Quelle léthargie à Racine de donner pour confident à Britannicus, ce même Narcisse, bourreau de sa mere, & favori de son ennemi ? […] Jouer l’offense de Dieu, se montrer son ennemi, évoquer l’enfer, paroître agir comme un damné, & on se dit chrétien, on se donne pour philosophe ; nous devons à Dieu le corps & l’ame, l’intérieur & l’extérieur, la réalité & l’apparence, tout doit servir à sa gloire, tout n’existe que par lui, & pour lui, rien ne doit commettre ni favoriser le péché, le desirer ni s’y complaire, en faire le semblant, même par jeu, y penser, en parler que pour le détester. […] Bossuet, ennemi déclaré de la comédie ; dédicace aussi maladroite que la piéce est déraisonnable, il ose lui dire, les Prélats qui condamnent la comédie ont des mœurs déréglées, elle doit donc être soufferte, les bons l’approuvent, c’est le goût du peuple, il en est infatué, (c’est une insulte à M. […] Arnaud seroient très-analogues au caractère des spectateurs, & passeroient, d’une voix unanime, pour le tragique par excellence, le seul vrai tragique : le plaisir en tout genre est relatif au goût & au caractere ; musique gaie ou triste ; alimens doux ou amers ; odeurs bonnes ou mauvaises ; spectacles cruels ou humains ; lectures frivoles ou férieuses ; vie solitaire ou repandue ; société grave ou dissipée, &c. chacun a ses ennemis & ses partisans : on ne juge des choses que par la sensation : cette sensation de pend de la configuration des organes.
Henri IV, son successeur, qui rétablit la France & en mérita toute la tendresse, avoit été dans son enfance nourri avec du pain bis & des gousses d’ail, manquant souvent de linge, allant au froid & au chaud, nuds pieds & nue tête, avec les gens de la campagne ; actif, infatigable, méprisant la mollesse & le luxe, dédaignant le faste & la parure, ne connoissant aucun danger, se jetant au milieu des ennemis dans les combats, à travers une forêt de lances, familier, populaire, compatissant, attentif à tous les besoins des peuples. […] Un soldat défend la patrie, & combat l’ennemi : l’Amazonne déclare la guerre à ses concitoyen., & les blesse mortellement. […] Toutes les vertus tiennent à la modestie par les liens les plus étroits, toutes les passions les détruisent ; le théatre, qui les entretient & les allume toutes, est son plus mortel ennemi. […] Sa réputation même est entamée, non-seulement chez les femmes que la jalousie de parure & de beauté rend entr’elles les plus impitoyables censeurs & les plus cruelles ennemies, mais tout le monde pense qu’on chercheroit vainement la vertu sous les livrées du vice.
Arouet vaut bien Alexandre, ses conquêtes dans l’empire des lettres, ne sont pas moins étendues, sa reputation moins brillante ; les ennemis qu’il a vaincus, ne sont ni moins nombreux, ni moins puissants. […] C’est quelque amateur du théatre, aucun autre genre de savant ou de littérateur, ne s’est occupé de lui ; c’est quelque homme sans réligion, aucun bon chrétien n’a pu vouloir immortaliser l’ennemi du christianisme ; c’est Voltaire lui même qui a fourni le dessein, une bonne partie de l’argent, & fait agir ses amis, & les actrices pour faire élever ce monument de la folie du théatre ; il est bien placé dans la salle, c’est le rendez-vous de la frivolité, du libertinage, de l’irréligion ; voilà le trône de Voltaire, & la demeure de ses amis. […] Les Bacchantes même n’étoient pas habillées de pampres & de lierre ; il faut que Voltaire & sa troupe soient surieusement affectés de l’envie qu’ils s’imaginent qu’on leu porte, & qui n’est que l’injure banale contre tous ceux qui ne l’admirent pas, qui la répétent à toutes les pages ; il y a sans exagération dans les œuvres de Voltaire deux mille traits contre ses ennemis, & tous avec ces propos des hâles ; il est si hors de lui-même, qu’on le prendroit pour une harangere.
Rendons justice aux Jansénistes, ils furent toujours les ennemis du théâtre. […] 1420.) parle ainsi : « Molière est un des plus dangereux ennemis que le monde ait suscités à l’Eglise. […] Et ne pensez pas que les ennemis de la comédie soient les seuls à le dire ; l’Auteur des Mémoires sur la vie de Molière, ou plutôt son panégyriste, en convient.
C'est une armée d'ennemis, la plus nombreuse, la mieux armée, la mieux disciplinée, la plus aguerrie, la plus souvent victorieuse, qui attaque l'âme par tous les sens, par toutes les facultés, par toutes les passions, tous les goûts et tous les penchants à la fois. […] Il se ligue avec tous les ennemis du bon ordre, et par l'esprit frivole qu'il donne, leur assure le plus grand succès ; légèreté qui voltige sans choix et sans discrétion, indifférence qui néglige et ne fait que glisser rapidement sur les plus grandes affaires, vivacité qui offense par mille traits piquants qui font rire aux dépens du prochain, d'autant plus cruels que le bon mot qui les aiguise en rend la plaie plus profonde, épanchement perpétuel hors de soi-même, qui regarde sa maison et son cœur comme une prison insupportable. […] On n'y verra que ses ennemis et ses persécuteurs.
Vous comprenez bien M. que j’entre aujourd’huy dans une grande carriere, & qu’en attaquant le plaisir enchanté qu’on trouve dans les spectacles publiques, & sur tout dans celuy de la Comedie, je m’attire un grand nombre d’ennemis sur les bras ? […] aux Etats d’Orleans, & celles de Henry III. aux Etats de Blois, ont faits plusieurs articles qui sont autant de carreaux de foudre qui exterminent dans tout le Royaume ces ennemis secrets de l’Etat aussi bien que de la Religion ; quels Chrétiens ausquels les saints Canons ôtent tous les moyens de vivre & de continuër dans cét exercice, en defendant qu’aucun ne soit si hardi de contribuer à leur subsistance, & declarant que c’étoit un très-grand peché de leur donner de l’argent, ou quelque autre chose, donareres suas histrionibus vitium est immaneI. p. dist 86. […] , comme un soldat est censé deserteur de milice, perfide à l’état, & traître à son Prince, qui passe dans le camp des ennemis, aprés avoir quitté son baudrier & ses armes, aprés avoir abandonné son drapeau & son étendart, & aprés avoit violé le serment de fidelité qu’il avoit prêté à son Capitaine ; de même le Chrétien est coupable d’une pareille trahison qui va à la comedie : car si l’Eglise est semblable à une armée rangée en bataille, ut castrorum acies ordinataCantic. 6. […] chassa les Poëtes de sa Republique, comme les corrupteurs de la jeunesse, & les ennemis de l’honnêteté, tanquam adversarios civitatis Poëtas as censuit urbe pellendas . […] Voulez-vous voir les combats, les victoires, & les triomphes des vertus sur les vices, entrez dans les Seminaires des Ecclesiastiques & dans les Cloîtres des Religieux, & aspice impudicitiam dejectam à castitate, perfidiam casam à fide, sævitiam à misericordia contusam , c’est là où vous verrez avec une extrême consolation, la luxure domtée par la chasteté, la perfidie abbatuë par la bonne foy, la cruauté vaincuë par la misericorde, & la vengeance étouffée par le pardon des ennemies.
Ces plaisirs sont de deux sortes, les uns sont souverainement criminels, et ce sont ceux qu’on appelle les débauches des gens du monde : et de ceux-là il est certain que non-seulement l’excessive sensibilité, mais le moindre goût que l’on y prend, est l’ennemi mortel de la dévotion.
Quelques railleries qu’aient faites de ce poète ses ennemis et ses jaloux, on ne peut nier qu’il n’eût de l’esprit ; en lui tout coule de source.
Tant de désordres et d’assassinats dans la péninsule, démontrent que notre ministère qui ne peut pas être complice des jésuites, est au moins impuissant pour y rétablir le bon ordre, et qu’il a été forcé, par une puissance occulte et inconcevable, à rétablir involontairement, sans doute, l’anarchie dans ce malheureux pays, en remettant l’autorité entre les mains d’une faction qui, aujourd’hui, opprime la souveraineté légitime ; et c’est précisément cette même faction, ainsi que leurs correspondants en France, qui craignent tant la lumière, et se déclarent les ennemis si implacables de la liberté de la presse. […] Ce qu’il y a de plus funeste dans ces horribles maladies, et surtout dans l’hydrophobie, c’est que le caractère spécifique de la rage est, comme on sait, l’envie de mordre indistinctement et ses amis et ses ennemis.
Il ne se serait pas fait parmi les dévots, les Médecins, les Auteurs et les gens de Cour des ennemis de la méchanceté desquels le bon goût et l’estime de Louis XIV furent seuls capables de le préserver. […] On distingue parfaitement la valeur de la fausse bravoure et l’on voit avec une satisfaction infinie pour les sages que les Officiers dont la valeur est la moins suspecte vis-à-vis des ennemis de l’Etat, sont ceux qui craignent le plus de se faire des ennemis personnels. […] Ce courage ne doit avoir lieu que vis-à-vis les ennemis du Prince, et dès qu’on l’emploie contre un de ses compatriotes on devient criminel envers l’Etat, puisqu’on s’expose à le priver d’un bras destiné pour sa défense. […] Une injure répondue à une injure ne suffit point, cela ne peut se laver, s’effacer que par le sang de votre ennemi, ou le vôtre.
Voilà donc les bons Casuistes de l’Italie bien déclarés ennemis des théatres modernes. […] « Je ne suis, dit-il dans sa Préface, ennemi déclaré ni de la Comédie, ni des Comédiens. […] Ils ne sont aujourd’hui que de puissantes armes dans des mains ennemies. […] Les mœurs & la Religion n’ont pas de plus grands ennemis. […] C’est l’ennemi le plus funeste qu’on puisse y introduire : Luxuria omni hoste pejor ».
A la vue de ces ennemis elles prennent la fuite, et vont se cacher dans une retraite, où elles sont assiégées par les vices, qui les tirent de là, et les mènent enchaînées sur le Théâtre.
Mais on me dira que ce plaisir est innocent, que si l’on y est satisfait, c’est de voir que la vertu triomphe de son Ennemi, et que la patience, après y avoir été exercée, reçoit la récompense qui lui est due ; que les plus nobles sentiments y sont toujours les mieux écoutés, et que les plus justes passions y sont toujours les mieux reçues.
Car, si l’on n’y fait pas profession ouverte de l’idolâtrie, ennemie capitale de la Religion, du moins on y en conserve des restes malheureux. […] Si ce n’est donc pas, absolument parlant, estre idolâtre, que de fréquenter les spectacles ; c’est du moins flatter, c’est pallier l’idolâtrie, que de conserver tant de passion pour un reste profane de la plus mortelle ennemie de la Religion. […] Tout ce qu’elle a d’ennemis s’y assemble, pour deliberer des moyens de la perdre. […] & que son Pere luy aura mis tous ses ennemis sous les pieds, & le monde luy-même comme le plus irréconciliable & le plus obstiné.
Les vertus et la sagesse, la religion et les mœurs ; l’Eglise et la noblesse me donnent dans les illustres pères de la patrie, réunis avec l’Académie, le collége des électeurs et celui des princes, soutenu d’un côté par les troupes légères des grâces, et l’autre par la puissante phalange de l’Academie et des Etats, que toutes les troupes des auteurs et des amateurs s’arment contre moi, je marche sans crainte à l’ennemi. […] bientôt on renouerait les dangereuses liaisons avec les ennemis auxquels il aurait déclaré la guerre. […] Que m’offrirait de pis la fortune ennemie ? […] Alexandre, aux prises avec Porus, l’ennemi le plus redoutable, voit par hasard une Indienne, en est subitement épris, quitte son camp et ses affaires pour aller mettre sa personne et son royaume à ses pieds.
C’est une chose ordinaire, qu’un ennemi mette tout en œuvre pour se venger d’un ennemi, après en avoir reçu de grands outrages ; les mauvais traitements qu’il lui fait, ne surprennent point. […] Si le Poète fait le portrait d’un Tyran, il n’est pas nécessaire qu’il lui attribue toutes sortes de vices ; mais cependant qu’il y ait quelque imperfection, même dans ses bonnes qualités ; que son courage soit cruel et féroce ; sa prudence artificieuse ; sa complaisance pleine de perfidie ; que s’il fait des libéralités à quelques-uns, qu’il ravisse impunément le bien des autres ; qu’il soit défiant, fourbe, infidèle, ennemi des personnes de mérite, dont les bonnes mœurs sont un reproche continuel de ses vices. […] Ces ennemis déclarés des spectacles, veulent que l’on s’en tienne aux décisions des Conciles, qui ont souvent fulminé contre les Comédies.
Théodora était sans doute une Princesse illustre : mais que risque un Auteur ennemi secret du Théâtre, en disant (quand même cela ne serait pas) qu’une Femme de Spectacle est une débauchée : voyez le beau sujet de querelle. […] Que ce même public ait plus de vénération pour un état respectable ; ces Femmes ennemies des vices se feront un devoir d’embellir le Théâtre, & de montrer qu’il faut être vertueux pour faire aimer la Vertu. […] Je ne m’y suis jamais trompé, j’ai pris souvent plaisir à les faire connaître, ennemi juré de la canaille, & je le prouve. […] C’est là que l’ambition passe devant eux comme un grand mal, quand ils considèrent un ambitieux plus travaillé par sa passion que par ses ennemis, violer les loix du Ciel & de la Terre, & tomber en des malheurs inconcevables, pour avoir trop entrepris. […] On abolit leurs mariages, non par principe de Religion, mais par la crainte que les gros Bénéfices ne devinssent héréditaires, sans refléchir qu’en suivant une aussi mauvaise politique, il en résulterait une foule d’abominations dont les ennemis de notre auguste foi se servent journellement pour nous détruire.
De là aussi des sectateurs toujours nouveaux, réformateurs de la société religieuse, ennemis irréconciliables des abus, sujets de sarcasmes et de disputes implacables, voués à la haine éternelle de tous ceux qui prêchent le pardon des injures, la sainte patience, l’indulgence et la paix.
Mais si la solide vertu manque, du moins l’autorité des lois en conservera les dehors, et obligera ses ennemis même à la respecter.
Cette grande défaite qui délivroit la Reine d’un puissant ennemi, & où la main de l’homme n’avoit eu aucune part ; devoit être la matière de ses actions de grâces, elle s’en attribua toute la gloire, & en fit le sujet de deux spectacles comiques ; 1.° un triomphe en forme comme ceux des anciens Romains ; elle fit faire un char magnifique couvert d’or & de pierreries, sur lequel elle monta, tout e Parlement, tous les Officiers de la Cour ; tous les corps de Londres à cheval formoient autour d’elle une brillante & nombreuse cavalcade ; toutes les rues étoient illuminées, tapissées, ornées de tableaux ; jonchées de fleurs, remplies de bourgeois rangés en haie ; d’espace en espace, on avoit érigé des arcs de triomphe sous lesquels elle passoit ; tous les corps de métiers habillés à neuf, & chacun dans son uniforme portoient les drapeaux pris sur l’ennemi ; la Reine sur son char entra dans la ville, & parcourut les principales rues avec tout ce cortège ; les étendards, les pavillons Espagnols voltigeoient autour d’elle, elle semble être au milieu d’une armée ; les rues retentissent des acclamations du peuple & du bruit de l’artillerie, & enfin elle arrive à l’Église de Saint Paul, où l’Evêque revêtu des habits pontificaux, la reçoit avec son Clergé ; un Prédicateur fait son éloge, & le Te Deum est chanté pour remercier Dieu de la victoire. […] Charles IX n’étoit ni son parent ni son allié, ni de sa Religion, il étoit au contraire beau-frère de Marie Stuart sa prisonnière, & de Philippe son ennemi, & le plus zélé Catholique. […] Les vents favorisèrent Marie ; elle échappa a son ennemie, & arriva à Edimbourg. […] ô qu’il est doux de plaindre le sort d’un ennemi lorsqu’il n’est plus à craindre !
Un homme sage peut-il ne pas regarder avec mépris ce que la loi couvre d’infamie, & se lier avec les ennemis de la vertu ? […] A peine étoit-on sorti de la fête qu’il falloit marcher à l’ennemi. […] Enfin elle accepta une fête à qu’il lui donna à Mauricebourg Le bal, la comédie, les repas, les présens, les parures, qui peut tenir contre d’ennemis ligués qui attaquent en même-temps un cœur ?
Où trouver en effet plus véritablement que sur les Théâtres, ce luxe si opposé à la pauvreté évangélique, cette mondanité si contraire à la simplicité chrétienne, cette mollesse si incompatible avec l’austérité de nos devoirs, cet amour profane, si ennemi de la pureté Angélique qui doit former nos mœurs ? […] Les amateurs des Spectacles espèrent-ils donc que vous leur direz un jour, venez mes bien-aimés, venez recevoir des Couronnes immortelles, parce que vous avez plus fréquenté les Théâtres, que mes Temples ; parce que vous vous y êtes remplis des maximes d’un monde que j’ai maudit ; parce que vous y avez enivré vos sens de tout ce que ma loi condamne ; parce que vous y avez cherché tout ce que votre Baptême vous défendait ; parce que vous y avez sacrifié au Démon l’ennemi de mon Eglise, l’ennemi de toute vérité : et vous mes Saints, qui avez pleuré, gémi, crucifié votre chair pour ma gloire et pour mon amour, allez au feu éternel.
Il en coûta cher à Machiavel, à qui cette liberté fit des ennemis redoutables qui le firent chasser de sa partie. […] Est-il vraisemblable qu’un grec, ennemi des tyrans, en eût fait l’éloge ?
Cet homme célèbre, dont le nom seul annonce la haute idée qu’en a route l’Eglise, l’un des plus éloquens Orateurs, des plus saints Evêques, des plus illustres Pères qu’elle ait jamais eu, a été l’un des plus déclarés ennemis du théatre, & peut être en fut-il la victime. […] Lorsque devenu licencieux, efféminé, ennemi de toute pudeur, vous rentrez chez vous, votre femme fût-elle la plus accomplie, ne vous est plus agréable.
Cette curiosité estoit d’autant plus agreable qu’elle estoit moins inhumaine, & qu’il ne s’y hazardoit que la vie des animaux ennemis de l’homme. […] On y commettoit des Lyons contre des Ours, des Lyons contre des Elephants, des Rhinoceros contre des Taureaux, & l’on voyoit quelquesfois former des partis parmy plusieurs de ces animaux qui malgré leur fureur sẽbloient faire choix de leurs veritables ennemis, sitost qu’ils étoient exposez à leurs yeux.
Autrement c’est repasser dans le Camp de notre ennemi ; c’est jeter en bas nos armes ; c’est quitter notre drapeau ; c’est renoncer au serment de fidélité que nous avons fait à notre Prince ; et enfin c’est se dévouer à une mort certaine et inévitable. […] lorsqu’après avoir renoncé au diable, qui est notre ennemi mortel, nous redevenons sa joie et son trophée ; et lorsque nous sommes cause que cet esprit malin triomphe en quelque façon de lui, après avoir recouvré sa proie qu’il avait perdue.
Polinice, l’un des freres ennemis, dit plus bas2 : Quand le Ciel est injuste.
Il a dû être cher à la premiere, odieux & suspect à l’autre, dont il est nécessairement l’ennemi.
que ce Comédien est un des plus dangereux ennemis que le siècle ait suscités à Jésus-Christ, et qu'on le doit d'autant plus craindre qu'il fait encore après sa mort dans le cœur de ses Lecteurs le même ravage qu'il faisait dans celui de ses Spectateurs.
C’est celle-là, dit Saint Augustin, qui est l’ennemie de la sagesse, la source de la corruption, la mort des vertus : les cinq sens sont cinq ouvertures par où elle prend son cours sur ses objets et par où elle en reçoit les impressions : mais ce Père a démontré qu’elle est la même partout, parce que c’est partout le même attrait du plaisir, la même indocilité des sens, la même captivité et la même attache du cœur aux objets sensibles.
Je rencontre quatre assassins, qui tuent mon ennemi.
… Henri III, frappé d’un coup mortel, profite de ses derniers instants pour adresser à ceux qui l’entourent un discours où il reproduit les malheurs de l’Etat, et dans lequel on remarque ces paroles : « A tant d’attentats mes ennemis ont ajouté le parricide ; et ce qui m’est encore plus cruel que la mort même c’est qu’en deshonorant a jamais le clerge, elle va couvrir d’une eternelle ignominie la nation française, qui jusqu’ici s’est toujours distinguee par son attachement pour ses rois, et par son zele pour la patrie.
Celui donc qui voudra être ami du monde se rend ennemi de Dieu.
Qui oublie plus essentiellement la vertu et ses devoirs, que celui qui se déclare affirmativement l’ennemi de la société ?
Ce Magistrat étoit dans la robe ce que Montausier étoit dans l’épée l’homme le plus vertueux & le plus respectable ; ce qui en avoit fait des ennemis déclarés de Molière & de ses farces, il ne méprisa pas moins ces traits lancés contre lui ; mais le Parlement eut moins de patience, prit en main la cause de son chef, & défendit de jouer le Tartuffe, Louis XIV, frappé des plaintes de tous les gens de bien, la défendit aussi pendant plusieurs, années, comme nous l’avons dit ailleurs. […] On prétend que Madame de Montespan inspira ce goût au Roi, elle n’eut point de peine à y réussir ; ce Prince galant & magnifique voulut par-tout montrer sa puissance, il pensoit même que c’étoit donner de l’éclat à ses armes de faire la guerre en se jouant, & insulter à ses ennemis. […] Enfin pour mettre la dernière main à l’empire de Thalie, il ne manque que devoir les Italiens à l’Hôtel de Conti ; mais il n’y a point d’apparence que la comédie soit jamais, sous la protection d’un Prince dont les ancêtres furent les plus grands ennemis. […] qui est du Jurisconsulte Ulpien, ennemi & persécuteur des Chrétiens ; il y est dit que le loyer des maisons, quand même il viendroit d’un lieu de débauche, doit être remis à l’heritier, comme le reste des biens ; car il y a plusieurs honnêtes gens chez qui il se fait des commerces infâmes (à leur insu sans doute), ce qui étoit fort aisé dans les vastes Palais des Seigneurs Romains, pleins d’affranchis & d’esclaves qu’à peine ils connoissoient : pensiones venient licet à lupanari perceptæ ; comme il est dit ailleurs des maisons où à l’insu du maître on fait la contrebande, la fausse monnoie, dont les loyers ne sont pas moindres, quoique la loi n’approuve ni l’un ni l’autre l. 1, c. de fals. mon.
Se complaire dans les malheurs d’un ennemi, c’est vengeance ; mais s’amuser des malheurs d’une personne indifférente, étrangere, inconnue, c’est un penchant monstrueux, horrible, dénaturé. […] Chapelle dont Chaulieu se disoit le disciple, supérieur en quelque chose, inférieur en d’autres, valoit mieux pour les mœurs : il est pourtant moins audacieux ennemi de la Religion & de la vertu ; mais plus grossier dans ses expressions. […] Il prouve tout pour détruire tout l’un par l’autre ; ennemi de toute certitude ; il veut que les apparences soient par-tout égales ; que le doute soit universel & qu’on ne sache où assurer la croyance. […] Port-Royal, qui se vantoit sans cesse, étoit pourtant ennemi de l’Egoisme dans les autres, qu’il ne vouloit pas qu’on se servit de la premiere personne, quand on étoit obligé de parler de soi.
Rousseau ce féroce ennemi des spectacles ne dit-il pas lui même que le Théâtre est capable d’empêcher les mauvaises mœurs de dégénérer en brigandage. […] Qu’ils sachent que l’intérêt de sa gloire ne lui fera jamais haïr une nation estimable par tant d’endroits et que les grandes âmes comme la sienne savent estimer et reconnaître le mérite dans leurs ennemis même. […] On a vu, dis-je, ce grand Monarque donner des larmes à l’état dans lequel il voyait son ennemi. […] c’est un songe pour moi que de vous voir ici, Messieurs, je ne puis m’accoutumer à vous croire mes ennemis.
Délire affreux d’une secte ennemie et des peuples et de ceux qui sont appelés à les gouverner ! […] Non, ne craignez pas la malice de vos ennemis qui sera confondue, parce que ce Dieu est le juge de la veuve et le père des orphelins15. […] Si chaque auteur qui met dans la bouche de ses acteurs et l’imposture et le blasphème, était cité en justice réglée comme un ennemi de la morale publique, combien serait petit le nombre de nos écrivains qui échapperaient à la censure comme aux justes arrêts des tribunaux ? […] Tous deux, rivaux dans le champ de l’honneur, ils ne sont que des frères d’armes qui combattent bien sous des drapeaux différents, mais qui n’ont qu’un ennemi commun à repousser, celui de la paix et de la prospérité de l’état47. […] Dès qu’il n’a plus d’ennemis à combattre au dehors, corrompu et amolli par les délices de l’oisiveté, il est dévoré par une guerre intestine que lui livrent ses passions.
Page 77 Du pouvoir absolu, considéré comme l’ennemi irréconciliable de la liberté et des droits imprescriptibles et inaliénables des peuples. […] Page 81 Les plus grands ennemis des souverains sont les adulateurs et les prêtres, qui conseillent aux rois d’exercer le pouvoir absolu.
Elle s’en moqua ouvertement, même en leur présence, et leur dit, que « elle serait fâchée de les avoir pour ennemis, connaissant leurs forces, mais qu’elle ne les choisirait jamais pour la confession ni pour les pièces de théâtre ». […] On est plus réservé dans les monarchies, on y court trop de risque pour s’y faire des ennemis si redoutables.
Ceux qui pensent & qui savent exprimer leurs pensées, sont les plus redoutables ennemis de la tyrannie & du fanatisme, ces deux grands fléaux du monde. […] Il aida Molière à triompher de ses ennemis, & cette admirable Comédie fut représentée. […] Quelle carrière immense ce redoutable ennemi de la superstition auroit vû s’ouvrir devant ses pas, en jettant les yeux sur l’Histoire Moderne !
et l’on doit sentir parfaitement enfin que, dans tous les intérêts, il est temps de mettre quelque frein à toutes ces mascarades des vices déguisés en vertus, courant les théâtres pour se faire voir et bafouer par le peuple convoqué ad se invicem castigandum ridendo ; et ce peuple érigé en tribunal de mœurs, je développe l’observation que j’en ai faite, est rassemblé confusément et en toutes dispositions, c’est-à-dire comprenant avec leurs passions, leurs goûts, leurs vices, leurs préjugés différents, leurs opinions, leurs systèmes et préventions diverses, tous les rangs, tous les états, tous les âges, les deux sexes, les amis, les ennemis, les parents, les enfants, les régnicoles, les étrangers, les clercs et les laïcs, les disciples de toutes les religions, pour les mettre alternativement aux prises ensemble, ou pour livrer ceux-ci à la risée de ceux-là, et vice versâ, afin de les corriger tous, les uns par les autres au moyen d’impressions ou mouvements intérieurs si divers, si brouillés, et du conflit bizarre de tant d’éléments contraires ; c’est presque à dire, afin de les entre-choquer de telle manière que le monde moral sorte tout façonné de ce nouveau chaos, ainsi que Descartes fait sortir le monde physique de ses tourbillons. […] Mais le plus grand, le meilleur moyen de réformation serait que les auteurs dramatiques, qui ont l’air depuis Molière à ces poltrons qui poursuivent des ennemis en fuite, ou cachés, et n’osent attaquer ceux qui font volte-face, fussent bien convaincus, enfin, qu’au lieu de harceler sans cessé directement ou indirectement les deux premières écoles, ils feraient beaucoup mieux de déployer leur talent et concerter leurs efforts avec ceux du reste de ces écoles, contre la dernière, jusqu’à ce qu’ils soient parvenus, sinon à la détruire, à l’affaiblir, ou la décrier au point que ses disciples, poursuivis, désarçonnés à leur tour et abandonnés surtout de leurs hommes marquants, qui leur servent d’autorité et de point de ralliement (ce qui doit être aujourd’hui un résultat de l’exemple seul de notre vertueux roi), soient forcés enfin, contre l’ordinaire, de chercher une retraite, d’aller se cacher dans la seconde école, d’où il sera ensuite d’autant plus raisonnable d’espérer pouvoir les diriger vers la première, qu’il n’y aura plus à choisir alors entre se réformer et se livrer à de plus grands excès. […] vous ne savez que faire redouter et haïr ; il est nécessaire que la religion recouvre ; dis-je, assez de consistance, assez de crédit et d’ascendant pour se faire, comme autrefois, respecter et soutenir par l’opinion publique, de manière à obliger de nouveau ses ennemis à paraître d’abord la respecter aussi, à rendre hommage, du moins extérieurement, à ses préceptes, à donner de bons exemples, à se cacher quand ils font le mal, en un mot, à redevenir hypocrites, en repassant pour monter à la première école, comme ils l’ont été en descendant à la dernière.
La parure de la femme est un glaive flamboyant ; & partant ce lieu est bien à craindre, auquel l’ennemi a tant de glaives. […] Parmi tous ces ennemis qui nous font une cruelle guerre pour nous amuser, disent-ils, ils devroient dire pour nous perdre, la passion de l’amour est la plus dangereuse, par le penchant violent qu’y donne la concupiscence, par les crimes sans nombre qu’elle fait commettre, par l’empire souverain qu’elle exerce sur le théatre, ses attraits, ses dangers, ses objets, toutes les batteries qu’elle y dresse contre un cœur déjà demi vaincu, & qui aime sa défaite par les erreurs qui lui ouvrent toutes les avenues ; que c’est la foiblesse des Héros, l’amusement de la jeunesse, que la sévérité de la vertu est un ridicule ; par la réunion de mille autre ennemis, le chant, la danse, la pompe avec ses vanités, ses charmes & ses immodesties, par l’assemblage des deux sexes, avec tout ce qu’ils ont de séduisant, & de tous les libertins, avec tout ce que leur compagnie a de pernicieux.
Si mon bras a fait choir ces têtes orgueilleuses, Qui fomentaient toujours des ligues dangereuses, Ce fut pour son bonheur que je les fis tomber : Tous ces Chefs ennemis l’auraient fait succomber Sous le poids accablant d’un joug dur et terrible ; Je prévoyais son sort, mon cœur y fut sensible : Les Dieux ont secondé mes généreux projets, Et la paix par mes soins règne sur mes sujets. […] Ce n’est pas l’ennemi, mais ce sont vos Sicaires, Qui portèrent sur eux leurs poignards sanguinaires. […] Vous y faites une espèce d’éloge des femmes pour encourager les Rois à les faire égorger ; votre haine pour les pauvres Dames se manifeste si fort, qu’on peut vous appliquer la fable du Renard qui pour se défaire du Loup son ennemi assure au Lion que le meilleur remède pour le rhumatisme est la peau de cet Animal.
Nous avons dit et justifié clairement dans la Pratique du Théâtre, que la Comédie et la Tragédie commencèrent par les Danses et par les Chansons qui furent faites dans Icarie, l'un des Bourgs d'Athènes, à l'entour d'un Bouc qu'Icarius avait tué comme l'ennemi de Bacchus, au milieu d'une Vigne, dont il gâtait et mangeait les fruits ; et cette cérémonie s'étant ainsi continuée durant quelque temps, passa dans sa Ville et sur les Théâtres, et fut appelée Tragédie, du nom du bouc que l'on y sacrifiait à Bacchus ; ce qui dura plusieurs siècles, jusqu'à tant que Thepsis, pour donner quelque repos au Chœur de Musique, y inséra un Acteur qui récitait quelques Vers, et Eschyle y en mit deux ; et ces récits s'éloignant peu à peu des louanges de Bacchus, ses Prêtres en firent de grandes plaintes, n'ayant pu retenir les Poètes, qui par ce moyen plaisaient au peuple.
« Si on haïssait sa propre injustice, on aurait horreur de tout ce qui la représente, et l’on regarderait comme ses ennemis tous ceux qui s’efforceraient de nous la faire paraître aimable : mais on ne veut point guérir, et l’on veut néanmoins sentir de la joie.
Si l’on haïssait sa propre injustice, on aurait horreur de tout ce qui la représente, et l’on regarderait comme ses ennemis tous ceux qui s’efforceraient de nous la faire paraître aimable ; mais on ne veut point guérir, et l’on veut néanmoins sentir de la joie.
Je sais que je ne pourrais en proposer la suppression, sans me rendre ennemi de la République, et sans m’opposer aux sages Règlements d’une bonne Police.
J’aimerois autant dire que c’est travailler contre notre sûreté, que de nous apprendre les ruses dont un ennemi peut se servir pour nous perdre. […] Sur nos Theatres, jamais la vertu n’a fait rire : je ne dis pas seulement les honnêtes gens ; mais même ses plus grands ennemis, ceux qui s’en sont éloignés par leurs déreglemens. […] Il n’y a que l’ennemi du genre humain qui puisse regarder l’obscurité comme une faveur, & s’enveloper avec plaisir dans des ténebres impénétrables, qui le dérobent au jugement de ses semblables. […] Plût au Ciel que ces barbares ennemis du plus beau des arts, eussent la pieté de Polyeucte, la vertu de Burrhus, & qu’ils finissent comme le mari d’Alzire !
Solon, Platon, Aristote, Cicéron, Scipion Nasica, ennemis du théatre, parloient-ils de celui des Empereurs ? […] Nous sommes environnés d’ennemis, faut-il aiguiser leurs armes ?
Rien de plus pernicieux, disait-il, à un peuple belliqueux que ce qui nourrit la paresse, le luxe et le vice : « Inimicissimam bellatori populo, ad nutriendum desidiam, luxuriæ comentum. » Qu’on rougisse d’avoir moins de vertu que ce grand homme, qu’on se plaigne moins de nos ennemis que du théâtre : « Non de hostibus, sed de theatro conquerantur. » On trouve cent traits pareils dans les ouvrages moraux de S. […] et 18.) : Rien de plus malheureux que le bonheur des pécheurs, qui fait un châtiment de l’impunité, et fortifie leur corruption, leur véritable ennemi.
Toutes ces pièces politiques qui font allusion aux affaires d’Etat, où l’on tâche de rendre ridicules et odieux aux peuples les Souverains ennemis, sont contraires à la sagesse du gouvernement : on doit respecter la majesté du Trône, même dans des ennemis ; la faire mépriser au peuple, c’est l’accoutumer à ne pas respecter son propre maître.
Ce n’est pas que j’ignore que mon Lecteur, s’il a retenu tout ce qu’il a lu jusqu’à présent, ne soit en droit de me regarder comme l’ennemi déclaré de la passion d’amour sur la Scène ; et j’avoue sans peine qu’il aura raison : cependant, autant que je suis contraire à cette passion, lorsque la représentation en est nuisible, et qu’au lieu de guérir une maladie, elle ne fait que la rendre plus dangereuse ; autant suis-je éloigné de l’exclure du Théâtre, toutes les fois qu’elle y pourra paraître avec utilité, et d’une manière qui tende à en corriger les inconvénients. […] LA THEBAIDE, ou les Frères ennemis, de M.
Sa Majesté ne s’est pas contentée de donner la paix à la France, elle a voulu songer à son salut, et réformer son intérieur : elle l’a délivrée de ces monstres qu’elle nourrissait dans son sein, et de ces ennemis domestiques qui troublaient sa conscience et son repos : elle en a désarmé une partie : elle a étouffé l’autre, et les a mis tous hors d’état de nous nuire. […] La sagesse du Roi détournera ces malheurs que l’impiété veut attirer dessus nos têtes, elle affermira les Autels que l’on s’efforce d’abattre ; et l’on verra partout la Religion triompher de ses ennemis sous le Règne de ce Pieux et de cet invincible Monarque, la gloire de son Siècle, l’ornement de son État, l’amour de ses Sujets, la terreur des Impies, les délices de tout le genre Humain, vivat Rex, vivat in æternum.
Cependant, puisque je parlais de Cinna, j’observerai que cette tragédie peut être utile aux Sujets comme aux Rois ; car il me semble qu’il n’est point de spectateur qui, frappé de la générosité d’Auguste, ne se retire avec une disposition plus prochaine à pardonner et à faire du bien même à son ennemi, que ne serait en lui celle de se venger cruellement, après avoir assisté à la représentation d’Atrée : d’où je conclurai hardiment que si la tragédie d’Atrée a manqué le but que doivent se proposer les Poètes dramatiques, celle de Cinna y est manifestement parvenue. […] En ce premier état, il est très criminel ; en ce dernier, très homme de bien, etc. etc. » « Si nous imputons son désastre à sa bonne foi, notre crainte ne purgera qu’une facilité de confiance sur la parole d’un ennemi, qui est plutôt une qualité d’honnête-homme, qu’une vicieuse habitude, etc. etc. » Du reste, si Thyeste « tient de près à chacun de nous, et nous attache, par cela seul qu’il est faible et malheureux », je doute qu’il intéresse autant qu’un Alvarès, et que plusieurs autres personnages mis au théâtre par M. de Voltaire, qu’on peut appeler le Poète de l’humanité.
Eleve, ami, enthousiasmé d’Arnaud, de Pascal, de Nicole, livré à la doctrine de Port-Royal, ennemi déclaré du theatre, pouvoit-il ne pas en connoître les dangers, & en approuver l’indécence ?
je l’ai dit : quelques mondains, c’est-a-dire, un certain nombre des gens libertins, amateurs d’eux-mêmes ; & idolátres de leurs plaisirs ; de gens sans étude, sans connoissance, sans attention à leur Salut, de femmes vaines, dont toute la science se reduit à une parure, dont tout le desir est de paroître, & de se faire remarquer, dont tout le soin est de charmer le tems, & de se tenir en garde contre l’ennemi qui les surprend, dès que l’amusement leur manque, & qu’elles sont hors de la bagatelle ; mais ce qu’il y a souvent de plus déplorable, dont la passion cherche a se nourir & a s’allumer, lorsqu’il faudroit tout mettre en œuvre pour l’amortir & pour l’éteindre.
Le vieux Sertorius voudra séduire une jeune femme éperdument amoureuse de son mari ; voilà les mœurs de la tragédie chez Corneille, le plus grave et le plus sublime de nos poètesak. » Les pièces de cet auteur n’auraient certainement pas plu aux spectateurs, si elles ne leur avaient donné agréablement des « leçons de galanterie, de fourberie, de vengeance, d’ambition ; si elles ne leur avaient appris à conduire habilement une intrigue, à éluder la scrupuleuse vigilance des parents, à surprendre par mille ruses la bonne foi, à ne tendre jamais à faux des pièges à l’innocence, à se défaire avec adresse d’un concurrent, à se venger à coup sûr d’un ennemi, à élever sa fortune sur les débris de celle d’autruial . » En effet, le spectacle perdrait son agrément, s’il n’était un assemblage vif et séduisant de tout ce qui peut plaire, s’il ne tendait à enchanter l’esprit et les sens par mille charmes, et à attendrir le cœur par tout ce que les passions ont de plus fin et de plus insinuant.
Pour mieux établir cette doctrine, nous irons chercher des preuves chez nos adversaires, et prendre des armes dans le camp ennemi, sans négliger l’autorité infiniment plus respectable des Pères et des Docteurs de l’Eglise.
Les pères traversés dans leur passion par leurs enfants, prennent contre eux des sentiments de haine : les fils, de leur côté, deviennent ennemis de leurs propres pères, en devenant leurs rivaux : et, dans quelques Tragédies même, on voit des Princes qui ne veulent pas régner aux dépens de leur amour.
Le théatre n’avoit encore attaqué que des ridicules : ici il attaqua la vertu même, sous le masque d’une fausse dévotion, avec lequel il défiguroit tous les gens de bien, décourageoit tous ceux qui voudroient la pratiquer, par la crainte du ridicule, donnoit des armes à tous ses ennemis, par les ombrages qu’il répandoit sur elle, rendoit méprisables les choses les plus saintes, par le soupçon des vices cachés, & autorisoit la licence de sa conduite, en traitant de cagotterie la modestie & la retenue. […] C’est encore un emporté, un furieux, un jureur, qui parle à son fils, à son frère, à sa mère, à sa servante, comme un crocheteur ; une ame basse, qui insulte son ennemi vaincu, veut donner des coups de poing aux Huissiers, laisse tendre des pieges par sa propre femme, au risque de son honneur, & certainement au mépris de toutes les bienséances, à un homme qu’il croit un saint, pour le tenter d’adultère, & se cacher sous une table pour en être témoin.
Si bien que de deux camarades élevez dans toutes les tendresses de la societé, on en faisoit souvent deux cruels ennemis, qui passant pardessus toute sorte de sentiments naturels, ne s’ongeoient qu’à s’arracher la vie l’un à l’autre. […] Car par mespris ils armerent leurs Gladiateurs à la maniere de leurs ennemis sçavoir d’un écu plus large par le haut que par le bas, & leur donnerent les autres armes plus bisares que considerables dont leurs enemis se servoient, pour en diffamer la brovoure, ou pour instruire le Peuple & leur enseigner le moyen de les combatre.
L’amour, cet ennemi redoutable, à qui vous avez déclaré la guerre, y joue presque toujours le rôle principal ; mais ou il est innocent, comme dans Mithridate, Iphigénie, Inès, Didon, Pénélope, Héraclius, & tant d’autres, & pour lors il n’est point à craindre ; ou il est criminel, comme l’amour de Varus, pour Marianne ; de Phèdre, pour Hyppolite ; d’Œdipe, pour Jocaste ; alors, loin d’être peint avec ce coloris qui fait chérir la vertu, il paroît dans toute sa noirceur : Varus le déteste & en triomphe : Phèdre succombe après avoir longtemps combattu ; mais, loin de se glorifier de sa défaite, elle trouve le poison trop lent pour se délivrer d’une vie qu’elle a souillée par les plus noirs forfaits : enfin, Œdipe se prive pour jamais du jour, dès qu’il trouve une mère dans une épouse tendrement aimée.
Cet ennemi de notre bonheur, né de la possession même, ne nous quitte plus, quand il s’est une fois emparé de nos cœurs.
Ie trouve plus raisonnable un avis mitigé, & recent qu’il faut avoir de la veneration pour les Anciens, les estudier ou du moins les avoir lûs ; mais qu’il faut s’attacher principalement aux bons Modernes ; ou pour ne point laisser de prise à mes ennemis, ne suivre que ce qu’il y a de bon dans les uns & dans les autres.
Les filles vont à la danse pour s’y donner de la vogue ; mais c’est en effet pour y recevoir de l’infamie : c’est dans ces rencontres que les yeux s’y trouvent aussi libres que les mains, les paroles à double entente s’y font entendre distinctement ; la confusion de la compagnie y laisse dire beaucoup de choses que la retenue ne permettrait pas ailleurs : les attouchements qu’on croit illicites en d’autres occasions, semblent devenir ici nécessaires : la foule favorise l’effronterie des plus mal intentionnés ; d’ailleurs la nuit qu’on choisit ordinairement pour les danses, comme étant l’ennemie de la pudeur, et la confidente des crimes, donne du courage aux plus timides pour exécuter hardiment leurs plus pernicieux desseins : c’est ainsi qu’on donne une nouvelle carrière au libertinage, et qu’on fait passer le crime en recréation.
: Prenez garde de pas tomber dans l’erreur, mes très chers frères ; vous avez les constitutions des apôtres et des hommes apostoliques, vous avez les saints canons, jouissez-en, mettez-y toute votre force, prenez plaisir à les lire, considérez-les comme vos armes, afin que par leur secours et par le soin que vous prendrez de les avoir toujours devant les yeux et de les suivre avec ferveur, ils vous servent d’armes capables de vous défendre contre toutes les attaques des ennemis de votre salut ; car ce serait une chose tout à fait indigne d’un évêque ou d’un prêtre, de refuser de suivre les règles que l’Eglise, où est le siège de Saint-Pierre, suit et enseigne. » On voit que ce souverain pontife s’écrie que ce serait une chose tout à fait indigne d’un évêque ou d’un prêtre de refuser de suivre les règles de l’Eglise ; Or, il est manifeste, cependant, que les évêques et les prêtres ont enfreint ces lois et ces règles, et que le chrétien, dans l’amertume de son cœur, voit l’Eglise désertée par les chefs propres de sa milice ; car tous les canons que je viens de citer et qui font la base constitutive de la discipline des ecclésiastiques, sont totalement inobservés, et peut-être méconnus !
La piété véritable ne fut jamais ennemie de la gaieté : elle en fait même le caractère.
Dans une Communauté où l’on a passé sa vie on a des amis, & souvent des ennemis. […] C’est une tirade affreuse contre les Religieux, que leurs ennemis admirent, & que la justice & la piété condamnent, & le témoignage de sa fille dément. […] Honteusement conduite par des motifs humains, comme son mari, faut-il que je me fasse un nombre d’ennemis dans un parti puissant qui protège mon fils ? […] Si le père vouloit égorger sa fille, sa mère se bornera-t-elle à crier, à pleurer, à mourir de chagrin, à dire qu’elle ne veut point se faire des ennemis, ni offenser les protecteurs de son fils, & que sa fille doit à son père un grand respect & une parfaite obéissance ?
Il eut des ennemis, & la foiblesse de faire des farces contre eux. […] Cela est si peu vrai, que personne ne s’est fait plus que Moliere des ennemis de toutes parts, à la Cour, à la ville, dans sa famille, dans sa troupe, précisément par cette parfaite imitation. […] Sa vengeance étoit implacable & réfléchie, jusqu’à composer des pieces exprès pour ridiculiser ses ennemis. […] Tant Dieu sait arracher la vérité de la bouche même de ses ennemis.
Il ne faut point faire de mal même pour procurer le bien ; mais il s’en faut bien qu’on doive se fier à de pareils défenseurs contre les ennemis toujours avec eux d’intelligence. […] Le théatre est il un bon général pour vaincre un ennemi redoutable ? […] Il trouvoit fort mauvais qu’on le regardât fixement, & qu’on eût un air de confiance, ce qui fit dire ce bon mot à un Officier qui parut déconcerté, en lui demandant une grace, ce qui la lui fit obtenir : Croyez, Sire, que je ne fuis pas ainsi devant vos ennemis.
Il faudra donc que tout homme soit ou ami ou ennemi malgré lui et aussi longtemps à point nommé qu’il plaira aux Atomes : chaque changement dans l’Impulsion et dans la figure dérangera la première impression et y substituera une idée nouvelle. […] « Car un ennemi pieux est presque invincible ». […] Au moment que Minerve l’encourage à charger l’ennemi, il la paie de ce soin par cette insolente réplique : Retirez-vous, je vous prie, et faites voir ailleurs votre visage ; je n’ai besoin d’aucune Déesse pour seconder mes entreprises.
L’Eglise & le Prince l’approuvent, l’autorisent ; est-il permis d’en être l’ennemi, & d’en éloigner personne ? […] Je m’étonne que l’Auteur de la piece, qui paroît ennemi des pratiques religieuses, n’ait saisi cette occasion pour se moquer de la discipline, & renouveler tout ce qu’en a dit l’Abbé Boileau dans son histoire des Flagellans.
Nous reprendrons même, si vous voulez, ce sujet, à présent que les choses plus importantes sont examinées ; &, dans l’espoir que vous ne me dénoncerez pas à ces dangereux ennemis, je vous avouerai que je regarde tous les Auteurs dramatiques, comme les corrupteurs du peuple, ou de quiconque, se laissant amuser par leurs images, n’est pas capable de les considérer sous leur vrai point de vue, ni de donner à ces fables le correctif dont elles ont besoin. […] Comme celui qui s’occuperoit dans la République à soumettre les bons aux méchans, & les vrais chefs aux rebelles, seroit ennemi de la Patrie, & traître à l’État ; ainsi le Poëte imitateur porte les dissensions & la mort dans la République de l’ame, en élevant & nourrissant les plus viles facultés aux dépens des plus nobles, en épuisant & usant ses forces sur les choses les moins dignes de l’occuper, en confondant par de vains simulacres le vrai beau avec l’attrait mensonger qui plaît à la multitude & la grandeur apparente avec la véritable grandeur.
Et d’ici vous pourrez voir, messieurs, que c’est de s’écarter de la vérité pour suivre les erresaz du mensonge, auquel qui a une fois donné sa créance en matière de religion, ne tient plus à religion d’en controuverba pour diffamer les autres, et nommément s’il est question de donner sur jésuitesbb, que ces gens tiennent pour leurs déterminés ennemis, bien qu’en effet ilsbc ne désirent que le salut de leurs âmes. […] [NDE] Les pères de l’Eglise, utilisés généralement comme autorités contre le théâtre par les ennemis de la scène, sont ici convoqués pour défendre la pratique théâtrale.
On sait que la fameuse ligue formée contre Louis XIV fut formée à Venise, que le carnaval, les fêtes, les spectacles, furent le prétexte que prirent les Princes ennemis pour cacher leur marche. […] Il fait une grande description du spectacle, qu’il dit être l’ennemi des bonnes mœurs, le destructeur de toute honnêteté, une source intarissable de querelles : « Evacuator honestatis fons irriguus jugiorum. » Il conclut, en disant : Nous les tolérons par nécessité, parce que le peuple les aime.
Cet exemple terrible est tout récent, & je ne crains pas d’affirmer qu’il faut être pervers, & l’ennemi de son Prince & de sa Patrie, pour oser nier les funestes conséquences de ce Spectacle, & prétendre qu’il produit quelque bien. […] Et quel mal pourraient nous faire nos ennemis jurés, quel mal plus grand, que celui de corrompre nos femmes & nos enfans ? […] Quelle main invincible & ennemie peut donc les soutenir ? […] On doit s’attendre, toutes les fois que l’on dit la verité, à se faire autant d’ennemis qu’il y a de gens intéressés à la combattreLettre de Mylord, Comte de Rochester, à son fils. […] Je crois que la conduite souvent peut régulière des Comédiens, & principalement des Comédiennes, est un des plus grands reproches que les détracteurs & les ennemis du Théatre puissent lui faire.
Voy. aussi le P. le Brun, fort ennemi des Spectacles**.
C’est en vertu d’une mission aussi naturelle, et pour une fin aussi légitime que je vais émettre quelques autres conceptions modérément et sans fougue, au risque, à présent, me plaçant entre deux extrêmes d’ancienne date, qui ont chacun de nombreux et chauds partisans dont je blâme franchement les excès contraires, d’être qualifié à la fois de fanatique et d’impie, d’ennemi et d’esclave de l’art dramatique.
Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ?
Il en est comme de l’armure du Chrétien, la cuirasse de la Justice, le casque du Salut, le bouclier de la Foi, la ceinture de la vérité, les souliers du zèle, pour résister aux traits de l’ennemi. […] Si j’étois au gré du monde, disoit Saint Paul, je ne serois pas serviteur de Jesus-Christ ; qui se déclare ami du monde, se déclare ennemi de Jesus-Christ.
Tantôt parlant du grand Dragon Bechemot, le livre de Job, pour faire sentir la force de sa queue, la compare au cèdre du Liban ; & dans l’Apocalipse on dit que les ennemis de l’Eglise sont comme des scorpions, dont la queue pleine de vénin donne la mort par sa piqeure. […] La queue est un grand objet de traité de paix entre les nations belligérantes Hausser, amener, baisser le pavillon devant le pavillon fierement levé d’une Puissance supérieure, c’est une partie de l’étiquette maritime, qui quelquefois occasionne des guerres, & l’un des plus grands signes de victoire, c’est de faire traîner sur l’eau les queues du pavillon du vaisseau pris ; comme dans les armées de gagner les drapeaux de l’ennemi, & de tapisser les Eglises de queues militaires.
Tout le théatre de Moliere est également ennemi du mariage ; par-tout quelque infidélité dont on rit, des maris & des femmes qui s’insultent, se maudissent, se battent, dont on badine ; des enfans révoltés contre leurs parens qui s’engagent sans leur aveu, les trompent, les volent, les forcent à se rendre à leur folle passion ; des domestiques fripons, des fourbes, des hommes d’intrigue, qu’on récompense. […] Vous voyez en moi, dit une ombre à Pluton, tout le corps des C… affligé, outragé, tout contrit des affronts publics que ce grand corps a reçus depuis que malicieusement cet ennemi juré de notre repos nous a rendus le jouet de tout le monde.
Tertullien, grand ennemi des spectacles, avoue (C. […] Qu’on les compare enfin avec tous les Prédicateurs & les livres de piété de notre siecle, qu’on fasse un discours tissu des seules paroles des Pères contre la comédie, personne qui n’y trouve peint au naturel ce qui se passe parmi nous : c’est toûjours le même cri de la religion & de la vertu, les mêmes armes contre l’ennemi commun de tous les siecles, qui a toûjours tendu les mêmes pieges & fait les mêmes ravages.
et qui doit-on accuser, ou le Port-Royal qui a dit tant de fois une histoire véritable, ou les ennemis de Port-Royal qui n’ont jamais répondu à cette histoire, et qui bien souvent ont fait semblant de ne la pas entendre ? […] [NDE] Le P.Maillard, ennemi des jansénistes, était un cordelier, avec qui les gens de Port-Royal n’auraient donc pu confondre un capucin de passage.
Ce ne sont pas seulement les ennemis innombrables des Jésuites, ce sont leurs amis, ce sont les gens du monde, qui sous prétexte de religion, dont quelquefois ils ne s’embarrassent guère, font un crime au P. […] 2.° Il ne convient pas qu’un Chrétien paraisse avoir aucun commerce avec le Démon, ennemi déclaré de la Divinité.
Quand la Reine vint à l’Académie, elle fut fort, étonnée de ne pas l’y voir, & en demanda la raison ; on lui apprit que la requête des Dictionnaires, ouvrage ingénieux, mais très-mordant, lui avoit fait des ennemis dans ce Corps où la faveur forme le scrutin plus que le mérite. […] Annat Jésuite, Confesseur du Roi, alla lui en faire des excuses ; elle lui dit d’un ton moqueur avec sa brusquerie ordinaire : Je serois fachée de vous avoir pour ennemis, sachant vos forces, j’aimerois mieux avoir quetelle avec un Prince Souverain qu’avec vous ; par cette raison je veux bien être satisfaite, mais je vous assure qu’en cas de confession & de comédie, je ne vous choisirai jamais. Il y a peu de jugement dans cette insulte, puisque c’est réellement s’en faire des ennemis, leur reprocher une mauvaise morale ; ce qui faisoit alors grand bruit en France, & le mauvais succès de leur théatre ; c’étoit encore se jouer de la Religion : mêlant ainsi le burlesque avec le sérieux , dit Mademoiselle de Motteville, pour se venger de leur Compagnie .
La misanthropie est certainement un vice dangereux : un misanthrope est ennemi des hommes : ce n’est pas seulement en déclamant contre le genre humain, qu’il dévoile son caractere, c’est par ses actions & sa conduite : un homme de cette trempe refusera de rendre service à ses semblables, parce qu’il les hait : il quittera sa femme & ses enfans, à qui sa présence est nécessaire, pour aller vivre seul au fond d’un désert.
N’est-ce pas là la raison qui rend nos Auteurs si ennemis du travail & de l’étude ?
Dorat, qui, certes, ne passera pas pour être leur ennemi.
Dans la guerre de la succession d’Autriche, après la mort de Charles VI, où presque toute l’Europe étoit en feu, le Roi de Prusse, ce Roi philosophe, qui malgré sa philosophie, deux fois ami & ennemi des deux parties, allié & combattant pour & contre selon ses intérêts, s’étoit emparé de la Saxe, & l’avoit ravagée, avoit chassé l’Electeur, son ami, Roi de Pologne, pris à Pyrna son armée prisonniere de guerre, assiegea Dresde la capitale, & la prit ; il y entra en vainqueur, se rendit au palais, & va rendre à deux Princes, & à trois Princesses, enfans du Roi de Pologne, qui y étoient restés, une visite dont ils se seroient bien passés.
Les Ennemis du Théâtre ont voulu l’anéantir, en l’attaquant par la Religion, par les Loix & par le raisonnement : Mais le Gouvernement protége les Représentations Dramatiques ; & son approbation, sans doute bien fondée, rend inutiles les plus belles démonstrations.
Il n’est pas le premier qui ait fait cette proposition, sur la pratique de la Religion : Car il y a longtemps que j’ai entendu un Prédicateur, bien faire valoir un excellent endroit de saint Jean Chrysostome, où ce saint Père dit avec beaucoup d’éloquence, que si César avait fait un Édit touchant la réconciliation extérieure des ennemis, la crainte d’une taxe, ferait ce que ne fait pas la crainte de l’Enfer ; et que César serait mieux obéi que Jésus Christ.
Ce fut alors que je crus véritablement avoir exterminé une barbare coutume, consacrée par une longue antiquité, et laquelle comme un ennemi terrible, obsédait ou plutôt captivé leur esprit.
Le Bon Goût se sauvera du naufrage ; une voix s’est fait entendre contre ses ennemis déchaînés.
» Sur terre auons des ennemis peruers » Encontre nous machinans prescherie » Ce sont villains yssus de pescherie » Voulans noncer de dieu la paix cherie.
Il leur faut des gens connus et des plus élevés en dignité, je ne suis ni l’un ni l’autre, et par conséquent je crains peu ces vérités dont vous me menacez, il se pourrait faire qu’en me voulant dire des injures, vous en diriez au meilleur de vos amis, croyez-moi, retournez aux Jésuites, ce sont vos ennemis naturels.
Cependant je doute que votre éloquente censure vous fasse parmi elles beaucoup d’ennemies ; on voit percer à travers vos reproches le goût très pardonnable que vous avez conservé pour elles, peut-être même quelque chose de plus vif ; ce mélange de sévérité et de faiblesse (pardonnez-moi ce dernier mot) vous fera aisément obtenir grâce ; elles sentiront du moins, et elles vous en sauront gré, qu’il vous en a moins coûté pour déclamer contre elles avec chaleur, que pour les voir et les juger avec une indifférence philosophique. […] Mon article Genève n’a pas reçu de leur part le même accueil que votre Lettre ; nos Prêtres m’ont presque fait un crime des sentiments hétérodoxes que j’attribuais à leurs ennemis. […] » Cette critique est la seule qu’on puisse faire contre cette tragédie, et l’auteur, qui se l’était faite à lui-même, se justifiait en disant : « Qu’auraient pensé les petits maîtres d’un Hippolyte ennemi de toutes les femmes ?
Les vers efféminés du doucereux Quinaut, nous représentent tantôt une Angélique qui fait céder sa gloire à une indigne passion ; tantôt une Armide tyrannisée par l’amour, qui n’épargne son ennemi que parce qu’il est beau ; ces deux Héroïnes immolent tout à la volupté : les Opéras les plus sages, seront ceux où, comme dans Dardanus, on immole tout à la tendresse : le plaisir, les jeux, la criminelle galanterie, voila la morale de l’Opéra ; genre d’ailleurs, qui, si vous lui ôtez sa mollesse & son sybarisme, sort entièrement de la nature. […] Cependant j’ai peine à croire que l’art des Sophocle & des Ménandre eût été fort considéré par un Peuple guerrier, ennemi naturel du travail d’esprit ; tout état qui exigeait une vie sédentaire était peu de son goût : c’est pourquoi nous ne voyons pas qu’ils fîssent grands cas soit des Commerçans ou de ceux qui exerçaient les Arts & les Métiers. […] Afin de prévenir les cabales que pourraient faire les amis ou les ennemis des jeunes Acteurs, une des règles du nouveau Théâtre sera, que les Spectateurs n’approuveront, ou n’improuveront, qu’à la fin de chaque Acte, ou de la Pièce entière, si elle est dans le nouveau genre proposé, c’est-à-dire, sans entr’Actes vides : alors il serait bon, qu’on proclamât hautement, par le nom de leur Rôle, ceux qui auraient mérité les suffrages de l’Assemblée. […] Je connais un homme, autrefois ennemi déclaré de ces Bonbons dramatiques, qui pour avoir entendu dans une jolie bouche quelques Ariettes, courut sur le champ aux Italiens, & d’aigre censeur, devint admirateur fou. […] Je suis une grande ennemie de ce qui n’excite que de l’admiration ; c’est une si sotte chose que cette admiration !
L’ignorance grossiere du tems lui procura des écoliers, des partisans & des ennemis : la gloire mourut avec lui, il n’étoit plus connu que dans les écoles, par ses subtilités, ses erreurs & sa condamnation, à laquelle on dit qu’il se fournit. […] La préférance qu’elle donne au célibat, sur le mariage, non par un principe de réligion, comme l’Evangile y invite, mais par un rafinement de volupté, pour rendre plus piquant des plaisirs que la decence assaisonne, & que la liberté & la légitimité du mariage rend insipides, principe des Philosophes ennemis de l’état Réligieux, dont cette admirable Abbesse du Paraclet ne rougit pas de faire l’aveu.
Tous les voyageurs rapportent que les Sauvages de l’Amérique se barbouillent le visage quand ils vont au combat ; non seulement pour faire peur à l’ennemi par les figures hydeuses qu’ils y peignent, mais encore pour lui cacher la paleur & les mouvemens que la crainte du péril pourroient y occasionner. […] Déguiser son visage pour ne pas donner des soupçons à ses Juges en changeant de couleur n’est pas un plus grand mal, ainsi que celui du Soldat qui veut cacher sa peur à l’ennemi.
Il a trouvé des apologistes, cet art pernicieux, qui n’eût dû trouver que des ennemis, ou plûtôt qui pour l’intérêt de la vertu n’auroit jamais dû naître. […] Du revenu qu’il faut je n’ai pas le demi, De la peur des besoins je n’ai jamais frémi ; D’une humeur assez douce, & d’une ame assez ronde, Je n’eus pas je croi d’ennemi, Et je puis assurer qu’ami de tout le monde J’ai dans l’occasion trouvé plus d’un ami.
Tous les pieges réunis, tous les ennemis rassemblés, laissent-ils douter d’une défaite déjà toute faite, puisqu’elle plaît ? […] L’Avocat du Prieur ne contestoit pas la force de cette preuve, il se retranchoit à dire qu’un Religieux ennemi du Prieur, & gagné par sa Partie, l’avoit trahi, & furtivement mis tous ces mauvais livres dans son cabinet.
Si jamais j’ai mérité quelque grâce devant les yeux et les oreilles de votre Majesté je vous supplie de ne me dénier pas cette faveur qui me sauvera des périls du monde et me mettra en un lieu d’assurance où délivrée des mains de mes ennemis je pourrai sans crainte servir Dieu en sainteté et en justice tous les jours de ma vie : là Madame je serai une lampe continuellement ardente devant l’autel de sa divine Majesté pour la prier pour la prospérité de la vôtre.
Tel peut s’abandonner lâchement à l’insulte d’un ennemi peu redoutable, qui défendra ce qu’il aime jusqu’à la mort contre les attaques du plus vaillant.
Ainsi vous devenez meilleur, & vous sanctifiez-ce qui vous approche ; votre femme vous devient plus fidele, vos enfans vous sont plus soumis, vos domestiques plus attachés, vous pouvez gagner vos ennemis même.
Et telle fut l'origine des Jeux Apollinaires institués pour obtenir la victoire sur leurs ennemis, et non pour se délivrer de quelque grande maladie.
Quelle raison plus capable d’éloigner les Comédiens, vos ennemis, des bastions de Genève, que la certitude d’être mal payés, s’ils osaient former un établissement dans cette ville ?
Quel rôle jouerait la virginité dans un pays ennemi, où de toutes parts on la poursuit, on la joue, on lui rend des pièges ?
Un champions se présenta, & se déclara ennemi de Shakepear, ce qui forma une scéne très-vive & très-gaye, qui amusa beaucoup, & dont on sent bien que Garrik sortit vainqueur. […] Vous avez avec les gens de bien une querelle bien plus importante, dans le peu que j’ai parcouru de vos ouvrages, j’y ai bientôt reconnu que ces agréables Romans ne convenoient pas à l’austere dignité dont je suis revêtu, & à la pureté des idées que la Réligion nous prescrit ; réduit à m’en rapporter aux idées d’autrui, j’ai appris que vous vous proposiez une morale sage, ennemie du vice ; mais que vous vous arrêtiez souvent à des aventures tendres & passionnées, que tandis que vous combattez l’amour licencieux, vous le peignez avec des couleurs si naïves & si tendres, qu’elles doivent faire sur le lecteur une impression toute autre que celle que vous vous proposés, & qu’à force d’être naturelles elles deviennent séduisantes.
On en murmura hautement ; il y eut de tous côtés des soulevemens & des conjurations contre l’ennemi de tout bien. […] Il leur ordonna de se retirer chez eux, & fut depuis l’ennemi d’Hérode.
Ses ennemis y entrerent, y mirent tout à feu & à sang. […] Dès le lendemain, les Officiers François, prisonniers, furent arrangés avec des femmes de mauvaise vie, qu’ils trouverent en grand nombre dans le camp ennemi.
Cette critique aux yeux du traducteur est une leçon utile aux jeunes poëtes dont on doit lui savoir gré : elle formera leur goût, corrigera les fanfaronnades des écrivains ennemis de la noble simplicité, qui, par les mains espagnoles, a fourni des trésors inépuisables, dont la traduction leur donne la clef. […] La douceur & l’honnêteté de son caractere lui fit bien des amis ; des traits de satyre sur le libertinage de la Cour, qui d’ailleurs s’en embarrasse peu, plusieurs ennemis.
Les plus grands ennemis de Voltaire ne l’ont jamais plus maltraité que son ami Dorat ; il suffit de rapporter cette piece imprimée dans ses œuvres. […] Il est inconcevable que cet ingénieux Ecrivain dont les poésies sont si agréables, si riches, si variées, qui, par son honnêteté, autant que par son talent, honore depuis tant d’années notre Parnasse ; bon citoyen, ami de ses rivaux, du caractere le plus doux, ennemi de toute intrigue, détestant les cabales, évitant avec le même soin & l’adulation & la satyre, ait à se plaindre de son siecle, Nous ne connoissons point sa personne, nous n’examinons point son mérite poétique, mais ce que nous venons de rapporter, pris de ses œuvres sur la religion & les mœurs justifie le mécontentement de son siecle, & fait voir le fond qu’on peut faire sur les éloges des Journaux.
Malgré tous les avantages, toutes les qualités, toute l’efficacité de ces remèdes aux maladies de l’ame, que de passions contraires, dit-il, embarrassent l’ame, que d’ennemis domestiques l’assiegent ! […] Le cynique lui-même, ennemi de la danse, s’écrie : Non, ce n’est point une représentation, c’est la chose même.