.° Un rôle de Curé n’a jamais été mis sur le Théatre depuis les Mysteres des Confreres de la Passion ; il est si respectable, si uniquement fait pour la piété, qu’il ne peut amuser la scene. […] On lui fait tenir des discours ingénieux au-dessus de la portée d’une fille de seize ans, des vers bien tournés, élégans, figurés, un style, des sentimens, des idées, des termes, qu’elle ne peut avoir puisé que dans les romans, dont cependant elle ne doit avoir lu aucun, puisqu’elle a toujours vécu dans une grande piété. […] Quelle fille, élevée dans la piété & la modestie, dira, Contre l’amour il n’y a point de défense ? […] Une éducation religieuse, une vie toujours tranquille, une piété marquée jusqu’à vouloir se consacrer à Dieu, prendre en effet l’habit, & faire deux années de noviciat, préparent-elles à ces brutales idées ? […] C’est une tirade affreuse contre les Religieux, que leurs ennemis admirent, & que la justice & la piété condamnent, & le témoignage de sa fille dément.
Quand elle banniroit du Théâtre tout ce qui peut blesser cette précieuse vertu, elle n’en seroit pas plus innocente aux yeux de la vraie piété, elle n’en seroit pas moins son ennemie.
4°, Que comme le péché que commettraient les Ecclésiastiques en allant à la Comédie serait un péché de scandale qui les rendrait responsables de plusieurs autres péchés, où tomberaient ceux qui auraient cru pouvoir suivre leur exemple ; de même aussi les Laïques qui font profession de piété, et à qui la Comédie ne ferait aucune mauvaise impression ne laisseraient pas d’offenser Dieu, et d’être coupables de bien des péchés, parce que plusieurs esprits faibles pour qui la Comédie est un poison mortel ne se déterminent quelquefois à y aller, qu’à cause qu’on y voit aller des personnes qui passent pour pieuses. […] Serait-il en effet nécessaire d’entrer en discussion avec un homme, qui connaissant, à ce qu’il dit, quelle est sur les spectacles la Tradition de l’Eglise manifestée par tous les Pères et les Conciles depuis le premier jusqu’au dernier, laisse à l’écart tous ces Pères et ces Conciles, « pour se rendre, dit-il, à la droiture de la raison », et à une autorité supérieure qu’il croit trouver dans quelques Scholastiques. « Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise,ce sont ses termes23 , et que j’invective contre la Comédie, comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force du leur autorité. […] Racine a donné au public ; et il paraît ce semble assez persuadé que l’exercice auquel il s’est appliqué lui-même, n’est guère compatible, ni avec la piété, ni avec la maturité de l’âge.
Bernard dit d’un savant Evêque de son temps Gilbert Evêque de Londres. « La pureté et le désintéressement de votre conduite, lui dit-il, a répandu partout une grande et douce odeur de piété et d’édification.
Il s’appliqua aux devoirs de la piété et de la religion avec d’autant plus de soin qu’il avait plus de douleur de n’y avoir pas été toujours fidèle.
Vous vous attireriez sur les bras tout ce qu’il y a d’Evêques zélés et de bons Pasteurs dans l’Eglise, aussi bien que les Seigneurs qui ont de la piété, qui emploient tout ce qu’ils ont d’autorité ou spirituelle ou temporelle, pour bannir les danses des lieux où ils ont du pouvoir.
On demande si des Communautés Religieuses peuvent représenter en particulier des Pièces de théâtre sur des sujets de piété, avec les habits dont on se sert à la Comédie et à l’Opéra, en n’y admettant point de personnes de dehors.
Afin que le Théâtre ne puisse jamais manquer de Sujets, outre les Comédiens de Province, sur lesquels il faut peu compter ainsi que sur les enfants de la Capitale, je crois qu’il serait de la prudence d’élever et d’instruire pour le Théâtre une demie douzaine de garçons, et autant de filles ; une ancienne Comédienne, et un ancien Comédien auraient le soin de les former dans des logements séparés ; on leur donnerait en même temps des principes de religion et de piété, et on leur ferait apprendre un métier pour leur préparer une ressource, si par hasard à un certain âge on ne leur trouvait pas les talents nécessaires pour le Théâtre, ou s’il leur survenait quelque défaut qui ne leur permit pas d’y jouer : dans ces deux cas la bonne éducation qu’ils auraient reçus, jointe aux secours qu’on leur procurerait, les mettrait en état de trouver un autre établissement que celui du Théâtre.
Le divertissement innocent relâche l’esprit & le fortifie & rend plus propre au travail & à la piété. […] Ce n’est point une tolérance théologique, qui laisse sur des opinions incertaines la liberté de penser, la saine morale fut toujours bien décidée sur la grieveté de ce péché ; ni une tolérance ecclésiastique de discipline, qui ne proscrit point des actions qu’elle regarde comme peu importantes, les censures de l’Eglise, la privation des sacremens subsistent toujours ; ce n’est pas même une tolérance civile légale, les loix qui couvrent les Comédiens d’infamie ne sont pas révoquées ; ce n’est pas non plus une tolérance populaire, puisque malgré toute la ferveur, le goût, l’ivresse de ses amateurs, il n’est personne qui ne convienne du danger du théatre & de son opposition à l’esprit & aux règles d’une véritable piété ; ce n’est qu’une tolérance politique, qui croit avoir des raisons d’Etat de laisser subsister certains maux fi invétérés qu’il seroit impossible de les corriger, & dangereux de l’entreprendre, parce qu’il vaut mieux supporter un moindre mal pour en éviter un plus grand. […] Quelle piété, quel zèle, quel crédit dans S. […] La tolérance est universelle : le peuple abandonne, pour y courir, les exercices de piété ; l’indifférence pour la religion est le goût décidé de tous les états, l’irréligion & la dépravation des mœurs sont le système dominant du siecle, tout le monde s’en accommode, & le théatre en profite ; tout le favorise, rien ne l’arrête.
Tout se ressent de cette oisiveté : famille, devoir, affaires, emploi, exercices de piété, tout en souffre. […] A la bonne heure ; mais ce qu’on appelle beau monde n’est-ce pas aux yeux de la piété la plus mauvaise compagnie ? […] la piété connoît-elle le langage qu’on y tient ? […] Le Prince eut bien de la peine à s’empêcher de rire ; J’approuve leur piété, dit-il avec un sérieux forcé, qu’ils enterrent si bien leur mère, qu’elle ne paroisse jamais plus.
De tourner la piété & la Réligion en ridicule, de rendre méprisables la pudeur & la modestie, d’autoriser les foiblesses les plus honteuses, & les désordres du cœur les plus criminels. […] un Magistrat souffriroit sans péché qu’on joue des comédies scandaleuses, il souffriroit que la pudeur, que la piété, que la charité, que les autres vertus fussent bafouées sur un théâtre & traduites en ridicules ? […] Les spectacles éteignent le goût de la piété. […] Encore, seroit-on moins coupable en assistant à ces représentations, si tout leur effet n’étoit que d’allumer des passions vicieuses ; mais de plus, elles éteignent le goût de la piété. […] Les spectacles éteignent le goût de la piété.
Ajoutons à tant de témoignages si exprès, et si formels, les sentiments de beaucoup de personnages illustres en piété, qui ont fait des Sermons entiers contre la danse, et qui considèrent de près, et dans la lumière de la vérité, les péchés qui s’y commettent ordinairement, et qui naissent des regards, des attouchements et des entretiens, les condamnent encore, et les détestent comme un divertissement diabolique ; et ne croient point que personne se puisse innocemment exposer au péril qui s’y trouve, quelque chaste et quelque établi qu’il soit dans la mortification des sens. […] Et toutes les âmes qui ont quelque crainte de Dieu, et quelque sentiment solide de piété, souhaitent ardemment que cette mauvaise coutume soit détruite et anéantie ; leur désir est bien raisonnable et bien juste ; car outre les maux fréquents et ordinaires, desquels nous avons auparavant parlé, nous en pourrions rapporter d’autres qui se rencontrent plus particulièrement dans les bals ou dans les danses qui se font dans les villes ; mais qui sont si étranges que les oreilles chastes et pieuses ne sauraient le souffrir.
Mais à des machiavélistes qui moulent la piété à la police et la police à leur volonté, il nous faut purger de tous points et voir si nos actions irrépréhensibles par les lois divines le peuvent être par les humaines, si elles sapent les fondements de la monarchie ou si elles divisent les cœurs des sujets de l’obéissance de leurs princesaa. […] [NDE] Comprendre : les magistrats permettent les représentations, mais dans les moments et les lieux appropriés, et sans introduire de confusion entre ce qui relève de l’utile (les affaires, la piété) et ce qui relève des distractions.
La deuxième, que plusieurs Religieux et personnes de piété sont à la même heure occupés à chanter les louanges de Dieu. […] Les Italiens choisirent d’abord des sujets de piété que Mr. […] On n’oublie pas de répondre à l’argument tiré des Tragédies des Collèges, par les règles de l’Université, qui défendent d’y rien représenter que d’édifiant, et d’en exclure les personnages et les habits de Femmes ; par les Statuts des Jésuites qui portent que les Comédies et les Tragédies seront Latines, qu’on n’en fera que très rarement, qu’on prendra toujours des sujets de piété, et qu’il n’y paraîtra point de personnages de femme, ni de fille ; enfin par la quatrième Assemblée générale de l’Oratoire, qui renouvelle le règlement contre les personnages de Femmes et de Filles sur le Théâtre de leurs Collèges.
« Non seulement les romans et les pièces de théâtre éloignent l’âme de tous les actes de religion et de piété, mais encore ils tendent, en quelque manière, à nous inspirer une profonde aversion pour toutes les actions ordinaires et sérieuses. […] Or, ceux qui fréquentent les spectacles doivent confesser, s’il leur reste quelque étincelle de piété, que leur tendance est d’amortir et d’assoupir bientôt entièrement l’esprit de dévotion religieuse. […] Nous devons empêcher qu’elle ne se laisse guider par son imagination et ses passions ; nous devons enfin jeter dans son cœur des semences de modestie, d’humilité, de modération, et lui inspirer, de bonne heure, du respect pour la piété et la vertu.
Despreaux, que de mêler tant de fausses divinités, où on ne devait rien représenter qui ne respirât la piété Chrétienne ?
Aux autorités religieuses j’avais ajouté l’exemple des princes le plus connus par leur piété et notamment le roi de France très-chrétien. […] Mais vous prétendez qu’un bal serait aussi dangereux aux Tuileries que dans tout autre lieu ; encore une fois, vous ne ferez croire à personne que dans le palais du Roi de France très-chrétien, les devoirs du catholique soient oubliés au point d’y permettre ce que la morale défend : on y donne chaque jour des exemples de piété, et pour prouver que le danger existe, il ne faudrait pas se borner à dire : il y a du danger.
Porée, jésuite, recommandables par leur piété, qui ont pu prendre le change, & avoir quelqu’indulgence pour le théâtre. […] Il ne s’y rassemble que des libertins, des coquettes, des gens oisifs, sans mœurs, sans piété.
Le désespoir de sa défaite l’accabla & le dérangea ; il se crut abandonné de Dieu : &, comme s’il eût voulu l’abandonner par représailles , dit la Motraie, il ne garda pas même l’extérieur de la piété, il n’eut plus aucune attention aux sermons & aux prieres, il y venoit par cérémonie, mais pendant l’office il badinoit avec un petit chien, & ne paroissoit touché de rien. […] Charles n’avoit ni n’étoit capable d’avoir aucun systême : c’étoit un homme sans piété, comme stupide dans la Religion, qui ne pensoit qu’à la guerre.
Chrysostome a plus fortement & plus souvent que les autres tonné contre le théatre, parce qu’il a été plus à portée d’en voir les désordres a Antioche & à Constantinople, les deux villes du monde où ils ont le plus régné depuis que le Christianisme est monté sur le trône des Césars, malgré la piété des Empereurs & leur zèle à le réformer. […] On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.
Rien n’est plus dévot que le théatre Grec & Latin ; il n’est point de livre de piété qui parle plus de Dieu & de ses Saints, que les tragédies de Sophocle, d’Eschile & de Séneque, ne parlent de la Mithologie payenne ; ce sont par-tout les actions des Dieux, des prieres, des offrandes, des cantiques ; les Dieux font tout, on en espére, on en craint tout. […] Pour tout le reste, il y a plus de piété dans une tragédie d’Eschile, que dans tous le théatre de Corneille, de Racine, de Crébillon & de Voltaire. […] Jamais la piété ne fut chez eux un sujet de plaisanterie ; jamais ils ne rougirent de la pratiquer sur la scéne, & de l’honnorer par leurs discours.
croit-on que la piété & les mœurs gagnent beaucoup dans la licence de la peinture ? […] Le style en est coulant, naturel & pur ; tout respire la piété. […] On rempliroit des volumes des traits innombrables de ce mélange impie & ridicule des choses saintes avec les profanes, où la piété perd toujours.
Racine qui a cessé de travailler depuis quelques années par les purs principes de la piété et de la religion, dans le temps même qu’il faisait l’admiration du siècle par son caractère de tendresse ; sacrifiant le vain honneur qu’il s’était acquis à une plus solide vertu. […] Et je ne vois pas d’autre raison qui puisse engager ces personnes à changer si fort de conduite : car aimant tous naturellement le plaisir comme nous faisons, pourquoi se priver de celui-là s’il est si honnête que vous dites, et s’il est compatible avec l’horreur du péché et avec une piété véritable et solide ; malheureusement pour vous tout le monde n’en convient pas. […] On se persuadera bien de pouvoir accommoder la passion pour la Comédie, avec une vie réglée selon les maximes du monde ; mais avec une vie pénitente, avec une solide et austère piété, avec des sentiments véritablement Chrétiens, il n’y a point de Théologien qui l’ait cru ni dit avant vous. […] Dans toutes les autres professions que la cupidité et la corruption de l’homme n’a pas inventées parmi les personnes qui vivent dans le désordre, il y en a toujours quelqu’une qui se distingue des autres par sa vertu et par sa piété ; mais si on a pu dire de quelque Comédien ou de quelque Comédienne, c’est un honnête homme, c’est une honnête femme, a-t-on jamais pu dire, c’est un homme d’une piété exemplaire, c’est une femme d’une vertu austère : d’où vient cela, si ce n’est, de ce que leur profession n’est point un ouvrage de Dieu, mais de la corruption de l’homme, et que la piété et l’innocence ne peuvent pas compatir avec elle. […] Rentrez donc en vous-même, et commencez à gémir du tort que votre Lettre aura pu ou pourra faire à tant de personnes qui balançant peut-être encore le désir et le penchant qu’elles avaient pour la Comédie, par quelque reste de piété, n’auront pas mieux aimé que de se voir autoriser dans leur penchant par un Théologien.
Les cérémonies de la Religion, la richesse des Temples, les ornemens sacerdotaux font un tableau de la Divinité & de ses mystères, instruisent, touchent, augmentent le respect, animent la dévotion, la piété s’en sert utilement. […] la modestie & le recueillement des gens de bien à l’Église, les nudités, l’effronterie des Actrices sur la scène, la piété des cantiques, la sainteté des Sermons, & l’orgueil du tragique, la licence du comique ; l’un est l’ouvrage de la grâce, & mène à la vie, l’autre est le chef-d’œuvre du vice, & conduit à la mort. […] Ouvrage immortel de l’éloquence, de la piété, de la sagesse de ce grand homme. […] La modestie dans la main de Dieu est un engagement à la piété : iniquitatis ingenium, quibus malus genius præest, hortatur ad inhonesta qui inhonestè vestitur.
Il ne s’agit plus de combattre ici contre le sophisme armé d’une plume d’or, et secondé par l’éloquence, et la prévention des sots : il s’agit de justifier ma profession aux yeux des gens d’une piété éclairée et de leur prouver que la conduite de Mr. […] Le projet indiscret d’une piété mal entendue serait d’ailleurs confondu par l’événement ; où les hommes fuiraient-ils le monde ? […] veut-il renoncer à hâter les progrès de la Morale, s’il n’est pas sûr de faire aussi bien en faveur de la Religion et de la piété ? […] Dans le Pays du monde où l’on fait profession de la plus exacte piété, on croit édifier le Public par la représention des Pièces Allégoriques dont l’objet est toujours le développement d’une vérité Evangélique, on peut pour s’en convaincre consulter les réflexions historiques et critiques sur les différents Théâtres de l’Europe par Riccobonie le Père. […] Missionaire Jésuite donc le Zèle sans bornes fera la gloire de son Ordre dans l’esprit de toutes les personnes d’une véritable piété, ne l’ai-je pas entendu, dis je, en prêchant sur le mariage, regretter de ne pouvoir appeler les choses par leur nom, et de ne pouvoir faire naïvement la peinture des impudicités qu’on rougit, disait-il, de nommer par un scrupule de bienséance toute mondaine, mais qu’on ne rougit pas de commettre, tant il est vrai, ajoutait-il, que le monde est parvenu au dernier degré de corruption !
C’est un tribut de justice & de piété de donner à ses Proches les louanges qu’ils méritent. […] Des Religieux respectables par leur piété ont souvent fait des Tragédies, & en font encore tous les jours du consentement de leurs Supérieurs. […] Il faudroit, suivant le même esprit, envelopper dans l’anathême les Fêtes publiques, les Concerts, les Bals, les Festins, & généralement toutes les Assemblées d’amusement & de plaisir, comme étant pour les deux sexes qui s’y trouvent réunis & confondus, une source de relâchement dans les devoirs, de dégoût pour la piété, de pensées vaines & trompeuses, & quelquefois de liaisons funestes à l’innocence & à l’honneur. […] Outre que les ouvrages de cette nature, quelque repentir qu’ils ayent causé à l’Auteur, peuvent comme amusemens littéraires, occuper le loisir de Commentateurs pleins de Religion & de piété, vous ne serez vous-même que trop attentif à relever l’abus qu’il a fait de ce fonds de tendresse & de sentiment dont la nature l’avoit doué ; à censurer les Tragédies où l’amour domine trop, & celles où il ne devoit point avoir de part. […] N’oublions pas que si Corneille est chez les modernes le Restaurateur de la Tragédie, Racine est parmi nous le premier Auteur de Tragédies sans amour ; & qu’il est moins glorieux de rétablir, de créer, si l’on veut, le Théatre, que de le consacrer à la vertu, à la Religion & à la piété.
Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise, et que j’invective contre la Comédie comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force de leur autorité. […] La seconde, qu’il ne faut pas croire en état le péché les Comédiens qui passent toute leur vie sur le Théâtre, et moins par conséquent les Auteurs qui leur donnent des pièces à représenter, pourvu que les uns et les autres s’en acquittent avec modération et avec prudence, et qu’ils fassent d’ailleurs des actions sérieuses de piété et de dévotion. […] défendent point, que les Prélats ne s’y opposent en aucune manière, et qu’elle se joue avec le Privilège d’un Prince qui gouverne ses Sujets avec tant de sagesse et de piété, qui n’a pas dédaigné d’y assister lui-même, et qui ne voudrait pas par sa présence autoriser un crime dont il serait plus coupable que les autres ; puisque, selon saint Chrysostome, celui-là ne pèche pas tant qui fait le mal, que celui qui lui commande de le faire, ou qui l’autorise par ses applaudissements. […] [NDUL] Cet alinéa et le suivant ont été ainsi modifié en 1725 : Il est vrai que l’on joue en des temps de piété, et c’est ce qu’il y a de plus blâmable, comme pendant tout le Carême, temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens, et pour me servir des termes de l’Ecriture, temps où la Musique doit être importune, et auquel les Spectacles paraissent peu propres et devraient être défendus. […] Mais, malgré cette tolérance, il est certain que les vrais Chrétiens ne devraient point fréquenter les Spectacles dans les jours consacrés à la Religion ou à la Pénitence ; et qu’en faveur de ceux mêmes qui n’ont pas la piété de s’en abstenir tout à fait, le Théâtre, dans les jours saints, ne doit être ouvert au Public, qu’après que toutes les Eglises lui auront été fermées ; pour ne pas donner lieu encore aujourd’hui aux tristes, mais justes reproches des Saints Pères, qui se plaignaient qu’on abandonnait sans scrupule les plus Saints Mystères de la religion pour courir avec scandale aux Spectacles de la dissipation et de la vanité mondaine.Pour ceux qui regarde la circonstance des lieux.
Ces maximes sont certaines dans la Religion que nous professons, et on s’abuse très grossièrement, si après avoir rempli le monde de Romans, de Comédies, de Nouvelles amoureuses, etc. on se persuade de réparer suffisamment le scandale public en faisant en vers ou en prose quelque petit ouvrage de piété.
Et ainsi suivant le véritable sens du Canon les Danses de ce temps, quoique on ne les juge pas déshonnêtes ; sont néanmoins opposées à l’honnêteté Chrétienne, et par conséquent à la piété, spécialement des personnes Ecclésiastiques.
Une jeune personne élevée dans un couvent, avec beaucoup de piété, revient dans sa famille. […] Les anciens mysteres que jouoient les Confrères de la Passion, dictés par une sincère piété, furent d’abord des actes publics de religion, ils étoient représentés sous l’autorité, & en présence des Magistrats dont la vertu ne peut être suspecte1. […] Bien-tôt cet esprit de piété s’évanouir, ces actes de religion devinrent des crimes.
Louis, comme nous l’apprenons des Historiens de sa vie, signala sa piété, en chassant de son Royaume les Farceurs et les Comédiens, qu’il regardait comme une peste capable de corrompre les mœurs de tous ses Sujets. […] « La Musique et la Danse peuvent être un acte de piété, comme lorsqu’il est dit :c. 1. […] Cet exemple ne doit point passer sans explication, de peur qu’après la lecture de votre Écrit, ceux qui montent sur le Théâtre ne se mettent dans l’esprit, que leur état est aussi bon que celui des personnes qui travaillent à vivre dans une exacte piété, et dont vous ne parlez pas avec grand honneur sur le fait des aumônes. […] Comment les félicite-t-il sur le règlement si défectueux de leur vie, et sur des actions exterieures de piété ; puisqu’il ne peut laver leur conscience du sang, je ne dis pas des corps, mais des âmes qu’ils ont fait mourir, et dont Dieu leur demandera un compte sévère. […] Péché dans les effets que cela produit infailliblement même au regard des personnes les plus innocentes ; une grande dissipation d’esprit, un éloignement des choses de Dieu, une froideur pour la prière, un dégoût des Livres de piété, un amour du monde.
Saint Louis pensoit bien différemment ; il ne crut pas pouvoir allier avec sa piété la tolérance des Spectacles, & n’étant pas le maître de les bannir de tout le Royaume, où les Seigneurs particuliers avoient beaucoup plus d’autorité qu’ils n’en ont aujourd’hui, il chassa du moins les Comédiens de sa Cour, selon Paul1 Emile, Histriones Aulâ exegit .
Des personnes de piété et d’érudition ont fait voir clairement en différents Traités qu’ils ont publiés sur cette matière, que la défense de l’Eglise, et ces promesses du Baptème regardent aussi bien les Comédies de ce temps, que les spectacles des anciens.
Augustin, ne chantait pas pour se divertir, mais pour louer Dieu, et il consacrait sa voix en la faisant servir à la piété.
La Réligion de Léon n’étoit point austere, il s’attiroit le respect (non par des vertus, mais) par des cérémonies pompeuses, ses secretaires sembloient professer la philosophie, sceptique, (ce trait est faux) les comédies de l’Arioste & de Machiavel quoiquelles ne respectent pas la pudeur & la piété, furent souvent jouées dans sa Cour, en sa presence, & celle du sacré Collége, par des jeunes gens des plus qualifiés ; (on pouvoit ajouter celles du Cardinal Bibiana qui ne valent pas mieux pour les mœurs) Ce qui offençoit la Réligion n’étoit pas apperçu dans une cour occupée d’intrigues & de plaisirs ; les affaires les plus graves ne deroboient rien à ses plaisirs. […] Olivier Cromwel fut un des plus grands acteurs qui aient paru sur la scéne du monde ; il joua la comédie jusqu’à sa mort, par une hypocrisie soutenue, un air de dévotion, des discours de piété, un grand zèle pour la Réligion, quoique Déïste : des mœurs austeres en public, quoiqu’en secret livré à la débauche ; il jouoit dans le même tems les plus sanglantes tragédies, par la guerre civile qu’il excita, l’usurpation du trône, la mort de son Roi sur un échaffaut, avec tout l’appareil, aussi ridicule qu’odieux ; des formalités juridiques, présenté par les loix. […] On s’est procuré en Perse plus que dans aucun pays de l’Orient, des ressources contre l’ennui, qui est par-tout le poison de la vie : on y a bâti des Vauxhals : (les exercices de piété, les devoirs de son état, une étude convenable, sont des ressources plus assurées & plus innocentes.) […] Dangeau & Racine firent chacun sa comédie, & la piété du Roi, ne gagna rien ni aux billets doux, ni aux drames.
La piété en détourne les yeux, & la piété les voile. […] quelquefois jusqu’aux colonnes, aux Ministres de l’Eglise, dont en se moquant d’eux elle a l’insolence de triompher comme de la plus brillante victoire, & d’en insulter la religion affligée & la piété scandalisée. […] Quel coup mortel à la piété !
Expérience, confession même de ceux qui en ont fait les tristes épreuves, raison, tout concourt à établir cette vérité : et je vous demande en effet, mon cher Auditeur, vous à qui je parle, et qui avez dans vous-même votre conscience pour témoin de ce que je dis, n’est-il pas vrai qu’autant que vous vous êtes adonné à ces lectures, et qu’elles vous ont plu, vous avez insensiblement perdu le goût de la piété ; que votre cœur s’est refroidi pour Dieu, et que toute l’ardeur de votre dévotion s’est ralentie ? […] Vous avez des enfants, et après avoir mis votre premiere étude à leur inspirer les sentiments de la piété chrétienne, la religion, j’en conviens, ne vous défend pas de leur faire prendre certains airs du monde. […] Excès dans le temps qu’on y emploie, excès dans la dépense qu’on y fait, excès dans l’attachement et l’ardeur avec laquelle on s’y porte, tout cela contraire aux regles de la vraie piété et aux maximes éternelles de la loi de Dieu. […] Ils posoient pour principe, qu’une jeune personne ne devoit jamais se produire au jour qu’avec des réserves extrêmes et toute la retenue d’une modestie particuliere ; que la retraite devoit être son élement, et le soin du domestique son exercice ordinaire et son étude ; que si quelquefois elle sortoit de là, c’étoit ou la piété ou la nécessité qui seule l’en devoit tirer ; que s’il y avoit quelque divertissement à prendre, il falloit éviter non-seulement le soupçon, mais l’ombre même du plus léger soupçon ; que sous les yeux d’une mere discrette et vigilante elle devoit régler tous ses pas, et que de disparoître un moment, c’étoit une atteinte à l’intégrité de sa réputation ; qu’elle devoit donc toujours avoir un garant de sa conduite et un témoin de ses entretiens et de ses démarches ; enfin qu’une telle sujétion, bien-loin de lui devenir odieuse, devoit lui plaire ; qu’elle devoit l’aimer pour elle-même et pour sa consolation propre, et que dès qu’elle chercheroit à s’en délivrer, ce ne pouvoit être qu’un mauvais augure de sa vertu : c’est ainsi que ces saints Docteurs en parloient.
Le Chapelain Bulle dit au Jeune La Mode : »La piété de Vôtre Grandeur est inexprimable : cependant il y a une chose qui me paraît une matière de scrupule pour vous ; car la conscience est tendre, tendre ! […] Au reste, il vaudrait toujours mieux qu’on retranchât tout Prêtre de la poésie Dramatique : cette suppression ne pourrait que contribuer beaucoup à conserver l’honneur qui est dû aux dehors mêmes de la piété. […] En un mot, toute cette pièce est très édifiante : on n’y donne que des leçons de piété, on n’y chante que de saints cantiques ; et on ne la joue point sur un Théâtre public. […] Polybius loue extrêmement les Romains de leur piété à l’égard des Dieux,Lib. 6.
» Cette même Loi, si digne de la piété de Théodose, contient quelques autres règlements qui ne purent être qu’agréables à l’Eglise. […] Les moins polis se distinguèrent par le choix de quelques sujets de piété, et tels furent ces Pèlerins que Monsieur Despréaux a dépeint dans le troisième chant de l’Art Poétique. […] « que la Comédie est retombée dans la vieille corruption, et que l’on y mêle bien des choses contraires au sentiment de la piété et aux bonnes mœurs. […] Ce Saint Prélat savait que les gens du monde ne voient le danger, où les exposent les jeux, les danses, et le Comédies, que lorsque la piété leur a ouvert les yeux. […] , qu’on n’en fera que très rarement, qu’on prendra toujours des sujets de piété, et qu’il n’y paraîtra point de personnage de femme ni de fille.
Quand le transport de sa passion fut passé, il en rougit, & pour couvrir la honte d’une source impure, on y a fait des changemens, on y a établi des exercices de piété, on a obtenu des bulles ; comme dans les familles on change le nom, l’écusson, le domicile, on compose une généalogie pour couvrir la bassesse de son extraction. Les Historiens se sont prêtés à ces ruses de vanité, ou aux vues de la piété qui a voulu écarter le scandale, & ils ont imaginé des histoires pour l’illustrer. […] La piété est utile à tout, & met tout à profit.
Vous voyez par là, Mères Chrétiennes, continue ce grand Saint, ce qu’il faut apprendre à vos Filles : que la femme adultère danse ; mais que celle qui est chaste et pudique, enseigne à ses Filles la piété, et non pas à danser. […] C’est pour ce sujet, que je veux vous rapporter ce qu’en a écrit une personne pleine de piété et de lumière. […] , dont les meilleurs ne valent rien, et quand il parle à sa Philotée, ne les appelle-t-il pas des récréations impertinentes, et des passe-temps très dangereux, parce qu’ils dissipent l’esprit de piété, affaiblissent les forces de l’Ame dévote, ralentissent le feu de la charité Chrétienne, et excitent dans le fond du cœur mille sortes de mauvaises affections.
Aucun état dans tous les temps ne s’est plus déclaré contre lui qui la Magistrature ; les canons des conciles, les Pères de l’Eglise, les livres de piété n’ont jamais parlé plus fortement et plus constamment. […] Louis, dit du Tillet, chassa de son royaume les Farceurs et Comédiens, comme une peste publique, capable de corrompre les mœurs de tous ses sujets. » Dupleix et Mézeray, qui le copie, disent sur Philippe-Auguste : « Ce Prince signala sa piété par l’expulsion des Comédiens, qu’il chassa de sa Cour, comme gens qui ne servent qu’à efféminer les hommes, flatter les voluptés, et remplir les esprits oiseux de chimères qui les gâtent, et à causer dans les cœurs des mouvements déréglés, que la religion et la sagesse nous recommandent si fort d’étouffer. […] Tout s’y passait avec beaucoup de piété et de décence pour le temps.
Esprit est appelé le consolateur et le goût qu’un fidèle trouve dans les exercices de la piété, s’appellent les consolations divines : Mais à qui sont destinés et les consolateurs et les consolations, n’est-ce pas aux affligés ?
, et plus pompeux que n’étaient anciennement les grands marchands : et voilà comment ces jeux de l’Hôtel de Bourgogne ont bien opéré pour retirer le peuple des vices, voilà la profession de piété qui se fait à Paris sous votre autorité, et de vos Magistrats : voilà la désobéissance générale par tout votre Royaume au Commandement de Dieu écrit en la première table, lesquelsm ne regardent que Dieu, son honneur, et son service.
Ferjeux que les Habitans auront jugé la plus sage, qui aura donné les plus grandes preuves de respect pour notre sainte-religion, de fidélité à remplir les devoirs qu’elle impose, de piété filiale, de charité pour les pauvres, de douceur ; de modestie. […] Les Jésuites avoient dans leur Congrégation des charges où on n’arrivoit qu’à titre de piété.
Sainte Thérèse nous apprend dans l’histoire qu’elle a écrite elle-même de sa vie, que la lecture des comédies et des livres de chevalerie (que eût-ce été de la représentation effective) refroidit tellement en elle la piété et les bons sentiments dont le Seigneur l’avait prévenue, que sans une grâce spéciale elle se fût engagée dans la voie de perdition où marche le plus grand nombre des hommes. […] Peut-on, (avouez-le de bonne foi, je n’en veux point d’autres témoins que vous) peut-on conserver des sentiments de piété dans un lieu où tous les objets ne sont propres qu’à détourner de Dieu, et attacher à la créature ?
Chez nos aïeux il commença par la dévotion ; ce furent des mystères de la religion, qu’on y représenta avec piété : il en devint le scandale. […] « C’est par là que Molière illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût emporté le prix ; Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer les figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin. » M’écouterait-on, si je représentais que l’esprit d’irréligion, si funeste à tout le monde, et si commun au théâtre, se répand plus facilement dans le peuple, moins en garde contre la séduction, moins en état d’en repousser les traits et d’en démêler les pièges, lui dont la piété moins éclairée et plus simple confond aisément les objets, tient beaucoup plus à l’extérieur, et par conséquent peut être ébranlée à la moindre secousse, surtout quand on lui arraché les appuis nécessaires de l’instruction et des exercices de religion, en substituant le spectacle aux offices, et lui faisant oublier dans ses bouffonneries le peu qu’il sait de catéchisme, qu’on l’éblouit par le faste du spectacle, qu’on l’amollit par les attraits des Actrices, qu’on le dissipe par la science du langage ?
Thomas et de quelques autres anciens Docteurs de l’école qui sont le plus estimés pour leur piété et leur lumière.
Il faut n’avoir, je ne dis pas aucune piété, mais je dis aucun goût, pour préférer dans les églises la musique au plain-chant.
Il n’y a point de lieu au monde d’où tous exercices extérieurs de la piété soient plus séverement bannis : il n’y en a point la moindre trace ; elle y seroit ridicule, on en rougiroit. […] Il attribue aux révolutions d’Angleterre ce goût dominant d’irréligion, si contraire à la piété qui y avoit toujours régné. Cromvel & ses partisans prirent la Religion pour prétexte de leur révolte contre Charles I, donnerent dans l’hypocrisie, formerent un jargon de dévotion, & mirent à la mode les décorations religieuses : c’étoit un enthousiasme de piété. […] Les comédiens étoient des Confreres de la Passion, qui représentoient des Mysteres, &, comme dit Boileau, jouoient la Vierge & les Saints par piété ; avant & pendant la Ligue on écoutoit le Pape, on attaquoit les Protestans, on animoit les Ligueurs.
Il a des titres bisarres & des idées singulieres : rayons du soleil de justice, bouquet de fleurs célestes, discours sentencieux, selon le goût du temps : du reste rempli de piété, morale solide, connoissance de l’Ecriture sainte. […] Parmi les jésuites, tout indulgens qu’ils étoient pour la scène, ceux qui se dévouoient à une haute piété ou qui se consacroient à la chaire, abjuroient des exercices si opposés : Lingendes, Bourdaloue, Cheminais, Giroux, Segaud, Neuville, Perrusseau, &c. n’ont point donné de comédies. […] Ils esperent que les influences de la piété passeront à travers les murailles, & feront d’eux & des spectateurs autant de saints.
Il est certain que depuis une maladie qui le mit à deux doigts du tombeau, & son voyage à Siam, en qualité de Sous-Ambassadeur, & sa promotion au Sacerdoce par l’Evêque de Métellopolis, Missionnaire Apostolique, l’Abbé de Choisi converti a mené une vie réguliere ; il a composé plusieurs livres de piété qui ont édifié le public, & font honneur à son esprit & à son cœur, l’Histoire Ecclésiastique, la Vie de David, de Salomon, de Madame de Miramion, Dialogues sur la Religion, Recueil d’Histoires édifiantes, &c. Tout cela, sans être d’une science profonde, est du moins le fruit d’une piété sincère & répare les désordres de sa jeunesse, où, comme les Abbés livrés au monde, & presqu’habillés en femme comme lui par la mollesse & l’affectation de leur parure, il ne tenoit à l’Eglise que par les revenus qu’il en tiroit. […] Le théatre ne s’occupe de ce masque de religion que pour le tourner contre la vertu, en confondant la piété fausse avec la véritable, jouant l’une par l’autre par le ridicule & l’odieux dont injustement il la couvre : triste & unique fruit de la comédie du Tartuffe, si vantée, si courue par les libertins, qui en a fait une infinité, & n’est bonne qu’à en faire, sans corriger aucun hypocrite, & qu’on voit acquérir plus de vogue à mesure que la religion & les mœurs se perdent.
Les choses n’ont point changé, quoique la politesse française, une police chrétienne, la piété de Louis XIV, le zèle des Ministres de l’Eglise, y aient répandu un vernis de décence. […] Leur piété, leur sagesse, si l’on pouvait en avoir, quand on prend ce parti, seraient bientôt évanouies. […] Huerne Avocat la Clairon ose avancer qu’« il faut l’agrément du Roi pour quitter la comédie », et se retirer même à titre de piété, et que « cet agrément n’est pas toujours facile à obtenir ».
Ce sont des goûts si différens, si opposés ; la piété & le vice, la messe & la scène, les chants de Lulli & les pseaumes de David, l’idole de Dagon & l’arche d’alliance, sont-ils faits pour être unis ? […] S’il vous faut réjouir par des spectacles, occupez-vous de ceux que vous fournit l’Église, aussi innocens qu’agréables, qui nourriront votre foi & votre piété.
La Divine Providence nous en donne un exemple dans la personne de Messire Etienne le Camus Evêque de Grenoble, qui vient d’être élevé à la Pourpre sans qu’on puisse dire qu’il ait fait la moindre brigue pour cela, ni la moindre recherche, sans qu’il ait été nommé, ni recommandé par aucune Puissance ; En un mot par son seul mérite, et par la bonne odeur de sa piété et de sa science.
C'est une espèce de piété d'être cruel dans cette occasion, et ce n'est que dans de pareilles conjonctures qu'il est permis de l'être. » « Per calcatum perge patrem.
Enfin on doit conclure que la Comédie est un plaisir contraire aux bonnes mœurs, aux règles de l’Evangile, aux décisions de l’Eglise, aux sentiments des Saints Pères, de tous les Auteurs Ecclésiastiques, de tous les gens de bien qui ont une piété solide, et que même elle est contraire aux sentiments des honnêtes Païens, comme on l’a fait assez voir.
Ce qui met le comble au prodige, elle avoit passé la moitié de sa vie dans les états les plus opposés à la piété & à la grandeur qui ne devoient naturellement la conduire qu’à la frivolité, à la bassesse & au vice ; elle étoit née Protestante, aussi-bien que Montausier, de la famille la plus déclarée contre les Catholiques : d’Aubigné son père se fit enfermer dans une prison de Niord avec sa femme pour ses dérangemens. […] Un des points de la conversion de Louis XIV avoit été de se retirer des spectacles, mais la nature repousse toujours, son Apôtre l’y réplongea, sous prétexte même de piété, & l’introduisit dans le lieu saint où jusqu’alors il étoit inconnu, elle fit construire un théatre à St. […] Louis XIV commença sa vie par l’amour du spectacle, par la mauvaise politique du Cardinal Mazarin son Instituteur, il la finit par l’amour du spectacle, par la piété mal entendue de Madame de Maintenon sa directrice & sa femme secrette. […] Cet établissement consiste à former un mont de piété pour entretenir un grenier d’abondance d’où l’on distribueroit aux pauvres, selon l’avis des Curés pour être rendu l’année suivante dans la saison, avec un petit profit pour l’entretien du fonds, & sans profit pour ceux qui seroient hors d’état de rien payer ; cela vaudroit bien la comédie, de l’aveu même de ses plus grands amateurs qui aimèrent mieux s’en passer pour faire des bonnes œuvres.
Cyr dans la plus exacte décence : pièce sainte, nulle intrigue d’amour, actrices les plus modestes, nul mélange de sexe, compagnie la plus respectable, maison Religieuse, fondatrice distinguée par sa piété. […] Il leur fait une défense expresse de se trouver à aucun spectacle, cette fréquentation étant tout à fait opposée à la profession de piété qu’ils avaient embrassée, et une des plus grandes sources de leurs désordres.
Mais cessons de parler ici d’une pièce où l’Ecriture est si altérée, on n’a déjà eu que trop de lieu de remarquer que ceux qui ne craignent pas de mêler leurs fictions dans les sujets de piété, « Pensent faire agir Dieu, ses Saints et ses Prophètes, Comme ces Dieux éclos du cerveaux des Poètes Despreaux l’art. […] » Sont-ce là des caractères qu’on puisse trouver parmi les Comédiens ou dans leurs assemblées : assemblées, où ceux qui font profession de piété ne sauraient se trouver sans être un sujet de scandale. […] Quoiqu’ils fassent, la Comédie sera toujours regardée par les vrais Chrétiens, comme un lieu contagieux, où la plupart des jeunes gens vont puiser la corruption du cœur, et quelque apparence de piété qu’aient les pièces de Théâtre, on sera toujours en droit de renouveler la délibération du Parlement de Paris sous François I. en 1541. où les pièces de dévotion qu’on jouait alors sont interdites ; « parce que les Auteurs de ces pièces jouant pour le gain, ils devaient passer pour Histrions, Joculateurs ou Bateleurs ; que les assemblées de ces jeux donnaient lieu à des parties ou assignations d’adultère et de fornication, et que cela fait dépenser de l’argent mal à propos aux Bourgeois et aux Artisans de la Ville.
La troisième chose qu'il faut remarquer, c'est que quoiqu'un Concile d'Afrique, tenu l'an 424 se soit contenté de demander aux empereurs qu'ils défendissent tous les Spectacles à de certains jours plus particulièrement destinés au culte de Dieu, et aux exercices de piété, cela ne signifie pas qu'il prétendît les approuver et les permettre les autres jours.
Les ministres des autels qui se rendent recommandables par une piété éclairée, sont présentement plus nombreux qu’on ne le pense : en effet depuis le rétablissement du culte et surtout depuis la restauration, le zèle des chrétiens, ranimé par les pieuses exhortations des prêtres, s’est tellement accru, qu’on voit les fidèles remplir les églises à l’heure des offices, et entendre les prédicateurs avec une attention vraiment exemplaire.
premier théâtre Français a subsisté en ce lieu, à n’y représenter que des pièces de piété ou de morale, sous ce titre commun de Moralités, pendant près d’un siècle et demi.
Qu’on ne trouve donc point singulier qu’un homme étranger, pour ainsi dire, à la piété, sans vocation décidée ; en un mot un homme du monde se charge d’un ministère qui paraît purement apostolique. […] Que le Tartuffe, sous prétexte de combattre l’hypocrisie, se raille des dehors de la piété. […] A la peinture qui nous est faite de la piété extraordinaire de cette ville, des mœurs estimables de ses citoyens, et surtout de la fidélité particulière de ses citoyennes, on ne jette les yeux sur aucune capitale. […] C’est cependant donner de bien mauvais garants de l’exactitude et de la sévérité de ses mœurs, que sa passion excessive pour les spectacles ; c’est en donner surtout de bien mauvais de sa piété, et de son zèle à remplir les devoirs du Christianisme, que de nous instruire que les spectacles suspendus partout ailleurs dans les jours saints, subsistent encore là. […] On n’a pas voulu non plus, comme on l’a annoncé au commencement de cet Ouvrage, employer le secours de la piété, réclamer les droits de la Religion, ni combattre la Comédie suivant les maximes de l’Ecriture, et les instructions des saints Pères de l’Eglise ; elles auraient fourni des armes encore plus victorieuses que celles dont on s’est servi.
Il termina son Discours apologétique, en faisant connoître la piété de ce grand Ministre. « Il avoit, dit-il, un respect infini pour la Religion, de laquelle il a pratiqué toute sa vie les devoirs avec l’exactitude la plus grande. […] Ce Livre a pour Auteur M. l’Abbé Gauthier, qui est Curé de la Paroisse de Savigni-sur-Orges, Diocese de Paris, & dont le zele, la piété & les lumieres ont la plus grande réputation. […] Elle respire la piété d’un Evêque nourri dès son enfance dans les Lettres saintes, & zelé pour l’instruction de son Troupeau. […] C’est pourquoi il a jugé à propos de se caractériser. « Je suis, dit-il, un homme étranger, pour ainsi dire, à la piété, sans vocation décidée, en un mot un homme du monde. […] Le bonheur d’un Peuple dépend de la piété de son Roi.
Ces Religieux ont coutume de se donner trois ou quatre fois par chaque année la récréation de représenter par eux-mêmes, et entre eux seuls, dans une Salle particulière quelques pièces de théâtre sur des sujets de piété : et pour cela ils se servent des vêtements, dont on use à la Comédie et à l’Opéra, et qu’ils louent moyennant une somme qu’ils paient à celui qui les a en garde. […] qui défend aux Religieuses de faire représenter des pièces de théâtre dans leurs Monastères, bien que ce soit des sujets de piété.
Effets que toute la piété puisée à Port-Royal, dans une éducation chrétienne, n’empêche pas, L’épouse que tu prends, sans tache en sa conduite, Aux vertus dans Port-Royal instruite, aux loix de son devoir regle tous ses désirs.
[NDE] Il y montre que dans les théâtres, tout est contraire à la piété et à l’honnêteté.
Eusèbe écrit que Constantin a fait beaucoup d’ordonnances touchant la piété avec laquelle les fidèles doivent célébrer le jour du Dimanche, et les Fêtes des Saints Martyrs, et qu’il a commandé qu’on quittât toutes les occupations extérieures et mondaines ; afin qu’on pût dans cette liberté, et dans ce repos fréquenter les Eglises, et prier avec plus d’assiduité et de ferveur ; et nous rapporterons encore plus bas plusieurs autres ordonnances des Empereurs sur ce sujet ; par lesquelles il paraît évidemment qu’il n’y a rien de si contraire aux lois divines et humaines, et à la raison même, que d’employer à la volupté, et au plaisir, des jours qui sont consacrés au culte de Dieu, et institués pour ne vaquer qu’aux choses divines.
[NDE] Ces paragraphes s’inspirent de Jean Croiset, Exercices de piété pour tous les jours de l’année, vol. 10, pp. 414-415 ou de Hyacinthe de Montargon, « Sur les spectacles », Dictionnaire apostolique à l’usage des curés de ville, Paris, 1776, p. 499-500.
Le moindre effet que leur représentation produise est d’amollir le courage pour la vertu, et d’écarter les spectateurs de l’exactitude qu’ils devraient avoir dans les exercices de la piété, de remplir leur esprit de vanités frivoles, et de les livrer à des ris immodérés qui sont si contraires aux lois de la modestie.
La recette entrera toute entière dans la caisse ; et, à la fin de l’année, ce qui restera, tous frais payés, sera employé en œuvres de piété.
On sçait que ce Prélat, Associé-Honoraire de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres de Paris, a été aussi célebre dans la Littérature, que respectable par sa piété dans le Ministere Ecclésiastique. […] Vous méprisez la superstition, mais vous respectez la piété. […] Je ne vous demande point une piété remplie de foiblesse & de superstition. […] La foi n’est à ses yeux qu’une stupide crédulité ; la piété, un enthousiasme ; la crainte des Jugemens de Dieu, une foiblesse ; l’espérance chrétienne, une superstition ». […] Plusieurs Religieux & personnes de piété étoient à la même heure devant Dieu, chantoient ses louanges, & contemploient sa divine bonté.
Chez nos dévots aïeux, le Théatre abhorré, Fut long tems dans la France, un plaisir ignoré ; De pélérins, dit on, une troupe grossiere, En Public, à Paris, y monta la premiere ; Et, sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge, & Dieu par piété. […] « Chaque crime, dit Salvien de Marseilles, n’attaque qu’un de nos sens à la fois ; mais la Comédie corrompt en même tems, l’ame par les pensées, le cœur par les désirs, les oreilles, par les équivoques &c, & les yeux par les regards. » Ce fut pour ces raisons, que Philippe Auguste chassa les Comédiens de sa Cour, en 1182, il signala sa piété , dit Mezeray, par l’expulsion des Comédiens, Jongleurs & farceurs, comme des gens qui ne servent qu’à flatter & nourrir les voluptés. […] Paul, que ces infamies ne doivent pas être nommées parmi les fidéles… Songez, si vous oserez soutenir à la face du Ciel, des piéces où la vertu & la piété sont toujours en crainte d’être violées… par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces. […] Enfin dans tous les livres de piété, destinés à édifier & à instruire les fidéles, & en particulier à éclairer l’esprit, & à former le cœur de la jeunesse ; en un mot, dans tous les monumens, que l’Eglise nous présente depuis sa naissance, jusqu’à nos jours : cet enseignement, dis-je, ne nous demontre-t-il pas, que l’Eglise a toujours condamné les spectacles, & qu’elle les a toujours interdits aux fidéles ?
Elles passent leur vie separées du monde, occupées d’exercices de piété, d’humilité, de pauvreté, de mortification, d’obéissance ; leur azile est inaccessible par une clôture inviolable ; les barrieres élevées entr’elles & les hommes sont innombrables, grilles hérissées, voiles épais, habits grossiers, renoncement à toute parure, à toutes les modes, momens très-courts accordés à des parens, jamais sans permission & sans témoins ; c’est un assemblage étonnant de tout ce qui peut mettre en sureté ce prétieux trésor. […] Dans les premiers siécles, les Evêques, qui étoient des modeles de vertu, avoient toujours leur Sincelle, c’est-à-dire, un Ecclésiastique, d’une sagesse & d’une piété reconnue, qui ne les quittoit ni le jour ni la nuit, pour être le garant, le témoin, le défenseur de sa vertu. […] C’est pour-ainsi-dire le tein de la piété.
Cyr &c &c & un très grand nombre de livres écrits pour l’instruction de la jeunesse, ainsi que beaucoup d’autres de piété ; & je défie hardiment, qu’on m’en montre un, où il soit dit, que, pour former la jeunesse, il faille l’envoyer aux spectacles. […] Non, non, Madame, les communions fréquentes ne sont pas toujours la preuve d’une piété solide, elles supposent les dispositions réquises ; celui qui les a, reçoit, en communiant, le gage précieux de la glorieuse immortalité : vivet in æternum : mais celui qui, se faisant une morale à sa guise, & une piété à sa mode, ose s’approcher de la table sainte ; il n’est pas douteux, qu’il n’y avale son jugement, & qu’il ne s’y incorpore sa propre condamnation : judicium sibi manducat & bibit. […] Plus les mœurs d’une personne sont pures, dit le Comte de Valmont, tom. 2. pag. 84 ; plus sa piété partout ailleurs est édifiante, plus aussi elle devient un sujet de scandale… dans ces lieux dangéreux. […] Illicites &c, parce qu’on s’y étudie à ridiculiser les Dogmes de la Réligion, & à détruire les pratiques de piété les plus respectables de l’Eglise ; comme dans Mahomet. […] Cessez, cessez de soutenir ce genre d’amusement, où la vertu & la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée &c. » Et si je n’ai pas la consolation de diminuer le nombre des aveugles volontaires, dont parle le Célèbre Fénélon, je suis fondé à esperer celle de désabuser ceux qui sont encore plus zélés pour le salut éternelle de leur ame, que pour des plaisirs passagers & toujours dangéreux.
On pourroit, au contraire, citer la Capitale d’une Province de France, du côté du Nord, où les bonnes mœurs se font remarquer ; où l’on remplit avec la plus grande piété, les devoirs du Christianisme ; où les hommes sont laborieux, & les femmes rarement infidelles, & où cependant l’inclination pour les Spectacles est si grande, que dans les tems où ils sont suspendus ailleurs, c’est-à-dire, dans les jours saints, ils y subsistent encore, & souvent alors quelques bons Acteurs de Paris s’y sont transportés pour s’y joindre aux Troupes qui y sont fixées. […] Du côté de la bonne conduite, & de la piété, on cite encore Mademoiselle Beauval, ainsi que plusieurs autres, qui ont rempli tous les devoirs d’honnêtes femmes, avec la plus grande exactitude, & qui n’ont jamais été soupçonnées de la moindre galanterie.
Dans cette solennité, les prêtres permettent que les diables et que toutes les divinités du paganisme fassent partie inhérente de la procession, et que le saint sacrement, objet de la vénération et de la piété des vrais chrétiens, soit porté dans cet assemblage, dans cette réunion d’hommes masqués, déguisés en personnages les plus sacrilèges et les plus réprouvés par notre législation ecclésiastique. […] Cette procession et la solennité qui l’accompagnait, donnèrent lieu à la création d’une confrérie de l’Assomption, dont nous allons parler, et qui prouvera la simplicité des mœurs et de la piété de nos ancêtres. […] Il y en a quelques-uns qui prennent ce dévot exercice pour un véritable exercice de piété ; mais il y en a d’autres qui ne le font que pour plaire à leurs maîtresses ; et c’est une galanterie d’une nouvelle espèce, inconnue aux autres nations. […] Tu decus et virtus, tu justus et verus, tu sanctus et bonus, Tu rectus et summus dominus, tibi sit gloria. » Trinité, divinité, unité éternelle ; Majesté, puissance, piété d’en haut ; Soleil, lumière et volonté divine, comble de la perfection, sentier ; Pierre, montagne, rocher, fontaine, fleuve, pont et vie. […] Le zèle et la piété de certains prélats, et la sagesse de nos parlements, ont cependant fait cesser ces véritables profanations, mais ce fut avec beaucoup de peine ; car on voit encore en 1511 un préchantre des fous, appelé Bissard, se permettre de faire tondre la barbe à la manière des comédiens, et de jouer quelque personnage dans la fête de la circoncision ; car cela lui fut défendu, parlant à sa personne, et la fête des fous n’eut pas lieu cette année.
Que la femme adultère danse, dit ce grand Saint : mais celle qui est pudique et chaste, qu’elle enseigne à ses filles la piété, et non pas à danser. » Il appelle encore la danse un misérable théâtre, où les danseurs souffrent de notables ruines, et les spectateurs y font de grandes chutes, là le Ciel est taché par des regards impurs, et la terre souillée par des mouvements de lasciveté.
Cette Pièce ne saurait donc être trop censurée, et il est indubitable qu’on ne peut sans un très grand péché jouer en public pour divertir les spectateurs une Pièce qui afflige tous ceux qui ont de la piété et qui aiment Dieu.
Un autre homme remarquable par sa doctrine et par sa piété, a fait un gros Volume, où il a démembré tout son Texte pour y répondre presque à chaque Articled.
La douceur de ses mœurs et la ferveur de sa piété ne ravissaient pas moins les cœurs, que la force de son éloquence. […] Il eut soin de les faire instruire dans la doctrine, et dans la piété chrétienne. […] Les sommes immenses que ce Prince a employées en œuvres de justice, de piété, et de charité, sont encore de plus grandes preuves de son détachement des biens de ce monde. […] Et ainsi le vin qu’elle buvait, n’était pas seulement fort trempé, mais aussi fort chaud ; et elle en donnait à goûter à ceux qui l’accompagnaient en cette dévotion, parce qu’en ces exercices religieux, elle ne cherchait qu’à satisfaire à sa piété, et non par à son plaisir. […] où sont ceux qui vivent dans la piété et dans la justice ?
Le Tartuffe a dévoilé les impostures des faux Dévots, et révélé les mystères des Hypocrites, qui abusaient de la Religion, et de la piété, pour faire leur fortune aux dépens des dupes, et pour se donner impunément toutes sortes de licences. […] Je crois que l’on peut faire le même raisonnement sur les Comédies, et tolérer celles, où l’on ne trouve rien ni contre la piété, ni contre la Religion, et qui peuvent même contribuer à réformer les faibles des hommes, en les divertissant. […] Saint Louis, plein de zèle pour la véritable piété, chassa de son Royaume tous les Comédiens, comme gens pernicieux et capables de corrompre les bonnes mœurs de ses Sujets.
l’invocation de Samson à l’Eternel, ses regrets sur sa faute,5 ne sont-ils pas des chefs-d’œuvre de piété ? […] mais, répondrai-je, les cloîtres, lieux consacrés à la piété & à la sagesse, renferment des abominables. […] Duc de Lorraine & de Bar, (à qui j’ai eu l’honneur d’appartenir l’espace de quatorze ans) j’ai vu, dis-je, une partie des personnes qui ornent ce séjour de la piété, représenter la Comédie. […] St François de Sales, célèbre par sa piété, & né à Sales, Diocèse de Genève. […] La piété indignée s’est exilée du séjour des enfans des hommes en proie à l’erreur : faut-il diffâmer la Bible ?
Il n’avait qu’un Page qui lui chantait des chansons de piété, ibid.
Les gens qui fréquentent habituellement les comédies, sont pour l’ordinaire gens sans piété, sans charité pour les pauvres, sans religion ; gens corrompus dans leurs mœurs, parcequ’ils le sont dans le cœur. […] Croix adorable de mon Sauveur, c’est donc vous seule qui êtes un spectacle d’édification à toute l’Eglise, le digne objet de la piété des Chrétiens, & le juste sujet de leur amour, comme vous êtes le modéle parfait sur lequel ils doivent se former.
Cet éloge est en partie une satyre de l’Abbé de Saint-Cyr, qui n’avoit pas, il est vrai, des négociations, des ambassades, des poëmes épiques, mais des mœurs, une religion, une piété, qui valent devant Dieu, juste estimateur du mérite, les qualités les plus brillantes. […] Tout est précieux dans les grands hommes, & la piété filiale qui en a enrichi le public a fait un inventaire de la succession, où le Magistrat fait inscrire les plus petits meubles.
Breuve frappante de la rareté des théatres, de la piété des Magistrats, de l’idée qu’en ont les peuples. […] Qu’on les compare enfin avec tous les Prédicateurs & les livres de piété de notre siecle, qu’on fasse un discours tissu des seules paroles des Pères contre la comédie, personne qui n’y trouve peint au naturel ce qui se passe parmi nous : c’est toûjours le même cri de la religion & de la vertu, les mêmes armes contre l’ennemi commun de tous les siecles, qui a toûjours tendu les mêmes pieges & fait les mêmes ravages.
Qu’on fasse louer Bossuet, Lamoignon, Massillon, Flechier, &c. quon aille hors de son sein chercher des hommes célèbres, Mabillon, Petau, Casaubon, Bourdaloue, on se fera honneur, on en fera à la religion & à la vertu ; mais faire l’apothéose du corrupteur de la nation, de l’ennemi de la piété, d’un Histrion qui a passé la moitié de sa vie sur les treteaux de la province, & enfin est venu étaler sa bouffonnerie & son libertinage sur le Théatre de la Capitale, & rendre ses derniers soupirs sous le brodequin & le masque, se jouant de la mort & la contrefaisant, dum ludit mortem mords indignata jocantem corripit, c’est bien avilir, c’est bien prostituer des couronnes académiques. […] Il faudra que nous passions pour honnêtes les impiétés & les imfamies dont sont pleines les comédies de Moliere, des pieces où la vertu & la piété sont toujours ridicules, ta corruption toujours excusée & toujours plaisante, la pudeur toujours offensée & toujours en crainte d’être violée par l’image des objets les plus dangereux, auxquels on ne donne que l’envelope la plus mince, &c.
Mais comme il n’est pas permis de pénétrer dans ce sanctuaire, nous ne pouvons que présumer des règlements dont leur piété et leur sagesse ne permettent pas de douter, et de citer l’un des plus grands et des plus habiles Magistrats de France, dans un ouvrage célèbre, où il explique toute la discipline du Palais. […] Le théâtre est si opposé aux règles de la piété chrétienne, si généralement réprouvé par tout ce qu’il y a eu de pieux et d’éclairé dans tous les siècles, il porte si clairement sur le front l’empreinte de tous les vices, il est si évidemment l’aliment de toutes les passions, l’expérience et la conduite de ceux même qui le défendent, fait si vivement sentir combien il est funeste à la religion et aux mœurs, qu’on ne peut ni blâmer le zèle qui en éloigne les fidèles, ni dissimuler le scandale que donnent ceux qui y vont, fussent-ils eux-mêmes innocents : « Et peribit in tua scientia frater ?
Ce serait un moyen de réconcilier la tragédie avec des personnes célèbres par leur doctrine et leur piété, qui la condamnent, et qui en jugeraient plus favorablement, si les Auteurs songeaient autant à instruire qu'à divertir. […] La piété y perd, et l'esprit du monde y gagne, et par conséquent l'enfer.
Ce phénomène a un air d’héroïsme & de piété, que les harangueurs & les Poëtes ont élevé jusqu’au ciel, & que le peuple a cru sur leur parole ; l’histoire fournit peu d’exemple d’abdication d’une couronne, il n’y en a aucun parmi les femmes ; on voit bien des Impératrices & des Reines qu’on y a forcé, aucune ne la fait volontairement. Plusieurs Princesses se sont faites Religieuses ; une piété éminente, une vocation divine peut opérer ce prodige, la philosophie n’est pas capable d’un si grand effort. […] Ni le Saint ni le Philosophe ne descendent du trône pour courir le monde en avanturier qui écoute toutes les passions, qui joue toutes sortes de rôles, qui se moque des loix de la décence, ne donne aucune marque de piété, quitta-t-il l’empire du monde, ne grossira jamais la liste des Héros & des Saints ; les éloges dont on comble son libertinage ne peuvent que couvrir de honte ses flatteurs, & la vanité de se faire un mérite d’une démarche forcée, ne peut que couvrir de ridicule celui qui veut prendre l’univers pour dupe.
son pere, de la piété de Marie, de la grossiere & cruelle débauche de Henri VIII. […] On a pris son nom au baptême, on le porte par piété, on l’invoque, on célébre sa fête, pour s’en faire un protecteur, & s’animer à suivre ses exemples. […] Parler peu, à propos, des choses utiles, le bon esprit, la raison sont ici d’accord avec la piété.
Vous avez trop de piété, Monsieur, pour vouloir en dédire Saint Augustin : mais s’il m’était permis de me citer, profane que je suis, après une autorité sacrée, j’oserais vous rappeler une tirade de ma Satire, où j’ai fait voir qu’on ne va point à la Comédie pour se rendre plus vertueux ; qu’on y va seulement dans la vue d’un délassement agréable ; qu’au contraire notre orgueil se rend quelquefois plus fier par le plaisir malin que nous sentons à détourner sur le prochain la peinture des vices qui sont représentés dans les Comédies ; qu’enfin tout le fruit qu’on en retire, c’est d’apprendre le secret d’être vicieux, sans passer pour ridicule.
« Les Fondateurs d’Ordres Religieux, dit-il, n’eurent que de bonnes intentions, en formant les divers Instituts qu’on trouve dans le sein de l’Eglise ; & il n’y eut pas jusqu’aux habits qu’ils donnerent à leurs disciples, & que le monde juge bizarres, qui ne prouvent leur sagesse & leur piété. […] C’est une conjecture fondée sur les écrits de piété qu’on a de ce Prélat. […] Le caractere de ces représentations, dont les Pélerins de la Terre sainte avoient donné l’idée, procura à la compagnie de leurs Inventeurs le privilege d’être érigée en Confrairie pieuse : De nos dévots Aïeux le Théatre abhorré, Fut long-temps dans la France un plaisir ignoré ; De Pélerins, dit-on, une Troupe grossiere En public à Paris y monta la premiere ; Et sottement zélée en sa simplicité, Joua les Saints, la Vierge & Dieu par piété. […] Un Moine nommé Geoffroi, qui depuis fut Abbé de Saint-Alban en Angleterre, chargé de l’éducation des jeunes gens, leur faisoit alors représenter avec appareil des especes de Tragédies de piété, dont la premiere eut pour sujet les Miracles de sainte Catherine.
De Pelerins, dit-on, une troupe grossiere En public à Paris y monta la prémiere, Et sotement zélée en sa simplicité Joüa les Saints, la Vierge, & Dieu, par piété.
L’Evangile & le Théâtre opposés, leurs maximes contraires forment ici un contraste frappant, dont l’Auteur profite pour rappeller aux Chrétiens la sainteté de leur profession, & surtout l’obligation ou sont les pères & mères d’instruire leurs enfans dans la foi, de les former à la piété, de veiller sur leur innocence, & d’en écarter tout ce qui peut la séduire & la corrompre, soit en affoiblissant les attraits vertueux par le ridicule qu’on y attache ; soit en fortifiant les penchants vicieux par l’honneur qu’on en tire.
L’Evangile & le Théâtre opposés, leurs maximes contraires forment ici un contraste frappant, dont l’Auteur profite pour rappeller aux Chrétiens la sainteté de leur profession, & surtout l’obligation où sont les pères & mères d’instruire leurs enfans dans la foi, de les former à la piété, de veiller sur leur innocence, & d’en écarter tout ce qui peut la séduire & la corrompre, soit en affoiblissant les attraits vertueux par le ridicule qu’on y attache ; soit en fortifiant les penchants vicieux par l’honneur qu’on en tire.
« Chez nos dévots aïeux, le théâtre abhorré Fut longtemps, dans la France, un plaisir ignoré, De pèlerins, dit-on, une troupe grossière, En public à Paris, y monta la première, Et sottement zélée en sa simplicité Joua les Saints, la Vierge et Dieu par piété. » Boileau, Art Poétique, Chant III.
Il n’en coûta rien à l’Arétin de faire ce mauvais drame ; c’étoit un hypocrite qui prenoit toutes sortes de formes ; sa plume étoit également vendue à la piété & à la licence ; il passoit avec la même facilité & la même hardiesse du saint au profâne, que de l’adulation à la satyre ; aussi outré dans le panégyryque que dans la calomnie. […] Appellé par les princes, & confiné dans une prison ; honoré dans toutes les cours d’Italie, vivant & mourant dans la misere ; d’une famille illustre, & fugitif de ville en ville, de province en province, sans savoir où se réfugier la moitié de sa vie ; couronné comme un grand poëte, & enfermé dans les petites-maisons, pour y être traité comme un insensé ; vivant en grand seigneur, & s’habillant en berger, pour mener la vie pastorale ; comblé d’éloge, & accablé de satyres ; regardé comme le premier poëte d’Italie, & solemnellement condamné par le jugement & les écrits de la plus célebre Académie, (de la Crusca) qui, dans le fonds, n’avoit pas tort, quoique sa conduite fut indécente dans la forme ; célébré, chanté de toute part, errant, inconnu, couvert de haillons, changeant de nom, d’habit & de gîte, par des chemins détournés, exposé à tout, souffrant tout ; ne se sauvant que par des mensonges ; philosophe modéré, se possédant en citoyen, & donnant un soufflet, se battant en duël dans sa colere ; pratiquant des exercices de piété, & traitée d’athée, de philosophe platonicien, & y donnant lieu par ses ouvrages ; faisant des vœux à la Ste. […] Heureusement cette religion, pour laquelle il avoit toujours conservé du respect, remporta la victoire : le Tasse mourut en chrétien, après avoir demandé avec instance, & reçu de la maniere la plus édifiante, & avec les plus grands sentimens de piété, tous les derniers sacremens.
L’auteur dit, Dieu permit cette longue prison, pour faire mieux connoître la piété extraordinaire à laquelle Jean de Vert, qui avec d’autres officiers étrangers, y étoit prisonnier, rendit un témoignage singulier ; car le Cardinal de Richelieu l’ayant invité à un ballet magnifique, de sa composition, & ce général ayant vu au ballet un Evêque qui en faisoit les honneurs, dit publiquement, Ce qui m’a le plus surpris en France, c’est d’y voir les Saints en prison, & les Evêques à la comédie. […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.
La Sacristaine a sans doute été quelque femme du monde, qui en conserve l’usage, & croit à bonne intention sans doute montrer son zele & sa piété ; comme une femme de chambre veut faire voir son affection envers sa maîtresse, & son habileté à servir en parfumant tout ce qui sert à son usage, se parfumant, elle-même pour la servir. […] Paulin a fait une épitalame bien différent de ceux de Catulle, d’Auzone son Précepteur, de Claudien, il ne respire que la piété pour les noces de Julien, fils de Memorius Evêque.
Croiroit-on que dans une longue instruction d’une mère chrétienne à son fils & à sa fille il n’y ait pas un mot de dévotion, d’exercice de piété, de sacremens, de prieres, de recours à la grace de Dieu, de foi, de charité, &c. ? […] Quel œil assez perçant & assez indulgent pour démêler, pour deviner la piété sous l’épais nuage qui la défigure !
Sa haute piété, le caractere particulier de cette piété, portée à une sorte d’excès, figureroient mal avec le goût du spectacle.
« On voit encore aujourd’hui au lieu même où subsiste la Comédie Italienne, au-dessus de la porte qui donne dans la rue Françoise, les attributs de la Passion représentés en relief ; emblême, dit Villaret, de la piété des premiers Instituteurs de ce théâtre.
Et quoique ses vers ne soient remplis que de pensées aussi honnêtes qu’elles sont fines et nouvelles, doit-on s’étonner si vous avez tâché de montrer à notre illustre monarque que ses ouvrages causaient un scandale public par tout son royaume, puisque vous savez qu’il est si sensible du côté de la piété et de la religion ?
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude.
Peut-on disconvenir que cette licence effrénée du siècle, cette affreuse corruption de mœurs dans tous les âges, ce dégoût de la piété si universel dans le monde, cette différence, pour ne pas dire, ce mépris de la Religion, réduite presque aux seules bienséances parmi les mondains, ne soient le fruit nécessaire de ces spectacles profanes ?
Elle veut alors qu’ils soient honnêtes à tous égards, qu’ils ne nuisent ni à la piété ni aux bonnes mœurs, qu’ils n’aient rien de contagieux, qu’ils n’inspirent point le goût de la frivolité, de la dissipation et de l’oubli de ses devoirs, et qu’enfin ils soient de nature à être offerts à Dieu.
Ils ont aussi cru par ce même moyen qu’ils détourneraient les peuples de l’entretien de ces débauchés et perdus, qui font métier et marchandise de paraître sur le Théâtre ; et que les acteurs étant jeunes hommes choisis dans les Ecoles, qui s’exerceraient par ce moyen et pour le style, et pour l’action, donneraient un contentement innocent à ceux qui les viendraient ouïr : et leur feraient quitter le désir et affection de prêter l’oreille aux bateleurs et farceurs ; Que ces actions étant rares, en lieux honorables, et faites par personnes libres et non mercenaires, ne répugneraient point à la piété, et aux bonnes mœurs. […] Tellement que chacun qui aime l’honnêteté, doit fuir tels spectacles, s’il veut avoir égard à son honneur et à la piété ». […] Nous maintenons que cela est contraire à la Majesté de la Religion, et injurieux au sacré Ministère institué de Dieu pour édifier notre foi : et qu’il n’est loisible de détourner la parole de Dieu de son droit usage, pour la faire servir aux jeux et aux plaisirs des sens : puisqu’en l’Eglise de Dieu, toutes choses doivent être rapportées à la modestie et vraie piété, afin que l’âme soit portée à la Religion, et à la contemplation respectueuse des choses divines. […] C’est à eux à bannir des républiquesef tels spectacles, qui n’apportent que de la corruption et du scandaleeg, une perte de temps et d’argent, qui entretiennent des hommes vicieux et débauchés, des femmes impudentes, allument le feu des convoitises, enflamment les désirs voluptueux, entretiennent l’oisiveté ; diminuent le zèle, et étouffent la piété. […] Et combien que l’Apôtre dise, que tout le fruit de la paix que Dieu donne, consiste en ceci91, « que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété, et honnêteté » : nous nous servons du repos que Dieu nous donne, pour l’employer seulement en ivrognerie, en luxure, en méchancetés, en rapines, et vivons en toutes sortes de débauches, comme si Dieu nous donnait quelques trêves de repos, pour pécher avec plus de licence et hardiesse.
De vrai, outre qu’au sacré lien qui vous joint, vous présentez l’exemple du Mariage le plus uni qui puisse être, il y a ceci en vous de particulier, que vous sympathisez très admirablement en la piété, et vous employez par efforts communs à l’avancement du règne de Notre Seigneur J. […] ab , qu’entre ceux qui hantaient ces Théâtres, et même qui y étaient forcenés, il y en avait qui présentaient une très belle apparence de piété : Or durant que ces Théâtres étaient Païens, ceux qui voulaient être tenus pour vrais Chrétiens, s’en séquestraient tout à fait, comme nous en ferons apparoir au chapitre septième. […] ct . « Quelques-uns (dit-il) sont si insensés que combien qu’ils aient l’apparence de piété, ils ne laissent pas d’aller aux Théâtres, et disent qu’il leur en revient beaucoup d’utilité. […] Mais au reste, c’est bien mal raisonné, saint Paul a lu Ménandre à son privé, pour de ce fientde, tirer quelque grain d’or, dont il enrichit le Sanctuaire, et aussi pour s’en servir contre les Païens, à qui ce Poète était de plus de poids que tout ce qu’il eût produit des Prophètes : Donc, il a approuvé tout le contenu de son ouvrage, où il y a diverses choses qui regardent l’idolâtrie Païenne, et d’autres qui sont tout autant de honteux maquerellages : Donc, comme il l’a lu en privé, il n’aurait point fait de difficulté d’aller publiquement aux Théâtres, où ces Comédiens se jouaientdf, combien qu’alors tous les Chrétiens les eussent en détestation : Donc, si aujourd’hui on avait ces mêmes Comédies entières, et que les Théâtres les jouassent, au grand détriment de la piété, et des bonnes mœurs, il aurait approuvé que les particuliers fidèles s’y allassent rendre, contre les défenses que leur en fait leur professiondg, et au grand scandaledh de toute l’Eglise : Je ne sais qui c’est qui ayant une seule étincelle de la lumière de la raison, pourrait dire que ces conséquences fussent raisonnables. […] ei Nous ne croyons pas que qui que ce soit qui ait tant soit peu de lumière de raison, et de sentiment de piété, puisse rien débattre de tout cela, à le prendre en général.