Je pense encore que de pareils rapprochements en politique comme en religion, loin d’être irrespectueux et nuisibles à la religion et à l’Etat, sont au contraire dignes d’approbation et véritablement nécessaires, puisqu’ils tendent à la réforme d’abus intolérables. […] Si on voulait y réfléchir on y apercevrait des dissonances choquantes, qu’on pourrait en quelque sorte comparer à une espèce de hurlement et d’aboiement, d’autant plus remarquables, qu’ils tendraient à faire connaître les différentes nuances de l’hypocrisie et de la corruption du cœur humain. […] Ce héros en est bien dédommagé par les vœux de onze millions d’hommes libres, qui naguères l’entouraient en lui offrant des hommages respectueux, accompagnés des accents de la plus tendre reconnaissance.
L’amour est présentement la passion qu’il y faut traiter le plus à fond ; et quelque belle que soit une pièce de Théâtre, si l’amour n’y est conduit d’une manière délicate, tendre et passionnée, elle n’aura d’autres succès que celui de dégoûter les Spectateurs, et de ruiner les Comédiens. […] Mais le cœur ému par cette représentation n’a pas les mêmes bornes, il n’agit pas par mesures ; dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination, et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, de vers tendres,délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de retenue. […] Y a-t-il personne qui ne songe plutôt à se récréer en voyant jouer Cinna, sur toutes les choses tendres et passionnées qu’il dit à Emilie, et sur toutes celles qu’elle lui répond ; que sur la clémence d’Auguste à laquelle on pense peu, et dont aucun des spectateurs n’a jamais songé à faire l’éloge en sortant de la Comédie ?
Cessez donc, vous dira-t-il, cessez vos longs gémissements, épouse infortunée, que la faulx du trépas a privée du plus tendre objet de vos affections. […] tout ne tend-il pas au rétablissement des choses utiles et grandes ? […] Les muses, ces aimables et tendres sœurs, qui toujours avec la rapidité de l’éclair, fuient au premier bruit des désordres civils, les muses ont-elles pu jamais inspirer de si lugubres accents ? […] Celle du sentiment le plus tendre que nous puissions éprouver, peut avoir une bien autre influence. […] Qu’on me dise donc si, abstraction faite de toute idée religieuse, l’autorité purement civile, n’a pas un grand intérêt à réprimer tout ce qui tend à avilir la véritable morale de l’évangile ?
La plus-part de ses personnages savent par cœur la carte du tendre ; elle n’oserait se faire voir sans être accompagnée d’un habile décorateur, & d’une foule de gardes.
Ce n’était pas là pourtant le motif principal de mon Ouvrage ; si on le lit relativement à l’intention que j’ai eue d’annoncer de loin ce que j’avais à dire sur la Réformation, on y trouvera nombre de traits qui tendent à ce but : je m’apperçus dans le temps que personne n’y avait fait attention, et je compris qu’il fallait parler plus clairement.
Voilà trois Spectateurs agités de trois différentes passions : et je conviens que leur agitation subsistera pendant quelque temps en se calmant successivement et peu à peu ; mais après deux ou trois heures au plus, tous ces mouvements s’apaiseront et la tranquillité reviendra aussi parfaite qu’elle était avant qu’ils allassent au Théâtre ; par malheur la même chose n’arrivera pas à ceux qui auront été vivement agités et touchés de la malheureuse catastrophe de la tendre passion que Chimène et Rodrigue ressentent l’un pour l’autre.
Ce ne sont que des Lettres galantes en vers tendres sur des sujets factices, la plupart faux & souvent absurdes, comme Zeila au Sérail, Barneveld en prison, &c. […] Qui damnoient la moitié du globe, Et vouloient en être adorés, Enfin ces mortelles aimables Qui savent charmer nos loisirs, Et sur la Scène par des fables, Nous donnent de si vrais plaisirs, Ces Sirenes enchanteresses Trouveront des juges plus doux, Heureux si leurs tendres foiblesses Pouvoient arriver jusqu’à nous ; Nous, le Clergé de St. […] C’est que son Epicurisme affranchi de la servitude des préjugés, & se représente au bout de sa carriere un Dieu bon qui lui tend les bras, non un tyran imaginaire attendant aux bornes de l’existence, un être qu’il a créé foible pour le punir de ses foiblesses & lui faire expier par une éternité de douleur des plaisirs d’un instant. […] Vous, Martial, Ovide, Anacréon, Chaulieu, Grecour, toi, l’ami de Mecene, Toi, tendre muse, amante de Phaon, Toi, libertin & joyeux Lafontaine, Tous gens choisis, tous arbitres experts, L’enfer se tut pour écouter tes vers, Et dans le temps que notre ombre en fourrure, A haute voix nous en fit la lecture.
Cette morale est exprimée en petits vers tendres, chantés par des syrenes, relevés par la symphonie, peints dans les décorations & les machines. […] Les ruses de l’amour sont infinies, & ce n’est pas par des valets, des gens de la lie du peuple, comme dans quelques farces, c’est par des gens polis, habiles, distingués par la fortune, les places, les talens, des hypocrites d’une vertu apparente, qu’on fait tendre les pieges & porter les coups. […] Au contraire on leur apprend à la faire naître, à l’entretenir, à la tendre plus vive ; on leur apprend les mystères de l’amour, le langage des yeux, l’expression du geste, le hasard des rendez-vous, les fuites attrayantes, le sel des refus, l’intelligence des équivoques, le commerce des présens, l’art d’écrite des lettres, d’irriter les désirs, d’entretenir les espérances, de tromper les surveillans, de trouver des prétextes pour cacher & montrer un amour impatient de se faire connoître, & qui craint d’être connu. […] On voit un nombre d’Acteurs choisis, parés avec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer, & que la passion qu’ils expriment peut inspirer ; de jeunes personnes qui se font un point d’honneur de plaire, gagés pour peindre la passion de la maniere la plus vive, qui se font une gloire de l’inspirer ; des voix douces & insinuantes, des manieres engageantes, des paroles tendres, des vers composés avec art pour inspirer l’amour ; cet assemblage prodigieux de choses, dont une seule seroit une tentation, n’est-il qu’un amusement indifférent ?
C’est pour vous que les Orestes & les Pylades réiterent leur tendre querelle, & se disputent le prix du sacrifice de leur vie en faveur du frere ou de l’ami. […] Non certes : ce sont choses qu’on peut appliquer indifferemment au grave comme au tendre, à l’heroïque comme à l’effeminé. […] Corneille dans le grand avoit étonné les esprits par la majesté pompeuse de ses pensées ; Racine dans le tendre fascina les cœurs par le charme enchanteur des sentimens. […] Les soupirs avoient couronné ce grand Maître ; vainement les désavoua-t’il ; vainement la pieté le ravit-elle aux honneurs du Théatre ; les Eléves nombreux soumirent le Cothurne aux loix du tendre Législateur : ils leur sacrifierent la sévérité des loix fondamentales de la Scéne. […] Rappellez vous ce que vous fûtes au beau siécle de vos peres ; quel air & quelle ame d’Amazone aussi chaste que courageuse vous donna Eschile ; de quelle mâle & severe dignité vous orna Sophocle ; quelle humaine & tendre compassion vous inspira Euripide, Qu’estiez-vous alors !
… … … … … Vous êtes donc bien tendre à la tentationh, Et la chair sur vos sens fait grande impression ? […] Cette déclaration ingénieuse, tendre, écoutée, heureuse, leur trace la route qu’ils cherchent, les flatte du même succès. […] Comment ne suivraient-elles pas leur penchant, et étoufferaient-elles leurs tendres sentiments ? […] De sorte que si on réduisait le Théâtre (comme il le faudrait dans ce cas) aux Pièces nouvelles, et à celles qui parmi les anciennes ne pourraient être accusées de grossièreté, les Comédiens n’auraient pas grande obligation à M.F. d’avoir donné l’idée d’un plan qui tend, il est vrai, à rendre le Théâtre plus décent, mais qui tend aussi à le rendre stérile. […] On les voit si tendres, si passionnées, qu’on désire être l’objet heureux de tant de sensibilité, de réaliser des fictions si charmantes, et de goûter des plaisirs si bien assaisonnés.
On n’en a apperçu que le germe ; c’est ce qui fait dire à Saint Evremont : « chez nous ce qui doit être tendre, n’est souvent que doux ; ce qui doit former la pitié, fait à peine la tendresse.
Tu n’auras qu’à mon retour le travail de ton tendre, de ton généreux Amant (c’est à l’Actrice que je parle) : je te trouve assez occupée… Je gagerais que tu reviendras plus d’une fois au joli portrait… Ma sœur, quelle situation !
Les vertus morales persécutées sur notre Théâtre, 248 Les Héroïnes de nos Comédies aussi vertueuses que les Héros avec le même succès qu’eux, 250 Les jeunes personnes de condition ont des mœurs plus saines dans Plaute et dans Térence, 251 Vaine Justification de l’Astrologue Joué, dans sa Préface, 254 Sentiment d’Horace contraire à celui de l’Astrologue joué, 256 Exemple de Ben Jonson inutile pour justifier l’Astrologue Joué, 260 Autorité de Shakespeare opposé à l’Astrologue Joué, 263 Erreur de l’Auteur de l’Astrologue Joué, sur la différence qu’il met entre la Tragédie et la Comédie, 265, 266 Le divertissement n’est point la fin principale de la Comédie, 267 La Comédie et la Tragédie, quoique par une route différente, doivent tendre à une même fin ; qui est la réformation des mœurs, 268, et suiv.
Nous vous conjurons, Mes très chers Frères, par Notre Seigneur Jésus-Christ de vous en abstenir : Evitez les pièges funestes que le Démon vous a tendus ; ne fournissez pas à vos convoitises de quoi se soulever contre vous.
En un mot je respecte les règles, lorsqu’elles me paraissent dictées par la nature et conformes à la raison ; mais je ne les écoute pas quand elles forcent la nature, et que, contraires au bon sens et à la raison, elles ne tendent qu’à nous mettre aux fers comme des esclaves.
Le Christianisme tend à nous rendre conformes à l’image du Fils de Dieu 26, et à nous faire acquérir les vertus qu’il nous commande, l’amour de Dieu, l’humilité, la pureté, le mépris du monde, la mortification, l’oubli des injures, le pardon des ennemis. Le Théâtre prêche, inspire l’amour profane, l’orgueil, l’ambition, l’estime des maximes du monde, la dissolution, la vengeance ; il tend enfin à détruire la Religion par ses fondements. […] » « Le mal qu’on reproche au Théâtre, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’âme à des sentiments trop tendres qu’on satisfait ensuite, aux dépens de la vertu. » « Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes,37 s’ensuit-il de là que les impressions en sont plus faibles, que les effets en sont moins dangereux ? […] Comme la fréquentation des Spectacles et des lieux publics d’amusement, tend malheureusement à détourner les Peuples de l’attention qu’il leur est indispensable de donner aux moyens nécessaires pour la défense de leur pays et le maintien de leurs libertés : Arrêté que toutes personnes qui, exerçant un emploi quelconque sous les Etats-Unis, représenteront sur un Théâtre, y feront représenter, ou encourageront par leur présence ou autrement ces sortes de Spectacles seront jugées indignes de conserver leur emploi, et en conséquence destituée.
Qu’il l’auroit rendue intéressante, majestueuse, énergique, cette mere dont les tendres entrailles sont déchirées par ses enfans ! […] Racine est tendre jusques dans sa haine, Crebillon, sombre jusques dans l’amour, Corneille boursoufflé jusque dans les valets, Scarron burlesque jusques dans les Princes. […] Arnaud n’en fut le grand Corneille, ou le sombre Crebillon ; car il ne sera jamais le tendre Racine ; & le tendre Racine ne seroit point goûté dans ces affreux climats, où les piéces & le genre de génie de Mr.
» . « Ils vont, dit il, avec tant d’ardeur, écouter certaines chansons qui ne respirent que la mollesse, qui ne tendent qu’à corrompre les mœurs, et qui font naître dans l’esprit des Auditeurs, déjà assez effrénés d’eux-mêmes, toutes sortes d’impudicités, de telle manière qu’il ne peuvent jamais se rassasier de ces chansons. […] » . « Il ne faut point, dit-il, être curieux de voir ces spectacles, et les vaines représentations de ces Charlatans ; il ne faut point non plus prêter l’oreille à ces airs qui ne tendent qu’à corrompre l’âme : car cette espèce de musique ne porte point ordinairement d’autre fruit que l’esclavage et la dégradation de l’âme, outre cela elle irrite les passions. […] » , tend à les entretenir dans leur iniquité, comme celui qu’on donne à une femme débauchée. […] suppose cette vérité, quand il dit « Que les Comédiens n’ont jamais dessein de rendre meilleurs ceux qui vont à la Comédie ; et quand ils le voudraient, ils ne le pourraient pas, parce que leur Profession ne tend et n’est propre qu’à nuire. » Il avait dit une ligne auparavant : « De sorte que si ceux qui vaquent à ces bouffonneries deviennent meilleurs, la Profession des Comédiens s’anéantira. […] » « elle regardait, dit-il, comme une chose honteuse et tout à fait indécente, de gâter un esprit bien élevé, et encore tendre par toutes ces histoires tragiques de femmes dont les Poètes sont remplis, ou par les saletés qui se trouvent dans les Comédies.
N’en est-ce pas assez pour justifier les alarmes du zèle, et la délicatesse de la vertu, et condamner la témérité de ceux qui osent tendre ce piège, courir ce risque, ou l’autoriser par leur exemple ? […] Peut-il paraître au théâtre, que son état même l’oblige de proscrire, sans être censé l’autoriser, sans jeter dans la tristesse les gens de bien qui voient mépriser la vertu et triompher le vice, et remplir de joie les méchants, qui ont droit de s’autoriser dans leurs désordres par de si grands exemples, et sans tendre des pièges aux âmes faibles, dont on affaiblit les remords, et donner de l’audace aux Comédiens, dont on entretient et accrédite l’infâme profession par la même autorité qui l’a couverte d’infamie ? […] Ils chassèrent de leur Corps le tendre consultant, le déférèrent au Parlement, demandèrent sa punition, et y dénoncèrent son ouvrage.
Leurs fictions ne doivent point être entendues grossiérement ; elles tendent presque toutes à établir les trois importantes vérités de la Religion naturelle, qui sont l’immortalité de l’ame, l’existence d’une Divinité, & une Providence. […] … … … … … Bientôt l’Amour fertile en tendres sentimens, S’empara du Théatre, ainsi que des Romans. […] « Quand il seroit vrai, dit-il, qu’on pût tirer quelque fruit des meilleurs Romans, pour se former le style, il n’égaleroit pas le péril auquel on s’exposeroit de s’amollir le cœur par une lecture trop tendre. […] L’image séduisante de la passion de Calypso, & des tendres sentimens de la jeune Eucharis pour Télémaque, est bien capable d’enflammer le cœur d’une jeune personne d’un feu qui ne brûle jamais impunément. […] On verra qu’elles tendent toutes plus ou moins à favoriser l’empire de la volupté, & que les défenseurs des Théatres doivent succomber sous les armes de la raison & de la Religion.
CHERS FRANÇOIS, IL est du devoir de tout Chrétien, de tout Citoyen, de déférer au tribunal de la Justice toute manœuvre sourde & secrette, dès que venant à sa connoissance elle lui paroît tendre au détriment de la Religion & de l’Etat. […] toujours tendre pour ses enfans, les verra sans doute avec douleur s’éloigner d’elle de plus en plus ; mais la patrie se réjouira de leur retraite, & croira faire un gain en ne les comptant plus parmi ses membres . […] Toi de Saül la fille la plus tendre & qui nous est si chere , quand hier, aussi implorant le ciel pour ton pere, tu disois : Seigneur exauce ma priere, avois tu pour nous plus ou moins de charmes que jorsqu’un moment auparavant tu nous chantois : Bonum est confiteri Domino * & psallere nomini tuo, altissime, ad annuntiandum mane misericordiam tuam… in decachordo psalterio cum cantico in citharâ ? […] Pourquoi donc, pere tendre, quand tu leur donnas la naissance, ne mis tu pas en elles ce germe de justice & de vérité , que tu sçais si bien être (Lettre de M. […] En vain cette tendre mere, pour sauver le reste du troupeau, les a-t-elle chassés du bercail : en vain toutes les Loix ecclésiastiques & civiles les déclarent infames ; tout odieux qu’ils sont sous l’anathême & l’infamie, nous avons le courage d’aimer ces hommes (p. 21.) ; disons mieux, c’est foiblesse, puisqu’encore enfans dans la morale, nous n’avons pas la prudence de les fuïr .
Mais voici plus qu’une inconséquence, c’est le plus complet renversement de l’ordre ; je l’aperçois cet homme respectable, ce père tendre dépouillé de son autorité, voilà qu’il gémit lui-même dans un bureau, sous la tutelle d’un fat inhumain, émancipé de quelques jours, qui, par abus de pouvoirs, le prive de ses droits, lui rend la vie insupportable !
J’aurais tort de m’arrêter davantage à réfuter un auteur qui n’entend pas ce qu’il lit : mais il faut d’autant moins souffrir ses profanations sur l’écriture et sur le repos de Dieu, qu’elles tendent à renverser le précepte de la sanctification du Sabbat.
On crut que c’étaient les jésuites qui lui avaient tendu ce piège pour se venger de lui en l’exposant ou aux satires des libertins, s’il condamnait la comédie, ou aux reproches des dévots, s’il ne la condamnait pas.
Nous défendons de joindre à la représentation de ces Tragédies, des Comédies et des Opéra avec des danses qui ne peuvent être qu’une semence de corruption pour une jeunesse capable dans cet âge tendre de toute sorte d’impressions.
Les Bénédictins qui ont donné la relation de cette fête, & dirigé les exercices pieux qu’on y a fait, peut-être fourni le prix sans vouloir être connu, ont aussi composé les couplets qu’on y a chanté & qui valent bien aux oreilles de la vertu, tous les Vaudevilles de Panard & les ariettes de Gluck & Gretri ; les voici : Sur l’air : O ma tendre Musette ! […] Ici de l’innocence Le trésor est connu, Dès la plus tendre enfance On chérit la vertu ; D’une charmante ivresse Elle échauffe les cœurs, Tout, jusqu’à l’allegresse, Y révere les mœurs.
Attachée aux Maximes de l’Évangile, vous ne craignez rien tant que de vous en écarter ; & ayant porté le joug du Seigneur, dès la plus tendre jeunesse, vous ne voudriez pas pour tous les plaisirs du monde, risquer le salut de votre Ame. […] Et vers 1580, plusieurs pieux bourgeois & autres personnes de Considération, bien intentionnés pour la ville de Londres, Considérant que les Comédies… étoient des piéges tendus à la jeune Noblesse & autres… en ont averti quelques Réligieux Magistrats, les suppliant de prendre les moyens de supprimer les Comédies de la ville de Londres & de ses dépendances. […] Où ce ne sont pas des traits morts & des couleurs séches, qui agissent ; mais des personnages vivans, devrais yeux, ou ardens, ou tendres & plongés dans la passion ; de vraies larmes dans les Acteurs, qui en attirent d’autres, dans ceux qui regardent ; enfin de vrais mouvemens, qui mettent en feu tout le parterre ? […] Dites, que le feu n’échauffe qu’indirectement, & que, pendant qu’on choisit les plus tendres expressions, pour représenter la passion, dont brule un amant insensé, ce n’est que par accident, que l’ardeur des mauvais désirs sort du milieu des flammes. » Après le grand Bossuet, écoutons le savant Cardinal d’Aguirre tom. 1 pag. 674 de l’ouvrage cité pag. 23. […] « Le mal qu’on reproche au Théatre, dit-il, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’ame à des sentimens trop tendres, qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu ; je serois envieux de trouver quelqu’un, qui osât se vanter d’être sorti d’une représentation de Zaïre, bien prémuni contre l’amour.
Tendre amour ! […] Mais ce qui s’appelle la tendre passion, vous paroît être celle de l’humanité ; & en conséquence, vous ne sauriez me pardonner de ne pas en suivre les attraits. […] Je vais d’abord vous exposer en peu de mots ce que je pense sur cette tendre & volage passion, dont le terme de galanterie nous présente l’idée. […] Charles eût corrigé des Pieces destinées à la déclamation, on doit supposer que l’examen en étoit si sévere, qu’il ne pouvoit tendre qu’à la destruction des Spectacles. […] C’est aux Académies littéraires à s’élever contre tout ce qui tend à décréditer la Littérature.
Qu’on ne fasse donc point ce tort à Saint Thomas, de le faire auteur d’un si visible relâchement de la discipline : c’est assez de l’avoir fait sans qu’il y pensât, le défenseur de la comédie ; sans encore lui faire dire, qu’on la peut jouer dans le carême, quoiqu’il n’y ait pas un seul mot dans tous ses ouvrages qui tende à cela de près ou de loin ; et qu’au contraire il ait enseigné si expressément que les spectacles publics répugnent à l’esprit de pénitence que l’église veut renouveler dans le carême.
Donner ce scandale c’est n’en avoir aucune, c’est n’avoir aucune charité ni pour soi-même, ni pour les autres que de se tendre à soi-même, & de leur tendre ces piéges ; sur-tout aux petits & aux foibles, à qui ces peintures apprennent ce qu’ils ignorent, & qu’ils seroient heureux d’ignorer toujours. […] Il est donc de la sagesse d’écarter également les piéges que le démon tend aux deux sexes : le théatre au contraire affecte de les multiplier. […] Ces folies sont communes sur le théatre, dans les scenes, si fréquentes qu’elles sont usées, où des portraits jouent un grand rôle, font quelquefois l’intrigue & le dénouement ; on leur adresse les discours les plus tendres, les louanges les plus flatteuses, les propos les plus passionnés.
Quinault, tendre, sensible & doucereux, a donné dans ses opéra la plus douce & la plus harmonieuse poësie. […] Le talent de Moliere n’est qu’un bouillonnement de passions plus long-temps soutenu, ses saillies d’humeur conservées, combinées, mises en œuvre, c’est-à-dire une machine plus agitée, des ressorts plus tendus, des esprits plus exaltés que le commun des hommes. […] C’est dans ce lieu que Polymnie, Par de doux & tendres accens Excite dans l’ame attendrie Ces désirs, ces feux ravissans Qui font le bonheur de la vie Et les délices des amans. […] Tendre amour, toi qu’on y revere, Dieu du plaisir & père du bonheur, Viens regner chez Torré, c’est la ton sanctuaire.
Pour le malheur de notre sexe, dès qu’un homme paraît blessé par nos charmes, une tendre compassion doit-elle nous intéresser par lui, malgré nous-mêmes ? […] Dans ces deux Pièces, on ne voit presque rien qui ne puisse servir de modèle ; le Personnage vicieux y est corrigé, non par un plus vicieux que lui, comme dans les Pièces de Molière, mais par un homme de bien, une femme tendre & sensible ; ce Personnage est puni, & changé ; ce qui constitue les mœurs les meilleures, & do ne le dénoûment le plus parfait de la Comédie. […] J’appèle Modelemens, les enseignemens que l’Auteur insère dans sa Pièce, pour en déterminer la pantomime, les silences, le vif, le tendre, en un mot la manière d’être dans les différentes situations du Drame, tout le jeu muet, & le mode du jeu parlé. […] Ne pourrait-on pas conclure, qu’il est des Romans tendres qu’on lit avec utilité, & des Pièces de Théâtre très-passionnées qu’on ne verra pas sans profit. […] Le Public ne court-il pas en foule au petit Théâtre, où des Enfans [N] [N] jouent des idées de Pièces, & n’applaudit-il pas à leur mauvais jeu ; c’est qu’on tend toujours à encourager des talens naissans.
C’est la fin à laquelle il doit tendre.
Rien n'est moins propre à produire cet effet que les récits passionnés, et les airs tendres, qui ne font tant de plaisir, que parce qu'en les entendant, l'âme s'abandonne à l'attrait des sens.
Evitez les pièges funestes que le Démon vous a tendus.
Il y eut bien des sortes de prétendans, tous pour monter sur son trône ; car à l’exception de Devonshire, aucun ne l’aima ; plusieurs de ses Sujets aspirèrent à sa main, elle les dédaigna, & quoique des regards tendres, des petites caresses, des mots obligeans, en un mot le manège d’une coquette les retint à son service, & les empêcha de former de parti, elles les en croyoit indignes. […] Toute sa vie est pleine de pareils traits ; le Roi Edouard son frère la charge de travailler à gagner Marie sa sœur, elle le promet, & au lieu de tenir parole, elle l’exhorte à demeurer ferme dans le Papisme au prix de sa vie ; de là elle revient dire au Roi & à son Conseil qu’elle n’a pu rien gagner, & le presse de poursuivre le Papisme, & de ne rien épargner pour le détruire ; elle caresse sa sœur, & lui marque le plus tendre attachement, quoique zélée Catholique, & de là va flatter ses belles-mères zélées Protestantes ; elle promet & elle jure à son couronnement de protéger les Catholique, & deux jours après elle en fait mourir des milliers, elle fait chanter le Te Deum dans une Eglise Catholique, & y demeure tout le temps à genoux avec beaucoup de modestie. […] Cependant les Écossois révoltés contre Marie, lui déclarètent la guerre, animés & soutenus par Elisabeth, ils la poursuivirent si vivement qu’ils la prirent prisonnière ; elle s’échappa, & demanda un asyle à Elisabeth qui le lui accorda avec la plus tendre démonstration & les plus belles promesses ; à peine fut-elle sur les terres, que par une insigne trahison elle fut arrêtée & renfermée dans la tour de Londres où elle demeura dix-huit ans, sans que la Reine d’Angleterre daignât la visiter, ni même voulût lui accorder une audience qui lui fut souvent demandée ; elle ne sortit de sa prison que pour perdre la vie sur un échaffaud. […] Quaud on vint le matin lui dire qu’il étoit temps de partir, elle se lève, prend son manteau, se couvre modestement de son voile, & marche vers l’échaffaud un crucifix à la main qu’elle ne cesse de regarder & de baiser avec le plus tendre respect ; quand elle y fut montée, ella adressa la parole à ses Juges & au peuple nombreux, que la curiosité y avoit attiré, elle proteste qu’elle est innocente du crime dont on l’a accusée, qu’elle meurt dans la Religion Catholique Apostolique & Romaine prête à perdre mille couronnes & mille vies pour cette sainte Religion qui fait tout son crime ; qu’elle pardonne de bon cœur tout le mal qu’on lui a fait ; qu’elle prie tous ceux qu’elle a pu avoir offensés de lui pardonner : le bourreau se jette à ses pieds pour lui demander pardon de ce que son devoir l’oblige de faire, elle lui pardonne volontiers, mais ne voulut point qu’il touchât à ses habits, se fit ôter son voile par ses filles, elle se mit à genoux, invoqua la Sainte Vierge & les Saints, pria Dieu pour le Royaume d’Écosse, de France & d’Angleterre pour le Roi son fils, la Reine Elisabeth, ses juges & ses persécuteurs, se banda les yeux, tend son cou au bourreau, récitant tout haut ses prières, & à ces paroles qu’elle répéta plusieurs fois : In manus tuas, commendo spiritum meum.
Les vertus du Prélat sont des vertus philosophiques, des vertus indulgentes ; il fut tolérant, il fut docile, il eut l’ame tendre & sensible, il empêcha la persécution. […] L’ame de Fenelon en fut imbue, tendre & sensible, quelle incendie il y causa ! […] Mais il a un mérite de plus, qui n’a pas trouvé grace aux yeux du Conseil, il déclame ouvertement contre la loi de la continence imposée au Clergé & aux Religieux, dont il s’imagine que l’ame tendre & sensible de l’Archevêque de Cambrai sur la victime, & qu’il éleve jusqu’aux cieux, comme un prodige fort au-dessus de l’homme. […] Ce sont les fruits d’un cœur religieux & tendre qui combat constamment, tantôt vaincu, tantôt vainqueur, qui tour-à-tour trouve dans sa sensibilité l’attrait de toutes les jouissances, & dans sa délicatesse le principe rigoureux de toutes les privations. De là le combat toujours renaissant du penchant de l’homme contre les plus hautes difficultés de la vertu, l’écueil toujours reproduit des qualités sociales de l’imagination la plus vive, de l’ame la plus tendre, qu’il n’avoit ni la puissance ni le vouloir de rejeter.
Non, répond ce Docteur, ils n’y sont pas expressément nommés ; mais toute l’Ecriture ne tend-elle pas à les défendre ? […] Mais si ce que nous nommons passion est véritablement un crime, il faut avouer que, selon la belle expression de Salvien, sur le théâtre, tout est crime ; parce que tout y tend à autoriser la passion, à insinuer agréablement, à imprimer fortement la passion. […] Vous le dites vous-mêmes, vous vous en plaignez tous les jours ; cependant tout y tend à calmer les passions.
Moins sages que les Grecs, malgré la sainteté de la religion que nous professons, nous ouvrons aux femmes dès l’âge le plus tendre un spectacle qu’on devroit leur interdire dans l’âge le plus avancé, & pour leur intérêt & pour le nôtre. […] La musique flatte leur oreille : quoi de plus mélodieux, de plus tendre ? […] La poësie les ravit, sur-tout une poësie légère, badine, vive, saillante, tendre, harmonieuse : celle du théatre, on l’apprend par cœur, on la récite, on en fait son langage ; jamais déclaration ne fera mieux reçue que quand elle sera prise dans quelque opéra.
Les spectacles particuliers sont le tête à tête ; les portes & les murailles y tendent des pièges, non-seulement parce qu’avant & après on trouve, on fait naître les occasions & les prétextes, qu’on ne joue la comédie que pour s’en ménager, mais encore parce que la petite assemblée est entierement soustraite aux regards du public. […] C’est une perle encor naissante, C’est une Syrène touchante, C’est la Minerve des beaux arts, C’est l’ornement de la nature, C’est Héhé, c’est le tendre amour, C’est Vénus avec sa ceinture. […] Le profane spectacle au théatre étalé, Les principes impurs qu’on ose y débiter, Les lascives chansons qui raillent la sagesse, Au tendre & fol amour instruisent la jeunesse.
Cet amant insensé se servit du théatre pour déclarer sa passion ; il composa une comédie pleine de traits délicats & tendres, dont la Reine avoit la clef. […] Un usurier, un voleur, un homme d’intrigue se donne pour un honnête homme, un domestique frippon affecte une grande fidélité, une fille livrée à la galanterie joue l’Agnès ou la Lucrèce, un traître contrefait l’ami le plus tendre, un fils désobéissant fait des protestations de respect, &c. […] décoration passagère dont on est rarement dupe, où il entre souvent plus de légèreté que de malice ; au lieu que les autres concertés à loisir, soutenus à dessein, difficiles à discerner, plus difficiles à éviter dans les pieges qu’ils tendent, ne produisent que les fruits amers de la tromperie & du vice, qui ne les mettent en œuvre que pour remplir leurs coupables desseins.
Un homme ferme & courageux sait se mettre au-dessus de ces petites considérations personnelles ; & content du témoignage de sa conscience, il tend au bien, sans regarder autour de lui. […] Longin, dans son Traité du Sublime, exhorte les Ecrivains, qui tendent au grand, à se mettre au-dessus des idées de leur siecle, & à se représenter le jugement que la postérité la plus éloignée portera de leurs Ecrits.
ne paraissez pas plus marcher sur les traces de ces hommes ombrageux et aveuglés par leur passion ; modérez la fougue de vos sentiments tendres, repoussez par un air calme les méchants et leurs propos malins, ne vous faites pas remarquer, ne vous affichez point par des plaintes éclatantes, ou des démarches insensées, ne laissez même pas apercevoir vos inquiétudes, si vous en avez ; mais faites avec prudence tout ce qui dépend de vous pour prévenir le mal ; soutenez la faiblesse de votre épouse contre les séductions qui l’entourent, écartez tout doucement les dangers qui la menacent, encouragez-la, répétez lui souvent que sa vertu vous est bien chère, qu’elle fait votre bonheur, comme elle vous porte à faire le sien, ce que vous devez lui prouver par vos bons procédés, et puis observez-la silencieusement, croyez à son innocence jusqu’à ce que vous ayiez acquis la preuve certaine de votre malheur, que, selon les circonstances, en homme sage, vous dévorez encore secrètement, et vous ne serez jamais regardé comme un jaloux ; parce que vous n’en aurez aucune apparence. […] Voilà ce qu’on nous dit dès l’âge le plus tendre, et ce que nous apprenons dans nos premières lectures ; or cet avis d’une source divine et pure que tant d’exemples malheureusement justifient et rappellent continuellement à tout le monde, et que, d’ailleurs, on peut souvent renouveler par cette méthode calme qui réveille l’attention sans réveiller les passions et les porter à confondre l’apparence avec la réalité ; cet avis, dis-je, était suffisant à cet égard, et rendait inutiles les leçons magiques et inflammatoires du théâtre.
C’est le point fondamental dans les Etats de Thalie, toutes les comédies finissent par le marioge, toutes les intrigues ne tendent qu’au mariage. […] Toute la morale tend à excuser la foiblesse, à familiariser avec la passion, par cette vue affoiblir l’horreur de l’adultere, & donner une liberté entiere aux femmes, & à faire retomber, non sur le coupable, mais sur le mari innocent, qui en est la dupe, la honte & le ridicule, à faire craindre les devoirs, les embarras, les dégoûts de cette sainte union.
I. du Philosophe malgré lui), ouvrage sensé et ingénieux, dit, en parlant du théâtre : « Dans nos réduits champêtres, la voix mélodieuse d’un musicien, les sons enchanteurs d’un instrument dangereux, ne versent point la mollesse dans nos cœurs, comme dans ces temples somptueux d’où la vertu ne peut approcher sans crainte, où Bélial est la Divinité qu’on adore, et l’honneur la victime qu’on immole, l’indécence et la débauche le seul but où tendent ses adorateurs. […] Quel tendre enthousiasme !
Qui oserait faire l'apologie d'une joie indécente qui blesse la délicatesse de la pureté, je ne dis pas d'une manière grossière, que les premières lois de la politesse interdisent aux honnêtes gens, mais encore par ces obscénités voilées de la gaze de l'équivoque, assaisonnées du sel d'un bon mot, déguisées sous des noms empruntés ou des allégories délicates, délayées dans des sentiments tendres, glissées dans la naïveté des expressions, perçant jusqu'à travers le masque de la condamnation ? […] Il est inutile de dire que rien de tout cela n'a du rapport à nos théâtres, et ne peut justifier les pièges que tend à l'innocence l'assemblage de tout ce qui allume les feux criminels de la passion par la danse réguliere.
L’esprit, qui tend sans cesse à son développement, ne fut point retenu par cette digue puissante.
Les attraits, l’indécence, la facilité, l’invitation des actrices, la scandaleuse multitude des objets séduisans dont on est environné, des piéges qui y sont tendus, dont presque personne n’échappe, ce corps de péché en donnoit horreur, comme il en donne encore aux Chrétiens, excitoit le zele des ministres, & allumoit les foudres de l’Eglise, comme il fait encore.
On doit le préférer à l’Ariette tendre, parce qu’il est plus vif, & qu’il peut ranimer la Scène lorsqu’elle est sur le point de languir.
Parce qu'on n'y représente que les objets de la concupiscence, et que tout ce qu'on y entend, tout ce qu'on y voit, tend à détruire l'amour de Dieu, et à faire naître l'amour du monde dans le cœur des Spectateurs.
7° « L’homicide d’un tyran est illicite, c’est ce qu’on voit par le décret du concile de Constance qui condamne la proposition de Jean Petit : elle autorisait chaque particulier à faire mourir un tyran, par quelque voie que ce fût ; et nonobstant quelque serment qu’on eût fait, sans toutefois nommer l’auteur, ni aucun de ceux qui y étaient intéressés ; le concile, pour extirper cette erreur, déclare que cette doctrine est hérétique, scandaleuse, séditieuse, et qu’elle ne peut tendre qu’à autoriser les fourberies, les mensonges, les trahisons et les parjures.
Mon cœur blessé d’un trait de flamme, résiste & combat vainement ; rien n’est si beau que mon amant, rien n’est si tendre que mon ame. […] L’Aurore lui fait le plus tendre aveu, les plus séduisantes avances : mais il aime ailleurs ; tous ses efforts sont inutiles. […] Que le fol amour de la fable cette enfin de l’emporter sur la tendre vénération que l’homme sage doit à la vérité. […] L’enthousiasme de la scène aveugle les hommes les plus éclairés, ou peut-être leur fait oublier la tendre vénération que l’homme sage doit à la vérité.
Le Spectateur qui abuse du tendre sentiment que le Drame a réveillé, avait le cœur corrompu, avant de venir au Spectacle : le vice y dormait ; il se fût éveillé de lui-même, quand rien n’aurait contribué à l’exciter. […] L’Auteur dit, dans l’Examen de cette Pièce, que l’ambition lui paraît la seule passion digne de la Tragédie, parce qu’elle est toujours grande, & que si nous voulons y associer l’amour, il ne doit être que furieux, & jamais tendre. […] Qu’un Père, un Tuteur, préservent une Jeune-personne des piéges que lui tendent sans cesse d’adroits séducteurs, n’ont-ils pas raison ? […] Je ne répéterai pas ici ce qu’un jeune Philosophe, victime d’un cœur trop tendre, & moissonné dans l’été de sa vie, a si lumineusement dévoilé sur le gouvernement Théocratique, qui suivit le pouvoir paternel. […] La Philosophie qui enseigne à mépriser les jugemens des hommes, à se mettre audessus de l’opinion qu’ils peuvent avoir de nous, est une Philosophie dangereuse, qui tend à l’anéantissement de toute vertu sociale.
Les danses vives & légères des Vierges peignoient leurs chastes désirs, & leurs tendres regards demandoient le prix de leur amour. […] Mais il n’est pas douteux que les pieges qu’on y tend à la vertu avec tant d’adresse, sur-tout au bal & au théatre, ne soient un ouvrage du péché, inspiré par le démon. […] Voici un des chef-d’œuvres de la danse : Sans autre secours que les pas, les positions du corps, les mouvemens des bras, on vit représenter les Amours de Mars & de Vénus, le soleil qui les découvre à son mari jaloux, & les pièges que le mari tend à sa femme, les filets perfides qui en comblant la vengeance confirment sa honte, la confusion de Vénus, la rage de Mars, la joie maligne des Dieux qui accourent en foule à ce spectacle.
Ce que j'éprouvai dans un âge si tendre m'a dans la suite de ma vie empêché d'être surpris quand j'ai vu les Comédiennes. […] « Le dangereux poison que le théâtre inspire, Les principes impurs qu'on ose y débiter, Les lascives chansons qui raillant la sagesse, Au tendre et fol amour instruisent la jeunesse », Dit l'Abbé de Villiers (L. […] Evremont composa une pièce dont le fonds était une fille devenue folle par la lecture et la représentation des opéra, comme Don Quichotte par la lecture des romans, fille pleine de tendres sentiments pour un Comédien, et de respect pour les Dieux du paganisme qu'elle adore.
« Ouvrez, Comédiens, ouvrez vos portes & vos Théatres à ces essains de jeunes athlétes, qui la plûpart n’ont besoin, pour se distinguer dans la carriere, que de la connoître : servez d’appui à ces tendres plantes, à qui la culture donnera de nouvelles forces, & fera porter des fruits excellens.
Ils y inspiraient à leurs écoliers le goût du théâtre, et dès l’âge le plus tendre ils les faisaient monter sur les planches, et ils y montaient eux-mêmes pour y jouer la comédie.
Evitez les pieges funestes que le Démon vous a tendus : ne fournissez pas à vos convoitises de quoi se soulever contre vous. […] Tout y est si tendre & si touchant, que le cœur est affecté dès les premieres scenes. […] On les voit si tendres & si passionnées, qu’on desire être l’objet de cette sensibilité, & réaliser des fictions si séduisantes. […] « Les Héros de la scene lyrique, dit-il, sont trop tendres & trop remplis de maximes d’amour ». […] L’âge tendre est admis aux plaisirs & aux Théatres de société.
Or des conclusions qui ne sont fondées que sur des principes humains, ne font pas toujours des règles bien sûres pour conduire les Chrétiens dans la voie du Salut, et particulièrement si ces conclusions tendent à favoriser les divertissements et les plaisirs contre lesquels un bon Chrétien doit être toujours en garde. […] On n’y fait plus aussi paraître de femmes toutes nues ; mais celles qu’on y fait paraître, n’y montrent encore que trop de leur nudité ; et leurs parures, leurs gestes, leurs allures mesurées, et toutes leurs autres manières étudiées sur le tendre, donnent à la vérité moins d’horreur, mais elles n’inspirent peut-être pas pour cela moins d’amour : et si on n’y commet plus les dernières infamies, on y tient au moins des discours, surtout dans les farces, qui en font assez imaginer. […] La Comédie d’aujourd’hui n’est autre chose qu’un Spectacle pompeux disposé pour le plaisir, où des Acteurs et des Actrices paraissent avec des ajustements mondains et peu modestes, où l’on chante et où l’on danse, où l’on exprime les sentiments tantôt d’une manière tendre et tantôt d’une manière fougueuse, suivant les passions différentes qui les animent, où les passions se poussent d’ordinaire à l’excès, et que l’on tâche néanmoins quelquefois de déguiser sous les livrées de la vertu. […] Et dans sa Constitution 38. il ne veut pas même qu’en aucun endroit de la Maison on souffre de ces poupées de dévotion qui vont à représenter Notre Seigneur, la Vierge, les Anges, ni aucune autre chose de cette espèce, parce que tout cela ne tend qu’à dissiper l’esprit chrétien, et à reveiller l’esprit du monde. […] Mais ce n’est pourtant pas par accident ni par hasard que les Comédies excitent les passions ; ce n’est pas par une occasion prise, ainsi que parle le Docteur, mais par une occasion bien donnée et bien préparée ; puisque les Comédies avec tous leurs accompagnements, ne tendent qu’à donner du plaisir et à remuer agréablement les passions.
Il n’ignore pas que ce qu’il y a de plus fin dans l’éloquence, les grâces les plus naturelles, les manières les plus tendres et les plus capables de toucher, se trouvent dans ces sortes d’ouvrages. […] Mais, Monsieur, il semble qu’un homme aussi tendre et aussi sensible que vous l’êtes, ne devrait songer qu’à vivre doucement, et à éviter les rencontres fâcheuses.
L’ordre du collège en souffre, les études sont interrompues, la dissipation s’introduit là où il ne devrait y avoir que du recueillement, et enfin la pompe du théâtre et les déclamations tendres inspirent le goût de la vanité, et viennent à bout d’énerver les mœurs. […] Ainsi écarte-t-on le danger des spectacles ordinaires : mélange des sexes, parures, nudités, attitudes efféminées, discours libres, tendres, galants, passions vives, vivement rendues, qui toujours se récitant en français, font peu d’impression dans une langue étrangère.
L’on a rassemblé à l’opéra tout ce qu’il y a de plus capable de flatter les passions ; la vue, par des décorations superbes ; l’oreille, par une musique harmonieuse ; le cœur, par les vers et les chants les plus tendres. […] Mazarin ne portait pas si loin ses désirs et ses vues ; il n’était rusé que pour le moment, comme un joueur qui écarte ou jette à propos une carte ; il savait parer un coup, tendre un piège, trouver un abri dans un orage, et le laisser passer.
Ce sont des entretiens publics de corruption, qui ne tendent qu’à la ruine des âmes, et qui sont applaudis, approuvés et autorisés par tous ceux qui y sont présents. […] » Il est nécessaire qu’on sache que ce Saint Docteur n’entend pas parler des Comédies, telles que les dépeignent les Conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, ou comme nous l’avons déjà dit, on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter, ou à entretenir les passions les plus déréglées et les plus honteuses.
Une autre considération qui tend à justifier cette Pièce, c’est qu’il n’est pas seulement question d’étaler des forfaits, mais les forfaits du fanatisme en particulier, pour apprendre au peuple à le connaître et s’en défendre. […] Autant vaudrait soutenir qu’un tendre père aime mieux les enfants d’autrui que les siens, parce qu’il s’irrite des fautes de ceux-ci, et ne dit jamais rien aux autres. […] Le mal qu’on reproche au Théâtre n’est pas précisément d’inspirer des passions criminelles, mais de disposer l’âme à des sentiments trop tendres qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu. […] N’est-ce pas elle qui met dans leurs yeux ce regard timide et tendre auquel on résiste avec tant de peine ? […] Le pauvre tend sans cesse à s’élever au-dessus de ses vingt sols ; mais le riche, pour le fuir, n’a plus d’asile au-delà de ses quatre francs ; il faut, malgré lui, qu’il se laisse accoster et, si son orgueil en souffre, sa bourse en profite.
Ceux des spectateurs qui n’ont pas les mêmes droits, mais qui ne savent pas moins ce qui se passe dans les foyers, sont dans la même disposition que les premiers ; ainsi les uns & les autres sont prévenus contre le piége qu’on tend à leur raison.
Digne d’envie, Tendres amours Enchantez-nous toujours.
Qu’on mette deux bâtons à la place des épées ; que le Voltigeur fasse tendre sa corde à pieds de hauteur sur une prairie, il fera vainement les mêmes sauts & les mêmes tours, on ne daignera plus le regarder ; l’attention cesse avec le danger.
Aux Muses dans son Louvre il accorde un Asile ; De ces Filles du Ciel se déclare l’Appui ; Veut que pendant son Règne elles règnent sous lui ; Et par une bonté qui jamais ne le quitte Du haut de sa Grandeur tend la Main au Mérite.
Puisque les Modernes ne savent parler que de l’amour sur la Scène, ce qui est la marque certaine, ou d’une corruption générale, ou d’un défaut de génie dans le plus grand nombre des Poètes ; outre qu’ils ne devraient jamais traiter cette passion que dans la vue d’instruire les Spectateurs ; ils pourraient encore joindre à cette passion, devenue instructive, plusieurs autres espèces d’intérêts que la raison et les devoirs autorisent : ainsi on pourrait traiter des sujets de l’amour conjugal, de l’amour paternel, de l’amour filial, de l’amour de la Patrie : voilà des intérêts tendres et vifs, qui seraient nouveaux et très convenables au Théâtre ; intérêts qui peuvent avoir leurs degrés, suivant les circonstances dans lesquelles on peut les saisir, et suivant les différents caractères des hommes que l’on introduirait sur la Scène : par exemple, l’imprudence, la faiblesse, la fermeté, la complaisance, la colère, et toutes les autres passions qui s’associent dans le cœur humain à la passion dominante, ne feraient-elles pas paraître, dans la personne qui serait occupée de quelques-uns de ces sentiments, une infinité de caractères marqués et différents entre eux, qui seraient combattus par la force du raisonnement et par l’ascendant du caractère ?
Ces étages étaient coupés en quelques endroits par des escaliers pour la commodité du passage des spectateurs ; et comme ces escaliers tendaient droit au centre de l'amphithéâtre, ils donnaient une forme de coin à ce grand amas d’étages dont nous venons de parler, et que les anciens appelaient cunei spectaculorum.
Les Lecteurs sont séduits, et; entraînés dans le piége qu’on leur a tendu, parcequ’il ne se trouve personne qui les garantisse du précipice ou qui les aide à en sortir. […] Vous vous plaignez qu’on ne fait paroître sur la Scene que des Héros, vous voudriez qu’on nous affecta des mêmes sentimens d’un tendre intérêt pour la simple humanité. […] La générosité, la bonté, la tendre humanité, voilà ce qui remue l’ame et; touche agréablement le cœur. […] C’est ainsi qu’on couvre de fleurs le piége qu’on tend à son ennemi. […] Elle va chez sa tendre amie qui s’appercevant d’une espéce d’inquiétude toujours inséparable de l’amour, y prend part, interroge, et; apprend le secret.
Elle est la plus foible ; elle lui est soumise ; elle est confiée à ses soins ; c’est à lui à la ménager, à la soutenir, à la défendre ; faut-il qu’il lui tende des piéges, qu’il cherche à briser en elle le joug de la vertu, pour en faire sa proie ? […] Il perce par tout les trous de la gaze, il tend les filets dans chaque cheveu : Nemo te videns dubitat an virgo sis. […] Elle fuit les occasions, & se tient en repos ; mais lui tend-on des piéges, en vient-on à des attentats, l’Agneau devient un Lion, la Tourterelle est une Aigle ; la Poule, de tous les animaux la plus craintive & la plus foible, tout-à-coup courageuse, combat en Amazonne pour défendre ses petits contre l’oiseau de proie.
C’est là qu’ils entendent parler de toutes sortes de matieres, ou qui peuvent exciter leur curiosité, ou développer les germes de leurs passions ; & c’est là que dans un âge encore tendre, & si susceptible des impressions du vice, ils commencent à le connoître & à se familiariser avec lui. […] Quelles impressions peuvent faire sur le cœur novice & tendre d’une jeune fille les exemples séducteurs que lui montrent tant de drames, à la représentation desquels ses parens ont eux-mêmes la folie de la conduire ?
C’est assez de sentir combien les jeux plaisans, les propos facétieux, sont éloignés de la comédie dans l’état où nous la voyons, où tout tend à exciter les passions, où tous les objets sont dangereux, où l’assemblage artisé de tous les dangers imaginables forme une totalité de tentation à laquelle on ne résiste pas, dont les effets sont aussi funestes qu’inévitables. […] Qu’eût-il pensé de l’opéra, où, selon l’expression de Voltaire, un art magique de cent plaisirs fait un plaisir unique, où la symphonie la plus harmonieuse, où les voix les plus mélodieuses, & selon Boileau les plus luxurieuses, chantent avec le plus grand art les airs les plus voluptueux & les plus tendres, où les Actrices les plus belles, les plus exercées, les plus complaisantes, expriment de la maniere la plus passionnée tout ce que l’amour a de plus séduisant & de plus vif ?
Ils savent que l’étude des sciences et le progrès des lumières de la philosophie, en éclairant les hommes, tendent évidemment à les désabuser sur les erreurs de tous les genres. […] Que le pape chasse les jésuites qui n’offrent qu’une société dangereuse, ou plutôt une secte désorganisatrice qui n’est en harmonie avec aucune autorité sur terre, pas même avec celle du chef de l’église, auquel plus d’une fois elle fit la loi, et dont les éléments tendent à la dissolution de tout ce qui lui résiste, et de tout ce qui lui est contraire.
On ne tend pas au Collège des pièges à l'innocence, on n'y agit pas par un esprit mercenaire pour gagner de l'argent, comme à la comédie : émulation, obéissance dans les élèves ; vues louables, quoique fausses, du bien public et de l'éducation dans les Régents. […] Ceux qui par leurs règles font profession d'enseigner qu’en matière de pureté il n'y a point de faute légère, ont-ils pu tendre tant de pièges aux yeux, aux oreilles, aux cœurs, et se dissimuler que leurs exercices dramatiques ouvraient sous les pieds de leurs disciples l'affreux abîme du théâtre ?
Ceux qui jouent la Comédie, ceux qui l’autorisent par leurs Écrits, ou par leurs exemples, ne tombent-ils pas dans cette malédiction ; puisqu’ils sont cause qu’une infinité d’âmes tendres et faibles, sentent réveiller leurs passions, deviennent savantes dans le mal, et souvent s’y laissent emporter ? […] Pour concevoir donc comment il a pu tolérer dans sa Philothée une chose si éloignée du but où il a dessein de la faire arriver ; il faut savoir que son intention étant de détacher doucement les âmes les plus liées au monde, et les moins capables de ces grands efforts nécessaires pour des conversions subites et éclatantes ; il les prend dans le plus bas état où elles puissent être, sans s’épouvanter de leur indisposition : Et dans le dessein de les faire mourir à elles-mêmes, il les attire par une sagesse et une charité cachée sous une indulgence apparente : il regarde les plaisirs du monde dans une idée métaphysique, qui les sépare des désordres principaux ; et néanmoins aprés cela, il n’en accorde l’usage que sous certaines conditions qu’on ne saurait garder fidèlement sans renoncer bientôt à tous ces plaisirs, qui est justement le but où il tend. […] Mais si vous ni moi ne pouvons rendre un jour compte à Dieu des paroles inutiles que nous aurons proferées ; sera-ce vous qui les garantirez à son Tribunal si terrible, de toutes les paroles profanes qu’ils auront prononcées ; des soupirs tendres et passionnés qu’ils auront poussés ; des passions qu’ils auront allumées, des Fêtes qu’ils auront profanées ; des crimes qu’ils auront fait commettre ? […] Si un cœur jeune et tendre a resisté à un tel objet jusqu’à n’en avoir pas reçu la moindre impression, il ne peut presque plus tenir : quand ensuite on voit paraître un désert affreux avec des rochers menaçants le Ciel, et au milieu un jeune homme, qui croyant n’être point aimé ; s’abandonne au désespoir ; et aprés la description vive et pathétique de la plus forte passion que l’on puisse s’imaginer, ne délibere plus que sur le genre de mort qu’il choisira. […] Secondement, je dis que quand ce serait un amour légitime, la Pièce ne laisse pas d’être mauvaise et scandaleuse, parce que les témoignages passionnés d’un amour légitime aussi bien que d’un autre, ses ménagements, ses descriptions, ses poursuites, ses succès quand ils se font en public, sont dangereux à la pureté de ceux qui en sont les témoins, et qu’il n’est pas permis à des jeunes mariés de se faire deux ou trois heures durant devant tout le monde des caresses trop tendres.
Quel modèle de fidélité que la tendre Alzire !
La théorie, nous l’avons déja dit ailleurs, ne tend qu’a asservir le génie sous le joug pésant des régles, & semble n’être le partage que de froids observateurs.
Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle.
Les personnages amoureux du nouveau Spectacle ressemblent un peu à ceux du grand Opéra : ils sont fades à force d’être tendres, répètent presque toujours les mêmes paroles, & donnent lieu à des Sçènes fort ennuyeuses.
Si j’entreprens de vous en dissuader la frequentation, vous ne me sçauriez voir de bon œil, & ma morale ne flattera pas vos oreilles, puisqu’elle devra tendre à ne vous pas permettre, ce qui est si agréable à l’ouïe : & peut être l’esprit & le cœur s’y revolteront, puisque je serai obligé de les piquer en ce qu’ils aiment, & le Sage m’apprend, Ecclesiastici 22.
Enfin quel sera le crime de ceux qui font, ou qui procurent ces assemblées pour favoriser les désirs détestables des Grands, et qui par un dessein honteux et abominable, prétendent leur donner occasion de dresser des embûches à la pudicité des femmes et des filles, et de tendre des pièges à leur simplicité, et à leur fragilité naturelle ?
Les Comédies où les passions sont si bien représentées, ont offensé tous les Dévots ; Selon leur opinion on y emploie des paroles trop tendres qui réveillent la passion d’amour dans les cœurs ; Il s’y trouve en quelques endroits des Discours véhéments qui excitent la colère pour des sujets qui ne le valent pas ; l’orgueil et l’ambition y ont leur place, pour nous apprendre à rechercher les faux biens du Monde, et à mépriser les vrais biens, qui sont ceux de la Vertu, et tous les biens entièrement spirituels.
Ils prétendent, que les voix & les instruments qui animent & qui embellissent des paroles tendres & équivoques, excitent les passions, & font perdre à l’ame toute sa force. […] Mais on ne voyoit dans l’un ny dans l’autre, ny ces intrigues amoureuses, ny ces artifices diaboliques, que l’Enfer a inventez de nos jours pour tendre des pieges plus assûrez à la pudeur, puisque même par pudeur & par une loy d’Auguste, les femmes Payennes n’assistoient point aux combats des Athletes. […] Et il ne sert de rien de nous dire, que tout tend au mariage, & que cette fin estant louable elle justifie tout le reste.
Les femmes veulent par-tout des amans de ce caractere, aiment un de ces étourdis formé par nos tendres Laïs, qui chaque jour avec délices, vous entretient de ses coureurs, de son boudoir & des coulisses, & s’imagine avoir des mœurs parce qu’il est las des Actrices . […] Moliere joua un tour pareil à Pourceaugnac & à George Dandin, pour tendre le rôle plus ressemblant. […] Ils jouoient au balon, non avec des raquettes, mais en mettant sur leur dos un cuir tendu & cortoyé comme un tambour, sur lequel ils avoient s’adresse de recevoir & de renvoyer la balle.
En effet, les parties fines, le soupers délicieux sont bien plus agréables au flambeau ; les beautés y sont plus piquantes, on s’y livre plus à son aise à tous ses désirs, & on trouve moins de résistance ; on est plus à couvert des témoins & des reproches ; &, en cas de surprise, il est aisé de se dérober & de tendre des piéges. […] Mais il ne peut souffrir les danses, les branles à la françoise, les figures emblématiques, des ballets, des contredanses, des pas de trois, vrais hiérogliphes des passions ; les jeunes gens qui se donnent les mains, se fuient & se poursuivent, qui comme des cordes de violons bien tendues, n’ont d’autre mouvement que celui de l’archet, & plusieurs autres excès dont il fait le détail. […] Miller fit le tour du théatre, se balançant en marchant, le cou roide, le jarret tendu.
Ce sont tous ces traits répandus, qui forment le caractère des personnages ; ainsi dans l’Iphigénie tout ce qui entre dans la représentation d’un homme amoureux, mais violent, tel qu’était Achille ; tout ce qui sert à nous peindre un Roi fier et ambitieux, tel qu’Agamemnon ; une mère tendre, une jeune Princesse courageuse, telles que Clytemnestre, et Iphigénie ; c’est précisément ce que nous appelons mœurs. […] Si le Héros que l’on représente sur le Théâtre, n’a une grande vertu, on n’est que médiocrement touché de ses infortunes ; la vertu affligée excite cette pitié tendre, qui fait le plaisir le plus délicat de la Tragédie ; mais si le Héros tombe dans la disgrâce par sa faute, ou par son imprudence, ou après avoir commis quelque mauvaise action, on se sent indigné contre ses vices, et peu attendri de ses maux : La punition d’un méchant homme est une chose ordinaire, qui n’excite pas de grands sentiments. […] Les danses, la symphonie, les spectacles, les vers tendres et passionnés n’inspirent que des sentiments profanes, et directement opposés aux maximes de la Morale Chrétienne, puisque le but de la Comédie, et la principale intention des Comédiens est de donner du plaisir en remuant les passions, et principalement celle de l’amour ; car c’est celle qui règne davantage dans les Comédies ordinaires.
Si les peintures et les images immodestes ou obscènes présentent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des représentations théâtrales, où, comme dit Bossuet, « tout paraît effectif ; où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion, de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges ; et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement et n’excite que par accident les passions…. […] Voici ce qu’il en dit : « Comme les fauteurs des comédiens soutiennent que saint Thomas leur est favorable, en ce qu’il semble dire que la profession des comédiens n’est pas mauvaise de sa nature, et que l’on peut même contribuer à leur subsistance pourvu que ce soit d’une manière modérée…, il est nécessaire que l’on sache que ce saint docteur n’entend pas parler des comédies telles que les dépeignent les conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, où on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter ou à entretenir les passions les plus honteuses.
Il le mérite, car il est tendre pour ses maîtresses. […] Il n’y a qu’un cœur tendre & voluptueux qui puisse les admirer.
But sage, desirable, auquel il serait bien beau de tendre, par un Règlement & des mesures efficaces. […] Sois heureux ; jouis des biens qui te sont prodigués par la Nature ; goûte l’inexprimable volupté d’être homme & le roi de la moitié de la création ; aime tes parens, ton ami, ton concitoyen ; chéris celle dont le chaste sein renferme le plus grand des trésors, des hommes qui te devront le nom de père ; vis avec elle, dans une tendre, une paisible union ; voila les seules bonnes œuvres qui plaisent à l’Éternel, à ce Brama que tu révères.
Dieu leur fasse la grâce d’apporter ici un esprit de docilité et de discrétion, pour se servir utilement d’une instruction, qui ne tend qu’à leur édification et salut. […] Item « Il faut retirer de telles assemblées du peuple, un esprit jeune et tendre, et qui n’est pas encore bien assuré en la vertu. […] Certes, non seulement elles corrompent les tendres esprits des enfants, mais aussi elles tentent la pudicité des femmes plus chastesbw, lesquelles sont induites non seulement à ouïr leurs inepties bouffonnes, mais aussi à imiter les actions, desquelles elles regardent attentivement les spectacles.Finalement, nous pouvons définir les Théâtres, la sentine et l’école de toute infameté, et de tous vices. […] Car, comme les armées qui se disposent au combat, ou entrecoupent de fossés, ou embarrassent de pauxfd fichés ou incommodent de chaussetrapes, les chemins par où on voit que les troupes ennemies passeront afin que s’il y en a quelques-uns, qui ne tombent pas en tous ces pièges, il n’y en ait toutefois aucun qui les échappe tous : Ainsi les Diables ont tendu tant d’embûches en cette vie au genre humain, qu’encore que quelqu’un en puisse éviter plusieurs, toutefois il sera pris par une. […] II tend à ceci qu’on n’estime rien léger en quoi Dieu sera offensé.
Dieu a envoyé à son peuple les Jérémie lamentables, pour gémir sur les iniquités du monde ; les Ezéchiel terribles, pour épouvanter les cœurs endurcis dans leur péché ; les Daniel tendres, pour les attirer par le desir des récompenses, à l’amour de la vertu ; les Isaïe élevés & sublimes, pour leur réveler les plus profonds mystéres de sa grace & de sa miséricorde ; en un mot ces hommes tout de feu, pour les embraser d’une ardeur toute céleste dans le service de Dieu : mais il ne leur a jamais envoyé des farceurs publics, pour les brûler d’un feu criminel, en leur montrant par de charmans portraits combien il est doux de pécher sans contrainte, & de parvenir sûrement aux plus injustes desirs. […] Nos ennemis invisibles, c’est le démon qui se sert de notre propre chair & de la pente que nous avons pour le mal, afin de nous faire pécher ; & c’est à tous ces différent ennemis que nous donnons de puissantes armes pour nous combattre, singuliérement au démon, dans ces spectacles profanes, où par ses suggestions malignes il parle secrétement à nos cœurs, pendant que le monde y flatte les oreilles par des récits séduisans & enchanteurs, & par des airs languislans & tendres d’une musique efféminée, composée à ce dessein.
Une actrice dont tous les regards, toutes les boucles des cheveux, le fard & les nudités ne tendent qu’à blesser le cœur des hommes, blesse assurément le cœur de Dieu. […] Cherche-t-on à édifier, quand on tend des piéges à l’innocence ?
Il y a même des scenes qui ne devoient pas être employées pour lui, mais pour un Chevalier, son éleve, qu’on ne nomme pas, mais qui plein de fureur poëtique dans l’âge le plus tendre s’avisa de faire des comédies prit Destouches pour son maître, & se livra à sa conduite. […] Sa musique tendre & touchante va au cœur par la douceur & la mélodie, & plait aux amateurs par la variété, les saillies, le naturel de son chant, & l’art assez rare, avec lequel il ajuste les sons aux paroles Latines & Françoises, & par une espece de langage énergique en exprime le sens avec justesse.
Elles n’ont que les doigts des pieds enfermés au bout d’une pantoufle ; le reste est couvert par un bas très-fin & bien tendu. […] Ce seroit tout au plus dans les allées sablées des jardins, & sur les rivages des petits ruisseaux qui roulent leurs flots argentés dans une prairie émaillée de fleurs, qu’une amante pourroit écrire ses tendres langueurs ; mais le dessus du soulier en est presque toujours barbouillé par la broderie & l’ingénieux agencement des rubans & des pompons, qui multiplient & diversifient à l’infini ces signes insensés d’une passion criminelle, comme la marchande de fleurs, Glicera, dont les anciens vantent l’art inépuisable de faire des bouquets & des guirlandes de fleurs, & les femmes du Serrail qui parlent avec des fleurs.
Un tempérament doux, tendre, délicat, sensible, est enchanté du langage lyrique, où jusqu’à je vous hais, tout se dit tendrement. […] Qu’on les compare enfin avec tous les Prédicateurs & les livres de piété de notre siecle, qu’on fasse un discours tissu des seules paroles des Pères contre la comédie, personne qui n’y trouve peint au naturel ce qui se passe parmi nous : c’est toûjours le même cri de la religion & de la vertu, les mêmes armes contre l’ennemi commun de tous les siecles, qui a toûjours tendu les mêmes pieges & fait les mêmes ravages.
Malgré la galanterie de toutes parts répandue à pleines mains, ce n’est pas un cœur tendre comme Racine, c’est une imagination licencieuse comme Bocace & la Fontaine dans ses Contes, qui s’égaie sur le corps humain dans l’état de pure nature, & en diversifie les jours & les attitudes, toujours avec agrément, un ton de politesse & un air de décence. […] Il est vrai qu’il ne la place qu’après le péché, & comme une suite du péché, ce qui y répand une sorte de contrepoison, & de sombres nuages sur le tableau ; au lieu que notre Auteur écarte avec soin toute idée de péché, pour tendre un piège plus dangereux sous un air d’innocence qui rassure & invite.
Le tendre d’Orval dit à Lise ; Quittons, Lise, quittons ces lieux, Usons des instants précieux Que la fortune enfin nous laisse. […] Dans une autre Scène, la tendre, la naïve Isabelle, tient ce discours à Dorlis, qu’elle prend, il est vrai, pour un esprit Aérien. « Votre image me suivra par-tout ; vous m’apparaîtrez dans mes songes ».
Des Pièces tendres, jouées par des femmes honnêtes, pourront bien disposer l’âme à la tendresse, mais ne la porteront ordinairement pas au libertinage : ajoutez que des Pièces peu répétées captiveront toute l’attention du Spectateur. […] Elle avait les Rôles tendres dans le Tragique & dans le Comique : le Ciel l’avait douée d’un organe propre à remuer les cœurs, avec une beauté qui se les attachait ; son nom signifie encore, tout ce que l’on peut imaginer de plus touchant.
Les Dames Romaines, aussi tendres et plus décentes que les Françaises, s'y livrèrent avec fureur, jusqu'à refuser la grâce au vaincu qui leur tendait les mains, ordonner brutalement sa mort, et suivre de l'œil avec plaisir le poignard qui l'égorgeait, jusqu'à se faire gladiatrices et se mêler dans l'arène avec les gladiateurs.
Le tendre Racine avoit dit avant lui d’un ton douceteux en parlant à l’Académie Françoise : Lorsque dans les âges suivans on parlera avec étonnement des victoires prodigieuses & des grandes choses qui rendront ce siecle l’admiration des siecles à venir, Corneille, n’en doutez point, le Grand Corneille tiendra sa place parmi toutes ces merveilles. […] Les cœurs tendres sont plus touchés que les autres de la musique. […] Les fibres comme les cordes d’un violon, selon qu’elles sont plus ou moins tendues, joueront une sarabande, une gigue, sur les mêmes tons, & feront Scapin, Pourceaugnac, Arlequin dans la Lune, toujours dans le style de l’Auteur, c’est-à-dire sur son ton.
Si elles sont trop tendues, l’instrument crie ; si elles sont trop lâche, il est sourd ; si on pince une corde, on voit des frémissemens dans les autres cordes & dans les instrumens voisins montés à l’unisson. […] Tout ce qu’il pense, tout ce qu’il dit ne tend qu’à accréditer une philosophie épicurienne, d’autant plus dangereuse qu’il a su la réduire en sentimens. […] Qu’on juge si une jeune personne, si un caractere tendre, si un libertin résistent à de si violens assauts.
Il faut au Musicien des paroles douces & tendres, qui cachent sous une simplicité apparente des pensées grandes & majestueuses. […] Mais venons à des causes plus visibles qui tendent à occasionner un jour parmi nous la décadence du grand-Opéra ; causes que l’on peut détruire sans être obligé de dépenser des millions. […] Il est certain que les Hèros de la Scène lyrique sont trop tendres & trop langoureux ; il faudrait les peindre avec des couleurs plus mâles, & leur donner la grandeur, la magnanimité de la Tragédie en récit : on éviterait par là ces maximes d’amour, qui révoltent les gens scrupuleux.
quand je fais réflexion que nonobstant mes remontrances et mes exhortations, plusieurs de ceux qui m’écoutent et qui participent aux divins mystères, perdent encore des apresdinées entières aux spectacles ; et se vont jeter de propos déliberé dans les pièges que le diable leur tend ; sans que ni mes exhortations, ni la vanité de ce divertissement, ni le danger où ils s’exposent, soient capables de les faire rentrer dans eux-mêmes. […] Censeo principi eam rem vel maximæ curæ fore, ne ipse suo exemplo authoritatem conciliet arti vanissimæ, si frequenter intersit spectaculis, audiatque libenter fabulas, etc. » Il veut surtout qu’on empêche les jeunes gens d’assister à la Comédie, de peur dit-il, qu’étant comme la pépinière de la Republique, ils ne soient dès leurs plus tendres années tout gâtés et corrompus. […] « Si quelqu’un se confie tellement en sa vertu, qu’il se croie en état de demeurer ferme et inébranlable parmi une infinité de pièges que le diable lui tend , dit S.
Puissent les cruautés de ces barbares ne pas altérer dans le cœur des peuples les tendres sentiments que les vertus de ce grand Monarque y ont si justement imprimés. […] J’avais eu dès ma plus tendre jeunesse du goût pour cette profession, mon Père m’avait mené de bonne heure à la Comédie, et je puis assurer que la premiere fois que j’ai vu le spectacle, a décidé ma vocation pour ce genre de vie. […] On doit convenir bien plutôt que c’est une façon très louable de seconder les Pasteurs, et de justifier avec combien de raison ils exigent que les Epoux avant de s’unir, soient déterminés l’un vers l’autre par le penchant le plus tendre.
Cependant on ne peut pas dire que Tartuffe soit ridicule, il n’est que ce qu’il doit être, c’est-à-dire, hypocrite, traître, ingrat : toutes ses actions ne tendent qu’à tromper les hommes, toute sa conduite est un tissu d’horreurs.
Racine est correct, élégant, tendre, insinuant, aimable, il l’est partout ; c’est une femme propre, bien mise, qui ne se montre jamais qu’après une toilette très-bien faite : elle plait sans être belle.
Que tout cela n’ait beaucoup servi à les attacher à Jésus-Christ par une plus sensible reconnaissance ; à les rendre plus dévotes que nous ; et que cette tendre et fidèle piété ne leur ait justement mérité la louange d’être le Sexe dévot ?
Cette conduite de l’archevêque de Rouen prouve, à l’évidence, que les prêtres mal conseillés ne veulent reconnaître et consulter aucune autre autorité que la leur, et qu’ils évitent avec le plus grand soin de faire aucune démarche qui tendrait à les ranger sous l’autorité du souverain légitime.
Tout y tend à la séduction, messages secrets, billets furtifs, présens &c.
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