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116. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Un Prince qui veut la guerre pour le bien de l’Etat ; qui déteste son fils, parce qu’il est aimé d’Antigone, qu’il aime lui-même, & qui, quelques Scènes après, veut la paix pour n’avoir pas à combattre ce même fils. […] On le promene de Scène en Scène, où il fait des merveilles. […] Cette adresse du Poëte la dispense de répondre précisément sur le choix que ces Princes la pressent de faire de l’un d’eux, & amène cette belle Scène, où ces freres disputent de générosité, s’abandonnent réciproquement le droit d’aînesse & le Trône.

117. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

On a voulu, par cette plaisanterie, donner à la scène un air de légitimité & d’importance qu’elle n’obtient jamais du S. […] Erudition perdue : on entend en général tout spectacle sous le nom de théatre ; d’autant mieux que jamais on n’a fait battre des animaux sur la scène proprement dite. […] Il est glorieux à la scène de régner dans tous les pays & chez les peuples les plus barbares, il est peu honorable pour elle de n’avoir pu adoucir leur férocité. […] Ce coup de théatre a interrompu la scène & dénoué l’intrigue très-brusquement, d’une maniere inattendue & fort peu amusante. […] La jalousie des concubines, qu’on a fort mal à propos menées à l’attelier, forme une scène de fureur qui exprime leurs sentimens par des danses de furies.

118. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VI. Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité. » pp. 86-89

« Et qui peut parmi nous approuver une scène Où règne avec éclat l’impiété païenne ; Où l’on voit chaque jour les démons encensés Rétablir par nos mains leurs autels renversés ?  […] Ce sont des héros qu’ils produisent sur la scène, et les sentiments impies qu’ils leur prêtent charment les spectateurs et attirent leurs suffrages.

119. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Quel plaisir devoit-on trouver à Constantinople de faire de la scène une place de Greve ? […] Ce n’est ailleurs qu’un plaisir médiocre, l’assaisonnement de la scène y donne un goût exquis. […] La statue étoit couverte d’un taffetas cramoisi : c’étoit une scène dont la toile étoit baissée. […] Les romains la firent monter sur la scène : elle y fit peu de progrès ; ce peuple étoit trop sérieux. […] Ces bons Princes ne firent que courir pendant deux heures & demie pour voir les vingt-deux scènes.

120. (1753) Compte rendu de Ramire « Compte rendu de Ramire » pp. 842-864

Sur la Scène on ne parle que de prison, de chaînes, de captivité ; on ne vit que de soupirs & de larmes ; le Soleil, les astres, les fleurs les plus brillantes fournissent à peine des métaphores assez nobles ; on divinise son objet pour l’adorer, on encense ses Autels, & on s’immole dans son Temple. […] les grotes de la Thébaïde n’ont pas toujours été pour l’innocence, des azyles inviolables ; & vous au sein de la licence théatrale, vous seriez inaccessible à la tentation ou impénétrable à cette vapeur empoisonnée, qui s’exhale de la Scène ? […] Pour ne prendre qu’un honnête délassement à une Scène dont le jeu réunit tant d’objets si capables de faire des impressions contraires à l’honnêteté, quelle violence ne faut-il pas faire à ses sens & à son imagination ! […] Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentit, on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraîchit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.

121. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Sur la Scène on ne parle que de prison, de chaînes, de captivité ; on ne vit que de soupirs & de larmes ; le Soleil, les astres, les fleurs les plus brillantes fournissent à peine des métaphores assez nobles ; on divinise son objet pour l’adorer, on encense ses Autels, & on s’immole dans son Temple. […] les grottes de la Thébaïde n’ont pas toujours été pour l’innocence, des azyles inviolables ; & vous au sein de la licence théatrale, vous seriez inacessible à la tentation ou impénétrable à cette vapeur empoisonnée, qui s’exhale de la Scène ? […] Pour ne prendre qu’un honnête délassement à une Scène dont le jeu réunit tant d’objets si capables de faire des impressions contraires à l’honnêteté, quelle violence ne faut-il pas faire à ses sens & à son imagination ! […] Dans les sujets les plus édifians ; dans leurs scènes les plus religieuses, le Pécheur s’attendrit sans se repentir ; on sent le plaisir de la compassion, sans sentir l’amertume de la componction ; ce n’est pas une pluie qui tombe du Ciel ; c’est une rosée qui s’élève de la terre ; elle ne nourrit que des feuilles maudites ; à l’ombre de l’arbre qu’elle rafraichit, le vice s’engraisse & la vertu se dessèche.

122. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

ces valets filous, si subtils de la langue et de la main sur la scène, dans le besoin d’un métier plus dispendieux que lucratif, n’auront-ils jamais de distractions utiles ? […] « Mais le comédien sur la scène, étalant d’autres sentiments que les siens, ne disant que ce qu’on lui fait dire, représentant souvent un titre chimérique, s’anéantit, pour ainsi dire, s’annule avec son héros ; et dans cet oubli de l’homme, s’il en reste encore quelque chose, c’est pour être le jouet des spectateurs. […] Elle quitte, en atteignant la coulisse, la morale du théâtre, aussi bien que la dignité ; et, s’il était vrai qu’on prît quelquefois des leçons de vertu sur la scène, on va bien vite les oublier dans les foyers. […] « Sitôt, ajoutait-elle, que je vois paraître les premiers acteurs sur la scène, je tombe tout à coup dans la plus profonde tristesse.

123. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Nous ne devons pas craindre ces suites d’une pareille erreur de la part des écrivains qui sont aujourd’hui l’honneur de la scène française : les Picard, les Andrieux, les Duval et leurs dignes collègues, ne produisent que des ouvrages utiles et purs comme leurs âmes honnêtes ; mais il n’existe pas la même garantie contre les avortons indigents de la littérature, qui se jètent sans distinction sur les sujets qu’ils rencontrent : ils pourraient bien s’emparer de celui-ci, et y voir un autre bon modèle de Tartufe. […] Ces devoirs seraient imposés aux maîtres de la scène, et aux auteurs des poèmes, sous des peines inévitables. […] Le bon sens ne demande rien plus impérieusement que d’accommoder ainsi les scènes aux spectateurs, ou les spectateurs aux scènes3. […] Ces hommes, quoiqu’au fond indifférents à l’honneur et à l’honnêteté, craindraient cependant d’être produits ou simplement nommés en scène comme faisant la société de ces infâmes, et partager publiquement leur infamie, sans avoir une plus grande part aux avantages dont elle est le prix. […] Oui, un épisode, une scène, et même une simple citation, un trait lancé à-propos, en un mot, un coup de plume suffira souvent pour porter ces arrêts imposants dont la sévérité pourra par ce moyen se graduer sur la gravité des délits ou des défauts, ce que les Athéniens ont trop négligé, etc., etc.

124. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Il étoit d’un Corps toujours partisan de la scène : goût déplacé, qui contre les bonnes intentions de ces fameux Professeurs, a fait grand tort au public & à eux-mêmes. […] Thomas dont nous parlerons) : question, dit-on, qui n’a jamais été traitée par les adversaires de la scène. […] Le pieux Orateur en fit bien-tôt un contre les Romans, qui semble être une nouvelle réparation du peu qu’il avoit, comme malgré lui, accordé à la scène. […] il auroit embrasé la scène de ses feux. […] On peut, dit-il, exposer sur la scène des exemples de toutes les vertus & la censure de tous les vices, les combiner pour les contraster, & mettre dans la bouche des Acteurs toute sorte de bons principes ; qui en doute ?

125. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

Les Magistrats municipaux d’alors, ne penserent pas que le spectacle, le soin d’en préparer & d’en orner la Scène, étoient une de leurs principales fonctions chez les Anciens. […] Ce préjugé soutenu par des savans, par des Poëtes du premier ordre, ne nous paroît pas difficile à détruire ; & nous nous croyons obligés de nous en charger, avec d’autant plus de raison, qu’il est impossible de rendre quelque éclat à la Scène Françoise, si on ne remet pas le Comédien à sa propre place, & les Auteurs & le public dans leurs droits.

126. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

Noms immortels que la postérité révère, que les Corneille, les Racine, les Voltaire ont fait revivre sur la Scène, animez mon ame échauffée d’un zèle respectueux pour vos vertus ? […] Desmahis, Scène III.

127. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Mais quand les plaisirs de la scène nous feraient perdre pour un moment le souvenir de nos semblables, n’est-ce pas l’effet naturel de toute occupation qui nous attache, de tout amusement qui nous entraîne ? […] Le Misanthrope a encore plus beau jeu dans la scène du sonnet. […] Rien n’est, ce me semble, mieux ménagé et gradué plus adroitement que cette scène ; et je dois rendre cette justice à nos spectateurs modernes, qu’il en est peu qu’ils écoutent avec plus de plaisir. […] Vous feriez le procès sur le même principe, à tous les Auteurs de pièces de Théâtre, bien plus obligés encore que les Comédiens, de se transformer dans les personnages qu’ils ont à faire parler sur la scène. […] , p. 145 : « Ces valets filous, si subtils de la langue et de la main sur la Scène, dans les besoins d’un métier plus dispendieux que lucratif, n’auront-ils jamais de distractions utiles ?

128. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Telle est la danse théatrale, c’est l’art porté à la perfection ; elle étale, toutes les graces du corps, elle peint toutes les passions du cœur, elle parle tout le langage de l’amour ; chaque danse est une scène pantomime qui dit tout ce qu’on veut, c’est une sorte de toilette où l’on se montre dans le jour le plus favorable. […] La comédie la plus libre, dit-il, est mille fois moins dangereuse que la danse des femmes sur la scène ; j’espère que les personnes raisonnables seront de mon sentiment. […] & quel tableau est aussi attendrissant qu’une scène de Racine, aussi piquant que les obscénités de Moliere, que les pas de deux, de trois, de quatre des Lani, des Allard ? […] Qu’on lise les portraits répandus dans tous les livres théatraux de cette danseuse qui s’avance sur la scène, des bras qu’elle déploie, de sa taille, de sa tête, du moëlleux de ses mouvemens, la Vestris, la Dupré, la Dangeville, &c. la seule annonce fait le portrait de la volupté, c’est Vénus elle-même, c’est le crime. […] Ce fut une fois, dans une fête, pendant un repas de cérémonie, & assez peu de temps ; la scène la répette tous les jours, les heures entieres, on en est uniquement occupé.

129. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Les méchants sont haïs sur la Scène... […] Sur la Scène, c’est pis encore. […] Lui-même dit, ou fait entendre tout cela dans la scène. […] Ribou, 1666, Acte I, Scène 1, v. 119-120. […] » (acte I, scène 2, v. 338).

130. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Comme l’illusion du Théâtre porte à croire que ce qu’on voit se passer sur la Scène arrive réellement, on doit aider la Pastorale à faire son éffet par la simplicité du discours & par les passions qu’on éxcite. […] Vous remarquerez que l’héroïne de la prémière Pièce est grosse à pleine ceinture, ce qui ne fait peut-être pas un bel éffet sur la Scène ; mais ce qui est la sensible image de la Nature. […] Nous en avons pourtant un grand nombre en cinq Actes, & qui, pour comble d’ennui, sont des Comédies, ou des Scènes dialoguées ; mais elles ont paru dans un tems où les bonnes Pièces étaient rares. […] N’oublions pas, encore une fois, que la musique, lorsqu’elle est adaptée à un Drame, fait partie de l’illusion théâtrale, ainsi que ce qu’on voit sur la Scène : or les accords mélodieux d’un violon, ou les sons délicats d’une flûte, ne sont pas trop bien placés dans une campagne, au milieu d’une troupe de Paysans ; il me semble que je devrais plutôt entendre un chalumeau ou une musette ; ou du moins les sons qui me frappent doivent avoir de l’analogie avec ceux des instrumens champêtres.

131. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude. […] Pylade fut un des plus excellent ouvriers de ces représentations, et après qu'il eût quitté la scène par les infirmités de son âge, il se trouva présent au Théâtre, où son Disciple Hylas dansait un Episode d'Euripide, contenant quelque action du Roi Agamemnon, et comme Hylas voulut exprimer le nom de Grand, que le Poète lui donnait, il se guinda sur le bout des pieds, et leva les bras, dont Pylade se mit en colère, et l'accusa d'ignorance en son art. […] , c'est-à-dire Farceurs, Bateleurs et Bouffons, monstres de la nature ou de la morale, capables de donner quelque impertinent plaisir à la plus vile populace ; Et ce sont là véritablement ceux que l'on nommait Histrions, Scéniques ou Scénatiques, gens de scène ou de Théâtre, pratiquant l'art de jouer, bouffonner, et faire montre de leurs corps, par des postures insolentes, et par de ridicules plaisanteries. […] Quoi qu'il en soit, ce nom qui dans l'intelligence véritable de sa propre signification ne convenait qu'à ceux qui s'occupaient aux Jeux Scéniques, passa depuis à tous les autres qui représentaient quelque chose sur la Scène, et qui dans la suite des temps furent mêlées à la célébration de cette Fête, pour la rendre plus pompeuse ou plus agréable.

132. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

I l parut dans le même temps sur la scène du monde une autre Actrice dont nous avons parlé, qui valoit bien Elisabeth ; c’étoit Catherine de Medicis. […] Ceci n’est pas un mariage, mais une épisode qui est la suite du refus, & fournit plusieurs scènes comiques. […] La Comédienne d’Angleterre le trompa & le conduisit au tombeau ; Campistron auroit dû faire paroître un Envoyé d’Angleterre sous un nom supposé, il auroit pû former des scènes intéressantes. […] Ces bouleversemens, ces absurdités, ces contradictions feroient la scène la plus risible, si les sacrilèges, les forfaits, les ruisseaux de sang, la perte des ames ne formoient le plus sombre magique. […] Mais à la balance de la justice & de la vérité, au tribunal de la Religion & de la vertu, ce ne fut qu’une Comédienne d’un mérite médiocre, mais rusée qui occupa la scène & y joua toute sa vie des tragédies, des comédies, des farces selon son intérêt & son caprice.

133. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Ils viennent d’apercevoir le tableau de toutes les scènes de leur vie : ils ont vu les ressorts si cachés de toutes les machines que font mouvoir devant eux leurs ministres et leurs flatteurs. […] Quelle connaissance du cœur humain ne suppose pas l’admirable scène de ce vertueux Grec, entre Electre et Oreste son frère ? […] Ce n’est point ici le vice forcé à reconnaître l’empire de la vertu ; c’est la vertu mise aux épreuves les plus cruelles, luttant contre elle-même, triomphante par ses propres forces, et supérieure à l’infortune : il faut lire la scène même, pour en bien concevoir tout le mérite. […] [NDA] Que l’on compare ces vers si différents, tirés du même rôle, acte IV. scène II. […] Je pense avoir rendu mon nom assez illustre, Pour n’avoir pas besoin qu’on lui donne un faux lustre. » Et ceux-ci de la cinquième scène du cinquième acte : « Eh !

134. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Dans l’Œdipe de Sophocle, la scène représente une place publique, un palais, un autel, des enfans & des vieillards prosternés, & plus loin, on apperçoit un peuple qui paroît environner les deux temples de Pallas & l’autel d’Apollon. […] La scène ne fut plus ensanglantée, & l’on y put rire sans crime. […] La musique fait plus ; sa nature est d’exprimer jusqu’aux transports de l’ame : tout parle en elle jusqu’à son silence, & la scène lyrique la plus vraisemblable, celle qui fait plus d’illusion, est un monologue. […] Un opéra est un poëme qui doit tenir le milieu entre notre scène dramatique & la pantomime(a). […] Il n’en est pas de même des autres Spectacles, où un changement de la scène souvent inattendu, & encore moins desiré, coupe la vivacité du dialogue, & arrête & suspend l’attention du spectateur, qui veut être toujours également intéressé.

135. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

du Fresny est une Comédie, à mon avis, des plus instructives : il ne s’agit que d’amour dans toute la Pièce, mais on n’y trouve aucune de ces Scènes de tendresse si communes dans les Comédies de ce siècle, et dont le poison est si dangereux pour la jeunesse, qui n’étant pas, ou ne voulant pas être sur ses gardes, l’avale à long traits : on n’y voit que l’excès de la passion. […] On y voit de l’amour, j’en conviens ; mais il serait à souhaiter que tous les amours de Théâtre, et que toutes les Scènes des Amants ne s’éloignassent point de la Méthode qu’on observe dans les Femmes Savantes. […] C’est qu’on n’y trouve pas une seule Scène de femmes ; et quoi qu’Eraste, le héros de la Pièce, soit amoureux d’Orphise, et la recherche en mariage, il ne voit pourtant sa maîtresse que pendant un instant, encore cet instant lui donne-t-il un motif de jalousie assez bien fondé en apparence.

136. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre prémier. Déssein de cet Ouvrage. » pp. 2-7

Il serait pourtant fort utile de mettre sous un même point de vue les diverses sortes de Poèmes dont se décora la Scène antique, & ceux qu’elle fait paraître tant en France que chez nos voisins. […] Quand il serait vrai qu’ils n’eussent rien oublié d’éssentiel, il me resterait toujours de quoi piquer la curiosité, puisque la Scène est décorée de nos jours de Poèmes dont le genre n’était guères connu autrefois.

137. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

C harles XII & Auguste II, ces deux célebres ennemis, qui ont joué des rôles si extraordinaires sur la scène du monde, croient d’un caractere tout opposé. […] La Scène ne forma jamais de héros. […] Charles XII lui-même, malgré sa résolution soutenue jusqu’à la mort de vivre dans la plus grande simplicité pour sa personne, donna des scènes de faste, que Voltaire traite avec raison de comédie. […] Ses successeurs ont porté bien loin l’embellissement de la Moscovie, l’art dramatique s’y est introduit, le Théatre y brille, & tout jusqu’aux femmes s’avise de monter sur la Scène.

138. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Les Acteurs sur la scène, dit-il, jouent les rôles de Prince, de Général d’armée, de Philosophe, de Médecin, &c. quoiqu’ils ne soient que des misérables. […] La scène produit aussi des changemens, mais bien différens. […] Quand vous voyez ces spectacles, quand vous entendez ces airs lascifs, ces scènes amoureuses, quand vous voyez sous ce masque qui déguise les deux sexes, des hommes en femmes, ou des femmes en homme représenter leurs criminelles passions, qui est-ce qui au milieu de tant d’objets voluptueux peut demeurer chaste ? […] Chrysostome traite au long toutes ces racines & toutes ces branches de la corruption de l’homme & de la scène, qui en est tour à tour l’effet & la cause.

139. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

La scène tragique y va puiser ses plus beaux traits. […] quand vous vous rappelez un sermon ou une scène, quel des deux vous fait espérer le paradis ou craindre l’enfer ? […] Ce sont des goûts si différens, si opposés ; la piété & le vice, la messe & la scène, les chants de Lulli & les pseaumes de David, l’idole de Dagon & l’arche d’alliance, sont-ils faits pour être unis ? […] Cette multitude d’objets charmans, dont la peinture cent & cent fois retracée répand des graces toûjours nouvelles & toûjours riantes dans les chefs-d’œuvre de la poësie & de la peinture, & jusques sur le théatre, dont elle forme les plus agréables fêtes, n’a pas besoin, pour nous charmer, du tumulte & du fard de la scène : Beatus ille qui procul negotiis, paterna rura bobus exercet suis. Dieu n’a point élevé des théatres pour rendre les hommes heureux dans le paradis terrestre, où tous les biens étoient réunis ; on n’y jouoit point de comédies, à moins qu’on ne donne pour une piece dramatique la tragique scène qui perdit l’homme, & qui fut le modelle de toutes les autres, par la séduction & ses effets.

140. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

n’êtes vous pas saisi d’horreur & de crainte de regarder le Saint des Saints des mêmes yeux dont vous venez de voir le crime, d’entendre des mêmes oreilles les infamies de la scène & les divines Ecritures, & de recevoir l’hostie adorable dans le même cœur qui vient de boire à longs traits un poison mortel ? […] Au lieu de courir, comme les Mages, pour voir Jesus-Christ, vous courez pour ne le voir pas, mais pour voir des femmes sur la scène, où il n’est sûrement pas. […] Si cela n’est pas un mal, montez donc sur la scène, jouez votre rôle, liez-vous à la troupe des Comédiens, pratiquez ce que vous louez. […] Le vieillard rase sa pudeur avec ses cheveux, prêt à tout dire, à tout entendre, à tout faire ; des femmes sans voile & sans honte paroissent & par, lent hardiment sur la scène, elles semblent avoir fait une étude réfléchie de l’impudence, & répandent si bien le poison de l’impureté dans les y eux & les oreilles des spectateurs, qu’on diroit qu’elles ont conspiré d’attacher jusqu’aux racines de la modestie, de déshonorer la nature, & de rassasier leurs passions par la plus infame volupté. […] D’où viennent les corrupteurs du mariage, que de la scène ?

141. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Ce sont des querelles journalieres : farces, scènes, parodies, chansons, on se satyrise à outrance. Tout est sur la scène plein de malignité, elle est aussi médisante que lascive. […] Ils se couronnoient de pampre, & se barbouilloient de lie, digne décoration d’une telle scène : Quæ canerent agerentque per-uncti facibus rora. […] On distinguoit sur l’ancien théatre trois sortes de représentations, pour lesquelles on construisoit trois scènes différentes (Vitruve, L. […] Il paroissoit à même temps sur la scène des Héros & des bouffons, agissant & parlant, ou ensemble, ou alternativement, dont l’un contrefaisoit, parodioit & ridiculisoit l’autre.

142. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Il en traduit des scènes entieres ; il a seulement eu la précaution de changer le titre & le nom des actrices : pour Inès, Béatrix, &c. on trouve Armande, Henriette, Catau. […] Les Journaux, même l’Abbé Aubert, ont choisi par préférence & rapporté en entier les scènes licencieuses que tout devroit faire supprimer. […] Un vice en entraîne un autre, ils sont tous réunis sur la Scène. […] Ce monstre de scélératesse fait horreur au plus libertin ; & quoique la femme de Constantin, & quelques autres exemples dans l’histoire, eussent fournit une matiere à la scène, on n’avoit pas osé braver si indécemment les bonnes mœurs. […] La scène ne fît-elle d’autre mal que de déplacer les talens & dissiper les bons sujets, d’enfouir ou plutôt de dégrader, d’anéantir leur mérite, elle feroit un très-grand tort à la société.

143. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Elle les a toujours condamnées ; encore plus, si prenant la danse pour l’art des gestes, on veut faire de nos mystères une scène de pantomimes. […] Un Prédicateur en chaire, un Avocat au barreau, un Acteur sur la scène, dansent, parce qu’ils font des gestes. […] Il lui prodigue les plus grands éloges, comme à un art agréable, l’un des plus beaux ornemens de la scène. […] L’art dramatique est l’art de peindre ; chaque drame est un tableau général d’une action composée d’une suite de tableaux, chaque acte, chaque scène en est un ; une danse doit faire une scène, & par conséquent un tableau. […] Le Wauxhal a répondu que ce n’étoit point une comédie, & n’avoit rien de commun avec la scène Françoise.

144. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

Passons aux bienséances qu’ils se ventent d’avoir introduites sur la scène. […] Sur la scène, elles sont l’art de jetter un voile sur des objets que le spectateur ne peut approuver ouvertement, & qui allument des passions dangéreuses. […] Je ne vois plus que quelques expressions hazadées, ou même échapées sans dessein, qu’ils peuvent bannir de la scène.

145. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Rien ne leur échappe de tout ce qui regarde la scène. […] Quand un Comédien s’en fait honneur, ou il se borne à l’art de la représentation, c’est-à-dire, à tout ce qui convient à soi-même, ou à la scène, pour bien imiter ses personnages ; ou il entend par là, l’art du Drame, qui lui-même comprend la critique. […] Ce rapport préside à sa toilette, à ses études : il lui prescrit la maniere d’entrer & de se présenter sur la scène, d’y venir à propos, d’y prendre la place qui lui convient.

146. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Athalie, le chef-d’œuvre de la scène, qu’on sait par cœur, composée pour S. […] Est-ce donc une beauté de la scène de défigurer l’histoire, pour transformer le tyrannicide en un acte de religion ? […] Les passions ont sauvé la scène jusque dans le sein d’un Institut impie que l’on a proscrit, le zèle s’est brisé à l’écueil du plaisir. […] Il convient qu’il a totalement changé l’histoire, qu’il n’a pas « mettre sur la scène une action vraie, mais des mœurs vraies ». […] Le théâtre n’a pas manqué de s’emparer de ce riche fonds ; plusieurs de ces contes, et les plus licencieux, ont été mis en farce et donnés sur la scène.

147. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Thespis & ses successeurs n’ont écrit en vers, que pour ne pas heurter de front l’usage où étoient les chœurs, de chanter des Hymnes à l’honneur des Dieux ; que par complaisance pour les Prêtres de Bacchus, qui murmuroient tout haut qu’on eût déjà introduit dans ces chœurs, des sujets étrangers à leur culte. » Les Pièces dragmatiques sont des imitations ; mais il est des objets qu’une trop scrupuleuse imitation ne feroit pas supporter sur la Scène. […] Négliger la force, la pompe ou la douceur de l’expression, c’est vouloir allumer un grand feu, en le couvrant de glace ; c’est priver la Scène du plus puissant moyen de fixer l’attention & de gagner le cœur par les sens.

148. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

Mais comme la véritable morale en doit toujours être la compagne inséparable, et que son ennemie naturelle, ou du moins trop ordinaire, est celle que nos Auteurs, ou nos Artistes dramatiques au nom de ceux-ci, ont quelquefois l’imprudence de publier et d’accréditer sur la scène, je n’ai pu considérer cette influence de la Chaire et du Barreau, sans examiner en même temps celle du théâtre, qui aujourd’hui chez nous, comme autrefois chez les Grecs et les Romains, semble attirer à lui tous les regards et tous les vœux de la multitude. Voilà ce qui m’a déterminé à réunir et à rapprocher des objets si disparates entre eux, et à entretenir le Lecteur de la frivolité de la scène, au milieu même d’une discussion aussi grave que celle où je traite de la dignité des fonctions des Orateurs, soit en présence des autels, soit au pied des tribunaux.

149. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Entendez-vous la scène muette & si énergique des yeux languissamment mourans & noyés dans le plaisir, vivement animés & lançant mille feux ? […] La scène n’est que le vice en représentation, le vice n’est que la scène mise en pratique. […] qui jamais a prétendu que les forfaits se commettent sur la scène, ou qu’on y fasse ouvertement violence à la vertu ? […] Les Héros de la scène se déclarèrent les Dom Quichottes pour redresser ses torts. […] Le château de Voltaire est sur la route de Genève ; la Muse de la scène pouvoit-elle manquer d’en aller visiter l’Apollon, y rendre & y recevoir des hommages ?

150. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Dans les sombres détours d’une scène éclatante L’époux a prévenu son épouse inconstante, Et sa main libérale achette au plus haut prix Vn repentir suivi de honte & de mépris. […] La Bruyere (Chap. des Femmes) fait ainsi le portrait des spectatrices de la comédie. « Roscius entre sur la scène de bonne grace. […] Elles commencent aux yeux du public une scène qu’elles achèvent dans leur maison avec ceux des spectateurs qui veulent en acheter le dénouement. […] On ne sauroit vivre sans sentimens, c’est l’aliment du cœur d’une femme : ici tout ressent, tout exprime, tout inspire les plus vifs & les plus délicieux, de toute espèce ; pitié, fureur, langueur, fierté, chaque scène en fait naître. […] Avec quel éclat elle auroit paru sur la scène Polonoise !

151. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Saint Grégoire de Nazianze, pour chasser Euripide et avec lui le démon hors de la scène a dressé une action de Jésus-Christ endurantcj. […] [NDE] Atellane = forme comique du théâtre latin, souvent bouffonne et obscène, reposant sur un canevas et mettant en scène quatre personnages masqués. […] André de Gaule entend ici affirmer que, dans la pièce des jésuites, seule la figure de Jésus était représentée, alors que Dieu le père n’apparaissait pas en scène. […] [NDE] A la scène. […] [NDE] Les pères de l’Eglise, utilisés généralement comme autorités contre le théâtre par les ennemis de la scène, sont ici convoqués pour défendre la pratique théâtrale.

152. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Delà l’invention des paroles & du dialogue dans les Piéces ; il me semble voir chaque père de famille, le front couronné de pampre & de lierre, assister à ces jeux naïfs, marquer les entre-Actes, ou la fin des Scènes, par d’amples libations du divin jus de la treille ; & applaudir en bégayant, aux rustiques plaisanteries de leurs Drames naissans. […] Alors il ne fut plus permis de nommer personne sur la Scène ; mais l’on se servit de masques ressemblans à ceux que l’on voulait railler ; c’est ce qu’on appelle Comédie-moyenne. […] Le ridicule de voir sur la Scène représenter la Passion, ne surprendrait point, si l’on considérait quelles étaient les mœurs & la façon de penser des Siècles qui s’en amusèrent. […] On ne souffrit plus enfin sur la Scène, Judas, Pilate ni les Apôtres, parce qu’on ne courut plus briguer l’honneur de se faire empaler par les Turcs. […] En éffet, la Tragédie le devança, & se montrait en Reine sur la Scène, lorsqu’il était encore réduit à divertir la Populace.

153. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Grégoire de Nazianze, tout disoit que c’étoit un acteur sur la scène. […] Amateur du théatre, il en étoit épris, il en avoit le génie, & il passa sa vie sur la scène. […] Elle fit revenir malgré lui sur la scène le pieux Racine, que la religion & la vertu en avoient arraché, & revivre les talens séduisans & les coupables écrits dont il avoit connu le danger & la gloire funeste qu’il arrosoit de ses larmes, & rallumer les feux demi-éteints de Louis XIV pour des jeux que, par un pareil motif, il avoit cru devoir s’interdire, & se reprochoit d’avoir trop aimé. […]         Les noces & la comédie         Cousinent souvent d’assez près :         Plus d’une fois qui se marie         De la scène fait les apprêts.

154. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on offre sur la Scène le sérieux & le plaisant joints ensemble. […] Le Poliphème d’Euripide contient plusieurs Scènes qui seraient dignes de la Tragédie.

155. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

toute intrigue n’est-elle pas une comédie, & qu’est-ce qu’une pièce sur la scène ? […] La scène est partout ; elle est à l’Église, à la promenade, au jeu, dans les compagnies, dans les loges où l’on va voir le spectacle, & lorsque l’on mène sa maîtresse à la comédie, ce qui est une partie essentielle de la galanterie ; n’est-ce pas une Comédienne qui en va voir d’autres ? […] Cyr, elle en fit construire un second dans son appartement à Versailles où les Princes & les Princesses jouoient sous la direction de l’Acteur Baron chargé de les former à la déclamation ; le Roi qui y venoit avec plaisir, se réconcilia avec le théatre, la scène fut à la Cour plus triomphante que jamais sous les auspices de Madame de Maintenon, & devint même une action méritoire. […] Cyr : ce fut une scène momentanée sans conséquence, la comédie de St. […] Ce fut une scène bien nouvelle pour les Acteurs & les spectateurs ; tout fut arrêté pour les regarder jusqu’à la fin de leurs exercices.

156. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Mais on a beau faire, la scène n’a jamais eu de pareils élèves ; tous au contraire sans exception se sont déchaînés contre elle, et se sont hautement déclarés contre le fard, la mollesse, la frivolité, le danger de cette prétendue éloquence. […] Tout est léger et efféminé sur la scène ; tout doit être mâle, sérieux et grave dans le sanctuaire. […] Si c’est là votre but, repris-je, vous vous y prenez mal ; au lieu de faire déclamer des scènes, faire réciter les sermons de Bourdaloue ou les plaidoyers de Patru. […] Il faut que ce soit, non des comédies toujours plus libres, plus malignes, plus frivoles, mais des représentations sérieuses de quelques histoires, qu’on ne prenne jamais des sujets de l’Ecriture, qui ne doivent pas être mis sur la scène. […] Ces plates bouffonneries, qui dans la stérilité du génie, par l’envie de plaire au peuple, s’emparent de la scène, et dans le sac de Scapin font méconnaître l’Auteur du Misanthrope, le latin les éloigne, ne les fournissant pas, ou les émoussant.

157. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Lysistrata mise à la scène par un homme d’un talent reconnu, y serait restée telle qu’il nous l’offrait, et nous irions nous divertir aujourd’hui à ce spectacle très comique, s’il n’avait été permis qu’aux hommes d’y entrer. […] — Les gens âgés ne font point de pièces de théâtre : réservez-leur quelques banquettes, mais favorisez le jeune homme qui respire le feu du talent, et se grandit d’un pied, quand il voit à la scène ce que le jeu d’un grand acteur pourrait un jour ajouter à sa gloire. […] que des scènes agréablement instructives remplacent ces licencieuses extravagances !

158. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Ce qu’ils nous disent confusément et par lambeaux, quand ils nous font la description de leurs Théâtres, nous laisse, il est vrai, dans l’incertitude sur bien des articles, et ne nous donne pas une idée précise de la construction et des usages de la Scène ; mais c’est ce qui arrive tous les jours aux Ecrivains même les plus exacts, lorsqu’ils parlent de quelque chose que tout le monde a sous les yeux : il est rare qu’en pareil cas un Auteur se donne la peine d’en faire un détail circonstancié, parce que les vivants en sont instruits. […] Les Modernes nous ont présenté sur la Scène les Acteurs, tels que la nature les a faits, et non défigurés par les cothurnes, par les masques et même par la voix, dont le son n’était jamais naturel sur les Théâtres d’Athènes et de Rome ; car il fallait la proportionner à la figure agrandie des personnages, et à la distance des Spectateurs.

159. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Tels sont en effet ces Héros que produit la scène : l’Alexandre de Racine avec son Eriphile n’eût jamais fait la conquête des Indes. […] quel fonds inépuisable de scènes comiques ! la scène serait dans le camp, à la tranchée, au pied de la brèche : que de coups de théâtre n’ameneraient pas les événements de la guerre ! […] Vous trouvez le théâtre partout, plusieurs siècles avant sa naissance, jusque dans les déserts de l’Arabie et le camp des Israélites, qui de leur vie n’ont songé à dialoguer des scènes, et former des actes.

160. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Non sans doute, ils ne le sont pas tous ; mais assurément la totalité des Acteurs, et plus de la moitié des spectateurs et des compositeurs ne sont nés que pour un travail mécanique ; la scène les en arrache, les en dégoûte, et les rend inhabiles à tout. […] paraît-il sur la scène un valet, une soubrette, qui ne soit un fripon, un libertin, un menteur, un fourbe ? […] Le peuple sent-il la finesse du dialogue, l’harmonie des vers, la vérité des portraits, l’enchaînement des scènes, le jeu du dénouement, la noblesse des sentiments, en un mot les vraies beautés théâtrales ? […] qui pense ne justifier la scène ?

161. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

C’est ainsi qu’agissait le Comédien, quand il jouait des Scènes où il devait changer d’affection, sans qu’il pût changer de masque derrière le Théâtre. Par exemple, si le Père dont on vient de parler, entrait content sur la Scène, il présentait d’abord le côté de son masque dont le sourcil était rabatu ; & lorsqu’il changeait de sentiment, il marchait sur le Théâtre, & fesait si bien, qu’on ne voyait plus que le côté du masque dont le sourcil était froncé, observant dans l’une & dans l’autre situation, de se tourner de profil.

162. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

La scène de Caron & des Ombres dans Alceste est pour nous une preuve sans replique. La sincérité me force d’avouer qu’il y a des Scènes dans Pomone, Opéra qui fut représenté en 1671, qui sont très-dignes du Théâtre moderne. […] Les Acteurs forains, réduits d’acheter à prix d’argent le droit de divertir le Public, traitèrent avec les Directeurs de l’Académie Royale de Musique, & obtinrent la permission de le remettre sur la Scène avec tout l’éclat qu’ils pourraient lui prêter.

163. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

La Scène ne passe point tout d’un coup des Princes aux simples Bourgeois, & ceux-ci ne doivent pas tous être rangés dans la même classe. On voit donc sur la Scène plus de trois sortes de personnages ?

164. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

bref, je ne sais que penser. » Telle était la situation du théâtre, lorsque vers le milieu du seizième siècle la comédie profane intervint avec ses obscénités, et rivalisa avec la religieuse jusqu’au siècle de Louis XIV, où les Corneille et les Racine commencèrent à illustrer notre scène, et lui donnèrent un caractère de décence et de moralité. […] IV : que « de illa arte vivere non est prohibitum » ; le clergé, disons-nous, commença par excommunier les représentants de la scène, et, sacrifiant jusqu’à la cupidité, il finit par leur refuser les secours onéreux1 des sacrements, en dédaignant de servir de si indignes rivaux, et hâtèrent la propagation du théâtre par leurs révoltantes persécutions.

165. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

), le mot obscène vient de scène, obscenum à scena, parce qu'on ne peut mieux exprimer qu'une parole, une pensée, une action est vilaine, qu'en disant que c'est une parole, une pensée, une action de théâtre, turpiloquium. […] D'où viennent ces expressions proverbiales et si méprisables, un Arlequin, un Trivelin, un Tabarin, un Bateleur, une arlequinade, une trivelinade, une scène, etc. […] Qu'ont-ils de commun avec la scène, où volontairement et sans nécessité on fait le fou, le libertin, le scélérat, tous les jours pour de l'argent, et on va le voir pour son plaisir ? […] De là des danses de toute espèce, légères, graves, majestueuses, badines, bouffonnes, etc. qui peignent les mouvements de l'âme, des danses de Guerriers, de Bergers, de Paysans, de Furies, de Dieux, de Démons, de Cyclopes, d'Indiens, de Sauvages, de Mores, de Turcs, qui caractérisent les professions et les peuples ; de là ces mouvements compassés de la tête, des pieds, des bras, des mains, etc. qui tous doivent se réunir de concert pour former les traits du tableau ; de là tous les divers habits et parures analogues à ce qu'on veut représenter, mais qui tous élégants, dégagés, propres, conservent et rendent saillante la taille et la forme du corps, qu'ils laissent admirer ; de là cette souplesse moelleuse, cette mobilité coulante, cette marche gracieuse, cette symmétrie des pas, ces figures entrelaçées, cette espèce de labyrinthe où à tout moment on se perd et on se retrouve ; de là ces innombrables combinaisons de plusieurs danseurs qui se cherchent, se fuient, s'embarrassent, se dégagent, se parlent par gestes, varient à tous les moments la scène, mais qui dans tous leurs mouvements les plus compliqués, toujours soumis au coup d'archet, semblent n'agir que par la même impulsion.

166. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Le Comédien est au Théatre François pour former les prestiges de l’illusion, ce que les machines sont à l’Opéra, pour soutenir le merveilleux que la scène étale. […] Celles de nos Grands Poëtes, bien lûes, seroient admirées sur la scène. […] Encore, dis-je, peut-être : les cabales, que la malignité souleve contre les piéces exposées sur la scène, ne sont qu’un trop puissant obstacle à la réputation littéraire.

167. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Annette-&-Lubin avait bien fait soupçonner le pathétique ; mais cette Pièce n’était pas encore décente : elle offrait des images adroitement voîlées, qui ne fesaient qu’iriter l’imagination : On montrait Annette, simple, innocente, vivant avec un garçon, sous le même toît, n’ayant (on ne le disait pas, mais on le laissait sentir) qu’un même lit : De voluptueuses images à chaque scène, émouvaient autant les sens que le cœur. […] …… On peut donc mettre sur la Scène, les conditions les plus communes : on peut, non pas leur donner le bel-esprit, mais du bon-sens. […] Qui nous empêcherait d’employer ces Acteurs dans des Comédies-Parades, où l’on voudrait charger la simplicité sote, ou peindre quelques scènes grivoises ?

168. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

C’est une femme qui trompe son mari, et se livre à un amour adultère… Cependant, un père et ses enfants, une mère et sa fille, de graves sénateurs, se plaisent à ce spectacle immoral, repaissent leurs yeux de cette scène impudique. […] Eh, qui ignore en effet que la scène languit, si elle n’émeut quelque passion ; qu’elle perdrait même tout son attrait, sans ce pernicieux artifice ? […] les Spectacles, tels que nous les voyons aujourd’hui, plus criminels encore par la débauche publique des créatures infortunées qui montent sur le Théâtre, que par les scènes impures ou passionnées qu’elles débitent, les Spectacles seraient des œuvres de Jésus-Christ ? […] Mais tel est le goût qu’il faut flatter sur la scène ; telles sont les mœurs d’un siècle instruit. […] On frissonne, à la seule idée des horreurs dont on pare la scène française.

169. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

Antiochus & Séleucus, dans une des plus belles scènes de Rodogune, se cédent mutuellement, & avec une générosité noble, le droit d’aînesse & le thrône. […] En attendant nous l’assurons au nom du public éclairé, qu’on lui sçaura meilleur gré de s’occuper à des compositions qui enrichiront la scène.

170. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour les auteurs dramatiques, qui, pour flatter la corruption de votre cœur, composent licencieusement et chargent la scène d’intrigues amoureuses et d’impiétés révoltantes. […] La terreur, l’épouvante, le désespoir, composeront cette scène d’horreur dont le dénouement sera votre réunion dans l’enfer avec les poètes, les comédiens et les spectateurs aux fautes desquels vous aurez participé et qui auront participé aux vôtres.

171. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

L’Amphitrion de Plaute leur en fournit l’idée : ils crurent cependant qu’une femme telle qu’Alcmène, innocente et adultère tout à la fois, ne serait pas un objet assez piquant sur la scène ; on démasqua le vice en ôtant le verni dont le Poète Latin l’avait couvert. […] Après quelques temps le Théâtre se corrigea : on substitua, à ces amours déréglés, des amours qui ne tendaient qu’au mariage : mais, tout bien considéré, ces amours (que l’on appelle honnêtes) ne sont pas moins de mauvais exemples que les autres ; ils sont toujours traités sur la scène, sans bienséance, et en dépit des engagements des parents, ou de la volonté des Tuteurs.

172. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Si le spectacle couvrait d’un vernis de procédés la laideur du Vice, ce serait un très grand mal, et vous avez grand tort de mettre cet Article au rang des avantages qu’on peut tirer de la scène. […] On ne voyait, sur la scène latine, que des Parasites, des Mercures, des Appareilleuses et des Courtisanes. […] Ces valets filous si subtils de la langue et de la main sur la Scène, dans les besoins d’un métier plus dispendieux que lucratif, n’auront-ils jamais de distractions utiles ? […] Barbin, 1660, scène 9, p. 55-56. […] Jorry, 1748 [1745, repr. 1747], Acte II, scène 1, p. 34.

173. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Il est encore certain que la scène était alors très épurée : les Empereurs Chrétiens en avaient banni l’idolâtrie et la licence, le Gouverneur de Milan (la Ligurie) ni son père ne l’auraient pas souffert dans leur gouvernement, et le crédit que ce Saint eut sur l’esprit de cinq Empereurs, dont trois l’appelaient leur père et ne se conduisaient que par ses avis, ne permet pas de douter que le théâtre de son temps ne pût aussi bien que le nôtre, se servir, pour l’autoriser, du spécieux prétexte de la prétendue réforme. […] Jésus-Christ est notre objet et notre terme, le seul digne de nous ; méprisons tout le reste, pour ne nous occuper que de lui : « Ad Christum oculos dirige, averte à spectaculis et omni sæculari pompa. » Cherchez des plaisirs plus purs et de plus beaux spectacles : le ciel et la terre vous en offriront ; l’éclat de ces astres, qui perce les sombres ténèbres de la nuit ; cette vaste mer et ses abîmes, cette terre et l’émail de ses campagnes, les innombrables troupeaux qui la couvrent ; la variété du plumage, la douceur du ramage de ses oiseaux ; tout l’univers, théâtre de la puissance divine, ne vaut-il pas les fragiles et dangereuses décorations d’une scène criminelle, qui loin de vous satisfaire, ne peut que troubler le repos de votre vie par les justes remords qu’elle fait naître ? […] Ambroise semble avoir voulu analyser et décomposer le théâtre pour le foudroyer en détail, et le renverser, en détachant toutes les pierres de ses fondements, Arrêtons-nous à la danse, l’un des plus ordinaires, des plus recherchés, des plus dangereux ornements de la scène.

174. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Au lieu de phiole à chaque touche répond une cassolette qui exhale ou retient son parfum à volonté, selon qu’on baisse ou lève la soupape, & comme les odeurs montent, & que les liqueurs descendent ; au lieu du canal conducteur on met sous le clavecin une pyramide creuse ou un entonnoir renversé ; on place le nés au sommet où les odeurs vont aboutir comme dans l’orgue savoureuse, on place la bouche au bout du tuyau conducteur où les liqueurs vont se rendre ; cela ne se fait pas sans rire : un homme au bout d’un tuyau qui avale une ariette, ou à la pointe d’une pyramide qui hume une chacone, une gigue fait avec celui qui touche l’orgue, une scène très-comique, mais un grand inconvénient, c’est qu’on ne peut régaler qu’une ou deux bouches, un ou deux nez à la fois, & qu’à mesure que la liqueur s’écoule, il faut en verser des nouvelles, au lieu que l’air & la lumière fournissent sans se consumer à une foule d’auditeurs ou de spectateurs. […] Aujourd’hui ces jeux sont inconnus, tout est tourné du côté de la volupté ; le théatre a dénaturé les divertissemens, il les a transformé en galanterie : ce sont des danses voluptueuses, de la musique luxurieuse, des décorations licencieuses, des Actrices venales, des Acteurs libertins, des intrigues, des nudités, des parfums, le luxe, le faste, les amusemens publics tous concentrés dans la scène ne sont plus que l’aliment des passions, du champ de Mars, Thalie en a fait un Temple de Venus. […] Rome avoit éprouvé une pareille révolution ; les exercices du corps étoient négligés depuis que la scène étoit dominante, on ne voyoit que les combats des gladiateurs & des courses de chevaux ; c’étoient des spectacles qui ne coûtoient rien à la molesse, puisqu’on les faisoient donner par des esclaves qui se battoient ou qui conduisoient les chars. […] C’étoit une vraie Actrice qui remplit l’Europe & l’Asie de scènes tragiques, ou comiques. […] Ce Prince de la scène, ces merveilleux du logis ; victimes infortunées des maux innombrables aussi honteux que douloureux, fruits amers de leur corruption traînent des corps blasés des membres infects ; une salle de spectacle seroit pire qu’une salle d’hôpital, si la décoration des odeurs plus nécessaire que celles des peintures ne trompoit l’odorat, comme la perspective trompe les yeux, & ce n’est pas moins dans le physique que dans le moral que se vérifia la parole de Saint Paul.

175. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Cette foule de paradoxes, ou plutôt ce delire caracterise la Scène : elle seule peut les enfanter. […] Le reste des ouvrages de Gesner sont de longues idilles, qu’il appelle drames, parce qu’elles sont coupées en actes, en scènes, & des petits drames, qu’il appelle encore idilles, qui tous ne sont aussi que des conversations entre des bergers & des bergeres : il auroit dû les nommer Eglogues. […] Je me transporte dans les temps fortunés de l’âge d’or, où la scène de la Nature non corrompue charmoit les cœurs des gens de la campagne, inaccessibles à la corruption (ce sont des saints). […] Mais comment cet Instituteur si délicat, qui trouve les fables du lion, du renard, du loup pernicieuse à la jeunesse, ne trouve-t-il pas scandaleux les exemples des personnages de la Scène, le Duel de Rodrigue, le meurtre de la sœur d’Horace, l’assassinat de Pompée, l’inceste de Phedre, les amours de Mitridate, les mœurs de Neron, l’adultere de Danaée, en un mot tout le Théatre, qui n’est qu’un tissu de crimes, semé de quelques sentences & de quelques traits de vertu. […] Les Affiches de septembre 1776 donnent sur l’Abbé de Voisenon une idée très-juste de la Scène françoise.

176. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

A plus forte raison s’interdit-on la représentation, plus dangereuse que la lecture, de toutes ces pieces : licence de représentation qui doit être sans bornes, puisque la plûpart des scènes Italiennes, comme on peut voir dans Ghérardi, ne sont ni apprises par cœur, ni composées, mais de simples esquisses, une sorte de canevas, sur lesquels chaque Acteur & chaque Actrice fait toutes les postures, & dit tous les mots qui lui viennent dans la tête, eh, quelle tête ! […] On donne au-delà du Rhin des embellissemens à la scène, qu’on ne connoît pas à Paris ; c’est un théatre, ou plûtôt une place immense, où l’on fait rouler les carrosses des Dieux & des Héros, & les charrettes du peuple, où l’on tient des foires, où un régiment de Cavalerie fait des évolutions sur de vrais chevaux, non sur des haquenées de carton, &c. […] Nous laisserions cette réponse dans quelque scène de Pourceaugnac, si elle n’avoit d’autre partisan que ce grave docteur ; mais bien des gens de tout un autre poids la répettent, sans savoir peut-être qu’ils sont l’écho de Moliere, & sans penser, non plus que lui, que quatre pages après, dans les mêmes pieces qu’il a cru justifier, il détruit lui-même son apologie par ses farces licencieuses. […] J’avoue que sous Caligula, Néron, Commode, Héliogabale, la corruption de la Cour, de la ville, de la scène, étoit au comble de l’horreur. […] Ces vieillards trompés, ces jeunes gens amoureux, ces filles séduites, ces valets si lestes pour servir les amours de leurs maîtres, cet amas de toute sorte de désordres, étalés sur la scène pour l’éducation publique, avec tout l’agrément dont on peut s’aviser, faut-il pour le trouver, remonter au temps de ce Poëte astronome ?

177. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

A quelque pièce pieuse près, en très petit nombre, dont les rôles exigent un jargon dévot, je défie de rien trouver au spectacle qui ne convienne aussi bien à des Païens qu’à des Chrétiens, qui n’eût pu paraître sur la scène de Rome ou d’Athènes, comme sur celle de Paris. […] que sont ces scènes irréligieuses qu’on dit nécessaires au rôle, que des extraits de ce qu’il y a de plus séduisant dans les mauvais livres ? […] Tout cela arrive en effet sur le théâtre, où l’Auteur et l’Acteur, très ignorants en théologie, et la plupart sans religion, épuisent leur adresse à fondre Baile dans les scènes, faire valoir ses difficultés, et affaiblir les réponses, qu’ils donnent pour les seules ; et en dégageant l’impiété du sérieux ennuyeux des livres, ils la mettent à portée de tout le monde, et pour la faire boire à longs traits, la parent des grâces de la poésie et de l’action. […] « Ne nominetur in vobis. » Jésus-Christ assure qu’on rendra compte au jugement d’une parole inutile ; pense-t-il qu’il fera grâce aux vers, aux scènes, aux gestes, aux danses, chants, etc., très inutiles pour le moins, et certainement pis qu’inutiles ? […] « Depuis peu Baro a mis sur la scène le martyre de S.

178. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Ils disaient qu’ils n’étaient ni Comédiens, mais simples farceurs ; ni Français, mais un ramassis de toutes les nations ; ni établis dans Paris, mais une Troupe errante, qui campait sous des tentes pendant la foire ; qu’ils ne jouaient point de pièces régulières, mais des fragments et des scènes détachées ; que la foire avait joui de temps immémorial de la liberté des spectacles, comme d’une branche de commerce ; et que les Comédiens n’ayant point de lettres patentes, mais un simple brevet non enregistré, ils n’étaient pas personnes capables d’ester à droit et de faire des poursuites légales (comme M. l’Avocat général en convenait). […] Les Acteurs de la Foire ne pouvant pas représenter même des scènes détachées, se réduisirent aux monologues et aux scènes muettes. […] Les Français un an après forment de nouvelles plaintes, et demandent au Parlement qu’il soit défendu à la Foire de faire même des monologues, puisqu’on en abuse et que les monologues sont de vraies scènes dramatiques, dont on voit des exemples jusques dans les plus grandes pièces, comme le Cid, Polyeucte, etc. […] Pour éluder cette idée de chansons, et ne pas payer de droits à l’Opéra, ils se sont avisés de faire descendre, l’un après l’autre, des rouleaux de papier, où étaient écrites les chansons qui composaient la scène, avec la note.

179. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VI. Elle le donne pour une foiblesse : mais on veut qu’il y régne. » p. 12

Mais l’amour ne paroît sur la scène, que comme une belle, comme une noble foiblesse ; comme la foiblesse des Héros, des Héroïnes ; enfin comme une foiblesse si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire ; qu’on lui applaudit sur tous les Théâtres ; & qu’elle doit faire une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut souffrir de Spectacles où non-seulement elle ne soit, mais encore où elle ne régne & où elle n’anime toute l’action.

180. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

La jeunesse studieuse, surtout, s’y presse pour admirer sur la scène les œuvres classiques des maîtres après les avoir étudiées dans le cabinet ; elle les fréquente pour y former son goût, purifier son langage, modifier ses usages et ses habitudes ; elle y cherche, elle y trouve le complément de son éducation. […] Louis XIV, le beau, l’orgueilleux Louis XIV se montrait sur la scène aux regards de sa cour ; hé bien ! […] mes frères, la scène comique est le point central élevé du panorama dans lequel le prince de la comédie fait passer successivement sous nos yeux, les vices, les travers et les ridicules de l’humanité. […] « Comme au premier de nos poètes, au maître de notre langue poétique, au créateur de nos trois scènes, au père du théâtre ab !  […] … (Il y a déjà loin de ces temps à notre époque) notre Molière, poète et comédien, descendant presque mourant de la scène, aurait appelé en vain un prêtre auprès de son fauteuil de mort.

181. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Excellent passage de Saint Augustin, que l’Auteur de la Dissertation a tronqué, et falsifié ; dans lequel ce grand Docteur nous apprend que les Comédies, et les Tragédies étaient comprises dans les Jeux Scéniques, ou de la Scène ; et que par conséquent les Romains en condamnant tous les Jeux Scéniques ou de la Scène, et en notant d’infamie leurs Acteurs, ont aussi condamné les Comédies, et les Tragédies, puisqu’elles faisaient partie des Jeux de la Scène. […] Ils ne firent autre chose depuis que de fréquenter les Théâtres avec les Acteurs, et les Poètes, se trouvant plutôt aux Spectacles de la Scène, qu’aux armées, et faisant plus d’état des faiseurs de vers, et de harangues, que des plus grands Capitaines. […] , la magnificence de la Scène, et la beauté des Jeux que Muréna a donnés au peuple, dont il a tiré un grand avantage. […] , qui ignore ces choses, s’imaginera qu’il n’y a que ces fables des Dieux que les Poètes chantent dans leurs vers, et qui sont représentées dans les Jeux de la Scène, qui soient ridicules, détestables, et indignes de la Majesté divine ; mais que ces mystères sacrés que célèbrent les Prêtres, et non pas les Acteurs de la Scène, sont purs et éloignés de toute sorte d’impureté, et d’infamie. […] , des Jeux de la scène s’introduisit par la délicatesse, et par la beauté de l’esprit qu’on y trouvait, pendant que la ville de Rome était affligée de la peste.

182. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

Des scènes, des actes à coudre, de beaux vers, qu’est-ce que cela ! […] « On prend une Histoire qui plaît, dit l’Abbé d’Aubignac, & sans savoir ce qu’elle a de convenable, ou de mal-propre à la scène, sans regarder quels ornemens, ou quels inconviens il faut éviter. » On se met au travail : tout ce qu’on écrit est délicieux.

183. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Laissez à ces têtes étroites la triste ressource de quelques scènes où le jeu de l’Acteur masque leurs fautes ou leur incapacité. […] Remplissez vos scènes, non d’idées difficiles à combiner, à sentir, non d’expressions qui ne parlent qu’aux oreilles, mais de faits qui ébranlent l’ame, qui subjuguent le cœur ; mais de ces sentimens qui frappent les spectateurs, & s’emparent d’eux avec une douce violence.

184. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

L’une de ces Sociétés commença à mêler dans ces pièces différents événements, ou Episodes, qu’ils distribuèrent en Actes, Scènes, et en autant de différents personnages, qu’il était nécessaire pour la représentation. […] L’on commença à s’ennuyer de ces représentations sérieuses, les Joueurs y mêlerent quelques farces tirées de sujets profanes et burlesques : cela fit beaucoup de plaisir au Peuple qui aime ces sortes de divertissements, où il entre plus d’imagination que d’esprit ; ils les nommèrent par un quolibet vulgaire, les jeux des pois pilés : ce fut selon toutes les apparences, quelque scène ridicule qui eut rapport à ce nom, qui leur en fournit la matière.

185. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VII. Quelle doit être la Comédie après la réformation du Théâtre. » pp. 69-85

Si, par le secours de la Prosopopée, la Comédie paraissait sur la Scène, et qu’elle nous parlait elle-même de sa naissance, de ses progrès et de sa décadence ; que de plaintes ne ferait-elle pas contre les Poètes dramatiques modernes ? […] L’action de la Pièce était un Vieillard amoureux : le Courtisan s’y trouva peint d’une manière à ne pouvoir se méconnaître ; et, surtout lorsqu’il entendit, sur la Scène, la lecture des Lettres qu’il avait lui-même écrites à sa Maîtresse, il en fut si honteux, qu’il renonça dans le moment, et pour toujours, à sa passion.

186. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Ses comédies sont un tissu de sarcasmes : c’étoit un digne enfant de la scène qui n’épargne personne. […] C’est-là le grand danger de la scène françoise, comme nous l’avons remarqué ailleurs. […] Les titres, le faste, le cortége des grands, font souvent tout leur mérite ; les louanges, les cafés, les acclamations du parterre sont celui de la scène. 4°. […] La scène mit le comble à l’infortune. […] Le Tasse fut le premier qui en fit des scènes, les lia en actes, pour en composer une piece.

187. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Les Almanaths du Théatre en rapportent près de mille qu’on joue, sans compter des milliers qu’on ne joue pas ; & c’est ce qui abâtardit & dégrade la scène. […] Ce qui rend si pernicieux la lecture du Satiricon de Petrone & des Dialogues de l’Arétin, & qui, à plus forte raison, rendroit insoutenable la représentation animée sur la scène. […] Sans monter sur la Scène, ce sont des vraies actrices : il est juste que la gloire en revienne aux maîtresses dont elles prennent les leçons. […] La Religion ne connut jamais l’alliance de la Scène avec la piété, le bon goût approuve aussi peu ses productions théatrales : tant il est facile de s’aveugler sur ses talens & sur ses devoirs. […] Trop jaloux peut-être d’ajouter au mérite de leurs ouvrages l’illusion brillante de la Scène, les Auteurs dramatiques ont acheté les complaisances des Comédiens par un abandon de leurs droits, qui n’a d’exemple qu’en France.

188. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIV. » pp. 66-67

Dans le corps de votre Ballet, mes Pères, vous promettez qu’«  Apollon le Dieu des savants paraîtra sur la scène pour représenter la profonde science de votre Héros  ».

189. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Les Carmélites font paraître sur la scène Sainte Thérèse et S.  […] Ce Saint était accoutumé à de pareilles scènes : toutes les nuits il les renouvelait et se mettait tout en sang. » J’avoue que quelque mauvaise humeur qu’on puisse avoir contre la comédie, je ne voudrais pas interdire cette espèce de pièce, et je ne crains pas que les Comédiens abusent de cette permission. […] Ce différend, digne des uns et des autres, dont la plaidoirie dût donner la comédie au barreau, ne nous regarde pas ; mais ce qui a rapport à notre sujet, et qui me paraît fort singulier, c’est d’y voir le Cardinal d’Estrées sur la scène. […] On ne voit pas que les Missionnaires se soient servis de ce moyen à la Chine et au Japon, où le théâtre, établi dans tout l’Empire depuis plusieurs siècles, leur fournissait la plus grande facilité d’enseigner le catéchisme sur la scène.

190. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Mais une pièce dramatique régulière, partagée en scènes et en actes, formant un dessein, un nœud, un dénouement, accompagnée de chant, de danses, de machines, où l’on ne parle qu’en chantant, où l’on ne marche qu’en dansant, un spectacle où tout est réuni pour flatter le cœur, l’esprit, les yeux, les oreilles, que l’histoire de l’Opéra appelle « le spectacle universel, le triomphe de l’esprit humain, le grand œuvre par excellence », et qui en effet bien mieux que celui des Chimistes, fait couler des fleuves d’or dans la main des Acteurs, et une pluie d’or dans le sein des Danaé qui habitent ce pays des Fées ; on ne le connaissait qu’en Italie, il avait été ébauché en faveur de la maison de Médicis, à qui on doit en Europe la naissance des arts et du luxe. […] Que la scène du monde est singulièrement contrastée ! […] En 1645 il plut au Cardinal Mazarin de joindre à tant de scènes qu’il donnait à la France, l’établissement de la tragédie en musique et en machines. […] Souffrirait-on aujourd’hui ce qu’il applaudissait, des scènes où les Evêques se battent à coups de poing sur le théâtre ?

191. (1694) Lettre à l’abbé Menard « Lettre LIII. De remercîment à M. l’Abbé Menard. Il y est parlé de quelques Ouvrages dont ont porte le jugement. » pp. 62-63

Les fonctions des Pâques et du Jubilé, Monsieur, qui m’ont occupé jusques ici, m’ont empêché de vous remercier plutôt du soin que vous avez pris de m’écrire et de m’envoyer quelques ouvrages qui paraissent depuis peu sur la scène.

192. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

On examinera toutes les anciennes Pièces, pour choisir celles qui paraîtront le plus susceptibles de correction ; et dans lesquelles, surtout, on pourra retrancher les Scènes d’amour, qui ne seraient pas compatibles avec la pureté des mœurs que l’on se propose d’introduire sur le Théâtre. […] Je me contenterai donc d’ajouter que la Comédie la plus libre est mille fois moins dangereuse que la danse des femmes sur la Scène.

193. (1697) Satire à Mgr Bossuet « SATIRE A MONSEIGNEUR JAQUES BENIGNE BOSSUET. EVEQUE DE MEAUX. » pp. 46-48

 Je conviens avec toi que des hommes pécheurs Devraient avoir toujours les yeux baignés de pleurs Je sais que l’Evangile en ses leçons divines N’offre pour le salut qu’un chemin plein d’épines Et que loin d’approuver les jeux et les plaisirs Il nous en interdit jusqu’aux moindres désirs,  Ainsi la Comédie, étalant sur la Scène Les appas séducteurs d’une pompe mondaine, Sans doute est peu conforme à ces vœux solennels Qu’en naissant un Chrétien fait au pieds des Autels.

194. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Ce passage renferme une définition juste de la Scène, suivie d’une assertion fausse. […] La raison n’est bonne à rien sur le Théâtre : oui, si l’on entend par raison, le calme des passions ; car ce calme ne peut être mis sur la Scène ; il y faut des Actions, qui, se succédant avec rapidité, n’offrent à l’esprit qu’un seul tableau à par raison, l’on entend la sagesse de conduite, la Scène Française a plus d’un exemple de Drames où la raison seule intéresse ; & l’on a déja cité à monsieur Rousseau, le Zopire de Mahomet, & l’Ariste du Méchant. […] Monsieur Rousseau dit plus bas, que la Scène française est la plus parfaite qui ait encore existé. […] Que le vice soit peint de manière à être improuvé, cela suffit le plus souvent sur la Scène, où les Spectateurs doivent juger, & se décider par les lumières de leur raison, autant que par le sentiment. […] J’en approuve tout néanmoins ; la Scène majestueuse que vous destinez aux Tragédies, vos idées sur la tempérance de jeu pour l’Acteur, & jusqu’aux Vers blancs.

195. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Cette vie de théatre fit évanouir toutes les espérances qu’on avoit conçu de la sagesse de son gouvernement ; ce ne fut plus qu’une Actrice, qui forcée de quitter la scène glacée du nord, alla dans toute l’Europe promener son chagrin, & les défauts qui l’ont causé. […] Voilà les héroïnes que forme la scène. […] Ce Chancelier peu avant la mort apprenant les scènes qu’elle jouoit dans le monde, dit en soupirant : Je le lui avois prédit, mais taisons-nous, c’est la fille du grand Gustave. […] Cette tentative ne fit que donner à l’Europe une scène qui acheva de la rendre ridicule. […] C’est une scène tragique où le théatre est ensanglanté dans le goût de Shakespear.

196. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

J’ai vu moi un grand nombre de scènes presque aussi cruelles dont le détail serait de trop ici. […] Ces distinctions excitaient la jalousie de mes Camarades envers mon ami et moi, de force que nous étions exposés tous les jours aux scènes les plus désagréables. […] Or la scène s’est purgée des reproches qui l’avaient fait condamner, il est donc permis d’y monter et je ne sais si je ne puis pas à mon tour reprocher un scrupule indiscret, un orgueil très peu chrétien ou même de l’inhumanité à ceux qui par leurs décisions particulières, donnent aux décrets de l’Eglise une extension qu’ils n’ont pas. […] S’il manque quelque chose à la perfection poétique de la Scène Française, je ne prétends pas en faire conclure qu’il manque quelque chose à sa perfection morale ; quelque nouvelle forme que l’on donne au spectacle on ne pourra le faire avec des intentions plus pures que celles qui dirigent aujourd’hui la plume de nos Auteurs. […] J’abjurerai la scène si l’on peut me montrer une Profession moins périlleuse que la mienne, mais je connais le danger de toutes celles auxquelles je pourrais m’attacher, je dis hardiment à tous ceux qui les exercent que celui d’entre vous qui est sans peché me jette la premiere pierre.

197. (1824) Du danger des spectacles « INTRODUCTION. » pp. 1-3

Nous osons donc espérer qu’on voudra bien parcourir avec attention ces pages où nous avons présenté l’opinion de plusieurs écrivains illustres et moraux, touchant les plaisirs de la scène.

198. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Ce procès odieux, imaginé sur la scène ; a été commencé très-militairement. […] Les Salenciens humiliés d’une scène qui se passoit à la vue des villages voisins, accourus comme de coutume, protesterent contre l’élection de la Rosiere, & reclamerent leur privilége au Baillage de Chauni. […] Le lieu de la scène est lui seul une parodie, tant il contraste avec l’innocence & la vertu. […] Ce bal champêtre, ces filles, ces rubans en baudrier, ces garçons qui les tiennent par la main, cette Rosiere poudrée, frisée à cheveux flottans en grosses boucles, toute cette décoration théatrale imaginée par Favart, pour contenter ses actrices, fut en effet exécutée sur la scène italienne, lorsqu’on y joua la Rosiere. […] Sept ou huit scènes de ce caractere sont des vraies parodies de la fête de S.

199. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Dans la piece d’Adam & d’Eve, au lieu de mettre après les noms des Acteurs, la scène est dans le Paradis terrestre, on auroit dû mettre, la scène est sur le Théatre. […] Aime-t-on la science légère qui éfleure tout, les Héros de tous les temps, sur-tout des temps fabuleux, remplissent la scène & les coulisses. […] Porée, grand homme de bien, peu fait pour être consulté par Voltaire sur la nécessité des scènes amoureuses. […] En France, où on ne se contente pas de prendre & de dire les choses comme elles sont, mais où l’on canonise ses goûts pour s’en faire un mérite, on a imaginé un systême d’amour, qui, dit on, n’est point un libertinage, qu’on érige presque en vertu, & dont on veut que la scène ne puisse se passer.

200. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Je rougirais de rapporter les mots indécents, les bouffonneries dont la scène retentit, et les péchés qu’on y joue, « scenæ sales inverecundos pudet referre, et accusare quæ fiunt », les chansons des Acteurs, les intrigues des adultères, les jeux dissolus, « agentium strophas, adulterorum fallacias, scurriles jocos ». […] On ne parle sur la scène que de galanterie. […] La retenue, la sévérité, la simplicité de l’Evangile peut-elle plaire à des cœurs que la scène a corrompus ? […] Y a-t-il des forfaits qu’on ne représente sur la scène ? […]   » De là ces bateleurs, sauteurs, danseurs, tabarins, pantomimes, bouffons, et toute cette vermine malfaisante : « Hinc Mimi, salii, balatrones, palestræ, gignadi, etc. » Ils se sont si bien accrédités que les honnêtes gens les souffrent chez eux : « Quorum adeo error invaluit, ut a præclaris domibus non arceantur. » L’autorité des Pères de l’Eglise ne nous permet pas de douter qu’ils ne soient excommuniés, « communionis gratiam Histrionibus, auctoritate patrum non ambigis esse præclusam », et que ce ne soit un crime de les favoriser ou de leur donner, car c’est se rendre leur complice, puisque c’est les entretenir dans le vice : « Illis fovens in quo nequissimi sunt. » Dans les autres chapitres il parle de la danse, de la musique, des instruments, des masques ; il en fait voir le danger en détail : combien en est-il augmenté par leur union sur la scène ?

201. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

Ceux-ci, établis d’abord à l’hôtel de Flandre, puis à l’hôtel de Bourgogne, obtinrent en 1548 un arrêt du parlement qui les confirmait dans tous leurs privilèges, sous la condition de ne jouer que des sujets profanes, licites et honnêtes. « C’est ici , dit l’auteur, le troisième âge de l’existence des comédiens en France et l’origine certaine des comédiens de nos jours : car il est bien avéré que les confrères étaient de vrais comédiens, montant sur le théâtre et débitant des scènes. […] Il avait pour nom de scène Floridor et était effectivement gentilhomme.

202. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

Admirons l’Art avec lequel on met sous nos yeux des objets si connus, & qui ont pourtant les charmes de la nouveauté, quoiqu’ils soient sur la Scène, à très peu de différence près, les mêmes que dans le monde.

203. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « IX. » pp. 44-46

Apollon le Dieu des savants paraîtra sur la Scène pour représenter sa profonde science.

204. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VIII. Les spectacles favorisent les duels. » pp. 93-95

N’est-ce pas un concert bien entendu entre l’esprit de la scène et celui des lois, qu’on aille applaudir au théâtre ce même Cid qu’on irait voir pendre à la Grève, si la force des lois ne se trouvait pas inférieure à celle des vices qu’elles réprimentao ? 

205. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre X. Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. » pp. 102-104

On ne voit plus rien de honteux dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’on les voit toujours déguisées sur la scène, embellies par l’art, justifiées pas l’esprit du poète, et mises à dessein avec les vertus et les mérites dans les personnes qui y sont représentées comme des héros.

206. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

Voilà ce qu’enseigne la scène, se faire un jeu de la vérité & du mensonge. […] C’est une chose amusante de voir & d’entendre ces hommes pétris de scène, élèves de Thalie, dans leurs conversations & leur commerce, pourvû qu’on n’y soit pas intéressé, leur dextérité, leur facilité, leur fécondité à inventer, exagérer, contrefaire, flatter, ridiculiser, jouer, dépayser, masquer, colorer, en un mot, à mentir en tout genre. […] Que de graves apologistes, Marmontel, Boursault, Fagan, Laval, &c. ces vénérables Pères de l’Église, viennent nous dire d’après Arlequin, la comédie corrige les mœurs, castigat ridendo mores, le vice y est toûjours puni, c’est une école excellente de vertu, &c. nous les prierons d’enchasser ces belles tirades dans la comédie du Menteur, dont elles pourront alonger les scènes, & de compter pour quelque chose Aristote, Horace, Plaute, Térence, dont le grand Corneille emploie l’autorité, & ce père du théatre lui-même, qui les valent bien, ne fût-ce que pour la droiture & la sincérité.

207. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Les révolutions que la Comédie a éprouvées dans ses premiers âges, & les différences qu’on y observe encore aujourd’hui, prennent leur source dans le génie des Peuples & dans la forme des Gouvernemens : l’administration des affaires publiques, & par conséquent la conduite des Chefs, étant l’objet principal de l’envie, & de la censure dans un Etat démocratique, le Peuple d’Athènes, toujours inquiet & mécontent, devait se plaire à voir exposer sur la Scène, non-seulement les vices des Particuliers, mais l’intérieur du Gouvernement ; les prévarications des Magistrats, les fautes des Généraux, & sa propre facilité à se laisser corrompre & séduire. […] Si dans ces modèles, on trouve quelques traits qui ne peuvent amuser que le Peuple… en revanche, combien de scènes dignes des connaisseurs les plus délicats ! […] Ces sortes de Scènes sont comme des miroirs, où la nature, ailleurs peinte avec le coloris de l’art, se répère dans toute sa simplicité.

208. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Une Chapelle sert de Scène au premier Acte de l’Astrologue Joué : et afin qu’on sache d’abord à quelle intention se prépare ce lieu sacré, la Scène s’ouvre par des coquetteries, et par de bons mots sur la piété. […] La Scène de L’Orphelin C. […] Angélique ferme la Scène par un discours peu différent de celui de Valentin. […] C’est en cette même Scène que paraît La Famine : spectacle que Mr Dryden appelle une grande beauté ; mais dont tout le monde n’est pas aussi enchanté que lui. […] « Et quæ Desperes tractata nitescere posse, relinquas. » Au reste, ce qu’il y a de vif et d’animé dans cette Scène, ce sont des impiétés d’Enthousiastes : car j’avoue que l’imagination de notre Poète, en quelque humeur qu’il soit, n’est jamais stérile ni languissante pour de tels sujets.

209. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  RACINE. A Mlle. Le Couvreur. » pp. 77-80

Je lui parlois encor des troubles de mon ame : Je disois qu’Apollon & l’amour de concert  Prenoient soin de venger ma flamme :  Que ces Dieux pour punir son cœur Avoient chez les mortels envoyé Melpomène,  Et que pour habiter la Scène La Déesse avoit pris le nom de Le Couvreur.

210. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

Dans les grands théâtres même, où les intermèdes sont des Pantomimes et des danses qui ne tiennent point à la Pièce, on voit la même chose : on n’y suit point le précepte d’Horace, qui défend d’ensanglanter la Scène.

211. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

La Scène du Tailleur et du Jardinier est de la même solidité et de la même beauté d’esprit. […] Dernière Scène. […] Nous ne pouvons nous permettre de voir aucune Scène immodeste. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait quelques Scènes agréables, et qui ne respirent même que l’innocence et la vertu. […] Dernière Scène.

212. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

La scène représente les hommes agissant volontairement ou par force, estimant leurs actions bonnes ou mauvaises, selon le bien ou le mal qu’ils pensent leur en revenir, & diversement affectés, à cause d’elles, de douleur ou de volupté. […] La scène représente donc tous les hommes, & même ceux qu’on nous donne pour modèles, comme affectés autrement qu’ils ne doivent l’être pour se maintenir dans l’état de modération qui leur convient. […] Or c’est de cette partie sensible & foible que se tirent les imitations touchantes & variées qu’on voit sur la scène. […] Et cependant lorsqu’une affliction domestique & réelle nous atteint nous-mêmes, nous nous glorifions de la supporter modérément, de ne nous en point laisser accabler jusqu’aux larmes ; nous regardons alors le courage que nous nous efforçons d’avoir comme une vertu d’homme, & nous nous croirions aussi lâches que des femmes, de pleurer & gémir comme ces Héros qui nous ont touchés sur la scène.

213. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

fit bientôt paraître sur la scène trois autres Poètes qui fournirent des Pièces au théâtre : Jean de Baïf fit la Comédie de Taillebras ; la Péruse, une Tragédie sous le nom de Médée ; et Robert Garnier donna peu de temps après au Public, Porcie, Cornelie, Marc-Antoine, Hypolite, la Troade, Antigone, les Juives et Bradamente, huit Tragédies qui remportèrent le prix sur tout ce qui avait paru jusqu’alors en ce genre d’écrire. […] Ils s’émancipèrent aussi de mêler dans les farces qui suivaient les grandes Pièces quelques scènes indécentes, ou contre les bonnes mœurs. […] Les choses étaient dans cet état, et le théâtre presque abandonné, lorsque Corneille fit paraître sur la Scène sa Melite. […] Les Italiens au contraire par leur imprudence et les obscénités qu’ils avaient commencé de mêler dans leurs Scènes, ont été chassés et leur théâtre détruit ; en sorte qu’il ne reste plus présentement à Paris que l’Opéra et la seule Troupe des Comédiens Français.

214. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Dans le Dialogue sur les lois, obligé par l’empire de l’usage de tolérer malgré lui le spectacle, il veut du moins qu’on tâche d’en prévenir les abus, il ne permet à aucun citoyen ni à aucune personne libre, de monter sur la scène, il renvoie aux esclaves et aux étrangers ce méprisable métier. […] La politesse Française, en épurant les manières et le langage, a rendu aussi la scène plus polie et plus délicate ; on n’y voit plus la férocité Anglaise, la grossièreté Gauloise, les bouffonneries des Trivelins, les platitudes des halles ; tout cela est banni de la société des honnêtes gens, quoique l’opéra comique, les théâtres de la foire, les spectacles des boulevards, les farces, les théâtres de province, soient encore fort éloignés d’accéder à la réforme. […] Ils approuvent le tumulte qui se fait toujours sur la scène, sans se donner la peine de l’émendation des particuliers, ni de celle du commun. […] Il serait infini de suivre dans toutes les Cours la fortune de la scène, et détailler les partisans ou les adversaires dans les Princes bons ou mauvais qui ont illustré ou déshonoré le trône.

215. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Il sut corriger les Précieuses de leur langage affecté ; il couvrit de honte les agréables de la cour, en exposant sur la Scène la peinture de leurs travers. […] Le Public est privé du plaisir de voir sur la scène deux le Kain, deux Préville ; de retrouver une seconde Duménil ; il ne regretterait pas aussi vivement la célebre Clairon.

216. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Si ce Père, qui avait de la piété, a fait une pareille apologie, ce n'est que par la contagion du Jésuitisme : pouvait-il condamner atrocement la Société, qui partout faisait jouer des pièces, surtout chaque année à Paris, où lui-même en avait composé, et avec un tel éclat, que l'on y invitait toute la ville, que le spectacle durait presque tout le jour, que les enfants des plus grands Seigneurs y étaient Acteurs, que le Mercure et la plupart des Journaux en faisaient une honorable mention, qu'après avoir donné pour la forme quelques scènes Latines, conformément aux constitutions de S. […] Porée a donc dû chercher quelque couleur pour pallier la scène des collèges des Jésuites ; mais fût-elle excusable, ce qui n'est pas, puisqu'on y représentait les mêmes pièces et de la même manière qu'à la Comédie Française, ce serait d'ailleurs un piège pour la jeunesse, de lui faire goûter le théâtre de si bonne heure. […] Pourceaugnacfut joué aux éclats de rire et aux acclamations réitérées de cette studieuse jeunesse, surtout aux scènes où l'on joue les Avocats et les Médecins. […] C'est dommage que Molière n'ait été témoin de ce burlesque événement, il en eût composé une pièce plus amusante que l’Avocat Pourceaugnac, dont il eût trouvé bien des copies, et dont la scène eût été dans les écoles du droit. […] La morale lubrique qu'on y débite à tout propos, dévoile les idées, les sentiments, l'occupation d'un cœur pétri de corruption que la scène fait naître et entretient, au préjudice de tous les devoirs, l'imprudence et le crime des parents qui le souffrent, et se repentiront, mais trop tard, d'avoir ainsi éteint dans leurs enfants la vertu, la sagesse, la soumission.

217. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. […] Outre les voies criminelles, inconnues, que ces écrivains possédés par la passion de faire preuve d’imagination, de donner du neuf, du fort, des scènes à effet révélèrent continuellement aux méchants et aux fourbes, ils les obligèrent à en chercher aussi eux-mêmes ; c’est-à-dire à changer leurs stratagemes, à rafiner leurs moyens, à user de plus d’industrie dans leurs fourberies, laquelle industrie, toujours secondée et excitée de la même manière, se lègue, ou se perpétue en augmentant, reste avec ses découvertes dans la société qu’elle infecte et désole de plus en plus.

218. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

La scène, dit Tertullien, est le sanctuaire de Vénus : Sacrarium Veneris. […] Athalie, cette pièce d’ailleurs si belle, a des scènes entières où l’on ne fait que blasphémer. […] La religion n’y a plus paru que comme un amusement qui vient quelquefois varier la scène, en fournissant des sujets.

219. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3

Quel évangile serait-ce, qu'un recueil de tous les préceptes qu'on débite sur la scène, de toutes les maximes qu'on y enseigne, de tous les sentiments qu'on y étale, de tous les exemples qu'on y donne ?

220. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Cet Auteur remarque cependant que la scène était modeste, et qu’on n’y représentait rien de criminel ou d’indécent : réflexion dont nous ferons usage contre ceux qui se retranchent sur la décence prétendue du théâtre de nos jours : « Olibrius urbis Præfectus ita in spectacula exarsit ut vitam pene omnem per argumenta scenica amoresque, et si non vetitos et incestos, exegerit. » Menochius (ibid. art. […] Les galanteries, les équivoques, les obscénités se mêlèrent insensiblement aux choses saintes, qui seules paraissaient alors sur la scène. […] Le schisme de l’Antipape Clément VII occasionna de nouvelles scènes. […] On fut fort heureux que les troupes des Basochiens et des Sots eussent abandonné la scène pendant les guerres du Calvinisme et de la Ligue ; ils auraient également joué les Catholiques et les Protestants, Charles IX et les Coligny, Henri III et les Guises, Henri IV et le Duc de Mayenne.

221. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Roscius, dit-il, est un si habile Acteur, qu’il n’y a que lui qui mérite de paraître sur la scène, mais en même temps si honnête homme, qu’il est le seul qui mérite de ne pas y monter. […] L’histoire de la Bible, la vie du Sauveur, sa mort, sa résurrection, son ascension, les actes des Apôtres, les actions des Saints étaient mises sous les yeux élégamment pour le temps, quoique grossièrement pour le nôtre, avec une simplicité et une naïveté touchante, qui valait bien nos raffinements, nos pointes, notre luxe, et surtout les galanteries, les friponneries, les fureurs, la morale lubrique, en un mot, le pompeux étalage de tous les vices, qui fait le fond de toutes nos scènes. […] Le Parlement les rebuta, comme personnes que les bonnes mœurs, les saints canons, les Pères de l’Eglise, et nos Rois même, ont toujours réputés infâmes, et leur défendit de jouer, ni de plus obtenir de semblables lettres ; et néanmoins dès que la Cour fut de retour de Poitiers, le Roi voulut qu’ils rouvrissent leur théâtre. » Le Journal dit que ce fut le 19 mai que ces Italiens nommés li Gelosi, apparemment du nom de leur chef, parurent sur la scène à l’Hôtel de Bourbon, qu’ils prenaient quatre sols par tête à l’entrée, et que l’affluence du monde était si grande, « que les quatre meilleurs Prédicateurs de Paris ensemble n’en avaient pas autant ». […] Cet usage s’y est si bien établi, qu’il y est devenu une loi : une Actrice modeste ne serait pas soufferte dans la troupe, et n’oserait paraître sur la scène.

222. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Richelieu avait une troupe d’Auteurs, aussi bien qu’une troupe d’Acteurs, à ses gages, leur fournissait des sujets, leur traçait des plans, composait des scènes. […] Mais ils auraient dû prévoir qu’en montant la Cour et la capitale sur ce ton, c’était donner le branle à tout le royaume, qui ne manque pas de suivre les exemples, surtout quand ils favorisent le vice, et qui en effet dans ces folies de la scène a passé tout ce qu’on pouvait en imaginer. […] Mais c’était exiger l’impossible, et ce fut une de ces contradictions qui lui étaient assez ordinaires : le théâtre, qui le connaissait, n’eut aucun égard à ces défenses de cérémonie ; la licence survécut à la déclaration et à lui, jusqu’à ce que Corneille ayant pris le dessus, étant devenu le père et le modèle de la scène tragique, et toutes ses belles pièces étant décentes, son exemple fit impression et apporta quelque réforme. […] Il est vrai qu’on ne rapporte pas de Salomon à la mort, une dernière scène où il ait mis toutes ses œuvres sur le compte de son zèle pour la gloire de Dieu.

223. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Voici donc comme ils ont raisonné : Les François trouvent un plaisir singulier à jetter du ridicule sur tout ; nous sommes donc sûrs de les divertir, en chargeant de ridicules les personnages vicieux que nous mettons sur la scène : les François en outre craignent plus d’être ridicules que d’être vicieux ; il faut donc leur faire envisager le vice dans ce qu’il a de ridicule, & nous peu embarrasser de ce qu’il a de funeste & de dangereux pour la Société. […] Car outre que l’examen de tous les Auteurs comiques me jetteroit dans une discussion qui n’auroit point de bornes, c’est que Moliere est sans contredit, le Poëte qui a le plus illustré la scène comique ; ceux qui ont travaillé dans le même genre, bien loin de l’avoir surpassé, ne l’ont imité que de très-loin.

224. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

Le préambule de ce Titre traite de nos Salles de Spectacles, & des changemens qu’il serait à propos de faire à notre Scène pour donner plus de vérité à la Représentation. […] On profitera, pour la construction intérieure, de toutes les observations qu’on a faites sur l’impropriété des anciennes Salles, tant pour la majesté & la vérité de la Scène, que pour la salubrité.

225. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

J’y verrai Dumesnili , ou plutôt Melpomènej, Attirant tout Paris sur la tragique Scène, D’une Amante offensée imitant les fureurs, De sa haine étonner, ou remplir tous les cœurs ; Quelquefois immolant d’innocentes victimes, De Médée à nos yeux retracer tous les crimes. […] Je reverrai Claironk maîtresse de la Scène En longs habits de deuil sous les traits de Chimène Contre un cher ennemi, tendre objet de ses pleurs, Craindre de décider par ses vives douleurs La Justice d’un Roi qui l’aime, et qui balance, Ou Camille en fureur respirant la vengeance, Contre les jours d’un frère en ses criminels vœux Soulever la Nature, et l’Enfer, et les Cieux ; D’un laurier tout sanglant lui reprocher la gloire, Et le forcer enfin à souiller sa victoire.

226. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Elle revient, et fait une scène toute de reproches et de railleries à la Fille, sur la faible résistance qu’elle fait au beau dessein de son père, et lui dit fort plaisamment que, « s’il trouve son Panulphe si bien fait » (car le bonhomme avait voulu lui prouver cela), « il peut l’épouser lui-même, si bon lui semble ». […] Cette scène met dans un beau jour un des plus importants et des plus naturels caractères de la bigoterie, qui est de violer les droits les plus sacrés et les plus légitimes, tels que ceux des enfants sur le bien des pères, par des exceptions, qui n’ont en effet autre fondement que l’intérêt particulier des Bigots. […] C’est ici où le Poète avait à travailler pour venir à bout de son dessein : aussi y a-t-il pensé par avance ; et prévoyant cette Scène, comme devant être son chef-d’œuvre, il a disposé les choses admirablement, pour la rendre parfaitement vraisemblable. […] Cela se voit bien clairement dans cette Scène ; car cet homme, qui a tout l’air de ce qu’il est, c’est-à-dire du plus raffiné fourbe de sa profession ; ce qui n’est pas peu de chose : cet homme, dis-je, y fait l’acte du monde le plus sanglant, avec toutes les façons qu’un homme de bien pourrait faire de plus obligeant ; et cette détestable manière sert encore au but des Panulphes, pour ne se faire point d’affaires nouvelles, et au contraire mettre les autres dans le tort par cette conduite si honnête en apparence, et si barbare en effet. […] C’est pour cela que leurs Dieux paraissent si souvent sur la Scène ; que les dénouements, qui sont les endroits les plus importants du poème, ne se faisaient presque jamais de leur temps, que par quelque Divinité ; et qu’il n’y avait point de pièce qui ne fût une agréable leçon, et une preuve exemplaire de la clémence ou de la justice du Ciel envers les hommes.

227. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Il ne s’agit que d’examiner le prix, en soi du talent de la représentation, & la nature du plaisir attaché à la Scène. […] Ce tableau spirituel doit donc être observé avec le même scrupule sur la Scène, qu’il seroit sur la toille ; & chaque instrument qui remue, chaque personnage qui figure garder la même précision dans son jeu, que les couleurs dans leur nuances. […] Enfin l’Auteur sur la Scène en est réduit au point de ne pouvoir donner de l’ame à ses expressions, de la chaleur à ses mouvemens, de l’éloquence à ses tons, du sentiment à son geste. […] Qu’on ne m’impute pas l’embarras d’un Acteur sur la Scène, au défaut d’habitude d’y paroître : ce seroit à tort ; quoiqu’on ne nie pas que ce ne soit un point à considérer en toutes autres circonstances. […] Non : la preuve en est, qu’on se lasse au Jeu comme au Cabinet ; & il n’est pas rare de voir des joueurs sortir de la Scène, excédés.

228. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

Zaraès revient ensuite, se fait connoître, dit au Roi que c’est la scène du poignard tombé des mains d’Alzaïde en sa présence, qui a rompu ses desseins.

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