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86. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques. […] Jésus-Christ formerait lui-même les sons d’une voix qui corrompt les cœurs !

87. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

On feint les mœurs et les humeurs de toutes sortes de personnes, de toutes conditions, âges, voix, gestes, habits ; des maquereaux, des gardes, des parasites, des jeunes et vieux, des hommes et femmes. […] L’Apôtre43 ne veut pas que les femmes parlent en l’Eglise ; et quelques anciens interprètes en ont donné cette raison, que leur voix et leur parole, eût pu enflammer la convoitise en leurs auditeurs. […] Qu’on y joue des pièces bien faites par de beaux esprits, auxquelles la voix et les gestes donnent la vie, par laquelle souvent les auditeurs et spectateurs sont détournés du mal, et portés au bien. […] Ce qui ne se fait pas par les acteurs mercenaires, qui mettent tout dehors sans antidote, et y ajoutent les gestes, les habits, et les charmes de la voix, pour mieux empoisonner les auditeurs. […] Car, qui est-ce qui demeurant entièrement en l’état que requiert la modestie et la pudeur honnête, pourra exprimer de paroles, ces imitations de choses infâmes, ces ordures de voix et de mots, ces sales mouvements, ces gestes vilains et indécents ?

88. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Parallèle du Poème épique avec les Pièces du nouveau genre. » pp. 107-112

N’allez pas dès l’abord, sur pégase monté, Crier… d’une voix de tonnerre ; Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre.

89. (1768) Instructions sur les principales vérités de la religion « CHAPITRE LII. De la Comédie et des Spectacles ? » pp. 142-146

Les circonstances et l’appareil de la comédie, les décorations agréables et enchantées, la vue des Actrices, leurs parures, leur enjouement, leurs voix insinuantes, les airs tendres et passionnés des Acteurs, les tours délicats sur la pudeur et l’amour profane, les traits satiriques, lâchés en passant sur la vertu ; tout cela ne fait-il aucune impression sur les cœurs ?

90. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Objets séduisans, scènes agréables, décorations pompeuses, habits magnifiques, mysteres d’amour ingénieusement expliqués, air languissans, faits pleins de tendresse, Acteurs poussant les plus doux traits de la passion, concerts harmonieux, voix pénétrantes, actions empoisonnées, enchantemens diaboliques, inventions funestes de l’enfer, examinez quelle impression tout cela fait sur votre cœur, en quelle disposition se trouvent alors vos sens, jugez-en par le présent, par le passé ; & si vous êtes de bonne foi, je m’assure que vous direz que sans avoir égard aux autres, tout cela est pour vous une occasion prochaine de péché. […] Tout d’une voix unanime déplore l’aveuglement des hommes qui servent ou qui boivent à longs traits ce funeste poison.

91. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Elle vous aborde d’un air engageant avec des discours pleins de douceur, et d’un ton de voix flatteur et insinuant, les cœurs des jeunes gens volent après elle, « facient juneaum avolare corda » ; méprisable par son immodestie, « pudore vilis », couverte de riches habits, les joues peintes de rouge, « genis picta » ; comme elle ne saurait avoir les grâces naïves de la nature, elle s’efforce, en se fardant, d’étaler une beauté empruntée, « aduiterinis fucis affectatæ pulchritudinis lenocinatur species ». […] Vous y trouverez les plus belles voix, la plus agréable symphonie, « concentu canentium », la variété, la volupté des pas, des attitudes, des figures, de la danse, « saltantium strepitu » ; on s’y livre à la joie, on y rit aux éclats, « ridentium cachinnis » ; on y goûte sans contrainte tous les plaisirs, on y satisfait tous ses désirs, « lascivientium plausus ».

92. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Et comme pour la dureté de leurs péchés, Dieu leur avait dit qu’il leur ôtait la voix de joyeuseté et réjouissance, la voix de l’époux et de l’épouseEn Baruch, 2. [2, 22-23].

93. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Il prétend que les Musiciens & les amateurs de la musique ne sont la plupart que des gens frivoles & dissolus ; il ne permet pas même que les femmes y chantent : La douceur de leur voix, dit-il, est dangereuse & porte à l’impureté : Audire mulierum cantus periculosum, & ad lasciviam invitativum, ideò eavendum. Qu’eût-il pensé de l’opéra, où, selon l’expression de Voltaire, un art magique de cent plaisirs fait un plaisir unique, où la symphonie la plus harmonieuse, où les voix les plus mélodieuses, & selon Boileau les plus luxurieuses, chantent avec le plus grand art les airs les plus voluptueux & les plus tendres, où les Actrices les plus belles, les plus exercées, les plus complaisantes, expriment de la maniere la plus passionnée tout ce que l’amour a de plus séduisant & de plus vif ? […] Tout cela peut être diversifié, multiplié, adouci, voilé, assaisonné de mille manieres, augmenter ou diminuer le danger & le mal ; mais dans la totalité du spectacle public, dans l’état où il se trouve & sera toujours, pour peu qu’on écoute la voix de la conscience, il ne peut pas y avoir deux avis sur sa condamnation.

94. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

S’il se trouve, & certainement il s’en trouvera parmi ceux qui jetteront un coup-d’œil sur cet écrit, s’il se trouve des personnes bien convaincues que ce genre d’ouvrages ne seroit pas moins utile qu’il seroit intéressant pour la Nation ; s’il se trouve, & certainement il s’en trouvera, des personnes étonnées de la puérilité des objections que je m’apprête à réfuter, je les prie d’observer que ces objections m’ont surpris plus qu’un autre ; & je les prie encore de vouloir bien se joindre à moi, d’unir, sur ce point, leur voix à la mienne, & d’employer, pour soutenir la raison, un peu du zèle & de l’ardeur qui n’ont cessé d’animer ceux qui font profession de la combattre. […] Si l’on ne savoit combien les Ministres Anglois ont de moyens de corrompre les membres du Parlement ; si l’on ne savoit combien il leur est facile de déterminer, en leur faveur, la pluralité des voix, il seroit impossible d’imaginer qu’une Nation qui se croit libre & qui se vante de penser, jouisse de la liberté de la Presse, sans jouir en même temps de la liberté du Théâtre. […] Cependant, comme il n’étoit pas possible que des hommes plus éclairés que le reste de la Nation, n’eussent pas des momens d’énergie, la raison a fait entendre, sur le Théâtre & dans les Livres, une voix timide, il est vrai, mais puissante ; car c’étoit-la voix de la raison.

95. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Des belles voix chantoient des couplets adressez aux Dames, pour les inviter à honorer la fête de leurs regards, & faire respecter un Poëte que la beauté aura d’aigné courronner. […] Le Président receuille les voix, & prononce l’arrêt d’installation, il nomme des commissaires qui vont dans toutes les autres chambres notifier l’arrêt, les inviter à la cérémonie, & prendre le jour & l’heure de la reception ; le jour venu, les officiers de chaque chambre, les huissiers à la tête, vont deux à deux, en robe & en bonnet quarré, à la salle du Capricorne, s’arrangent en cercle comme à l’assemblée des chambres, le recipiendaire à la queue, que le Président mène par la main au tabouret, où il reçoit très-respectueusement les influences du Capricorne, suspendu sur sa tête. […] Un aveugle étant venu dans une compagnie où il se trouva, il contrefit si bien la voix & le style d’une douzaine de personnes, amis ou parens de l’aveugle, qu’il lui fit accroire qu’ils venoient successivement l’un après l’autre le saluer, & donner à chacun d’eux leur nom & leurs qualités. […] C’est le Régistre de la Cour de Paphos, & des Tribunaux des Dames du tems des Trouvadours ; le Marquis, comme de raison, y obtint d’une voix unanime le dégré de Docteur in utroque.

96. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Le Roi les fit relacher, & dit aux Magistrats, vous êtes des sots, je suis plus offensé que vous, mais je les pardonne de bon cœur, d’autant qu’ils m’ont fait rire, voix jusqu’aux larmes . […] Emilie de Breteuil, Marquise du Chatelet avoir de l’esprit, de la lecture, des graces, de la voix, de la fortune, du talent pour le théatre ; elle étoit de la cour de Madame la Duchesse du Maine, à Seaux ; très-bonne actrice, & y jouoit fort bien, & chantoit sur les théatres de société, à Seaux où il y avoit de beaux esprits, & quelques sçavans, comme Malesieux, &c. […] Comment explique-t-il le flux de la mer, la mer entend sa voix (celle de Newton ;) je vois l’humide Empire , (image burlesque) s’élever, s’avancer vers le Ciel qui l’attire, mais un pouvoir central arrête ses efforts, la mer tombe, s’afaisse & roule vers ses bords . […] Quand la mer entendit sa voix s’elever, s’avancer vers le ciel  ; n’est que la même chose.

97. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

En effet, Messieurs, pourquoi ce Socrate, que l’Oracle, c’est-à-dire, la voix du peuple, déclara le plus sage des hommes, assistoit-il si souvent aux Tragedies d’Euripide son ami ? […] Ils crurent que la voix de la Patrie les chargeoit du ministere ou de Philosophes par office, pour instruire une multitude ignorante, ou de Censeurs en fonction, pour réformer une Populace vicieuse ou ridicule. […] C’est dans cette vûë que la Lyre elle même a formé des Orphées si estimables ou par la beauté de la voix, ou par la science profonde de tous les goûts de Musique ! […] N’étudie-t-on pas tous les agrémens du geste & de la voix pour surpasser (s’il est possible) le Poëte même, & pour paroître avoir le sentiment plus exquis & le discernement plus fin dans l’action, qu’il ne l’eut dans le feu de sa composition ? […] Que n’éleve-t-on la voix ?

98. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

pag. 128. lig. 18. après ces mots, qui se forme par dégrès, ajoutez cette note : (Une preuve frappante que l’harmonie & le chant nous sont naturels, c’est ce que Rameau lui-même, quoique intéressé à relever la supériorité de son art, rapporte dans son Traité sur la manière de former la voix.

99. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

Tout est égal : ces yeux si beaux & si doux, ce regard modeste & touchant, ce son de voix enchanteur, cette taille dont la proportion est si parfaite, cette gorge provocante, ces beaux bras, cette jolie main, ce pied abrégé de toutes les grâces & qu’a dessiné l’Amour.

100. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Si une femme négligemment parée qui passe par hasard dans la place publique, blesse souvent par la seule vue de son visage celui qui la regarde avec trop de curiosité ; Ceux qui vont aux Spectacles, non par hasard, mais de propos délibéré, et avec tant d'ardeur, qu'ils abandonnent l'Eglise par un mépris insupportable pour y aller, où ils passent tout le jour à regarder ces femmes infâmes, auront-ils l'impudence de dire qu'ils ne les voient pas pour les désirer, lorsque leurs paroles dissolues et lascives, les voix, et les chants impudiques les portent à la volupté ? […] On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte, qui paraissent hardiment sur un Théâtre devant un Peuple ; qui ont fait une étude de l'impudence, qui par leurs regards, et par leurs paroles répandent le poison de l'impudicité dans les yeux et dans les oreilles de tous ceux qui les voient, et qui les écoutent, et qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne à détruire la chasteté, à déshonorer la nature, et à se rendre les organes visibles du Démon, dans le dessein qu'il de perdre les âmes ; enfin tout ce qui se fait dans ces représentations malheureuses ne porte qu'au mal : les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des Comédies, tout y est plein de poison tout y respire l'impureté.

101. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Mille gens y paraissent sans avoir étudié ni l’homme, ni la Religion : il faut bien qu’ils y débitent des fleurettes, et qu’ils y tâchent à persuader par l’agitation du corps, et par l’élévation de la voix. […] Je veux que lorsqu’il aura entendu quelque Concert, on lui dise pourquoi tel ton charme l’oreille, et un autre la choque ; comment il se peut faire qu’un Musicien entre cent voix qui frappent en même temps le tambour de son oreille, distingue exactement celle qui a fait un faux ton, lui qui ne sait pas seulement s’il a un tambour dans l’oreille : de même comment il arrive que nous entendons divers sons à la fois ; et que nous soyons agités de diverses passions, qui s’expriment sur notre visage par rapport à tout cela.

102. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

« Dans ce siècle, où règnent si fièrement les préjugés et l’erreur sous le nom de Philosophie, les hommes abrutis par leur vain savoir, ont fermé leur esprit à la voix de la raison, et leur cœur à celle de la nature. […] « A l’instant va s’élever contre moi cette Philosophie d’un jour, qui naît et meurt dans le coin d’une grande Ville, et veut étouffer de là le cri de la nature, et la voix unanime du genre humain.

103. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Le pinceau nous represente vne passion d’amour, de colere, de vengeance aussi fortement que la plume du Poëte & que la voix de l’Acteur. […] Est-ce qu’vn couplet amoureux secondé des charmes d’vne belle voix penetre moins auant dans les cœurs de l’Assemblée, que lorsqu’il est simplement recité à nôtre mode ? […] Les Charmes de la voix. […] L’authorité de l’Estat est partagée entre les deux sexes, les femmes luy estant vtiles autant ou plus que les hommes, & elles ont voix deliberatiue en toutes les affaires qui regardent l’interest commun. […] Elle en est plus honorée, elle a sa voix dans toutes les deliberations, & parle haut, s’il est necessaire & (ce qui est le principal) le menage en a plus d’vnion & de profit.

104. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

Il se fatiguoit promptement dans les disputes de la conversation, & il quittoit sagement la partie ; il n’avoit meme ni assez de connoissance, ni assez d’esprit pour rien soutenir : il n’étoit rien hors de la Scène ; & il disoit, pour couvrir ses foiblesses, en style du Pont-neuf : Que feroit la Raison avec un filet de voix contre une gueule qui défend la Sotise ?

105. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Nous devons élever notre voix, & faire tous nos efforts pour réprimer ces désordres.

106. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Thalie a mêlé sa voix à celle de Themis : elles sont très-bonnes amies, & se prêtent mutuellement le brodequin & la balance, avec un égal succès. […] Le directeur parut sur le théatre au jour marqué, suivi de deux acteurs tenant chacun une torche à la main, & lut à haute & intelligible voix l’excuse qu’on lui avoit donnée par écrit, conçue dans les termes précis qu’on avoit exigés. […] Il faut qu’on nous recherche ou du moins qu’on nous craigne, & l’écho de nos voix, quand nous parlons d’un regne, repond & retentit dans la postérité. Ce n’est donc pas la voix, c’est son écho qui répond à la postérité.

107. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Ces statues de décoration qui s’animent, ce Silphe amoureux devenu fille de chambre, cette fille assez imbécille pour ne pas le deviner à son masque, à sa voix, à ses manieres, & l’attribuer à un corps aërien, cet amant statue qui s’émancipe aux pieds de sa maîtresse, & n’est repoussé que par grimace pour irriter ses désirs, ces services d’une femme de chambre amant, les libertés & désordres d’une femme qui se fait habiller & déshabiller par son amant travesti, &c. tout cela est sans doute sans vrai-semblance ; mais ce qui est bien plus condamnable, tout cela est sans décence & du plus pressant danger ; c’est le jeu d’une imagination libertine qui s’applique en détail & tient les heures entieres le spectateur appliqué à tout ce qu’il y a de plus séduisant. […] La maniere de le dire peut y mettre quelque différence ; c’est un même air rendu par différentes voix ou différens instrumens, c’est toujours la même chanson ; on sent par-tout la même main, par-tout on trouve le même style, non-seulement dans les pieces, mais dans les personnages, les Turcs, les Sauvages, les bourgeois, les gentilshommes, les femmes, &c. tout est M. de S. […] C’est comme si le même Auteur changeoit d’habit, jouoit tous les rôles ; il porteroit à tous la même voix, les mêmes traits, la même taille, les mêmes allures ; on le reconnoîtroit par-tout.

108. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

« La cane s’humecter de la bourbe de l’eau, D’une voix enrouée et d’un battement d’aile, Animer le canard qui languit auprès d’elle. » Et après avoir écouté tout le reste, il lui donna de sa propre main six cents livres, avec ces paroles obligeantes, « que c’était seulement pour ces trois vers qu’il avait trouvés si beaux que le Roi n’était pas assez riche pour les payer » (on juge bien que toutes ces largesses étaient de l’argent du Roi). […] C’est celle d’Armand, le Dieu tutélaire des lettres : c’est la voix de cet oracle. » On trouve dans cette pièce des traits bien singuliers : « Les Rois sont au-dessus des crimes … Toutes choses sont légitimes pour les Princes qui peuvent tout … Raison, dont la voix importune vient s’opposer à ma fortune, tais-toi, le conseil en est pris » … quelle morale !

109. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

« Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l'échauffe et le remue. » Choix du sujet, distribution des scènes, progrès du trouble, intrigues, dénouement, situations, obstacles, dialogue, expression, couleur de visage, inflexion de voix, mouvements, gestes, regards, tout doit être passion. […] En affectant un ton de voix, un air, une démarche, on s'y naturalise, on en est le premier la dupe. […] L'Acteur y ajoute le coloris des gestes, des airs, des inflexions de voix, de la parure, avec un art infini et continuellement exercé, qui met sous nos yeux de la manière la plus pittoresque, ou plutôt réalise toutes ces passions de la manière la plus séduisante, et s'y donne la plus libre carrière.

110. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

D’où il arrive que ces vers qui décrivent si finement & si spirituellement ces petites foiblesses, étans prononcés d’une maniere touchante & d’un ton languissant, & accompagnés du geste, de la voix & des autres graces du visage & de l’habit, font bien plus d’impression sur les cœurs, que le stile fade & insipide avec lequel on décrit leurs vertus : & c’est ce qui me conduit insensiblement à ma derniere preuve que je tire des Acteurs, c’est à dire des Comediens, pour vous convaincre que la comedie est effectivement un reste du paganisme, ou si vous aimez mieux, le paganisme pretendu reformé. […] Enfin ceux du theatre, qui se faisoient par des symphonies & par des concerts de voix & d’instrumens. […] N’est-ce pas là, où la decoration du theatre, la bonne grace d’un Comedien & d’une Comedienne, le luxe des habits, la nudité des bras & des gorges, la beauté des vers, la douceur de la simphonie, les concerts de voix & d’instrumens, en un mot tout ce que l’Ecriture sainte appelle, mundum muliebrem , tous les ornemens du monde feminin, ont conspirez ensemble, pour remplir vôtre veüe & vôtre oüie de mille especes lascives, pour soûlever en suite les passions de l’ame, & corrompre toutes les vertus, par les semences des vices, & par le poison du plaisir. […] Peut-on aller à la comedie avec de plus saintes dispositions qu’Alipius alla à l’amphitheatre ; cependant muny de tous ces bons propos, armé de tout son courage, & assisté de toute sa vertu, l’amphitheatre ayant retenty en un moment par un grand éclat de voix qui se fit par la chute d’un des Gladiateurs, que fit nôtre brave Athlete, nôtre intrepide Alipius : helas ! […] Car n’est-il pas veritable que tandis qu’un Comedien, ou qu’une Comedienne exprime sur son visage, dans ses yeux, dans son geste, dans sa parole & dans sa voix, une passion feinte, d’amour ou de colere, il en fait naître de veritables dans l’ame de ses auditeursL. 6. div. iustit. c. 20.

111. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

Et les hommes généreux, doués d’une âme droite et libre, qui s’unissent aujourd’hui à cette voix plaintive, béniront à jamais leur Roi et leurs lois constitutionnels.

112. (1807) Préface pour une édition des deux lettres à l'auteur des Imaginaires « [Chapitre 2] » pp. 78-82

Il n’y eut pas la moindre dispute là-dessus, et d’une commune voix elles furent jugées aussi froides l’une que l’autre.

113. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Les Modernes nous ont présenté sur la Scène les Acteurs, tels que la nature les a faits, et non défigurés par les cothurnes, par les masques et même par la voix, dont le son n’était jamais naturel sur les Théâtres d’Athènes et de Rome ; car il fallait la proportionner à la figure agrandie des personnages, et à la distance des Spectateurs.

114. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Ces jeux de prix Grégeoisu, ou en chants, ou en instruments de musique, ou en voix, ou en forces, ont pour leurs chefs, divers diables : et toute autre chose qui émeut et attire les yeux des Spectateurs, ou attraitv les oreilles, si on regarde son origine et institution, on trouvera que la cause est ou une Idole, ou un diable, ou un mort. […] Il n’est pas licite, dis-je aux Chrétiens fidèles de se trouver à tels Spectacles : il ne leur est pas licite totalement : ni semblablement écouter ceux, que la Grèce envoie de toutes parts, instruits de ses arts vaines et frivoles, pour chatouiller les oreilles : l’un sonnant de la trompette bellique, l’autre de clairons, l’autre jouant de la flûte, chants piteux et lugubres, l’autre entre les danses avec une harmonieuse voix d’un homme, s’efforçant de toute son haleine, qu’à grand force il tire du profond de ses entrailles, fredonnant des doigts sur les pertuisag des flûtes, maintenant lâchant son vent, maintenant l’enfermant dedans, et le retirant, maintenant le lâchant par certains pertuis, et l’espardantah en l’air, déchiquetant le son distinctement et par articles, s’efforce parler des doigts, se montrant ingrat envers l’ouvrier, qui lui a donné la langue.

115. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Après avoir rempli la Grèce de leurs pompes, après l’avoir instruite de leur puissance en civilisation, les muses dramatiques s’introduisirent à Rome, sans y pouvoir vaincre la rivalité que leur suscita le féroce spectacle des combats à mort des gladiateurs ; mais bientôt les barbares ravagèrent la métropole du monde : ensevelies sous les ruines de l’empire, elles restèrent sans voix. […] Aux accents impératifs du devoir dont Corneille avait rempli la scène, le Sophocle moderne fit succéder la voix touchante du sentiment ; intéressant le spectateur au combat incertain où l’amour et la vertu s’engagent.

116. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Et l’approbation qu’ils donnent d’une commune voix aux Comédiens ; et la joie qu’ils ont de se rencontrer dans les mêmes sentiments, ne sont-ce pas comme autant d’étincelles, qui augmentent le feu secret qui brûle dans leurs cœurs ? […]  » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom.

117. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [K] » pp. 421-424

Toutes les expressions d’un homme passioné nous affectent bien ; mais les signes de la passion qui se rendent sensibles sur son visage, nous affectent beaucoup plus que les signes de la passion qui se rendent sensibles par le moyen de son geste, & par la voix.

118. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

 » Or la Comédie est le plus charmant de tous les Divertissements, Elle ne cherche qu’à plaire à ceux qui l’écoutent, Elle se sert de la douceur des Vers, de la beauté des expressions, de la richesse des figures, de la pompe du Théâtre, des habits, des gestes et de la voix des Acteurs ; Elle enchante tout à la fois les yeux et les oreilles : et pour enlever l’homme tout entier, Elle essaye de séduire son esprit après qu’elle a charmé tous ses sens.

119. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Une inflexion de voix, un geste, un coup d’œil, quelques pas en cadence, tout cela décomposé, analysé, n’offre que le mérite des marionnettes. […] Je ne parle que d’après les plus grands maîtres, qui d’une voix unanime condamnent dans tous les orateurs, dans tous les genres, et même dans la société, la prononciation du théâtre : Nimia in oratore reprehendenda imitation quœ mimica non oratoria. […] En effet, il faut au théâtre passer les bornes de la nature, changer les portraits, outrer les passions, forcer sa voix, parce que tout étant vu dans le lointain, il faut par une sorte de perspective que tout soit au-dessus de la grandeur naturelle, pour arriver à l’œil du spectateur dans son point de vue. Les anciens chaussaient le cothurne pour se hausser, prenaient un masque pour renforcer la voix et grossir les traits, déployaient des paniers et une étoffe immense pour agrandir le volume des habits.

120. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

… Mais c’est apparemment-là, ma sœur, la voix de la nature, toujours plus forte que le raisonnement. […] Chez les Anciens c’était autre chose : l’Acteur pour se faire entendre était obligé de le prendre sur un ton élevé, qu’aidait la cadence du vers : on l’accompagnait encore de quelques Instrumens pour soutenir sa voix, & le remettre sur le vrai ton lorsqu’il s’en écartait : mais tout cela avait peu de naturel. […] Ajoutez que les Echœa, & leurs Masques formés d’une tête entière & creuse, enflaient la voix ; [c’est de-là que ces Masques se nommèrent en latin Persona, du verbe personare, se faite entendre de loin ; & ce nom, par métonymie, passa même aux Personnages du Drame.] […] Aussi lorsque je considère l’agrément des voix & du chant, le charme des Danses, la forme des habits, &c. je ne trouve nulle part ce que j’ai nommé l’Actricisme, dangereux comme à l’Opéra. […] Si l’on me demandait ce qui manque à notre Musique d’Opéra ; je dirais que c’est le naturel & l’expression : j’ai toujours remarqué que c’était à l’Acteur ou à l’Actrice que je devais mon émotion : si l’Acteur est mauvais, quoique sa voix soit belle, on ne sent rien.

121. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

On vous voit offrir vos prières à Dieu dans l'Eglise, et quelque temps après on vous voit assister aux spectacles, et mêler votre voix avec les cris dissolus des comédiens.

122. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Leur attitude est courbée dans la région dorsale avec élévation des épaules et renfoncement de la tête et du cou ; leur démarche est étudiée, leur pas, lent et léger ; leurs gestes, souples et insinuants ; leur visage, empreint d’un sourire forcé ; leur regard, humble, faux et agité d’une secrète anxiété ; leur élocution, recherchée ; leur voix, adoucie et pleine de déclamation.

123. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

En élevant la voix contre cette école de l’immoralité, « nous nous proposons d’empêcher que quelqu’un ne se fasse illusion en croyant qu’il est permis d’aller au spectacle, car l’amour du plaisir a tant de force sur la plupart des hommes, qu’il les porte à différer de s’instruire de ce qui leur est défendu, pour avoir un prétexte de s’y satisfaire, ou à tâcher de corrompre leur propre conscience par de fausses raisons par lesquelles ils se persuadent que le mal, auquel ils ne veulent pas renoncer, n’est pas un mal réel. […] En présence de cette nuée de témoignages irréfragables, qui osera dorénavant élever la voix en faveur du théâtre, fut-ce même sous le vain prétexte de favoriser la littérature par l’art dramatique ? […] Si notre voix vous est suspecte, eh !

124. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Il est vrai que dans les siecles gothiques on les voyoit assister aux tournois, y regarder rompre les lances, blesser & tuer les Chevaliers les animer des yeux, de la voix & du geste, & distribuer le prix au vainqueur. […] Comparez une Actrice avec une Religieuse, & pour mieux sentir le contraste, imaginez une Religieuse sur le théatre au milieu des Actrices, une Actrice dans un chœur de Carmelites au milieu de la Communauté ; comparez cette guimpe, ce bandeau, ce voile, ce scapulaire, cette robe ; avec ce rouge, ces cheveux frisés, ces riches habits, ces parfums, ces pierreries, cette immodestie ; comparez ces yeux baissés, ces regards modestes, ce maintien honnête, ces démarches mesurées, cette voix douce & ferme, avec cette légèreté, ces transports, cette mollesse, ces langueurs, ces regards passionnés, ces yeux perçans, ces tons efféminés, ces attitudes séduisantes ; comparez leurs actions, leurs discours, le chœur où l’on chante les louanges de Dieu, le théatre où l’on célèbre la Déesse d’Amathonte, ces cellules où se pratiquent tant de mortifications, ces coulisses où se prennent tant de libertés, ces parloirs où l’on ne reçoit que des visites de charité ou de bienséance, ces loges où l’on donne des rendez-vous à ses amans, ces discours pieux où l’on ramène tout à Dieu, ces entretiens licencieux qui ne respirent que le plaisir, la débauche, la malignité, ces repas dissolus, ces soupers fins, poussez bien avant dans la nuit, cette vie sobre & frugale, austere même, où la loi du jeûne laisse à peine le nécessaire. […] Foix) où de jeunes filles voluptueusement parées s’assemblent à cinq heures du soir pour étaler sur un théatre tout ce qui est le plus capable d’exciter des désirs violens & des passions criminelles ; elles dansent avec indécence, chantent d’une voix luxurieuse, déclament avec des graces séduisantes, & emploient tout leur art à allumer des feux sur lesquels est fondé le plus beau de leurs revenus.

125. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

Plusieurs pénitens pleins de vénération pour leur sac & leur capuchon, ont aussi trouvé fort mauvais qu’on en eût fait l’uniforme des gardes ; ils s’en sont plaints amérement, de vive voix, & par écrit ; car il a paru des lettres anonimes qu’on leur attribue, où on fait un grand éloge de leur saint habit, & l’on porte plainte à l’Evêque de Saint-Pons, à qui elles sont adressées, de l’affront qu’on a fait à la vénérable confrerie, en plaçant des pénitens sur le théatre, comme si elle étoit une troupe de comédiens, & comment trouver l’esprit de pénitence sous un habit devenu prophane ? […] M. le Coadjuteur donna ensuite un grand repas, tout cela est dans l’ordre ; mais voici le plus beau & le plus dévot de la cérémonie : à quatre heures tout le monde alla à la comédie, on la donna gratis au peuple ; on joua la Chasse d’Henri IV, & à l’endroit où l’un des acteurs boit à la santé de ce bon Roi, tous les spectateurs, d’une voix unanime, s’écrient, vive le Roi, buvons à sa santé.

126. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Machiavel sur-tout réussissoit dans le pantomime, il rendoit la démarche, les gestes, le ton de voix de ceux qu’il vouloit copier, & en faisoit une caricature piquante. […] La gravité, la modération, la droiture apparente sont un vrai pantomime ; l’hypocrisie en est un comme le pantomime est une sorte d’hypocrisie : les yeux, les mains, les allures, le ton de la voix sont autant de peintures qui rendent ou déguisent les sentimens, selon le besoin, & quelquefois, malgré tous les efforts, les trahissent.

127. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

la foudre, l’éclair, le tonnerre, entendent-ils votre voix, & après avoir volé à l’exécution de vos ordres, viennent-ils à vos pieds vous offrir leurs services ? […] L’histoire & la fable, la chimère & la réalité réunies ont-elles enfanté quelque chose qui égale le soleil arrêté à la voix de Josué, ou rétrogradant à la priere d’Isaïe ; la mer Rouge ouverte, ou le Jourdain suspendant & amoncelant ses eaux jusqu’aux nues, pour faire passer à pied sec deux millions d’hommes ; les rochers amollis d’un coup de baguette, qui bien mieux que l’urne des fleuves versent des sources d’eau vive ; des nuées lumineuses & fécondes, qui tracent une toute dans le désert par une colonne de feu, & chargent tous les jours la table de tout un peuple d’un aliment délicieux ?

128. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Ces paroles dissolues, ces chants lascifs, ce son de voix séduisant, ce visage fardé, ces attitudes voluptueuses, ces instrumens de musique, cette harmonie, cette mélodie qui énerve l’ame, & par un goût de volupté prépare & livre les spectateurs aux pièges des Actrices, ne les perd-il pas tous (on diroit qu’il y avoit opéra à Constantinople) ? […] Embrasé de la concupiscence que le théatre a allumé, épris des objets que vous y avez vu, vous méprisez, vous insultez, vous maltraitez cette épouse simple & modeste, non qu’elle l’ait mérité, mais parce que vous ne voyez votre maison qu’avec dégoût, que vous ne soupirez qu’après ces objets criminels ; le son de leur voix retentit encore à vos oreilles, leurs traits, leurs graces, leurs attitudes sont encore gravés dans votre cœur ; à plus forte raison avec quelle répugnance venez-vous à l’Eglise, avec quel ennui entendez-vous la parole de Dieu, sur-tout si on vous parle de modestie & de pureté ?

129. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

C'est une folie de se fatiguer, se tourmenter, crier, pleurer, gémir, contrefaire sa voix, chercher des attitudes, faire des mouvements, pour représenter des contes, peindre des folies, des vices, une courtisane, un fripon, un misérable, un ivrogne, se casser la tête, mettre son esprit à la torture, pour trouver ce qu'a pu dire une Reine des Scythes, un Empereur dans la lune, un Grec amoureux à sa Laïs, un Pourceaugnac à son Apothicaire : « Turpe est difficiles habere nugas stultus labor est ineptiarum. […] Rien de tout cela chez les Juifs, il n'y avait ni gavotte, ni pavanne, ni pas de trois, ni bal, ni ballet, etc. on ne connaissait ni maître à danser, ni livre de chorégraphie ; ce n'était que des sauts et des bonds, des courses ajustées, il est vrai, assez grossièrement à la mesure de quelque air que tout le monde bat naturellement, ou joué par quelque instrument, ou chanté par des voix humaines, mais sans ordre, sans liaison, sans dessein, tout au plus des danses en rond, que les femmes faisaient d'un côté, et les hommes de l'autre.

130. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Mais si vous avez un son de voix plus agréable, un langage plus poli, des sentimens plus délicats, cette maniere de flatter les passions est nécessaire, relativement aux gens qui vous écoutent ; la populace n’entendroit rien aux maximes que vous débitez & les sottises des Histrions choqueroient les personnes qui fréquentent vos Spectacles ; il faut un aliment préparé selon le goût respectif des Convives que l’on veut regaler.

131. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Des Duo, Trio & Quatuor. » pp. 329-339

Le Duo & les autres parties de Chant a plusieurs voix, ne sont supportables que dans des Poèmes dont les Hèros sont pris parmi le menu Peuple, ainsi que je le dirai ailleurs ; encore le Poète a-t-il plusieurs choses à observer, que je vais lui tracer en peu de mots, d’après M.

132. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

L’on entend une voix qui prononce distinctement ce mot au plus digne. 

133. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Il en est comme de l’accent, de la voix, des allures de l’homme. […] Une voix de basse rend toujours des sons graves, une voix de fausset les rend aigus. […] Une assemblée d’Auteurs dramatiques est pour moi une orgue composée de différens jeux, la voix humaine, le cromorne, la trompette, le hautbois, la pédale, &c.

134. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

On met dans la confidence un foule de personnes, un coup de baguette fait trouver dans l’appartement de madame des robes, des fleurs, des odeurs ; cette dame est transportée dans les airs à sa maison de campagne, couchée dans un bosquet de son jardin, sans s’en appercevoir ; son sylphe lui parle, lui chante derriere la tapisserie, derriere une charmille, cette femme, jeune folle spirituelle, est comme furieuse de voir son sylphe, prend tout cela pour un rêve, n’a pas la curiosité d’aller regarder derriere la tapisserie & la charmille ; ne connoît pas la voix de son mari qui l’aime à la folie, & ne néglige rien pour se faire aimer, &c. […] Quand elle lui vit, au dernier acte, lever la main pour massacrer son enfant, elle se leva, & s’écria d’une voix terrible, avec le frémissement de la nature : Arrête, malheureux, ne tue pas ton enfant, je le prendrai plutôt chez moi. […] Les oiseaux ont chanté sous l’ombre de ces bois, mais les oiseaux n’ont pas les charmes de ta voix. […] Ta voix me la rendroit (la vie), je renaîtrois par toi.

135. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Il faut sans doute mettre dans ce rang tout ce qui sert aux spectacles ; par exemple, le cirque, le lion, les forces du corps, et les agréments de la voix. […] S’il condamne toute sorte d’hypocrisie, fera-t-il grâce à un comédien, qui contrefait sa voix, son âge, son sexe ; qui fait semblant d’être amoureux, ou d’être en colère ; qui répand de fausses larmes, et pousse de faux soupirs. […] maudit celui qui s’habillera en femme ; quel jugement croyez-vous qu’il porte contre un pantomime, qui prend non seulement les habits, mais encore la voix, le geste, et la mollesse des femmes ? […] Ne fuirez-vous donc pas ces assemblées révoltées contre Jésus-Christ, ces chaires remplies de corruption, cet air qu’on y respire tout empesté par la voix de mille scélérats, qui y jettent des cris ?

136. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Toutefois l’inconvénient étoit moindre pour les Spectateurs qui voyent aujourd’hui paroître sur la scéne des Actrices vêtues avec une pompe & un art enchanteur, qui joignent toute la beauté & toutes les graces aux parures indécentes ; le maintien, la demarche, le son de la voix, les regards passionnés, tout parle, tout émeut en elles, dit S. […] Considérons le cours des années & des siécles, le tems qui s’envole ; Ecoutons le son de la Trompette qui va bientôt nous appeller, la voix de l’Ange qui se fait entendre pour nous animer au combat ; les Martyrs nous tendent les mains & nous présentent leurs Couronnes.

137. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Un guerrier fait peindre des siéges & des batailles ; un libertin prodiguera des amours & des nudités, le théatre ne connoît guerre d’autre décoration, parce que c’est le sanctuaire de Vénus, sa nature est d’être une image, tout n’y est que représentation, imitation, peinture ; non-seulement les toiles de la décoration, mais toutes les parties qui les composent ; la piéce est le tableau d’une action, & les acteurs sont des portraits vivans des personnes qu’ils représentent, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion, les danses, la musique les crayonnent. […] Le théatre est de toutes, la plus féconde, tout y fait tableau, & il fait tableau de tout ; le rêve entend la voix de l’actrice, suit les pas de la danseuse, voit des gestes de nudités, parcourt les décorations & les coulisses ; l’imagination est un théatre où l’on est à la commédie ; les estampes, les portraits répandus dans les chambres, au tour du lit, favorisent les scénes nocturnes, & lancent dans un cœur sensible tous les traits de la passion.

138. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

On s’écriera d’une commune voix, que la Grèce les connut la prémière ; cette opinion me paraît très-mal fondée : je ne vois pas pourquoi quelque autre Peuple n’aurait pas inventé les Spectacles. […] A la voix de ce grand Roi, les Arts se raniment, les Belles-Lettres fleurissent de toutes parts : le goût, la politesse viennent embellir la France ; & les Spectacles brillent d’un nouvel éclat.

139. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Il étalait ses grâces, déployait sa belle voix, se chargeait des plus indécentes parures, et après avoir fait son apprentissage, il revint à Rome pour y recevoir les plus brillantes couronnes dramatiques. […] S’il y paraît un homme raisonnable, qui fasse entendre quelque discours de religion et de vertu, sa voix est étouffée par la foule des autres, il ne manque pas d’être combattu et tourné en ridicule.

140. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

Les Statuts Synodaux de vos Evêques et la voix de tous vos Prédicateurs nous font entendre qu’on vous a fait une plaie sensible, en laissant ouvrir le Théâtre plusieurs jours de Fête, et que toute votre consolation est d’attendre que les fidèles seront détournés des Spectacles par les pressantes exhortations des Prêtres. […] , De quel air penses-tu que ta sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces Danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces Discours sur l’amour seul roulant, Ces doucereux Renaud, ces insensés Roland ; Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la Vertu même : Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer : Qu’on n’a reçu du Ciel un cœur que pour aimer ; Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully réchauffa des sons de sa Musique.

141. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Le chant, la danse, le geste, le ton de la voix, tout cela énerve l’ame, & porte à l’amour ; enervant animos citharæ choreæ, & vox & numeris brachiæ mota suis , tout y en donne des leçons & des modeles, le fond même des piéces n’est que l’amour ; illic assiduè ficti luctantur amantes, actor quid juvet arte docet  : un si grand maître seroit-il suspect ? […] Leur ton de voix, & leur demarche sont empruntées, elles se composent, elles se recherchent, régardent dans un Miroir si elles s’éloignent assez de leur naturel. […] Se farder c’est vouloir imposer, vouloir se donner pour ce qu’on n’est pas ; c’est un vrai mensonge d’action, si les femmes ne vouloient que se plaire à elles-mêmes, & s’embellir à leurs propres yeux, permis à elles de suivre leur goût, dans le choix de leur ajustement, & de leur parure ; mais si c’est pour plaire aux hommes qu’elles se fardent, & s’enluluminent ; j’ai recueilli les voix, & je leur prononce, de la part de tous les hommes, que le blanc & le rouge les rend affreuses & dégoutantes, les vieillissent & les déguisent ; qu’ils haissent autant de les voir avec de la ceruse sur le visage, qu’avec des dents à la bouche, & des boules de cire, qu’ils protestent sérieusement contre tout l’artifice dont elles usent pour se rendre laides, & qu’il semble que Dieu leur réserve ce dernier & infaillible moyen de les guerir des femmes ; si elles étoient telles naturellement, qu’elles le deviennent par artifice, que leur visage fût aussi allumé, & plombé, qu’il le devient par la peinture, elles seroient inconsolables ; elles sont assez foles pour le conserver dans la vieillesse.

142. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

En effet les Comédiens n’avoient pas plus fait preuve de seize quartiers, que ces Seigneurs en avoient fait de leurs talens ; mais le grand nombre des voix l’emporta ; l’entrée gratuite fut une espece de jetton qu’ils gagnoient à perpétuité. […] Une piece de théatre bien représentée doit plaire aux sourds & aux aveugles, aux sourds par la beauté des gestes & la vérité du pantomime, aux aveugles par la beauté des paroles & le son agréable de la voix, & à ceux qui jouissent de la vue & de l’ouïe, par le parfait accord de ces deux choses qui sont faites l’une pour l’autre. […] Un Acteur, une Actrice sont paîtris d’amour propre : il n’y a qu’a le voir, à l’entendre : ses regard, ses gestes, sa démarche, sa parure, son style, son ton de voix, tout en lui ne parle qu’orgueil ; & si un Peintre avoit à faire le portrait de cette partie de la corruption, superbia vitæ, il n’auroit qu’à peindre une Actrice, comme Appelles, pour représenter.

143. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

C’est ici que je pourrais marquer les dérèglements secrets qu’un port de voix, un soupir, une parole entrecoupée produit sur le champ. […] Le Père a recueilli les voix ; et de plus il connaît si bien comment nous sommes faits, qu’il faut l’en croire sur sa parole. […] Car en pareille occasion il faut une voix angélique ; et prenant lui-même la parole il assure qu’il « en a confessé plusieurs qui hors du ThéâtrePage 57.

144. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Erit tempus1 cùm sanam doctrinam non sustinebunt, sed ad sua desideria coacervabunt sibi magistros prurientes auribus  : en vain la vérité s’offre encore, elle voudroit se faire entendre ; elle déplaît, on en détourne les yeux, on ferme l’oreille à sa voix, on ne veut envisager que les attraits du scandale, ni écouter que le langage de l’imposture A veritate auditum avertent, ad fâbulas autem convertentur.

145. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Ce Spectacle était un Opéra ordinaire, avec la diférence que la partie de l’action s’exécutait par une grande Marionnette, qui fesait sur le Théâtre les gestes convenables au Récit que chantait un Musicien, dont la voix sortait par une ouverture ménagée dans le plancher de la Scène : ces sortes de Spectacles ridicules réussiront toujours dans ce pays.

146. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

faut que chacun sente qu’il ne saurait trouver ailleurs ce qu’il a laissé dans son pays ; il faut qu’un charme invincible le rappelle au séjour qu’il n’aurait point dû quitter ; […] il faut qu’au milieu de la pompe des grands Etats, et de leur triste magnificence, une voix secrète leur crie incessamment au fond de l’âme : Ah !

147. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

Le profond Dacier peut bien trouver sa place après les grands Hommes que je viens de citer, il mérite que sa voix soit comptée pour quelque chose ; la simplicité du stile lui parait à désirer dans la plus-part des Ouvrages ; il est persuadé que l’arrangement naturel des mots prête beaucoup plus de force au discours qu’un étalage de figures & de métaphores. […] Il s’en suit des quatre Vers que je rapporte, que l’ame de Lise écoute dans tous les sens, les accens d’un objet qu’elle adore ; c’est-à-dire que chaque sens a la faculté de l’ouie ; ainsi, le toucher, l’odorat & la vue seront frappés des sons d’une belle voix : voilà pour le coup une physique toute particulière, & dont l’antiquité ne s’était jamais doutée.

148. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

« Le poète qui sait l’art de réussir, cherchant à plaire au peuple et aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caractères toujours en contradiction, qui veulent et ne veulent pas, qui font retentir le théâtre de cris et de gémissements, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, et à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables. […] L’intérêt principal est pour Bérénice, et c’est le sort de son amour qui détermine l’espèce de catastrophe : non que ses plaintes donnent une grande émotion durant le cours de la pièce, mais au cinquième acte, où, cessant de se plaindre, l’air morne, l’œil sec et la voix éteinte, elle fait parler une douleur approchante du désespoir ; et les spectateurs vivement touchés commencent à pleurer quand Bérénice ne pleure plus.

149. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

de la Musique) après avoir montré que dans la plupart des Comédiens qui plaisent le plus par leur chant, il y a très peu de science, même de la musique, parce que ce n’est ordinairement que la beauté naturelle de la voix, une routine, un exercice, qui n’est qu’un pur mécanisme, où l’esprit a très peu de part, ce qui est très vrai, de même que dans la danse, les instruments et tous les arts, où l’on voit tous les jours que le plus grand Musicien chante désagréablement, le plus grand Poète débite mal, le plus savant Architecte ne taillerait pas une pierre, qu’ainsi quelque honneur qu’on veuille faire à la poésie, à la musique, les exécuteurs, c’est-à-dire les Comédiens, ne sont que de purs artisans, S. […] Ils ont les grâces de la voix, de la figure, du mouvement, et l’embellissement de l’exercice, ce qui n’est qu’un pur mécanisme, et ne suppose aucune science.

150. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Vous savez mieux que moi, que non seulement de ce petit nombre d’hommes dépendent les calamités ou le bonheur du monde entier ; qu’au seul accent de leurs voix, la guerre obéissante, le flambeau de la discorde à la main, va parcourir la terre, joncher les campagnes de morts, couvrir la mer de voiles menaçantes, et teindre de sang les flots effrayés : qu’au son plus doux de ces mêmes voix, l’abondance, une couronne d’or sur la tête, va répandre ses richesses dans les climats les plus stériles, couvrir d’épis jaunissants des champs incultes et arides, changer de vastes déserts en de superbes cités, creuser des lacs, ouvrir des canaux, joindre les deux mers, combler les précipices, aplanir les montagnes, élever les eaux, animer le marbre, fondre les métaux, et faire naître enfin tous les arts.

151. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Il y a même bien de la différence entre jouer et lire des comédies ; les décorations, les danses, le chant, les gestes, le ton de la voix, la parure des Actrices, la compagnie, en un mot cette multitude de dangers qu’on y rassemble, contre lesquels la plus ferme vertu ne tient pas, ne se trouve point dans la lecture ; on lit les livres des Médecins et des Casuistes, voudrait-on en voir la représentation ?

152. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

C’est pourquoi les partisans mêmes de la morale la plus relachée, condamnent les Comédies, & bien loin d’exempter de péché considérable, les Clercs qui y vont, ils décident d’une voix unanime, avec St Thomas, que les laïcs s’en rendent coupables, en y assistant. […] Tous les Curés de la Capitale déclarerent, d’une voix unanime avec les Docteurs, qui signerent avec eux, que le Seigneur susdit ne pouvoit en conscience, faire représenter ces piéces, parce que, quoique gazées, elles n’en portoient pas moins au mal, de leur nature : ex se. […] « Si, dit-il, l’Acteur est infame dans l’ordre des Loix, il résulte de cette peine d’infamie, que la peine de la Loi contre un délit, détruit tout autre peine, parce qu’on ne doit jamais punir deux fois pour le même délit. » Voici la conséquence qu’il en tire… « Ainsi l’infamie prononcée par la Loi contre les Comédiens, les mettroit à couvert de l’excommunication de la part de l’Eglise. » Mrs. les Avocats au Parlement de Paris étant admis à l’audience, demanderent d’une voix unanime, par M. […] formeroit lui-même les sons d’une voix qui corrompt les cœurs !

153. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Ainsi la flûte & le flageolet avoient leur langage, c’est-à-dire sans doute, qu’ils y avoient des airs, des mouvemens qui exprimoient la joie, des airs tendres & languissans, des airs tristes & lugubres, ce qui se trouve dans tous les pays, parce que la nature l’enseigne, aussi bien que les gestes, les regards, les inflexions de la voix Les filles y étoient si accoutumées, qu’elles entendoient leurs amans, & leur rendoient réponse à la premiere entrevue, & souvent se rendoient sur le champ au rendez-vous, à l’invitation de la savante musique de leur Orphée. […] Elle y ajouta la douceur de ses paroles ; sa voix étoit légere & insinuante. […] Garde toi, me dit-elle, d’écouter jamais la voix enchanteresse de la volupté, elle n’a que des faux plaisirs, elle exerce une cruelle tyrannie ; c’est en moi seule que tu trouveras le véritable bonheur.

154. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Parmi ces exercices, la déclamation est des plus utiles ; elle forme la voix & les gestes, exerce la mémoire, enseigne à parler en public. […] Sans doute il y a moins de danger dans la lecture que dans la représentation ; Phedre sur le papier n’excitera pas de tentations aussi vives que la Chammelé sur la scene, parée, fardée, demi nue, exprimant sa passion avec la voix la plus touchante, & les graces les plus séduisantes. […] Tout cela accompagné de la musique la plus tendre, qui seule séduiroit les cœurs, de ces voix luxurieuses, de cette morale lubrique, que Lulli réchauffa des sons de sa musique , comme dit Boileau, exprimée , dit le Journaliste de Trevoux, avec toute l’énergie du sentiment .

155. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Mais ils apprirent encore que pour maîtriser les esprits les plus revêches et pour en imposer généralement, il fallait étonner, effrayer et inspirer de la terreur ; ils eurent donc recours aux impostures superstitieuses et aux barbaries du fanatisme qu’ils exercèrent tantôt par eux-mêmes, témoin les tortures et les bûchers de l’inquisition, et tantôt en employant une telle influence sur les gouvernements, que ceux-ci obéissaient à la voix des prêtres, et devenaient les exécuteurs des vengeances sacerdotales. […] Depuis que la cruelle superstition exerce ses ravages dans la malheureuse péninsule, depuis que la faction du monachisme et du jésuitisme, ultramontaine malgré le saint-siège, y verse de toutes parts à grands flots le sang humain et y excite les passions les plus haineuses ; depuis qu’elle y fanatise le peuple abruti par l’ignorance, on n’y a pas encore entendu la voix du père des chrétiens, nulle pastorale apostolique, n’y a encore été proclamée, d’accord avec l’autorité souveraine séculière, pour apaiser les fureurs, ramener les esprits à l’autorité légitime, et instruire les hommes sur leurs devoirs de chrétiens et de sujets soumis.

156. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Je dis et je maintiens que c’était bon, très bon, pour ce temps, et que la mémoire du roi René ne peut jamais être entachée du crime de profanation, parce que ses intentions étaient pures et tout à fait religieuses ; mais l’expérience qui corrige tout, qui épure tout, nous a prouvé à l’évidence, que cette alliance de mascarades profanes, avec les objets et les personnages les plus révérés de notre culte, ne pouvait plus avoir lieu ; la voix du prince et des lois s’est fait entendre à cette occasion, et le clergé doit s’y soumettre avec d’autant plus d’empressement, que ses propres lois canoniques le lui prescrivent aussi. […] L’église de Sens était une de celles où cette solennité se faisait avec le plus d’appareil ; avant le commencement des vêpres, le clergé se rendait processionnellement à la principale porte de l’église, et deux chantres à grosse voix chantaient dans le ton mineur ces deux vers, avant lesquels on lit cette rubrique : Circumcisio domini in januis ecclesiæ . […] Deux chantres à grosse voix annonçaient ensuite le commencement de l’office par ces trois vers : « Hæc est clara dies, clararum clara dierum, Hæc est festa dies, festarum festa dierum, Nobile nobilium, rutilans diadema dierum. » Ces trois vers, selon l’expression du manuscrit, devaient être chantés in falso. Si la rubrique qui ordonnait de chanter ainsi était bien observée, cela devait faire un terrible charivari : mais ces mots in falso pourraient aussi indiquer cette espèce de musique composée de plusieurs voix qui chantent en harmonie ; ce que nous appelons en faux bourdon, et que le célèbre Gerbertae, dans son traité de la musique d’Eglise, a nommé musica falsa ; mais nous verrons par l’intimation faite au clergé lors de la suppression de la fête des fous, de chanter mélodieusement, et sans dissonance, que le chœur devait s’étudier à fausser réellement le plus qu’il était possible ; et il profitait de la permission. La prière suivante se chantait à deux ou trois voix.

157. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Un célebre Orateur de ce siecle* s’adressant à tous ceux qui fréquentent nos Théâtres, sollicitoit auprès d’eux cette réforme ; mais jamais la voix de la multitude ne s’élevera pour la demander.

158. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

On a commencé de les attaquer de vive voix et par écrit : Les Prédicateurs les ont condamnées dans leurs Chaires, et quelques Gens doctes ont animé leur plume contre ce divertissement qui a donné matière à plusieurs Livres.

159. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

N’écoutez plus la voix d’un Tyran qui vous aime Et veut vous faire part de son pouvoir suprême. » Les leçons qu’on donne aux Monarques ne valent pas mieux : « Tous les crimes d’Etat qu’on fait pour la Couronne, Le ciel nous en absout alors qu’il nous la donne, Et dans le sacré rang où la faveur l’a mis, Le passé devient juste, et l’avenir permis. […] Le grand Prêtre entreprend artificieusement de détacher par principe de religion, du service de la Reine, Abner un de ses principaux Officiers, sans même lui apprendre le secret de l’existence du Roi, ce qui certainement était en lui un crime, et il emploie pour donner plus de poids à la séduction, la voix de Dieu même, à qui il fait dire : « Par de stériles vœux pensez-vous m’honorer ? […] « Vous qui jusqu’à ce jour armé d’un front terrible, Des cœurs audacieux fûtes le moins flexible, Qui d’un Sénat tremblant à votre fier aspect Forcez d’un seul regard l’insolence au respect, A sa voix aujourd’hui plus soumis qu’un esclave, Enfin à votre tour vous souffrez qu’on vous brave, Et vous abandonnez le soin de l’univers. […] « Et j’ai besoin d’un bras qui par ma voix conduit, Soit seul chargé du meurtre, et m’en laisse le fruit, Je vais jurer à Dieu de mourir pour sa loi.

160. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

 Heureux le Mortel ici-bas,  Qui le suit quand sa voix l’appelle ! Le grand Racine eut le bonheur de se rendre à cette voix, lorsqu’à l’âge de 38 ans, il se repentit d’avoir travaillé pour le Théatre. […] Il n’est pas douteux que cette victoire eut lieu pour ceux qui ne fermerent pas volontairement les oreilles à la voix de l’Eglise. […] Le grand monde est léger, inappliqué, volage ; Sa voix trouble, & séduit : est-on seul ? […] Gresset, qui, après avoir apprécié dans sa raison ce phosphore qu’on nomme l’esprit, ce rien, qu’on appelle la renommée, & avoir écouté la voix solitaire du devoir, annonça par une Lettre imprimée en 175957, sa retraite du service de Melpomene & de Thalie, & son repentir d’y avoir acquis de la célébrité.

161. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Tout le monde applaudit, la piéce est reçue d’une voix unanime, sans en avoir entendu la lecture ; mais, dit l’acteur méchamment, ou si l’on veut modestement, ce n’est qu’un canevas dont les rôles doivent être remplis à l’improviste. […] Il arrive souvent, dit le Pere Hosta missionnaire Italien du Tonquin, qu’on joue les comédies pendant le repas, ce divertissement est mêlé de la plus affreuse musique, les instrumens sont des bassins d’airain, dont le son est aigu, un tambour fait de peau de bufle, qu’on bat, avec les pieds, ou avec des bâtons, comme les Trivelins d’Italie ; les voix des musiciens font à peu près la même harmonie, les acteurs sont des jeunes garçons depuis douze jusqu’à quinze ans (point de femme,) des conducteurs les menent de province en province ; leurs piéces sont ordinairement tragiques, à en juger par les pleurs des acteurs, & les meurtres feints qui s’y commettent. […] Un mari ne cassera pas plus la voix que ne l’ont fait vingt amans, & le mari qui n’en a voulu qu’à la fortune, ne sera pas assez bizarre pour fermer son bureau ; ce n’est pas son intérêt, il y perdroit autant qu’elle.

162. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

On retouche un vers, une scene, une piece, on l’a devant les yeux ; mais le langage du corps ne subsiste pas, un coup d’œil, un ton de voix, un mouvement de la main n’ont qu’un moment. […] Il en est de la littérature comme de l’écriture & de la voix ; de quelque maniere qu’on écrive ou qu’on parle, on distingue la voix ou la main.

163. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Mais après un long débat, mêlé d’injures délicates, & de quelques coups de pied, il a été décidé, à la pluralité des voix, qu’elle ne seroit admise en attendant qu’à titre de complaisance. […] C’est la plus jolie figure, un cœur qui sent, une voix qui touche, un visage qui peint.

164. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Les autres, pour éviter de s’interroger, de descendre dans leur cœur, & pour n’avoir pas à rougir de ses reproches, (le paresseux, l’oisif de profession, est l’homme qui se craint le plus lui-même), cherchent de tous les côtés des objets de distraction ; mais les uns & les autres ont beau vouloir s’étourdir ; aucun d’eux n’échappe à son mécontentement personnel, aucun ne peut fermer l’oreille à cette voix intérieure, qui lui crie : Malheureux ! […] Ils en corrompent des milliers, & on ne dit rien, personne n’éleve la voix pour plaider la cause des mœurs au Tribunal de la Raison ! […] Sans les mœurs on peut comparer les lois à la voix d’un Enfant qui commande à des animaux mal apprivoises : sans les mœurs toutes les Loix seraient insuffisantes. […] Tous les Particuliers qui ont des maisons de campagne dans ces derniers villages, n’ont qu’une seule voix sur cet article. […] Là, d’une voix touchante & ferme, persuader la modération à ceux qui commandent, la fidélité à ceux qui obéissent, à tous cette bienveillance générale, sans laquelle il n’y aura jamais de bonheur sur la terre.

165. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Il continue donc ainsi : « Pour commencer par Tertullien : en même temps qu’il déteste l’horreur et l’infamie des Spectacles, il se fait cette objection : Dieu, dit- il, a établi toutes choses et les a données aux hommes ; et par conséquent elles sont toutes bonnes, comme le Cirque, les lions, les voix, etc. […] Les Païens mêmes et les libertins qui faisaient l’objection ne le disaient pas : ils objectaient seulement que les choses qui entraient dans la composition et dans l’appareil des Spectacles, « Ex quibus spectacula instruuntur », comme le cirque, les lions, la force des athlètes et la douceur des voix, étaient toutes des ouvrages de Dieu, et toutes destinées à l’usage de l’homme, et que par conséquent il n’y avait rien de mauvais dans les Spectacles. […] N’est-ce pas à dire, selon Tertullien, que de même que l’homicide ne peut être attribué à Dieu comme son ouvrage, quoiqu’il s’exécute par le fer qui est une de ses créatures, ainsi la Comédie ne peut non plus être mise au nombre des ouvrages de Dieu, quoique les voix, les parures, et les autres choses qui entrent dans l’appareil de ce qu’on appelle Comédie, soient toutes au nombre de ses créatures ? […] Or je demanderais volontiers à notre Docteur si l’harmonie de l’âme peut bien se conserver pendant l’espace de trois ou quatre heures au milieu des Opéras d’aujourd’hui, où tous les sens se trouvent enchantés par les décorations magnifiques, les machines surprenantes, le mélange harmonieux des instruments et des voix, et où on attaque même le cœur par tous les endroits, où d’ordinaire il est le plus ouvert. […] Notre Docteur pousse son impudence encore plus loin ; il se mêle de faire interroger les Evêques sur faits et articles, et les oblige de prononcer de vive voix l’absolution des Comédiens, ou en tout cas de les autoriser par leur silence : « D’ailleurs, dit-il, quand on demande aux Evêques et aux Prélats ce qu’ils pensent de la Comédie, ils protestent que quand elle est honnête, et qu’il n’y a rien dedans qui blesse les Mœurs et le Christianisme, ils ne prétendent point la censurer : et, quand ils ne le diraient pas, on peut le conjecturer de leur conduite, puisque dans les Diocèses où l’on se sert de ces Rituels, on ne laisse pas d’y jouer la Comédie, qui y est soufferte, et peut-être approuvée. » Il faut être bien hardi pour faire jurer des Evêques sur une telle matière ; et il ne le faut pas être moins pour leur faire approuver par leur conduite ce qu’ils condamnent dans leurs Rituels.

166. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

L’insensé en riant élève sa voix, mais l’homme sage rira à peine tout bas.

167. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

Considérons le cours des années et des siècles, le temps qui s’envole : écoutons le son de la trompette qui va bientôt nous appeler, la voix de l’Ange qui se fait entendre pour nous animer au combat ; les martyrs nous tendent les mains et nous présentent leurs couronnes.

168. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

conservèrent aussi l’usage des Mimes et des Pantomimes sous ces mêmes noms Grecs, et celui des Danseurs de corde qu’ils nommèrent, Funambuli, de funis corde, et ambulo je marche ; et ils ajoutèrent enfin à tous ceux-ci les Histrions, qui joignaient des récits de vive voix aux postures et aux gesticulations des Mimes : ce nom fut donné à ces derniers, selon quelques-uns, parce qu’ils étaient venus de l’Histrie, ou selon d’autres, dont Plutarque est du nombre, parce que celui qui inventa cette sorte de jeux se nommait Hista, et qu’il fit passer son nom à tous ceux de sa profession.

169. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Le même Tertullien que je viens de citer, parlant de la scène et de l’échafaud des Farceurs, l’appelle « la sacristie de Vénus, le consistoire de l’impudicité, l’arsenal de toute vilenie, qui prend sa grâce et sa gaité, de l’ordure et de la saleté », parce que la voix des Bateleurs, leurs gestes et leurs habits de parade, allument des étincelles de lubricité dans le cœur de ceux qui les écoutent et qui les regardent.

170. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Précieux de Galanterie, précieux de Parure, précieux de Beauté, précieux de Pruderie, précieux de Luxe, de Geste, d’Attitude, du ton de voix, de grasseyement, d’habillement, &c. que sais-je ? […] Démandez-le à ceux qui les achetent au plus haut prix ; aux poètes qui les élevent au-dessus des nues ; aux amateurs qui du parterre ou de leurs loges, sont extasiés de la voix, du geste, des lys & des roses, de la Hus de la Rangour, &c.

171. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Ils sont jaloux dans ces assemblées du droit d’arrêter tout par un mot, liberum voto, & dans ces mêmes assemblées ils admettent trois ministres étrangers, leurs ennemis, qui non-seulement y ont voix délibérative, mais qui seuls y exercent le liberum voto, seuls y font la loi, & menacent de tout exterminer si on leur résiste. […] Le Grand-Maréchal de la Couronne, qui ne goûte aucune de ces permanences, s’y est vivement opposé : de vive voix & par écrit, il a présenté des notes comme les ministres des Puissances copartageantes, fait des oppositions, des protestations, occupe plusieurs seances, suspendu toutes les affaires pour terminer celle-ci : efforts inutiles.

172. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

De quel œil penses-tu que ta Sainte verra D’un spectacle enchanteur la pompe harmonieuse, Ces danses, ces Héros à voix luxurieuse, Entendra ces discours sur l’amour seul roulans, Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul Dieu suprême, Il faut immoler tout, jusqu’à la vertu même, Qu’on ne sauroit trop tôt se laisser enflammer, Qu’on n’a reçû du ciel un cœur que pour aimer, Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lulli réchauffa des sons de sa musique ? […] Mauvais goût, l’œil se perd dans ce cahos, & ne s’amuse plus dans ces spectacles ; comment même faire entendre ni les voix ni les instrumens ?

173. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

appelle-t-il vivre honnêtement employer son esprit et mettre tout son temps et sa peine aux jours mêmes qui sont consacrés au service divin, à apprendre son rôlet, à compasser ses pas, et à étudier ses gestes, ses postures et son ton de voix, pour s’imprimer dans le cœur les passions qu’ils veulent faire ressentir à leurs spectateurs ? […] Un bon Acteur sait animer de telle sorte sa voix, et si bien ajuster ses paroles avec ses gestes et ses postures, que la passion qu’il représente fait d’ordinaire impression sur ceux qui l’écoutent, parce qu’il paraît ressentir lui-même cette passion, Et c’est ce qui les touche.

174. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

.), parlant des spectacles, défend aux Chrétiens d’aller dans des lieux où l’on entend des blasphèmes et des invectives contre la religion : « Ubi sunt blasphemia et maledicta, Christiani non accedant. » Du temps de Trajan et de Dioclétien, le théâtre mêlant sa voix à celle de Celse et de Porphyre, blasphémait ouvertement le christianisme, comme il paraît par le martyre de S. […] Un Historien n’oserait rapporter en détail les blasphèmes des impies, il coule légèrement et marque son horreur quand la vérité des faits l’oblige d’en parler, et on ose les apprendre par cœur, les débiter publiquement, les animer de la voix et du geste, en paraître persuadé, animé, transporté, car enfin un Acteur se pique d’entrer et doit entrer en effet dans les sentiments qu’il exprime.

175. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Mais ce sont des voix, des gestes, une âme, des talents, des grâces ; mais c'est une légèreté, une figure, une action, un goût ! […] vous les profanez par ce style affecté, ces gestes comiques, ce ton de voix efféminé, cet air de théâtre, ces parures mondaines.

176. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Les sentimens trop rapprochés, s’écrie-t-on d’une commune voix, se détruisent l’un par l’autre ; ils font peu d’impression sur l’âme lorsqu’ils n’ont point une juste étendue.

177. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

Hé bien, Agathon, le procès est suffisamment instruit : Recueillez les voix, jugez, prononcez, sans avoir égard à un petit nombre d’honnêtes, et véritables dévotes que j’excepte.

178. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

 Mais l’heure approche où sur un Théâtre bouffon,2 Confident d’un héros et vainqueur d’un griffon, Au mépris de Cothurne Arlequin doit paraître ; C’est là qu’on voit Favarte , maîtresse de son maître, Pour s’en faire épouser contredire un vieillard ; Où déguisant sa voix sous l’habit savoyard, Tête-à-tête au Café le soir à la sourdine, Vis-à-vis son mari surprendre Coralinef .

179. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Le Bon Goût se sauvera du naufrage ; une voix s’est fait entendre contre ses ennemis déchaînés.

180. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

La Comédie ayant délibéré sur vos demandes, voici l’avis qui a réuni le plus grand nombre des voix, & qu’elle m’a chargé de vous communiquer. […] Cette piece a occasionné dans cet Aréopage une espece de schisme, Sept voix, en comblant le sieur Palissot d’éloges dont il est fort loin de se prévaloir ; huit, en confirmant ces mêmes éloges, ont rejetté la piece avec le plus grand regret, comme peu compatible, par son extrême indécence, avec la dignité du Théatre Français. […] Le jour où vous m’avez entendu, M. le Kain, frappé de l’espece de contradiction qui régnoit dans vos suffrages, & des applaudissemens qui m’étoient prodigués par les mêmes voix qui m’accusoient d’avoir manqué à la décence, M. le Kain crut devoir vous observer que vous passiez les bornes de vos usages, que l’objet de vos assemblées étoit de juger des convenances théatrales ; mais qu’il n’appartenoit qu’au Magistrat de prononcer sur les convenances morales d’un Ouvrage. […] J’ai dû vous mettre ces observations sous les yeux, d’autant plus que ce sera pour la derniere fois peut-être que vous aurez entendu ma voix dans vos assemblées.

181. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Tout ce qui se fait dans les représentations malheureuses, ne porte qu’au mal, dit saint Chrysostôme : les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards des yeux, les mouvemens du corps, le son des instrumens, les sujets mêmes, les intrigues des comédies ; tout y est plein de poison, tout y respire l’impureté. […] Considérez ce que c’est que tous ces spectacles profanes, où est employé tout ce qui peut allumer le feu de la passion : objets séducteurs, scènes agréables, décorations pompeuses, habits magnifiques, mystères d’amour ingénieusement expliqués, airs languissans, récits pleins de tendresse, acteurs poussant les plus doux traits de la passion, concerts harmonieux, voix pénétrante, actions empoisonnées, enchantemens diaboliques, inventions funestes de l’enfer : examinez ce que c’est que tout cela pour vous, quelle impression votre cœur en reçoit, en quelle disposition se trouvent alors vos sens : jugez-en par le présent, par le passé ; & si vous êtes de bonne foi, je m’assure que vous direz, que sans avoir égard aux autres, vous trouverez en tout cela une occasion prochaine & personnelle de péché. […] Depuis qu’un Dieu fait Homme est venu nous apprendre à mortifier nos sens, à combattre nos passions ; depuis que l’Eglise nous a fait promettre à la face du Ciel & de la terre, de mourir au monde & à ses pompes, à la chair & à ses desirs, à satan & à ses œuvres ; depuis que l’Evangile, toujours ouvert & toujours expliqué, ne prêche par-tout que le renoncement aux joies & aux vanités du siécle : instruits par tant de voix qui ne forment qu’un même cri pour les convaincre de la sainteté de leur état, devroient-ils avoir besoin que nous montions en Chaire, pour leur montrer tout le crime qu’il y a dans ces divertissemens ; & ne devroient-ils pas s’élever eux-mêmes contre une abomination si déplorable ? […] S’il faut des événemens pour étonner vos esprits, considérez dans les Livres Saints tous ces prodiges que la vertu du Tout-puissant y fait éclatter : voyez les abîmes se desseîcher pour le passage d’un peuple, les moissons tomber du Ciel pour appaiser sa faim, les rochers se fondre en eau pour éteindre sa soif : voyez les remparts des villes s’écrouler au son des trompettes, le feu du Ciel descendre à la voix d’un homme mortel, un foible & jeune berger combattre & terrasser un géant superbe. […] Et quand il n’y auroit, ajoûte saint Augustin, que la rencontre de l’un & de l’autre sexe ; sans parler de ces criminelles affeteries de femmes sans pudeur, qui par leur air languissant, par le son de leurs voix, par leurs actions empoisonnées, ne cherchent, selon l’expression de saint Basile, qu’à vous déchirer, qu’à vous percer des traits des passions qu’elles représentent ; sans tout cela même encore quand il n’y auroit que la vue d’un sexe dangereux qui affecte de venir y montrer une beauté relevée par tout ce que le faste & le luxe ont imaginé de plus enchanteur : ah !

182. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Dupe d’autrui, & de soi-même, on s’étudie à étouffer la voix des remords, & au défaut de solides raisons, on appelle à son secours tous les grands & frêles raisonnemens des apologistes du Théatre. […] Je cherchois à étouffer cette voix des remords…Ou je croyois y répondre par de mauvaises autorités, que je croyois bonnes. […] Le plaidoyer, qui en est le motif, qui a été fait par le corps des Avocats, & approuvé d’une voix unanime, y est applaudi par la Cour, & la comparaison de la Comédie avec le Panégyrique des Sts. dans la chaire, y est qualifiée de blasphêmatoire. […] Volez donc aux spectacles, pour y entendre la voix de J.C. dont ces malheureux & malheureuses, que l’Eglise rejette de son sein, sont les organes, c’est par leur bouche, qu’il veut y parler à votre cœur. […] Les Ministres du Seigneur feront toujours leurs devoirs, en levant la voix contre les prévaricateurs ; & ceux qui feront la sourde oreille, éprouveront la justice d’un Dieu, dont ils auront negligé les avis, & méprisé les ordres.

183. (1722) Chocquet, Louis [article du Supplément au Dictionnaire Historique et Critique] « article » pp. 42-44

Dyables mauldicts, Dyablesses, Dyabletons, Courez en lair, trauersez champs & boys Foulare gectez, accordante a ma voix Approchez tost dyabolicques luytons : &c.

184. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

— Madame, elle & vous… c’est une ressemblance si parfaite… Votre son de voix, votre démarche, vos yeux, tous vos traits en un mot.

185. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

Le Conistra était le parterre : le Bouleuticon, la place des Magistrats : les Diazoma, des corridors ; les Gradins, de petits escaliers, pour monter d’un rang à l’autre ; le Cercys, l’endroit le plus élevé, destiné pour les femmes ; l’Ephébicon, l’endroit où se plaçaient tous les Citoyens dès qu’ils avaient atteint dix-neuf ans : les Echæa, étaient des vases d’airain soutenus dans de petites cellules par des coins de fer, sans toucher à la muraille, & disposés de sorte, que la voix sortant de la bouche des Acteurs comme d’un centre, se portait circulairement vers les corridors ou paliers, & venait frapper la concavité des vaisseaux, qui renvoyaient le son plus fort & plus clair : il y avait jusqu’à trois rangs de 26 Echœa dans les grands Théâtres : l’Orquestre était destiné aux Danses chez les Grecs, aux Spectateurs qualifiés chez les Romains ; l’Hyposcénion (Sous-Scène) était un réduit pratiqué dans l’Orquestre, pour la commodité des Joueurs d’instrumens & des Personnages du Logéon, qui s’y tenaient, jusqu’à ce que l’exécution de leurs Rôles les obligeât à monter sur le Logéon, ou lieu de la Scène : l’Agyéus était un Autel consacré à Apollon ; car, dans les anciennes Religions, les Dieux présidaient à tous les plaisirs des hommes ; doctrine admirable… L’Odéon était le lieu de la Musique ; le Podion, la balustrade qui séparait le Proscénion de la Scène du Théâtre Romain ; l’Episcénion n’était autre chose que le plus haut rang de colonnes, lorsqu’il y en avait trois l’un sur l’autre : le Sciadion se nommait Umbella chez les Romains : c’est notre Parasol.

186. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Je vous dirai pourtant, avant que de la quitter, que les véritables dévots ne sont point composés, que leurs manières ne sont point affectées, que leurs démarches et leurs grimaces ne sont point étudiées, que leur voix n’est point contrefaite et que, ne voulant point tromper, ils n’affectent point de faire paraître que leurs mortifications les ont abattus.

187. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Il n’y eut qu’une voix sur son ignorance : lui-même en convenoit, & il est certain qu’il n’avoit jamais appris qu’à lire & à écrire. […] J’ai un Coigni, Bellone & la Victoire, Ma foible voix n’a pu chanter la Gloire ; J’ai vu la Cour, j’ai passé mon printemps muët aux pieds des idoles du temps ; J’ai vu Bacchus sans chanter son délire ; Du Dieu d’Issé j’ai dédaigné l’empire ; J’ai vu Plutus, j’ai méprisé sa cour ; J’ai vu Dapné, je vais chanter l’Amour Aussi est-il dédié à sa maîtresse. […] Pour cette raison, je n’ai été attentif qu’à remarquer son ton de voix, ses gestes, ses expressions pour les imiter.

188. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

De jeunes personnes bien élevées & pleines de candeur donnent à leurs personnages un caractère de vérité que ne peut imiter qu’imparfaitement tout l’art des Actrices, ce n’est qu’à des ames innocentes & des voix pures (elles cesseront bien-tôt de l’être) qu’il convient d’emprunter le langage de la vertu. […] Il s’extasie sur la beauté, les graces, les talens des jeunes personnes qui y jouèrent ; elles l’emportent sur toutes les Actrices passées, présentes & à venir : des traits charmans, une physionomie pleine de finesse, le visage de Flore, la taille d’Hébé, les yeux de l’amour, le son de voix des Syrènes, &c.

189. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Je ne trouve rien contre votre premier Article ; car j’ai pensé, que c’est la rareté des Voix convenables, qui vous a portée à rendre les Opéradiens Acteurs de profession : l’anaphonèse, où l’exercice du chant, leur est d’ailleurs absolument nécessaire. […] Les hommes du premier âge voyaient Dieu dans ses ouvrages ; sa voix, pour eux, n’était autre que celle de la nature, & leur sens intime : mais le Théocrate avait intérêt d’étouffer cette voix commune, & claire pour tout le monde. […] Tel fut donc vraisemblablement le nom des Odes de Thespis, qui n’avaient rien de plus Dramatique que notre Satyre Ménippée, ou celles de Régnier & de Despréaux, si ce n’est le débit qu’on en fesait de vive voix, & peut-être une sorte de Dialogue où le même homme interrogeait & repondait. […] Il n’y a qu’une voix pour cela : monsieur Rousseau lui-même, faute de distinguer suffisamment les temps, tombe dans l’erreur commune : il cite la loi : Quisquis in scenam prodierit, ait Pretor, infamis est. […] Les Pères de l’Eglise font entendre leur voix : on l’accuse de mille desordres, & malheureusement les apparences ne sont que trop évidemment contr’elle ; on invente même des prodiges*, pour en inspirer plus d’horreur aux nouveaux Chrétiens.

190. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Le même Auteur dit encore : « La voix, le ton, le geste, l’action, voilà ce qui appartient à l’Acteur ; & c’est ce qui frappe dans le spectacle des grandes passions.

191. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Le sujet des piéces, les Acteurs, leurs voix, leurs gestes, tout effémine, tout amollit, tout séduit, tout corrompt.

192. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

ou Lutteurs, bien qu'ils combattissent tous nus sur l'Arène, ni les Thyméliques ou Musiciens, bien qu'ils joignissent leur voix et l'adresse de leurs mains aux Danses des Mimes et des Bouffons ; ni les Conducteurs des Chariots au Cirque, ni même les Palefreniers qui servaient auprès des chevaux employés aux Courses sacrées, bien qu'ils fussent de la plus méprisable condition, d'où l'on peut aisément juger, et certainement, que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'ont jamais souffert cette tache ; ils ne paraissaient point sur le Théâtre que modestement vêtus, bien que ce fut quelquefois plaisamment ; ils n'occupaient les Musiciens qu'aux Danses et aux Chants de leurs Chœurs, ou de quelques vers insérés dans le corps de leurs Poèmes, comme ceux de nos Stances que l'on récite mal à propos, au lieu de les chanter, étant Lyriques.

193. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Ne fuirez-vous donc point les sièges des ennemis de Jésus-Christ, cette Chaire de pestilence, cet air tout infecté par ces voix exécrables :Sint dulcia licet, et grata, et simplicia, etiam honesta quædam j. […] ou à une hirondelle, pour fuir la société du monde, et me cacher dans un trou des déserts avec les bêtes sauvages, où l’on trouve plus de fidélité que parmi les hommes ; et achever ainsi ma carriere dans une tranquillité exempte de douleurs, de soins et d’ennuis ; et que je fusse en cela seulement different d’elles, que conservant l’usage de la raison, je pûsse élever mon esprit dans le Ciel, et jouir dans une sérénité invariable de cette clarté immortelle ; en sorte que comme du sommet d’une haute montagne, je donnasse d’une voix éclatante comme un tonnerre, cette grande instruction à tous les hommes : O mortels ! […] Entrecoupez tout cela de Musique, d’Instruments, de Danse, et de voix qui invitent tout le monde à suivre l’amour, à s’abandonner à la tendresse, et à s’aimer jusqu’au tombeau. […] C’est ainsi que l’Église est en possession d’en parler o : Je pourrais produire autant de témoins de ce que j’avance, qu’il y a de Prédicateurs qui montent dans les Chaires, puisque tous d’une commune voix s’élèvent contre ce dérèglement.

194. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

de Montchal nous apprend que les Prélats vertueux éleverent leur voix contre cette licence ; tel fut entr’autres M. […] Ecoutez la voix du Pasteur qui vous exhorte & vous sollicite, & qui aime mieux devoir votre obéissance à ses charitables conseils, qu’aux censures que l’Eglise lui a mises en main ». […] Rousseau l’aura regardé comme une voix discordante, étouffée par le jugement que l’Eglise universelle a porté dans tous les siecles contre les Théatres. […] Il est vrai qu’on peut avoir une très-belle voix, & aimer la vertu. […] On alloit autrefois les trois jours de Ténebres à cette Abbaye, attiré principalement par les voix qui s’y faisoient entendre.

195. (1647) Traité des théâtres pp. -

Que les Anciens Pères se sont écrié d’une commune voix contre les Théâtres Outre ce que les Synodes en déterminèrent ainsi en commun, les bons Serviteurs de Dieu s’employèrent çà et là, un chacun en son détroit, et de bouche et par écrit, à réprimer cette dissolution, de sorte que leurs livres en sont tous pleins. […] que puissions-nous par cette voix arrêter, et retenir ceux qui courent aux différents Spectacles des Théâtres ! […] De là vient aussi que les Pasteurs s’écrient contre ceux-là d’une voix tout autrement forte que non pas contre cetui-ci, et en témoignent une bien plus grande horreur et détestation, jusques à prononcer à ceux qui s’y opiniâtrent, qu’ils « n’hériteront point le Royaume des Cieux » ff », ce qu’on ne leur a jamais ouï dire simplement touchant l’autre péché. […] Nous avons reçu la déposition de plusieurs des Pères les plus célèbres, qui d’une voix, se sont écriés contre eux, et les ont accusés de dissolution, et d’en donner les leçonsfq. 9. […] Ce qui reste, c’est que tout ce qu’il y a de vrais fidèles, écoutent là-dessus, non pas la voix de leurs désirs, qui sont les partisans du monde, mais celle de la raison et de leur conscience, pour se retirer de ces lieux, où Dieu est offensé, le vice enseigné, l’Eglise scandalisée.

196. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

L’art du pantomime, l’adresse à contrefaire, la vivacité à exprimer des sentimens par l’inflexion de la voix, les nuances du geste, les traits du visage, le feu des regards, ne sont qu’un instinct naturel, une sorte de méchanisme qui résulte de la configuration des organes, sans que l’esprit & les vrais talens y entrent pour rien.

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