., et 282 ; le clergé emploie deux poids et deux mesures dans sa conduite envers les comédiens ; cette divergence tourne contre lui, par les preuves singulières qu’on en fournit, pag. 159 ; les cardinaux, princes de l’Eglise, sont les protecteurs de nos premiers comédiens, pag. 164 ; l’abbé Perrin est lui-même directeur de l’Opéra de Paris, pag. 167 ; les papes, chefs de l’Eglise, instituent des théâtres de leurs propres deniers, et les organisent, pag. 168 ; les cordeliers, les capucins, les augustins, tous prêtres de l’Eglise romaine, présentent des placets aux comédiens, pour en obtenir des aumônes, et ils promettent de prier Dieu pour le succès de leur troupe, qu’ils ont la politesse de nommer chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés ne sont point soumis aux anathèmes de l’Eglise, et les prêtres qui les leur appliqueraient devraient être, selon les lois ecclésiastiques, suspendus de leurs fonctions, pag. 182 ; processions, messes et autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, qui sont remplies d’obscénités et de scandales, et bien plus nuisibles à la religion que les comédies, pag. 201 ; élection des archevêques et évêques des fous, dans les orgies des diacres et sous-diacres, pag. 280 ; le clergé en habits de mascarade et de théâtre, pag. […] Processions, messes et autres cérémonies religieuses pratiquées par le clergé, et dans lesquelles il commet des obscénités et des scandales qui sont bien plus nuisibles à la religion, que les représentations des comédies, pag. 201 et suivantes.
Qui que vous soyez, Prêtre ou Religieux, quoi qu’il en soit, Chrétien qui avez appris de Saint Paul que ces infamies ne doivent pas seulement être nommées parmi les fidèlesb, ne m’obligez pas à répéter ces discours honteux : songez seulement si vous oserez soutenir à la face du ciel, des pièces où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée et toujours plaisante ; et la pudeur toujours offensée, ou toujours en crainte d’être violée par les derniers attentats, je veux dire par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces.
La richesse, la chaleur du pays, le mêlange avec les Barbares, le service des esclaves de toutes les couleurs, l’éloignement du Prince, la tolérance nécessaire du Gouvernement, le changement continuel des Vices-Rois, l’esprit primitif des Pyzarros & des autres usurpateurs qui n’étoient que des avanturiers, des libertins, des corsaires, sans mœurs, sans religion, sans probité, sans humanité, qui eurent & avec les habitans & entr’eux les guerres les plus cruelles ; cet esprit qu’ils y apportèrent, qu’ils y établirent, & qui subsiste encore, quoiqu’adouci par un gouvernement régulier, par la religion, par le Clergé, par l’état religieux, tout doit nécessairement entretenir dans le pays la plus grande débauche. […] Ces Couvens étoient si nombreux, que celui de la Ville Royale de Cusco avoit quinze cents Religieuses & cinq cents servantes, & des milliers dans les autres Villes. […] Comment les Adversaires du célibat religieux font ils le panégyrique d’un tel Fondateur ? […] Au reste, il paroît véridique & plein du zele philosophique de ce siecle ; il paroît sans religion comme sans mœurs, & inépuisable en traits satyriques contre les Prêtres, les Religieux, les dévotes, la dévotion qu’il tâche de décrier. […] A la place des foux, ils mettent des Evêques avec la mitre & la crosse, à côté du Roi & de la Reine, disant qu’il est plus raisonnable & plus utile au bien de l’Etat de mettre pour Conseillers auprès du Prince des gens sages & religieux, que des foux sans religion.
Dominique a le soin de chercher des prostituées pour Lorenzo : ce Religieux est nommé, « bedaine sainte et bénite, où il y a de la place à mettre toutes les cloches du Couvent ». […] Le Poète prend à tâche de travestir ce Religieux en scélérat ; afin d’avoir occasion de faire un exemple sur lui. […] Du reste, ils ne s’en tiennent pas à des paroles seulement : ils traduisent l’habit comme le ministère en ridicule : la farce se joue sous des dehors religieux et symboliques de chaque fonction sacrée : l’abus frappe par là davantage, le mépris de la Religion s’insinue avec plus de facilité, et la basse idée qu’on inspire du Sacerdoce revient naturellement à l’esprit, si tôt qu’un Prêtre s’offre à nos yeux. […] Les Tragédies à Athènes étaient une manière de discours moraux, destinés à l’instruction des peuples : et c’est pour cela qu’elles sont si chastes, si religieuses et si remplies de sentences. […] Outre les fonctions religieuses qui les séparaient du commun, les Archives et les Actes les plus importants de l’Etat étaient confiés à leur garde.
Ce sont là trois especes d’images défendues contre la Réligion, les mysteres, les Saints, les cérémonies, les Papes, les Evêques, les Prêtres, les Religieux, les livres hérétiques en sont pleins ; toutes les sectes en ont fait. […] Quel chrétien a jamais douté que le culte suprême n’est dû qu’à Dieu ; que les honneurs religieux ne peuvent avoir pour objet, que la personne des Saints, dont la dignité, la vertu les mérite ? […] On voit que quand on porte le Saint Viatique dans les maisons, s’il se trouve dans la chambre du malade, quelques tableaux de ce caractère, on a soin de l’ôter ou du moins de le couvrir, tant on en sent l’indécence, on le feroit encore pour recevoir la visite d’un Prince, d’un Grand qu’on sauroit ne pas aimer ces sortes de peintures ; on le feroit pour un homme de bien, un religieux, un homme grave, dont on connoît les sentimens.
Pour se rendre le Public favorable, il affecte des sentimens religieux, grossière amorce des lâches, heureusement trop usitée pour faire des dupes.
Lui opposerez-vous votre Père Ménestrier, qui a été sans doute d’un Avis bien contraire, puisqu’il n’a point eu honte de faire imprimer sous son nom un livre des ballets comme une pièce fort digne d’un Religieux et d’un Jésuite.
Les prêtres disent qu’il est hérétique (ils ont grand tort, les luthériens ne le sont pas ; pour moi j’aime de pareils hérétiques à qui les actrices donnent le coup de grace), je souhaite que Dieu nous en envoie encore un semblable (pour faire honneur au célibat) En revanche, en place des honneurs religieux, son cadavre, qui n’étoit plus ambulant, fut comblé des honneurs militaires depuis Chambort jusqu’à Strasbourg, où, au bruit de l’artillerie, il fut pompeusement conduit & enterré dans une chapelle luthérienne. […] Elle joua trois rôles très-propres au théatre : elle fut la sultane favorite du roi de Pologne, électeur de Saxe, son ambassadrice auprès de Charles XII, & doyenne des religieuses de Quedlimbourg, bénéfice considérable que son amant ajouta fort dévotement aux pensions qu’il lui faisoit : usage des biens ecclésiastiques que les canons n’autorisent pas. Quand je dis religieuse, j’ai égard à l’état de cette abbaye lors de sa fondation par l’empereur Henri l’Oiseleur, de sa confirmation par le Pape, lorsqu’après la mort de l’Empereur, sa veuve s’y renferma & y passa saintement le reste de sa vie, & pendant plusieurs siecles, jusqu’à ce qu’étant devenue luthérienne, elle se sécularisa. Mais, malgré la prétendue réforme, voit-on sans rire ou plutôt sans pitié, la sultane favorite passer du lit du prince au chœur de religieuses, du bal, de la comédie, parée en nymphe, à l’office divin, habillée en chanoinesse, souvent à son côté Maurice son fils, qu’elle menoit avec elle ?
Voilà leur véritable demande, jusque-là que Pompée voulant bâtir le lien, craignit que les Censeurs ne lui en fissent un procès, & pour se soustraire à leur sévérité, il y bâtit un Temple à Vénus, lui consacra son théatre, & en fit ainsi un lieu religieux qui étoit soumis aux Pontifes. […] C’est-à-dire en termes moins empoulés, que le théatre nuit cent fois plus à la population, que tous les Religieux & les Ecclésiastiques, & que la Commission pour leur réforme devoit commencer par supprimer le théatre. […] La réformation va faire de toutes les comédies autant de Conférences des Religieux de la Trape ; les jeunes gens vont y prendre l’habit ; les Grands vont se remplir de la morale de l’Abbé de Rancé. […] quel Orateur qu’un saint Religieux qui déploie son éloquence pour obtenir le droit exclusif de fournir des Comédiens à une grande ville !
En y développant enfin la règle de nos devoirs, l’étendue de nos obligations civiles ou religieuses, ne parle-t-il pas toujours en faveur ou du peuple ou de la patrie ? […] Mais quoiqu’il en soit de ce point important, qui, sans doute, est moins du domaine de la morale que de celui de la politique, dans l’éloignement de toute instruction religieuse, que deviendront les mœurs et le sort de cette classe si précieuse de la société ? […] Faut-il s’étonner, si dans l’oubli des principes religieux, tant d’infortunés fatigués de l’éclat du jour, portent sur eux-mêmes une main barbare et dénaturée ! […] Certes, c’était une bien sage disposition que celle des novelles, au titre de episcopis aud, qui défendait aux comédiens de paraître sur le théâtre en habit ecclésiastique ou religieux. […] Qu’on me dise donc si, abstraction faite de toute idée religieuse, l’autorité purement civile, n’a pas un grand intérêt à réprimer tout ce qui tend à avilir la véritable morale de l’évangile ?
Le Théâtre perd tout son agrément dans la représentation des choses saintes, et les choses saintes perdent beaucoup de la religieuse opinion qu’on leur doit, quand on les représente sur le Théâtre. […] Quand Agamemnon sacrifia sa propre fille, et une fille tendrement aimée, pour apaiser la colère des Dieux, ce sacrifice barbare fut regardé comme une pieuse obéissance, comme le dernier effet d’une religieuse soumission.
On en donna avis à la mère Angélique : et comme on lui demanda si l’on ne leur ferait point quelque réception extraordinaire à cause de M. de Bagnols ; elle répondit qu’on ne devait rien ajouter pour cela à la manière dont on avait accoutumé de recevoir les religieux, et que M. de Bagnols ne voulait point qu’en sa considération on changeât, même dans les moindres choses, les pratiques du monastère. […] [NDE] Jacques du Bosc, religieux cordelier et Léonard de Marandé, adversaire du jansénisme. […] Jésuites, intitulé la Déroute et la confusion des Jansénistes, ou Triomphe de Molina, Jésuite, sur saint Augustin : poème en vers libres de Le Maistre de Sacy (1654) ; Les Chamillardes : trois lettres « À Monsieur Chamillard, docteur de Sorbonne, sur sa Réponse aux raisons que proposent les religieuses de Port-Royal contre la signature du Formulaire », parues anonymement en 1665, attribuées à Barbier d’Aucour ; Onguent pour la brûlure, ou le secret pour empêcher les Jésuites de brûler les livres : poème de Barbier d’Aucour (1664).
Et les Auteurs de ces deux pièces, que l’on sait bien, Mes Pères, n’être point des Ecoliers, mais des Religieux et des Prêtres, pouvaient-ils être plus follement idolâtres, au sens de M.
Tous les citoyens, en effet, qu’ils soient comédiens ou non, lorsqu’ils professent la religion chrétienne, n’ont droit aux prières de l’église et aux honneurs sacrés, qu’autant qu’ils se soumettraient aux pratiques religieuses et aux commandements de la morale divine.
Aujourd’hui même, à Rome, on représente publiquement des comédies dans des maisons religieuses. […] On a vu jusqu’à la piece de Georges Dandin, exécutée à Rome, par des religieuses, en présence d’une foule d’ecclésiastiques & de dames.
Telles sont les lois qui défendent les spectacles les jours de dimanche, qui interdisent aux Comédiens les habits ecclésiastiques ou religieux, et même les habits et les parures trop riches, qui ordonnent d’ôter des lieux publics leurs portraits, qui donnent à toutes les personnes attachées au théâtre la liberté de se retirer quand elles veulent se convertir, et défendent d’administrer les derniers sacrements aux Comédiens qu’après un sérieux examen et des preuves bien certaines de leur conversion, constatées par l’information des Juges et l’approbation des Evêques. […] Il a composé plusieurs ouvrages sur la virginité, et en faveur des vierges et des veuves il prêchait fréquemment sur cette vertu, avec tant de zèle et de succès, qu’un très grand nombre de personnes se consacrèrent à Dieu dans l’état religieux.
Ces sortes de comédies étaient pour la plupart représentées dans les églises mêmes, ou sur des théâtres construits dans des couvents de moines ; c’est là que des ecclésiastiques de tous grades intervenaient comme acteurs dans ces représentations religieuses, ainsi que dans ces fameuses processions trop souvent licencieuses, quelquefois obscènes et n’offrant que des farces du plus mauvais goût.
Illusion fantastique d’âmes pures et religieuses…. […] Un jubilé est venu couvrir la France d’une douleur amère, concentrée, et, certes, rien moins que religieuse ; et bientôt aussi la sacrilège loi du sacrilègef a souillé nos codes qu’avait régénérés la sagesse d’un grand hommeg, et a préludé aux actes liberticides qui ont amené le terrible dénouement dont nous avons tous été les témoins. […] Quel silence religieux aux représentations des chefs-d’œuvre de nos poètes, silence qui n’est interrompu que par des applaudissements et des acclamations d’une admiration toujours nouvelle. […] Et toi, Talma, ton convoi tout profane, et pourtant si religieux, n’a été que la continuation des triomphes que tu as obtenus sur la scène ; les regrets, les vœux que tant de citoyens adressaient au Ciel, chacun à sa manière, ont bien valu auprès de Dieu les prières banales et dont chaque ligne est tarifiée, que les prêtres auraient, par métier, débitées sur ton cercueil.
Cependant l’amante aimée arrive, & devient jalouse avec raison, d’autant mieux fondée dans sa colere, qu’elle étoit nymphe de Diane, espece de religieuse dans la mythologie, qu’elle avoit fait vœu de virginité, & que son amant l’a séduite & lui a fait violer son vœu : circonstance scandaleuse & inutile qui n’est point dans Ovide, & qu’on ajoute pour embellir la piece : car rien n’embellit plus que la profanation d’un vœu de religieux. Tout cela est suivi d’un cœur & d’une danse de jeunes nymphes à demi nues, autour du jeune homme & de la religieuse ; danse bien propre à inspirer la virginité. […] C’est un fort petit mérite de travailler à des romans avec une dame qui, après avoir fait profession & vécu plusieurs années en religieuse, quitte son état pour se livrer au monde, & composer des romans. […] On veut justifier encore un religieux apostat, qui, malgré ses vœux, se livre au vice, ne peut résister à l’amour, ce premier vœu de la nature, supérieur à toutes les loix, veut tenir le serment qu’il a fait à sa maitresse, divinité qui doit l’emporter sur tous les dieux.
Passant ensuite à l’influence réelle du théâtre en France, et le considérant particulièrement aux époques des grands événements qui ont précédé ou suivi le cours de la révolution, j’ai fait voir qu’il avait beaucoup contribué au bouleversement de l’Etat, et nui singulièrement à sa prospérité, en affaiblissant les grandes idées religieuses dans l’esprit des peuples, en corrompant les mœurs, loin de les corriger, enfin en altérant jusqu’au bon goût, et en changeant même le caractère national sous le rapport du sentiment et de l’urbanité.
Autres exemples d’impiété dans l’Amour Triomphant, 122 Dans la femme Provoquée, 131 Dans l’Amour sans intérêt, 141 Dans le Relaps, 133 L’horreur de cette seconde sorte d’impiété, 136 Les Poètes Anglais évidemment blasphémateurs et convaincus de l’être par la plupart des pièces rapportées ci-dessus, 138 Les Dramatiques Latins et Grecs, religieux au prix des nôtres.
Une remarque suffit : si les dehors sont plus décents, et l’extravagance plus cachée, si les impressions religieuses sont plus souvent au fond de l’âme, au lieu de s’exhaler en simagrées, cessez de reprocher à notre siècle les travers qu’il n’a pas, ou de le féliciter insidieusement de ceux auxquels il se livre encore ; cessez de calomnier vos contemporains selon l’usage immémorial de ceux qui profèrent de vaines paroles.
Elle a fondé à Munich les Religieux Théatins, & les Religieuses de la Vification, & bâti une maison de plaisance pour des Nimphes, qu’elle appelle Nimphe-Bourg, où elle fit peindre en Nimphes toutes les Dames de sa Cour. […] Elle quitta le théatre & se fit religieuse.
Les Prêtres ou les Religieux imbécilles qui se prêtoient à ces extravagances, furent toujours blâmés, & heureusement elles sont enfin abolies. […] Les femmes n’y paroissent jamais, & les laïques ne s’y mêlent point ; ce sont des Prêtres & les Dervis, leurs Religieux, qui dansent à titre de pénitence, en mémoire d’un fameux de leurs saints qui pirouetta pendant quinze jours sans interruption. […] Ces danses religieuses ne sont que des traits de force & de fureur.
Il ne fallait point lors distinguer les Théâtres d'avec les Temples ; ils étaient également religieux, ou plutôt abominables, on rencontrait dans les uns et dans les autres les mêmes Autels et les mêmes Sacrifices, les mêmes Divinités et les mêmes Mystères, c'est-à-dire les mêmes Démons et les mêmes Sacrilèges. […] Enfin dans tous les lieux destinés à tous ces vains ébattements se trouvent ensemble les Démons et tous les monstres de l'Enfer, ils y président, parce qu'on les y adore, et le Chrétien qui participe à cette superstition, commet un sacrilège, parce qu'il entre dans la société de ceux dont le culte religieux et les Fêtes lui donnent tant de plaisir. » Et après une longue exagération des malheurs de l'Europe, par les incursions des Barbares, il s'emporte contre ceux de Trèves, qui demandaient à l'Empereur les Jeux du Cirque et du Théâtre, dont voici les plus belles paroles tirées d'un grand discours oratoire qu'il en fait, « Et quoi, leur dit-il, Vous souhaitez les Jeux Circenses après votre défaite, après le saccagement de votre Ville, après tant de sang épandu, après la servitude, après les dernières calamités d'une Ville prise et reprise par quatre fois !
Il faut savoir choisir et ménager les sentiments de piété qui sont amenés par la matière, et il ne faut en charger ces Poèmes, que lorsqu’ils sont destinés pour des Communautés Religieuses, et des Assemblées particulières.
L. 5. p. 214. ce mélange bizare de processions & de cavalcades, de pélerinages & de rendez-vous clandestins, de courses nocturnes & de retraites dans des couvens, de conversations licencieuses & & de liaisons avec des Religieux austères. Il se mêloit de toutes les intrigues galantes de la Cour, & se plaisoit à brouiller les amans & les maitresses, & de là il alloit faire assembler les Communautés religieuses en chapitre, & leur faisoit des sermons sur la sainteté de leur état. […] Mais pourquoi dissimuler qu’ils n’y ont été que des Acteurs subalternes que les Princes ont fait agir, qui n’ont paru sur le théatre qu’à la fin de la piece ; que la ligue étoit formée depuis plusieurs années ; qu’elle avoit été adoprée dans les provinces, dans les Parlemens, dans les Etats généraux, par la Sorbonne & les Evêques ; qu’elle avoit le Roi même à sa tête, armé pour la défendre contre l’hérésie, avant qu’aucun Religieux parût sur les rangs ? […] Cet esprit se répand dans le Cloître ; combien de Religieuses ont leur toilette, & couvrent d’un voile le linge le plus fin, l’étoffe la plus précieuse, l’arrangement le plus galant !
On y parle des Auteurs qui y ont travaillé, d’Orneval, Fuselier, le Sage, Vadé, Dom Pelegrin (ou l’Abbé Pelegrin, Religieux défroqué pour se faire Poëte comique), le Grand, Carolet, Lafont, Blot, Dancourt, Fagan, Panard, Boissi, Favard & sa femme (à qui selon l’usage on donne toutes les graces, on n’ajoûte pas toutes les vertus), tous gens célèbres par leur licence, qui a fait leur célébrité, plus ou moins grande, selon les différentes nuances de leur modestie. […] Un honnête homme, un Ecclésiastique, un Religieux, peut faire quelque piece ; il se déshonoreroit de monter sur le théatre. […] Le Dictionnaire de Trévoux ajoûte que barbarisme signifie encore une secte de gens qui vivent sans société, sans former de corps ni religieux ni politique, ou qui nient l’existence de Dieu, un vrai athéisme.
On voit bien que ce n’est pas elle qui parle, et que cette sainte Religieuse était bien éloignée de penser à ce que vous lui faites dire dans un conte si ridicule. Aussi n’empêcherez-vous jamais par de telles suppositions qu’il ne soit véritable que tous les Religieux ont toujours été bien reçus à Port-Royal, et l’on n’a que trop de témoins de la charité et de la générosité avec laquelle on y a reçu les Jésuites mêmes, dans un temps où il semblait qu’ils n’y étaient venus que pour voir les marques funestes des maux qu’ils y ont faits, et pour insulter à l’affliction de ces pauvres filles. […] Ce serait un étrange personnage de Comédie qu’un Religieux modeste et silencieux.
La plupart de ces mystères furent composés par des Ecclésiastiques, des Religieux, et même des Evêques : les Prêtres, les Curés y jouaient les premiers rôles ; c’était même un honneur qu’on réservait aux personnes constituées en dignité. […] Est-il surprenant que l’autorité publique ait mis le sceau à ces actions religieuses, et qu’elle ait refusé de le mettre à nos dissolutions profanes ? […] Ce qui m’étonne, c’est que les apologistes du théâtre moderne aient été assez peu instruits, ou assez peu de bonne foi, pour confondre ces objets, et ne pas voir par les dates même des lettres patentes et des arrêts qu’ils citent avec tant de confiance, que ces titres ne peuvent appartenir à des hommes nouveaux, si différents de ceux qu’on a voulu autoriser, qu’ils ne peuvent au contraire que proscrire des gens si opposés à l’esprit et aux vues religieuses qui les firent accorder.
Il est surprenant que ces Religieux aient souffert dans leur Eglise ni le corps, ni le buste, ni le mausolée ; ils l’ont fait sans doute parce que Lully ayant été reçu Secrétaire du Roi, il était censé avoir renoncé à l’Opéra, et l’avait en effet promis lors de l’enregistrement de ses provisions. […] Ainsi, sans examiner la validité des vœux, la légitimité d’une acquisition, le défaut d’un mariage, etc., il suffit qu’un Religieux laisse passer le temps de la réclamation, le propriétaire celui de la prescription, qu’un étranger querelle un mariage, etc., sans entrer dans le mérite du fond, ils sont déclarés non recevables. […] le bel objet pour les fidèles qui viendront à la sainte messe ou au sermon, le bel objet pour le Prédicateur qui, selon son devoir, prêchera contre les spectacles, que des Muses à demi nues, des Génies portant le masque et le cothurne, autour d’un Auteur dramatique, qui lui donne le démenti par les honneurs religieux qu’il reçoit !
Cette liberté reconnaît sans doute une espèce d’intolérance, mais seulement en matière de dogme, de mystères et de croyances : elle autorise les prêtres de chaque religion à refuser, s’ils le jugent à propos, leurs prières et l’administration des sacrements aux religionnaires de leur croyance, qui ne se conformeraient pas aux devoirs religieux qui leur sont imposés.
J'ai connu le marquis, le théatin et le chevalier ; c’étaient de fort bonnes gens qui ne manquaient point de mérite ; le religieux était celui qui semblait en avoir le plus.
On trouve dans l’ouvrage de ce Prince religieux autant de preuves de son zèle, que de la beauté de son esprit.
Issu d’un sentiment religieux, l’art dramatique grossier, barbare, vague, inaperçu à son berceau dans les campagnes de l’Attique, grandit, paré de grâces, d’élégance, brillant de génie. […] Si au lieu d’ensanglanter la scène par le meurtre de Stella, l’auteur eût mis dans l’âme de cette femme des sentiments de grandeur et d’héroïsme ; s’il lui eût donné de l’élévation et de la générosité, nous n’aurions pas eu alors, il est vrai, de nonne sanglante possédée du démon de la vengeance, tuant, brûlant, remplissant la scène de crimes qui font frémir la nature ; il aurait fallu reporter l’intérêt sur une religieuse sublime par ses vertus, grande par ses sacrifices, touchante par son amour.
Mais le Chancelier Daguesseau, qui ne fut jamais à la comédie, & qui dans ses Mercuriales en fait un portrait hideux, pour en éloigner les Magistrats ; mais M. de Lamoignon, que Moliere joua, ce qui a fait écrire si vivement contre Moliere Baillet son Bibliothécaire ; mais M. le Franc de Pompignan, qui malgré ses brillans succès y a renoncé si généreusement & si bien écrit contre ce dangereux spectacle au religieux fils de Racine ; mais Corneille, Racine, Quinault, Lafontaine, inconsolables d’avoir travaillé pour le Théatre, lorsque la grace leur ouvrit les yeux, auroient-ils placé Moliere sur les autels ? […] Mais il a un mérite de plus, qui n’a pas trouvé grace aux yeux du Conseil, il déclame ouvertement contre la loi de la continence imposée au Clergé & aux Religieux, dont il s’imagine que l’ame tendre & sensible de l’Archevêque de Cambrai sur la victime, & qu’il éleve jusqu’aux cieux, comme un prodige fort au-dessus de l’homme. L’Auteur n’est ni Religieux ni Prêtre, & vrai-semblablement n’est point un prodige au-dessus de l’homme, & n’a pas éprouvé ce qu’il en coûte pour pratiquer ces engagemens austeres ; il en est trop effrayé, il les croit trop difficiles. […] Ce sont les fruits d’un cœur religieux & tendre qui combat constamment, tantôt vaincu, tantôt vainqueur, qui tour-à-tour trouve dans sa sensibilité l’attrait de toutes les jouissances, & dans sa délicatesse le principe rigoureux de toutes les privations. […] Mais si le serment de la continence nécessite le parjure, si la force du penchant est invincible, si l’homme le plus vertueux n’a ni le vouloir ni la puissance, les engagemens religieux sont insensés, la liberté une chimere.
Des Religieux respectables par leur piété ont souvent fait des Tragédies, & en font encore tous les jours du consentement de leurs Supérieurs. […] L’Eglise, les Souverains Pontifes, les Evêques souffriront-ils dans des Maisons Religieuses, ces sortes de Représentations, s’ils les croyoient nuisibles aux bonnes mœurs, sur-tout si la Religion les proscrivoit ? […] On sent bien à quoi l’on doit attribuer dans un Religieux l’union de ces deux sentimens. […] J’ai vû la Maison du Seigneur, le Livre de la loi, les cérémonies du Sacre des Rois de Juda ; j’ai la tête remplie de miracles, de prophéties, des grandeurs & de la puissance de Dieu ; tout cela m’a pénétré d’une terreur religieuse, & d’un respect profond pour le Roi des Rois. […] Il ne s’agit point, dans la question présente, de projets de récréation pour des Religieux de la Trappe, ou pour des Chartreux, mais d’amusemens nécessaires aux gens du monde, qu’on doit tâcher de leur rendre utiles autant qu’on le peut.
Le voile, la guimpe, le bandeau, le bréviaire d’une Religieuse sont parfumées ; les sacristies des filles sont communément parfumées ; les livres, les linges, les ornemens, jusqu’aux essuye-mains, & à l’eau dont on se lave, surtout quand le Supérieur ou le Confesseur font l’office. […] Toute l’Histoire Ecclésiastique, tous les livres de discipline pour les Clercs & pour les Religieux sont pleins de ces traits, les vies des Saints en fournissent par-tout des modeles. […] Cela n’est inconnu que dans ces Séminaires, ces maisons Religieuses, qu’on prendroit pour de boutiques de Parfumeurs, dans ces celules qui semblent des cabinets de toilette où s’habille un Acteur ou une Actrice, qui ajoute un colet ou une guimpe à toutes les futilités du théatre.
Epictete, Seneque, Marc-Antoine, sont beaucoup plus religieux à leur maniere ; ils ont par-tout recours à la protection, à la présence de leurs Dieux. […] La modestie est une crainte religieuse des moindres choses qui peuvent blesser ou exposer la pureté : la crainte de Dieu est une sorte de modestie qui s’observe sur tout ce qui peut lui déplaire. […] Mais, dit-on, combien de femmes dans leur maison, combien d’enfans, & même des personnes avancées en âge, dans des Communautés Religieuses, qu’on souffre habillées comme nous !
Quintilien compare le respect qu’imprimoient encore aux Romains de son tems, les noms d’Ennius & de Pacuvius, à ce respect religieux qu’impriment dans les forêts ces vieux troncs, qui ont par leur antiquité quelque chose de vénérable. […] En 1577 un Religieux Dominicain donna la Nisa lastimosa (c’est Inès de Castro) & cette Piéce paroît à D.
Qu’on nous oppose donc maintenant, si l’on veut, avec le Théologien traité d’illustre par sa qualité et son mérite dans le Recueil des Pièces de Théâtre de Boursault, où sa Lettre est insérée ; qu’on nous oppose, dis-je, l’exemple de quelques Religieux de Rome chez qui la coutume, y est-il dit, semble avoir prescrit contre la bienséance de leur état ; nous répondrons, 1°. que la Lettre du Père Caffaro Théatin, qui se trouve dans le Recueil du Poète Boursault, n’est pas de ce Religieux, et qu’il l’a désavouée dans une Lettre adressée à M. de Harlai, Archevêque de Paris, et imprimée en Latin et en Français, afin qu’elle fût plus connue. 2°.
Le bas peuple les imita dans la campagne (ces déguisemens hideux sont faciles à imiter), & firent des fêtes, d’abord religieuses pour faire craindre l’enfer, mais qui dégénérerent en licence & toutes sortes de débauches.
Trois cents Monasteres l’embrasserent, plusieurs Papes l’approuverent ; elle a donné à l’Eglise une infinité de Saints religieux. […] Il est dans la création & la suppression des Ordres religieux des mysteres profonds de sagesse, que nous devons adorer en silence. […] Ce luxe fait plus de célibataires que tous les Ordres religieux. […] Il y auroit moins de Religieux & plus de mariages, on savoit se contenir dans les bornes de la mediocrité.
Dans ce Conventicule on a discuté sans doute les objections triomphantes qui sont énoncées dans le Mémoire ; la premiere que je saisis est l’origine sacro-sainte de la Comédie Françoise, dès l’année 14021 ; il s’étoit introduit en France, parmi les Confreres de la Passion, une sorte de Comédie bizarre où l’on représentoit nos saints mystéres, Charles VI. assista à plusieurs représentations : ces pieux Auteurs, (dont vous & votre troupe, Mademoiselle, si nous nous en rapportons au témoignage de votre Avocat, êtes descendues en ligne droite,) dressoient leur Théâtre en une Chapelle, tout le profit passoit dans les mains des pauvres : ce Spectacle, tout religieux qu’il étoit en son objet, ne put conserver long-tems sa décence premiere, il admit des fourrures profanes, qui attirerent un interdit sur toute la piéce. […] Cet aveu que je fais ici, à l’occasion de l’appel comme d’abus, ne donne au sieur de la M… aucun avantage sur moi : le Parlement est bien éloigné de s’inscrire en faux contre l’Excommunication des Comédiens, & dans la supposition que ceux-ci portassent leurs plaintes en cette auguste & religieuse Cour, on leur produiroit une multitude d’Arrêts qu’elle a prononcées dans tous les tems contre la Comédie ; ils sont d’accord avec le Code Théodosien, qui défend à quiconque, étant pressé par la maladie, a renoncé au Théâtre, pour se reconcilier avec l’Église, & recevoir les derniers Sacremens, s’ils recouvrent la santé, de reprendre la profession qu’il a quittée, & de manquer à d’aussi saints engagemens.
La bonne police ne devrait pas souffrir qu’on livrât cette profession auguste à la risée du public, non plus que l’état ecclésiastique et religieux. […] Je ne sais encore pourquoi on n’a pas défendu d’arborer sur la scène et dans les bals masqués la robe du palais, le rabat, le bonnet quarréd, comme on y a proscrit les habits ecclésiastiques et religieux.
On a voulu défendre et venger la religion en mettant en spectacle un tartufe de religion ; vous savez comme nous sommes devenus religieux ! […] De là les impatiences, les manques de respect, d’estime et de bons procédés, l’oubli des bienséances et des devoirs ; de là l’insubordination ou le mépris de toute autorité religieuse, politique, civile et domestique ; de là peut-être naquit aussi cette prétention insensée d’une égalité impossible, je veux dire absolue, qui a récemment agité tant de simples. […] Dans l’intervalle qui nous sépare de l’époque de cette déclaration, qui serait très-certainement mieux accueillie aujourd’hui qu’alors, de bons publicistes, académiciens, et même religieux, ont soutenu avec raison, contre l’avis de quelques autres, que les lois sévères indispensables à cet effet pouvaient être exécutées au théâtre comme à la ville.
Roi de Portugal qui fut déposé pour ses crimes & sa folie, & relegué dans les Isles Terceres, étoit trop libertin pour n’être pas fou du théâtre : entr’autres folies, il faisoit représenter des comédies jusques dans le chœur des Religieuses. Il y faisoit dresser un théâtre, y menoit des comédiens, y assistoit avec ses favoris, & vouloit que les Religieuses y assistassent. Chez nous les Religieuses elles-mêmes en representent ; il est vrai que ce n’est qu’entr’elles, & que ce n’est pas dans le chœur.
L’immortalité de l’ame, l’éternité de l’enfer, ses tourmens, la liberté de l’homme, la justice de Dieu à punir le crime, la sainteté de l’état religieux, l’obligation de la charité, le Pape, les Evêques, les Prêtres, les Moines, &c. tout est un jeu pour lui ; l’irréligion éclate à chaque page. […] Le roman de Cominges, dont il fait le plus grand éloge, quoiqu’il soit contre la vérité & la vraisemblance, qu’il attribue à une religieuse défroquée & peu scrupuleuse, & qui est digne de l’être ; ce roman n’a que le mérite de l’élégance, de la volupté & de l’irréligion : il n’en faut pas davantage pour être admirable. […] Le caractere de Religieux, la profanation des choses saintes, rendent celle-ci plus scandaleuse.
Il n’est donc pas étonnant que les pères de la foi aient conçu une haine si violente contre cette précieuse liberté de la presse, vrai palladium de la morale politique, de la morale religieuse et de la morale particulière.
Au milieu de ces troubles elle pensoit aux Carmelites, se repentoit de n’être pas religieuse, leur écrivoit des lettres de dévotion, comme une novice, & avec la même plume elle en écrivoit de tendres au Duc de la Rochefoucault, pour l’inviter à presser la guerre, & au Roi d’Espagne, pour lui demander des troupes : elle composoit même les lettres que sa famille ne faisoit que copier. […] Elle alla visiter sa tante, veuve du Maréchal de Montmorenci, Religieuse & Supérieure des Filles de la Visitation, modele de sainteté. […] Une de ses filles naturelles s’étoit faite Religieuses, & son pere par son crédit l’avoit fait nommer Abbesse. […] Faut-il que, malgré toutes les loix de l’Eglise & de l’Etat, à l’ombre d’une dispense extorquée qui constate le désordre, les Religieuses & le Clergé voient à leur tête des supérieurs qui portent sur leur front l’infamie de leur naissance ?
On doit rendre une justice aux Poëtes de l’âge brillant des Grecs & des Romains : ils ont presque tous, excepté Lucrece, respecté la Religion de leur temps ; car quelque ridicules & quelque scandaleuses que soient leurs fictions religieuses, les gens éclairés ne les considéroient que comme des allégories qui étoient venues de l’Egypte où tout étoit mystere. […] Platon admettoit l’usage de ces deux arts pour les cérémonies religieuses & pour les exercices militaires ; enfin pour donner au corps une certaine bienséance, appellée par les Grecs Ἐμμελεία, & par les Romains, concinnitas. […] « Les Fondateurs d’Ordres Religieux, dit-il, n’eurent que de bonnes intentions, en formant les divers Instituts qu’on trouve dans le sein de l’Eglise ; & il n’y eut pas jusqu’aux habits qu’ils donnerent à leurs disciples, & que le monde juge bizarres, qui ne prouvent leur sagesse & leur piété. Ils penserent que c’étoit le moyen d’empêcher ces Religieux de se mêler avec les Séculiers, & de les exclure des assemblées profanes. […] S’ils dégénerent de leur premier état, c’est que tout homme est foible, & qu’au bout d’un certain temps la plus grande ferveur se rallentit ; mais ce scandale ne fit jamais loi dans les Ordres Religieux.
Car, dites-moy, qu’est-ce que comedie ; je répons qu’elle n’est proprement que cette apotheose tant vantée parmy les Payens, par laquelle un Prince, un Conquerant, un Heros, qui s’étoit signalé pendant sa vie, ou dans le gouvernement de l’Empire, ou dans la defense de la patrie, ou par la defaite des ennemis, étoit admis au rang des dieux, aprés plusieurs religieuses ceremonies, & sur tout avec l’approbation & le consentement du Senat ; cette approbation du Senat a paru si extravagante à Tertullien, que ce Pere voulant tourner en ridicule cette apotheose des Romains, leur dit en se moquant d’eux ; de humano arbitratu divinitas apud vos pensitatur, la divinité parmy vous dépend du jugement humain, elle est une espece de present qui vient de la liberalité des Consuls & du peuple ; en sorte que, nisi homini placuerit, Deus non eritTertull. […] Car les Payens considerans autrefois les ceremonies de l’Eglise, & le sacrifice des Chrétiens, comme des sacrileges & des abominations, ont été si religieux à les éviter, qu’ils n’ont jamais voulu approcher nos Temples ny nos Autels, crainte d’irriter leurs Dieux, & d’offenser leurs Idoles. […] , que la Religion n’étoit point deshonorée par les plaisirs des sens, ny Dieu offencé par les divertissemens des homes : mais cõme les Chrétiens avoient des cõnoissances plus épurées, ils avoient aussi des sentimens plus religieux, ils regardoiẽt tous les plaisirs des spectacles publiques cõme autant d’injures & d’outrages faits à Dieu & à la Religion ; voilà pourquoy ils s’en privoient si absolument, & avec une si grande severité de discipline, que les Payens surpris de cette austerité, existimabant Christianos expeditum morti genus, ad hanc obstinationem, abdicatione voluptatum erudiri, quo facilius vitam contemnant, amputatis quasi retinaculis ejusIdem. ibid. […] , les crimes sont consacrés par les exemples des grands, ils deviennent religieux & venerables aux peuples, quand ils sont commis par des personnes distinguées par leur naissance, & par leur condition, & vous diriés qu’une chose est devenuë permise, si-tôt qu’elle s’est renduë publique : c’est pour cela que la sale de la comedie est toûjours remplie de monde, pendant que nos Eglises sont desertes, & ressemblent à des solitudes, & que le Comedien verra plus d’auditeurs au pied de son theatre, que tous les Predicateurs aux pieds de leurs chaires. […] Voulez-vous voir les combats, les victoires, & les triomphes des vertus sur les vices, entrez dans les Seminaires des Ecclesiastiques & dans les Cloîtres des Religieux, & aspice impudicitiam dejectam à castitate, perfidiam casam à fide, sævitiam à misericordia contusam , c’est là où vous verrez avec une extrême consolation, la luxure domtée par la chasteté, la perfidie abbatuë par la bonne foy, la cruauté vaincuë par la misericorde, & la vengeance étouffée par le pardon des ennemies.
Comme dans sa dédicace (voir supra) et dans la suite de ce chapitre, Vincent prend le mot au sens religieux d’occasion d'erreur et de péché. […] Vincent prend peut-être ici le mot à la fois au sens religieux (occasion d'erreur et de péché) et au sens actuel, déjà attesté. […] Vincent joue probablement du sens religieux (incité à pécher) et du sens profane (indigné). […] En rapprochant le mot « scandale » du mot « éclat », Vincent prend sans doute le premier en son double sens, actuel et religieux. […] Ici, le sens est nettement religieux : la discipline défend les occasions de péché.
Ignace, Patriarche de Constantinople, qu’il chassa de son siege, pour avoir refusé d’enfermer dans un Monastère l’Impératrice Théodora, qu’il vouloit forcer à être Religieuse. […] Etoit-il supportable aux yeux des Philosophes Payens que sur la fin de l’empire les théatres fussent bâtis plus superbement que les Temples, & que les jeux du cirque fussent plus brillans que les cérémonies religieuses ?
La Danse Religieuse & Sacrée, est la plus ancienne de toutes, & la source de toutes les autres.
Il fut d’abord Religieux, mais il se défroqua de bonne heure à 22 ans, comme il le rapporte dans sa préface, où il avoue qu’il a été attaqué d’une maniere capitale, même par des écrivains contre qui il avoit écrit ; quoiqu’il en soit, il parle d’une maniere très-censée du théatre. […] Leur gouvernement tient à la République de Platon ; quand à l’égalité des citoyens, & sur-tout à la communauté des femmes & des enfans, ce qui donne en tout point l’idée de la désapropriation la plus parfaite, sans excepter la pauvreté religieuse. […] Tout y respire le libertinage, l’irréligion, le mépris du Clergé, des Religieux, &c.
Etoit-il supportable, même aux yeux des Philosophes Payens, que sur la fin de l’Empire, les Théâtres fussent bâtis plus superbement que les Temples, & que les Jeux du Cirque fussent plus brillans que les Cérémonies Religieuses ? […] Ses Statuts conviendroient, pour ainsi dire, à une Communauté de Religieux ; & il n’est pas possible, ni même du bon ordre, que le Théâtre ait l’air d’un Monastère.
A plus forte raison y oblige-t-on les Protestants les jours des fêtes des Saints, dont ils avouent la sainteté, quoiqu’ils n’en approuvent pas le culte religieux. […] L’idée de la comédie, portée à l’Eglise, portée partout, dégoûte de toute pratique de religion : le théâtre inspire un esprit de dissipation et de frivolité, un goût de mollesse et de volupté, un penchant à la satire et à la malignité, une tournure de mensonge et de fausseté, un ton d’irréligion et d’impiété, le mépris de tout objet sérieux, l’opposition à toute réflexion religieuse ; prière, lecture, instruction, visite des pauvres, pénitence, modestie, en un mot il éloigne de tout ce qui forme la vie Chrétienne.
Et si ce Grand pénétré des sentiments qu’il a puisés au pied de l’Autel, va porter dans la nuit profonde des cachots ce feu que nourrit son ame, quel bien ne produit pas le zele de cet homme religieux !
L’auteur ne paroît pas un déiste : c’est un libertin qui s’égaye sur ces ministres, ses pratiques, ses religieux ; témoin ce bon curé, le licentié, qui se déguisent ridiculement, & courent les champs en aventuriers ; témoin cet enterrement, les pénitens, &c.
Après le Bal, un esprit mondain, mille pensées des objets, qui ont frappé les yeux, des attachemens le plus souvent criminels… Le Bal & les Danses, tels qu’ils se pratiquent en ce tems sont criminels, parce qu’ils sont contraires à la profession du christianisme étant défendus par les Conciles, & par la Doctrine de l’Eglise, & une occasion de plusieurs pechez, & qu’il est rare, qu’on s’en retourne aussi pur, & aussi innocent qu’on y est allé… On ne peut nier que les Saints de l’ancien Testament, n’ayent quelque-fois témoigné leur joye par une espece de danse, mais c’estoit pour rendre graces à Dieu de quelque heureux succés, ou de quelque signalée faveur, qu’ils en avoient reçuë, & ces marques de rejoüissance étoient accompagnées d’un culte religieux, qu’ils rendoient au Seigneur.
Au miroir des exemples, il est rapporté qu’une jeune fille, à la persuasion d’un bon Religieux, quittant tout à fait les passe-temps des danses, auxquels elle était passionnément attachée, mérita que la Sainte Vierge Marie mère de Dieu, avec les chœurs des Vierges, lui apparut à l’article de la mort.
[NDE] Vert-Vert ou les Voyages du perroquet de la Visitation de Nevers, poème écrit par Jean-Baptiste Gresset en 1734, raconte l'histoire d'un perroquet élevé par des dévots qui apprend lors d'un voyage en bateau le parler des matelots et des femmes légères et qui finit lui-même par jurer devant les religieuses.
Après ce petit avis que j’ai cru utile de donner à quelques-uns de nos faiseurs, j’en viens à l’ouvrage de M. le baron d’Hénin, qu’à son titre, bien qu’il ne soit pas très clair, j’ai jugé devoir présenter des faits et des raisonnements susceptibles de fixer mon opinion sur une question intéressante : L’état des comédiens sous le point de vue religieux ; question d’ordre social qui se reproduit sans cesse, et qui ne se reproduit jamais sans altérer momentanément la paix publique.
Puisqu’on permet bien en des maisons Religieuses, que des Enfants de qualité jouent leur personnage dans des Comédies composées exprès, on connaît donc qu’on en peut faire de raisonnables qui ne sont pas à rejeter.
Vous trouvant en ces récréations qui se font par paroles, ayez égard, 1. à votre qualité et condition, de ne dire rien indigne de votre vocation ; « Le Prince parlera en Prince, et selon la dignité du Prince »,67 disait le Prophète : Ainsi le Religieux, le Prêtre, celui qui fait profession de la vertu et de la dévotion, doit parler selon sa qualité, car la récréation ne lui ôte pas son honorable qualité, il la faut garder, et la témoigner en cette action aussi bien qu’aux autres. […] Trompant en jouant, ou jouant avec ceux qui jouent ce qui ne leur appartient pas, et qui ne peuvent pas aliéner, comme sont les fils de famille, les Religieux, les femmes, et autres qui dépendent d’un supérieur ; ou contraignent les autres à jouer par menaces et injures, par ainsi les gagnent ; ou faisant contre les lois du jeu ; ou lorsque quelqu’un est fort expert au jeu pour gagner un autre, qu’il connaît n’y entendre que bien peu, et fait semblant de ne savoir pas jouer : en tous ces cas, suivant la plus commune opinion, celui qui gagne, est obligé à la restitution, et péché contre la justice et l’équité. […] Plusieurs Religieux en même temps étaient saintement occupés à chanter les louanges de Dieu.
Sans doute, la corruption a existé dans tous les siècles passés et existera dans les siècles futurs ; mais elle n’a traversé et ne traversera les siècles qu’avec des oscillations en plus et en moins, suivant le degré de foi religieuse des peuples. […] Le frein religieux brisé, la morale publique et privée est bientôt emportée dans le torrent rapide et bourbeux des honteuses et sales passions.
En second lieu, dans le temps que je courais à ces divertissements, quantité de Religieux ont quitté leur cellule pour aller chanter les louanges de Dieu.
L’esclavage de la presse en ménageant des triomphes aux jésuites, pourrait exciter l’anarchie, et les ministres doivent craindre et prévenir également, l’anarchie populaire, ainsi que l’anarchie religieuse.
L’Historiographe de France ne manquera pas sans doute à l’avenir de faire un article de la vie théatrale des Rois, comme de leur vie militaire, littéraire, publique, mais non pas religieuse apparamment. […] Il fut d’abord appelé à l’état Religieux, & en fit les exercices.
On le commence par la prière : Que Dieu bénisse vous & toute votre postérité : puissiez-vous la voir jusqu’à la quatrieme génération, parce que vous êtes le fils d’un vertueux Israëlite, religieux & charitable. […] J’entends du fond des foyers ou des coulisses quelqu’un de ces Prêtres de Vénus qui font tous les jours tant de mariages, se moquer de mes noces religieuses.
Gresset l’a vivement peint dans un mot, dans le dérangement d’une jeune Religieuse qui faisoit son oraison dans Racine. […] Il faut que ce goût, ou plûtôt cette fureur soit bien dominante, pour avoir fait penser à une personne qui paroît d’ailleurs sage & pieuse, qu’une éducation théatrale formera de bonnes mœurs, qu’en dégradant l’Écriture on donnera de la religion, qu’une tête pleine depuis l’enfance de décorations, de parures, de farces, fera une bonne fille, une bonne mère, une femme chrétienne, & que les Communautés Religieuses porteront l’aveuglement jusqu’à adopter un systême d’éducation qui choque les premiers principes de la religion & de la vertu.
Quoiqu’il outre les caractères à dessein pour faire rire le parterre, que ses caractères soient la plûpart des caractères d’imagination, que son Mysantrope ne soit pas un vrai mysantrope, mais un homme de mauvaise humeur, son Tartuffe ne soit pas précisément un hypocrite, mais un scélérat qui se couvre d’un masque de dévotion, comme un voleur qui s’habille en Religieux n’est pas un mauvais Religieux, il est du moins vrai qu’il rend parfaitement les caractères qu’il a imaginés.
Est-ce un Religieux, est-ce un Prêtre et un Professeur en Théologie, qui parle et qui nous donne une telle idée des Chrétiens ? […] ô illusion grossière ; un Prêtre, un Religieux, un Professeur en Théologie, croit qu’on ne pèche point, et qu’on ne laisse pas de sanctifier les Dimanches, en allant à la Comédie, et dit froidement,p. 56.
Tel un Religieux, un Ecclésiastique, qui déshonore son état et son ministère par son amour pour le spectacle. […] Le Roi daigna s’y trouver, on y tourne en ridicule le Pape, les Cardinaux, les Evêques, les Religieux, grossièrement par leur nom, la noblesse, la robe, tous les états, et on porte l’audace jusqu’à satiriser le Roi lui-même en sa présence, et taxer d’avarice la sage économie que faisait ce Prince de ses revenus pour ne pas fouler ses sujets, qui lui valut le glorieux titre de Père du peuple.
leur règne est bien étendu : est-il de cœur qui ne leur rende un religieux hommage ? […] La mémoire trop fidèle, le cœur trop sensible, l'imagination trop vive, les objets trop séduisants, et jusqu'aux chimères, tout sert si aisément une concupiscence trop redoutable, que les Solitaires même, ensevelis dans les antres de la Thébaïde, les Religieux de la Trappe, selon la tragédie du Comte de Comminge, dont nous avons parlé ci-dessus, ne sont point en sûreté contre cet agréable ennemi (leçon que le sieur Arnaud n'a pas prétendu donner, puisqu'elle doit faire abandonner le théâtre).
Plusieurs Princesses se sont faites Religieuses ; une piété éminente, une vocation divine peut opérer ce prodige, la philosophie n’est pas capable d’un si grand effort. […] Ce contraste seul en est une, mais à la honte de la Religion aussi déplorable que risible ; un Religieux la complimentant crut beaucoup la louer en lui disant qu’elle seroit mise entre les Saints à côté de Sainte Brigitte, Reine de Suède ; comme elle se moqua de cet éloge assez peu convenable en effet : J’aime mieux , lui dit-elle, être parmi les sages que parmi les Saints. […] Autre trait singulier : lorsque par jalousie elle fit assassiner Monal Deschi, elle envoya chercher un Religieux pour le confesser, & lui accorda une heure pour faire sa confession.
Ce bon Religieux croyant sa fortune littéraire faite & son immortalité assurée dans l’empire des Lettres, s’il étoit éditeur de ce chef-d’œuvre, ne négligea rien pour en tirer profit. […] Chez les Religieux, ce sont des sentences de l’Ecriture, ou des Peres, remplies de piété. […] Malgré les efforts de l’historien & l’enthousiasme de l’éditeur de l’ouvrage nouvellement découvert, tous deux Religieux d’un Ordre sévere, S.
Quand donc un auteur religieux honnête homme, et spirituel emploiera son art d’une manière dont il croit trouver un exemple dans la conduite de son Sauveur, que pour faire mieux respecter la vertu, que pour en rehausser l’éclat, il emploiera dans ses peintures les ombres noires et ténébreuses du vice, peut-on douter qu’il ait fait un ouvrage édifiant, utile et louable ? […] J’en appelle aux gens de bon sens : je leur demande si une éducation un peu suivie inspire beaucoup de goût pour l’esclavage rebutant d’une profession Mécanique ; s’il n’est pas sage, prudent et même religieux de s’adonner à ce à quoi on est le plus propre, s’il n’est pas du devoir d’un fils d’être pressé d’ôter à sa famille dont il a autant lieu de se louer que je l’ai de la mienne, le fardeau de son entretien. […] [NDE] Type de pièce de théâtre espagnole, née durant l’Âge d’or du théâtre espagnol, qui traite d’une allégorie religieuse, notamment liée au mystère de l’Eucharistie.
Voyez le bien que cela fait pour la conscience de ces Messieurs ; pour la consolation des Ecclésiastiques, et des Religieux qui se réjouissent, et toujours à la gloire de Dieu, de voir le beau monde à leurs Fêtes, pour l’édification du bon peuple qui s’en retourne admirablement content du beau Sermon, du beau Salut, de la belle Messe !
L’esprit de la Charte est un esprit de tolérance universelle et de fraternité, tout à la fois politique et religieuse.
[NDE] Fénelon, ou les Religieuses de Cambrai, tragédie de Marie-Joseph Chénier, représentée en 1793.
Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentit, on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraîchit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.
Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentir ; on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraichit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.
Son Ouvrage, devenu fort rare, traite la matière à fond ; et le sage Religieux qui en est l’Auteur, a démontré par des raisons sans réplique, que le Théâtre n’a jamais été condamné par l’Eglise, et qu’en soi-même il ne peut être condamnable.
Il est même déjà quelques Religieux, qui pensent que leur habit de pénitence exige qu’ils arborent cette sainte parure. […] On y reçoit des lettres, on y lit des Romans, on y donne de rendez-vous ; les adorateurs qui l’assiegent, auxquels on étale negligemment les charmes, y offrent leurs cœurs, & les brûlent à ces charmantes flammes ; on y reçoit des faveurs, on y prend des libertés, auxquelles l’état où l’on se montre invite, & qu’il facilite, en faisant semblant de refuser ; on loue, on admire, on éleve jusqu’aux cieux la beauté, les graces, les talens, les succès Dramatiques de la nouvelle Thalie, on avale à longs traits, on est ennyvré de la fumée de tant d’encens ; c’est un Ministre qui donne audience, c’est un Roi sur son Trône, qui reçoit des hommages, c’est une Déesse élevée sur l’Autel, à qui l’on rend un culte religieux, à quoi pense donc l’indiscret Daillion, d’abréger des momens délicieux, qu’on ne sauroit faire trop durer.
rapporte une grande affaire entre un Abbé Commandataire & le Prieur de ses Religieux. […] L’Avocat du Prieur ne contestoit pas la force de cette preuve, il se retranchoit à dire qu’un Religieux ennemi du Prieur, & gagné par sa Partie, l’avoit trahi, & furtivement mis tous ces mauvais livres dans son cabinet.
Il n’y a personne d’entre vous, mes Frères, qui ne fût dans la dernière surprise de voir un Religieux assister aux Spectacles. […] Les vœux d’un Religieux, quelque respectables qu’ils soient, ne peuvent être plus forts que ceux du Baptême ; et le Chrétien est aussi déplacé au Théâtre, que le Moine le plus pénitent.
On n’en voit point qui défende à un Religieux d’écrire en faveur de la Comédie ; cependant quand vous voudrez, je vous ferai voir par l’Ecriture que cela lui est défendu. […] Pour ce qui est de ceux qui assistent à la Comédie, vous tombez dans une contradiction manifeste : car vous vous montrez sévère page 58, à l’égard des Evêques, des Abbés et des Religieux, et vous ne voulez pas les excuser de péché mortel. […] Arrêtez-vous donc à cette dernière pensée qui est sans difficulté bien meilleure que celle que vous aviez dans la page 39, et en cela votre sentiment sera conforme à celui des Prélats, des Ecclésiastiques et des Religieux, qui ont le véritable esprit du Christianisme et de leur profession. […] Mais Dieu merci l’Eglise de France est gouvernée par des Evêques, et servie par des Religieux qui ont bien d’autres sentiments que vous sur la Comédie, et ce n’est pas sur leurs esprits que je crains que votre Lettre ait fait aucun méchant effet. […] un Religieux prendre le parti de la Comédie, pendant qu’un Prince du Sang l’aurait combattue ; qui n’en aurait été surpris ?
Mais, ce que notre clergé francico-romain ne peut ignorer, c’est qu’à Rome où les devoirs religieux doivent être plus scrupuleusement observés que partout ailleurs, il existe un théâtre magnifique que le pape Benoît XIII a fait élever à ses frais, et qui appartient en toute propriété à la chambre des finances du pape.
Un Prince n’oserait faire le Comédien, un simple Bourgeois croit qu’il y a des divertissements indignes de sa condition : un Religieux se rendrait infâme en se divertissant comme la plus grande partie des Chrétiens ; et un Chrétien se persuade qu’il n’y a rien de messéant à un si grand nom, il n’a point de honte de se divertir en Païen.
On en accuse les Ecclésiastiques & les Religieux ; c’est être bien mal instruit de la verité. […] Mais il n’y avoit rien à craindre, c’étoit des Religieuses très-obéissantes. Le meilleur temps qu’elles aient eu, c’est quand elles étoient filles ; car elles avoient leur libéral arbitre pour être Religieuses de Venus ou de Diane, pourvu qu’elles eussent la sagesse & l’habileté de ne pas devenir enceintes.
La plupart des Hérétiques ont été des Religieux, des Prêtres, des Théologiens, des Métaphysiciens, donc tous les Religieux, les Théologiens et les Prêtres sont des Hérétiques et vous êtes Métaphysicien. […] L’apostasie de Sergius, l’hypocrisie, l’ambition, la cruauté de Cromwell ne me feront point voir des factieux dans des Religieux scrupuleux observateurs de leurs règles.
Que les personnes qui dansent, le puissent faire avec décence, avec modestie & sans scandaliser personne, car autrement elle ne pourroit pas être sans péché ; comme si par exemple un Ecclésiastique ou une personne religieuse commettoient cette indécence : Ut non sit persona indecens, sicut Clericus vel Religionsus.
Qui ne seroit surpris, scandalisé d’y voir un Religieux ?
Vous voyez par là que je ne dois pas seulement défendre la pièce de Molière, mais encore le plus grand, le plus estimé et le plus religieux monarque du monde.
Mais ils étaient si religieux en cette pratique, que les Juges des Jeux punissaientPausan. in Æliac. et alibi.
En voici des présages, le Curé de … homme de mérite, confessoit depuis plusieurs années les Religieuses, de… ces Dames voulurent représenter une comédie, en firent les préparatifs, & l’exécuterent, elles & leurs pensionnaires, sans lui en rien dire, il le sur, les blama hautement, & menaça de refuser l’absolution ; il ne savoit pas que les Religieuses avoient pris leur précaution, & obtenu la permission de la cour Episcopale, un peu moins scrupuleuse.
De retour au Palais, il donna un festin à cette troupe de Nains, il y avoit deux petits dais de soie au-dessus des places des nouveaux époux qui avoient une petite table séparée de celle des autres ; les filles Naines qui avoient servi de conductrices, avoient des couronnes de laurier ; il y avoit pour servir un Maréchal & huit sous-Maréchaux, tous Nains : l’Écuyer tranchant avoit une cocarde, cette troupe de petites personnes étoit au milieu de la salle, l’Empereur, les Princes, les Princesses & toute la Cour dînoient dans la même salle, à des tables rangées le long des murs, comme elles le sont dans un réfectoire de Religieux, & rioient des saillies de leurs Nains qui faisoient plus de bruit à mesure qu’ils buvoient les santés. […] La première démarche d’une vertu naissante, c’est la réforme des habits, tous les Saints se sont distingués jusqu’à la porter à une sorte d’excès ; toutes les réformes des Religieux en ont fait une règle, & toutes les mitigations ont commencé par l’abandonner.
Le Chapitre, le Séminaire, Eleves & Directeurs, les Chanoines réguliers, plusieurs Religieux, tout le beau monde de la ville s’y rendit en foule. […] Pour construire ce religieux édifice, on a abbatu des maisons, on a détruit de magnifiques allees d’arbres que M. de Tourni avoit fait planter, & qui ornant cette ville, fournissoient aux habitans des plaisirs utiles & plus agreables.
Les Chevaliers Teutoniques, fondés en 1191 par le Pape Célestin III & l’Empereur Henri VI, pour la noblesse allemande, ne sont, comme les Chevaliers de Malthe, que des Religieux hospitaliers & militaires ; ils ont dans l’Empire beaucoup de commanderies qui sont gouvernées par un grand Maître. […] François un imbécille, la virginité des Religieuses une plaisanterie.
La liturgie des Juifs, qui entre dans le plus petit détail, n’en fit jamais une cérémonie religieuse. […] Jean, qu’il veut à toute force traiter de cérémonie religieuse.
Caffare & tous ceux qui ont eu quelque indulgence pour le théatre, & c’est à tort qu’on avance que le théatre a été mal défendu, puisqu’on ne peut dire rien de plus fort en sa faveur que l’ont fait ces deux Religieux, l’un avec toute la subtilité scholastique, l’autre avec toute l’élégance oratoire. […] Sur-tout pour les Religieux & les Ecclésiastiques, obligés à l’édification & au travail : Tempus audiendis nugis conterere, cùm Deo vacare necesse sit.
Quand nous remarquerions quelques passions criminelles dans les plus religieuses Comedies, elles n’y paroissent que dans un état qui en fait concevoir de l’horreur : & elles ne sont non plus contraires au respect que nous devons à ces images parlantes, que les bourreaux qui dans un tableau font mourir Jesus-Christ, ou les Saints, ne sont pas opposez à la veneration que nous devons à cette representation de la Passion de Jesus-Christ, & du martyre des Saints. […] Ces vastes Provinces acquises à Jesus-Christ, & sanctifiées par le sang des millions de Martyrs, éclairées par un si grand nombre de sçavans & de saints Personnages ; par des lumieres aussi éclatantes, aussi pures, & aussi incorruptibles que celles du Ciel, gouvernées par un si grand nombre de Pasteurs qui sont encore honorez aujourd’huy comme les oracles, comme les maistres, & comme les modelles de l’Eglise, peuplées par un si grand nombre de Saints & de sçavans Religieux, sujetes à des Empereurs dont plusieurs ont esté si vaillans, si justes, si Chrêtiens : ces vastes Pays, dis-je, soûpirent dans l’esclavage, gemissent sous la tyrannie & sous l’infidelité des barbares, sont perdus par l’heresie. […] Nous avons de puissantes armées, & de grands Chefs, plusieurs de ces Provinces ont esté défenduës par les plus vaillantes armées, par les plus grands Capitaines de l’Empire Romain ; nous avons des Pasteurs & des Religieux qui veillent, & qui prient pour nous ; ils ne sont pas en plus grand nombre, ils ne sont pas plus Saints, ils ne seroient pas plus exaucez que ceux qui ont veillé, que ceux qui ont prié pour ces infortunées Provinces ; & quels crimes sont plus capables de fermer les mains, le cœur, les oreilles de Dieu, que ceux qui corrompent l’innocence des peuples ; & qui font une profession publique & constante de deshonorer & de mépriser Dieu ?
Ce savant Religieux nous apprend trois choses dans cet excellent traité.
Pour un bon ouvrage en vers ou en prose, qui peut compter les vaudevilles, chansons, épigrammes, lettres, ana, conversations, mélanges, bons mots, etc. où sans ordre, sans choix, sans liaison, passant du grave au puérile, du religieux au bouffon, de la raison à la folie, on est entraîné dans un tourbillon de frivolité qui détruit jusqu'au germe de la vertu et de la littérature ?
On voit pour la premiere fois, avec la plus grande admiration, & une vénération religieuse, ce que depuis dix ans on avoit cent fois vu travailler dans l’attelier du sculpteur. […] Je ne sai que lui ont fait ces bons religieux pour les négliger.
Il est aussi des airs militaires, religieux, pastoraux, &c. […] Carracciolli, un de ses parens, très-saint religieux : à son tour, il a canonisé le Pape à sa manière.
des vertus de préjugé… une corruption religieuse & politique , de ce qu’au lieu de nous avoir parlé de vraies vertus, il ne nous a pas dit que tout meure avec nous. […] Nous nous passerons de leurs maximes, que nous ne pourrions prendre pour règles de notre conduite, sans manquer à la majesté du trône : notre religieux Monarque avant que d’y monter, a fait un vœu spécial d’employer toute sa puissance pour arrêter la fureur des duels, & par-là nous a intimé ses volontés, ou plutôt celles de Dieu même, qui ne s’est reservé qu’à lui seul le droit de la vengeance, mihi vindicta , (Rom. 12. v. 19.) […] ) une corruption religieuse, toute espèce de libertinage qu’elles ne connoissent pas, & principalement celui des hommes avec les femmes .
Les aventures de Jupiter, de Junon, de Vénus, &c. chez les Grecs, de Visnou, de Brama, chez les Indiens, d’Amida, de Xaca, chez les Japonnois, &c. ne sont que des romans pris pour des vérités, & dont la crédule simplicité des peuples a fait des objets religieux.
Il faut donc en ouvrir les portes à la jeunesse, aux Religieux, au Clergé.
» On voit par ces paroles, que Marcel Megal un des Religieux Théatins les plus éclairés, décide que c’est un péché mortel, de dire dans les Comédies ou ailleurs, des paroles qui portent à l’impureté et à la fornication, quoiqu’on les dise pour rire et pour relâcher l’esprit ; et que ceux qui les écoutent pèchent mortellement, quoiqu’ils les entendent sans sentir un plaisir sensuel et seulement par récréation.
Il faut en croire un des plus Religieux Prêtres de Venus. […] Le Concile a si peu cru que Flore, Venus, Mercure dussent produire cet effet religieux, qu’il les condamne séverement, & dit expressément qu’on y évite toute sorte d’immodesties ; omnis lascivia vitatur, il ne veut pas même qu’on donne aux figures un air galant, des atours de toilette, une élégance immodeste : Procæci venustate non Fingantur.
Cromvel & ses partisans prirent la Religion pour prétexte de leur révolte contre Charles I, donnerent dans l’hypocrisie, formerent un jargon de dévotion, & mirent à la mode les décorations religieuses : c’étoit un enthousiasme de piété. […] Lorsqu’Henri IV fut affermi sur le trône, on abandonna ces objets religieux, on donna dans un autre excès.
Le Roi Dagobert aimait tellement la musique, qu’entrant dans l’Abbaye de Romilly pour assister aux Vêpres, il fut si enchanté de la voix d’une Religieuse, qu’il en devint passionnément amoureux. Il voulut absolument la voir ; il la trouva si belle & si bonne Musicienne, qu’il répudia sa femme, & épousa publiquement la charmante Religieuse, qui soutint à merveille son personnage de Reine.
& l’austerité de ce ieusne comme legitime estoit legitimement obseruée non seulement par les penitens, par les Religieux & deuots, mais aussi par les laics : Charlemaigne à ordonné Lib. […] Gregoire de Tours nostre Clairmontois, Bede le venerable, Haymon Euesque d’Heberstad, & Durant Euesque de Mande, encores que Bede ayt esté disgracié & chassé de la communion de ses freres religieux pour auoir tenu ceste opinion, & dit que Paula & Eustochium vierges l’auoient veüe dãs ce puy de Bethleem, ainsi que remarque Pierre Comestor Comestor hist. euang. ca.