, cette fausse grandeur dont il fait une vaine parade, tandis que le fruit qu’on peut recueillir du châtiment affreux d’un monstre accablé & couvert d’ignominie, subsisteroit dans toute sa force ? […] Leur avidité paroît d’autant plus ridicule aux spectateurs, que leurs prétentions sont le moins fondées.

145. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Quelle morale, que celle qui présente si souvent aux yeux des spectateurs des monstres impunis et des crimes heureux ? […] Tout spectateur sensible, je l’avoue, sort de cette Tragédie le cœur affligé, partageant en quelque manière le sacrifice qui coûte si cher à Titus, et le désespoir de Bérénice abandonnée. Mais quand ce spectateur regarde au fond de son âme, et approfondit le sentiment triste qui l’occupe, qu’y aperçoit-il, Monsieur ? […] Quoique le Misanthrope divertisse les spectateurs, il n’est pas pour cela ridicule à leurs yeux : il n’est personne au contraire qui ne l’estime, qui ne soit porté même à l’aimer et à le plaindre. […] Rien n’est, ce me semble, mieux ménagé et gradué plus adroitement que cette scène ; et je dois rendre cette justice à nos spectateurs modernes, qu’il en est peu qu’ils écoutent avec plus de plaisir.

146. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Il résulte de tout ceci qu’Opéra-Bouffon veut dire un Spectacle de choses communes, de pures frivolités ; une éspèce de Drame où l’esprit ne se montre guères, où l’oreille seule est enchantée par les sons de la Musique ; & enfin un lieu dans lequel s’assemblent en foule des Spectateurs plus avides de nouveautès passagères que du sublime & du vrai beau ; & plus curieux d’images basses & populaires que d’un Tableau noble & d’une vaste étendue. »** Quoique St Evremont n’en ait point voulu parler, il semble pourtant le définir assez, tel qu’il parait au prémier coup-d’œil, dans ce qu’il écrit au sujet de l’Opéra Sérieux. […] On fait donc bien de nous rendre chaque jour les témoins de leurs actions : il est vrai qu’ils feraient un éffet plus prompt, plus sensible, sur des Spectateurs de leur état.

147. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Ce furent les confrères de la Passion qui les premiers, en 1402, élevèrent un spectacle public où ils jouaient, les jours de fête, les Mystères de la Passion, auxquels ils mêlèrent plus tard les plus basses plaisanteries, pour égayer les spectateurs et réveiller leur curiosité. Ce n’était plus alors que des mélanges de farces à la fois pieuses et impures, dont les spectateurs, il est vrai, n’avaient pas l’esprit de voir tout le ridicule, mais qui ne devaient pas moins servir un jour de prétexte à la critique.

148. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Dans ce combat de plusieurs qui prétendent une même chose, les spectateurs prennent le parti qui revient plus à leur jugement, avec des transports qui leur font sentir toutes les douceurs, sans les amertumes des passions, parce qu’ils savent en effet, que ces objets ne sont que des feintes. […] Le peuple n’est plus là comme un spectateur, mais comme un criminel à qui l’on prépare ce poison, qui fait mourir toutes les vertus.

149. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

» La Suivante revient d’abord à l’incommodité de sa Maîtresse, par trois fois est interrompue de même, répond de même, et revient de même, ce qui est la manière du monde la plus heureuse et la plus naturelle de produire un caractère aussi outré que celui de ce bon Seigneur, qui paraît de cette sorte d’abord dans le plus haut degré de son entêtement : ce qui est nécessaire, afin que le changement qui se fera dans lui quand il sera désabusé (qui est proprement le sujet de la pièce) paraisse d’autant plus merveilleux au Spectateur. […] L’histoire du Saint homme, étant faite de cette sorte, et par une bouche très fidèle, puisqu’elle est passionnée, finit son caractère, et attire nécessairement toute la foi du Spectateur. […] Outre cela, tout le monde demeure d’accord, que ce dépit a cela de particulier et d’original par-dessus ceux qui ont paru jusqu’à présent sur le théâtre, qu’il naît et finit devant les Spectateurs, dans une même Scène, et tout cela aussi vraisemblablement, que faisaient tous ceux qu’on avait vus auparavant, où ces colères amoureuses naissent de quelque tromperie faite par un tiers, ou par le hasard, et la plupart du temps derrière le théâtre ; au lieu qu’ici elles naissent divinement à la vue des Spectateurs, de la délicatesse et de la force de la passion même ; ce qui mériterait de longs commentaires. […] Et par là finit l’Acte, qui laisse, comme on voit, dans toutes les règles de l’art, une curiosité et une impatience extrême de savoir ce qui arrivera de cette entrevue ; comme le premier avait laissé le Spectateur en suspens et en doute de la cause pourquoi le mariage de Valère et de Mariane était rompu, qui est expliqué d’abord à l’entrée du second, comme on a vu. […] Mais quand cela ne suffirait pas, la suite de la représentation met dans la dernière évidence ce que je dis : car le mauvais effet que la galanterie de Panulphe y produit, le fait paraître si fort et si clairement ridicule, que le Spectateur le moins intelligent en demeure pleinement convaincu.

150. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

Pons, à qui son pere a laissé un bien considérable, a eu la noble ambition de quitter le commerce, & de consacrer sa sortune à faire une très-belle fondation : non pas d’un Hôpital, d’un Collége d’une Eglise, d’une maison Réligieuse, mais d’un Théatre dans sa patrie, qu’il a élevé à grands frais, dans sa maison & dans la plus belle salle, petite à la vérité, mais assez grande pour la foule des spectateurs que Saint-Pons peut fournir ; il n’a pas pu avoir, il est vrai, une troupe de comédiens. […] M. le Coadjuteur donna ensuite un grand repas, tout cela est dans l’ordre ; mais voici le plus beau & le plus dévot de la cérémonie : à quatre heures tout le monde alla à la comédie, on la donna gratis au peuple ; on joua la Chasse d’Henri IV, & à l’endroit où l’un des acteurs boit à la santé de ce bon Roi, tous les spectateurs, d’une voix unanime, s’écrient, vive le Roi, buvons à sa santé. […] Toutes les gazettes ont annoncé l’incendie du théatre d’Amslerdam ; sur la fin de l’opéra un lampion mit le feu à un cordon qui pendoit le long de lacou’isse, le feu prit à la coulisse même, & delà à tout le théatre ; dans un instant le plafond & le toit furent embrasés, les lustres de eristal tomberent sur les spectateurs qui étoient en très-grand nombre. […] Une piéce dramatique demandée par une Dame, qui pouvoit s’occuper plus utilement ; accordée galamment par la troupe des comédiens, & brutalement réfusée par le parterre, a cruellement ensanglanté la scéne des sifflets & des bayonnetes, des pistolets, des fusils ; des acteurs & des grenadiers ; des instruments de musique, & des danses brillantes, des décharges à bâle sur les spectateurs, plus de trente morts sur la place, un plus grand nombre de blessés, la plupart morts de leurs blessure.

151. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Les hommes vous insultent, les Anges vous louent ; il en est même parmi les Anges spectateurs de bons & de mauvais, les uns applaudissent à la bonne vie qui irrite les autres, de même que parmi les hommes il est des méchans qui se moquent de la vertu, & des gens de bien qui s’en édifient. […] Spectateurs des couronnes qui nous attendent, nous avons dans Dieu & ses Anges des spectateurs favorables des combats qui nous les méritent. […] quand vous vous mêlez aux spectateurs ou au peuple fidèle, dans quel des deux se répand l’onction de la grace ?

152. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — IV. La Comédie considérée en elle-mesme. » p. 8

Pour mettre quelque ordre dans ces preuves, considérons la Comédie en elle-même, dans ses Acteurs & dans ses Spectateurs, & on verra clairement que de quelque côté qu’on l’envisage, elle n’est propre qu’à produire ces pernicieux effets.

153. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IV.  » p. 458

Or en excitant par les Comédies cette passion, on n'imprime pas en même temps l'amour de ce qui la règle: les spectateurs ne reçoivent l'impression que de la passion, et peu ou point de la règle de la passion: l'auteur l'arrête où il veut dans ses personnages par un trait de plume ; mais il ne l'arrête pas de même dans ceux en qui il l'excite.

154. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE I. Que les Spectacles sont des plaisirs défendus. Preuves de cette défense tirées de l'Ecriture sainte, des Pères de l'Eglise, des Conciles, des Rituels, et des Lois civiles. » pp. 43-53

Parce qu'on n'y représente que les objets de la concupiscence, et que tout ce qu'on y entend, tout ce qu'on y voit, tend à détruire l'amour de Dieu, et à faire naître l'amour du monde dans le cœur des Spectateurs. […] Ainsi ceux qui montent sur le Théâtre, sont moins coupables, au sentiment de saint Chrysostome, que ceux qui leur applaudissent, et les approuvent : « Otez les Spectateurs, et vous ôterez les Acteurs. » In Epist[ola]. ad Eph[ésii]. hom[ilie]. 17.

155. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE III. Qu'une Mère est très coupable de mener sa fille aux Spectacles. Que c'est une erreur de croire que la Comédie soit destinée à corriger les mauvaises mœurs. Que rien au contraire n'est plus propre à les corrompre. » pp. 65-75

que ce Comédien est un des plus dangereux ennemis que le siècle ait suscités à Jésus-Christ, et qu'on le doit d'autant plus craindre qu'il fait encore après sa mort dans le cœur de ses Lecteurs le même ravage qu'il faisait dans celui de ses Spectateurs. […] Mieux le Poète réussit à imprimer une image de grandeur, et de générosité aux passions de ses Heros, plus il s'insinue vivement dans le cœur de ses Spectateurs.

156. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

On n’en doutera pas si l’on considere qu’elles sont sifflées, et passent pour froides et pour ridicules, si elles ne touchent délicatement quelque passion, et si la representation qu’on en fait ne la rend en quelque sorte contagieuse, et ne l’inspire aux spectateurs. […] On fait ce qu’on peut pour faire que le spectateur, non seulement sente la passion que l’on represente, mais encore qu’il l’aime, qu’il l’approuve, qu’il l’admire mesme, en celui qui paroît en être agité.

157. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Un amour vertueux peut même quelquefois se mêler avec d’autres passions par elles-mêmes peu saillantes ; il en adoucit les caractères, il anime l’action, et pour tout dire en un mot, il attendrit le Spectateur. […] Les Spectateurs en étaient déjà émus : quelle surprise pour eux ?

158. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

« L’homme est né spectateur ; l’appareil de tout l’Univers, que le Créateur semble étaler pour être vu & admiré, nous le dit assez clairement. […] Un homme égorgé dans l’arène, accoutume le spectateur à voir le sang avec plaisir. […] Ils ont tous envisagé le Théâtre comme dangereux, non-seulement par ses Pièces, par la Musique, par les Danses, par le temps que les Spectacles consument, mais encore par le plaisir qu’ils procurent au Spectateur : c’est ainsi que par un excès de sévérité, ils n’ont fait que révolter l’homme raisonnable, qui sait bien qu’il peut se réjouir sans crime, que le plaisir est un don du Créateur, & qu’en prendre avec la modération convenable pour ne pas le détruire, c’est user du plus incontestable de ses droits. […] Ne peuvent-elles pas amollit nos Guerriers, séduire nos Magistrats, corrompre tous les Spectateurs ? […] Après cette Réformation, il se trouvera sans doute encore quelques Spectateurs qui abuseront d’un Exercice instructif, honnête, utile, comme l’on voit des gens, que des vues criminelles conduisent seules dans nos Temples : l’homme sensé les plaindra ; mais il ne desirera pas que pour eux, l’on prive la Nation du plus noble de ses amusemens.

159. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Il le peint sous un seul point de vue, & choisissant ce point de vue à sa volonté, il rend, selon qu’il lui convient, le même objet agréable ou difforme aux yeux des spectateurs. […] Hors d’état de rendre raison d’aucune des choses qui sont dans son tableau, il nous abuse doublement par ses imitations, soit en nous offrant une apparence vague & trompeuse, dont ni lui ni nous ne sçaurions distinguer l’erreur ; soit en employant des mesures fausses pour produire cette apparence, c’est-à-dire, en altérant toutes les véritables dimensions selon les loix de la perspective : de sorte que, si le sens du spectateur ne prend pas le change & se borne à voir le tableau tel qu’il est, il se trompera sur tous les rapports des choses qu’on lui présente, ou les trouvera tous faux. […] Tout au contraire Achille & Ulysse seront ses personnages ; Thersite & Dolon ses spectateurs. […] Aussi l’habile Poëte, le Poëte qui sçait l’art de réussir, cherchant à plaire au Peuple & aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caracteres toujours en contradiction, qui veulent & ne veulent pas, qui font retenir le Théâtre de cris & de gémissemens, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, & à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables. C’est par ce moyen, qu’avec des imitations plus faciles & plus diverses, le Poëte emeut & flatte davantage les spectateurs.

160. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Même l’on joua un bon quart d’heure la pluie tombant doucement, sans que pour cela ni les spectateurs, ni les acteurs fissent semblant de quitter leur place. […] Pour nous, qui n’avons bougé de Lyon depuis, nous sommes assurés du contraire, certains que de tous ceux qui étaient présents en l’action, soit acteur, soit spectateur, aucun n’est mort comme ayant été effrayé du foudre, ou du tonnerre. […] Mais en cette représentation des jésuites aucuns spectateurs riaient quelquefoiscg. […] [NDE] Echafaud : ouvrage de charpenterie élevé en forme d’amphithéâtre pour y placer des spectateurs et pour le jeu des acteurs (voir Furetière 1690). […] [NDE] Comprendre : que quelque spectateur riait quelquefois.

161. (1675) Traité de la comédie « V.  » p. 279

Les spectateurs ne reçoivent que l'impression de la passion, et peu ou point de la règle de la passion.

162. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

& si en conscience, on ne peut assister aux piéces de nos Théatres, lorsqu’elles sont gazées, pourra-t-on en être Spectateur innocent, quand elles ne seront pas corrigées ? […] Est-il quelqu’un des spectateurs, qui ne revienne avec un cœur moins chaste, de ces spectacles, où les expressions, les gestes, les tours, les intrigues, tout porte au faux amour ?  […] C’est qu’ils forment & augmentent l’assemblée des spectateurs, & que, s’il n’y en avoit pas un certain nombre le Théatre seroit bientôt abandonné. […] les désordres qui s’y passent, retombent sur vous, s’il n’y avoit point de spectateurs, il n’y auroit point des Comédiens & de spectacles. »Hom. de David & de Saül. […] Ce n’est donc pas une injustice de condamner les spectacles, de les décrier dans les lieux Saints, & de déclarer coupables, les Acteurs & les Spectateurs.

163. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

« Quand Arlequin sauvage t est si bien accueilli des spectateurs, pense-t-on que ce soit par le goût qu’ils prennent pour le sens et la simplicité de ce personnage, et qu’un seul d’entre eux voulût pour cela lui ressembler ? […] Les lois selon vous n’ont nul accès au Théâtre, et moi, je dis au contraire que sans le pouvoir des lois nous serions encore spectateurs de ces profanations où l’indécence et l’impureté s’unissaient aux matières les plus saintes et les plus sublimes. […] Le Public prend aujourd’hui tant de plaisir à l’y voir que ce serait lui faire une injure grossière que de lui remettre sous les yeux les absurdités saintes et les impudicités que des spectateurs imbéciles admiraient jadis de si bonne foi. […] Ne craignez point au reste qu’à l’exemple de Néron nos sages Magistrats fassent égorger ceux des spectateurs qui ne se plairont pas à des pièces trop sagesbe : cette apostrophe au plus affreux des Tyrans ne justifie ni votre opinion à l’égard de la faiblesse des lois contre les abus du spectacle ni le reproche que vous faites aux Acteurs de l’Opéra de Paris, de vous avoir voulu quelque mal. […] Paris, Garnier-Flammarion, 1967, p. 264 : « L'esprit est moins vivement frappé de ce que l’auteur confie à l’oreille, que de ce qu’il met sous les yeux, ces témoins irrécusables : le spectateur apprend tout sans intermédiaire. » q.

164. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Car les spectateurs veulent ressentir de la douleur, et cette douleur est leur joie ? […] Certes si les Chrétiens n'y allaient point, le nombre des spectateurs serait si petit, que la honte et la confusion qu'ils en auraient les feraient retirer. […] Les Comédiens ne s'étudient principalement qu'a pervertir le peuple, et non pas à le rendre meilleur ; car c'est la débauche de leurs spectateurs qui fait leur félicité ; de sorte que s'ils s'appliquaient à la vertu, le métier de Comédien serait aussitôt anéanti. […] L'Eglise est vide en peu de temps, et en moins de temps encore le lieu qui reçoit les Spectateurs au Théâtre est rempli.

165. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Il fait encore après sa mort le même ravage dans le cœur de ses acteurs, qu’il avait fait pendant sa vie dans celui de ses spectateurs. […] Il est vrai que l’Athée périt à la fin ; mais l’Auteur déclare dans sa préface que son but a été de réjouir les spectateurs, et non de leur inspirer l’horreur de l’impiété et du crime. » (Ce trait a été supprimé dans quelques éditions.) […] Ces mauvais raisonnements, ces imprécations, ces blasphèmes, ces sarcasmes sur les Ministres, ce mépris des choses saintes, quels coups mortels à la religion d’une foule de spectateurs, ou déjà impies, ou du moins libertins, et par conséquent très disposés à le devenir, ou ignorants et trop faibles pour résister aux prestiges d’un sophisme, aux secousses du doute, aux assauts de l’erreur ! C’est aussi tout ce qu’ils en rapportent, l’incrédulité : c’est tout ce que savent de la religion la plupart des acteurs et des spectateurs, des doutes, des objections, des railleries. […] Cela fit un si mauvais effet, que le Cardinal Richelieu ne le put jamais approuver. 2.° Qu’il prenne garde de n’y pas mêler des galanteries et d’y faire paraître des passions qui donnent de mauvaises idées aux spectateurs, et les portent à des pensées vicieuses.

166. (1704) Des Bals et Comedies « Des Bals et Comedies. » pp. 31-33

On ne sait que trop que ces lieux de spectacle sont les écoles du Démon, où il n'a pas moins de Sectateurs, que de spectateurs.

167. (1675) Traité de la comédie « XIV.  » pp. 294-295

Le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté, la pénitence ne sont pas des vertus dont la représentation puisse divertir des spectateurs ; et surtout on n'y entend jamais parler de l'humilité, ni de la souffrance des injures.

168. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Que si on en veut sauver plusieurs des plus accréditées, il est nécessaire, quoique dur, de leur faire subir des changements à la scène, à moins qu’on n’aime mieux (ceci va paraître nouveau et ridicule sans doute) suppléer à ces altérations pénibles, en faisant tomber le choix sur les spectateurs, oui, sur les spectateurs : en n’admettant à la représentation de ces comédies que la classe d’individus à la correction desquels elles sont destinées, lorsque les exemples et leçons qu’on y donne peuvent nuire à ceux qu’elles ne concernent pas actuellement plus qu’ils ne doivent en profiter pour l’avenir. […] Le bon sens ne demande rien plus impérieusement que d’accommoder ainsi les scènes aux spectateurs, ou les spectateurs aux scènes3. […] Je suppose que Molière, avec son terrible comique, au lieu d’attaquer confusément tous les tartuses, en eût appréhendé ouvertement un seul dont la fourberie lui était le mieux prouvée ; il aurait jeté l’alarme parmi les imposteurs exclusivement, parce que la faute se présentant personnelle, comme l’attaque à l’esprit des spectateurs, la flétrissure se serait arrêtée à la personne, et la terreur aux hypocrites. […] Les lois romaines punissaient un voisin qui ne garantissait pas le serf outrageusement traité par son maître ; les Egyptiens déclaraient coupables de mort un passant qui ne donnait point de secours à un autre, même inconnu, qui était assailli par des brigands ; et les plus honorés des Français seraient toujours si tranquilles spectateurs de l’oppression, de la ruine et des larmes de leurs malheureux con-citoyens, lorsqu’ils ont en leur pouvoir des moyens de les protéger et de leur épargner de si grands maux !

169. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VII. Histoire des Cas de Conscience. » pp. 159-189

Galanterie, haine, farces, mariages préparés par la passion, terminés par la fourberie, ruses pour tromper les parents & les maris, acteurs, actrices de mauvaise vie, spectateurs libertins, femmes dans un état indécent qui représentent des passions étrangéres, expriment & satisfont leur propre passion. […] Un si méprisable théatre, & de si méprisables spectateurs ne méritoient pas d’occuper les Théologiens, & de faire prononcer des décisions ; qui se seroit mis en frais pour former des doutes sérieux sur de pareilles miseres ? […] Ils se retranchent sur la droiture d’intention, la pureté du cœur, l’insensibilité stoïque des acteurs & des spectateurs, qui n’y sentent aucune passion, & n’y trouvent qu’un amusement innocent. […] Sur mille spectateurs, en est-il un qui n’ait quelque reproche à se faire ? […] Les ombres légères, les nuances insensibles, les dégradations de la lumiere qui relevent & font sortir les objets dans les tableaux, font connoître & font passer dans les auditeurs & les spectateurs, la corruption du cœur, la dissolution de l’esprit, & les font encore mieux goûter par ces assaisonnemens séduisants.

170. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

La nudité des Sirenes peint l’immodestie des danseuses, les poursuites des unes après les voyageurs présentent la conduite, les facilités, les tentatives des autres auprès des spectateurs. […] Chrysostome tenoit ce langage à Antioche & à Constantinople, où l’on dansoit sur le théatre & au bal ces danses célèbres que Cahusac dit si parfaites, dont les attraits de la volupté faisoient la plus grande perfection & la plus agréable aux spectateurs. […] Elle plongeoit les spectateurs dans une espece de ravissement qui alloit jusqu’à l’extase (étoit-ce pour des objets célestes ?) […] On n’est pas surpris de trouver dans Lucien cette liste & ces images, c’étoit un Payen & un cinique ; mais peut-on voir des Chrétiens faire métier de représenter ces infamies, & des milliers de Chrétiens spectateurs s’en repaître journellement ? […] Les Acteurs se battoient, s’égorgeoient derriere le théatre, les spectateurs échauffes prenoient parti, & en venoient aux mains ; il y eut des Centurions, des Tribuns, des Préteurs tués ou blessés.

171. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Nous n'approuvons pas, il est vrai, ces sortes de pièces ; mais ce serait être injuste de ne pas convenir qu'elles sont très différentes du théâtre public, différentes dans les mœurs des Acteurs et des Actrices, dans le goût et les vues de l'Auteur, dans le choix des spectateurs, dans la séduction des passions, l'indécence des parures, la licence des discours, les décorations, les chants, les danses, le lieu, le temps. […] Cette distinction, sur laquelle porte le relâchement des Casuistes en cette matière, élude toute la loi et sauve tous les spectateurs et Acteurs. « Le théâtre est épuré, dit-on, il n'y a plus aujourd’hui de pièce licencieuse. […] Ignace, qui veut que tout soit en Latin, on jouait une pièce Française entremêlée de ballets de toute espèce, où les danseurs, les musiciens et les instruments de l'Opéra étalaient tout ce qu'ils avaient de talents, au milieu des Jésuites, spectateurs, présidents, Auteurs, par un assemblage qui n'est assurément pas dans l'institut, tout impie qu'on le dise ? […] Ils voulurent bien ne pas s'apercevoir que des Actrices si saintes, dans un sujet si saint, cherchaient à plaire, s'applaudissaient de leurs succès et de leurs conquêtes, et allumaient dans les cœurs les feux les plus vifs, que des spectateurs, plus attentifs aux grâces qu'à la pièce, y formèrent des passions qu'il fallut terminer par des mariages. […] Les applaudissements que les spectateurs donnent à la beauté et aux talents de ces jeunes personnes, leur inspirent de l'orgueil.

172. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Naumachies. » pp. 100-111

Ce genre de Spectacle parut ou si nouveau ou si pompeux, qu’il y courut des Spectateurs de tous les endroits de la terre : & d’afluence des curieux fut si grande, qu’une bonne partie fut contrainte de s’arrester sur le chemin & de loger comme ils pûrent, les Hostelleries & les autres lieux publics estant remplis & ne pouvant leur donner de retraite. […] Vne pluye extraordinaire estant survenuë, non seulement il ne voulut point permetre aux combatans de cesser & de differer pour un moment : mais il empescha mesme le Peuple de sortir, les forçant à demeurer exposez au temps, & se faisant un nouveau plaisir de l’incommodité des Spectateurs.

173. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Cette nouvelle forme, qu’il s’agirait de donner au Théâtre-Ephébique, exigerait à la vérité plus de dépenses & une Troupe nombreuse : néanmoins des raisons assez fortes, & que je dirai plus bas, empêchent qu’on ne permette au Néomime d’aggrandir sa Salle : le même motif me porte à croire qu’il serait à propos que l’Ambigu-comique ne pût avoir ni Machines, ni un Orquestre complet : on le priverait de tout ce qui ne serait pas essenciel pour former la Jeunesse : j’opinerais même encore à ce que son Orquestre fût composé, comme son Théâtre, de jeunes Sujets, distingués par des talens déja supérieurs, qui de-là passeraient aux autres Spectacles, afin que tout le nouveau Théâtre devînt un Ecole, dont le Public serait le Professeur : ainsi lorsque la Représentation serait achevée, les jeunes Acteurs rangés dans la Salle de Répétition, seraient obligés d’écouter durant une demi-heure, les avis que les Spectateurs éclairés jugeraient à propos d’aller leur donner, & de recevoir également bien le blâme & la louange : & pour fournir au surcroît de dépense, les Places seraient à 3 l ; I. 1.16 f ; I 1.4 f ; & 12 f. Mais, diront les Grands-Comédiens, le Néomime diminnera le nombre de nos Spectateurs & notre Recette.

174. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

Macrobe raconte, que Pylade se fâcha un jour qu’il jouait le Rôle d’Hercule furieux, de ce que les Spectateurs trouvaient à redire à son geste trop outré, suivant leurs sentimens, & qu’il leur cria, après avoir ôté son masque, « Foux, que vous êtes, je représente un plus grand fou que vous. » Après la mort d’Auguste, l’art des Pantomimes reçut de nouvelles perfections* : sous l’Empereur Néron, il y en eut un qui dansa, sans Musique instrumentale ni vocale, les Amours de Mars & de Vénus. […] Ces sortes de Comédiens fesaient une impression prodigieuse sur les Spectateurs.

175. (1607) Recit touchant la comédie pp. 2-8

Leur idole ou nouveau dieu quitte vitement son échafaud, suivi de sa cambradet, étonné, comme fut tout le reste des joueurs et des spectateurs, non seulement de la pluie du tout extraordinaire, mais aussi des vrais tonnerres d’en haut et de la foudre qui tomba sur une maison proche de celle des jésuites, où elle fit du ravage, dont plusieurs des joueurs fort effrayés depuis sont morts : et tient-on compte de neuf ou dix des principaux, au moinsu. […] [NDE] Echafaud: ouvrage de charpenterie élevé en forme d’amphithéâtre pour y placer des spectateurs et pour le jeu des acteurs (voir Furetière 1690).

176. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

Ils récitaient et représentaient des pièces de théâtre, la plupart tragiques et imaginaires, dans lesquelles ils peignaient de grandes actions ; ils en composaient des tableaux frappants, capables d’émouvoir leurs spectateurs. […] C’est alors qu’à l’exemple des païens les prêtres employaient les mêmes ressorts pour émouvoir puissamment leurs spectateurs, à l’exception cependant qu’ils puisaient le sujet de leurs compositions dans les vérités de la révélation.

177. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

a beau rester Romain, il est seul de son parti, tous les Spectateurs ont épousé Bérénice. […]  » « Il était tard, les femmes étaient couchées, toutes se relevèrent : bientôt les fenêtres furent pleines de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maîtresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin, les enfants même éveillés par le bruit accoururent demi-vêtus entre les pères et mères : la danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses : il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que dans l’allégresse universelle on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher.

178. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

En effet, quelque air de sagesse et de modestie que l’on puisse donner à cette passion, elle aura toujours trop d’empire sur le cœur des hommes, pour ne pas faire une impression dangereuse sur les Spectateurs. […] Mon véritable sentiment serait donc que l’on imitât, en cela, les Anciens qui ont diversifié la Comédie, en l’accommodant au temps, aux mœurs et au goût des Spectateurs.

179. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

Cependant les beautés de cet ouvrage et le fruit que les Spectateurs peuvent retirer du caractère de l’Avare, m’ont obligé à souhaiter qu’elle pût être corrigée. […] Du Fresny , Cette Comédie me paraît excellente ; le Poète entreprend de corriger un défaut qui, selon le titre de sa Pièce, paraît particulier à une Province, et par cette raison on pourrait s’imaginer que l’instruction ne serait pas générale pour des Spectateurs de tout pays ; cependant si l’on y prend bien garde on s’appercevra que ce défaut n’est que trop commun, et que malheureusement en tout pays on trouve des parents et des frères qui ne vivent pas en bonne intelligence et même qui se détestent mutuellement.

180. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR. » pp. 3-6

Faire une guerre ouverte aux vices qui désolent la société, inspirer aux spectateurs des sentimens de vertu, leur faire respecter le Souverain & aimer leur patrie, voilà son but.

181. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CONCLUSION » pp. 113-114

Il faut conclure nécessairement de tous les principes si solidement prouvés dans tous les Ouvrages dont j’ai fait l’Abrégé dans celui-ci, que les Comédies seront toujours défendues tant que les hommes et les femmes s’entretiendront d’amour et des autres passions sur le Théâtre, et que les Chrétiens n’y pourront aller sans péché, à cause du danger qu’il y a d’exciter ou de réveiller leurs passions, à cause du mauvais exemple, à cause qu’ils contribuent à l’excommunication des Comédiens qui exposent leur salut pour divertir leurs Spectateurs.

182. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIV.  » p. 469

Le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté, la pénitence ne sont pas des vertus dont la représentation puisse divertir des spectateurs, et surtout on n'y entend jamais parler de l'humilité ni de la souffrance des injures.

183. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Les mets donc que l’on offre aux Spectateurs doivent être préparés désormais conformément au goût qu’on leur a donné : puisqu’on les a rendus sceptiques, il faut les régaler comme sceptiques. […] D'Urfey à l’Etat Ecclésiastique, et je passe à son manquement de respect et d’honnêteté pour les Spectateurs. […] après bien des discours obscènes, Berinthie est conduite dans un lieu que tous les Spectateurs savent être un infâme rendez-vous. […] Je conçois que le Poète n’était pas d’humeur à supprimer ces pensées-là : les Spectateurs eussent trop perdu à la suppression. […] Car ce qui ne fait point d’impression ne fait point non plus de plaisir : et alors il y a du ridicule à se donner de la peine d’aller à un spectacle précisément pour y être spectateur.

184. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Mais ces fripons eux-mêmes ont-ils jamais l’estime des spectateurs ? […] Est-ce dans l’opinion des spectateurs ? […] Les spectateurs, à son avis, adhèrent-ils dans ce moment aux mœurs de Cléopâtre ou d’Atrée ? […] Rousseau, de la mémoire des spectateurs. […] L’actrice qui joue Emilie ou Colette, est elle plus vendue à l’or des spectateurs, que ne l’étaient Corneille et M.

185. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IV. Des Feux de-Ioye. » pp. 184-185

Si cela paroît difficile, il ne laisse pas d’estre possible & raisonnable : Et s’il en couste un peu plus de meditation aux Ingenieux, ils y gagneront plus de gloire ; & les Spectateurs y auront plus de plaisir.

186. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [L] » p. 425

C’est au Spectateur à se déplacer, non au Spectacle ; & c’est la réflexion que tous les Acteurs devraient faire, toutes les fois qu’ils vont jouer ; on ne verrait point César en perruque quarrée, ni Ulysse sortir tout poudré du milieu des flots.

187. (1823) Instruction sur les spectacles « Introduction. » pp. -

Il faut considérer quelle est leur origine, quelles sont les mœurs ordinaires des acteurs et des actrices, quelle est la matière et le but de leurs représentations ; quels effets ces représentations produisent dans les acteurs et dans les spectateurs ; quelles impressions elles leur laissent.

188. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

L’intérêt des bonnes mœurs n’a pas dicté cette loi, ni même une bonne politique : des pieces regulieres & décentes auroient embarrassé les acteurs, ennuyé les spectateurs, introduit les regles, parlé des vertus ; c’étoit précipiter la chûte. […] A la bonne heure, la contradiction entre les pieces de Théatre est commune : mais il est inexcusable de blesser par la Scène la plus infâme, les yeux & l’imagination du spectateur. […] Portrait ingénieux & vrai du caractere des spectateurs, dont les plus réguliers en apparence ne cherchent qu’à satisfaire leur passion, lors même qu’ils blament la licence. […] Nouveau portrait de a corruption des spectateurs, des plaisirs qu’ils y vont chercher & qu’ils y goûtent.

189. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

.), croit qu’il est permis aux Religieux de représenter des pièces de théâtre, prises de la vie des Saints ou de quelque sujet de morale, sans autres acteurs et spectateurs que les Religieux. […] Sulpice, qu’on a longtemps accusé de pousser l’éloignement du monde jusqu’à la misanthropie, la simplicité des habits jusqu’à la malpropreté, l’exactitude aux exercices de piété jusqu’à la minutie, et qui cependant dans les temps heureux de sa plus grande ferveur, au grand et au petit Séminaire, à la Communauté des philosophes, à celle de Lisieux, avait dans chacune de ses maisons de campagne des théâtres toujours dressés, qu’en termes d’argot on appelait le moulin, et où pendant tout le temps des vacances, sous les yeux de leurs graves Supérieurs, spectateurs, approbateurs, souvent instigateurs, les Séminaristes exerçaient, représentaient, composaient à loisir et in promptu les pièces les plus comiques, soit imprimées, soit de leur façon ? […] quel spectateur s’y conformera ? […] Ces comédies apostoliques réussirent parfaitement, on y prit tant de goût dans le pays, qu’il y venait des milliers de spectateurs.

190. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Un Confesseur d’une Paroisse de Paris, ayant trouvé un Pénitent qui coopérait directement à la Comédie, quoiqu’il ne fût ni Acteur, ni Poète, ni Spectateur, il lui voulut faire promettre de renoncer à cette coopération directe. […] S’il était permis de nommer toutes les personnes qui y ont été perverties, soit Acteurs, soit Spectateurs, le nombre en serait infini. […] Le prétexte du mariage est bien développé par la remarque solide ; que le remède des réflexions ou du Mariage vient trop tard, que déjà le faible du cœur est attaqué s’il n’est vaincu, et que l’union conjugale est trop grave et trop sérieuse pour passionner un Spectateur qui ne cherche que le plaisir ; que le Mariage n’est la fin des Comédies que par façon et pour la forme. […] L’approbation des Spectateurs du Théâtre, bien loin de justifier son sacrilège, fait connaître leur corruption, puisqu’ils ont approuvé dans cette Pièce ce qui y était faux, et ce qui était le plus capable de corrompre le cœur.

191. (1823) Instruction sur les spectacles « Table des chapitres. » pp. 187-188

Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. 76 Chap. 

192. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — I.  » pp. 455-456

Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice ; qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies: on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion: et ainsi il faut avouer que c'est un métier profane et indigne d'un Chrétien ; que ceux qui l'exercent sont obligés de le quitter comme tous les conciles le leur ordonnent ; et par conséquent qu'il n'est point permis aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l'autoriser par leur présence.

193. (1675) Traité de la comédie « II.  » pp. 275-276

Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice : qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs, l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies; on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion.

194. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Cependant il est certain, comme dit M. l’abbé Dubos, que plus les tours qu’un Voltigeur téméraire fait sur la corde sont périlleux, plus le commun des Spectateurs s’y rend attentif. […] Malgré le mérite de ce Pylade, & la faveur d’Auguste qu’il lui avait attirée, il fut banni d’Italie, pour avoir designé avec le doigt un Spectateur qui venait de le siffler.

195. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XV. Devoir des parens & des maîtres. » pp. 34-35

N’en est-il point parmi les Spectateurs qui n’aye pas éprouvé ces funestes effets du Théatre ?

196. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Le Théatre de Londres est couvert de poignards, de poissons, de morts, de tombeaux, & le palais brûlé des spectateurs britanniques mâche avidement les plus fortes épices, & en nourrit délicieusement sa férocité. […] Les défauts de Montagne n’ont pas échappé aux Anglois : le Spectateur, tom. […] Les militaires dispersés dans la salle, piqués de cette paix insultante, commencerent l’attaque, insulterent les spectateurs. […] Tel un spectateur de l’Opéra se croit dans un lieu enchanté. […] Les effets en sont très-souvent sensibles, par la langueur, l’ivresse, les larmes, les gestes d’un grand nombre de spectateurs, ravis, hors d’eux-mêmes.

197. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

 ; mais comme on blâmeroit le peintre qui peindroit les bourreaux aimables, élégans, richemens parés : on condamne aussi le poëte qui donne à des scélérats des qualités qui leur concilient la bienveillance du spectateur. […] La fiere Melpomene troublant le silence des tombeaux, évoque du sein de la poussiere, le héros qui y repose, & le fait venir sur la scéne divertir les vivans ; spectateurs tranquilles, nous sommes assis comme des immortels ; nous nous croyons généreux en donnant des larmes à leurs tragiques avantures, & déplorant leurs destinées, nous oublions la nôtre. […] Qu’attendre d’un comique payen qui veut plaire à des spectateurs payens si même débitées à des spectacles, non chrétiens, elles allarment si peu la vertu commode & trop indulgente ? […] Mais pour tous autres spectateurs, il n’y a ni terreur, ni pitié ; mais des horreurs. […] Ils étoient vainqueurs, & plusieurs des spectateurs avoient eu part à la victoire, & voilà précisément ce qui faisoit la fortune de ces Drames si imparfaits.

198. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Il en est des spectateurs & de l’Acteur, comme des personnages. […] La pensée, les desirs, les mouvemens de l’Acteur & du spectateur ne sont pas moins de péchés commis, parce qu’il voit un mariage qui même n’étant pas le sien ne sauroient légitimer ses fautes. […] Si le spectateur peut se livrer à tous les écarts licencieux de son imagination, parce que Valere se marie, pourquoi ce jeune-homme qui aime, ne pourra-t-il pas se tout permettre dans la vue de son futur mariage ? […] Le théatre renverse cette morale ; il excuse, il permet tout dans la vue du mariage, & il prétend légitimer dans le jeune-homme, dans l’Acteur, dans le spectateur, toutes sortes d’excès par cette frivole défaite ! […] A mesure que l’Acteur devient passionné, il joue mieux la passion & l’inspire, & le spectateur se montant à l’unisson, l’émotion harmonique de l’un à l’autre sans le spectacle seroit froide, ennuyeroit.

199. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

S’ils veulent peindre le sublime amour de la liberté, c’est dans les républiques anciennes, chez les Grecs et chez les Romains qu’ils doivent puiser leur sujet ; et s’ils veulent exposer toutes les injustices et les atrocités d’un gouvernement despotique, ils ne peuvent guère offrir au spectateur que des Musulmans. […] -Germain, de la Cité, demandent un spectacle, mais ces spectacles seroient sans spectateurs. […] Dans tous les lieux où il y a des acheteurs, il y a des marchands ; par-tout où il y aura des spectateurs, il y aura des théâtres. […] On se rappelle la résistance de l’assemblée de la commune ; la lutte du district des Carmes et de celui des Cordeliers ; les bruits répandus que l’on s’égorgeroit dans la salle ; les pistolets que plusieurs spectateurs avoient dans leur poche, et cependant jamais représentation n’a été plus tranquille. […] Les entrepreneurs des Bleuettes trouverent la solution de ce problème ; ils se soumirent aux mêmes entraves que les Beaujolois, et de plus ils mirent une gaze entre eux et les spectateurs.

200. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Aussi les divers caractères des spectateurs y reçoivent chacun une tache particuliere. […] C’est un second spectacle ; chaque loge est un théatre, chaque spectateur un acteur. […] Des spectateurs si respectables y paroîtroient-ils, si c’étoit un crime ? […] Pour les spectateurs de la ville & des provinces, qui, bien loin d’en imposer aux Acteurs, en sont le jouet & les duppes, toûjours faciles à se laisser entraîner au vice, que concluront-ils des exemples de la Cour, avec laquelle ils ne peuvent se mesurer ? […] Soigneux de ménager quand il faut que je fronde ; Car c’est en censurant qu’on plaît au spectateur, (un des grands vices du théatre, nécessité de la médisance) Sur l’homme en général tout mon fiel se débonde, Jamais contre quelqu’un ma muse n’a vomi Rien dont la décence ait gémi.

201. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

La voilà cette mâle & fiere Actrice, qui s’avance avec fermeté, qui déclame avec force, qui soutient sans sourciller, les plus longues, les plus vives scènes, quelquefois les plus galantes, & répond avec la plus galante légèreté en femme instruite & expérimentée, aux yeux d’une foule de spectateurs ; elle chante les airs les plus difficiles, elle exécute les plus hautes danses, seule & en compagnie ; qui voltige, qui cabriole, qui fait des entrechats comme la Camargo ? […] La Bruyere (Chap. des Femmes) fait ainsi le portrait des spectatrices de la comédie. « Roscius entre sur la scène de bonne grace. […] Elles commencent aux yeux du public une scène qu’elles achèvent dans leur maison avec ceux des spectateurs qui veulent en acheter le dénouement. […] tout languiroit, ce seroit un ennui mortel ; il n’y auroit plus ni pieces, ni Poëtes, ni Acteurs, ni spectateurs (la perte seroit légère). […] Leurs yeux se repaissent de luxe, de faste, de magnificence : quoi de plus pompeux que les décorations théates, les habits des Actrices, les ornemens des spectatrices dans les loges ?

202. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Les applaudissements qu’on leur donne font avaler plus agréablement le poison : « Blandientis autoritas auditu molliore pernicius obrepit. » On y représente les amours de Vénus, les débauches de Jupiter, c’est toujours quelque Divinité, comme si on voulait faire du crime un acte de religion : « Fiunt miseris religiosa delicta. » Quel est le spectateur qui peut y conserver son innocence et sa pureté ? […] non seulement il blâme en général le théâtre, mais il condamne en détail chacun des ressorts que les passions font jouer dans cette machine funeste, la danse, les chants efféminés, les masques, les parures excessives, les nudités des Actrices, l’appas, la facilité, les pièges offerts à la jeunesse et à tous les spectateurs. […] : « Scenicis hoc summum studium est, non ut meliores fiant, sed ut multi peccent. » Toute leur fortune ne porte que sur la dépravation des spectateurs ; si l’on s’appliquait à la vertu, leur théâtre serait désert, et leur art anéanti, « si meliores fiant, ars peritura sit ». […]  6.) qu’il est mal aisé d’expliquer combien sont dangereux les pièges que tend la volupté au théâtre : « Quam periculosos laqueos exhibeant mimicæ voluptates. » Si l’on pouvait fouiller dans le fond des cœurs, on verrait le spectateur pousser des soupirs à chaque son des instruments (combien plus vivement à chaque accent des Actrices !)  […] » On peut sans rougir nommer par leur nom les plus grands crimes, l’idée du crime en est le préservatif ; mais on ne peut détailler ces jeux dangereux, même pour les condamner ; l’idée même d’amusement en est l’amorce et le voile : « Honeste non possunt vel accusari. » On peut voir commettre la plupart des péchés, tuer, voler, blasphémer, sans devenir coupable ; on ne peut voir les jeux du théâtre sans tomber dans le désordre, le spectateur est complice de l’Acteur : « Unum est aspicientium et agentium scelus. » Selon la parole de l’Apôtre, on se rend coupable, non seulement en faisant le péché, mais encore s’unissant à ceux qui le font : « Etiam qui consentiunt facientibus. » Ceux qui étaient allés chastes à la comédie, en reviennent adultères ; ils s’en étaient déjà rendus, en y allant ; chercher le vice, c’est s’en servir : « Qui ad immunda properat, jam immundus est. » Pensons-nous que Dieu ne voit pas nos désordres, ou nous flattons-nous qu’il jettera sur nous un regard favorable, quand il nous voit dans un lieu qu’il déteste ?

203. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Si vous ne les avez jamais ni lues, ni vues, comment pouvez-vous assûrer qu’elles n’offroient aux spectateurs qu’Idolatrie ? […] Direz-vous après cela, Madame, que les Théatres anciens n’offroient à leurs spectateurs qu’Idolatrie & impudicités ? […] N’est-ce rien aux spectateurs de payer le luxe des Comédiennes, ces malheureuses Chrétiennes, d’entretenir leur corruption… D’aller apprendre d’elles, tout ce qu’il ne faudroit pas savoir ? […] Monsieur, lui dis-je, vous êtes sincere ; examinez les raisons, qui condamnent ceux qui vont aux spectacles ; elles sont également pour tous, & il est palpable, qu’elles ont la même force contre tous les spectateurs. […] Illicites & criminels, parce qu’on y loue le crime, & qu’on y met sous les yeux des spectateurs, l’intrigue la plus licencieuse, & la passion la plus criminelle.

204. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

amants qui se brouillent pour un malentendu, afin de se procurer, ainsi qu’aux Spectateurs, le plaisir du raccommodement. […] Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il souffre, il hait, et lui-même est Acteur. […] Les spectateurs ne reçoivent que l’impression de la passion, et peu ou point de la règle de la passion. […] On est persuadé qu’il n’y en met que pour céder à la nécessité, et pour servir les spectateurs, suivant le goût où les Poètes ses prédécesseurs l’ont accoutumé. […] Mais cependant on voit bien des gens raisonnables qui s’y amusent ; les écoliers ne sont pas les seuls spectateurs.

205. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-3

Les yeux du spectateur incertain voltigent des coulisses aux loges, des actrices aux Marquises, & ne savent à qui donner la préférence.

206. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VI. Des Courses de Bague, & des Testes. » pp. 188-190

J’ose toutefois dire qu’on y peut encore adjoûter quelque chose, qui ne contribueroit pas peu à faire paroistre l’adresse des Cavaliers, & à donner du divertissement aux Dames & aux Spectateurs, Par exemple, on y peut faire des embaras agreables dot on ne se puisse tirer que par adresse.

207. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Les écarts amoureux de tous nos jeunes gens, tous leurs sacrifices ruineux, ne sont ils pas des résultats de tout ce qu’ils ont vu sur le théatre, où le spectateur voit au grand jour ce qui ne s’opere que mystérieusement dans le monde ? […] Parmi les Spectateurs ne peut-il pas se trouver un de ces malheureux réduit au désespoir ? […] Quel cri contre les Spectateurs ! […] L’harmonie d’une musique voluptueuse acheve de porter l’ivresse dans les sens des Spectateurs.

208. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Je répondis que la Cour & la comédie étoient deux théatres qui ne m’avoient point pour spectateur : la Cour est une comédie véritable, & la comédie une Cour feinte ; en l’une & en l’autre ce n’est que masque & folie. […] Les pieces qu’on représente réveillent sans cesse à l’Actrice l’idée de son amant : comme elles roulent toutes sur l’amour, on en sent plus vivement l’impression ; on s’applique ce qu’on chante, on déclame, on substitue l’amant à l’Acteur ; on se voit en lui, on lui parle ; on entre dans le sentiment du rôle qu’on joue, on le réalise en soi-même, on en réussit mieux, & on le fait mieux passer dans l’ame des spectateurs. […] La Confrairie des Pénitens blancs de cette ville, érigée sous l’invocation du Saint Esprit, a obtenu du Roi un droit pour l’établissement d’un opéra ; & pour former des Acteurs & Actrices, spectateurs & spectatrices, elle s’est chargée d’enseigner gratuitement la musique ; & pour marquer au Roi sa reconnoissance d’un bienfait si précieux pour des Pénitens, ils ont fait des processions, chanté des grand’messes, exposé le S.

209. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Ils furent employés sur le théatre dans les intermèdes, le prologue, après la piece, pour délasser les spectateurs, ce qui subsiste en Espagne & en Italie. […] Quel arrêt contre les Actrices, & la plupart des spectatrices, qui bien plus dangereuses qu’un portrait, se présentent dans l’état le plus indécent ! […] une aventure amoureuse, où l’intrigue, les obstacles, les moyens, le succès, le dénouement, les sentimens, les discours forment un vrai roman ; une galanterie continuelle, mise artificieusement en action, assaisonnée de chants efféminés, de danses lascives, d’attitudes indécentes, de décorations licencieuses, de passions les plus vives, de crimes applaudis, exécutée par des Actrices immodestes, libertines, dans la parure la plus rafinée, environnées dans les loges de spectatrices enivrées de plaisir, armées des artifices de la plus décidée coquetterie, & dans le parterre de l’irréligion & de la débauche, où la vertu la plus affermie se perd dans une forêt de pieges, où la séduction est au comble par le plaisir le plus exquis & la pompe la plus éblouissante. […] L’air enjoué, le ton d’insinuation, la vivacité de la passion, le goût des spectateurs, la licence des Acteurs, l’immodestie des Actrices, le fonds du sujet, les épisodes, les intermèdes, &c. tout en fait un poison mortel.

210. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Ignore-t-on, que dans un Pays tel que le nôtre, où elles sont réellement la moitié de la Nation, puisqu’elles y sont admises au gouvernement public & particulier des familles ; qu’elles y font l’ornement de la Cour ; l’embellissement des Villes ; que leurs atours & leurs charmes augmentent la pompe des plus augustes cérémonies ; ignore-t-on, dis-je, qu’on ne peut les exclure d’aucun divertissement, soit comme Actrices, soit comme Spectatrices, sans s’exposer à le voir bientôt deserter par les hommes ? […] Si la Pièce est sage, instructive, comme le Misanthrope, le Menteur &c. en elle-même, elle doit corriger, épurer les mœurs : Si l’Acteur, si l’Actrice ont un autre but que de seconder le but du Drame ; si l’envie de plaire, de séduire leur fait chercher à réveiller dans les sens une volupté dangereuse ; si leur conduite expose à la dérision les maximes que le Poète met dans leur bouche, c’est alors l’Histrionisme qui devient contraire aux mœurs ; c’est lui qui ne peut manquer de vicier & d’anéantir l’effet naturel qui devait suivre le Drame ; non que ce soit un inconvénient réel, que la plupart des Spectateurs se trouvent attirés aux représentations dramatiques par le plaisir que donne le jeu de tel Acteur ou de telle Actrice ; cet attrait non-seulement augmente leur nombre, mais contribue infiniment à leur faire goûter la morale & les leçons : cependant s’il est nécessaire que l’attente ne soit pas trompée, & qu’on trouve ce genre de plaisir à nos Théâtres, il est clair en même-temps qu’une Pièce est bien imparfaite, & loin du but où doit tendre la bonne Comédie, lorsque son Auteur, sacrifiant le principal à l’accessoire, n’a cherché qu’à donner le plaisir résultant de la Représentation : la Pièce est dangereuse, lorsqu’elle nous divertit par des scélératesses* dans le Drame ; elle est inadmissible, lorsqu’elle ne plaît que par la volupté qu’y réveillent à chaque mot les mines provoquantes de l’Actrice, ou le jeu libre & sémillant de l’Acteur. […] Je conviens encore que l’Auteur d’un Drame sachant que ce n’est pas dans sa Pièce seule qu’est la source du plaisir qu’on va chercher au Spectacle, il peut légitimement compter sur le jeu des Acteurs & les grâces des Actrices ; supposer que sa Pièce tirera son principal agrément & sa plus grande force, de la bouche qui doit la débiter : mais, par cette raison même, c’est à lui, s’il prétend au mérite solide d’être un Citoyen utile, estimable, à ne fournir au Comédien qu’un jeu décent ; à ne rien mettre dans la bouche des Actrices qui puisse par elles se changer en poison pour les Spectateurs. […] … Si donc, l’Actrice fait souvent éprouver au Spectateur demi-vertueux, des mouvemens dérèglés dans les Drames les plus sérieux tels que la Tragédie, les Comédies les plus instructives, comme le Tartufe, le Dissipateur, &c. que veut on qu’il ressente durant la Représentation des Pièces que je viens de citer ?

211. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

L’amour est présentement la passion qu’il y faut traiter le plus à fond ; et quelque belle que soit une pièce de Théâtre, si l’amour n’y est conduit d’une manière délicate, tendre et passionnée, elle n’aura d’autres succès que celui de dégoûter les Spectateurs, et de ruiner les Comédiens. […] Ce n’est donc plus que dans les livres de Poétique que l’instruction est la fin du Poème dramatique ; cela n’est plus véritable, ni dans l’intention du Poète, ni dans celle du Spectateur. […] Y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récréer en voyant jouer Cinna, sur toutes les choses tendres et passionnées qu’il dit à Emilie, et sur toutes celles qu’elle lui répond ; que sur la clémence d’Auguste à laquelle on pense peu, et dont aucun des spectateurs n’a jamais songé à faire l’éloge en sortant de la Comédie ? […] Cette estime pour Cornélie que le Poète a voulu donner en cet endroit aux Spectateurs, après l’avoir conçue lui-même, vient du fond de cette même corruption qui fait regarder dans le monde comme des enfants mal nés et sans mérite, ceux qui ne vengent pas la mort de leurs pères, ou de leurs parents, en sorte que le public attache souvent leur honneur à l’engagement de se battre contre les meurtriers de leurs proches ; qu’on les élève dans de si horribles dispositions, et qu’on mesure leur mérite à la correspondance qu’on trouve en eux, au sentiment qu’on prétend leur donner ; que ces sortes de représentations favorisent encore d’une manière pathétique, et qui s’insinue plus facilement que tout ce qu’on pourrait leur dire d’ailleurs.

212. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Il seroit très-dangereux de l’offrir, sur-tout aux jeunes Spectateurs. […] Riccoboni, devroit toujours être suivi de malheurs, comme il est précédé de traverses, si on ne le mettoit sur le Théâtre que pour l’instruction des Spectateurs, & pour la correction des mœurs.

213. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IV. Des Personnages. » pp. 239-251

C’est à quoi le Spectateur fait le plus d’attention. […] Il ne s’agit que de les peindre plaisament, que de prendre garde à dégouter le Spectateur par des détails trop bas ; il suffit de placer beaucoup de morceaux de Musique.

214. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

 » En vain lui diroit on que la réprésentation de ces passions trop amies de la corruption du cœur ne les excite qu’indirectement ; il prétend que le soutenir, c’est combattre les régles des grands maîtres. « Le premier principe, ajoûte-t-il ; sur lequel agissent les Poëtes tragiques & comiques, c’est qu’il faut intéresser le Spectateur ; & si l’Auteur ou l’Acteur d’une Tragédie ne sait pas l’émouvoir & le transporter de la passion qu’il veut exprimer, où tombe-t-il ?

215. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VIII. Les spectacles favorisent les duels. » pp. 93-95

Ces maximes font sur l’esprit des spectateurs de mauvaises impressions, sans même qu’ils s’en aperçoivent, affaiblissent l’horreur qu’ils ont pour ce crime, le leur font regarder comme une action héroïque, et les disposent à le commettre eux-mêmes lorsque l’occasion s’en présentera.

216. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Veut-on sur le nombre des spectateurs, des représentations ou des théâtres, en rabattre la moitié, c’est beaucoup, mais je ne suis pas difficile ; reste donc vingt millions de journées par an perdues pour la société, encore même ne compté-je pas les Acteurs, Danseurs, Musiciens, Domestiques, etc. […] Mais à quoi servent tant de comédies, d’opéras, de concerts, de Maîtres de danse, de musique, d’instruments, de peinture, etc. cette multitude étonnante de suppôts de théâtre, d’amateurs, de spectateurs oisifs, de compositeurs de farces, de parodies, de parades, de vaudevilles, que réclament les boutiques et les campagnes, et tout ce peuple de beaux esprits qui inonde la France ? […] Non sans doute, ils ne le sont pas tous ; mais assurément la totalité des Acteurs, et plus de la moitié des spectateurs et des compositeurs ne sont nés que pour un travail mécanique ; la scène les en arrache, les en dégoûte, et les rend inhabiles à tout.

217. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — article » pp. 419-420

On prit cet accident pour un effort de la passion, comme en effet il pouvait l’être, & jamais cette Scène admirable n’a fait sur les Spectateurs une plus violente impression.

218. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

C’étoient les diables & l’enfer des payens, dont la vue aidée des idées de la Réligion, les troubloient si fort, que les enfans prenoient la fuite, les femmes avortoient, les spectateurs hurloient, &c. […] L’ouverture de la scene est large de trente-six pieds, & haute de trente-deux, proportion qui rapproche le fonds du théâtre, & le met avec égalité sous les yeux du spectateur. […] On a pratiqué quatre rangs de loges ; ce qui peut contenir avec le parterre 2500 spectateurs ; elles sont en fer & en bois richement ornées très-solides, d’une forme agréable, & avec cet air de légèreté que l’on veut par-tout, elles ne sont point divisées par des potaux, comme des petites cases ; elles forment un seul balcon à chaque rang, ce qui est plus élégant. […] On y a ménagé encore des loges grillées pour les spectateurs qui ne veulent point être vus.

219. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Valère Maxime vous dira qu’on exposait sur le Théâtre des filles nues avec de jeunes garçons qui se permettaient aux yeux du peuple d’être les Acteurs d’un spectacle le plus contraire à la pudeur, et que Caton, averti que sa présence gênait le goût du peuple, quitta le Théâtre pour n’être point spectateur de cette licence impudique qui était dégénérée en coutumeb. […] Le relâchement de l’esprit qu’il appelle une vertu se fait, dit-il, par des paroles et des actions divertissantes ; « or qu’y a-t-il de plus particulier à la Comédie, dit un habile Apologiste du spectacle, que d’amuser par des paroles et des actions ingénieuses qui délassent l’esprit ; ce plaisir est le plus louable lorsqu’il est accompagné de la part des acteurs et des spectateurs de cette vertu qu’Aristote nomme Eutrapélie, vertu qui met un juste tempérament dans les plaisirs. » S. 

220. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

On avoit souvent infinué que la troupe se feroit un honneur infini d’imiter la Cour, & d’avoir pour spectateurs les arbitres du bon goût, les oracles de la nation, qui par leurs suffrages décisifs attireroient beaucoup de monde, & feroient la fortune des pieces recommandées. […] Mais ce n’est plus l’état de la question ; qu’on lise les paroles, que la mémoire les rappelle, ou qu’on les entende prononcer, ce n’est plus voir en sourd, qui ne sait rien des paroles, & dévine le langage sur les mouvemens, ce qui fait l’éloge de la justesse de la déclamation & de la sagacité du spectateur. […] Les spectateurs en font de même. […] Que de théatres, que de Comédiens, que de spectateurs, que de dupes ! […] L’acteur ne peint la passion que pour l’exciter dans le spectateur. 2.° Crime ; il n’est pas permis d’exciter les passions dans les autres.

221. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XX. Exemples de pratique. » pp. 48-50

Il en chasse les Spectateurs, en les avertissant, que ibid ce genre de Poësie voluptueuse est seul capable de corrompre les plus gens de bien ; parce que n’excitant que la colére ou l’amour, ou quelqu’autre passion, elle arrose de mauvaises herbes, qu’il falloit laisser entiérement dessécher .

222. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre X. Des entrées faites aux Rois & aux Reines. » pp. 205-208

Je me raporte aux Spectateurs, de l’estime qu’ils en peuvent faire.

223. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

Car afin que la voix des joueurs se pût dilater et épandre, et être ouïe clairement, il fut premièrement nécessaire, que l’Architecte ayant égard tant à la raison de la Musique, qu’à la dimension de Géométrie, il choisît un lieu propre, afin que de l’échafaud la voix pût distinctement et harmonieusement parvenir jusques aux oreilles des spectateurs.

224. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

La piece ne fut point jouée, Arléquin prit la fuite, fit semblant de courir aux armes, au grand regret des spectateurs, des acteurs, de l’auteur & de ceux qui furent tués ou blessés. […] Ce qu’on a trouvé en fouillant est un autel de Vénus, qu’on plaçoit au milieu du théatre avec sa statue, afin que les spectateurs eussent toujours devant les yeux l’objet le plus infâme, pour en repaître leur cœur dépravé. Ce qui même ne suffisoit pas pour satisfaire une passion insatiable, dont la jouissance même irrité la soif : les spectateurs, au milieu de la pièce s’écrioient en furieux, que les actrices soient dépouillées, nudentur mimæ  : ce qui ne coûtoit rien à ces âmes qui ne montoient sur la scène que pour exciter les passions.

225. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Ces paroles dissolues, ces chants lascifs, ce son de voix séduisant, ce visage fardé, ces attitudes voluptueuses, ces instrumens de musique, cette harmonie, cette mélodie qui énerve l’ame, & par un goût de volupté prépare & livre les spectateurs aux pièges des Actrices, ne les perd-il pas tous (on diroit qu’il y avoit opéra à Constantinople) ? […] Qui pourroit dire combien ces représentations font commettre de crimes, & inspirent aux spectateurs d’impudence & d’impureté ! […] Le vieillard rase sa pudeur avec ses cheveux, prêt à tout dire, à tout entendre, à tout faire ; des femmes sans voile & sans honte paroissent & par, lent hardiment sur la scène, elles semblent avoir fait une étude réfléchie de l’impudence, & répandent si bien le poison de l’impureté dans les y eux & les oreilles des spectateurs, qu’on diroit qu’elles ont conspiré d’attacher jusqu’aux racines de la modestie, de déshonorer la nature, & de rassasier leurs passions par la plus infame volupté.

226. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

L'art dramatique n'est que l'art de ramasser, de combiner, d'inventer, de lier des folies, et l'art de l'Acteur celui de les peindre, et le plaisir du spectateur de les voir, de les goûter, de s'en amuser, ou l'art d'embellir, de dire et de faire agréablement des extravagances. […]  » Nous avons comparé ailleurs une salle de spectacle à la grève, et les spectateurs au peuple qui va voir rouer un voleur. Je la compare ici aux petites maisons, et les spectateurs aux personnes qu'une misérable curiosité attire pour entendre les folies de ceux qui y sont renfermés.

227. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

Le Poête a beau vouloir transporter les Spectateurs dans le lieu de l’action, ce que les yeux voient, devient à chaque instant ce que l’imagination se peint.

228. (1823) Instruction sur les spectacles « Préface. » pp. -

Si, malgré ce petit ouvrage, que l’on peut regarder, ainsi que tous ceux qui l’ont précédé, comme une nouvelle promulgation de la loi qui les condamne, comme un nouvel anathème et une nouvelle malédiction lancée contre eux, les loges et le parterre continuent à regorger de spectateurs, toujours est-il vrai que les principes qui y sont développés engageront quelques personnes à abandonner la résolution qu’elles avaient formée d’y aller, feront prendre à quelques autres la résolution de ne jamais y aller, en en éloigneront d’autres encore qui avaient contracté l’habitude d’y aller.

229. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Enfin ce sont deux Pièces qui ne devraient jamais trouver d’Auditeurs ni de Spectateurs, parce que la morale en est détestable, et doit blesser toutes sortes de personnes.

230. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Les raisons de douter, sont que les spectateurs de la Comédie sont comme en possession de jouir d’un divertissement, qu’ils trouvent déjà établi. […] On trouve des Canons12 qui permettent à quelques personnes, dans la vue de quelque utilité et non de quelque plaisir, qui permettent, dis-je, de lire les Comédies et les Fables des Anciens ; mais on n’a jamais permis d’assister aux Comédies et d’en être spectateurs. […] Saint Antonin s’est expliqué par ce qu’il a écrit dans la troisième Partie, et par ces paroles qui suivent immédiatement celles qu’on vient de citer64 : « Et de regarder volontairement, dit-il, ces sortes de choses, c’est un péché mortel, tant parce que c’est prendre plaisir à des choses sales, que parce que le spectateur s’expose de plein gré au péril de la tentation ». […] Il faut que les passions qu’on y représente aient quelque chose de fort, de vif et de touchant, afin qu’elles puissent exciter dans l’âme l’effet que l’on prétend ; afin que les sujets que l’on choisit puissent plaire, ils doivent être conformes à la disposition de la plupart des spectateurs qui sont des personnes du monde qui en ont les maximes et l’esprit. […] On ne peut point appeler des ouvrages tout à fait honnêtes, dans lesquels on voit des intrigues d’amour, de vengeance, d’ambition ; que l’on commence, que l’on continue, que l’on achève avec beaucoup d’artifice, et d’adresse d’esprit, que l’on accompagne de belles paroles, que l’on représente avec des actions vives avec une prononciation agréable, ce qui imprime plus facilement, et plus fortement le mouvement de ces passions dans le cœur des spectateurs.

231. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Cette secte dangereuse, dit-il, a employé toutes les ressources, & pour étendre la corruption elle a empoisonné les sources publiques ; éloquence, poësie, histoire, romans, jusqu’aux dictionnaires, tout a été infecté, & nos Théatres eux-mêmes, ont renforcé les maximes pernicieuses dont le poison acqueroit un nouveau dégré d’autorité sur l’esprit national, par l’affluence des spectateurs & l’énergie de l’imitation. […] Si l’élégance, la finesse, la modestie apparente des expressions, la gaze brillante qui couvre le vice, sauve la honte, attire le spectateur, enfonce le trait, insinue le poison, le crime n’en devient que plus facile & plus piquant. […] Voltaire, en introduisant la philosophie sur la scène, l’a rendue plus instructive ; mais après avoir pleuré sur le Héros qui s’immole à son devoir, le spectateur trahit le sien le même jour. […] Mais ces extraits sont tronqués, & on a eu l’infidélité de supprimer ce qu’on a pensé de sa morale, pour ne pas alarmer le lecteur & le spectateur.

232. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Il faut au Peuple des amusemens qui lui soient proportionnés, des Spectacles matériels comme les Danses-de-corde, les Tours-de-force &c. tels qu’en donne l’Archi-Baladin de nos Foires : j’ai trouvé même que quelques-unes de ses Parades étaient au-dessus de la portée des Spectateurs ordinaires. […] En outre, chaque année, les Acteurs & les Actrices paraîtront sur le Théâtre, enchaînés ; & là, ils entendront, de la bouche de leur Supérieur, tous les reproches que l’on aura eu lieu de faire à chacun d’eux durant l’année ; il reprendra publiquement leurs vices, quels qu’ils soient ; il humiliera sur-tout, celles des Actrices à qui leur figure & leurs talens pourraient inspirer de la vanité, & dont on saura que les attraits auront fait quelque ravage parmi les Spectateurs. […] ne cause-t-elle pas la chute de mille Spectateurs, que ses attraits ont ennivrés ? […] Des Pièces tendres, jouées par des femmes honnêtes, pourront bien disposer l’âme à la tendresse, mais ne la porteront ordinairement pas au libertinage : ajoutez que des Pièces peu répétées captiveront toute l’attention du Spectateur.

233. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

En effet, supposé que les Pièces qu’on joue présentement ne soient pas à beaucoup près si infâmes, que l’étaient celles du temps passé ; supposé que les expressions en soient honnêtes ; que les Acteurs en soient sages, retenus et circonspects dans tous leurs gestes et leurs postures ; la manière de traiter les passions, et de tâcher de les allumer dans le cœur des Spectateurs, n’est-elle pas toujours la même ? les décorations de théâtre, les habits magnifiques des Comédiens ; les mélodies et les concerts des divers instruments ; le concours du grand monde ; enfin les parures si affectées des Dames ; cette pompe, et cet assemblage du beau monde, et toutes les autres choses qui s’y trouvent ne concourent-elles pas à faire sortir les Spectateurs d’eux-mêmes, à les séduire, et à leur faire croire que le monde a quelque chose d’aimable ; quoi qu’en comparaison des biens ineffables du Ciel, tout cela ne doive effectivement passer que pour des rêveries et des songes. […] Car il engage les spectateurs dans le danger de n’avoir jamais ni estime ni amour pour la véritable piété. […] C’est, dit-il, la débauche de leurs Spectateurs qui fait leur félicité et leur bonheur : car s’ils s’appliquaient à la vertu, le métier de Comédien serait aussitôt anéanti : c’est pourquoi ils n’ont jamais pensé à corriger les véritables dérèglements des hommes.

234. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

C'est quelquefois la faute des spectateurs, tristes, dégoûtés, malins, frivoles, sans consistance, embarrassés de leur existence, qui ne savent s'occuper de rien. […] Molière, ce comique si fécond, qui en avait moins besoin que personne, a-t-il pu s'empêcher de faire deux comédies, Tartuffeet le Festin de Pierre, pour réjouir le spectateur aux dépens de la religion, sous le beau prétexte de la défendre ? […] un Chrétien spectateur de comédie ! […] Les Païens jouaient la religion Chrétienne sur leur théâtre, pour la tourner en ridicule ; des Chrétiens acteurs et spectateurs la jouent encore davantage.

235. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Rousseau venoit de porter contre les Auteurs, les Acteurs & les Spectateurs Scéniques. […] « Deux Amans qui se brouillent par un malentendu, afin de se procurer, ainsi qu’aux Spectateurs, le plaisir du racommodement. […] Dans le troisieme chapitre, il examine la fin des Acteurs & celle des Spectateurs. […] La fin que se propose le spectateur est la volupté. […] L’harmonie d’une musique voluptueuse acheve de porter l’ivresse dans les sens des Spectateurs.

236. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

On trouve là autant d’esprits immondes qu’il y a d’acteurs ou de spectateurs. […] Le Préteur tarde trop à venir… chacun a les yeux continuellement attachés à l’urne : on dirait que les spectateurs s’y remuent avec les sorts…. […] Et quel profit peuvent espérer pour eux-mêmes des spectateurs qui ne sont pas à eux-mêmes ? […] Personne ne peut mieux exposer ce qui se passe à l'amphithéâtre, que ceux qui y sont encore spectateurs. […] Pensez-vous que Dieu puisse approuver ce cocher du cirque, qui trouble tant d’âmes, qui excite tant de mouvements furieux, qui tourmente tant de spectateurs ?

237. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Moliére est un des plus dangereux ennemis que le Siécle ou le monde3 ait suscité à l’Eglise de Jesus-Christ : & il est d’autant plus redoutable qu’il fait encore après sa mort le même ravage dans le cœur de ses Lecteurs, qu’il en avoit fait de son vivant dans celui de ses Spectateurs. […] Aussi peut-on dire qu’il se soucioit peu d’Aristote1 & des autres Maîtres, pourvû qu’il suivît le goût de ses Spectateurs qu’il reconnoissoit pour ses uniques Juges.

238. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

L’objet du Théatre d’Athenes, comme du nôtre, étoit de donner aux Spectateurs le plaisir de la terreur & de la pitié dramatiques : rien de plus. […] On s’accorde assez pour rapporter l’origine de l’établissement des Spectacles de Paris à l’année 1398, que des Bourgeois de cette Ville se réunirent pour donner les représentations des Mysteres de la Passion de Jesus-Christ, & pour vivre aux dépens de leurs spectateurs. […] Ces conditions étoient pour le commun des spectateurs ; mais pour les gens d’esprit, ils recherchoient soit une ressemblance parfaite de la Piece avec l’état actuel de la Grece entiere, soit d’heureuses allusions tantôt aux circonstances particulieres du temps où ils écrivoient, tantôt à eux-mêmes. […] Les Poëtes ne se proposoient premierement que de plaire aux Spectateurs en émouvant leurs passions favorites ; & comme il y avoit alors un esprit national qui s’occupoit passionnément des affaires publiques, ils employoient les ressorts qu’il falloit y adapter, & qui ne conviendroient pas à notre temps. […] Nos Drames ne pourroient tout au plus être comparés qu’avec ceux du plus mauvais âge de l’antiquité, c’est-à-dire avec ceux où, comme de notre temps on ne cherchoit qu’à flatter les sens des Spectateurs, qu’à amollir l’ame, & qu’à corrompre les mœurs.

239. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Racine soutint qu’un bon Poëte peut faire excuser les plus grands crimes, & inspirer de la compassion pour les criminels, qu’il ne falloit que de la fécondité & de la délicatesse d’esprit (& de l’impudence) pour diminuer tellement les crimes de Medée & de Phedre, qu’on les rendroit aimables aux spectateurs, au point d’inspirer de la pitié .

240. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVI. Efficace de la séduction des Spectacles. » pp. 36-39

Tous les désordres que causent parmi le peuple ces hommes corrompus, ces femmes prostituées & toute cette troupe diabolique qui monte sur le théatre, tous ces désordres, dis-je, retombent sur vous : car s’il n’y avoir point de spectateurs, il n’y auroit point de Spectacles ni de Comédie.

241. (1586) Quatre livres ou apparitions et visions des spectres, anges, et démons [extraits] « [Extrait 1 : Livre II, chap. 3] » pp. 104-105

Il me souvient avoir lu en quelques Homélies de Pierre Chrysologue Evêque de Ravenne, qui vivait y a onze ou douze cents ans, qu’ès Calendes ou premier jour de Janvier, les Païens du temps passé représentaient publiquement les dieux qu’ils adoraient, en la plus hideuse forme qu’il leur était possible, de sorte que les Spectateurs mêmes en avaient horreur.

242. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

C’est-là que le Spectateur, tantôt découvrant tous les ressorts que l’ambition fait mouvoir pour arriver à son but, est instruit à vaincre le plus souvent par le crime tous les obstacles qui s’opposent à ses desseins. […] N’est ce pas qu’il faut intéresser en tout le spectateur, l’attendrir insensiblement par une illusion bien ménagée ? […] n’est-ce pas plutôt l’impression des passions que le spectateur reçoit, que les régles de ces mêmes passions ? […] L’auteur d’une piéce de théâtre ne s’étudie qu’à intéresser en tout le spectateur & l’attendrir par une illusion bien ménagée. […] L’auteur est maître de suspendre ou de fixer les mouvemens de son Heros, mais il ne peut arrêter ceux qui se font dans les spectateurs.

243. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

D’abord, il me semble que le spectateur ne saurait faire un retour sur lui-même, et se réformer qu’autant qu’il supposerait que ce sont ses mœurs que le poète a voulu peindre. […] Un effet naturel de ces sortes de pièces est donc d’étendre l’empire du sexe, de rendre des femmes et de jeunes filles les précepteurs du public, et de leur donner sur les spectateurs le même pouvoir qu’elles ont sur leurs amants. […] Mais laissons ce que l’ouvrage a de bon ou de mauvais, sous le rapport de l’art théâtral, pour ne le considérer que sous celui de sa moralité, et de son influence sur les spectateurs : quel est l’exemple qu’il leur offre à imiter ? […] Faut-il donc s’étonner si tant de spectateurs restent froids et insensibles aux merveilles de l’art ? […] Les applaudissements ou les murmures des spectateurs n’intéressent que son amour propre, et ne peuvent regarder le public que sous le rapport du plus ou du moins de plaisir qu’il lui fait éprouver.

244. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Que sans s’arrêter à quelques petits incidens mis à dessein pour dépayser le spectateur, on analyse, on compare le plan, l’intrigue, le dénouement, les sentimens, les bons mots, on ne verra que les mêmes choses. […] Ces ordres font l’éloge du Prince qui les donne, & du Poëte qui les suit ; mais ils font la condamnation de ceux qui embrassant les sujets les plus scandaleux, font du spectacle une école du vice, pour plaire à des acteurs & à des spectateurs corrompus, dont ils devroient rougir d’obtenir les suffrages. […] A quelque nuance près de modestie superficielle, selon le carractère des Auteurs plus ou moins retenus, ou des spectateurs plus ou moins libertins, du sujet plus ou moins grave, la licence toujours sans bornes n’a écouté que la passion, n’a cherché que le plaisir, n’a joué que le vice, l’a toujours entretenu & l’entretiendra toujours dans le public. […] Sur quoi, sur un arrêt des Ministres du Tenple, Que fait votre César invisible aux humains, De quoi lui sert le sceptre oisif entre ses mains, Est-il comme nos Dieux, indifférent, tranquille, Des maux du monde entier spectateur inutile. […] Les Acteurs & les Actrices sont des corrupteurs, les amateurs des débauchés, les spectateurs des gens frivoles, bien-tôt libertins.

245. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

N os Auteurs n’ayant point en eux-mêmes assez de force pour conduire une action simple jusq’au cinquiéme Acte, la remplissent d’épisodes, & d’incidens mal liés au sujet, d’idées entortillées, de mouvemens inarticulés, qui n’offrent qu’un corps monstreux, dont les membres, sans jeu, sans proportion, ne peuvent que fatiguer le spectateur.

246. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XV. Des nouveautés & de leur nombre. » pp. 2-7

S i toutes les Piéces nouvelles étoient bonnes, il n’y a point de doute qu’elles satisfissent à la fois l’Acteur & le Spectateur.

247. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE V. Que la circonstance d'aller aux Spectacles un jour de Fête, et de jeûne est une circonstance aggravante. Que ceux qui les fréquentent ne sont pas disposés à approcher des Sacrements. » pp. 83-87

Les Eglises sont désertes un jour de spectacle : Et si un Chrétien y vient sans savoir qu'on en donne quelqu’un, dès qu'il en est averti par les acclamations des Spectateurs, ou par le son des instruments, il abandonne l'Eglise, et l'Autel, pour aller au Théâtre prostituer ses yeux à des objets impudiques. » « Nos Ecclesiis ludicra anteponimus, nos altaria spernimus, et Theatra honoramus.

248. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Quels dangers dans le jeu passionné et indécent des acteurs, et dans la licence ou l’immodestie souvent plus criminelle des spectateurs ! […] Ces malheureuses, que leur sexe avait consacrées à la modestie, s’étalent elles-mêmes en plein théâtre, avec tout l’attirail de la vanité : leurs regards sont mortels, et elles reçoivent, par les applaudissements, le poison qu’elles répandent par leurs chants… Mais n’est-ce donc rien aux spectateurs, de payer leur luxe, de nourrir leur corruption, de leur exposer leur cœur en proie, et d’aller apprendre d’elles tout ce qu’il ne faudrait jamais savoir ? […] Cet homme si expert et si distingué dans son art, dit encore « que les sentiments qui seraient les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du spectateur même le plus indifférent. » La voie la plus sûre, selon lui, pour faire tomber le goût de nos Spectacles, c’est d’élever les jeunes gens de manière qu’ils ne s’exposent jamais à y aller. […] Je ne sais là-dessus comment les auteurs s’y prennent ; mais je vois que les spectateurs sont toujours du parti de l’amant faible, et que souvent ils sont fâchés qu’il ne le soit pas davantage. […] J’entends dire qu’il attaque les vices ; mais je voudrais bien que l’on comparât ceux qu’il attaque, avec ceux qu’il favorise… Son intention étant de plaire à des esprits corrompus, ou sa morale porte au mal ; ou le faux bien qu’elle prêche est plus dangereux que le mal même, en ce qu’il fait préférer l’usage et les maximes du monde à l’exacte probité en ce qu’il fait consister la sagesse dans un certain milieu entre le vice et la vertu, en ce qu’au grand soulagement des spectateurs.

249. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Jusques-là c’est son rôle : voici celui du François, il court dans la scéne suivante se déclarer amant d’une fille qu’il n’a jamais vue, & qui n’est pas moins étonnée de sa déclaration, que doit l’être un spectateur raisonnable, qui ne desire pas de voir par tout la passion dont son cœur est rempli, Racine se fait lui-même le procès, dans la préface de cette même Phedre, il convient (quel aveu pour un François, pour un poëte, pour un poëte de théatre !) […] Les acteurs sont des Rois souverains, & les actrices des Divinités, qui dans leurs tripots, ou pour parler plus décemment dans leurs temples, ou dans leur cour, donnent des loix aux auteurs, aux spectateurs, aux amateurs, & de proche en proche, à la nation. […] Arnaud seroient très-analogues au caractère des spectateurs, & passeroient, d’une voix unanime, pour le tragique par excellence, le seul vrai tragique : le plaisir en tout genre est relatif au goût & au caractere ; musique gaie ou triste ; alimens doux ou amers ; odeurs bonnes ou mauvaises ; spectacles cruels ou humains ; lectures frivoles ou férieuses ; vie solitaire ou repandue ; société grave ou dissipée, &c. chacun a ses ennemis & ses partisans : on ne juge des choses que par la sensation : cette sensation de pend de la configuration des organes. […] C’est pour la commodité du spectateur qu’on fait un partage en divers actes, à peu près de même longueur, comme un sermon dont la division en une exorde & deux ou trois parties égales n’est point naturelle, mais nécessaire à la foiblesse de l’auditoire. […] Un enfant, un homme délicat, sera plutôt épuisé qu’un autre ; & un excès de passion, bien loin de produire la douce impression du plaisir, fait fremir les spectateurs, ils detournent les yeux de cette tête de Gorgone, qui au lieu de les amuser, les pétrifie.

250. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Aussi n’a-t-on jamais donné ce titre à aucun spectateur & amateur du théatre. […] Les Pantomimes sont une ressource pour trois personnes, pour le Poëte, pour l’Auteur & pour le spectateur. 1.° Quand un Poëte ne sait plus que dire, & ne dit plus rien d’intéressant, un pantomime remplit utilement le vuide ; c’est à peu près comme les exclamations, les mots coupés, les juremens, les termes des hales, qui dans les conversations, alongent le discours, & semblent dire quelque chose quand on ne dit rien. […] Il y a cent Lazzis, & qui même, en ne disant rien, amusent encore, & font rire à peu près comme un écureuil, un chien, un chat qui jouent & plaisent par leur adresse & leur souplesse, comme un Sauteur, un Dansent de corde, qui, sans rien dire à l’esprit, étonnuent par leurs fauts périlleux. 3.° C’est une ressource pour les spectateurs que le pantomime reveille, quand l’acteur s’endort. L’ordre, la suite, l’enchaînement, les combinaisons, les vraies beautés d’une piece bien faite demandent une attention qui fatigue un spectateur frivole qui ne cherche qu’à s’amuser. […] Que penseroient-ils des Auteurs, des Acteurs, des spectateurs d’un siecle qui l’enfante & y applaudit ?

251. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Le Spectacle des Colléges est bien différent du vôtre, Mademoiselle, selon l’Ordonnance de Blois1 & la déclaration de la Faculté de Paris2, on a soin d’en retrancher toute espéce de saleté & le langage de la tendresse, les Regens qui en ont la direction, avant de mettre les Rolles entre les mains des Ecoliers, en ôtent tout ce qui pourroit souiller le cœur & blesser les oreilles : c’est un exercice que l’on croit utile à ceux qui se destinent à parler en public, & l’on ne se propose pas d’intéresser les Spectateurs, on a porté la réforme jusqu’à défendre par une nouvelle Ordonnance1 les danses dans les intermèdes ; quoiqu’un semblable amusement qui se passeroit entre les jeunes gens d’un même sexe, ne suppose aucune sorte de danger, mais une simple indécence. […] Toutefois l’inconvénient étoit moindre pour les Spectateurs qui voyent aujourd’hui paroître sur la scéne des Actrices vêtues avec une pompe & un art enchanteur, qui joignent toute la beauté & toutes les graces aux parures indécentes ; le maintien, la demarche, le son de la voix, les regards passionnés, tout parle, tout émeut en elles, dit S. […] On donne le même appui aux Comédiens qui ne monteroient pas sur le Théâtre, remarque Saint Jean Chrysostome1, si personne ne s’empressoit de les entendre, & s’ils n’étoient pas protégés : le mal qu’ils font eux-mêmes, ou qu’ils occasionnent dans les autres, réjaillit sur les Spectateurs qui y contribuent de leur présence ou de leurs éloges.

252. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

Les raisons de douter, sont que les spectateurs de la Comédie sont comme en possession de jouir d’un divertissement qu’ils trouvent déjà établi. […] qui permettent à quelques personnes, dans la vue de quelque utilité, et non de quelque plaisir, de lire les Comédies et les Fables des Anciens ; mais on n’a jamais permis d’assister aux Comédies, et d’en être spectateurs. […]  » Enfin il conclut, en disant que ceux qui en sont spectateurs, et qui y prennent plaisir, se rendent coupables des crimes qui y sont représentés. « Pour ce qui est Ibid. […]  » . « Je crois, dit-il, qu’ils ne savent pas que l’orchestre où tous les spectateurs se voient fréquemment, est comme une école publique d’incontinence pour tous ceux qui y vont avec tant d’empressement. […]  » . « Et de regarder volontairement, dit-il, ces sortes de choses, c’est un péché mortel, tant parce que c’est prendre plaisir à des choses sales, que parce que le spectateur s’expose de plein gré au péril de la tentation.

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