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75. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

« Les caractères des Drames comiques, s’écrie-t-il, sont fort communs, & toujours les mêmes. » Les siens sont variés avec goût, par une suite de cette éxactitude qu’on a de donner à chaque Artisan le genre qui lui convient.

76. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Le poëte universel est encore à naître, même dans les divers théâtres tragique, comique, lyrique, pastoral. […] Le comique français, supérieur par la finesse des plaisanteries, inférieur par la pureté du style, n’a pas plus de fécondité que le romain. […] Il ne l’est pas toujours, il l’est rarement dans le comique. […] Ces deux genres sont essentiellement différents ; la chaire se dégraderait par les traits familiers d’une scène comique ; elle ne combat que les vices, jamais les ridicules, et c’est au ridicule que la scène s’attache. […] Thalie a répandu sur tout un vernis de comique.

77. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

L’Opéra Bouffa, que nous avons accueilli et dénaturé, en lui ôtant le comique de son genre, est aussi couru que le grand Opéra.

78. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

« On commet, dit-il, un grand abus dans la République en souffrant les comiques, ce qui est une perte de la République des plus pernicieuses. […] Thémistocle, grand homme d’Etat, jeta sans façon dans la mer, par un zèle un peu militaire, un Poète comique : « Tu ne m’as que trop noyé, lui dit-il, en me portant au vice, de toutes les mers la plus orageuse, où le naufrage est le plus certain ; il est juste qu’à mon tour je te noie une fois. » Platon et Aristote, si différents dans leurs sentiments, se réunissent en ce point. […] La politesse Française, en épurant les manières et le langage, a rendu aussi la scène plus polie et plus délicate ; on n’y voit plus la férocité Anglaise, la grossièreté Gauloise, les bouffonneries des Trivelins, les platitudes des halles ; tout cela est banni de la société des honnêtes gens, quoique l’opéra comique, les théâtres de la foire, les spectacles des boulevards, les farces, les théâtres de province, soient encore fort éloignés d’accéder à la réforme. […] Jules-César avait le génie trop élevé pour s’amuser de bagatelles théâtrales, non par religion et par vertu, il ne fut jamais un modèle de sainteté, mais par grandeur d’âme, étendue d’esprit, vues profondes de politique ; il en méprisait jusqu’à la partie littéraire, il ne trouvait point dans les meilleures pièces connues de son temps, qu’on donne pour des chef-d’œuvres, le degré de perfection du bon comique, qu’il appelait vis comica, qui en effet est très rare, et qu’on ne trouve que très peu même dans Molière, malgré tout l’encens que brûlent sur ses autels ses vicieux adorateurs.

79. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Un bon Poëte Comique fait comme les Peintres, qui dans ces Portraits qu’ils nomment Charge, savent peindre un homme en ridicule, en lui conservant sa ressemblance. […] Rousseau qui possédoit le talent de l’Epigramme, a travaillé dans le genre Comique, dont il avoit beaucoup étudié la Théorie.

80. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Les Grecs ont varié trois fois dans leurs représentations comiques ; ce qui a distingué leurs Comédies en vieille, moyenne et nouvelle. […] Alcibiade fit publier dans Athènes une Ordonnance vers l’an du Monde 3647. avant J.C. 407. qui défendit à tous Poètes de nommer les personnes dans leurs pièces comiques.

81. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

La tragédie de Terée du Sieur Renou a occasionné un procès comique entre l’Auteur & les Comédiens. […] Il faudroit donc aussi que le Gouvernement déclarât l’étendue de ce droit bien en détail, pour prévenir les procès comiques qui peuvent en naître. […] L’Auteur des trois siecles, l’un de ses admirateurs, dit pourtant : Comment Moliere, Auteur seulement de trois ou quatre pieces achevées, & de tant d’autres dont le denouement est si peu naturel & les défauts si sensibles, comment avec une prose si négligée, des vers si peu exacts des caracteres outrés, est-il parvenu à se faire regarder comme le premier Poëte comique de tous les théatres connus… Ses comédies sont les seules qui aient eu le pouvoir de reformer les mœurs. […] Tous les Comiques ont été de même ; témoin Aristophane contre Socrate. […] La vanité des uns, la bassesse intéressée des autres, la crédulité du public qui en est la dupe, aussi comique que le Prôneur de Dubois.

82. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Scaron, plus original, plus fécond, plus varié que Moliere, mais plus grossier & moins habile peintre, ne se masque pas dans ses dragmes & dans son Roman comique ; il a conservé avec franchise les noms espagnols, comme la Mothe Oudard dans son Inès de Castro. […] Cet homme de génie a des beaux traits, des pensées sublimes, des sentimens nobles, des situations touchantes semées çà & là : mais une infinité de bassesses, de bouffonneries, des licences du plus bas comique, des horreurs dégoutantes, des attrocités révoltantes, qui l’emportent infiniment sur ce qu’il a de bon. […] Une demoiselle de quinze à seize ans s’est avisée de donner pour bouquet à son pere, en lui souhaitant la bonne année au commencement de janvier, la représentation de deux opéras comiques, la Servante Maîtresse, & Annette & Lubin. […] Un poëte soi-disant, amant de la jeune comédienne, a célébré ses talens comiques par des vers pesans, à la vérité, & trop sérieux pour cette farce. […] Ce n’est pas sans doute le coup d’essai de la jeune actrice, elle a plus d’une fois brillé au spectacle, pour avoir si bien le ton, les allures, l’esprit des coulisses, sur-tout du théatre comique, connu & choisi ces deux pieces ; elle s’est plus d’une fois exercée sur les théatres de société ; elle doit avoir appris en perfection la poësie, la musique, la danse, l’art dramatique, pour composer des prologues charmans ; sur-tout elle doit bien connoître le goût de son pere, pour avoir cru lui plaire, en lui souhaitant la bonne année par des farces ; & le pere qui a souffert ces exercices, ces assemblées d’acteurs & d’actrices, qui a fait la dépense de ce théatre, qui a permis & approuvé ces vers galans, & les a fait mettre au Mercure, qui a souffert les assiduités de ce poëte amoureux, les parens & les amis qui ont célébré cette fête, tous ces gens-là sont bien enthousiasmés du Théatre.

83. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

On donne en général le nom de Comédien aux Acteurs & Actrices qui montent sur le Théâtre, & jouent des Rôles, tant dans le Comique que dans le Tragique, dans les Spectacles où l’on déclame ; car à l’Opéra, on ne leur donne que le nom d’Acteurs, ou d’Actrices, Danseurs, Filles des Chœurs, &c.

84. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIX. Autre principe de Platon sur cette matière. » pp. 69-71

C'est encore un nouveau motif à ce philosophe pour bannir de sa République les poètes comiques, tragiques, épiques, sans épargner ce divin Homère, comme ils l’appelaient, dont les sentences paraissaient alors inspirées : cependant Platon les chassait tous, à cause que ne songeant qu’à plaire, ils étalent également les bonnes et les mauvaises maximes ; et que sans se soucier de la vérité qui est simple et une, ils ne travaillent qu’à flatter le goût et la passion dont la nature est compliquée et variable.

85. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Et quand Varron dans le jugement qu’il fait des Poëtes, attribüe la Grandeur à Pacuue, & la Mediocrité à Terence, il n’a point dessein de preferer l’vn à l’autre, ny d’estimer dauantage le Grand que le Mediocre : Il veut seulement, Monsievr, par ces deux exemples representer l’idée & la forme des deux genres differens, à sçauoir de la Poësie Tragique, & de la Comique. […]   C’est ainsi encore, Monsievr, que la Moralité dont vous me parlez, & que l’Instruction, de laquelle vous desirez que je vous parle, doiuent estre distribüées dans les diuers endroits du Poëme Comique. […]   Mais de quelle maniere se trame cette excellente tromperie, & quelle doit estre la juste dispensation du τὸ ἤθος, dans le corps du Poëme Comique, pour mesler l’instruction au plaisir, & le salutaire au delicieux, ce sera le sage & le sçauant Monsieur Chapelain, qui le vous dira ; & je ne sçay pas pourquoy estant à Paris, & à deux pas de l’Oracle, vous auez voulu consulter vne Vieille de village.

86. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

C'est à peu près tout le mérite de Scarron, chez qui la création ou l'assemblage de quelques mots, ou l'union de quelques idées qui ne sont pas faites l'une pour l'autre, présentent un burlesque, qui après avoir fait rire deux o trois fois, ennuie et le fait mépriser : mérite méprisable dont se piquent ordinairement les Poètes comiques, qu'ils appellent talent de peindre par les sons, par mots pittoresques, et qu'ils empruntent le plus souvent des harangères, nation féconde en sobriquets, la plupart aussib as que celles qui les donnent et ceux qui s'en servent. […] Il l'est si bien et si unanimement reconnu, qu'il est devenu un proverbe, c'est une comédie, c'est une farce, c'est un Comédien, une Actrice, cela est comique, etc. […] [NDE] Cyrano de Bergerac, auteur de L'Histoire comique des Etats et Empires de la Lune.

87. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

De pareils centons, composés de ces lambeaux tragiques & comiques, seroient aussi scandaleux que ridicules. […] Qui pourroit méconnoître la tournure agréable, plaisante & vraiment comique du Comte Hamilton dans la piece posthume de l’Abbé de Voisenon. […] Ces vers sont pris du Divorce comique, petite farce où l’on suppose que la Troupe des Comédiens veut quitter Clomire (anagramme de Moliere) s’il ne corrige ses pieces. […] Ces vers sont pris du Divorce comique, petite farce où l’on suppose que la Troupe des Comédiens veut quitter Clomire (anagramme de Moliere) s’il ne corrige ses pieces.

88. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Une scène atroce est suivie d’une scène du plus bas comique. […] Ses meilleures pieces & ses plus beaux morceaux, aussi-bien que ses farces, ne sont que des copies : si on prenoit la peine de ramasser tout ce qu’il a pris dans les comiques qui l’ont précédé, il ne resteroit presque rien qui lui appartînt. […] Un enthousiaste du spectacle, un comédien, un romancier, un poëte comique est-il bien propre à rendre la justice ? […] Il se fait connoître, lui déclare sa supercherie, elle lui pardonne, & l’aime enfin à son gré, Cette idée n’est pas nouvelle : il y a nombre de contes & de pieces comiques où, sous un nom, un masque, une figure empruntée, un mari se fait aimer de sa femme, qui en aimoit un autre ; il n’y a de nouveau que l’idée de sylphe, & un air de furie & de merveilleux qui le rend sans vraisemblance & ridicule. […] Ils auroient formé une bibliotheque d’opéra comiques.

89. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

On a cru jusqu’à present que les ridicules des vices étoient le fondement essentiel sur lequel devoient porter toutes les instructions comiques, & l’on n’a pas fait attention que cette méthode étoit diamétralement opposée au but de la Comédie ; car en s’attachant principalement à ne jouer que les ridicules des vices, il est évident qu’on néglige le son du vice : il est encore évident qu’on n’inspire aux hommes de l’horreur que pour les ridicules, pendant qu’il faudroit leur en inspirer pour les vices. […] prenons l’avare sur lequel les meilleurs peintres comiques ont travaillé.

90. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Ce ne fut qu’après Térence que les Poètes comiques des Romains prêtèrent à ce terme une signification moins étendue. […] M. de Mailhol ; Ramire, Tragédie, mêlée de Scènes comiques, représentée aux Italiens en 1757.

91. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Cependant peut-on regarder nos bons comiques et tous les riants auteurs de nos délassements, du même œil qu’un amant regarde sa maîtresse ? […] Lysistrata mise à la scène par un homme d’un talent reconnu, y serait restée telle qu’il nous l’offrait, et nous irions nous divertir aujourd’hui à ce spectacle très comique, s’il n’avait été permis qu’aux hommes d’y entrer.

92. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Racine & les tragiques font excuser les vices & aimer les vicieux ; Moliere & les comiques font mépriser la vertu & hair les gens vertueux.

93. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Il raconte quelques traits comiques quî ne sont pas indifférens. […] Le Roi vint à passer, & ayant vu cette scène comique, il se mit à rire, & dit pour les consoler : Il vaut mieux que ce soit eux que d’autres ; ils ont bonnes jambes, ils se tireront mieux d’affaire : mais je doute que sur un tel théatre ils puissent jouer comme il faut. […] Le Duc connoissoit l’humeur de cette dame, qui avoit été sa maitresse ; il craignit un dénouement comique qui n’auroit pas été de son goût, il se hâta de le prévenir, & faisant le généreux, il le renvoya sans rançon, mais il fit bien payer celles des autres. […] Le prologue de la piece avoit été comique ; mais le dénouement fut tragique. […] Ce mot est même en France plus ancien que Moliere : dans les vieux comiques, les livres, gaulois, on en voit vingt exemples dans le Glossaire de du Cange, dans Nicod, dans le Calepin, sur le mot Truffe, Truffares.

94. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Quel est le but des frivolités comiques ?

95. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

C’est contre la vérité & la vraissemblance ; la plupart des événemens comiques se passent entre les bourgeois, sans intervention de personnes titrées ; on ne doit employer ces titres que comme ceux de Conseiller, de Président, de Capitaine, que quand le rôle le demande, ou qu’on veut le rendre ridicule par une qualité empruntée, & mal soutenue. […] Les comiques modernes voudroient-ils aller plus loin que leur maître ? […] Le libertinage de la jeunesse le fit comédien : Juventa licentia factus histrio , né pour des emplois sérieux, transporté dans les folies du comique, rigide observateur, & peintre plaisant du ridicule ; mais sans affectation & sans gêne, serré dans sa prose, aisé dans ses vers, fertile en plaisanteries, il a réuni les bonnes qualités, & les défauts de tous les comiques. […] Tout ce qu’il avance de juste, c’est le mépris de l’Opera comique, de Nicolet, des comédiens de bois, qu’il met au dessous de tout : preference que personne ne disputera : que peut-il y avoir au dessous de ces bas tabutinages ?

96. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Les Prologues de la plus-part de leurs Drames Comiques ne sont point une Exposition, ainsi qu’ils l’étaient quelquefois chez les Grecs ; mais une réponse à quelques critiques faites contre l’Auteur, & une prière aux Spectateurs de vouloir bien écouter en silence : On aurait besoin d’employer souvent un pareil moyen dans presque tous les Théâtres de Province. […] On se rappellera que le Nœud des Pièces de notre Spectacle n’est autre chose que deux volontés qui se croisent ; ou que le tableau d’un personnage comique ; ou l’image des mœurs & de l’occupation d’un Artisan. […] Il est facile de conçevoir que le dénouement des Pièces comiques doit être heureux.

97. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

La scène comique dans les commencements était une représentation d’après nature ; les personnes y étaient désignées par leurs noms. […] Il y avait aussi à Rome des mimes et des pantomimes qui jouaient toutes sortes de sujets tragiques et comiques, sans rien prononcer.

98. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Le Theatre de Gherardi, Italien, n’a rien de plus comique. […] Ce galimatias comique, tragique, galant, dans un vieux Evêque dont on veut faire un Pere de l’Eglise, inspire aussi de la pitié, mais peu de respect. […] Ce mêlange n’est-il pas du meilleur comique ? […] Tous les navires furent garnis de rubans, les banderoles, les pavillons, espece de rubans flottans au gré des vents, les violons, les sauteurs, l’artillerie, firent une saturnale maritime aussi comique que celle de Bourges. […] Cette belle médiatrice parut à la Cour avec l’appareil & la gravité d’un homme d’Etat : mais cette ambassade comique ne réussit pas : le dénouement fut tragique.

99. (1620) L’Honneur du théâtre « Prologue » pp. 39-42

Nous imiterons sa naïveté, Messieurs, non pas sa cruauté ; repaissant vos oreilles de la plus douce harmonie qui puisse sortir du sacré concert des plus excellents Poètes, et vos yeux des plus agréables feintes que l’invention Comique ou Tragique puisse trouver pour vous complaire, et vous témoigner que notre plus ardent désir est de vous contenter, et laisser une opinion dedans vos cœurs que nous ayons essayé tous les moyens de nous déclarer vos très humbles serviteurs.

100. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Il l’a favorisé, il l’a combattu ; il n’a pas fait à la vérité des comédies, mais des livres comiques, dont la bisarrerie & l’indécence dans les choses mêmes où la raison donne droit à Thalie de les placer dans sa bibliotheque. […] Ce rôle comique ne lui convenoit pas, tout habile acteur qu’il étoit : personne ne prit le change ; on connoissoit ses liaisons avec le P. la Rue, & le public rendit justice à tous les deux. […] Voici un usage de ce diocèse qui tient du comique : dans certaines cérémonies on met un beau fauteuil dans la chaire de la cathédrale, l’évêque s’y place pour prêcher le peuple & montrer des reliques. […] Cette prétendue réforme ne sait, comme celle des protestans, qu’adoucir les austérités, mitiger les regles, les prieres, les exercices, & débarrasser de tout ce qui gêne : cet air de liberté, ce ton de mondanité, détruit l’esprit de l’état, & forme une décoration comique ou plutôt tragique, puisque la religion en souffre, & que le contraste de la rigueur édifiante des regles primitives avec les nouvelles constitutions scandalise les foibles.

101. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

On nous donne pour vraisemblable, dans le Maître de déclamation, le dessein qu’à un Marquis d’embrasser la vie comique, & d’aller jouer les valets en province. […] Panard, a dit de lui-même qu’il étoit passable coupletteur ; ce mot peu françois exprime bien du moins le mérite de ce Poëte ; il excelloit dans les couplets ; ceux qu’il a faits sur les invraisemblances reprochées à l’Opéra, sont remplis d’antithèses ingénieuses ; mais voilà tout ; ses intrigues sont foibles, sa gaité vous laisse froid, sa morale ennuie, excepté peut-être dans le Fossé du scrupule : il trouve des contrastes heureux dans les mots, il n’invente jamais de situation, il ne fait pas rire, il n’a pas de force comique. […] Ses Opéra comiques étoient au nombre des pêchés qu’il se reprochoit. […] Favart, d’avoir mieux aimé primer à l’Opéra Comique qu’ailleurs !

102. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Je brille dans le tragique, Père Luc dans le comique. […]  1.), le Parlement de Paris termina deux procès comiques, entre les Comédiens français et ceux de la foire S.  […] Sulpice, qu’on a longtemps accusé de pousser l’éloignement du monde jusqu’à la misanthropie, la simplicité des habits jusqu’à la malpropreté, l’exactitude aux exercices de piété jusqu’à la minutie, et qui cependant dans les temps heureux de sa plus grande ferveur, au grand et au petit Séminaire, à la Communauté des philosophes, à celle de Lisieux, avait dans chacune de ses maisons de campagne des théâtres toujours dressés, qu’en termes d’argot on appelait le moulin, et où pendant tout le temps des vacances, sous les yeux de leurs graves Supérieurs, spectateurs, approbateurs, souvent instigateurs, les Séminaristes exerçaient, représentaient, composaient à loisir et in promptu les pièces les plus comiques, soit imprimées, soit de leur façon ?

103. (1731) Discours sur la comédie « Préface de l'Editeur. » pp. -

J’ajouterai que j’ai inséré quelques faits, que l’Auteur aurait lui-même cité, s’ils s’étaient offerts à sa mémoire ; j’ai encore pris soin d’extraire tout ce qui se trouve contre les divertissements comiques, dans le beau Recueil de Rituels et de Statuts Synodaux, que le savant M. de Launoy a laissé aux PP.

104. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

La Scene comique, dans le commencement, étoit une représentation faite d’après nature. […] Le Théatre comique ne devint pas moins nuisible aux mœurs que le tragique. […] Aussi, dans tous les temps, les Pieces comiques ont elles été l’image des mœurs de la Nation pour qui elles ont été faites. […] Ces Acteurs jouoient toutes sortes de sujets tragiques & comiques, sans rien prononcer. […] Chez eux, comme dans presque tous nos Poëtes comiques, le libertin est plaisant, enjoué & d’agréable humeur.

105. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

L’Aréopage du théâtre, ou les courbettes de l’Auteur, la morgue des Magistrats, la bizarrerie des décisions, les travers des jugemens, &c. fourniroient bien des scénes comiques ; mais comment espérer de la faire jouer ? […] Trois spectacles, ou quatre au plus, nous suffisoient depuis plus de deux siécles ; l’union de l’opéra comique à la comédie Italienne nous privant d’un théatre, nous enrichissoit d’un nouveau spectacle, qui représentoit deux genres, & pourroit nous suffire.

106. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Mais voici ce qui l’intéresse : c’est un triomphe comique dont il a fournit toute la décoration. […] Les Demoiselles du Séminaire ou Collége féminin, qui s’est établi à Petersbourg, ont joué le jour de la fête de l’Impératrice, une Comédie françoise, un Opéra comique, qui ont été fort applaudis ; sur quoi le Gazetier d’Avignon, qui le rapporte, 19 juin 1776, ajoute : Ce succès doit engager les Auteurs françois à suivre les modeles du siecle de Louis XIV, & à traiter des sujets qui puissent être entendus & goutés de toutes les Nations.

107. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

on n'oublie pas qu'un grave Religieux distribuait, faisait apprendre, exerçait des rôles comiques, donnait le ton, dirigeait le geste, animait le coup d'œil, enseignait à représenter sur la scène, à faire avec grâce une déclamation à sa maîtresse, à rendre le personnage de Soubrette, d'Arlequin. […] Comment le rédacteur des assertions sur leur morale relâchée a-t-il pu négliger d'embellir sa collection d'une foule de vers tragiques et comiques sur tous les points de la morale, et notamment sur l'homicide et le tyrannicide ? […] Qu'ils ne lisent point de Romans ni de Poètes comiques, comme Aristophane, ou des Auteurs licencieux, comme Archiloque, Hypponax.

108. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VII. De l’inconséquence de quelques prêtres ignorants envers les Comédiens, et de leur fanatisme mis en opposition avec l’autorité du pape et avec la conduite éclairée du haut clergé et des ecclésiastiques sensés en France. » pp. 134-140

Molière, le plus parfait de nos poètes comiques, et l’un des plus célèbres comédiens qui aient honoré la scène, était coupable d’un crime irrémissible aux yeux du fanatisme, il a fait Tartuffe, et les hypocrites, présents et futurs, ne le lui pardonneront jamais.

109. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Un très grand nombre d’Abbés & de Jésuites ont depuis travaillé pour la scéne, dans tous les genres : Lyrique, tragique, comique, pastorale, &c. […] Les officiers de la grand-chambre, la plupart vieux maris, ou vieux célibataires, prennent peu d’intérêt à ces fêtes comiques, qui sont pour les jeunes Magistrats des évennemens très-importans. […] Cette universalité a quelque chose de comique. 5°.  […] Il débuta dans le monde par une véritable comédie, il soutint dans l’Université de Verone une thése publique dont le fond & le style sont d’un jeune homme, & d’un poëte comique ; elle rouloit toute sur l’amour ; & dans cent conclusions contenoit autant de questions, & de décisions galantes ; tels que sont les Arrêts d’amour, ridiculement honorés d’un sçavant Commentaire par le Docteur Contius.

110. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

L’Auteur prétend que le grand Maréchal Sobieski, qui depuis fut Roi, dût à ce moyen, moins militaire que comique, une bonne partie de ses victoires. […] Le Sieur Milei, grand amateur, a écrit une lettre insultante contre les deux censeurs, qu’il tourne en ridicule, & au nom de tout ce qu’il y a d’êtres pensans à Londres , il conjure Garrig de jouer cet opéra comique autant qu’il pourra. […] La piéce fut jouée par les enfans de l’Ambigu comique. […] Ce langage, l’écho de celui du siécle, ces idées, qui en rendent le véritable esprit, font de l’incrédulité un jeu qui amuse, un ton qui a imposé un air de bel esprit, dont on se fait honneur, une espece de scene comique.

111. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Je ne disconviens pas qu’il n’y ait dans ces deux Comiques quelques exemples qui peuvent lui être favorables. […] Quoiqu’il en soit, Falstaff ne porte point le cothurne, ce personnage est tout comique d’un bout à l’autre. […] Le Comique et le Tragique prennent une route différente ; mais ils doivent toujours aboutir au même terme. […] En un mot, si le plaisir sans restriction est nécessairement l’âme de la poésie Comique, il ne faut plus qu’il soit fait mention de Comédies.

112. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Quoi qu’il en soit, l’invention des Drames en récits, tant sérieux que comiques, fit abandonner l’Opéra, ou les simples représentations en chant. […] Les deux Pièces de Corneille èxceptées, ses prémiers Drames sont remplies d’un comique, tirant beaucoup sur le burlesque. […] A mesure que le goût se développait, on bannissait de l’Opéra-Sérieux les plaisanteries & le comique ; nous avons rétabli ce qu’on rejettait alors. […] Enfin l’Opéra-Sérieux est semblable, à peu de chose près, aux Poèmes sérieux & comiques dénués des agrémens du chant. […] L’Abbé de La Baume, Auteur de plusieurs Ouvrages ridicules, ayant occasion de parler du grand Opéra dans un Poème sur la Paix, s’écrie avec un enthousiasme tout-à-fait comique : Où suis-je ?

113. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Cet éloge, qui dans un Sermon à Notre-Dame, fait une sorte de scene comique & une apologie authentique du Théatre, a dû peupler le parterre, & méritoit un remerciment & une récompense de la Troupe. […] Voici le portrait de tous les deux : Censure ingénieuse, satyre cinique, parodie vrai comique, superstition, blasphême, saillies brillantes, bouffonneries froides, Rabelais sur la scene, tels sont Aristophane & Moliere. […] Ce sont des traits qui confondent les méprises, font le triomphe de l’Auteur comique. […] Moliere, dit-il, est un grand Poëte comique ; mais ne puis-je pas parler en liberté de ses défauts ? […] L’Auteur parcourt tous les comiques, anciens & modernes, bons & mauvais, pour découvrir en quoi Moliere a été imitateur, & en quoi il a imité, pour lui donner la palme.

114. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Cette petitesse qui n’a de force que par le préjugé, est cause que les Auteurs sont souvent fort embarrassés, & prive notre Théâtre comique de situations éxcellentes, de caractères nouveaux, saillans.

115. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Cette discussion ne nous sera pas inutile, puisqu’elle nous fournira des principes pour juger des pièces comiques, et en général de tous les discours qui font rire.

116. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

Quant à la Tragicomédie c’était, selon les Anciens, une Pièce dont le sujet était comique, et où l’on introduisait néanmoins des personnes illustres, qui rendaient par leurs bouffonneries leur grandeur ridicule ; nous en avons un exemple dans l’Amphitrion de Plaute. Mercure en fait l’ouverture par un prologue, où il dit que de cette Comédie il en fera une Tragicomédie, parce que des Dieux et des Rois y agiront, et qu’il y mêlera la dignité des personnes avec la bassesse des discours comiques : ce n’est point en ce sens que nous avons pris ce nom. […] qui rapporte l’avoir vu jouer, dit que cette Pièce était excellente ; il y compare l’Auteur aux plus célèbres Poètes comiques des Grecs et des Romains : et la réussite, ajoute-t-il, en fut si grande, qu’elle a donné lieu depuis ce temps aux proverbes de Patelineurs et de patelinage, pour exprimer dans les actions communes un semblable caractère que celui que l’on y représentait.

117. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

La meilleure preuve que je puisse donner de la stérilité du Théâtre Comique, c’est que les Auteurs de nos jours, osent à peine entreprendre de travailler pour lui ; & que les plus hardis n’y font paraître que de Pièces singulières & bisares. […] Veut-on que le Comique larmoyant se repande par-tout ?

118. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Tout en est mauvais et pernicieux (de la Comédie), tout tire à conséquence pour les Spectateurs ; et les plaisirs même du Comique étant fondés sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs. […] Rendre ridicule les vices et les défauts, ce qui est l’effet du Comique, c’est fortifier et rendre agréables les vices du cœur humain.

119. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

Il s’est déclaré contre les Spectacles & contre Moliere, en louant son talent, par un ouvrage admirable, qui vaut mieux lui seul que toutes les œuvres de ce Comique.

120. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Le premier principe sur lequel agissent les Poètes tragiques et comiques, c’est qu’il faut intéresser le spectateur, et si l’auteur ou l’acteur d’une tragédie ne le sait pas émouvoir et le transporter de la passion qu’il veut exprimer, où tombe-t-il, si ce n’est dans le froid, dans l’ennuyeux, dans le ridicule, selon les règles des maîtres de l’art ?

121. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Mais quand ce saint Docteur parle de la comédie, telle que les Conciles & les Peres l’ont condamnée, & qu’on la représente aujourd’hui, je veux dire de ces piéces comiques & bouffonnes qu’on joue sur le théatre, où par mille artifices séduisans on excite les passions les plus déreglées, il la condamne formellement aussi. […] Il l’étoit dès le tems de saint Jean Chrysostome : les Empereurs Chrétiens avoient fait retrancher tout ce qu’il y avoit d’impur & de dissolu dans des piéces comiques que l’on appelloit alors Majuma. […] n’accorde la grace de la réconciliation à tous les gens de théatre, qu’après qu’ils ont donné des marques certaines d’une vraie conversion ; & cette conversion consistoit à renoncer à leur jeux comiques pour toujours.

122. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

On en pourrait faire une histoire plaisante par bien des traits et des aventures comiques qu’elle doit fournir ; mais elle est étrangère à notre dessein, et mérite peu de nous occuper, d’ailleurs les désordres et les scandales dont elle est encore plus remplie, affligeraient plus que ces plaisanteries ne réjouiraient. La propagation du théâtre dans toutes les villes du royaume ne fournirait pas moins, et de comique et de tragique, de scandale et d’amusement. […] Ramponeau, Cabaretier de la Courtille, qui avait été mendiant et chantre du Pont-Neuf, était un bouffon dont les propos, la face, les allures comiques, firent espérer à Gaudron, Entrepreneur des spectacles sur le Boulevard, d’attirer beaucoup de monde à son théâtre, s’il pouvait l’y faire monter.

123. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Dans une lettre de M. d… Académicien de la Rochelle (Mercure de septemb. 1763), sur le comique larmoyant, contre Marmontel, on raconte un fait singulier. « On trouve, Act.  3. […] C'est une espèce de théâtre intérieur qui tantôt comme une prairie émaillée de fleurs, offre des beautés riantes et gracieuses, tantôt présente des tableaux hideux et lugubres, joue tour à tour le comique, le tragique, l'opéra, la foire, les bouffons. […] Cet assemblage ferait une jolie pièce du Philosophe Comédien ou du Comédien Philosophe, qui fournirait une infinité de raisonnements et de rencontres très comiques.

124. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

On se trouva contraint de les insérer dans les Drames comiques & sérieux ; le Peuple revint alors à des Théâtres qu’il allait abandonner sans retour.

125. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « HISTOIRE DES OUVRAGES. Qui ont paru pour et contre la Comédie, depuis le 17e Siècle. » pp. 161-175

Le Brun sur les Spectacles, intitulé Discours sur la Comédie, ou Traité historique et dogmatique des Jeux de Théâtre, et des autres Divertissements comiques, soufferts ou condamnés depuis le premier siècle de l’Eglise jusqu’à présent.

126. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

Ces Poëmes estoient Tragiques, ou Comiques, ou Satyriques, & ils avoient leurs Acteurs, leur Scene & leurs sujets particuliers & distinguez. […] Les Comiques avoient des habits plus simples, & n’avoient que des * souliers bas & communs.

127. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

peut-on, sans frémir, passer de la tranchée à la comédie, de l’hôpital au ballet, d’une bataille gagnée ou perdue à un spectacle, et voir dans le même camp élever des monceaux de cadavres et des décorations de théâtre, entendre les gémissements d’une province désolée et les folies d’un Poète comique ? […] quel fonds inépuisable de scènes comiques !

128. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

querelle de ménage qui produit un incident plus comique que fructueux. […] On lui pardonne d’avoir cherché à justifier la Comédie ; il est naturel à un Auteur comique de s’intéresser à sa gloire. […] Il a pu faire ses délices de Térence pour la pureté de sa diction, la beauté de son style, l’arrangement de ses phrases ; l’aimer comme savant, et le condamner comme Auteur comique. […] Il y a souvent dans les Auteurs comiques des morceaux estimables, qui, détachés de l’ensemble, n’ont rien de répréhensible, et qui peuvent s’appliquer en toute autre occasion. […] Enfin M.F. a presque été tenté de faire aussi l’apologie des Opéra Comiques et des Parodies, ces Pièces dont il avoue que le plus grand mérite est la satire et les équivoques ; sans doute parce qu’il a été aussi Auteur dans ce genre ; mais comme il n’a point approfondi la matière, on ne croit pas à propos non plus de l’approfondir.

129. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Que Corneille soit un bon tragique ; Molière un bon comique, Pecour un beau danseur, Lully un habile Musicien ; mais l’objet où ils ont excellé est trop petit pour faire de grands hommes.

130. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Celui de sa fille, qui en naissant respira cet air, ne fut guere moins tyrannique ; mais il fut entremelé d’intermedes comiques qui diversisioient la scene tragique. […] Quel mêlange affreux de tragique & de comique ! […] Le comique en est commun avec bien d’autres Princes, qui ont porté aussi-loin Pivresse de la fortune. […] Cet acte est admirable par son comique. […] Elle lui donna un de ses gants, pour le porter à son chapeau ; décoration comique, mais faveur fort singuliere, la plus grande preuve d’amour qu’une maîtresse pût alors donner à son amant : comme la jarretiere de la Comtesse de Salisburi, qu’Edouard arbora, & fit arborer à tous les Chevaliers de la Jarretiere.

131. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Leur grand mérite est d’imaginer des divertissemens, des spectacles comiques, où elles excellent. […] Aristophane, Plaute, Térence, quoique comiques, n’en ont presque pas ; on n’y voit que des esclaves ou des femmes publiques, objets des poursuites d’un libertin. […] J’appelle galanterie cette passion comique & libertine qu’on baptise du nom d’amour (cette expression triviale est ici bien indécente, le baptême de la galanterie).

132. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Le goût du masque est porté si loin, que dans la plupart des pieces comiques il y a quelque déguisement entre Acteurs qui fait le nœud ou le dénouement de l’intrigue ; c’est un amant déguisé en Valet, en Soubrette, en Paysan, en Peintre, en Médecin, en Musicien, en Danseur ; un Valet déguisé en Marquis, en Usurier, un Etranger, en Sergent, en Docteur ; une Soubrette déguisée en Vieille, en Baronne, en Marchande, en coquette, &c. La moitié de Moliere & des autres comiques, les trois quarts du théatre Italien, ne consistent qu’en mascarades. […] Il joue supérieurement tous les rôles tragiques & comiques.

133. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Si vous aimez les ouvrages d’esprit, lisez les livres des Écritures, vous y verrez une science, une éloquence, une poësie, bien supérieures à tous les Poëtes tragiques & comiques. […] ces Poëtes tragiques & comiques, palpitant d’effroi, non au tribunal de Minos & de Rhadamante, mais à celui de Jesus-Christ !

134. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Ce n’étoient que des Farces que jouoit la Troupe Comique de Sienne, Troupe si excellente que Leon X, qui molte di tali componimenti se dilettava, dit le P. […] Cette Piéce où l’on trouve du vrai Comique, est peut-être la plus ancienne & la meilleure de toutes.

135. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Il est clair que l’action est tout-à-fait modernes ; ainsi l’on fait agir Mercure, Jupiter, dans un tems où l’on ne connait que la Religion Chrétienne, que le culte du vrai Dieu : il est aussi comique d’avoir fait une telle faute, que si l’on fesait paraître un des Saints de la Légende au grand Aléxandre, ou bien à un des anciens Rois de Perses.

136. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Ce sont ordinairement des esprits légers, des hommes inutiles, des époux qui, fatigués de leurs querelles domestiques, seraient chez eux des acteurs peut-être plus tragiques et plus comiques que ceux qu’ils vont voir.

137. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

3 On trouve la preuve de cette vérité dans les deux Poètes Comiques Latins qui nous restent, Térence se ressent un peu de la licence des Atellanes ; et Plaute s’y était livré avec encore moins de retenue.

138. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Ce n’est que de nos jours qu’on a imaginé de mettre en parallelle les Comédiens & les Princes, les Auteurs comiques & les conquérans, dans aucun Auteur de l’antiquité Philippe & Euripide, & Alexandre & Aristophane, parmi les Grecs, Térence & Scipion, Plaute & Auguste, parmi les Latins. […] Cet exemple pensa décourager un Poëte comique. […] Il surpassa, de l’aveu du Grec, tout ce qu’ils avoient vu de plus parfait dans leur pays (faux encore, les Grecs n’ont point vu de comique qui les égale, tout est venu après eux). […] Le Mercure de 1773, ou plutôt les Comédiens dans le Mercure, nous apprennent qu’ ils ont pris résolution de choisir un jour chaque semaine, pour ne jouer que les Comédies de Moliere, & d’y réunir tous leurs talens pour rendre le mieux possible les Chefs-d’œuvres de ce célebre comique.

139. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Nous nous égarâmes tous, & notre égarement fut si grand, que nous ignorâmes jusqu’à cette distinction si naturelle, que les Yncas même, comme je l’ai dit dans le premier Chapitre, savoient faire entre le Genre sérieux & le bouffon, le Tragique, & le Comique. […] Riccoboni dans son Histoire du Théâtre Italien, nous raconte qu’ayant voulu représenter à Venise une Piéce de l’Arioste, le meilleur Poëte Comique qu’ait en l’Italie, le Peuple y courut à cause du nom de l’Arioste, & ne sachant pas qu’il eût fait des Comédies, s’attendit à voir sur le Théâtre Roland le furieux.

140. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Eusebius, Evêque de Césarée en Palestine, en l’une de ses œuvres de la foi des Evêques, reproche qu’il y en avait parmi eux, qui ressemblaient aux Comiques, qui avaient l’apparence belle, et le dedans corrompu des vices de l’arianismeh ; Le grand Saint Basile, Evêque de Césarée en Cappadoce, en son traité des gestes de l’Eglise, écrivant à Constantin second, le réprime de ce qu’il permet l’insolence des Histrions, et des Tragiques. […] Cyprien, Evêque de Carthage, un des plus excellents Philosophes de son temps, et grand Orateur, en sa seconde Epitre de l’humilité des Chrétiens, fait mention d’un certain Comique, Neoptolomeus, qui avait infecté l’Empereur Valerius, par ses postures lascives ; bref, ils étaient convaincus de toutes sortes de crimes par les sacrés canons et décrets ; même le Pape Gesalius leur fit défendre la communion des Sacrements, comme nous l’enseigne le docte Rupert, en ses décrétales.

141. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

qui ignore la métamorphose comique de l’Abbé de Montempuis en demoiselle, punie par l’interdiction et l’exil, dont toute la France fit le sujet de ses plaisanteries ? […] les revenus ecclésiastiques sont-ils destinés à des Auteurs comiques ?

142. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Il a cru dire un bon mot dans l’antithèse « des tragédies qui font rire, et des comédies qui font pleurer », et lancer un trait de satyre contre « le comique larmoyant » de Nivelle. […] Ces sujets fourniraient des scènes très comiques.

143. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

qu’un Prêtre se montre à la tête de plusieurs Acteurs : Qu’un Religieux se charge du Prologue de la Comédie, et que ce Théologien, ce Prêtre, et ce Religieux tout ensemble fasse l’Apologie des spectacles pour ne pas priver le Public des pièces Comiques de M. […] , « cela ne peut être vrai, qu’à l’égard de certaines qualités, qui ne sont pas tant un crime qu’un faux goût, qu’un sot entêtement, comme vous diriez, l’humeur des Prudes, des Précieuses, de ceux qui outrent les modes, qui s’érigent en Marquis, qui parlent incessamment de leur Noblesse ; car pour la galanterie criminelle, l’Envie, la Fourberie, l’Avarice, la Vanité, et choses semblables, on ne peut croire que le Comique leur ait fait beaucoup de mal.

144. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

la modestie & le recueillement des gens de bien à l’Église, les nudités, l’effronterie des Actrices sur la scène, la piété des cantiques, la sainteté des Sermons, & l’orgueil du tragique, la licence du comique ; l’un est l’ouvrage de la grâce, & mène à la vie, l’autre est le chef-d’œuvre du vice, & conduit à la mort. […] percez Cette enveloppe, qui comparée à ce qu’elle couvre, fait seule une scène comique. […] Ce mêlange parut d’une manière frappante dans le Czar Pierre par les scènes bisarres, indignes de lui, qui le dégradoient, & le faisoient passer du trône d’un grand Prince au tabarinage des trétaux d’un Arlequin ; sa Cour étoit un théatre, comme il étoit l’Acteur le plus comique, il y jouoit tour à tour les rôles d’Empereur & de Valet, de Ministre & de Scaramouche ; nous en avons rapporté bien des traits en divers endroits de cet ouvrage : en voici qui n’a point d’exemple dans l’histoire.

145. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Comme le goût du comique n’est pas moins héréditaire. […] La guerre suivante, pour l’élection du Roi de Pologne Stanislas, ne fut ni moins tragique par le sang qu’elle fit répandre, ni moins comique par les rôles qu’y joua lâ Prusse. […] Il se tourne contre l’Impératrice, qui avoit acheté son alliance ; il tâche d’allumer contr’elle la guerre dans toute l’Allemagne, s’empare de la Boheme comme de la Silesie, & pour la seconde fois de la Saxe, malgré son alliance avec l’Electeur, Mais, comme il ne peut s’empêcher de mêler à tour du comique, tandis qu’il épuise le pays par ses contributions, qu’il perçoit tous les revenus du Prince, qu’il fait des levées de troupes, se sert des armes, des arsenaux, prend les munitions de guerre & de bouche, enleve jusqu’aux manufactures & aux archives, & commande par-tout en Souverain, il déclare par ses manifestes à l’Europe étonnée, qu’il n’est pas l’agresseur, mais le Protecteur de la Saxe, qu’il la tient comme un dépôt sacré ; qu’il n’a pour but que la manutention du Corps Germanique ; qu’il rendra le pays quand les affaires le lui permettront.

146. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Les Comédiens se croiront toujours en droit de circonscrire le Néomime dans les bornes les plus étroites : Mais le Gouvernement donc la sagesse est toujours au-dessus des petites vues des particuliers, verra sans doute que le Théâtre-Ephébique, loin de nuire aux autres Spectacles, peut leur devenir utile : il verra que pour opérér cette utilité, il est nécessaire que le Néomime puisse faire jouer les Pièces Tragiques, Comiques, & des Opéras, mais toujours par des Enfans ; qu’il serait à propos que le premier Acte de l’Ambigu fût, par exemple, un rapproché, intelligemment fait d’une Pièce du Théâtre Français, où, en conservant les plus beaux vers, les situations les plus intéressantes, on réduise la Pièce à la longueur d’un seul Acte ; que le second fût une Pièce en un Acte (ou si elle était en plusieurs, réduite comme la première) du Théâtre des Ariettes ; que le troisième fût un Opéra, une Pastorale en un Acte comme le Devin-de-Village, on réduit, si c’était Roland, Armide, &c. enfin que la Pantomime simple & dansante précédât & suivît ces trois Pièces.

147. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Procès comique qu’aucun tribunal ne vit jamais. […] On eût trouvé mauvais qu’un acteur comique eût fait les fonctions de magistrat, chargé de veiller sur les mœurs, & de punir les crimes. […] Il est vrai que tout est dans le comique sérieux. […] Dans la requête à la Grand’-Chambre, le sieur Mercier demande que la délibération soit biffée, avec dépens, dommages & intérêts ; défenses aux comédiens de plus à l’avenir en prendre de pareilles, & ordre de jouer la piece refusée : & par un crime de rébellion & de leze-majesté, il met au jour le despotisme du tribunal comique, l’oppression tyrannique exercée sur les poëtes, & même sur le public, par le refus des drames qui auroient augmenté ses plaisirs. […] Des Comédiens pourroient contrarier les vues de l’Administration, lorsqu’elle auroit intérêt d’armer le ridicule contre la licence, & d’abandonner au Poëte comique des vices échappés à la sévérité des loix ?

148. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Après-tout, le Poëte Comique en aura-t’il moins de finesse, parce qu’il nous reprendra en badinant, & nous corrigera par les ris & les jeux ? […] Il me semble, Messieurs, qu’on m’accorde à présent que le Theatre tragique ou comique peut devenir une Ecole capable de former les mœurs. […] Ils s’y conformerent toujours dans leurs Ecrits, si vous en exceptez les Comiques, qui firent bientôt voir combien il est aisé à la malignité humaine de passer les bornes. Ecrivains François, Tragiques & Comiques, est-ce-là l’idée que vous avez de l’Art Dramatique ? […]   Enfin rejettons le blâme sur les talens qui pouvant amuser l’homme par un sel réjouissant, & philosopher en badinant innocemment sous le manteau de la Comédie, se croyent assez justifiés en disant que leur Comique paroîtroit froid, s’ils ne le réveilloient par quelques prétendus bons mots, pour exciter les éclats du peuple.

149. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

Pourquoi les Poètes l’ont placés à la fin des Drames comiques. Je ne conçois pas trop ce ce qui engagea les Poètes à placer le Vaudeville à la fin d’un Drame comique.

150. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Cependant, quelque rôle qu’il exécutât, toutes les Graces l’accompagnoient, & il excelloit également dans le Tragique & dans le Comique, talent très-rare dans un Acteur comme dans un Poëte. […] Horace qui sait si bien railler les vices, & répandre le sel Attique, semble né pour être un excellent Poëte Comique.

151. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Boursault va plus loin, car aux Poètes, et surtout aux Poètes comiques, « quid liber audendi semper fecit æqua potestas » ? […] Ce trait d’érudition de Boursault a quelque chose de comique, qui ferait honneur au Trissotin de Molière.

152. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

Car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité et choses semblables, on ne peut croire que le Comique leur ait fait beaucoup de mal. […] Ceux qui avaient espéré de lui trouver des approbations, ont pu voir par la clameur qui s’est élevée contre la Dissertation, et par la censure qu’elle a attirée à ceux qui ont avoué qu’ils en avaient suivi quelques sentiments (L’on peut croire que M. de Meaux veut parler de l’interdit du Théologien, par feu M. de Harlay Archevêque de Paris,) que l’Eglise est bien éloignée de les supporter : et c’est encore une preuve contre cette scandaleuse Dissertation, qu’encore qu’on l’attribue à un Théologien, on ne lui ait pu donner des Théologiens, mais de seuls Poètes Comiques pour Approbateurs, ni la faire paraître autrement qu’à la tête, et à la faveur des Comédies. 

153. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Je n’oublierais pas assurément Dom Sanche, si l’Auteur, comme vous l’avez très ingénieusement démêlé en parlant de Molière, n’eût, à l’exemple de ce fameux Comique, défiguré un si bel ouvrage par un dénouement postiche, contraire aux mœurs établies dans les quatre premiers actes de la pièce, et amené seulement pour ne pas blesser les préjugés de sa nation, et pour s’assurer davantage des applaudissements du parterre, qu’il a préférés aux éloges du sage3 et au but le plus noble qu’ait pu se proposer l’art dramatique. […] Examinons présentement « si les Poètes comiques n’ont trouvé que dans le vice un instrument propre à réussir, et si leur théâtre est une école de mauvaises mœurs. » Vous y voyez, avec plaisir, des Constance et des9 Cenie : pourquoi ces grands modèles ne seraient-ils point imités ?

154. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Dans le comique il les diminue et les met au-dessous de l’homme ; dans le tragique, il les étend pour les rendre héroïques, et les met au-dessus de l’humanité. […] Tout en est mauvais et pernicieux, tout tire à conséquence pour les Spectateurs ; et le plaisir même du comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe que plus la Comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs : mais sans répéter ce que j’ai déjà dit de sa nature, je me contenterai d’en faire ici l’application, et de jeter un coup d’œil sur votre Théâtre comique. […] Si quelquefois l’habile Auteur laisse agir ce caractère dans toute sa force, c’est seulement quand cette force rend la scène plus théâtrale, et produit un comique de contraste ou de situation plus sensible. […] Qu’elles n’ont plus de vrai comique et ne produisent aucun effet. […] Ne sachant plus nourrir la force du Comique et des caractères, on a renforcé l’intérêt de l’amour.

155. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Nos Acteurs, dans le même Spectacle, quittent le cothurne, pour le soc & le masque comique.

156. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Si la prétention de ce caractère, si répandue auiourd’hui, si maussade comme l’est toute prétention, & si gauche dans ceux qui l’ont malgré la nature & sans succès, n’étoit qu’un de ces ridicules qui ne sont que de la fatuité sans danger, ou de la sottise sans conséquence, je ne m’y serois plus arrêté ; l’objet du portrait ne vaudroit pas les frais des crayons : mais outre sa comique absurdité, cette prétention est de plus si contraire aux régles établies, à l’honnêteté publique, & au respect dû à la Raison, que je me suis cru obligé d’en conserver les traits & la censure, par l’intérêt que tout Citoyen qui pense doit prendre aux droits de la Vertu & de la Vérité.

157. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

, qui ne permet pas que les femmes Chrétiennes prennent des maris engagés au culte des Idoles, distingue en termes précis les Scéniques des Comiques.

158. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Si je remontais un peu plus haut, je trouverais Corneille et Molière qui sont au dessus de tous les éloges qu’on leur peut donner ; l’un à qui Racine aurait cédé pour le sérieux ; et l’autre à qui tout le Monde doit céder pour le Comique.

159. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Il y a près de deux mille ans, que les Comédies Atellanes ont porté cette dépravation à Rome : les Comiques Latins, qui nous restent, nous l’ont transmise : et, depuis que le Théâtre moderne subsiste, les intrigues d’amour ont toujours fait le fond des Comédies, Sans parler de l’utile, qui doit toujours marcher à côté de l’agréable, (et qui se trouve rarement dans une action, où il ne s’agit que d’amour et de mariage) nous voyons que l’agréable même y manque.

160. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

La Troupe sera composée comme on la voit aujourd’hui au Théâtre Français ; mais, pour jeter plus de comique dans les petites Pièces, on ajoutera, aux Acteurs ordinaires, l’Arlequin personnage masqué du Théâtre Italien.

161. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Rousseau va plus loin ; il soutient que le théâtre de notre premier comique est même une école de vices et de mauvaises mœurs. […] Ne sachant plus nourrir la force du comique et des caractères, on a renforcé l’intérêt de l’amour. […] Elle offre du sentiment, de la noblesse, de la générosité, de la gaieté, et quelquefois d’excellent comique. […] Cet ouvrage présente beaucoup de scènes d’un excellent comique. […] NDE Le Diable couleur de rose ou Le Bon homme Misère opéra comique, musique de P.

162. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Il ne croit pas que Molière ait fait beaucoup de mal à ces désordres ; et l’on peut même assurer, dit-il, qu’il n’y ait rien de plus propre à inspirer la coquetterie, que les pièces de ce Comique ; parce qu’on y tourne continuellement en ridicule les soins que les pères et mères prennent de s’opposer aux engagements amoureux de leurs enfants. […] Ajoutez que le Poète, pour faire parler chacun selon son caractère, est forcé de mettre dans la bouche des méchants, leurs maximes et leurs principes, revêtus de tout l’éclat des beaux vers, et débités d’un ton imposant et sententieux, pour l’instruction du parterre. » « Si, dans la Comédie, on rapproche le ton de Théâtre à celui du monde, on ne corrige point, pour cela les mœurs ; le plaisir même du comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs. Prenons le plus parfait auteur comique, dont les ouvrages nous soient connus.

163. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Et après cette clémence, plus que divine, comme l’auteur, par une autre contradiction, le montre lui-même dans son Festin de Pierre, où Dieu engloutit un méchant, recommandée dans le Misantrope envers les agents de tous les désordres de la société, des plus grands maux qui accablent les hommes ; si vous vous rappelez les coups sensibles et redoublés qui ont été portés aux femmes les plus innocentes des malheurs du monde ; si vous réfléchissez à l’extrême rigueur avec laquelle ont été punies par le même auteur dans deux autres pièces fameuses des fautes de grammaire, ou des ridicules, quelques travers à l’égard desquels ses préceptes d’indulgence étaient excellents et obligés ; si vous remarquez encore qu’après avoir ridiculisé les délassements et les plaisirs honnêtes des sociétés les plus décentes de son temps, et avoir renvoyé durement à leurs aiguilles et à leur pot au feu des femmes plus opulentes et plus distinguées que la Dlle de Sotenville, personnage de l’Ecole des Femmes, il donne pour exemple cette dernière qui a des goûts et tient une conduite tout-à-fait opposés à celle qu’il prescrit aux autres ; car c’est bien la proposer de fait pour exemple contraire que de la rendre le personnage aimable de la pièce, et de lui donner raison, la faire applaudir en public lorsqu’elle rejète les remontrances de son époux, qui lui rappelle des préceptes appropriés à celui des aiguilles et du pot au feu, et refuse de se consacrer à son ménage et à sa famille, en déclarant qu’elle ne veut pas s’enterrer, qu’elle n’entend pas renoncer aux plaisirs du monde, qu’elle se moque de ce que disent les maris, qu’elle veut jouir indépendamment d’eux des beaux jours de sa jeunesse, s’entendre dire des douceurs, en un mot voir le monde ; tel est le langage de la maîtresse de cette école (Ariste que Molière rend exemplaire aussi dans l’École des maris est parfaitement de l’avis de donner toutes ces libertés aux femmes ; elles en ont bien joui depuis ces inspirations ; quand on les leur a refusées, elles les ont prises) ; si on fait ces rapprochements ou remarques, dis-je, sans prévention, il est impossible, à la vue de tant de contradictions incontestables et de cette variation de principes et de conduite de ce fameux poète comique, de ne pas soupçonner au moins que son désir d’améliorer les mœurs était aveuglé et dirigé par une verve impérieuse et désordonnée qui le portait à appréhender et fronder à tort et à travers telles classes, telles professions et réunions, ou telles personnes, et de faire rire le public à leurs dépens, et au profit de sa manie et de sa renommée. […] Que si même, aurait pu ajouter le prudent ami, les circonstances, votre talent et votre goût, vous portent à mêler à vos instructions une certaine dose de raillerie, de finesse, de pointes ou d’ironie, de la gaîté, du comique, même de la poésie, en un mot un peu de comédie, faites-le à la manière d’Horace, de Pascal et de Michel Cervante. […] La plus forte preuve qu’une verve irrésistible entraînait notre premier poète comique, et ne lui laissait pas toute liberté de réflexion et de jugement, c’est qu’il n’a pas pu s’apercevoir, avant de composer la comédie du Misantrope, qu’il donnait personnellement le plus sensible exemple de misantropie ; qu’il avait lui-même le caractère qu’il allait jouer, qu’Alceste suivait ses traces, et ne les suivait même que de loin.

164. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Il faut convenir qu’ils exécutent cet opéra comique à merveille, que Mesdemoiselles le Vienne, Joly et Lange chantent et dansent avec beaucoup de grace, et qu’on ne peut pas donner à des couplets plus d’esprit et d’expression que M. […] Les Comédiens François ne pouvoient pas jouer des opéras comiques. […] Le peuple suit et applaudit, à l’ambigu comique, le Soufflet, les Dragées d’un jeune Prince, la Conspiration manquée, etc.

165. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Ce Poëte comique, qui n’est ni comique ni poëte, n’auroit pas été admis parmi nous à donner des farces à la foire (cela n’est pas juste).

166. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

.), est remplie de tant de licence, que du style comique fait pour délecter & corriger les mauvaises mœurs par la moquerie, elle passe dans celui de la bouffonnerie, de l’impudicité & de l’impudence, & ces farces exécrables dont la France fait un dessert de cigue après la piece sérieuse, mériteroient une sévere punition des Magistrats, parce que les mauvais propos que l’on y tient corrompent les mœurs, apprennent au peuple des mots de gueule, des traits de gausserie, des quolibets sales, & le portent à l’imitation des sottises & des fripponneries qu’il voit représenter. […] c’est du haut comique ; je vais être l’Héroïne de la troupe, &c.

167. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Loin de-là, je soutiens que si, d’un côté, ces deux objets peuvent être dangereux sur la Scène ; de l’autre, l’expression honnête & délicate du plus doux sentiment de notre âme, est ce qui peut donner aux Pièces tragiques ou comiques, un plus grand degré d’utilité ; & que la présence, le jeu des femmes sera précisément, lors de la Réforme proposée, ce qui rendra le Spectacle national plus réservé, plus digne de notre respect & de notre vénération. […] Tels sont les Ménechmes, le Légataire, &c. ces Pièces, où l’on trouve un excellent comique, & qui peuvent servir de modèle pour l’économie théâtrale, sont néanmoins du genre le moins utile ; elles ne rendent pas assez odieux le vice qu’elles peignent ; elles ne peuvent qu’exciter le rire, & faire naître une stérile admiration.

168. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Cette multitude de paroles grossieres déplairoit-même dans un portefaix ; un honnête homme ne peut soutenir ces conversations : c’est un des vices de Moliere & de tous les comiques bouffons.

169. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Dancourt parmi les Poètes comiques est regardé comme celui qui possède le mieux la vivacité, le naturel, la coupe du Dialogue.

170. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Le Public relira avec la même satisfaction le voyage et les erreurs de ce nouvel Ulysse chanté dans votre charmante Iliade, aussi excellente dans le genre comique, que celle du Poète Grec dans l’Héroïque, et fort supérieure à son Poème insipide du Combat des Rats et des Grenouilles, dont le style languissant et froid ne saurait être comparé au style vif et enjoué de votre Héros, et dans le ton de la bonne plaisanterie, soutenu jusqu’au dernier vers.

171. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

Ceci n’est pas un mariage, mais une épisode qui est la suite du refus, & fournit plusieurs scènes comiques. […] Cette grande défaite qui délivroit la Reine d’un puissant ennemi, & où la main de l’homme n’avoit eu aucune part ; devoit être la matière de ses actions de grâces, elle s’en attribua toute la gloire, & en fit le sujet de deux spectacles comiques ; 1.° un triomphe en forme comme ceux des anciens Romains ; elle fit faire un char magnifique couvert d’or & de pierreries, sur lequel elle monta, tout e Parlement, tous les Officiers de la Cour ; tous les corps de Londres à cheval formoient autour d’elle une brillante & nombreuse cavalcade ; toutes les rues étoient illuminées, tapissées, ornées de tableaux ; jonchées de fleurs, remplies de bourgeois rangés en haie ; d’espace en espace, on avoit érigé des arcs de triomphe sous lesquels elle passoit ; tous les corps de métiers habillés à neuf, & chacun dans son uniforme portoient les drapeaux pris sur l’ennemi ; la Reine sur son char entra dans la ville, & parcourut les principales rues avec tout ce cortège ; les étendards, les pavillons Espagnols voltigeoient autour d’elle, elle semble être au milieu d’une armée ; les rues retentissent des acclamations du peuple & du bruit de l’artillerie, & enfin elle arrive à l’Église de Saint Paul, où l’Evêque revêtu des habits pontificaux, la reçoit avec son Clergé ; un Prédicateur fait son éloge, & le Te Deum est chanté pour remercier Dieu de la victoire. […] Elle en a refusé jusqu’à vingt-quatre ; ce seroit une pièce bien ennuyeuse si l’on faisoit paroître sur la scène ces vingt-quatre amans, les uns sérieux & tragiques, les autres comiques & divertissant ; plusieurs ne seroient que pour le remplissage, & joueroient un fort petit rôle, mais traités séparément par une main habile, on en feroit plusieurs pièces. […] Une femme à la tête de l’Église est une pièce comique du théatre de la Foire.

172. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Henri IV, peut fournir un troisieme genre de familiarité & de bonté, qui n’est ni tragique, ni comique. […] Les intrigues d’Henri IV, dont plusieurs sont comiques & très-bourgeoises, dont aucune n’a été terminée par le mariage, & très-peu pouvoient l’être, son divorce avec sa premiere femme, ses brouilleries avec la seconde, ne pourroient paroître sur la Scène sans l’avilir. […] Qui pourroit faire entrer Louvois & Colbert dans une scène comique ? […] On ne doit pas être surpris du succes de ce drame : l’idée de produire sur la Scène comique aux Italiens, le Héros qui régna sur la France, Et par droit de conquête, & par droit de naissance , dans le moment le plus périlleux, le plus décisif, a certainement le mérite de la singularité la plus hardie.

173. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

En voici la raison qui est comique. […] Deux objets donnoient un air comique à ce drame cruel : d’un côté sur le théatre, un homme sérieux, sombre, refrogné, chagrin de n’être point un des acteurs, jugeant de leurs coups, & croyant bien les valoir. […] L’auteur par des jeux de mots se moque des poẽtes comiques : leurs drames sont si froids que les feuilles de leurs livres découpées en flocons, servent de monceaux de neige.

174. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Nigidius donne le premier lieu d’entre les Comiques à Célius : et Varron dit, que si les Muses voulaient parler Latin, elles parleraient le même langage que Plaute. […] Car quant aux anciens Grecs Comiques, ils ont Crinitus liu. 20. ch. 9. de honesta disci.

175. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

qu’elles n’ont plus de vrai comique, & ne produisent aucun effet ; elles instruisent beaucoup, si l’on veut, mais elles ennuient encore davantage : autant aller au sermon. » N’admire-tu pas cette pointe élégante, fine, inespérée ? […] Aurais-tu jamais cru que, parce que nos Pièces sont sans comique, mais parfaitement épurées, elles doivent ennuyer, & qu’il vaut autant aller au Sermon : solution pieuse ! […] » Il nous fait assurément beaucoup d’honneur, c’est-à-dire à Messieurs les Comiques dont il parle. […] Si dans l’Etat comique il se trouve d’honnêtes gens, l’Etat est respectable : une Profession infâme ne peut être pratiquée que par des malheureux sans mœurs & sans sentimens. […] Voici ce qu’écrit M. de Voltaire au sujet des Acteurs & Actrices Anglaises à Mr Fakéner, vol. 3, p. 14. « Le Chevalier Stécle & Chevalier Vanbrouk étaient en même tems Auteurs Comiques & Membres du Parlement.

176. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

N’épargnons donc rien pour lui conserver la grandeur, le sublime que lui donna Corneille, l’élégance de Racine, le vrai comique de Molière, & la pureté des mœurs qui l’accompagne depuis long-tems.

177. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Vous avez attribué généralement à toute sorte de Spectacles ce que les Pères ont rapporté de plus infâme touchant les Spectacles des anciens : ce qui cependant ne convenait qu’à certains Spectacles qui étaient parmi eux, et nullement aux Pièces de Théâtre Tragiques, Tragicomiques ou Comiques. […] Je tire la seconde preuve de cette vérité, des Pièces de Théâtre de ce temps-là, Tragiques ou Comiques, que nous avons encore entre nos mains. […] Il fallait vous adresser à Monsieur Bonnenfan qui est mort depuis peu de temps dans l’humiliation et dans la pénitence qu’il avait embrassée et pratiquée depuis plusieurs années qu’il avait abandonné la Comédie, après avoir été contemporain de Molière, et avoir excellé dans le sérieux et dans les grands rôles, autant que Molière dans le Comique. […] Les Comédiens semblables aux Juifs ou à des Excommuniés séparés du reste des hommes, ne sont-ils pas obligés de renfermer leurs alliances dans la race comique ? […] On pourra sans doute assister de même à vos Jeux Comiques, si vous pouvez une fois bien persuader tout le monde qu’il n’y a point de différence entre les uns et les autres ; mais c’est de quoi vous ne viendrez pas facilement à bout.

178. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Languet, pour adopter comme des sujets dignes de lui, & combler d’éloges tous les poëtes tragiques & comiques de quelque nom ; ce corps plein de sagesse & de réligion, est dans le principe de ne louer ses membres qu’après leur mort, à la reception de leur successeur, & la statue est dédiée à Voltaire pendant sa vie. […] Pierre Casimo, peintre Florentin, dans le seiziéme siécle, avoit des idées extraordinaires, se plaisoit à peindre des monstres, des sayres, des Bacchantes ; il avoit un talent décidé pour le comique & les mascarades.

179. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

La Majesté Prussienne ne peut souffrir la Chaussée & son comique larmoyant. […] Et ce qu’on pourroit appeler comique, si l’objet étoit moins important, il veut faire un mérite de ces opinions, un titre de sainteté supérieur à toute la perfection du Christianisme.

180. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VII. Suite de l’Indécence. » pp. 138-160

Moliere & tous les comiques en sont pleins. […] Les anciens comiques avoient leurs juremens, Hercule, Jupiter, Dii te perdant ; ne traitons-nous pas aussi insolemment notre Dieu ?

181. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Nos premiers comiques les ont imités, très-mal pour la partie littéraire, trop bien pour le moral ; ils ont enchéri sur leurs vices. […] La comédie délasse des fatigues du travail, & le bon comique, dit Cicéron, est ami de l’innocence.

182. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Autre ordonnance du 21 juillet 1721, portant qu’il sera levé sur le produit des représentations de l’Opéra comique un sixième franc sur le total de la recette au profit de l’Hôpital général, cent cinquante livres pour les frais de chaque représentation, et sur le surplus le neuvième en faveur de l’Hôtel-Dieu, lesquels sixième et neuvième seront délivrés aux Receveurs (Hist. de l’Opéra, Tom. […] Ils ont eu aussi des démêlés avec l’Opéra comique, qui a essuyé bien de différentes fortunes.

183. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Joseph à y venir, et dans la vérité un Capucin à la comédie n’y jouerait pas le rôle le moins comique. […] D’Amboise, Lorraine, Tournon, Ximenès, même Wolsey en Angleterre, Cardinaux et Ministres d’Etat, comme eux, ont-ils érigé des théâtres, ceint leur front des lauriers du parnasse, et employé les revenus de l’Etat à soudoyer des Poètes comiques et des troupes d’Acteurs ?

184. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

L'intempérance et la paresse sont les délices du théâtre comique ; partout l'éloge du vin et de la bonne chère, de l'amusement et de la frivolité. […] Boursaut, dans sa lettre à l'Archevêque de Paris, fait un raisonnement de Poète comique, pour prouver les grands fruits de la comédie, c'est qu'elle représente « des sottises et des crimes.

185. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

On ne s’est pas encore avisé de jouer la comédie le jour de l’enterrement, à l’honneur du mort ; mais bientôt ce sera une partie du cérémonial des obséques, & l’on verra sur les cartouches, sur les draps mortuaires, sur les tombeaux des têtes & des ossemens de morts, avec des violons & des masques ; cet assemblage digne de notre siécle, qui est le siécle du théatre, est plus tragique que comique, fait plus gémir que rire, il insulte tout ; mais l’entousiasme du théatre ne connoît point de regle, il brave la bienséance de la Réligion, il mêne de la Messe à la comédie, il peut bien mener d’un enterrement, d’une prison à l’opéra.

186. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

La France fait gloire de ne reconnaître que lui pour le modèle du Comique, et cette gloire lui coûte assez cher pour s’en vanter.

187. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Nous ne reconnaissons pas nos amis dans les Personnages du Poète Tragique : mais leurs passions sont plus impétueuses ; & comme les loix ne sont pour ces passions qu’un frein très-faible, elles ont bien d’autres suites que les passions des Personnages du Poète Comique.

188. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Le désordre doit assurément être bien commun pour avoir fourni la matiere d’un poëme, & frappé jusqu’à un Poëte comique, qui sans crainte d’être démenti, ose dire dans toute la piece que la bonne intelligence des époux passe dans le monde pour un prodige & est un ridicule. […] Il faut être en garde contre elle, même dans le mariage, & sous le masque d’un personnage comique il sera permis de la goûter, de l’exciter en soi & dans les autres !

189. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Les spectacles sont des voluptés qui souillent l’âme par tout ce qui s’y fait : « Voluptates quæ inquinant per ea quæ his geruntur. » Les tragiques ne s’occupent que des forfaits des Rois, les comiques des amours et des intrigues des coquettes ; le théâtre n’est qu’un lieu de débauche, « theatrum prostibulum ». […] Personne sans doute ne voudrait imiter les cruautés et les débauches de ce Prince ; mais on n’imite que trop son goût et ses profusions pour les Comédiens : magnificence honteuse, qui prostitue son bien à des gens indignes : « Cœca et contemptibile magnificentia gratiam Histrionibus prostituunt. » Nous avons vu quelquefois des Comédiens plus honnêtes que les autres, si l’on peut appeler honnête un état qui toujours couvert d’infamie, est indigne d’un homme libre : « Hominis liberis indignum indubitanter turpe. » On trouve de ces pièces comiques dans Ménandre, Plaute, Térence, etc.

190. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Tout en est mauvais & pernicieux ; tout tire à conséquence pour les spectateurs ; & le plaisir même du Comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable & parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs ».

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