Il m’accuse enfin, mais bien gratuitement, sans le prouver et d’une manière vague et irréfléchie, de confondre les temps et les lieux.
.° C’est une grande indécence, ou plûtôt un crime, qu’un fils parle à son père ou à sa mère de la maniere la plus insolente, & le père à son fils avec le plus grand emportement. […] 6.° La maniere dont cette femme le tente, est une nouvelle indécence. […] Il semble que Moliere n’ait choisi tous ses personnages que pour adoucir l’odieux de Tartuffe, en l’associant à des gens qui sans faire métier & marchandise de dévotion, valent, chacun à sa maniere, tout aussi peu que lui. […] 11.° La maniere dont parle Tartuffe est d’une indécence scandaleuse.
De quelle maniere elle se fera coeffer ; quel habit & quelle garniture elle prendra ; à quoi elle passera la journée ; s’il y a lieu d’esperer de la bonne compagnie. S’il arrive par hazard, qu’elle n’oublie point d’offrir le matin à Dieu les actions qu’elle fèra ; ne se prend-elle pas de la maniere qui suit, du moins par une intention implicite qui se manifeste par les œuvres de la journée ? […] Pour l’amour de vous, Seigneur, je m’habillerai à la mode, d’une maniere molle, qui fait baisser les yeux à des ames innocentes ; & d’une maniere superbe, pour m’attirer les yeux.
C’est une espèce de commérage sous la direction de confesseurs curieux qui ont ordre de questionner adroitement les maris et les épouses, les enfants et les valets ; ils savent tout ce qui se passe dans l’intérieur des maisons et connaissent les actions et surtout la manière de penser de chaque particulier. […] Plusieurs savants écrivains, aussi religieux que profonds, ont démontré d’une manière évidente ce que je viens d’avancer ; et s’il est nécessaire, j’en présenterai un jour l’extrait, accompagné de réflexions. […] Si je réalise le projet que j’ai formé de donner aussi une biographie de Bonaparte, j’aurai soin, sans doute, que les ombres, si nécessaires à la perfection d’un tableau, y soient ménagées de manière qu’elles puissent servir à faire valoir les traits saillants qui méritent le plus grand jour. […] Cette manière de penser et d’agir est précisément l’opinion de la théocratie et par conséquent des jésuites, ainsi que nous venons de le dire.
Et, comme la ressemblance y étoit ménagée, de maniere qu’on pût aisément y reconnoître ceux que l’on jouoit, il fallut une nouvelle loi pour défendre de faire la satyre personnelle des Citoyens. […] La Musique & la Danse, deux sœurs que la cadence a toujours unies, furent d’abord employées, comme la Poésie, à exprimer d’une maniere plus vive les transports du respect dont les hommes étoient pénétrés pour Dieu, & la joie qu’ils ressentoient de ses bienfaits. […] Cette maniere de considérer & de juger le Théatre des Grecs, fait l’objet d’une Dissertation50 de M. […] Et par la maniere dont la plupart de nos Poëtes la mettent en œuvre, nous nous attirerons peut-être de la postérité les mêmes reproches que nous faisons aux productions des siecles d’ignorance qui nous ont précédés. […] c’est que nous n’en sçavons pas assez ; & comme nous ne connoissons gueres les véritables mœurs des Peuples, nous ne trouvons point étrange qu’on les fasse galans à notre maniere ; & pour en rire, il faudroit des gens plus éclairés ».
Ce rapport préside à sa toilette, à ses études : il lui prescrit la maniere d’entrer & de se présenter sur la scène, d’y venir à propos, d’y prendre la place qui lui convient. […] Mais les différences sont plus frappantes dans la maniere d’expliquer ces sentimens.
Il ne s’agit pas icy des Regles de l’Art, de la conformité avec les Anciens, ou de la maniere des Modernes, Sur ces chefs, ie renvoye à M. […] Car de la maniere que nos Theatres vont, & selon la connoissance que j’en puis avoir.
Celui qui y fait le personnage d’Athée s’y moque de Dieu ouvertement, et son fripon de Valet qui fait semblant d’y prendre le parti de la Religion et de défendre la vertu, s’en acquitte d’une manière si impertinente et si badine, que tous ses discours sont une nouvelle dérision. Le sujet de cette Comédie, et la manière dont il est traité, sont détestables.
Voilà comme on aime ce qui n’est pas licite, de manière qu’on propose ce que l’âge même avait caché, par ainsi tels impudiques sont tant débordés, qu’ils ne se contentent pas d’user de leurs maux présents, s’ils ne proposent aussi en public ce en quoi les anciens ont offensé longtemps devant. […] Des autres manières de passe-temps, comme de ceux qui se battaient à coups de poing, les autres à coup de bâton les autres luttant homme à homme et autres. […] Des autres manières de passe-temps, comme de ceux qui se battaient à coups de poing, les autres à coup de bâton les autres luttant homme à homme et autres.
Moliere, qui avoit lu ce voyageur, forma là-dessus la comédie du Médecin malgre lui, qu’il embellit à sa maniere. […] 7, rapporte que la peste ravageant la ville de Rome, les Romains, qui avoient inutilement essayé bien des remedes, s’aviserent d’instituer des Jeux scéniques, jusqu’alors inconnus, pour appaiser les Dieux, c’est-à-dire les Démons selon le Prophete : Omnes Dii gentium Dæmonia ; belle maniere d’obtenir des miracles. […] Les théatres étrangers en ont traduit quelqu’une à leur maniere. […] Peindre les choses les plus licencieuses de la maniere la plus séduisante & la plus vive, témoin la peinture du Serrail & des amours du Sultan, que nous avons rapporté d’après Cahusac dans le chap. de la Danse ; dans la religion c’est un scandale horrible ; c’est au théatre avoir des mœurs & de la décence. […] Les Mexiquains avoient les mêmes jeux que nous, variés à leur maniere comme tous les Sauvages de ce continent, ou plutôt les hommes de tous les climats.
En deux manières pouvons-nous dire, que l’âme vraiment Chrétienne, est en une continuelle joie. […] les unes de paroles seulement, qu’on dit, ou qu’on entend pour se recréer ; les autres d’actions, comme sont les jeux, les bals, et danses, etc. je donne ici les aides pour faire de joyeuses et saintes récréations, en toutes ces deux manières. […] »80 « Je jouais devant lui sur le rond de la terre »,81 dit la Sagesse divine, nous apprenant, que nos jeux récréatifs doivent être faits devant Dieu, en quatre manières :In quatre manières on peut jouer devant Dieu. […] Ces joueurs font contre la fin du jeu, qui est se divertir, et se recréer après le travail : or ceux-ci, ou ils ne travaillent point, ne s’occupant qu’à jouer, ou au lieu de se recréer, ils se lassent, ils fatiguent l’esprit, harassent le corps, et ont besoin de repos, après avoir fait semblant de se servir du jeu par manière de repos ; être cinq ou six heures à jouer aux échecs, ou aux cartes, ou à la paume, n’est pas à mon avis un divertissement de l’esprit, ni un repos pour le corps. […] » In quatre manières on peut jouer devant Dieu.
Il était l’exemple et le modèle des fidèles dans les entretiens, dans la manière d’agir avec le prochain, dans la charité, dans la foi, dans la chasteté.
qu’il ne semble que nous voulions justifier nos vices par les saintes Ecritures ; ce qui serait les profaner d’une manière très indigne ».
et pour cette cause ne pouvants ouvertement ôter du cerveau des simples gens leurs vaines superstitions et rêveries, ils ornaient par vers tellement la vie des dieux, que cependant ils donnaient à connaître, qu’ils avaient été hommes, hantant et conversant parmi les mortels : de manière qu’ils n’estimaient rien en eux qui surpassât la nature humaine. […] Le Géographe Strabon écrit, que la Poésie a été tenue pour la première Philosophie, laquelle prescrit la manière de bien vivre, enseigne les mœurs et affections, commandant avec plaisir et délectation ce qui est à faire : et que mêmes les premiers anciens ont appellé les seuls Poètes, Sages, et Theologiens : à raison qu’iceux comprenaient par mesure et vers la doctrine des choses divines. […] Pour autant que les anciens Romains estimaient, que le métier de jouer ces jeux, et toute la scène était chose infame, ont voulu, que telle manière de gens non seulement fût privée de l’honneur des autres citoyens, et du droit de bourgeoisie : mais aussi que par la note et répréhension du Censeur elle fût ôtée de la tribu, ou du nombre de ceux, qui étaient enrôlés chacun en son cartier ou canton. […] Quant à l’Elégie, elle est semblablement de bonne grace, et aide le style familier, le rendant plus joyeux : en laquelle Callimaque a mérité le premier lieu entre les Grecs : de manière que son pays, à savoir Cyrène, fondé par les Lacédémoniens, en fut rendu plus illustre et plus célèbre :Crinitus li. 3 des Poetes La tins.
Croiroit-on que Corneille, Moliere, La Fontaine, Lulli sans compter Guerin, enfin l’abbé Aubert se soient exercés sur ce sujet ridicule, chacun à sa maniere ? […] Cependant le conte d’Apulée abandonné aux savans, n’étoit guére lu de personne, lorsqu’il plût à Moliere de l’aller chercher pour en faire le sujet d’une fête galante, que donnoit Louis XIV, à Gacon de le traduire, & à La Fontaine de le broder à sa maniere : tout cela pourtant ne lui donna de vogue que quatre jours, la piéce n’étoit plus jouée. […] La partie du parterre & des loges est encore plus vaste ; le plafond a des beautés aussi riches que surprénantes, la dorure & la dureté : celle-ci est singuliere : c’est du carton composé & pétri de maniere qu’il est aussi dur que la pierre ; & les poutres quoiqu’entiéres l’une dans l’autre à cause de leur longueur peuvent porter les plus grands poids. […] Faites donc ce qu’il vous plaire, qu’importe de quelle maniere vous ferez vos conquêtes, l’amour est une chasse, attrapez les amans comme vous pourrez ; nec refert quomodo venient amantes . […] Tout sert à ces compositions, le vermillon, la ceruse, le mercure, le safran, le pastel, la suïe, l’indigo, &c. on les mêlange, on les combine, on les nuance, on en regle la dose comme on veut, selon la maniere dont on veut se colorer ; c’est une branche de la peinture, un art particulier, une toilette & une palette, où l’on trouve toutes les couleurs ; le visage d’une femme une toile d’attente, disposée pour les recevoir ; son fauteuil sur lequel elle se renverse pour se livrer au pinceau, un vrai chevaler, où le tableau est exposé ; un habile coëffeur est un Raphaël, un Michel-Ange, qui fait des chefs-d’œuvres, ou plutôt un Calot & un Tenier, qui fait des grotesques.
Mais il faut avouer que ces flétrissures & ces peines, effets de la barbarie des siècles d’ignorance, ont moins été prononcées contre des Comédiens proprement dits, que contre des Histrions ou Farceurs publics, qui mêlaient dans leurs Jeux toutes sortes d’obscénités : aujourd’hui que le Théâtre est épuré d’une manière digne de la Raison & de la Philosophie, il serait injuste de concevoir une opinion aussi desavantageuse de nos Comédiens.
Depuis qu’on a quitté la manière toute simple de traiter les matières de Théologie par l’Ecriture Sainte et par les Pères de l’Eglise, pour ne plus suivre que les vaines subtilités d’un raisonnement humain et philosophique ; il s’est fait peu à peu un si étrange changement dans la morale Chrétienne ; que les notions les plus communes de plusieurs vérités capitales, sur lesquelles la Discipline de l’Eglise était fondée, se sont insensiblement anéanties et éteintes.
On ne s’attache à leur apprendre que la politesse, les belles manières et l’usage du monde ; en sorte qu’à dix ans ils sont en état de paraître dans ce qu’on appelle les meilleures compagnies, où on a grand soin de les présenter.
Il me semble que quand on réfute des opinions qui plaisent aux gens du monde il faudrait étudier les tours et les manières qui peuvent les rendre attentifs et leur faire goûter les raisons qui ruinent des préjugés favorables à leurs passions.
Ces trois Scènes pouvaient se varier de bien des manières ; mais la disposition en devait être toujours la même en général ; & il falait qu’elles eussent chacune cinq différentes entrées, trois en face, & deux sur les aîles.
Je me trouvai l’autre jour chez vôtre ami Monsieur *** Nous parlâmes sur le fatal present de la Comedie qu’on a fait à la ville : cependant, me dît-il, les fauteurs de la Comedie soûtiennent, que saint Thomas leur est favorable, en ce qu’il semble dire, que la profession des Comediens n’est pas mauvaise de sa nature, & que l’on peut même contribuer à leur subsistance, pourvû que ce soit d’une maniere moderée : j’aurois souhaité, que nôtre cher ami nous eût donné la solution à cette objection ; car quoique je sois convaincu, que cet Ange de l’Ecole n’a jamais approuvé les Comedies, telles qu’on les représente aujourd’hui ; cependant il faut le montrer à ces gens, qui se saisissent de toute couleur pour couvrir leur passion.
Puisque le mal diffère du bien, il faut sans doute exprimer l’un d’une manière qui le différencie de l’autre ; ce serait le moyen de les confondre en effet que de les confondre dans le langage : toutes les mauvaises qualités doivent être désignées par des termes capables d’en inspirer de l’horreur.
Il est aisé de concevoir que tout ce que saint Paul propose ici à un chrétien ne peut en aucune manière s’allier avec la fréquentation des spectacles, et que les principes qu’il pose ne doivent qu’inspirer du dégoût et du mépris pour des divertissements si contraires à l’esprit évangélique qui est un esprit de pénitence, de mortification et d’abnégation de soi-même.
Lorsqu’elle veut faire rire, elle ne peut guère se dispenser d’être licencieuse ; et les gens du monde, quelque modérés qu’ils paraissent, l’aiment mieux de cette manière que si elle était entièrement chaste.
Les Comédiens ont toujours passé pour des gens infâmes ; et ils sont encore traités présentement de la même manière. […] Dimanches ont été donnés, dit-il, non seulement pour vaquer plus particulièrement qu’aux autres jours au service de Dieu : mais ils ont aussi été institués pour prendre du repos ; afin qu’à l’exemple de Dieu même, qui se reposa le septième jour après le grand ouvrage de la création du monde, nous puissions nous reposer en quelque manière, en prenant un plaisir aussi honnête qu’est la Comédie. » O la jolie pensée ! […] Comme il n’y a rien qui excite si puissamment au bien que les exemples et les histoires des Saints ; aussi n’y a-t-il rien qui porte davantage aux vices que les aventures des personnes mondaines, et la représentation de leurs passions ; surtout quand elles sont exprimées agréablement et d’une manière qui touche les sens. […] Et c’est particulièrement en cette occasion qu’a lieu cette maxime de saint Paul ; que « non seulement ceux qui sont ces choses sont dignes de mort ; mais aussi tous ceux qui les approuvent, et qui y prennent part de quelque manière que ce soit ».
Ils ne disent pourtant pas que la Comédie soit une occupation Chrétienne, et vous ne trouverez pas non plus dans leurs livres cette manière méprisante dont vous traitez les Saints que l’Eglise honore. Mais vous croyez avoir grande raison, et vous apportez l’exemple de saint Jérôme comme si ceux de Port-Royal avaient dessein de s’en servir pour justifier une prétendue contradiction dont vous accusez leur conduite « vous nous direz, leur dites-vous,o que saint Jérôme a loué Rufin comme le plus savant homme de son siècle, tant qu’il a été son ami, et qu’il traita le même Rufin comme le plus ignorant homme de son siècle depuis qu’il se fut jeté dans le parti d’Origène. » Vous devinez mal, ils ne vous diront point cela, ce n’est point leur pensée, c’est la vôtre, mais quand ils auraient voulu dire une si mauvaise raison et d’une manière si injurieuse à saint Jérôme, Vous deviez attendre qu’ils l’eussent dit, et alors vous auriez eu raison de vous railler d’eux, au lieu qu’ils ont sujet de se moquer de vous. […] Il n’a voulu faire que ce qu’il a fait, il a voulu convaincre ses lecteurs de la fausseté d’une prétendue hérésie, et il les en a convaincus d’une manière qui sans comparaison, est forte, évidente, agréable, et très facile. […] Il paraît assez par la profession que vous faites, et par la manière dont vous écrivez que vous craignez moins d’offenser Dieu que de ne plaire pas aux hommes ; puisque pour flatter la passion de quelques-uns, vous vous moquez de l’Ecriture, des Conciles, des Saints Pères, et des personnes qui tâchent d’imiter leurs vertus.
« Comme on était sur le point de jouer la comédie sur le palais d’Asté à Rome, le plancher de la salle du spectacle s’enfonça de manière qu’il tourna en tombant, renversa les spectateurs et fit enfoncer le second plancher.
Ses transports, lorsqu’on lui a rendu la manière dont j’ai accepté, ne peuvent se concevoir, que par le cœur dans lequel ils ont tous passé.
O la plaisante manière de corriger, dit-il encore !
Mais si la Comédie est criminelle dans tous les temps, combien le doit-elle être plus particulièrement dans ceux que l’Eglise consacre d’une manière particulière à la pieté et à la Pénitence tels que l’Avent et le Carême, et où par des Prières et dans des calamités publiques, elle implore, comme on le fait actuellement dans notre Diocèse, la miséricorde de Dieu et travaille à apaiser sa colère si manifestement irritée ; dans un temps en un mot où la nôtre est particulièrement occupé à attirer sa protection sur les Armes de notre invincible Monarque, en n’oubliant rien pour sanctifier ceux qui les portent pour son service, et pour les rendre aussi bons serviteurs de Dieu que du Roi ?
Ils se plaisent & réussissent à représenter des drames à leur maniere sur des théatres particuliers qu’ils dressent promptement, & sans beaucoup d’appareil, dans leurs maisons. […] Mais il est vrai que l’écriture le dit d’une maniere plus noble, plus vive, plus imposante, & bien digne de Dieu. […] Elle se mit à rire de mon enthousiasme, & reçut ma déclaration en Actrice de la maniere la plus galante. […] Il me devint si familier par l’usage & l’habitude, que dans la suite je n’en trouvois point de plus heureux ; je courois de ville en ville, gagnant beaucoup d’argent, & vivant d’une maniere agréable & libertine. […] Il mourut à quarante ans, après avoir demandé & reçu tous les sactemens d’une maniere édifiante, on peut ajouter héroïque.
Le théâtre, comme délassement, comme instruction, comme lieu d’assemblée, n’est donc pas une chose indifférente ; mais il ne sçauroit être considéré de la même maniere dans un état libre et dans un état despotique. […] Les gens du monde, dégoûtés du beau, ne viennent à ces spectacles que pour ces traits dont la licence et la trivialité forcent le rire, et ce sont eux qui se plaîgnent de ce que la morale s’introduit même dans les petits spectacles, et de ce qu’elle y est ennuyeuse, tandis que le peuple témoigne sa satisfaction de la maniere la moins équivoque16. Puisqu’il n’est pas de moyens de forcer la paresse au travail, il ne faut donc pas fermer les spectacles au peuple ; tâcher qu’ils deviennent pour lui, sans qu’il s’en apperçoive, un lieu d’instruction publique ; c’est la seule maniere de les rendre utiles, au lieu d’être dangereux. […] L’article XI de la Déclaration des droits ne prononce-t-il pas que tout homme est libre de publier sa pensée, de quelque maniere que ce soit, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la loi. Le théâtre est sûrement une maniere de publier sa pensée ; ainsi un auteur dramatique ne doit rendre compte de sa pensée qu’à la loi.
Nos Dramatiques traitent les gens d’Eglise d’une manière bien étrange ! […] Le Jeune La Mode dans la page suivante prie Bulle de se hâter d’aller trouver le Chevalier Ventre-de-tonne ; le Chapelain répond d’une manière peu conforme à son état : « Je fends les airs, je vole pour m’y rendre. […] Telle était donc la conduite des anciens Dramatiques : les Prêtres paraissaient rarement dans leurs Poèmes ; et quand cela arrivait, c’était pour quelque affaire d’importance : on les considérait toujours comme des personnes de marque : ils se comportaient toujours d’une manière qui répondait à leur dignité, sans se démentir en quoi que ce fût ; loin de se dégrader par des bassesses ou par des infamies. […] Les Tragédies à Athènes étaient une manière de discours moraux, destinés à l’instruction des peuples : et c’est pour cela qu’elles sont si chastes, si religieuses et si remplies de sentences. […] Le Prêtre Evans, par exemple, a des manières trop mondaines et trop enjouées : Mesure Pour mesure ag.
Vous ne comprenez pas que les louanges prodiguées à ceux qui l’exercent, sont une maniere d’imitation. […] Supposé qu’après des occupations penibles, on soit fondé à se divertir pour un moment, c’est sous la condition que l’on s’y prendra d’une maniere innocente : lorsqu’il est permis de manger, faut-il s’empoisonner par des alimens corrompus ? […] C’est une gloire impuissante, qui n’est nullement capable de vous garantir ; elle fuit devant le double glaive qui vous frappe d’une maniere aussi funeste que deshonorante.
Il le fera d’une manière claire & précise. […] Il promet de composer un Drame dans lequel on sçaura dès la prémière Scène tout ce qu’éprouveront les principaux Personnages, & de quelle manière le nœud se débrouillera ; cet Auteur cèlébre se flatte d’attacher autant que s’il piquait la curiosité des Spectateurs en leur cachant les ressorts d’où naissent les événemens, & amènent la catastrophe ; je ne doute pas qu’il n’ait la gloire de réussir. […] Encore ferait-on mieux de le composer de manière qu’il eut un certain rapport avec l’Acteur qui le chante, & ceux qui l’écoutent.
Plusieurs Prélats lui ont fait l’honneur de lui témoigner qu’ils lui sçavoient gré de la maniere dont il avoit traité cette matiere. […] de Querlon, elles y sont toutes bien choisies, & employées de la maniere la plus intéressante. […] Le premier essai fut suffisant pour l’ébranler, de maniere qu’il congédia sur le champ ces habiles Artistes. […] Une Nation varie dans son langage, dans le goût de ses plaisirs, comme dans la maniere de s’habiller. […] Chaque siecle a eu sa maniere de couvrir les idées propres à flatter la volupté.
C’est ainsi que la chasteté étant d’ailleurs tant interessée en toute maniere, par de frequens débris, trouve à la comedie, comme son dernier écueil, où elle acheve de corrompre & de perdre, ce qui pouvoit encore n’être pas corrompu entierement, & où elle assûre & confirme dans sa corruption ce qui l’estoit déjà depuis longtems. […] N’est-ce pas en quelque maniere donner l’avantage à un Comedien, pardessus les Députez, & les Ambassadeurs du Ciel ?
Sa manière de se comporter au cabaret mérite d’être observée ; il agit autrement que chez lui. […] « Si l’on en croit, dit il, le bon-homme Cratin, jamais buveur d’eau ne fit des Vers capables de plaire & de se soutenir long tems11. » Il s’exprime dans un autre endroit de la même Epitre d’une maniere encore plus sérieuse.
Ma Rivale m’accueillit de manière, que j’aurais soupçonné qu’elle me reconnaissait, si la suite de notre entretien ne m’avait rassurée. […] Elle voit donc la petite *** ; elle l’étudie, se met à apprendre ses Rôles, s’exerce assidûment, & parvient enfin à saisir sa manière.
Je vous dirai pourtant, avant que de la quitter, que les véritables dévots ne sont point composés, que leurs manières ne sont point affectées, que leurs démarches et leurs grimaces ne sont point étudiées, que leur voix n’est point contrefaite et que, ne voulant point tromper, ils n’affectent point de faire paraître que leurs mortifications les ont abattus. […] C'est une manière d’agir dont les tartufes ne se peuvent défaire et qui passe pour un des plus grands crimes que l’on puisse commettre, puisqu’il est malaisé de rendre la réputation à ceux à qui on l’a une fois fait perdre, encore que ce soit injustement.
Je ne suis pas surpris que, loin de les avilir, leur métier exercé de cette manière leur donnât cette fierté de courage et ce noble désintéressement qui semblent quelquefois élever l’acteur à son personnage. […] quand ce ne serait que par tant de regards qu’elles attirent, et par tous ceux qu’elles jettent, elles que leur sexe avait consacrées à la modestie, dont l’infirmité naturelle demandait la sûre retraite d’une maison bien réglée : et voilà qu’elles s’étalent elles-mêmes en plein théâtre avec tout l’attirail de la volupté, comme ces sirènes dont parle Isaïe, qui font leur demeure dans le temple de la volupté ; dont les regards sont mortels, et qui reçoivent de tous côtés, par les applaudissements qu’on leur renvoie, le poison qu’elles répandent par leur chant. » Elles s’immolent à l’incontinence publique d’une manière plus dangereuse qu’on ne ferait dans les lieux qu’on n’ose nommer.
Il se sert encore d’un autre motif, pour détourner les Fidèles des Spectacles ; c’est dans le chap. 25 du même Livre, où il parle de la manière suivante : « Un homme pensera à Dieu dans ces lieux où il n’y a rien de Dieu ? […] in Hexameron, condamne de même les Chansons de l’Opéra : « Ils vont , dit-il, avec ardeur, écouter certaines chansons qui ne respirent que la mollesse, et qui ne tendent qu’à corrompre les mœurs, et qui font naître dans l’esprit des auditeurs déjà assez déréglés d’eux-mêmes, toute sorte d’impuretés, d’une manière qu’ils ne peuvent jamais se rassasier de ces chansons.
Le Compositeur, de son côté, doit se lier intimement au Poète ; il a souvent besoin de lui dans le cours de son travail, soit pour entrer davantage dans son idée, soit pour faire retoucher les endroits dont il n’est pas content, parce qu’ils ne se prêtent point à la manière dont il voudrait les moduler.
Comment concilier ces deux passages, si ce n’est en disant, que lorsqu’il l’excuse, ou si l’on veut, qu’il l’approuve, il le regarde selon une idée générale abstraite et métaphysique : mais que lorsqu’il le considère naturellement de la manière dont on le pratique, il n’y a point d’opprobre dont il ne l’accable.
Monsieur le Prince de Conti, qui avait fréquenté les Théâtres avant sa conversion, se crut obligé d’écrire contre la Comédie ; ce qu’il fit d’une manière savante, élevée et très pressante.
dans le Moine Espagnol, dans l’Amour Triomphant h et dans le Fourbe i, s’oublient d’une étrange manière ! […] Ce serait traiter les Dames à peu près de la même manière que ceux qui reçoivent leur argent, pour les insulter à la face d’une nombreuse Assemblée : ce serait s’imaginer qu’elles se repaissent d’idées criminelles, qu’elles sont accoutumées au langage des mauvais lieux, et qu’elles aiment à voir des représentations abominables. […] Son style a je ne sais quoi de pompeux, de guerrier, et si je l’ose dire, d’entreprenant : c’est en quelque manière la trompette qui sonne dans ses vers, propres à échauffer le courage, à inspirer l’ardeur Martiale et à en faire venir à une action. […] Parcourons maintenant Euripide : sa manière est de fuir l’affectation du Théâtre et de suivre le naturel de la conversation : il sait exprimer en des termes ordinaires des choses qui ne le sont point : c’est l’honnête homme dans lui plutôt que l’Auteur qui pense et qui parle. […] N’est-il pas évident qu’en plaçant de cette manière burlesque les malfaiteurs, il avait pour but de critiquer la créance d’un châtiment à venir ?
On ne trouve pas qu’il se soit déterminé d’une manière fort avantageuse. […] Il parle un langage poli, châtié ; (quoiqu’il se sente toujours de son accent, qui, malgré lui, le fait trop souvent reconnaître) il ne présente que des images riantes et agréables ; ses manières séduisantes affectent l’âme de sentiments qui lui sont toujours favorables. […] Les mœurs regardent l’âme, et consistent moins dans une certaine politesse, dans de certaines manières consacrées par le bel usage, que dans un cœur droit et pur, une conduite sage et réglée. […] Et que dans le Festin de Pierre on fait dire des impiétés d’une manière vive, éloquente, et très propre à persuader. […] « Mais, ajoute-t-il, la Comédie n’excite pas seulement les passions, elle enseigne aussi le langage des passions, c’est-à-dire l’art de s’en exprimer, et de les faire paraître d’une manière agréable et ingénieuse, ce qui n’est pas un petit mal.
Il est bien plus raisonnable d’attendre, qu’on vous appelle aussi-bien dans la Courante que dans les Bransles, & que l’enchaînure & la continuation du Bal dure de cette maniere, & avec ce petit soin de rendre & de reprendre ceux qui nous ont pris, & qui nous ont fait cet honneur.
Car dans cet état même elle ne plaît que parce qu’elle représente d’une manière vive et touchante ce que peuvent les passions de l’amour, de la vengeance et de l’ambition, dans leurs plus grands emportements ; et il est vrai qu’on ne prend plaisir à la représentation de ces passions, que parce qu’on aime les passions mêmes.
L a Comédie est un Poème Dramatique qui représente une action, qui d’une manière ingénieuse et plaisante corrige les défauts des hommes, et divertit par la peinture naïve qu’elle fait de leurs différents caractères.
Les comédiens du troisième âge, ayant reçu leur institution du prince et des lois du royaume, ne sont point comptables de leur profession au clergé ; L’abjuration de cette profession, exigée par le clergé, est un véritable délit, parce que aucune autorité dans l’Etat n’a le droit de vouloir le contraire de ce qui a été créé et autorisé par les diplômes du prince et la législation du pays ; Le refus de sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un délit manifeste et réel, puisque c’est infliger une action pénale, imprégner un mépris public à une profession que le prince, les lois du royaume, les ordonnances de police ont instituée et régularisée ; et en cette circonstance l’outrage est non seulement fait à la personne et à la profession du comédien décédé, mais encore aux autorités suprêmes qui ont autorisé et commandé son exercice : voilà pour ce qui concerne l’état politique et celui de la législation ; c’est aux procureurs du roi qu’il appartient de faire respecter, par toutes les autorités existant dans l’Etat, ce qui a été institué et par l’action du prince et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume ; Le refus de sépulture est encore un autre délit envers les lois ecclésiastiques même, puisque, pour avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on veut l’appliquer aient été excommuniés, dénoncés dans les formes, et que jamais les comédiens du troisième âge ne se sont rencontrés dans cette catégorie ; Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les comédiens de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de leur création les prêtres ont rempli des rôles dans les mystères que les comédiens représentaient ; que les obscénités, les scandales qui se pratiquaient alors dans les églises, ou dans ces comédies pieuses, étant tout à fait nuisibles à la religion, l’autorité séculière a fait défendre aux prêtres de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion ; Le clergé, dans l’animadversion qu’il témoigne contre les comédiens, signale son ignorance, son injustice, son ingratitude, et démontre en outre qu’il agit avec deux poids et deux mesures, ce qui est on ne peut pas plus impolitique pour un corps aussi respectable ; car on a vu que c’étaient des papes et des cardinaux qui avaient institué des théâtres tant en Italie qu’en France ; on a vu un abbé, directeur de notre Opéra à Paris, on a vu les capucins, les cordeliers, les augustins demander l’aumône par placet, et la recevoir de nos comédiens ; on a vu les lettres où ces mêmes religieux, prêtres de l’Eglise apostolique et romaine, promettaient de prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens.
Je compte pour beaucoup plus la maniere immodeste, et nullement Chrétienne, pour ne pas dire dissolue, en laquelle on se pare et on se produit dans ces occasions, l’excés des ornemens dont on s’embarrasse, et l’étalage qu’on fait de ce que la pudeur voudroit qu’on cachât.
Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.
Mais en combien de manières n’y est-elle pas encore blessée ! […] Je vous demande si jamais vous n’avez entendu sortir de ces bouches impures que des paroles chastes & mesurées ; si jamais vos yeux & vos oreilles n’ont rien rencontré dans les Spectacles, qu’on dit être les plus châtiés, qui pût alarmer la modestie ; si vous voudriez imiter, ou si vous souffririez dans les personnes dont la conduite vous est confiée, les parures indécentes, les manières lascives & dissolues, l’air d’effronterie & d’impudence qu’on étale sur le théâtre ; si vous adopteriez le langage qu’on y parle ; & si enfin vous n’avez jamais rougi, en souriant à des propos que vous auriez honte de répéter ? […] Ce fameux Comique, qui dans le dernier siècle a porté cet art dangereux à sa dernière perfection, mais dont la mort devroit donner plus de frayeur aux amateurs du Spectacle que ses ouvrages ne leur causent d’admiration & de plaisir, a, dit-on, corrigé les mœurs de son siècle ; c’est-à-dire, qu’il a détruit par la force du ridicule quelques restes de mauvais goût, d’affectation dans le langage & dans les manières : mais de quel vice réel nous a-t-il en effet corrigés ? […] Voilà ce que nous entendons tous les jours ; voilà ce qui attire aux Ministres de l’Evangile, lorsqu’ils croient devoir censurer ces spectacles pernicieux, des reproches odieux d’ignorance, de prévention, de zèle aveugle & inconsidéré : reproches qui doivent nous affliger sans doute, parce qu’ils prouvent l’endurcissement de ceux qui nous les font, & leur opposition à la sainte doctrine de Jésus-Christ ; mais reproches que nous devons nous faire gloire de braver & de mépriser, parce que nous savons que le monde doit nous haïr comme il a haï notre divin Maître ; parce que nous ne pouvons nous taire sur ces abus, sans trahir notre ministère ; & que si nous étions capables de penser ou de parler sur les Spectacles d’une manière qui pût plaire au monde, nous ne serions plus les serviteurs de Jésus-Christ.
JE me donneray de garde, Messieurs, & je m’en déclare d’abord, de rien avancer dans le sujet que je traite, qui ne soit conforme à la plus saine doctrine, & à la plus exacte verité : je suis trop convaincu, que toute exaggeration en matiere de Morale, soit en representant l’énormité d’un crime, soit en exposant le danger qu’il y a de le commettre, que toute exaggeration, dis-je, bien loin de remedier aux excez & aux abus, ne sert souvent qu’à les augmenter, puisqu’on donne par-là le moyen de justifier, en quelque maniere, les desordres, par les réponses qu’on donne lieu de faire aux censures outrées, & aux invectives excessives ; & aprés qu’on s’est efforcé de donner de l’horreur d’un vice, ou de la crainte de le commettre ; tout le fruit que les Auditeurs en retirent, est de se persuader, qu’on les a voulu allarmer pour peu de chose, en faisant le mal, ou le danger plus grand qu’il n’est ; de sorte que lorsqu’un Predicateur a excedé en quelque point, il ne sera plus crû quand il dira la verité toute pure dans une autre matiere, & qu’il s’efforcera de la mettre devant les yeux. […] Je dis donc premierement, pour la résolution de cette question si delicate, & qui n’est pas sans difficulté qu’il faut consulter la situation de vôtre cœur, & que c’est mal raisonner de la grandeur du peril où l’on s’expose, que d’en juger par la nature, ou par l’institution de ces spectacles, ou par la fin qu’ont eû ceux qui les ont inventez les premiers ; au lieu de les considerer dans l’usage qu’on en fait, ou dans la maniere ordinaire qu’ils se passent ; & j’ajoûte que le peu de soin que la plûpart des gens du monde apportent à éviter l’occasion du peché, me donne un juste sujet de craindre que le danger du peché mortel ne soit pas capable d’arrêter leur curiosité, ni la passion qu’ils ont pour une chose, où il est facile d’y tomber. […] Nous sommes, à la verité, dans un siecle, où l’on garde des mesures de bienseance plus que jamais ; jamais les dehors ni les apparences de la vertu & de la probité n’ont été menagez avec plus de soin ; & comme l’on apporte toutes les précautions que l’on peut, pour conserver sa reputation, on témoigne de l’indignation contre les vices grossiers, & contre tout ce qui choque l’honnêteté ; mais comme les mœurs sont aussi corrompuës qu’elles l’ont jamais été, cette horreur que l’on marque pour tout ce qui blesse la pudeur, ou qui enseigne ouvertement le crime, est plûtost un effet de la politesse du siecle, que de sa probité ; de maniere que les spectacles de ce temps sont d’autant plus dangereux, que le mal y est plus caché, & plus subtilement déguisé. […] de maniere, que si l’on n’y fait point de mal, par soy-même, l’on contribuë au mal que les autres y font.
Quels doivent-être les gestes, le maintien, le ton, la manière de s’habiller de pareilles gens ? […] Ils conçoivent, ils sentent les allégories les plus rafinées, et les connoisseurs affirment qu’il y en a tel et telle, parmi eux, qui disent une polissonnerie et lancent des œillades d’une manière que la Dugazon et la Guimard ne désavoueroient pas. […] Une badine ou un gros bâton, un chapeau de forme bizarre, des bottines, une cravate énorme, un juste-au-corps étroit ou bien une redingotte immense, quelquefois des boucles d’oreilles, ainsi qu’en portoient les Perses, le peuple le plus efféminé de l’antiquité, voilà la manière de s’habiller de ces hommes perdus ; vous vous attendez bien que celle des femmes qui leur ressemblent n’est pas plus décente. […] Voulez vous que celle dont vous desirez de faire une bonne épouse et une bonne mere entende, seulement une fois, ces femmes, la lie de leur sexe, commenter à leur manière ces pièces dissolues, s’entretenir des ressources qu’elles ont été chercher au Mont-de-Piété, des dupes qui sont tombés ou qui tomberont dans leurs lacs, s’offrir au premier venu, conclure sans façon leur marché ?
On fait sonner bien haut en Espagne le zele de la Religion, & toutefois en Espagne on void introduire sur les Theâtres publics des personnages en habit Ecclesiastique, ce qui ne seroit soufert en France en quelque maniere que ce fust. […] Vn sujet Comique est beaucoup moins de leur caractere qu’vn sujet Tragique : mais de quelque maniere qu’ils s’aquitent de tous les deux, ils n’ont pas esté goûtez en France, & ne diuertissent pas comme les Italiens. […] C’est sans doute vne matiere des plus difficiles & vne entreprise des plus hardies, selon le biais qu’on voudroit suiure pour l’executer ; Mais de la maniere que ie vais m’y prendre, j’ay la temerité de croire que j’y pourray reüssir. […] Voila ce que i’auois à dire en general de la maniere dont les Autheurs se gouuernent auec les Comediens. […] Apres ie feray voir comme ce Corps est vne maniere de Republique, & de la plus belle espece ; quelle est la fin de son gouuernement, & les áuantages qu’on en peut tirer.
Le grossier que vous en ôtez feroit horreur, si on le montroit ; & l’adresse de le cacher, ne fait qu’y attirer les volontés d’une maniere plus délicate, & qui n’est que plus perilleuse lorsqu’elle paroît épurée. […] Selon vous-mêmes, ainsi que selon Tertullien, suivant la maniere de penser du monde d’aujourd’hui, comme suivant celle des anciens idolâtres, la fréquentation du théâtre est donc une espece d’apostasie pour des chrétiens. […] De quelle maniere a-t-on toujours regardé les acteurs ? […] C’est la maniere dont on a toujours regardé les acteurs du théâtre dans le Paganisme. […] De quelle maniere a-t-on toujours regardé les acteurs ?
C’est ainsi, que la chasteté estant d’ailleurs tant interressée en toute manière, par de fréquens débris, trouve à la comédie, comme son dernier écüeil, où elle acheve de corrompre, & de perdre, ce qui pouvoit encore n’estre pas corrompu entierement, & où elle assure, & confirme dans sa corruption, ce qui l’estoit déjà depuis long-temps. […] N’est-ce pas en quelque maniere donner l’avantage à un comédien, par dessus lès Députez, & les Ambassadeurs du Ciel ?
Mais comme ils ne savaient pas la manière de les faire, et qu'ils n'avaient point d'Acteurs, ils eurent recours aux Etruriens qui les en instruisirent, et leur donnèrent des gens capables de les jouer et de les bien exécuter, selon l'intention qu'ils avaient ; et ces gens furent nommés Histrions, selon la langue des Etruriens, comme nous dirons ci-après, parce qu'ils nommaient Istres ceux que les Romains nommaient Ludions. […] Ces Mimes et Pantomimes avaient encore accoutumé d'être mandés aux Festins, où ils dansaient de cette manière les Episodes des Poètes, uneAthen.
Pleræque enim earum, tamquam in numerosa multitudine diebus festis, cum adveniunt audituræ verbum Dei, per inscitiam lætitiæ spiritualis, se dedunt inhonestis disciplinis. » c’est-à-dire, de femmes et de filles Chrétiennes, qui par une indiscrète et fausse joie, qu’elles appellent spirituelle, dansent aussi d’une manière honteuse les jours des Fêtes, et dans le temps même qu’elles viennent dans les Eglises pour entendre la parole de Dieu. […] Jacques de Vitry rapporte qu’au pays de Saxe dans quelques villages, Dieu punit d’une manière terrible et extraordinaire des personnes qui dansaient un jour de Fête, et qui ne voulurent pas quitter ce divertissement, quoiqu’ils en fussent charitablement avertis par leur Curé.
« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. […] N’est-il pas indigne d’un chrétien, dont les pensées doivent être toutes saintes, d’aller écouter des maximes pernicieuses, d’autant plus propres à corrompre le cœur, qu’elles sont présentées d’une manière plus ingénieuse et plus capable d’en imposer ?
La deuxième regarde les Auteurs, et généralement tous ceux qui y coopèrent ; ils répondent à cette demande, que tous ceux qui coopèrent à la Comédie d’une manière prochaine et déterminée pèchent, et particulièrement ceux qui composent pour le Théâtre les Pièces que l’on y représente ordinairement, parce que leur action tend d’une manière déterminée à une chose mauvaise. […] Pour ceux qui coopèrent à la Comédie d’une manière prochaine et déterminée, ou qui y assistent de leur plein gré, quoiqu’ils ne soient pas si coupables que les Comédiens : néanmoins les mêmes Docteurs ont décidé qu’on doit leur refuser l’Absolution, si les uns et les autres ne veulent point se corriger et changer de conduite, après avoir été suffisamment avertis.
On peut douter si le jardinage a beaucoup gagné à cette anglomanie, désavouée peut-être par les anglois mêmes, qui vient de bouleverser tous nos jardins, proscrire la ligne droite, l’ordre simétrique, les formes régulieres, avec les décorations & les points de vue qui en résultent ; offrir des rivieres sans eaux, des montagnes faites à la main, des palais déguisés en masures, des irrégularités étudiées, des accumulations grotesques d’objets disparates, parodier d’une maniere mesquine & bisarre le grand tableau de la nature, tourmenter cette nature, sous prétexte de s’en rapprocher, la contrefaire aulieu de l’imiter, la défigurer pour l’embellit : voilà le théatre, les drames à deux, à quatre, à cinq actes, ces fragmens qui font un ouvrage de marqueterie à pieces rapportées, ces malheureux qui se tuent en chantant & en dansant, ces bergers qui fredonnent des ariettes, ces paysans ingénieux & courtisans, ces héros petits-maîtres, ces actrices prudes, ces conversations en sentences, cette philosophie que personne n’entend, cette licence modeste, cette malignité bienfaisante, &c. […] C’est un siffleur qui, avec toutes les ustensiles de cuisine, un coûteau, une fourchette, une grille, une poële, une pipe, &c. joue toutes sortes d’airs, de la maniere la plus mélodieuse, comme avec une flûte, un violon. […] Un prêtre de ses anciens amis, vétu d’une maniere décente, ne put obtenir la permission de le voir. […] Mais ses amis ont ramassé les rôles des comédiens, les ont cousus à leur manière, & en ont composé son théatre. […] Il siffla une gavote de la maniere la plus sérieuse : mais il ne put tenir contre les postures de l’Arlequin.
Euripide a merveilleusement bien ménagé toutes ces circonstances dans la Tragédie d’Hercule ; il fait parler à Ulysse cette Reine infortunée, qui avait perdu ses Etats, son Mari, presque tous ses Enfants, et qui était prête de voir égorger à ses yeux sa fille Polyxène sur le tombeau d’Achille ; il la fait parler à Ulysse, d’une manière si touchante, qu’il n’y a point d’homme raisonnable, qui pût refuser ses larmes aux malheurs de la Mère et de la Fille. […] Si la disposition du sujet, ou la vérité de l’Histoire ne permet pas au Poète de récompenser la vertu, il y faut suppléer en quelque manière par les louanges, que quelques personnages considérables de la Tragédie donnent publiquement aux actions vertueuses, qui demeurent sans récompense. […] Il est vrai que les Pères ont terriblement déclamé contre la Comédie ; et que l’on trouve en plusieurs endroits, des Satires sanglantes contre les Chrétiens relâchés, qui assistaient aux Spectacles : Mais l’on peut dire que les Comédies de ce temps-là ne ressemblaient guère à celles que l’on représente aujourd’hui sur nos Théâtres ; c’étaient des spectacles de turpitude, où l’on n’observait nulle bienséance, et où la pudeur était offensée par des postures et des représentations indécentes ; au lieu que les Comédies d’aujourd’hui, bien loin de blesser les bonnes mœurs, contribuent à réformer les vices ; nous l’avons connu par expérience, depuis trente ans : L’air précieux avait infecté Paris et les Provinces ; on s’était fait un jargon ridicule et plein d’affectation, qu’on avait toutes les peines du monde à entendre : On affectait des manières qui jetaient les gens hors de leur naturel, et qui les travestissaient absolument : Toutes les raisons qu’on apportait pour faire sentir le ridicule de cet air précieux, ne faisaient que blanchira : La Comédie de Molière, qui exposait à la risée du public les Précieuses ridicules, les ramena au bon sens ; et les fit rentrer, malgré elles, dans leur naturel. […] La Comédie en elle-même, et séparée des circonstances qui la rendaient vicieuse du temps que les Pères déclamaient contre elle, peut être regardée comme une chose purement indifférente ; mais les meilleures choses peuvent devenir criminelles par le mauvais usage que l’on en fait : Les mêmes sucs, et les mêmes herbes dont on compose d’excellents remèdes, deviennent des poisons pernicieux, quand on les apprête d’une autre manière. […] Il n’est pas nécessaire pour condamner les Comédies, qu’elles soient déshonnêtes, et remplies de sentiments superstitieux ; tout ce qui les accompagne ; la magnificence du spectacle, la manière mondaine, les ajustements des Comédiennes, la compagnie qui s’y trouve, la peinture des passions que l’on tâche d’inspirer à tous les spectateurs, les impressions que ces objets laissent dans l’esprit et dans le cœur des jeunes gens ; tout cela suffit pour rendre l’usage de la Comédie très criminel.
J’espère donc que vous vous en fierez à madame D’Alzan ; que vous nous laisserez agir toutes deux ; & que vous nous seconderez à notre manière ; c’est la grâce que j’ose exiger de vous.
En général, on prie les Lecteurs de considérer la circonspection dont l’Auteur a usé dans cette matière, et de remarquer que dans tout ce petit Ouvrage il ne se trouvera pas qu’il juge en aucune manière de ce qui est en question, sur la Comédie qui en est le sujet : car, pour la première partie, ce n’est, comme on l’a déjà dit, qu’une relation fidèle de la chose, et de ce qui s’en est dit pour et contre par les intelligents ; et, pour les réflexions qui composent l’autre, il n’y parle que sur des suppositions qu’il n’examine point.
Une Actrice d’une rare beauté se sera montrée nue dans un rôle qui l’exigeoit, pour le jouer d’une maniere qui lui fût plus avantageuse, où pour obtenir l’effet de quelque demande. […] Dans le Prologue, qui est un des plus beaux morceaux de l’antiquité, le Poëte exhala sa douleur d’une maniere fort touchante, Macrobe, qui nous l’a conservé tout entier, nous apprend aussi que ce Chevalier Romain, pour venger sa vieillesse, inséra malignement dans le cours de l’ouvrage quelques traits picquans contre ce Prince.
Salvien dit nettement que le théatre est une des pompes du Diable ausquelles les Chrétiens ont renoncé dans leur baptême, & que c’est être en quelque manière apostat, que d’y assister : Salv. l. […] Réjouïssez vous ; mais que ce soit dans le Seigneur, comme l’ordonne l’Apôtre : soyez gais & joyeux ; mais que ce soit en la manière que le doivent être des Chrétiens & des Saints, tels qu’étoit le peuple de Béthulie dans les Fêtes qu’il célébra après avoir été délivré des mains d’Holopherne, par celles de Judith : Judith, 16. 24.
Jesus-Christ peut-il entrer dans cette maniere de délassement ? […] Or ceux qui vivent de la maniere que je viens de dépeindre, ne composent pas sans doute le plus grand nombre : on n’en trouve que très-peu dans le monde, & vous en convenés vous-même ; il est donc certain, que tandis que vous suivrés le grand nombre, cette multitude de mondains, vous ne serés pas du nombre de ceux qui se sauvent.
De telles manières de gens Salomon entend parler disant : « Le fol malin fait le mal comme en riantEs Proverbes 10. [10, 23]. […] [NDE] Cité de manière très libre.
Il n’y a que la corruption du siècle qui ait pû faire tolérer, sur la Scène, la passion d’amour traitée de la manière dont elle l’est dans Mithridate. […] On trouve à chaque instant dans Bajazet les expressions les plus vives et les plus touchantes : elles font, pour ainsi dire, l’âme de la Pièce, qui par conséquent, ne peut jamais faire dans l’âme des Spectateurs d’autres impressions, que celles de la molesse et de la corruption ; je ne la crois donc point susceptible de correction, ni digne en aucune manière du Théâtre de la Réforme.
Ses vues bienfaisantes furent exécutées ; on assembla toutes ces filles & leurs fiancés, dans le Consistoire de l’Hôtel-de-Ville, les Capitouls les conduisirent à l’Autel, où M. de la Galaistere, l’un des Grand-Vicaires (à l’absence de M. de Lomenie, Archevêque, qui demeure depuis plusieurs années à Paris, & qui, sans doute, se seroit fait un plaisir d’assister à la cérémonie ;) après un discours où il joignit à une exhortation convenable, l’éloge le plus vrai, du Magistrat, auteur de la fête, leur donna la bénédiction nuptiale ; de l’Autel, les époux avec chacun quatre de leurs parents, passerent à la salle où on leur avoit préparé un repas, après lequel on leur permit de danser à leur maniere, jusqu’au soir ; la plus grande décence, & une parfaite tranquilité accompagnerent la franche & agréable gayété qui y regnoit. […] Peisonnel, Consul de la nation, intitulée Selim ou la foi du sujet ; elle a eu les plus grands applaudissements, le sujet en a été trouvé neuf, & vraiment tragique ; les caractères bien soutenus, la conduite sage, les situations intéressantes, le style noble & nerveux, les sentiments d’amour & de fidélité du sujet envers son Roi, y sont dévelopés d’une maniere, qui fait autant d’honneur à l’auteur qui en est rempli, qu’au Monarque qui les inspire. […] C’étoient des faux Dieux sans doute ; mais les payens les regardoient comme vrais : c’étoit leur réligion, & ils montroient plus de dévotion à leur maniere, que les poëtes chrétiens dans la Réligion véritable.
il nous enseigne la même morale que l’Ecrivain grec, mais il le fait d’une maniere qui nous intéresse et; qui ne nous révolte pas. […] 7 Le même sujet est encore traité d’une maniere plus horrible dans Euripide. […] C’est ce qu’Aristote nous apprend quand il nous enseigne de quelle maniere il faut se conduire lorsqu’on a des actions atroces à traiter. […] Je ne ris point de la fourberie en elle-même, je ris de la maniere ingénieuse dont elle se trâme et; dont elle s’exécute. […] Non seulement il faudroit le chasser honteusement de la ville, mais le faire d’une maniere à le flétrir, et; à le rendre méprisable à tout le monde.
Un certain Iphicrate porta parmy les Grecs cette maniere d’exercer leur Troupes, en un si haut point, qu’il ny avoit aucun Soldat qui ne fut capable de Commander, & qui n’eust assez de connoissance du Métier, pour estre consulté dans les plus grands perils.
Voilà de quelle manière et par quels motifs j’en ai conçu l’idée ; et je crois que c’était précisément à un homme tel que moi qu’il convenait d’écrire sur cette matière ; et cela par la même raison que celui qui s’est trouvé au milieu de la contagion, et qui a eu le bonheur de s’en sauver, est plus en état d’en faire une description exacte, et de fournir les moyens de s’en garantir que tout autre qui n’en aurait pas éprouvé les funestes effets.
Les parents sont, pour l’ordinaire plus occupés de l’apparence et de l’extérieur, que du fond et de l’essentiel de l’éducation de leurs enfants : on ne s’attache à leur apprendre que la politesse, les belles manières et l’usage du monde ; en sorte qu’à dix ans ils sont en état de paraître dans les meilleures compagnies, où on a grand soin de les présenter.
Le Théâtre devant réprésenter des actions humaines, soit les actions éclatantes des grands Hommes telles qu’on en voit dans la Tragédie, soit les actions communes des hommes ordinaires comme dans la Comédie, il est évident que l’art principal de ce Spectacle doit consister à imiter la nature, en sorte que le Spectateur croit voir ceux qu’on lui représente, et soit affecté de la même manière qu’il le serait si l’action représentée se passait réellement devant ses yeux.
Le Roi de Prusse, que notre Voltaire appelle, je ne sai pourquoi, le Salomon du Nord, qui écrit d’une maniere si humaine & fait des actions si cruelles, a forcé les Archives de Dressés, malgré la Reine qui en défendoit l’entrée elle-même ; il a entraîné cette Princesse à la Chapelle où il faisoit chanter le Te Deum (belle dévotion) en action de grace de ce bel exploit. […] La mort la suspendit d’une maniere à laquelle ni l’Ordre ni personne ne s’attendoit. […] Parlez d’une maniere serrée & laconique. […] Dans tous les pays du monde on la rend différemment & sur différent principe ; chacun est juste à sa maniere ; tous les Tribunaux de mon royaume avoient une armée de Légistes, tous font honnêtes gens ; tous soupçonnés de ne pas l’être ; rien ne finissoit ; la dixieme partie de mes sujets étoit enrôlé sous ses drapeaux, & la dixieme partie de mes revenus passoit par leurs mains ; j’en fus effrayé, & je voulu changer cette marche.
Quand il passe de la spéculation à la pratique, du général au particulier, & qu’il regarde le théatre tel qu’il est en effet (& tel qu’il a toujours été, & qu’il sera toujours), il démontre de la maniere la plus convaincante, & on sent bien qu’il parle du cœur par une conviction intime, que c’est une école du vice par la faute des Auteurs, des Acteurs & des spectateurs : circonstances qu’il est impossible d’écarter. […] étrange maniere de guérir ! […] On voit un nombre d’Acteurs choisis, parés avec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer, & que la passion qu’ils expriment peut inspirer ; de jeunes personnes qui se font un point d’honneur de plaire, gagés pour peindre la passion de la maniere la plus vive, qui se font une gloire de l’inspirer ; des voix douces & insinuantes, des manieres engageantes, des paroles tendres, des vers composés avec art pour inspirer l’amour ; cet assemblage prodigieux de choses, dont une seule seroit une tentation, n’est-il qu’un amusement indifférent ? […] Cet homme célèbre, qui pense bien quand il pense par lui-même, pour mettre à profit la lecture & l’étude immense des Casuistes, qu’il fit toute sa vie, à l’imitation d’Escobar, qui, quoique très-exact dans ce qu’il donne de son fonds, s’est acquis une réputation de relâchement qui a passé en proverbe, parce qu’il a traité d’une maniere problématique les questions de morale, rapportant les raisons & les autorités pour & contre, & abandonnant chacun à sa conscience sur le parti qu’il doit prendre, Diana a fait une espèce de répertoire de toutes les opinions des Théologiens, même les plus relâchés, & de toutes les preuves qui peuvent les étayer, ce qui répand sur tout un ait d’incertitude, & un ton de scepticisme ou de probabilisme dangereux, & d’autant plus dangereux qu’il est partisan de la probabilité, & décide en conséquence contre son propre sentiment sur l’opinion de quelque Docteur.
Que l’on mette un Fait en action entre plusieurs interlocuteurs, ou qu’on le raconte dans un Poëme, ou qu’on le célèbre dans des Vers lyriques, je ne saurois concevoir que de ces trois manières l’une soit condamnable, & les deux autres permises. […] Mais pour prouver d’une manière plus précise & plus développée ce que j’ai avancé, que Racine traite l’amour en homme de génie, & Corneille en homme d’esprit seulement, prenons dans ces deux Poëtes deux morceaux de passion que l’on puisse opposer l’un à l’autre, & dont une courte analyse fasse voir le vrai ou le faux de mon opinion. […] Il est uniforme & monotone a la manière de Virgile, c’est-à-dire, qu’à l’égal de ce Poëte, il est par-tout correct dans son style, par-tout admirable dans sa versification. […] Ses Héros, semblables dans leurs passions, & dans la manière de sentir & de s’exprimer, conformité que je ne saurois trouver défectueuse ni extraordinaire, péchent néanmoins en ce qu’ils n’ont pas cette diversité marquée de mœurs, qui fait qu’un Turc n’est pas un Grec, ni celui-ci un Romain. […] De quelle manière qu’on s’explique, je ne vois dans tout cela que du faux, ou du mal-entendu.
On perd de vûe cette régle dictée par la Nature, ne dire que ce qu’il faut, & de la manière qu’il le faut.
Il appartenait à un homme aussi justement célèbre d’examiner la théorie de l’art, et d’exposer, d’une manière et si noble et si judicieuse, les règles propres à former des orateurs qui pussent un jour lui ressembler.
On a déjà vu, que c’est d’Aristote que ce Père a pris l’étymologie de l’eutrapélie : ainsi en toutes manières, il le regardait dans cette homélie, et ceux qui connaissent le génie de Saint Chrysostome, dont tous les discours sont remplis d’une érudition cachée sur les anciens Philosophes, qu’il a coutume de reprendre sans les nommer, n’en douteront pas.
C’est à peu-près la cérémonie du Muphti dans le bourgeois gentilhomme & du Médecin dans le malade imaginaire, & de bien d’autres semblables, & toutes calquées l’une sur l’autre, à quelque baragouin près du prétendu Turc, Italien, Latin, où l’on affecte d’estropier les mots, d’en invenrer pour en ajuster au rôle d’une maniere très-maussade, & contraire à la vérité. […] Tout cela est bien dans le génie Anglois ; cependant la fierté de Garrik, la supériorité de ses talens, l’estime, l’amitié générale du public, la maniere de regarder l’état des comédiens qui sont sur le pied de citoyens distingués, la vengeance même, ou la punition qu’on lui avoit déjà fait subir, en démolissant la moitié de son théâtre ; tout cela me fait croire cette circonstance fausse. […] Des bouffons déguisés de la maniere la plus bisarre & la plus horrible, sont les bourreaux, les soldats, Pilate, Barrabas, Judas.
majesté étant informée que les défenses qu’elle a ci-devant faites à toutes personnes d’entrer aux Comédies, tant Françaises qu’Italiennes, sans payer, ne sont pas exactement observées ; et même que beaucoup de gens y étant entrés, interrompent par leur bruit le divertissement public : Sa Majesté a de nouveau fait très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, même aux Officiers de Sa Maison, ses Gardes, Gendarmes, Chevaux-Legers, Mousquetaires, et tous autres, d’entrer auxdites Comédies sans payer ; comme aussi à tous ceux qui y seront entrés, d’y faire aucun désordre, ni interrompre les Comédiens en quelque sorte et manière que ce soit. […] majesté étant informée que les défenses qu’Elle a ci-devant faites à toutes personnes d’entrer aux Comédies, tant Françaises qu’Italiennes, sans payer, ne sont pas exactement observées, et même que beaucoup de gens y étant entrés, interrompent par leur bruit le divertissement du Public : SA MAJESTÉ a de nouveau fait très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, même aux Officiers de sa Maison, Gendarmes, Chevaux-Legers, Mousquetaires et autres, d’entrer auxdites Comédies sans payer : comme aussi à tous ceux qui y seront entrés, d’y faire aucun désordre, ni interrompre les Comédiens en quelque sorte et manière que ce soit : Enjoint au Lieutenant Général de Police de sa bonne Ville de Paris, de tenir la main à l’exécution de la présente Ordonnance. […] majesté étant informée qu’au préjudice des défenses ci-devant faites d’entrer aux Comédies et Opéra sans payer, et d’interrompre le divertissement du Public, quelques gens y ont depuis contrevenu : Sa Majesté a de nouveau fait très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, même aux Officiers de sa Maison, ses Gardes, Gendarmes, Chevaux-Legers, Mousquetaires et autres, d’entrer aux Comédies et Opéra sans payer, et à tous ceux qui y seront entrés, d’interrompre les Comédiens en quelque sorte et manière que ce soit, ni d’y faire aucun désordre, soit pendant les Représentations, ou Entre-Actes, soit devant ou après l’entrée auxdites Comédies et Opéra ; à peine de désobéissance : Enjoignant au Sieur d’Argenson, Conseiller du Roi en ses Conseils, Maître des Requêtes Ordinaire de son Hôtel, Lieutenant Général de Police de sa bonne Ville de Paris, de tenir la main à l’exécution de la présente Ordonnance, qui sera affichée par tout où besoin sera.
Mais comme on surmonte maintenant cet obstacle en avilissant un peu sa manière de s’exprimer, sa composition n’est presque plus gênante. […] De même que vous vous amusez à contempler les différentes manières de jouer des Acteurs qui montent tour-à tour sur le Théâtre, de même vous jouirez du plaisir de voir de quelle façon cet Auteur traitera tel sujet bien ou mal rendu par ses prédécesseurs ; vous goûterez la douceur maligne de la comparaison.
Il suit de-là que les Auteurs qui travaillent pour le théâtre, quoiqu’on ne puisse les excuser devant Dieu, n’ont toutefois aucune note infamante aux yeux des hommes, parce que ce ne sont pas des mercenaires, au lieu que votre troupe, Mademoiselle, qui joue pour de l’argent, ne peut éviter cette humiliante flétrissure ; c’est une maniere de mort civile à quoi elle est condamnée, & qu’elle subit, en effet, dans toute l’étendue du Royaume.
Ce n’est pas les principales règles qui changent, c’est la manière de les appliquer.
Ce bruit est devenu un scandale public, et semble nous faire entendre qu’il faudrait proscrire la piété et la bannir du Théâtre, comme si nous étions encore dans ce siècle barbare et ignorant, où les spectacles publics représentaient nos plus sacrés mystères d’une manière qui rendait ridicule ce qui devait être le sujet de l’attention la plus sérieuse et de la plus profonde vénération.
Je ferais un volume, et non pas un avertissement, si je voulais rapporter les sentiments de tous les Pères des autres siècles ; on les verra dans les traductions suivantes, et on les trouvera conformes à ceux des premiers siècles; ils désapprouvent tous la Comédie, par tous ces endroits qui se trouvent dans celles de ce temps d'une manière encore plus délicate, et par conséquent plus dangereuse que dans les Comédies anciennes.
Il est prouvé, en effet, d’une manière incontestable, que le clergé, dans sa grande majorité, foule continuellement à ses pieds la vraie morale chrétienne et évangélique, et que ses fautes, ses égarements, sa corruption et ses crimes mêmes ne le cèdent en rien aux autres classes de la société.
Mes très chers Frères, Nous voyons avec douleur depuis quelque temps, l’affection et l’empressement que vous avez pour les Spectacles, que nous avons si souvent déclarés contraires à l’esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes mœurs, et féconds en mauvais exemples, où sous prétexte de représentations et de musiques innocentes par elles-mêmes, on excite les passions les plus dangereuses, et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns, et l’on corrompt celle des autres.
Une autre différence singuliere entre ces deux hommes que Louis XIV. aimoit, Mignard sut ennobli de la maniere la plus honorable ; Moliere demeura toujours dans l’infamie du Théatre. […] Il a trouvé le merveilleux secret d’une colle ou pommade attractive d’une odeur très-agréable, qui a la propriété de faire tenir les toupets postiches sur la tête, de maniere qu’ils imitent parfaitement la naissance des cheveux, & font allusion à la chevelure la mieux plantée. […] On y verra un nouvel ordre exécuté à l’avant-scène, avec la manière d’accoupler les colonnes doriques, & celles dont j’ai su unir la bascule, des loges établies sans poteaux, & sans séparations apparentes. […] Carracciolli, un de ses parens, très-saint religieux : à son tour, il a canonisé le Pape à sa manière.
C’est un des articles de l’Art des Relieurs donné par l’Académie Françoise en 1772, que la manière de parfumer les livres, soit en les reliant, soit après qu’ils sont reliés ; ils prennent aisément l’odeur comme le linge, puisque le papier n’est que du linge battu, ils gardent l’odeur fort long-temps. […] Montagne y donnoit si fort qu’il parfumoit jusqu’à les moustaches, qu’on portoit alors fort grandes, afin d’avoir toujours la cassolette sous le nez ; aujourd’hui qu’on ne porte plus de moustaches, le tabac produit le même effet, on en prend à tout moment sans aucune nécessité ; on en est quelquefois couvert d’une manière dégoûtante. […] La Sultane du grand Mogol Scah Jean le faisoit baigner dans l’eau rose ; Saladin ayant pris la ville de Jérusalem changea le Temple en mosquée, & pour le purifier à sa manière, il le fit tout laver avec de l’eau rose ; la voûte & le pavé les murailles.
On le regarde, sans doute, comme un Théâtre consacré à la licence, qu’il serait ridicule de reprendre de ses manières enjouées & libres, parce qu’elles sont une des principales parties de lui-même ; & que sans elles il n’éxisterait plus. […] Le jeu de l’Actrice, le charme de la musique, le souffle de la volupté qu’on respire aux Spectacles lyriques, remplissent nos sens dans cet endroit d’un trouble, d’une langueur involontaire ; & font presque tomber la gaze légère qui cache aux Spectateurs une partie de la vérité La manière dont s’èxprime Isabelle, qui se lasse de faire le guet, achèverait de montrer de quoi il s’agit, si l’on était encore à l’ignorer. […] Enfin, cette Pièce si vertueuse, si utile aux bonnes mœurs, se termine d’une manière digne d’elle.
Berruyer d’avoir profané la divine parole par la manière romanesque dont il raconte les histoires saintes, et les discours qu’il prête aux Patriarches et aux Prophètes. […] Le saint Concile de Trente, « voulant réprimer la témérité avec laquelle on détourne à des choses profanes, à des inutilités, des fables, des bouffonneries, les paroles et les sentences de l’Ecriture sainte, pour empêcher cette irrévérence et ce mépris, défend à toute sorte de personnes d’employer jamais, de quelque manière que ce soit, les paroles de Dieu à de pareils usages, et il veut que ces téméraires profanateurs soient punis par les Evêques des peines de droit ou arbitraires. » (Temeritatem illam reprimere volens, etc. […] Ainsi donne-t-on des amants à Judith, à Suzanne, à la fille de Jephté, une maîtresse à Joseph, etc., et dans les pièces où il y a des crimes véritables, comme Dina, Samson, David, on fait parler les personnages de la manière la plus séduisante et la plus scandaleuse.
.) ; il distingue quatre choses dans la comédie, le fond du sujet, le caractère des Acteurs, la manière de représenter, et le temps qu’on y donne. […] La manière de représenter est communément indécente : gestes, parures, nudités, emportement, licence, mollesse. […] Mais Montaigne jugeait du goût et des idées du public par les siennes, et appelait passetemps bien réglés une liberté pareille à celle qu’il se donne dans son livre, où l’obscénité, l’irréligion et la hardiesse des sentiments sont répandues à pleines mains, et souvent d’une manière plus révoltante que dans nos comédies, dont le grand nombre est plus châtié que ses essais.
Plus décente pour les mœurs, elle est pourtant très indécente par la manière dont on y parle des têtes couronnées. […] Ibère se fait haïr par des manières hautaines et dures et un génie tyrannique. […] Il ne pouvait y travailler plus efficacement qu’en employant deux moyens qui se soutiennent et s’aident mutuellement, le luxe et le théâtre : ce luxe, ce faste, jusqu’alors inconnu en France, qu’il étala jusques sous les yeux du Roi, honteux d’être moins bien logé, meublé, nourri, habillé que son Ministre, et qui après la mort du Cardinal alla occuper sa maison, pour être logé d’une manière plus décente : goût de luxe continué et porté au comble par Louis XIV, qui de proche en proche a infecté tous les états, même le Clergé ; les grands Bénéficiers depuis ce temps-là le disputent en magnificence aux plus mondains.
Ce grand différent, qui lui-même est une farce, ne regarde que des comédiens & des comédies : la manière de le terminer la plus sage & la plus utile seroit de supprimer les pieces, la Troupe & le Théatre. […] L’humiliation des gens de lettres, la corruption, la partialité des juges, la manière d’opiner, le jugement des pieces, la liberté d’entacher, flétrir les auteurs, de refuser leurs ouvrages, de leur fermer la carriere, de décourager les talens, &c. demandent la plus prompte réforme. […] Il y néglige absolument l’humiliation du vice, qui est une des regles de l’art : regle à laquelle je me suis conformé, de manière que mon ouvrage a été jugé, non-seulement utile, mais nécessaire, par toutes les personnes qui en saisi l’ensemble avec un peu d’attention. […] J’ai tâché d’y suppléer par la vérité des peintures, la rapidité du dialogue, les saillies de détail ; & c’est une manière dont jusqu’ici je n’ai pas eu lieu de me plaindre. […] Le troisieme avis est le seul qui m’ait paru énoncé d’une manière dure & peu convenable.
D’autres le tournent d’une autre manière, mais qui va toujours à même fin, puisqu’il demeure pour assuré que les délices et la gloire du Sabbat est de mettre son plaisir en Dieu : et maintenant on nous vient donner le plaisir de la comédie, où les sens sont si émus, comme une imitation du repos de Dieu et une partie du repos qu’il a établi.
M. le Prince de Conti qui avait fréquenté les Théâtres avant sa conversion, et qui savait les maux qu’ils causent, se crut obligé d’écrire contre la Comédie ; et il le fit d’une manière savante, élevée, et très pressante.
qu’est le menu peuple des villes de France, principalement de Paris, lequel mâtinek tout le monde, s’échappant des charges et cotisations lesquelles tombent entièrement sur les médiocresl des villes et aux champs, sur plus pauvres cent fois que ne sont telles manières de gens Artisans, vivant assurément dans les villes plus francs que les Gentilshommes.
Je prie le Lecteur de faire attention à ce sage précepte d’Aristote ; « Pour connaître si une chose est bien ou mal dite, ou bien ou mal faite, il ne faut pas se contenter d’éxaminer la chose même, & de voir si elle est bonne ou mauvaise ; il faut avoir égard à celui qui parle ou qui agit2. » Ce passage du Philosophe Grec empêchera qu’on ne puisse triompher en attaquant le Théâtre moderne ; cet axiome est même construit de manière qu’il est difficile de trouver des fautes dans l’ouvrage le plus mauvais, tant il offre d’excuses, & de moyens de se disculper. […] La manière dont il s’exprime laisse du moins entrevoir son idée ; qu’on en juge : « Ce n’est que le sang froid qui applaudit au Théâtre à la beauté des Vers. » La conséquence que j’ai tirée n’est-elle pas naturelle ?
Plaute, comique Latin, suivit la manière d’Aristophane ; comme Térence imita celle de Ménandre, dont il ne fut pas, comme on se l’imagine, le simple traducteur : de même qu’aujourd’hui, un Auteur Anglais qui de deux Pièces Françaises, en compose une dans le goût de sa Nation, ne peut être, sans injustice, privé du mérite de l’invention. […] Celui-ci consiste dans la manière ; ce n’est point un genre à part ; c’est un défaut de tous les genres.
Vrai est que Festus Pompeiusj récite une manière de jeux qui se faisaient sans occasion et dicebantur ludi saeculares k, mais ils ne se faisaient nisi centesimo quoque anno l. […] [NDE] Tant dans l’histoire représentée que dans la manière de la jouer.
Le premier regarde les Comédiens mercenaires, qui gagnent leur vie à jouer sur le Théâtre des pièces d’amour avec des femmes, d’une manière peu modeste ; ce qu’il accuse être une profanation du Christianisme, et un métier injuste pour gagner de l’argent. […] Corneille de parler en ces termes : « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l’humilité de Théâtre souffre aussi qu’elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, Et si Rome et le temps m’en ont ôté le rang, Il m’en demeure encore le courage et le sang, Dans mon sort ravalé je sais vivre en Princesse Je fuis l’ambition, mais je hais la faiblesse. » Il fait voir ensuite que les passions qui ne pourraient causer que de l’horreur, si elles étaient représentées telles qu’elles sont, deviennent aimables par la manière dont elles sont exprimées.
Il traite encore cette matiere d’une maniere plus étendue, dans son livre, des institutions Ecclésiastiques. institution XIV. […] Cette excommunication, si universelle dans ses effets, est de la plus grande, & de la plus respectable antiquité… Plusieurs Rituels, même modernes, mettent les Comédiens au nombre des excommuniés ; & dans les Diocéses, où les Rituels sont moins précis, on ne s’en conduit pas moins de la même maniere à leur égard, sans que les Magistrats aient jamais troublé l’Eglise, dans la possession constante, où elle est, de faire observer dans toute leur rigueur, les loix canoniques portées contre les Comédiens… sans distinction. […] &c. ne s’expliquent pas d’une autre maniere. […] Les Conférences d’Angers, dont on peut dire que la morale est celle de tous les Diocèses, & de tous les Théologiens du monde Catholique, ne s’expliquent pas d’une maniere moins décisive contre les spectacles. […] » Mr. l’Evêque d’Arras ne s’exprime pas d’une maniere moins décisive, dans le mandement cité… Nous ordonnons, y est-il dit, en parlant des spectacles, à tous nos Pasteurs, de s’appliquer avec soin, à empêcher ces désordres… Et à tous nos Confesseurs, d’y veiller… Ils suivront les régles, que l’Eglise leur donne, pour les péchés publics & de scandale… Ils se souviendront, que ces personnes ne peuvent être capables d’absolution, sans une véritable douleur de leur faute, & une résolution ferme & sincere de ne la plus commettre.
La manière de représenter les hommes, au Théâtre, n’est-elle pas bien capable de faire distinguer au Peuple les Titus, les Aurèle, les Antonin, les Henri IV des Néron, des Caligula, des Maximien, et des Borgia ? […] Quant à quelques idiots de Bourgeois, n’allez pas vous imaginer que moi ni aucun de mes consorts qui pensent à ma manière, soyons bien mortifiés de ce qu’ils ne veulent pas nous admettre à leur potage : bien loin de regretter leur soupe, je ne leur offrirais pas la mienne ; et je connais tel Notaire, tel Ecclésiastique, tel Bijoutier en vogue, tel riche Négociant, tel Sous-fermier et tel Fermier général, chez qui je rougirais toute ma vie d’avoir dîné. […] Que penseriez-vous de la maladresse d’un filou qui commencerait par montrer aux gens de quelle manière il s’y prendra pour les tromper ? […] De la Mothe le Vayer en ait conçue sur quelques pensées raisonnables recueillies de ce prétendu Sage, on ne peut voir qu’un insolent, un ridicule et un orgueilleux dans la manière dont il se conduisit avec Alexandrefq. […] Quant à moi, voici ma manière de juger : ce n’est point parce que parmi les gens de lettres et les Philosophes il y a des envieux, des plagiaires, des critiques de mauvaise foi, que je vous crois un malhonnête homme ; c’est parce qu’entre tous les Ecrivains du jour, vous vous distinguez par votre malice envers ceux qui vous déplaisent ; c’est parce que vous voulez rendre odieux des gens qui ne vous ont jamais fait de mal ; c’est parce que vous dénigrez une profession que des Saints et des Philosophes approuvent et qu’ils encouragent ; c’est parce que vous accusez de mauvaises mœurs et de friponnerie des gens que vous ne connaissez que de vue, et qui ne vous ont assurément jamais rien volé ; c’est parce qu’en voulant avilir et diffamer le talent des Comédiens, vous dégoûtez les honnêtes gens de l’exercer, et vous vous opposez ainsi à ce que cette profession s’anoblisse et se purifie des abus qu’on peut encore lui reprocher.
« ces sortes de délectations à être rares dans la vie ; où, dit-il, ap selon Aristote, il faut peu de délectation, comme peu de sel dans les viandes par manière d’assaisonnement : et il exclut tout ce qui relâche entièrement la gravité », comme on a vu dans sa somme même ; et dans son commentaire sur Saint Paulaq, où il paraît revenir plus précisément aux expressions des saints pères, il met avec eux la plaisanterie au nombre des vices repris par cet Apôtre.
Le premier essai suffit pour l’ébranler, de manière qu’il congédia sur-le-champ ces habiles artistes ; et, par ce prélude, il jugea des funestes impressions de tout le spectacle de l’opéra.
Molière a le talent de peindre en détail les ridicules, il sait copier et contrefaire, il prend naturellement le ton, les allures, les manières de ses personnages. […] Bouhours (Manière de bien penser, dial. 1), condamne avec raison le fameux vers de Lucain, Victrix causa diis placuit, ced victa Catoni. […] On vit cette double éloquence d’une manière frappante dans le défi singulier que se donnaient Cicéron et Roscius, l’un le plus grand orateur, l’autre le plus habile comédien qui peut-être aient jamais paru, à qui des deux serait le plus fécond, le plus varié, le plus énergique à rendre la même pensée par les gestes ou par les paroles ; l’acteur ne fut pas moins inépuisable que l’orateur. […] Ce n’est pas la qualité du rôle, c’est la manière de le jouer qui distingue.