C’est aux pères de famille, à qui on en a laissé toute la charge ; et c’est à eux qu’est, pour ainsi dire, dévolue toute la puissance, et toute l’autorité des Législateurs en cette partie.
Caffaro, la condamnation de son ouvrage & de son opinion, l’autorité de M. de Harlai, Prélat habile & bien instruit des choses du monde, la lettre même de Boursaut auroient d’ailleurs terminé sa dispute, auprès des gens raisonnables. […] Tous dans les intérêts du libertinage, leur autorité formeroit-elle une opinion probable dans le probabilisme le plus relâché & la morale la plus tollérante ? […] La comédie, dit-il, allume le feu des passions ; les Ministres de la Réligion la défendent ; dans la conscience on ne doit pas conclure de la tollérance publique, qu’il soit permis d’y aller ; si le théatre offre des avantages, il offre des dangers : l’autorité publique qui ne voit les objets qu’en grand, par des vues générales, croit devoir permettre cette école du ridicule, pour le délassement du citoyen, l’encouragement du génie & l’honneur de la nation ; mais en l’interdisant pour la conscience, on aura parlé en chrétien, en homme raisonnable. […] De quelque maniere qu’on prenne le mot de sceptrum, par une autorité quelconque, & le mot de Juda, pour la tribu de Juda, & pour la nation entiere, qu’Hérode & son pere fissent ou non profession de la loi Judaïque, il est certain qu’ils n’étoient ni de la tribu de Juda ; ni-même Juifs d’origine.
Siége & ces trois établissements, ont paru dans le même tems, le même esprit & la même autorité ont produit les uns & les autres : reste à savoir si Dieu y souscrit. […] Je ne sai où il a pris ce trait d’érudition : les Grecs avoient des prix pour les jeux du théatre, comme pour les jeux olimpiques & autres jeux ; mais ils n’avoient pas d’écoles théatrâles établies, comme à Parme, par autorité publique. […] On ne cite que des pieces françoises, des acteurs françois ; on ne reçoit d’autorité légitime, que celle de Boileau, comme si un Italien n’avoit pas l’usage de la poëtique de Vida, Italien, qui vaut, en son genre, celle de Boileau ; & dans tous cela, on ne peut méconnoître la vanité nationnale, sur tout en matiere de théatre, où nous nous donnons sans difficulté la palme. […] Siége ; mais nous ne pouvons dissimuler ce que disent tous les historiens ; puisqu’on abuse de son autorité pour justifier le théatre. […] Jamais plus puissant empire que celui des Cesars ; jamais autorité plus sacrée que celle de la chaire de Saint Pierre ; mais l’application qu’on en fait à tout, est ridicule.
Cette grâce avoit d’abord été accordée au Prince Radzivil, quoiqu’absent, qui n’en tiroit aucun profit ; celui-ci a profité de son absence pour s’attribuer l’honneur de loger les Comédiens, & de son autorité comme Membre de la délégation, pour en tirer un privilége exclusif. […] Le nouvel impôt du Palatin de Gnesne a quelque chose d’odieux, il étoit inconnu en Pologne, on l’établit dans le temps le plus misérable de la République où les jeux du théatre sont les plus indécens & les plus onéreux ; c’est un des articles de la nouvelle législation, chargée de rétablir l’ordre dans le Royaume, & qui y établit le désordre à demeure, qui par un abus incroyable de l’autorité qu’on lui a confiée, en fait une loi, un privilège exclusif pour lui-même ; qui l’établit dans son propre Palais, & s’oblige de lui fournir tous les appartemens dont on aura besoin. Ces circonstances sont uniques dans l’histoire ; les grands Seigneurs Romains donnoient les spectacles à leurs propres frais, le Seigneur Polonois devient monopoleur pour se les faire payer, & se rend ainsi Marchand du vice par l’autorité des loix qui ne sont faites que pour le corriger & le punir. […] les coupables sont punis corporellement, leurs biens sont saisis & distribués en bonnes œuvres, & leur maison vendue d’autorité publique, quand même ils n’en seroient que locataires, si le propriétaire en a été instruit & l’a souffert. […] La loi qui fait tout vendre d’autorité publique, n’étoit pas encore portée au temps d’Ulpien, il n’y a pas même parmi nous d’ordonnance qui le prescrive, & nous en sommes, quoique Chrétiens, au terme de la République, quoique Payenne.
Du mépris injurieux que fait le Théologien de l’autorité des anciens Pères de l’Eglise, en leur préférant les Scholastiques modernes. […] sont, dit-il, d’habiles Théologiens, encore plus recommandables par la sainteté de leurs mœurs, que par l’éclat de leur science. » « Je ne puis lire ces grands Hommes, ajoute-t-il, si distingués, par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leurs raisonnements ; et plus encore par la force de leur autorité. » Mais voyons jusqu’où va l’aveuglement de cet indigne Théologien, dans la passion qu’il a de favoriser ses bons amis. […] Réponse à l’autorité de S. […] Comme l’Auteur de la Lettre, tâche d’éblouir le monde par le nom de saint Thomas, et de se mettre à couvert sous son autorité ; il faut examiner s’il a raison de dire que ce Saint permet d’aller à la Comédie ; en sorte qu’étant, comme il dit, épurée, bonne et honnête, l’on y puisse assister en sûreté de conscience et sans scrupule. […] Magistrats ne défendent point la Comédie ; donc ils l’approuvent. » Il est indubitable que les Magistrats qui sont revêtus de l’autorité du Prince, ne doivent pas moins travailler à conserver la Religion dans son lustre qu’ils s’occupent à maintenir l’Etat en paix et en tranquillité.
Les uns adorateurs passionnés du Theatre fortifioient leur opinion d’une foule de preuves, d’un grand nombre d’exemples, de l’autorité même de plusieurs noms respectés. […] Les autres, quoique superieurs par la nature des armes dont ils s’étoient servis, n’ayant pû forcer le boulevart de l’autorité publique qui maintenoit leurs adversaires, oserent à peine se prévaloir de leur victoire. […] Je traiterai cette matiere, non comme Theologien, je n’en prends point ici le caractere : non comme Censeur, je n’ai point cette autorité : non pas même comme Philosophe ; les subtilités Philosophiques conviennent peu à un Discours sur le Theatre. […] Mais le Poëte en auroit-il moins d’autorité sur la Scéne, parce qu’il sçauroit être sentencieux & court, souvent sublime Philosophe en un seul vers ? […] Voulez-vous des autorités sur le parallele de la Scene telle que je viens de la peindre, & de l’histoire telle qu’elle est ?
En l’examinant donc sous son véritable point de vue, j’ai établi qu’elle était d’un grand secours pour consolider le bonheur public sous ce triple rapport, en ce que, en tempérant à l’égard des peuples l’autorité souveraine, elle la leur rendait respectable et chère ; en enchaînant l’injustice des passions, elle maintenait l’harmonie sociale ; en offrant aux malheureux de véritables consolations, et leur aidant à supporter les peines de la vie, elle conservait à l’Etat des Citoyens utiles.
Et sif un tel galant n’a pas faute d’autorité de quelque crime attrayant et alléchant, pour plus facilement apporter aux hommes quelque dommage.
Pour moi j’étais ravi de ce qu’il avait prouvé par autorité, par raison et par exemples, ce qui se sent mieux ordinairement qu’il ne s’exprime.
Il est vrai qu’il ne fut pas cruel, & ne les faisoit point décapiter sur un échaffaud, comme Henri, & qu’il ne forma point de schisme & de nouvelle religion, comme ce prétendu chef de l’Eglise Anglicane, pour se venger du Pape, & s’en arroger l’autorité. […] Mais tout cela ne suffit pas pour placer sur le trône de la gloire un libertin, un ambitieux, un homme emporté, un homme plein de hauteur & de fierté, un aventurier qui se jette dans une ville révoltée, pour y entretenir le feu de la révolte, un flatteut qui promet la souveraineté à la France, l’autorité à la noblesse, la République au peuple, & dans le fond ne travaille que pour lui-même. […] Il retablit l’autorité royale dans les deux Siciles.
Le texte est donc moins écrit pour démontrer aux autorités la valeur de l’action théâtrale des jésuites, que pour la défendre, avec leur appui. […] L’approbation des autorités religieuses et judiciaires de la ville est manifestée par l’attestation du Prévôt et des Echevins qui clôt le texte de Gaule : « Nous Prévôt des Marchands et Echevins de la ville de Lyon, qui avons vu un petit discours, en forme d’épître à nous adressé intitulé Conviction véritable […], attestons et certifions en vérité, que le contenu en ladite conviction est aussi vrai (au fait) que ledit récit contraire est diffamatoire et fabuleux ; ne s’étant rien passé en l’action dudit jour 7 août dernier, que de grave, modéré, dévot, édificatif, et convenable au sujet entrepris. […] [NDE] Les pères de l’Eglise, utilisés généralement comme autorités contre le théâtre par les ennemis de la scène, sont ici convoqués pour défendre la pratique théâtrale.
Son témoignage contre les spectacles ne saurait en être affaibli, il fut écrit avant sa chute, et a toujours été cité dans l'Eglise comme d'une très grande autorité. […] » Il est inutile d'aller chercher des autorités dans les ouvrages de Tertullien sur le luxe et la parure des femmes, de habitu muliebri, de cultu fœminarum, de velandis virginibus, il faudrait transcrire ces traités en entier ; ils ne sont faits que pour montrer le danger infini pour les mœurs, qu'entraînent l'affectation des habits, l'indécence des parures, la mollesse des démarches, le feu des regards, la douceur de la voix, la liberté des discours, les flatteries, les caresses, etc. […] (On tâche d'éluder l'autorité des Pères, en particulier de Tertullien, en disant qu'ils s'élevaient contre l'idolâtrie qui régnait alors sur le théâtre ; on verra dans tout le reste de cet ouvrage qu'il le condamne par d'autres raisons qui ne regardent pas moins la scène moderne que l'ancienne.)
Je ne veux néanmoins que les Ouvrages mêmes de ce Comique pour le perdre de crédit et anéantir son autorité. […] Outre l’Athéisme d’Aristophane, son peu de jugement est encore un titre pour annuler son autorité. […] De petits bouffons sont-ils propres à régler les affaires importantes de l’Etat, et à donner de l’autorité aux lois ? […] Cette remarque et les deux précédentes montrent assez qu’on réclame en vain l’exemple de ce Comique, dont il est visible que l’autorité se réduit à rien. […] J’appuie toutes ces autorités par un suffrage d’un grand poids, qui est celui de M.
Saint Louis pensoit bien différemment ; il ne crut pas pouvoir allier avec sa piété la tolérance des Spectacles, & n’étant pas le maître de les bannir de tout le Royaume, où les Seigneurs particuliers avoient beaucoup plus d’autorité qu’ils n’en ont aujourd’hui, il chassa du moins les Comédiens de sa Cour, selon Paul1 Emile, Histriones Aulâ exegit .
» Cette seule défense, quand elle ne serait soutenue d’aucune raison, ne devrait-elle pas suffire à des Chrétiens pour les détourner de la Comédie, puisque nous devons une obeissance aveugle à l’autorité de l’Eglise, et que nous avons renoncé à ces divertissements dans le Baptème ?
Lorsque je commençais, il y a plus de quarante ans, à étudier sérieusement le Théâtre, je trouvais d’abord, dans les Anciens et dans leurs Commentateurs, des règles qui choquèrent ma raison ; je fis bien des réflexions en conséquence ; mais, ne me fiant pas à moi-même et craignant de me tromper, je soumis mes lumières à la grande autorité de ces hommes qui, pendant plusieurs siècles, nous ont servi de guide, et je n’osais même communiquer mes doutes à personne.
On la laisse dans la classe des amusemens populaires dont l’autorité publique ne s’embarrasse que pour en réprimer la licence, & ne lui fait point l’honneur de lui donner une existence que la vertu & le bien public ne lui donnent pas. […] On tâcha d’imiter cette magie extravagante, à l’opéra, où l’on représenta un temple de Jupiter, orné de tant de diamans, de cristaux, de miroirs, de plaques, que la lumiere des flambeaux de toute part réfléchie, étoit insoutenable ; tout cela fut fait pour Olivier Cromwel ; on le mit sur un lit de parade, la couronne en tête, le sceptre d’or à la main, quoiqu’il n’eût que la qualité de Protecteur ; il fut d’abord en purgatoire, qu’il n’avoit jamais cru, & ensuite dans le Ciel, dont il ne s’étoit guerre plus embarrassé, non plus que de l’enfer, ainsi que tous ses partisans ; tout cela fut fait par autorité publique, à Londres où l’on se pique d’être philosophe, où l’on étoit depuis long-tems protestant, où l’on brûloit le Pape dans la place publique, sans faire attention que c’est-là une pompe catholique, que Philippe II, dont on imitoit les obseques, avoit été le plus grand ennemi de l’Angleterre ; après toutes ces folies, le cadavre soigneusement embaumé, & suivi de toute la Cour, fut porté dans le tombeau des Rois. […] Donner des noms & des titres, suppose une supériorité sur celui à qui on le donne, que la Ville de Paris n’a pas sur le Prince : ordonner de l’employer par-tout, suppose une autorité que la Ville n’a ni sur le Royaume, ni sur elle même. […] Le Sénat Romain en a donné souvent à ses Empereurs, il donna le nom d’Auguste à Octave ; mais le Sénat Romain avoit une vraie autorité législative, même sur les Empereurs, qui n’étoient proprement que des Magistrats perpétuels, en qui étoient réunies toutes les Magistratures : quoiqu’il en foit, l’Ordonnance de la Ville de Paris fut exécutée dans tout le Royaume.
Il indique pour les divers théâtres des réunions, des séparations, des suppressions qu’il croit utiles, mais qui ne pourroient s’effectuer qu’en laissant agir une autorité absolue, arbitraire, et absolument opposée aux droits de la propriéte. […] C’est pourtant ce qui pourra arriver, si on leur laisse une liberté absolue ; ainsi les magistrats doivent avoir l’autorité de leur fixer les quartiers où ils doivent s’établir. […] Il vaut mieux prévenir les délits que de punir. — Ces mots sont l’abregé de tout code du despotisme, et le pretexte dont ses agens se sont toujours servis, pour exercer une autorité prohibitive, vexatoire et arbitraire ; c’est cet axiôme qui nous a donné la Bastille et les lettres de cachet, l’espionnage et les 17 inquisitions de la pensée. […] Les ministres portoient même l’arbitraire de leur autorité jusqu’à interdire à quelques particuliers l’entrée des spectacles.
L’Eglise a dans tous les temps employé toute son autorité pour éloigner des fidèles ce subtil poison, jusqu’à défendre, d’après l’Apôtre, toute communication avec les hérétiques : Hæreticum hominem devita. […] Qu’on aille à Venise parler ainsi du gouvernement, à Constantinople de Mahomet, à la Chine, au Japon, des Bonzes, des Pagodes, de l’Empereur : les Athéniens ne purent le souffrir, les Magistrats s’armèrent de leur autorité pour arrêter cette licence, et avec raison. […] Le livre de Jansénius n’avait pas encore paru, un Protestant ne connaît ni le chrême ni l’excommunication de l’Eglise, ni l’autorité de S.
Il se retranche sur la tolérance de l’autorité publique, pour faire voir qu’en justice on ne peut regarder la convention comme illicite, et qu’en conséquence le Juge doit accorder un dédommagement. […] Beaumon, parce qu’ils sont bien moins habiles, la prétendue approbation de l’autorité civile, par l’inspection de la police, les arrêts du Parlement, les lettres patentes, qu’ils disent avoir en foule, mais qui n’existent que dans leurs idées. […] Est-il surprenant que l’autorité publique ait mis le sceau à ces actions religieuses, et qu’elle ait refusé de le mettre à nos dissolutions profanes ?
» Il n'est rien de si fastidieux que de voir seize fois par an le Mercure, ouvrage avoué par l'autorité publique, employer quarante ou cinquante pages au détail de toutes les folies qui paraissent sur les théâtres, et à l'éloge de tous ceux qui y montent, et quels éloges ? […] » Voyez ce grand Prince, avilit-il sa majesté, affaiblit-il son autorité par les petitesses de la légèreté ? […] Mais il est habillé en Prince, elle joue le rôle d'une Lucrèce ; ils sont élevés sur des planches, comme sur une chaire ; ils parlent d'un ton d'autorité, c'est cela même qui fait rire et en empêche le fruit.
Le Brun est entré dans tout le détail possible, et où il cite et rapporte les différentes autorités qui font la condamnation des Spectacles.
Mais aussi ne fallait-il pas qu’un homme d’autorité, comme l’auteur des Imaginaires, se donnât la peine de prononcer ce qui en était.
, et plus pompeux que n’étaient anciennement les grands marchands : et voilà comment ces jeux de l’Hôtel de Bourgogne ont bien opéré pour retirer le peuple des vices, voilà la profession de piété qui se fait à Paris sous votre autorité, et de vos Magistrats : voilà la désobéissance générale par tout votre Royaume au Commandement de Dieu écrit en la première table, lesquelsm ne regardent que Dieu, son honneur, et son service.
La première Classe, est un petit Abrégé des autorités de l’Ecriture Sainte, sans réflexions. […] Il prouve l’affirmative à cause du scandale, à cause du danger du péché, à cause de leurs participation aux paroles des Comédiens qu’ils écoutent avec plaisir, qu’ils approuvent, qu’ils admirent, qu’ils soutiennent par leur autorité, par leur argent, par leur présence ; car les Comédiens péchant mortellement en jouant la Comédie, on ne peut être témoin, approbateur, protecteur de cette action criminelle sans être complice.
Dans une Monarchie le peuple a déposé tous ses droits dans les mains d’un seul, il lui a remis toute l’autorité nécessaire pour la conduite des affaires, et ne lui a donné d’autre juge que sa conscience. […] Ces Chefs n’ont qu’une autorité passagère et dont ils sont comptables à tous les Citoyens en général ; chacun peut donc leur demander compte de leur administration. […] Un Auteur Français respectera le point d’honneur et se contentera d’en attaquer certains abus, il donnera toujours l’exemple du respect qu’on doit au Trône, aux Ministres, aux Magistrats et autres Dépositaires de l’Autorité Royale. […] Qui vous assurera, Monsieur, que son abdication de l’autorité suprême ne fut pas une suite des impressions qu’il avait reçues au spectacle ? […] L’Histoire du Théâtre Français vous prouve que les désordres qui accompagnaient ces représentations ont été abolis par les lois de l’Eglise et par l’autorité des Magistrats.
Le jugement de ceux à qui il se soumet, étant sans autorité, serait sans utilité. […] S’il eût écrit contre la Comédie, aurait-il pu employer une autorité plus convaincante que ce Discours ? […] au contraire c’est leur donner plus d’autorité. […] On ne sait pas sur quelle autorité il appuie ce fait, ni dans quelles annales il l’a puisé. […] C’est un principe assez nouveau dans notre Religion, pour qu’il soit appuyé de quelque autorité.
ag Par toutes ces autorités, après avoir modéré les divertissements qu’un pénitent peut se permettre en particulier pour le relâchement de l’esprit et la société, il lui défend tous les spectacles publics et tous les exercices qui dissipent ; cependant le dissertateur trouve en cet endroit, qu’on peut entendre la comédie « tout le carême » (ce sont ses mots)Pag. 54. [« Lettre d’un théologien », page 54].
, qui fait que l’on plaît à ceux qui écoutent : que si Saint Thomas par l’autorité d’Aristote, dont on avait peine à se départir en son temps, semble peut-être pousser un peu plus avant dans sa somme la liberté des plaisanteries ; il y réduit néanmoins 2. 2. q. 168. art. 4. c.
Mais sans trop s’effrayer de ces autorités respectables, l’Avocat reclame les Arrêts favorables à la Comédie Françoise.
., où son opinion est si clairement exprimée dans ce peu de mots : « Et hæc sunt scenicorum tolerabiliora ludorum, comœdiæ scilicet et tragœdiæ » ; oubliant aussi que saint Thomas d’Aquin, à l’exemple du grand saint, avait considéré l’art dramatique, qu’il appelle histrionatus ars, comme nécessaire et indispensable à la société : « Necessarius ad conversationem vitæ humanæ »(art. 3, in resp. ad 3, quæst. 168) , et enfin ignorant peut-être, ce que nous ne voudrions pas admettre, que saint Antonin lui-même, appuyé de l’autorité de saint Thomas, dit dans suæ Summæ, tit. 8, cap.
L’odeur de cette Maxime se sent partout ; en l’Eglise, en la Policeb ; en public, et en particulier : Est trouvée bonne même par quelques-uns de ceux, qui de bouche en approuvent une toute contraire, à savoir : Que la pure parole de Dieu, sans aucune sophistrie, doit être la seule loi, guide, règle, balance, et lumière de notre foi, et de toutes nos actions ; laquelle ils ébrèchent, affaiblissent, et énervent par telles exceptions, modifications et restrictions, que requièrent leurs affaires, en font un nez de cire, une règle de plomb, pour l’accommoder à leurs fantaisies : Et cependant ils se plaindront, aussi bien que nous, de la corruption ; confesseront, qu’elle se glisse partout, comme l’air : Mais chacun exceptera et exemptera de ce blâme, dispensera de ce titre sa corruption particulière, pensera faire œuvre de charité, de persuader à autrui, par quelque apparence de raison, ce qu’il s’est imprimé en son cerveau par une folle opinion ; plus il se trouvera d’absurdité en la chose, de difficulté en la preuve, de danger en la créance ; plus apportera-t-il d’artifice pour la colorer, d’autorité pour l’établir, d’opiniâtreté pour la maintenir. Ainsi cette sacrée Maxime de l’inviolable autorité de la Parole de Dieu, ne sert que d’ombre, pour la Théorique, demeure sus la langue pour le discours ; estimée de nul usage, comme une monnaie inutile fors qu’à conter et jeter ; ou comme un beau fruit, venu hors sa saison, qu’un chacun regarde et loue, mais personne n’en mange. […] Sans le montrer par l’autorité de Tite-Live et autres écrivains PaïensT. […] On prend plaisir par les vilains enseignements de ces joueurs, ou de se représenter ce qu’on a fait au logis, ou d’entendre ce qu’on y pourra faire, l’Adultère s’y apprend, en le voyant jouer ; et quand le mal de l’Autorité publique sert de maquereau aux vices, celle qui peut-être, étant allée chaste au spectacle, s’en revient impudique, etc. […] Essentielle dans les controverses entre protestants et catholiques, elle désigne les questions sur lesquelles les autorités ne se prononcent pas et qui sont laissées à l’appréciation de chacun.
Ici, mes Frères, je crois entendre la réponse que vous opposez à ces raisonnemens & à ces autorités. […] La religion vous oblige de respecter dans les Rois l’image du Très-haut ; elle regarde comme un crime énorme tout attentat contre leur personne ou leur autorité : & vous vous plaisez à voir sur le théâtre le jeu criminel d’une révolte ou d’une conjuration ; vous applaudissez au fanatisme de ces fiers républicains implacables ennemis de la royauté ; vous les voyez sans horreur tremper leurs mains dans le sang du chef de la patrie. […] Lorsque nous opposons aux partisans du théâtre l’autorité de l’Eglise & les condamnations rigoureuses qu’elle a toujours portées contre la profession de comédien, ils nous répondent que ces condamnations ne sont pas universelles ; qu’il est des Eglises, & même des Eglises principales où les comédiens jouissent de tous les droits qui appartiennent à des Chrétiens & à des Catholiques.
Jamais il n’y a eu au théatre plus de déchaînement qu’il y en eut contre le Tartuffe, le Parlement le défendit par arrêt, le Roi fit pareille défense ; les Prédicateurs, les Confesseurs, les Magistrats, les Écrivains, tout s’éleva avec zèle, le sublime Bourdaloue prêchant sur les divertissemens du monde le troisième dimanche après Pâques, s’étend beaucoup sur les spectacles qu’il démontre être impurs, criminels, scandaleux de leur nature, faisant naître mille pensées & désirs impurs défendus par l’Église & par tous les Saints Pères dont le témoignage vaut bien celui de quelques libertins, sans sciences, sans études, sans autorité, qui n’ont pour guide & pour oracle que des passions dont ils sont idolâtres. […] Viclet poussoit plus loin son erreur, il vouloit que le péché privât de toute autorité temporelle les Rois, les Magistrats & toute les personnes en place, ce qui seroit le renversement de toute la société. […] Que deviendroit-il donc s’il n’avoit plus de Princes, des Magistrats pour le protéger & qui voudroit y aller, si le crime qui en est inséparable anéantissoit toutes les charges & toute l’autorité ?
C’étoit donc à ce tribunal à faire le procès au prêtre florentin, tout au plus au Sacré Collége, comme exerçant l’autorité souveraine pendant la vacance du S. […] Le Sacré Collége exerce l’autorité spirituelle pendant la vacance, comme le Chapitre cathédral de chaque diocèse l’exerce sede vacante, donne l’absolution ad cautellam à tous les excommuniés, il rétablit en tant que de besoin les trois Eminences, le gouverneur & ses officiers dans leurs fonctions. […] Mais sans doute le commentaire des nouvelles constitutions l’a revêtu de son autorité.
De l’abondance du cœur la bouche parle, dit l’Evangile, dont l’autorité vaut bien celle de Gherardi & de Vadé. […] D’un côté, tout ce qu’il y a jamais eu de pieux, de sage, d’éclairé ; de l’autre, tout ce qu’il y a de plus libertin, de plus frivole, de moins instruit ; l’autorité la plus grave, l’infamie la plus méprisable ; l’enivrement de la passion, les alarmes de la vertu ; & l’on peut balancer ! […] Cette objection a plus de malignité que de force, elle ne tend qu’à mettre aux prises la piété & l’autorité, l’Église & le sceptre, & à fermer la bouche aux Ministres par la crainte & le respect : artifice ordinaire au vice, comme à l’erreur, qui ont intérêt de s’étayer par la division des deux puissances.
Si elle ne prescrit pas au peuple les amusemens, elle doit au moins lui retrancher ceux qui le perdent, lorsque réunie à l’autorité souveraine, comme dans Marc-Aurèle, elle peut tout ce qu’elle juge convenable. […] Je retrace avec douleur un autre mal que produit l’autorité des Grands, parce qu’il attaque les mœurs, en présentant le piège le plus dangereux, je veux dire la faveur qu’ils accordent aux talens du théatre. […] Par une noble émulation une autre troupe d’Actionnaires, mais simples bourgeois, s’est formée à même temps, & pour s’étayer de l’autorité du Prince, lui a fait entendre qu’on avoit empiété sur ses droits.
Je m’éloignai en déplorant les suites d’une manie qui ne peut que devenir funeste aux familles, aux manufactures, en fortifiant dans la classe ouvrière un goût innocent dans son principe, instructif même pour ceux qui savent en mettre à profit la morale, mais qui finira par élever dans chaque faubourg des temples à la paresse et à la dépravation, si l’autorité ne se hâte d’arrêter ce torrent destructeur, qui menace d’entraîner dans son cours l’espérance de l’industrie nationale, le palladium, des saines doctrines, et jusqu’au moindre germe de toutes les vertus sociales. […] Un habitué m’a depuis assuré, qu’à la vérité, monsieur Boulevard sautait à pieds joints par-dessus la permission ; l’autorité, ce me semble, eût mieux fait de la lui donner sans restriction. […] Rentré chez moi, le bonnet de nuit sur la tête, enveloppé dans ma robe de chambre et les pieds sur mes chenets, je récapitulai tout ce que j’avais vu, fait et dit dans le jour, et j’ajoutai à mes remarques que, dans le moment où l’autorité donne des commissaires aux premiers théâtres, sa sollicitude devrait s’étendre sur les théâtres du second ordre ; que le pouvoir, dans les mains d’un homme intègre et nullement intéressé dans les recettes, est nécessaire à la suppression des nombreux abus qui se commettent chaque jour dans les petits spectacles.
La proposition générale qu’il tâche d’établir est celle-ci : « Les comédies, de leur nature & prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. » Il tire ses autorités, i°. des pères ; 2°. de l’écriture ; 3°. du raisonnement. […] Je laisse aux Bossuet, aux Fénélon, le soin d’écraser sous les armes de la leur, sous le poids de leur autorité épiscopale, tous les sophismes en faveur des spectacles.
La Muse de Corneille eut plus d’autorité que cet Oracle : elle nous apprit ce que c’etoit que la Tragédie. […] De son autorité il fit porter le corps chez un Parfumeur avec ordre de l’embaumer.
Malgré son autorité, Pompée fut fort blâmé, et peut-être aurait-il tôt ou tard reçu quelque affront ; mais, comme nous l’avons dit, il s’avisa d’y bâtir un temple à Vénus et de le lui consacrer : « Pompeium à majoribus incusatum quòd mansuram theatri sedem posuisset. » Cette innovation de Pompée paraît à Tacite l’époque de l’entière dépravation des mœurs, par le goût et l’habitude du théâtre qu’elle inspira, l’occasion et la facilité qu’elle donna de rassembler et d’étaler au public tout ce qui était le plus propre à le corrompre : « Abolitos paulatim patrios mores funditus everti per accitam lasciviam, ut quodcumque corrumpi, et corrumpere queat, in urbe videatur degeneretque juventus gymnasia, et otia et turpes mores exercendo. » Je ne sais pourquoi on n’a pas craint dans plusieurs collèges d’imiter cette innovation de Pompée, en y construisant des théâtres à demeure, comme si ce n’était pas assez d’en élever dans l’occasion, quand on voulait donner quelque pièce. […] Il tourna à la frivolité et à la débauche ce peuple si grave et si vertueux, ce peuple dont la majesté éclipsait celle des Rois, dont l’autorité disposait des couronnes, dont la prudence donnait des lois à l’univers.
Sécouez le joug de l’autorité & des Maîtres.
Il attira les regards du Monarque, entra dans ses divertissemens, & mérita ses bienfaits & sa protection : en un mot, il devint un établissement chéri & scellé de l’autorité Royale.
Le pere Brumoy va nous fournir une nouvelle autorité contre l’objection de Corneille.
Le démon peut agir sur les corps ; il l’a fait plusieurs fois lorsque Dieu le lui a permis : l’ancien & le nouveau Testament en rapportent beaucoup d’exemples ; l’Eglise en est persuadée, les prieres, les exorcismes, qui sont de la plus haute antiquité, ne permettent pas d’en douter : mais les circonstances ridicules, infâmes, extravagantes qu’on y ajoute, ne portent sur aucune autorité, l’Ecriture n’en rapporte aucune, l’Eglise les condamne.
Nous pourrions ajouter à son autorité celles de saint Basile, de saint Chrysostome, de saint Augustin, et de plusieurs autres Pères.
De si grandes autorités portent, ce me semble, leur preuve avec elles.
Il évitera toutefois d’aller trop loin, de crainte d’être plus tard dans la nécessité de reculer ; ce qui compromettrait son autorité.
Je dis donc qu’une partie considerable de cette corruption hereditaire que nous portons en naissant, consiste dans cette autorité illegitime, que les sens ont sur nôtre esprit et sur nôtre cœur.
Avec quelle avidité la jeunesse de Genève, entraînée par une autorité d’un si grand poids, ne se livrera-t-elle point à des idées auxquelles elle n’a déjà que trop de penchant ?
Elle se fit donc un honneur de son abdication forcée, & se donna pour une Héroïne ; cette idée romanesque, son unique ressource, analogue à son caractère & aux chimères de grandeur dont elle se repaissoit ; elle s’imagina que toute l’Europe l’admireroit comme un prodige, le changement de Religion en relevoit le prix, il lui donnoit un air de martyre, cependant elle voulut conserver l’éclat, les honneurs, les richesses de la royauté ; après l’avoir quittée, & même en exercer l’autorité souveraine de vie & de mort, elle trouva d’abord assez de condescendance pour entrer dans ses vues, & des flatteurs pour la combler d’éloges ; mais le prestige cesse, les vices, les défauts parurent, & après quelques éclairs de grandeur, elle tomba dans le mépris, fut oubliée, & mourut dans l’obscurité. […] C’est , dit ingénieusement Madame de Motteville, une Héroine d’Amadis & de Roland ; c’est Marphise & Bradamante , elle étoit du moins en aussi mauvais équipage, sans domestiques, sans argent, sans vaisselle ; elle faisoit seule toute sa maison & toute sa Cour, il fallut que le Roi lui donna tout : le peu de temps qu’elle demeura à la Cour lui fut peu favorable ; ses défauts qui étoient grands furent d’abord couverts par les bonnes qualités & par le plaisir de la nouveauté, mais ces défauts percèrent bientôt, la surprise cessa, elle parut une personne très-commune, nous lui verrons bientôt perdre honteusement tous les avantages, c’est le sort des grands, ils sont plus exposés que les autres, leurs belles qualités sont au grand jour, ils sont d’abord reçus avec applaudissement ; leurs défauts aussi exposés, sont soustraits à la rigueur des loix & à l’autorité des Juges. […] Cet Étranger n’étoit ni n’avoit jamais été son sujet ; elle étoit dans un Royaume étranger, où elle n’avoit aucune autorité, elle étoit dans une maison royale, c’étoit violer la majesté du Prince qui l’avoit reçue, & manquer à la reconnoissance qu’elle devoit à ses bontés, elle n’observera aucune règle de justice ; c’étoit un assassinat, & ne fut pas même un premier mouvement de colère qui aveugle la raison, elle prit ses mesures pour qu’il ne pût échapper, lui donna du temps pour se confesser, disoit-elle, c’est un assassinat réfléchi, prémédité. Cette barbarie & la passion qui en furent le principe, ternirent sa philosophie , dit Voltaire, toutes ces belles qualités fussent-elles aussi réelles qu’elle sont fausses ou superficielles, sont dégradées par cette horreur ; elle eût été punie en Angleterre & par-tout ailleurs, la France ferma les yeux sur cet attentat contre l’autorité du Roi, le droit des nations & de l’humanité .
On sent le poids de l’autorité &c ; mais on veut des spectacles, & l’on n’oublie rien, pour se faire illusion sur leurs suites. […] Je cherchois à étouffer cette voix des remords…Ou je croyois y répondre par de mauvaises autorités, que je croyois bonnes. […] Augustin, on sait que les plus grandes licences étant passées en coûtume, on s’habitue même à en faire l’Apologie : & pour lors, quoique réprouvées, elles parviennent à forcer l’autorité publique de les tolérer. […] La vérité & l’autorité viennent de moi. […] Les Conciles, les Sts Peres &c &c n’ont connu aucune de ces distinctions, qu’on n’a inventées, que pour éluder l’autorité, & se faire une conscience à sa mode.
D’un autre côté, il n’est pas moins vrai que le peintre de Henri, qu’on dit si timide, si modeste qu’il a fallu l’autorité du premier Prince du Sang, pour le résoudre à donner au public ce qu’il n’avoit fait que pour un théatre de société, n’a pas craint de bien enlaidir son héros, par des basses familiarités & des libertés indécentes prises avec la fille de son hôte, devant son pere & sa mere, & tout le public : ce qui n’est, ni édifiant, ni honnête, ni digne d’un grand prince. […] De quelle autorité un simple ministre de la Religion (par exemple, les SS. […] Ces autorités s’entre-détruisent.
Ces autorités ne vous persuaderont pas, Mademoiselle, vous les prendrez pour des déclamations vagues, qui ne portent point sur les représentations de la Comédie Françoise : ainsi je dois leur donner pour appui un principe que vous ne puissiez contester.
Augustin, Orose, Lactance, Salvien, et pour citer des autorités encore plus grandes, les Conciles ont condamné le plus justement du monde les Spectacles de leur Temps, parce qu’en effet ils étaient abominables ; et si nous en voyions de pareils je suis persuadé que les plus Libertins de notre Siècle les condamneraient aussi ; mais aujourd’hui que la Comédie est non seulement exempte de ces abominations, mais capable de donner des leçons utiles, les raisons qui avaient donné lieu aux Anathèmes fulminés contre elle, ne subsistent plus ; et s’il faut des Divertissements aux hommes pour les délasser des fatigues qui sont inséparables de la vie, c’est un de ceux que je crois le plus innocents.
C’est donc en affectant un rigorisme anarchique, que ces hypocrites non seulement nuisent essentiellement à la religion, mais ils insultent encore à l’autorité séculière qui veille au maintien de la tranquillité publique et qui protège, autorise, paie et honore les comédiens.
Et dans le personnage même de Laurette on apprendrait combien sont blâmables les Maîtres qui par autorité, et souvent par violence, exigent de leurs Domestiques des services qu’ils ne leurs rendent que malgré eux, et jamais sans concevoir une juste horreur pour ceux qui les forcent à les leur rendre.
L’inconstance & la bizarrerie, la désobéissance & la hardiesse des comédiens sont inexcusables, de s’obstiner pendant trente ans à refuser la représentation d’une piece reçue, & de la jouer mal, quand l’autorité la leur faire jouer. […] Quelle autorité auroit eu le droit de nous donner ces nouvelles entraves ! […] Je pourrois me prévaloir contr’eux de l’expérience que vingt années d’étude ont pu me donner dans mon art ; mais je vous ai promis des moyens de persuasion, & je ne regarde pas mon expérience comme une autorité. […] Les Comédiens n’avoient donc aucune raison d’opposer au sieur Palissot l’indécence prétendue de son sujet ; & du moins, lorsque son ouvrage a été revêtu de l’approbation du Censeur, ils ne pouvoient persister dans leur décision, sans violer le respect dû à l’Autorité. […] Mais ce n’est pas assez du châtiment de l’opinion publique : c’est au Tribunal auguste, dépositaire de la grande Police & conservateur des Mœurs, de réprimer la témérité des Comédiens, & de venger l’autorité qu’ils ont méconnue.
Vous pouvez croire que la Vieille n’écoute pas cette raillerie, qu’elle croit impie, sans s’emporter horriblement contre celle qui la fait ; mais comme elle voit que toutes ces raisons ne persuadent point ces esprits obstinés, elle recourt aux autorités et aux exemples, et leur apprend les étranges jugements que font les Voisins de leur manière de vivre ; elle appuie particulièrement sur une Voisine, dont elle propose l’exemple à sa Bru, comme un modèle de vertu parfaite et enfin « de la manière qu’il faudrait qu’elle vécût », c’est-à-dire à la Panulphe. […] Enfin la manière dont il met fin à la conversation est un bel exemple de l’irraisonnabilité, pour ainsi dire, de ces bons Messieurs, de qui on ne tire jamais rien en raisonnant, qui n’expliquent point les motifs de leur conduite, de peur de faire tort à leur dignité par cette espèce de soumission, et qui, par une exacte connaissance de la nature de leur intérêt, ne veulent jamais agir que par l’autorité seule que leur donne l’opinion qu’on a de leur vertu. […] L’Officier déclare donc que « le Prince ayant pénétré dans le cœur du fourbe par une lumière toute particulière aux Souverains par-dessus les autres hommes, et s’étant informé de toutes choses sur sa délation, avait découvert l’imposture, et reconnu que cet homme était le même, dont sous un autre nom il avait déjà ouï parler, et savait une longue histoire toute tissue des plus étranges friponneries et des plus noires aventures dont il ait jamais été parlé : que nous vivons sous un règne, où rien ne peut échapper à la lumière du Prince, où la calomnie est confondue par sa seule présence, et où l’hypocrisie est autant en horreur dans son esprit, qu’elle est accréditée parmi ses sujets ; que cela étant, il a d’autorité absolue annulé tous les actes favorables à l’Imposteur, et fera rendre tout ce dont il était saisi ; et qu’enfin c’est ainsi qu’il reconnaît les services que le bonhomme a rendus autrefois à l’État dans les armées, pour montrer que rien n’est perdu près de lui, et que son équité, lorsque moins on y pense, des bonnes actions donne la récompense ». […] Je ne feins pas de vous avouer, que ce sentiment me paraît un des plus considérables effets de la corruption du siècle où nous vivons : c’est par ce principe de fausse bienséance qu’on relègue la Raison et la Vérité dans les pays barbares et peu fréquentés, qu’on les borne dans les Ecoles et dans les Eglises, où leur puissante vertu est presque inutile, parce qu’elles n’y sont cherchées que de ceux qui les aiment et qui les connaissent ; et que comme si on se défiait de leur force et de leur autorité, on n’ose les commettre où elles peuvent rencontrer leurs ennemis. […] Les Grands du monde peuvent avoir ces basses considérations, eux de qui toute la dignité est empruntée et relative ; et qui ne doivent être vus que de loin et dans toute leur parure, pour conserver leur autorité, de peur qu’étant vus de près et à nu, on ne découvre leurs taches, et qu’on ne reconnaisse leur petitesse naturelle : qu’ils ménagent avec avarice le faible caractère de grandeur qu’ils peuvent avoir ; qu’ils choisissent scrupuleusement les jours qui le font davantage briller ; qu’ils se gardent bien de se commettre jamais en des lieux qui ne contribuent pas à les faire paraître élevés et parfaits ; à la bonne heure : mais que la Charité redoute les mêmes inconvénients ; que cette Souveraine des âmes chrétiennes appréhende de voir sa dignité diminuée en quelque lieu qu’il lui plaise de se montrer, c’est ce qui ne se peut penser sans crime : et comme on a dit autrefois, que plutôt que Caton fût vicieux, l’ivrognerie serait une vertu, on peut dire avec bien plus de raison, que les lieux les plus infâmes seraient dignes de la présence de cette Reine, plutôt que sa présence dans ces lieux pût porter aucune atteinte à sa dignité.
Et à la vérité, si l’autorité et la simplicité de la sainte Ecriture demeure saine, et entière ; de laquelle nous avons déjà dit, qu’elle n’est pas matière de jeux : nous ne voudrions pas rejeter l’imitation de quelque honnête histoire, auparavant bien examinée, ou de quelque moralité bien exprimée, par les personnes que nous avons désignées, en lieu et temps convenable. […] Et d’autant qu’il n’y en a point, qui doivent plus toucher la conscience, que celles qui sont tirées de l’autorité de Dieu en sa parole, nous commencerons par là. […] » Le même en un autre lieu, « Il y en a , dit-il, quelques-uns d’une foi trop simple ou trop scrupuleuse, qui pour s’abstenir des spectacles, demandent une autorité de l’Ecriture. […] On apprend l’adultère en le voyant, et ces maux permis par l’autorité publique servant de maquerellage aux vices, celle qui peut-être était venue pudique au spectacle, s’en retourne impudique. […] L’autorité de la Religion, en une si grande affluence de biens, à peine pourrait contenir les mœurs en une juste mesure.
Maffei, s’appuyant sur l’autorité de Ronsard, a avancé dans la Préface de sa Traduction du premier Livre de l’Iliade) je puis répondre que nos Vers ont toutes ces graces dans la bouche de ceux qui savent les prononcer. […] Quelle autorité avoit-il ?
Sa sainteté, sa sagesse, ses lumières, son autorité dans l’Eglise, donnent le plus grand poids à son suffrage ; mais surtout, ce que n’ont pas plusieurs autres Pères, il a l’expérience. […] Son discours et son autorité furent si efficaces, que le Sénat fit enlever tous les sièges que l’on avait préparés pour voir le spectacle : « Hujus verbis commota senatoria providentia, etiam subsellia quibus in spectaculo civitas uti cœperat, prohiberet apponi. » Avec quel zèle eût-il totalement aboli ces jeux, si éclairé des lumières de la foi, il eût connu combien étaient méprisables les dieux que le peuple croyait honorer par ces fêtes !
Ce concile fut convoqué par l’autorité de l’empereur Constantin, à l’occasion du schisme des donatistes.
Pour mieux établir cette doctrine, nous irons chercher des preuves chez nos adversaires, et prendre des armes dans le camp ennemi, sans négliger l’autorité infiniment plus respectable des Pères et des Docteurs de l’Eglise.
Les meurtres, les usurpations, les infidélités, les trahisons, le mépris des Loix, les conspirations, etc. sont ordinairement le fruit que l’amour produit sur la Scène dans les Tragédies ; et dans les Comédies, qui font ici mon objet principal, c’est l’amour qui cause les divisions dans les familles, le mépris de l’autorité paternelle, la violation de la foi conjugale, la dissipation des biens, et tous les vices enfin où se livre un jeune homme qui ne connaît rien de sacré, quand il s’agit de satisfaire sa passion.
Elles étoient en petit nombre, renfermées, & sous l’autorité de la Supérieure, qui veilloit sur leurs actions. […] Et les maîtres ont ils le droit d’abuser de leur autorité pour faire perdre l’innocence, & s’oublier, se deshonorer, s’outrager eux-mêmes par leurs propres mains ? […] Mais on sent bien que ces graves autorités ne feront pas changer la saine morale.
Au reste je voudrais bien savoir sur l’autorité de qui M. […] Sur l’autorité de Plaute ? […] Je range sous trois articles, ces diverses autorités. […] Mais je crois avoir apporté des autorités assez fortes, assez évidentes, et en assez grand nombre pour que l’on doive s’en contenter. […] De quel poids ne doit point être l’autorité de tels hommes ?
Le Gouverneur de la Province, quoique Prince du sang, n’a qu’une autorité déléguée, & la justice n’est point rendue en son nom : son écusson ne peut être mis en parallele avec celui du Souverain dont-il tient la place. […] Deux motifs faisoient agir le Prêlat, il se prétendoit Gouverneur de la Ville, & en cette qualité avoit eu la foiblesse de donner aux comédiens la permission de jouer, & de les prendre sous sa protection ; emploi & conduite assez peu analogue à sa dignité ; il régarda les sermons du Théologal, comme un attentat sur son autorité, & une censure de la conduite.
La vengeance déchire un ennemi, l’ambition renverse un concurrent, l’envie ne peut souffrir de rival, la malignité se repaît du mal des autres, l’impiété blasphême la religion dans ses Ministres, la vertu dans ses disciples, la foi dans ses défenseurs, la révolte attente sur l’autorité dans ceux qui l’exercent, sur les droits de la société, en troublant la paix par les divisions qu’elle y seme, les guerres qu’elle y entretient. […] La religion a toûjours eu des adversaires ; mais on ne l’a attaquée que d’une maniere grave & sérieuse, par l’érudition, le raisonnement, l’autorité.
Ne compte-t-on pour rien les secours spirituels, la priere, les lectures de piété, les exhortations du Confesseur, l’autorité des Supérieurs, le bon exemple, les exercices de pénitence, la fréquentation des sacremens, l’éloignement de occasions, l’habit que l’on porte, les vœux qu’on a faits, les graces abondantes que Dieu prodigue à ceux qui le servent ? […] Une veuve a peu d’autorité, la fille a sa légitime dans les biens de son père, avec quoi elle peut s’établir.
Mais que servent ces autorités ?
Les païens dont la vertu était imparfaite, grossière, mondaine, superficielle, pouvaient l’insinuer par le théâtre : mais il n’a ni l’autorité, ni la dignité, ni l’efficace qu’il faut pour inspirer les vertus convenables à des chrétiens : Dieu renvoie les Rois à sa loi, pour y apprendre leurs devoirs : « Qu'ils la lisent tous les jours de leur vie »Deut.
Ce n’est pas un tyran de gouvernement, qui abuse de son autorité, et qu’il faut souffrir patiemment, Athalie, quoiqu’idolâtre, ne persécutait pas la vraie religion, mais un tyran d’invasion, qui s’est emparé par violence du souverain pouvoir, dont on le dépouille, pour le rendre au maître légitime, comme si on avait assassiné Cromwell ou le Prince d’Orange, qui furent des usurpateurs, pour remettre sur le trône Charles II ou Jacques II, les Rois légitimes. […] L’imagination, également remplie de carnage, dont on vient de voir le tableau, rend le spectateur cruel, féroce, rebelle, indépendant ; il verrait de sang froid les séditions et les meurtres, il y prendrait part, et malheur à l’autorité souveraine, si jamais des calamités publiques la rendaient faible ou douteuse ; elle trouverait dans le peuple dramatique des ennemis secrètement armés contre elle par leur goût. […] On n’y parle que de fidélité et de dévouement à son Prince, de courage pour soutenir son autorité, au prix des biens et de la vie, d’amour pour la patrie au-dessus de tous les parents, de modération, de patience dans les plus grands revers, etc. […] Cela peut être ; mais cette protection n’aurait pas tiré ce poème de la foule, si l’autorité royale et l’ascendant de la vertu, qui sait la faire estimer même sur le théâtre, ne lui eussent donné la plus grande faveur.
Que si l’Eglise a tant d’aversion pour une pratique Juive, quoyque d’ailleurs consacrée par l’exemple du Sauveur, quel éloignement ne devons-nous pas avoir pour une invention Payenne, qui ne se trouve appuyée de l’autorité ny de l’exemple d’aucun Saint ? […] Ce qui sans doute diminuëroit l’autorité de cet excellent ouvrage, & ôteroit tout le poids aux grandes véritez qu’il y enseigne, en faisant croire qu’il y auroit débité une morale outrée, aussi éloignée de la douceur de l’Evangile de Jesus-Christ, qu’approchante de la rigueur des superstitions de Montan. […] Quand il le soûtiendroit dans un sens abusif, on ruineroit son opinion par la maxime qu’il a luy-même établie, qu’un Docteur particulier ne fait pas la loy ; & que l’autorité de l’Eglise doit estre préferée à celle d’un saint Jerôme, d’un saint Augustin, & de tout autre Docteur, & par consequent à celle de saint Thomas luy-même, magis standum est autoritati Ecclesiæ, quàm autoritati, vel Augustini, vel Hieronymi, vel cujuscumque Doctoris.
Faux, par rapport à Caton, qui était pieux dans sa religion, à qui on ne peut supposer des sentiments irréligieux, sans combattre l’idée qu’a de lui tout le monde, et affaiblir l’autorité qu’on lui attribue dont on a besoin, pour donner du poids à la comparaison. […] Qui entend ce galimatias, verser l’âme dans le cœur.Un républicain n’aime pas l’autorité royale ; mais ne méprise pas le rang des rois, il ne serait pas grand, il serait fou. […] L’orateur chrétien parle avec autorité de la part de Dieu et pour sa gloire ; le devoir et la vertu forment son auditoire, la modestie et le silence y règnent.
Lorsqu’Athalie est elle-même forcée de reconnoître celui dont elle occupe le Trône, celui qui reconnu son Roi, va la faire égorger : personne ne peut plus douter de la certitude d’une Reconnoissance qui produit la Catastrophe, Athalie perdant une autorité usurpée, & succombant sous l’autorité légitime. […] Pour qu’il fût encore plus mauvais, entre les deux Ouvriers qui y travaillent, la principale autorité est donnée à celui qui devroit obéir.
On sent combien une telle autorité doit être respectée ; mais si ce divertissement étoit pur & innocent, il ne mériteroit plus une telle censure ; car si le principe de la vie sérieuse que commande la Religion, étoit porté trop loin, contre la pensée de Bossuet lui-même, il excluroit les plaisirs les plus innocents.
Je prie d’observer aussi que je ne me suis permis cette discussion tardive ou réchauffée sur cet auteur respectable, dont on ne peut lire les principaux ouvrages sans admiration, qu’enhardi par la pensée que malgré tout ce qui en a été dit, on pourra encore le discuter sous quelque rapport, même dans des siècles, comme nous le faisons tous les jours des anciens auteurs grecs et latins les plus fameux ; et me sentant d’ailleurs soutenu, quant au fond, par de grandes autorités, par celles de Labruyère, de Racine, du président de Lamoignon, de Bourdaloue, des savants de Port-Royal et d’autres, qui en ont parlé dans le même sens, qui ont combattu la comédie en question à sa naissance, et l’ont jugée dangereuse unanimement, par des présomptions, par des calculs de probabilité seulement, et sur qui j’ai donc l’avantage du temps, de plus longues observations, des faits, ou de raisons positives, en un mot, de l’expérience.
Sur quelle autorité sont-ils fondés ?
Beaux Vers de ce Prélat contre les Spectacles, 309 Grégoire Evêque d’Antioche, joué sur le Théâtre, 134 Guiart des Moulins, bon écrivain pour son temps, 204 Guzman Jésuite, sa réponse à ceux qui se servent de l’autorité des défenseurs du Théâtre pour y aller, 290 H Harlay (M. de) Archevêque de Paris, son éloge, 15 Héliogabale Empereur, est lui-même Comédien, 67.
L’autorité de l’Eglise & des Saints Peres, contre le fard, est d’un fort petit poids au théatre ; mais que dire contre le Docteur Moliere ? […] il paroît qu’il y avoit à Rome un Magistrat, & de compagnies de Guet à ses ordres, chargés de veiller nuit & jour, sur les incendies, pour les prévenir ou les éteindre ; & ce n’étoit pas seulement les incendiaires décidés, qui de propos délibéré mettoient le feu aux maisons, ce qui a toujours, été un crime capital ; mais encore ceux qui négligeoient de couvrir, d’éteindre le feu, qui en portoient négligemment, par la faute desquels le feu pouvoit prendre, sans aucune mauvaise volonté, que ce Magistrat devoit sur le champ punir sévérement, de son autorité, les faisant foueter ou fustiger : Virgis aut fustibus cædi jubet.
rapporte le reproche que faisoit à ses disciples le plus fameux Orateur & Maître d’éloquence de Rome, qui joignit aux plus rares talens la gravité, l’autorité & les bonnes mœurs. […] Les Romains, ombrageux sur leur autorité, s’imaginerent qu’il vouloit par là préparer le peuple à lui accorder les honneurs royaux, & faire entendre qu’il étoit supérieur aux Rois, en faisant servir le diademe de jarretiere.
Ces titres sont donnés au hasard, on enseigne aussi-bien les maris que les femmes, ou plûtôt les filles, à qui on apprend à secouer le joug de l’autorité, & tromper leurs parens & leurs tuteurs par des fourberies & des mensonges, & à se faire enlever par leurs amans, & même à s’aller jeter entre leurs bras avec la plus grande indécence. […] La sagesse des parens s’oppose aux passions insensées : il faut mépriser leur autorité, & faire des mariages malgré eux ; faisons un jeu de l’adultère, ce n’est pas un crime, c’est un panache sur la tête des maris ; leur jalousie est un ridicule, une petitesse inutile, on n’en fait pas moins, voilà Isabelle & Agnès.
Mais depuis Constantin, sans même excepter le regne fort court de Julien l’Apostat, tout ce qui est monté sur le trône des Césars n’a plus mérité de pareils reproches, tout au contraire a employé son autorité avec zèle, jusqu’aux Princes Wisigots, pour purger les spectacles. […] ) n’ont eu d’autre objet, parce que malgré la religion dominante, l’autorité du trône, les anathèmes de l’Église, la prétendue réforme, le théatre a toûjours été & sera toûjours l’école du vice.
Cette secte dangereuse, dit-il, a employé toutes les ressources, & pour étendre la corruption elle a empoisonné les sources publiques ; éloquence, poësie, histoire, romans, jusqu’aux dictionnaires, tout a été infecté, & nos Théatres eux-mêmes, ont renforcé les maximes pernicieuses dont le poison acqueroit un nouveau dégré d’autorité sur l’esprit national, par l’affluence des spectateurs & l’énergie de l’imitation. […] Je ne puis pardonner, dit Fenelon, (Lettre à l’Académie) à cet Auteur (à Moliere), d’avoir donné un tour gracieux au vice, & une autorité ridicule & odieuse à la vertu.
Grégoire de Nazianze que pour abuser de son autorité en faveur de la Comédie. […] Si vous ne suivez son exemple vous ne pouvez employer son autorité, et vous ne sauriez dire que parce qu’il a fait une Tragédie Sainte, il vous est permis d’en faire de profanes.
Que dira-t-on contre une autorité aussi respectable ? […] » S’il est permis en parlant aux suppôts du Parnasse, d’en citer l’autorité : on peut bien dire des Comédiens comme Virgile disait du perfide Sinon, je crains jusqu’à vos présents : « Timeo danaos et dona ferentes. » 4.° Le Démon ne dit quelque vérité que comme un appât, un passeport pour faire recevoir le mensonge.
Je ne garantis ni la justesse du raisonnement de ces Ecrivains dans des objets si différents, ni leur autorité pour faire ce changement de discipline, ni la sagesse de leurs mesures pour assurer le repos public, aux dépens de la religion et des mœurs, par une tolérance universelle ; il me suffit que les Comédiens aient toujours été traités de même, que dans toutes les opinions on ait unanimement reconnu qu’indépendamment de toute excommunication, on a dû leur refuser, et on leur a refusé en effet tous les sacrements, en vertu de leur péché, de leur scandale public, sur la seule notoriété. […] Il est vrai que ce livre n’a aucune autorité, et qu’il contient bien des choses répréhensibles ; mais cette décision paraît appuyée par divers passages et divers exemples des Pères, qui ont témoigné la plus grande horreur pour les présents des excommuniés et des pécheurs, et même sur des passages de l’Ecriture, qui disent expressément : « Oblationes impiorum abominabiles, dona iniquorum non probat Altissimus. » Et S.
b Nous avons été avertis que plusieurs voleries, meurtres, & assassinats se commettent par les champs par personnes masquées : Nous voulons qu’il leur soit courusus par autorité de Justice & avec les Officiers d’icelle, en toute voïe d’hostilité, & à son de toxin : & qu’étant apprehendez ils soient punis par les Juges des lieux sans dissimulation. » « Par arrest de Paris (dit Bouchel) du 25. […] Si sont chargez les Consistoires de bien pratiquer cet article, en faire lecture publique au nom de Dieu, en l’autorité des Synodes. […] Voici les propres termes de ce Synodea : « A cause des danses & dissolutions qui croissent & pullulent par toutes les Eglises, a esté avisé que les Consistoires seront exhortez au nom de Dieu de bien pratiquer l’article du Synode de Figeac, & d’en faire lecture publiquement au nom de Dieu & en l’autorité de cette Compagnie, & les Colloques & Synodes chargez de censurer les Consistoires qui n’y auront fait, & n’y feront leur devoir. » Le Synode de Figeac, dont il est ici parlé, fut tenu en 1579.
Il faut avoir une envie étrange de se munir du nom des Auteurs graves, & de se donner des garants d’importance, pour vouloir nous persuader par l’autorité de quelques Critiques de réputation qui ont eu de l’indulgence pour Moliere, que ces vices qu’il a corrigés fussent autre chose que des maniéres extérieures d’agir & de converser dans le monde.
Toute l’autorité publique eût bien de la peine à interrompre les spectacles dans un si grand malheur.
Premièrement, puisque la grâce de Jésus-Christ, laquelle suppléait abondamment à la rigueur des lois de Moïse pour conserver dans ce Sexe l’honnêteté des mœurs, est maintenant si violemment contredite, et combattue par une conduite libertine ; Je voudrais sans en revenir à toute la sévérité Judaïque contre les filles et les femmes, que l’on fît trois ou quatre règlements bien appuyés de l’autorité Episcopale, et bien déclarés aux personnes intéressées.
Vous avez trop de piété, Monsieur, pour vouloir en dédire Saint Augustin : mais s’il m’était permis de me citer, profane que je suis, après une autorité sacrée, j’oserais vous rappeler une tirade de ma Satire, où j’ai fait voir qu’on ne va point à la Comédie pour se rendre plus vertueux ; qu’on y va seulement dans la vue d’un délassement agréable ; qu’au contraire notre orgueil se rend quelquefois plus fier par le plaisir malin que nous sentons à détourner sur le prochain la peinture des vices qui sont représentés dans les Comédies ; qu’enfin tout le fruit qu’on en retire, c’est d’apprendre le secret d’être vicieux, sans passer pour ridicule.
Cela est ainsi : car ils y ont apporté des raisons très convaincantes, avec des autorités et censures capables de contenter, et de contenir toute personne qui n’aura point perdu le Jugement.
Puissance séculière, c’est la puissance du prince, elle est établie par Dieu même, et tous les fidèles doivent s’y soumettre, pag. 338 ; le prince, comme protecteur des saints canons de l’Eglise, a une surveillance et une autorité spéciale sur les prêtres, pag. 338, 357, 359 et 360 ; elle a la suprématie sur la puissance ecclésiastique, et les conciles anathématisent les prêtres qui faussent leurs serments envers les souverains et qui attentent à leur vie, pag. 331*.
» Cette discipline fut observée en France ; sans accumuler ici les autorités, il suffit de citer les Statuts Synodaux du Diocèse de Soissons de l’an 1561. non seulement on refusait la sépulture Ecclésiastique à ceux qui étaient morts sur la place, mais encore à ceux qui mouraient de leurs blessures : « De jure prohibentur, dit-on dans le titrede sepulturæ, qui torneamento exercendo in ipso et ex ipso exercitio moriuntur, aut ibidem etiam lethale vulnus, unde mors secuta sit, acceperunt.
Employez l’autorité de Saint Augustin et de Saint Bernard, pour le déclarer Visionnaire.
On débitera des maximes impies ; on inspirera le mépris de Dieu & de toutes ses loix ; & un Magistrat se croira aussi innocent qu’il est insensible, & il négligera de remédier à des déréglemens qui ne peuvent être arrêtés que par une autorité qu’il a reçue de Dieu ? […] Mais, qu’est-il besoin d’autorité, où il ne faut que le témoignage de la conscience ? […] Mais je fais que vous opposez d’abord à tous les traits d’autorité, un bouclier que vous croyez impénétrable, c’est la différence prétendue que vous affectez d’exagérer entre les spectacles anciens & les spectacles de nos jours : j’avoue qu’il étoit autrefois des spectacles infâmes par eux-mêmes, spectacles même d’une infâmie grossiére, spectacles qui eussent fait rougir les fronts les plus endurcis aux crimes ; spectacles, crimes plutôt eux-mêmes, que représentations de crimes : les ai-je peint de couleurs assez noires ? […] Cependant ne raisonnons pas davantage, concluoit-il enfin : voulez-vous indépendamment de l’autorité & de l’Ecriture même, une preuve sans replique ? […] J’entasserois en vain pour le détromper autorité sur autorité ; on prétexte toujours la modestie du théâtre de nos jours ; & moi je dis en premier lieu, que ce spectacle si chaste, si honnête en apparence, est le plus sûr écueil de l’innocence.
Et des Dames Chrétiennes peuvent-elles y assister, aprés ce qu’ils en ont dit, sans montrer, ou que l’on fait peu d’estime de leur autorité, ou que l’on croit, que Dieu ne les a pas établis dans son Eglise, pour être les oracles des peuples ?
Non ; jamais dans aucun pays du monde l’autorité légitime n’a parlé en sa faveur ; ce n’est que la patience du gouvernement, qui souffre ou dissimule ce qu’il croit ne pouvoir empêcher. […] Le Clergé avoit alors plus d’autorité pour la contenir.
Et des Dames Chrétiennes peuvent-elles y assister, aprés ce qu’ils en ont dit, sans montrer, ou que l’on fait peü d’estime de leur autorité, ou que l’on croit, que Dieu ne les a pas établis dans son Eglise, pour estre les oracles des Peuples ?
Les leçons de morale y sont d’ordinaire d’un froid à glacer l’auditeur, il ne se plaît que dans l’intrigue, qu’à voir surmonter par des personnes passionnées, l’une pour l’autre les divers obstacles qu’oppose la prudence de ceux qui ont autorité sur elles, dans les larmes qu’ils versent lorsqu’ils sont forcés de se séparer.
Le nombre, la qualité, l’éclat de ceux qui se trompent comme eux, fait une espèce d’autorité qui leur rend cette erreur plus plausible ; et dès qu’on s’y plaît et qu’on l’aime, on ne veut pas que ce soit une erreur.
Thomas, de l’autorité duquel je me fusse contenté s’il eût été simplement question de vous prouver que la libéralité est plus honnête que l’avarice, le parler plus nécessaire que le silence et la vertu plus louable que le vice, car cela se défend assez de soi.
Les Prédicateurs ne souffriraient point que la Chaire et le Théâtre fussent confondus, et qu’on allât apprendre de la bouche des Comédiens, ce qu’on débite avec autorité dans les Eglises à tous les peuples.
Car premièrement, c’est avec beaucoup de fondement que dans cette question l’on récuse l’autorité des Pères des cinq premiers siècles. […] C’est en quoi l’on a pu se tromper, quand on a dit dans l’exposé que les Auteurs Ecclésiastiques des premiers siècles de l’Eglise, comme Salvien et Lactance n’ont condamné les Spectacles que par des raisons particulières qui ne se rencontrent pas dans ceux de ce siècle : on a apporté ci-devant l’autorité de Salvien. […] Les Evêques dans leur Rituels ou dans leurs Instructions touchant les Comédiens n’ont point fait un droit nouveau, ils ont suivi en cela les Pères de l’Eglise et les Conciles dont on a rapporté ci-devant les autorités. […] L’on apporte ordinairement sur cette matière l’autorité de saint François de Sales, lequel dans quelques endroits de son Introduction à la vie dévote, semble favoriser la Comédie.
Cet abus de l’autorité confiée est-il un défaut naturel ? […] Mais ce ridicule, en amusant le peuple, ne devait pas affaiblir l’autorité de la vertu ; et le comble de l’art était de composer un caractère à la fois respectable et risible, qualités qui semblent s’exclure, et que Molière a su concilier. […] Rousseau accorde, s’il le peut, son opinion avec l’autorité que je lui ai opposée ; son contradicteur, c’est lui-mêmeg. […] Il lui a donné pour ami, non pas un de ces honnêtes gens du grand monde, « dont les maximes ressemblent beaucoup à celles des fripons ; non pas un de ces gens si doux, si modérés, qui trouvent toujours que tout va bien, parce qu’ils ont intérêt que rien n’aille mieux » ; mais un de ces gens qui aimant le bien, et condamnant le mal, se contentent de pratiquer l’un, et d’éviter l’autre ; qui ne se croient ni assez de vertu, ni assez d’autorité pour s’ériger en censeurs publics, et faire le procès à la nature humaine ; qui, sans être complices ni partisans des vices destructeurs de l’ordre, tolèrent les défauts, ménagent les faiblesses, flattent les vaines prétentions, passent légèrement sur les épines de la société, et s’épargnent les chagrins et les dégoûts d’un déchaînement inutile. […] La première concurrence pour l’autorité fut décidée à coups de poing, la seconde, à coups de massue : ensuite vinrent la hache et l’épée ; et dans cette manière de régler les droits, il est clair que les femmes n’avaient rien à prétendre.
Avouez, Mademoiselle, que votre Avocat étoit bien fondé à décliner l’autorité des Saints Peres, il appréhendoit une nuée de témoins qui déposent contre lui, il voudroit qu’on le traduisît au Tribunal de la raison, j’y consens volontiers, persuadé que son jugement ou celui des Auteurs qu’elle a fait parler n’est pas moins défavorable à votre cause.
ce fidelle qui imite la candeur & la bonne foi des premiers Chrétiens, qui marche sur leurs traces : un homme qui n’est vigilant que pour empêcher que le vice n’entre dans son ame, qui n’est juste que pour abandonner lui-même ses droits temporels & soûtenir ceux de ses Freres, qui n’est puissant, grand, élevé en autorité que pour défendre ceux qui ont besoin de son appui, & proteger le foible & l’innocent : heureux que pour combler les pauvres de ses bien-faits : sincere qui n’entretient pas le vice en le dissimulant : désinteresse qui ne trahit pas son ministere pour un vil interêt : charitable qui ne fait pas ses largesses du bien d’autrui ; mais qui fait de son bien propre le patrimoine de l’indigent : patient qui ne murmure pas contre la main Toute-puissante qui le frappe, & qui pardonne une injure si-tôt qu’il l’a reçuë : doux & affable au milieu de l’éclat & de la pompe qui l’environne, pénitent dans la prosperité comme dans l’adversité, joïeux dans les maux comme dans les biens.
Aristote a une si grande autorité dans cette matiere, qu’il a trouvé par tout des Commentateurs, des Traducteurs, & qu’il a la gloire de pouvoir compter au nombre de ses Interpretes, le Maître de notre Théâtre.
Je pourrais dire toutefois qu’il savait bien ce qu’il faisait en laissant jouer Le Festin de Pierre, qu’il ne voulait pas que les tartufes eussent plus d’autorité que lui dans son royaume, et qu’il ne croyait pas qu’ils pussent être juges équitables, puisqu’ils étaient intéressés.
L’autorité de ce célèbre Père de l’Eglise, dont nous allons rapporter les sentiments, est décisive pour les Magistrats, qui font l’objet de ce second livre.
Racine justifie l’amour d’Alexandre pour Cléofile par l’autorité de Justin ; mais s’il peut en parler comme Historien, je crains bien qu’il ne puisse pas le défendre comme Poète tragique.