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156. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Si la prétention de ce caractère, si répandue auiourd’hui, si maussade comme l’est toute prétention, & si gauche dans ceux qui l’ont malgré la nature & sans succès, n’étoit qu’un de ces ridicules qui ne sont que de la fatuité sans danger, ou de la sottise sans conséquence, je ne m’y serois plus arrêté ; l’objet du portrait ne vaudroit pas les frais des crayons : mais outre sa comique absurdité, cette prétention est de plus si contraire aux régles établies, à l’honnêteté publique, & au respect dû à la Raison, que je me suis cru obligé d’en conserver les traits & la censure, par l’intérêt que tout Citoyen qui pense doit prendre aux droits de la Vertu & de la Vérité. […] Pourquoi nous borner à des spéculations indifférentes sur les majestueux Phénomènes de la Nature ?

157. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Ces crimes dont jadis a frémi la Nature Ne souillèrent jamais une Terre si pure : Si quelques Passions y règnent tour à tour, C’est celle de la Gloire, et celle de l’Amour Quitte la ruse Grecque, et la fierté Romaine, Choisis quelque grand Nom sur les bords de la Seine. […] Dans les Siècles passés comme au Siècle où nous sommes La Nature était lente à faire de Grands Hommes ; Et l’aimable Thalie a longtemps à pleurer Avant que son malheur se puisse réparer, etc. » Voilà, Madame, tout ce que j’en ai retrouvé, et c’en est assez pour vous faire connaître combien je voyais de difficulté à mettre de pareils Noms sur le Théâtre.

158. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

« Les histrions sont, dit-il, ainsi nommés, parce qu’ils racontent des événements à la manière des historiens ; mais les sujets sur lesquels ils s’exercent sont de nature à devoir être mis en oubli : ils mettent sous les yeux du peuple toute la conduite d’un scélérat illustre, en le décorant des vers plaintifs de la tragédie. […] Non, il n’est pas permis de se souiller par des spectacles de cette nature » : « Neque enim fas est hujusmodi spectaculis fœdari38. » Le premier concile de Ravenne, de l’an 1286, défend aux clercs d’entretenir dans leurs maisons ou des deniers des pauvres les comédiens qui leur étaient envoyés par les seigneurs, après qu’ils s’en étaient divertis, n’étant pas juste de faire un usage aussi illicite d’un bien qui doit être converti en aumônes39.

159. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

Je pense donc que, pour accoûtumer le plus grand nombre des Spectateurs aux Pièces du Théâtre de la Réformation, il n’est pas nécessaire de renouveller les hommes ; laissons-les tels qu’ils sont, et souffrons qu’ils viennent au monde comme la nature les forme : il suffit de ne les pas pervertir par une éducation dangereuse et par de mauvais exemples. […] J’ose donc assurer au contraire qu’ils seront charmés de voir leur génie en liberté, et que leurs premiers efforts feront connaître combien l’amour, qu’on croit aujourd’hui l’unique fondement du Théâtre, y est étranger ; pendant que la nature toujours féconde fournit abondamment, dans le cœur de l’homme, des sujets convenables pour former de bons Citoyens.

160. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VII. De ceux qui sont aux autres occasions de ruine, et de péché. » pp. 30-32

Car cette doctrine qui est rapportée par Angélus et par Sylvestre, est véritable et constante, que si quelqu’un fait quelque action, qui ne soit pas mauvaise de sa nature, et même que tout le monde puisse faire licitement, prenant la chose en elle-même ; si toutefois dans la condition présente du temps, et à cause de la corruption, et dépravation des mœurs, cette même action, qui de soi serait innocente, est devenue une cause, ou une occasion de mal, et de péché, il est tenu de s’en abstenir ; et s’il ne le fait pas, il offense Dieu.

161. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre X. Que c’est une chose vicieuse et un dérèglement manifeste de danser fréquemment. » pp. 37-40

Quoiqu’il soit permis de prendre quelque recréation après le travail, et de donner quelque relâche à son esprit après les occupations sérieuses ; si on excède néanmoins dans le divertissement, soit pour la manière d’en user, soit pour le temps qu’on y emploie, ce n’est plus une recréation honnête ; mais une pure sensualité, et on n’agit pas en homme raisonnable : mais on se laisse conduire aux passions de la chair, et aux instincts de la nature, comme les bêtes.

162. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Nous avons donné d’aprés les Saints Peres un chapitre exprès du spectacle qu’offrent aux yeux de la foi les merveilles de la nature, le paradis, l’enfer, l’histoire de la religion. […] Mais la nature est trop commune & trop fade, il faut en relever le goût ; le palais des hommes est trop blasé, il faut le piquer. Ainsi les alimens sont sains sortant des mains de la nature. […] C’est la nature. […] Le Saint Ecrivain appelle ces visages. l’un le visage de la nature, l’autre le visage de l’art, le visage de la passion, le visage du péché, le visage du mensonge : Facies peccatorum similis .

163. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Toutes les actions d’un Chrétien doivent être de nature à pouvoir être rapportées à Dieu et faites pour sa gloire. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait des délassements et des plaisirs qu’on peut appeler indifférents : mais les plaisirs les plus indifférents que la Religion permet, et que la faiblesse de la nature rend même nécessaires, appartiennent en un sens à Jésus-Christ, par la facilité qui doit nous en revenir de nous appliquer à des devoirs plus saints et plus sérieux : Tout ce que nous faisons, que nous pleurions, que nous nous réjouissions, doit être d’une telle nature, que nous puissions du moins le rapporter à Jésus-Christ, et le faire pour sa gloire » « Or, sur ce principe, le plus incontestable, le plus universellement reçu, de la Morale chrétienne, vous n’avez qu’à décider. […] Cet homme si expert et si distingué dans son art, dit encore « que les sentiments qui seraient les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du spectateur même le plus indifférent. » La voie la plus sûre, selon lui, pour faire tomber le goût de nos Spectacles, c’est d’élever les jeunes gens de manière qu’ils ne s’exposent jamais à y aller. […] n’apprendrons-nous jamais combien mérite de mépris tout homme qui, pour le malheur du genre humain, abuse du génie et des talents que lui donna la nature ?  […] On voyait couler du sang, il est vrai ; mais on ne souillait pas son imagination de crimes qui font frémir la nature.

164. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Avertissement. » pp. -

Je n’ignore point combien le prémier est estimable par la délicatesse, l’élégance de son stile, & les beautés qu’il répand dans ses productions ; l’autre par l’art avec lequel il peint la Nature ; le troisième par plusieurs pièces charmantes, sur-tout par l’Ecole de la jeunesse, où l’on voit des Scènes dignes de la bonne Comédie, remplies de sublime & de pathétique.

165. (1647) Traité des théâtres pp. -

D’ailleurs, qui ne sait, que vu la corruption de notre nature, les mauvais exemples ont beaucoup plus de force que n’en ont les bons. […] Car ils supposent que les Théâtres sont de la nature des choses indifférentes ds, qui d’elles-mêmes n’étant bonnes ni mauvaises, Il est libre à chacun d’en user ou non : Et ensuite bâtissant là-dessus ils accusent les défenses qui en sont faites par les conducteurs de l’Eglise, et soutiennent que lorsqu’ils s’y sont avancés, ils sont sortis hors des bornes de leur pouvoir, qui ne s’étend pas à faire de nouvelles lois, ni à géhenner la liberté des Consciences sur les choses de leur nature licites. […] ed . 2 Tout ce que Dieu commande, par cela même devient nécessaire en soi, et d’une nécessité simple, sans que la circonstance du temps, ou du lieu, ou de la personne, en varie la nature. […] Quant aux autres qui passent condamnation absolue qu’il y a du mal à aller aux Théâtres, mais chicanent sur le degré, et sur la nature des répréhensions qu’on en peut faire, il est aisé aussi de les redresser. […] Ceux donc qui vont aux Théâtres étant ici les malades, et les censures la Médecineex, ils ne doivent pas être crus simplement touchant la nature de leur mal, ni touchant la qualité et la dose du remède pour le guérir.

166. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

    Themire éloigne une parure Que la nature t’interdit, Que ta beauté Naïve & pure, Soit l’image de ton esprit. […] C’est un art chez les femmes de faire, de choisir & de placer les mouches ; on en fait de toutes sortes de figures, rondes, ovales, triangulaires, en croissan, en fleche, de toute grandeur ; invisibles, petites, médiocres, grandes : on en fait de plusieurs couleurs, selon la nature du teint ; la plupart sont noires, on les place de mille manieres : solitaire, simétrisée, en couronne, en ligne, en grand nombre, en petit nombre, selon le goût ou les desseins qu’on se propose, & les conquêtes qu’on médite ; on en met sur toutes les parties du visage, jusques sur le bout du nez : ces emplacements sont de la derniere importance, pour favoriser & faire mieux sortir les traits de la phisionomie, la fraîcheur & le coloris du teint ; chacune selon sa figure, sa grandeur, sa situation produit un effet bien différent, qu’on étudie avec le plus grand soin ; elles donnent un air galant, modeste, sérieux, enjoué, triste, majestueux, effronté, ce qui leur a fait donner des noms différents, qui formeroient un Dictionnaire de Toilette. […] Cette science coûte au guerrier bien du tems & de l’étude, la nature la donne aux femmes ; c’est l’instinct le plus sur, & le coup d’œil le plus rapide, & si elles vont à la comédie, quelles habiles maîtresses, quelles savantes leçons, quel parfait modele elles y trouvent ! […] Il fait voir que dans toute la nature, chaque chose a sa beauté propre, qui ne demande ni ne souffre de beauté empruntée, qui en est moins embellie que réparée. […] Properce trouve ridicule qu’une vieille se farde ; vous vous moquez, de faire briller sur votre tête un éclat étranger : Ludis & externo tincta nidore caput  ; chacun doit être content de ce qu’il a reçu de la nature ; chaque climat, chaque personne a sa couleur ; le teint d’une Flamande ne convient pas à une Romaine : Turpis Romanæ, Belgicus est color.

167. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

On y voit les trois états de la nature humaine ; d’abord innocente, & dans le jour de la verité ; ensuite rachêtée & enbaumant toute la terre dans ses progrès par le parfum de la perfection évangélique ; enfin élevée dans la gloire toute resplandissante de beauté. […] Des troupes ambulances d’acteurs, dont tout est plein, & qui pour de l’argent font ce qu’on veut, suivent la biere du mort jusqu’au tombeau, & par une scene mouvente représentent en chemin sans s’arrêter ce qu’ils jugent à propos, analogue autant qu’ils peuvent à la nature de la fête & au caractere du défunt, des choses lugubres & tragiques, des traits graves pour les Magistrats, des mouvemens vifs pour la jeunesse, pésans pour un âge avancé, des exploits guerriers pour les Militaires. […] La consommation des matieres qu’il emploie épuise insensiblement la nature, c’est-à-dire, le fonds des vrais biens destinés à nos besoins ; des animaux par les viandes qui chargent les tables ; du bois pour les préparer & pour échauffer les appartemens ; de la matiere, lu linge & des étoffes, &c. […] Vous entrez dans un cercle avec les couleurs de la nature sur le visage, vous vous placez sans avoir dit aux glaces : Je suis à faire peur, je suis faite comme une folle. […] Contentez-vous dans cette courte vie de la figure qu’il vous a donné, sans chercher à l’embellir par des couleurs empruntées, & vous aurez éternellement dans le ciel, même pour votre corps, une beauté divine infiniment supérieure à tout ce que l’art & la nature peuvent vous donner.

168. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

La tragédie a donc tort, et donne au genre humain de mauvais exemples lorsqu’elle introduit les hommes et même les héros ou affligés ou en colère, pour des biens ou des maux aussi vains que sont ceux de cette vie ; n’y ayant rien, poursuit-il, qui doive véritablement toucher les âmes dont la nature est immortelle, que ce qui les regarde dans tous leurs états, c’est-à-dire, dans tous les siècles qu’elles ont à parcourir.

169. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

Cependant leur profession n’est point mauvaise de sa nature, ils ne sont point en état de péché. […] On ne peut pas dire qu’elle soit nécessaire au soulagement, au délassement de l’homme, que le métier n’en est pas mauvais par lui-même, qu’on peut faire des dons aux femmes débauchées, pour les entretenir ; & quoiqu’on les tolère en quelques endroits, c’est de sa nature un mal absolu, sans modification. […] Qu’on réunisse toutes ces conditions, qu’il n’y ait rien de mauvais, d’indécent ou de dangereux, jamais d’excès ni dans la chose ni dans l’affection qu’on y a ; que la gravité chrétienne la modestie, la piété s’y conservent ; qu’on ne se le permette que comme un besoin, un soulagement à la foiblesse humaine ; qu’on se traite comme les enfans, à qui on permet des récréations, mais sans excès, sans danger, sans indécence ; qu’on n’y souffre rien que de convenable aux temps, aux lieux, aux caractères des personnes, aux jours de fête & de pénitence, & on verra que si ce Saint paroît, dans la spéculation d’une abstraction métaphysique, avoir quelque légère indulgence pour le spectacle en général dans sa nature, personne n’en est en effet un censeur plus sévère dans la réalité & la pratique, où jamais ne sont ni ne peuvent être observées les sages loix qu’il a prescrites. […] Ainsi le théatre regardé dans la pratique réelle, dans l’ordre moral, tel qu’il devroit être & ne sera jamais, tel qu’il ne devroit pas être & qu’il est & sera toujours, avec les circonstances qui précèdent, accompagnent, suivent la représentation, la fin qu’on s’y propose, les dispositions avec lesquelles on y va, les effets qu’il produit, d’une chose indifférente par sa nature, devient un divertissement très-dangereux, très-mauvais, qu’on ne peut se permettre en conscience.

170. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

L’arrangement symétrique de notre Prose est plus dans la nature ; la pensée se développe d’elle-même. […] Son principal mérite est d’avoir retenu quelquefois la construction latine ; mais je crois avoir prouvé en peu de mots que les inversions des membres d’une phrase répandaient de l’obscurité dans le discours ; & que la Nature éxige qu’on èxprime ses idées dans le même ordre, & avec autant de clarté qu’on les conçoit. […] Il est sensible que notre mélodie est tout-à-fait simple ; elle approche beaucoup de la Nature : elle adopte le genre Diatonique ; celle des Italiens suit le Chromatique. Le prémier de ces deux genres est digne de plaire à ceux pour qui le beau naturel a des charmes : sa modulation procède d’une suite de Sons liés ensemble sans violence ; c’est-à-dire conformément à ce que la Nature nous enseigne, & qu’on observe pour peu qu’on ait l’oreille & l’organe de la voix justes.

171. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

« Toute représentation est par sa nature criminelle & peché, où les représentans se servent des paroles, ou font des gestes contraires à la pureté, ou des choses, qui puissent nuire au prochain. » Ce seroit ne pas connoître le genie du theatre moderne, que de soûrenir qu’on n’y dit jamais de ces paroles équivoques, qui fassent rougir la pudeur : & qu’on n’y voit jamais des gestes que l’honnéreté chrétienne ne souffre pas, & que cependant l’Ange de l’Ecole veut qu’on bannisse de tout divertissement. […] Il est de la foi, qu’une vie purement naturelle ne nous conduira jamais au salut : une fin surnaturelle ne s’acquiert, que par des moiens, qui visent plus haut que la nature. […] Après avoir vû cette passion si bien depeinte sur le Theatre avec toutes les couleurs de la parole, d’une expression douce, & de la declamation ; cette Fille commence à sortir de la sainte ignorance où elle éroit, & ce que la nature ne lui avoit pas encore appris, des Comediens & des Comediennes le lui apprennent comme les nouveaux maîtres de son prémier malheur, Ce métier apris à une si mechante école est secondé par les inclinations naturelles, & il ne laisse que les idées d’une douce passion ; ces idées lui reviennent souvent, & elles attaquent son innocence : il faut un miracle de la droite du Seigneur pour qu’il ne lui arrivent de grandes chûtes, qui, quoiqu’elles ne se commettent qu’interieurement, déviennent presque incurables, & entrainent la plûpart, qui les font, à la damnation éternelle. […] Que conclûre de tout cela, si non que la chute y est presque infaillible ; & que ce seroit, ou ne pas sçavoir la force de ces objéts, ou ignorer la foiblesse de nôtre nature, ou se faire une vertu chimerique, ou par une vaine présomption vouloir trouver sa sureté au milieu des écueils, que de ne pas juger, que toutes les circonstances de la Comedie n’aient rien, qui de soi-même ne donne quelque penchant au peché ?

172. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Or jugez maintenant des qualitez de cet art, par l’esprit de l’artisan, & de la nature de l’ouvrage par le genie de son autheur. […] , dit Tertullien ; c’est à dire qu’elle est un reste du Paganisme, qui en a retenu tout le venin & toute la corruption, non seulement dans son institution & dans son autheur, mais encore dans sa nature & dans ses circonstances, dans sa fin & dans ses representations. Ne nous arrêtons point icy M. à la decoration exterieure du theatre, qui ne represente rien que de profane aux yeux ; examinons la comedie dans son fond, & faisons une espece de dissection anathomique de sa nature, de ses circonstances & de ses representations. […] En second lieu il viole le vœu qu’il a fait au Baptême de renoncer au monde, pour vous bien faire comprendre la nature de cette promesse & de cet engagement, il faut distinguer deux sortes de mondes bien contraires & opposez ; l’un est le monde de Jesus-Christ, l’autre est le monde du diable. […] Mais ô étrange corruption de la nature, ô rigoureux châtiment du peché.

173. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

S’il franchit le pas, la comparaison ne tourne plus à votre avantage ; s’il en reste là, au contraire, il n’aura qu’une notion confuse du terrein & de la nature du danger. […] Je commence par examiner la nature des pièces qu’on représente au théâtre, & je finirai par le jeu des acteurs : la première partie décidera de la seconde ; car la déclamation n’est que l’art de rendre au naturel les transports de l’ame.

174. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXI. Si les Comédiens épurent les mœurs. Des bienséances qu’ils prétendent avoir introduites sur le Théatre » pp. 86-103

La Machine de Marly élève l’eau plusieurs centaines de toises au-dessus de son cours ; forçant les loix de la nature, elle fait monter ces eaux du fond d’une profonde vallée, sur des hautes montagnes, pour aller faire la plaisir de nos Rois. […] Il n’est pas dans la nature du génie, toujours rapide, toujours emporté, de s’amuser, à chercher des rapports étrangers.

175. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

vous faites tout ce que vous pouvez pour vous parer, vous employez tous les artifices imaginables, vous ajoutez autant que vous pouvez à la beauté, que la nature vous a donnée, mais quel est vôtre dessein ? […] Mais nous entendons parler ici des divertissemens defendus, comme sont les bals, les comedies, & autres spectacles de cette nature, qui sont dangereux, & corrompent les bonnes mœurs.

176. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Ils savaient trop, que qui veut plaire, le veut à quelque prix que ce soit : de deux sortes de pièces de théâtre, dont les unes sont graves, mais passionnées, et les autres simplement plaisantes ou même bouffonnes, il n’y en a point qu’on ait trouvé dignes des chrétiens, et on a cru qu’il serait plus court de les rejeter tout à fait, que de se travailler vainement à les réduire contre leur nature aux règles sévères de la vertu. […] Ainsi le verbe fait chair, la vérité éternelle manifestée dans notre nature, en a pu prendre les peines qui sont réelles ; mais n’en a pas voulu prendre le ris et la joie qui ont trop d’affinité avec la déception et avec l’erreur.

177. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VIII. Les intrigues sont la vraie fin de la comédie. » pp. 15-17

Ce qu’on appelle les belles passions, sont la honte de la nature raisonnable, l’empire d’une fragile & fausse beauté ; & cette tyrannie qu’on y étale sous les plus belles couleurs, flatte la vanité d’un sexe, dégrade la dignité de l’autre, & asservit l’un & l’autre au régne des sens.

178. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre V. Il n’est point de Drame sans Mœurs. » pp. 139-141

Ils sont dépeints d’après Nature.

179. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre dernier. Conclusion. » pp. 345-347

que ce soit celui de peindre la Nature ; mais d’adoucir ce qui pourrait révolter : ne confondons point le Théâtre moderne avec celui des baladins où tout est permis.

180. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VI. Ce que c’est que les mariages du théâtre.  » pp. 25-27

Ce qu’on y veut, c’en est le mal : ce qu’on y appelle les belles passions, sontf la honte de la nature raisonnable : l’empire d’une fragile et fausse beauté et cette tyrannie qu’on y étale sous les plus belles couleurs flatte la vanité d’un sexe, dégrade la dignité de l’autre, et asservit l’un et l’autre au règne des sens.

181. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIV. Réponse a l’objection qu’il faut trouver du relâchement à l’esprit humain : que celui qu’on lui veut donner par la représentation des passions est réprouvé même par les philosophes : beaux principes de Platon. » pp. 58-60

répond, que sans courir au théâtre, nous trouverons la nature si riche en spectacles divertissants, et que d’ailleurs la religion et même notre domestique sont capables de nous fournir tant d’occupations où l’esprit se peut relâcher, qu’il ne faut pas se tourmenter pour en chercher davantage : enfin que le chrétien n’a pas tant besoin de plaisir, qu’il lui en faille procurer de si fréquents et avec un si grand appareil.

182. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIX.  » pp. 475-477

Puissé-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête, et qu'on la considère par la raison, on ne saurait rien s'imaginer de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature.

183. (1675) Traité de la comédie « XIX.  » pp. 302-305

Puis-je de mes yeux voir tomber cette foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre; Voir le dernier Romain en son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir. » Si l'on dépouille l'image de cette passion de tout le fard que le Poète y prête; et qu'on la considère par la raison, on ne saurait s'imaginer rien de plus détestable que la furie de cette fille insensée, à qui une folle passion fait violer toutes les lois de la nature.

184. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

L’Esprit avec plaisir reconnaît la Nature. […] On me dira peut-être que le Théâtre doit instruire, & qu’il faut absolument qu’un Drame, de quelque nature qu’il soit, renferme une leçon utile ; j’avourai qu’on a raison. « Eh bien, me demandera-t-on, trouve-t-on qu’il y ait un grand mérite de placer sur la Scène un Bucheron, un Tonnelier, &c. ne vaudrait-il pas mieux les laisser dans leur obscurité ? […] S’ils ne mettent dans la bouche de leurs personnages que des pensées basses & populaires, c’est parce qu’ils s’appliquent à peindre la Nature.

185. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Cet Auteur y démontre que nos Pieces de Théatre étant imitées de celles des Anciens, elles sont comme elles accommodées à la corruption de la nature. […] M. l’Abbé Coyer n’en parle pas en Moraliste sage, mais en voluptueux qui regrette la privation des charmes séducteurs des Actrices. « La sévérité Papale, dit-il, ne permet pas au sexe d’amuser le Public au Théatre par les talens & les graces que la nature lui a donnés ; mais elle laisse outrager la nature, en la mutilant pour créer des voix qui sont contre nature. […] C’est pour de tels sujets que l’Auteur de la nature a donné au sang qui coule dans les veines l’usage de se soulever ». […] La Nature est par-tout affichée au bel esprit, & l’on craint sur-tout d’être simple, & de ne pas entasser les ornemens. […] Ils paroissent avoir été peints d’après nature.

186. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Les questions de théologie, de démonstration, de mathématique, les merveilles de la nature, la profondeur de la politique, de la jurisprudence sont inépuisables. […] Que l’homme ose se mesurer avec son Dieu et le sujet avec son roi, l’accuse, le condamne, le brave ; que dans la colère on donne la mort à ses semblables, on se la donne à soi-même, l’audace extravagante de ces idées qui renversent tout ce qu’inspire la religion, les lois et la nature, frappe, étonne, effraye, saisit d’horreur. […] Le Batteux, est l’imitation de la belle nature. Tout n’est pas beau dans la nature. […] En effet, il faut au théâtre passer les bornes de la nature, changer les portraits, outrer les passions, forcer sa voix, parce que tout étant vu dans le lointain, il faut par une sorte de perspective que tout soit au-dessus de la grandeur naturelle, pour arriver à l’œil du spectateur dans son point de vue.

187. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Aristote a été le premier, qui a donné des règles pour la pratique du Théâtre ; ses règles ont dans tous les temps servi de modèle à tous ceux qui ont voulu écrire sur cette matière ; ce qui est fondé sur la nature et sur le bon sens, dure toujours. […] Catastrophe, c’est l’événement heureux, ou funeste d’une Tragédie ; c’est la nature du dénouement. […] La qualité des personnes qui souffrent, leurs vertus, leur sexe, leur âge, les dispositions de ceux qui les font souffrir, la nature des peines qu’elles endurent ; tout cela peut beaucoup contribuer à exciter la compassion. […] Il faut que le Poète exprime, et fasse sentir ces incertitudes, pour faire comprendre aux spectateurs, que la raison condamne ces crimes, et que ce sont des effets de la nature corrompue. […] Il faut avouer que les Anciens sont inimitables dans les peintures qu’ils font des caractères, des passions, des inclinations des hommes, et de tout ce qui dépend de la nature : Mais Corneille est allé plus loin ; il a fouillé jusques dans les replis du cœur humain, pour développer les principes des actions des hommes.

188. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « II. » pp. 9-11

Est-ce que c’est la nature de ces sortes de joies profanes, qu’elles enivrent, et qu’elles font oublier le bon sens et la raison ?

189. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « Stances à Madame Isabelle, sur l’admiration où elle a tiré la France » pp. -

A l’instant pour orner la terre, Des vives beautés qu’il enserre, Il lui voulut donner un Corps, Vraie Image de sa figure, [mot illisible] ce que l’œuvre de nature Se perd en discordants accords.

190. (1775) Voyage en Italie pp. 206-208

Si on avait laissé l’homme dans le chemin de la Nature, occupé journellement de la culture de la terre, qui fournit enfin à tous les vrais besoins, amusé alors, délassé par des plaisirs simples, il n’aurait pas eu besoin de l’art pour son bonheur.

191. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  dénombrement du clergé de france avant et depuis la révolution.  » pp. 346-350

Ces ecclésiastiques sont bien nés sujets du roi, et soumis comme les autres à la loi commune, mais il ne faut pas oublier qu’ils tiennent aussi à un autre chef suprême, au souverain pontife, qui, par la nature de sa dignité, l’éclat de ses fonctions de vicaire de Jésus-Christ sur la terre, prétend à une supériorité directe sur les rois.

192. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

La nature même a dicté la réponse de ce Barbare à qui l’on vantait les magnificences du Cirque et des jeux établis à Rome. […] L’énergie, la vérité, le sublime que ce genre de spectacle exige, sont les fruits du génie, moins encore que d’une certaine progression que la nature a imposé à tous les arts et dont ils doivent compter tous les degrés avant de parvenir à leur perfection : l’expérience le prouve.

193. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

C’est ce qu’il n’a pas dit : au contraire, il trouve mauvais que vous donniez tant d’appas à cette vertu ; ce n’est pas là selon lui le moyen de la faire aimer : ce n’est pas, à son avis, savoir faire une Pièce que d’y proposer à détester un scélérat, que d’y faire rire aux dépens d’un vicieux ou d’un ridicule, que d’y proposer à imiter un homme d’une vertu extraordinaire : notre bilieux Genevois ne veut pas vous permettre de peindre les miracles de la nature, ni le triomphe de la raison, il veut au contraire que l’un et l’autre soient renfermés dans les bornes étroites où l’extravagance des hommes et leurs passions les resserrent ordinairement. […] Ce raisonnement est clair et vous prouve que vous ne faites pas un grand sacrifice, quand vous avouez « que le plus charmant objet de la Nature, le plus capable d’émouvoir un cœur sensible et de le porter au bien, est […] une femme aimable et vertueuse ; mais vous ajoutez méchamment, cet objet céleste, où se cache-t-il ?  […] C’est que le génie est un don du Ciel qui ne s’acquiert point : il pourrait même rester toujours enseveli chez les hommes à qui la nature l’a bien voulu accorder, si l’éducation et le goût ne parvenaient à le développer ; ce n’est donc qu’après avoir donné aux femmes la même éducation que l’on donne aux hommes, qu’on pourra décider si la nature leur a refusé une faveur qu’elle a accordée à un très petit nombre d’hommes. […] De légers coups de bec le réveillent ; s’il se retire, on le poursuit ; s’il se défend, un petit vol de six pas l’attire encore ; l’innocence de la Nature ménage les agaceries et la molle résistance, avec un art qu’aurait à peine la plus habile coquette.

194. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

Il s’agit maintenant, sur notre Théâtre Français particulièrement, d’exciter à la vertu, d’inspirer l’horreur du vice, & d’exposer les ridicules : ceux qui l’occupent, sont les organes des premiers génies, & des hommes les plus célèbres de la Nation ; Corneille, Racine, Molière, Renard, monsieur de Voltaire, &c. leur fonction exige pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de la sensibilité, de l’intelligence, de la connaissance des mœurs & des caractères, en un mot, un grand nombre de qualités, que la nature réunit si rarement, dans une même personne, qu’on compte plus de grands Auteurs que de grands Comédiens.

195. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIX. Autre principe de Platon sur cette matière. » pp. 69-71

C'est encore un nouveau motif à ce philosophe pour bannir de sa République les poètes comiques, tragiques, épiques, sans épargner ce divin Homère, comme ils l’appelaient, dont les sentences paraissaient alors inspirées : cependant Platon les chassait tous, à cause que ne songeant qu’à plaire, ils étalent également les bonnes et les mauvaises maximes ; et que sans se soucier de la vérité qui est simple et une, ils ne travaillent qu’à flatter le goût et la passion dont la nature est compliquée et variable.

196. (1590) De l’institution de la république « QUATORZIEME TITRE. Du Théâtre et Scène. » pp. 507-508

lesquels de leur nature ou sont sourds, de manière qu’on ne peut bonnement entendre ce qu’on y dit, ou bien sont tellement désaccordants, qu’ils rejettent et repoussent jusqu’au profond la voix, ores qu’elle soit prononcée avec force.

197. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

S ont-ils bons ou mauvais de leur nature ? […] La proposition générale qu’il tâche d’établir est celle-ci : « Les comédies, de leur nature & prises en elles-mêmes, indépendamment de toute circonstance bonne ou mauvaise, doivent être mises au nombre des choses indifférentes. » Il tire ses autorités, i°. des pères ; 2°. de l’écriture ; 3°. du raisonnement. […] d’indignes bateleurs avec d’honnêtes gens, dont la fonction exige, pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de l’ame, de l’esprit, de la connoissance des mœurs & des caractères ; en un mot, un grand nombre de qualités que la nature réunit si rarement dans une même personne, qu’on compte plus d’excellens auteurs, que d’excellens comédiens.

198. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

La différence des lieux en change-t-elle la nature ? […] Le vieillard rase sa pudeur avec ses cheveux, prêt à tout dire, à tout entendre, à tout faire ; des femmes sans voile & sans honte paroissent & par, lent hardiment sur la scène, elles semblent avoir fait une étude réfléchie de l’impudence, & répandent si bien le poison de l’impureté dans les y eux & les oreilles des spectateurs, qu’on diroit qu’elles ont conspiré d’attacher jusqu’aux racines de la modestie, de déshonorer la nature, & de rassasier leurs passions par la plus infame volupté. […] la nature n’y offre-t-elle pas les plus beaux spectacles ?

199. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

Outre que les règles sont éxtremement violées par un pareil usage, les Spectateurs ne sont point à leur aise quand la Scène change ainsi coup sur coup, parce que la Nature, qui parle intérieurement à tous les hommes, leur fait sentir, même malgré eux, qu’on s’écarte trop de la vraisemblance. […] Ce serait vouloir déranger l’ordre prescrit par la Nature, qui veut que tous les êtres vivans jouissent du repos, quelques tems après le Soleil couché. […] Il est de la nature de notre Opéra d’acourcir ainsi l’unité de tems : son intrigue étant éxtrêmement vive & pressée, il s’en suit qu’elle éxige un tems peu considérable, & qu’elle doit bien-tôt se terminer.

200. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

Paul, voltigeant de branche en branche, toujours d'un style moqueur, d'un air cavalier, faisant l'agréable, sans égard au caractère des gens, à la nature des choses, à la situation des affaires, à l'assemblage des circonstances ? […] Dans cette troupe de Comédiens on n'aurait qu'à choisir et combiner les diverses espèces de folie, on ferait aisément une pièce régulière : voilà des Acteurs tout formés qui joueraient d'après nature. […] Et David lui-même, dans ses Psaumes, faisant un portrait sublime de la puissance de Dieu par l'agitation de toute la nature, fait danser, sauter, bondir les montagnes et les collines comme des béliers : « Montes exultaverunt sicut arietes, et colles sicut agni ovium.

201. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des Sentences mélées à l’action Théatrale, chez les Anciens & les Modernes. » pp. 153-158

Il faut avoir une grande expérience pour les employer à propos ; il faut être consommé dans l’étude des Poëtes, & avoir mûrement observé leurs ouvrages, & réfléchi sur l’objet du théatre, sur le goût des spectateurs, & sur la nature des applaudissemens que l’ignorance accorde au tissu, à l’éclat emprunté des maximes mal enchassées.

202. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

Les Décorations de décence sont une imitation de la belle nature, comme doit l’être l’action dont elles retracent le lieu.

203. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre III. L’amour profane est la plus dangereuse de toutes les passions. » pp. 29-31

Les plaintes qui échappent à ceux qui abusent des inclinations que la nature leur inspire pour le sexe, doivent confirmer tout homme sensé, qu’il n’est pas prudent de se faire un amusement de la passion de l’amour.

204. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXIII. Impossibilité de réformer entièrement les spectacles. » pp. 191-194

Ils savaient que, quand on veut plaire, on le veut à quelque prix que ce soit, et que de toutes les pièces de théâtre qui sont toujours ou graves et passionnées, ou plaisantes et bouffonnes, on n’en trouverait pas une seule qui fût digne d’un chrétien ; on a cru qu’il valait mieux détruire la comédie que de penser à la réduire, contre sa nature, aux règles sévères de la vertu.

205. (1580) De l’institution des enfants « De l’institution des enfants. Essais, I, 26 [fin] »

[NDE] Etant donné la nature particulière du texte de Montaigne, avec ses trois "couches" (1580, 1595, exemplaire de Bordeaux) repérées respectivement par les lettres a, b et c, nous dérogeons à la norme habituelle qui est de citer d'après les toutes premières éditions, en donnant leur pagination.

206. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Ses vers sont, dit-on, le fruit de quelques heures douces, où son ame s’arrachant au tumulte des villes, cherchoit un asyle dans les solitudes, le spectacle de la nature écartoit de lui tous les dégoûts ; il étoit transporté à la vue de ses beautés ; c’est pour lui le plus délicieux des spectacles. […] Je me transporte dans les temps fortunés de l’âge d’or, où la scène de la Nature non corrompue charmoit les cœurs des gens de la campagne, inaccessibles à la corruption (ce sont des saints). […] Quelle est cette Nature qu’il dit non corrompue ? […] A ses pieds ses Ministres, la Nature, le Destin, l’Etendue, l’Espace, le Mouvement, la Mesure, la Fortune qui ôte & qui donne à son gré , &c.

207. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Ils ne seront pas Citoyens : ce seront des hommes & des femmes destinés à nous donner les plaisirs de l’imitation de la nature : ce seront des Esclaves publics, qui mettront en action, l’ouvrage d’un homme libre, d’un Citoyen distingué : on ne verra plus que l’Auteur dans le Drame ; la vileté de l’Acteur & de l’Actrice ne préjudicieront en rien à la sublimité des maximes, au pathétique des situations, à la grandeur des Héros, à la noblesse de l’ensemble ; parce que l’Acteur disparaîtra. […] Les dons de la Nature & les talens perfectionnés en firent un excellent Acteur. […] Dans ses dernières années, la nature le seconda, & le fit bon Acteur : retiré en 1759. […] Le Couvreur, les succès de cette admirable Actrice, sont, après l’exemple de Démosthène, une preuve, que le travail opiniâtre surmente la nature : sa voix était sourde ; elle sut la faire trouver douce & pathétique ; elle n’était pas grande ; la majesté de son air suppléa ce qui manquait à sa taille ; & joignant à ces avantages, un jeu rempli d’intelligence & de naturel, elle acquit & conserva la réputation de la plus excellente Actrice qui ait paru au Théâtre Français.

208. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

J’en parlerai moi, et même pour justifier l’usage qu’on en fait : on les représente tels qu’ils sont, fourbes, fripons impudents, par une raison très louable, c’est comme si l’on disait aux pères de famille : « Vous qui négligez de prendre vous-mêmes soin de l’éducation de vos enfants, qui ne leur donnez souvent que vos valets pour surveillants ou tout au moins qui leur permettez trop de commerce avec eux, vous qui, par une sévérité mal entendue, êtes presque toujours opposés à des goûts que la nature et la jeunesse autorisent ; vous qui, sans faire aucune attention à l’inclination, au goût, au caractère de vos enfants, ne leur prescrivez que ce qu’ils doivent haïr, ne soyez point surpris s’ils se livrent à des conseils tout à fait opposés à vos vues, et si les avis d’un Valet fripon ou d’une Soubrette effrontée obtiennent leur confiance que votre dureté leur a fait perdre. » Voilà Monsieur l’usage que nos Auteurs font des valets. […] Alceste ne pouvait-il pas dire à Oronte, avec douceur et politesse : « Monsieur, j’ai le malheur de n’être pas du goût le plus général : peut-être ai-je tort ; mais dès que je veux prononcer sur un ouvrage d’esprit, je consulte avant la nature, et c’est en la consultant que j’ai peine à trouver votre Sonnet admirable, et tel qu’un homme d’esprit tel que vous pourrait en faire, s’il ne laissait aller sa plume que sous la dictée de la nature et de la raison. […] Ne donnez point un masque odieux à Philinte, pour en prêter un gracieux à Alceste, ils perdraient tous deux à la Métamorphose que vous leur prescrivez : laissez-nous voir les gens tels qu’ils sont, et que leur père les a faits ; et soyez sûr que la Vertu ne s’offensera pas plus de nous voir rire d’un fou qui défend la vérité comme un Dogue, que de nous voir estimer la prudence, la politesse, et la complaisance d’un homme qui se contente d’être honnête homme lui-même, en pardonnant aux autres leurs défauts, « Comme vices unis à l’humaine Nature. » dp Sachez Monsieur reconnaître dans Philinte un homme vertueux, un amant raisonnable, un ami tendre, sincère, et confiant : sachez qu’un sage à votre façon serait une espèce de fou tel que fut Diogène : sachez enfin que la Vertu, loin d’exclure les qualités sociales, leur a donné l’être elle-même : elle est donc bien éloignée de proscrire la politesse, la prudence, la complaisance et la discrétion, et de prendre des Ours pour ses Avocats.

209. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

« Et sa tranquillité ne vaut pas ses tourments » : c'est le goût d'un Néron. « N'allons-nous pas aussi pleurer avec Zaïre, gémir avec Monime, ou frémir de terreur quand Œdipe nous offre un spectacle d'horreur » : il est plaisant qu'on compare le théâtre à la Grève pour en faire sentir les beautés. « L'homme que frappe alors une vive peinture, avec plaisir en soi sent souffrir la nature » : et il n'est pas cruel ! […] Pour les rôles des furies et des démons, le travestissement de femmes en diables, d'hommes en Euménides, comme il n'en coûte que la décence, ils seront aisément remplis et joués d'après nature. […] Et ce spectacle, que l'humanité, que la nature, que la pudeur, la religion, l'honneur, ne pourraient soutenir, sera donc une beauté, une merveille qu'il faut saisir, répandre, conserver, immortaliser ! […] Un effet inévitable du mélange du bien et du mal, c'est de faire perdre les idées justes des vrais devoirs, du vrai bonheur, du vrai malheur de l'âme, et d'y substituer un système tout différent, dont on est fort satisfait, parce qu'il est conforme à la nature.

210. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Un mépris inutile & indécent de la Philosophie & de la Thêologie de l’Ecole, & un goût décidé pour les Philosophes Anglois & leurs systêmes ; des déclamations outrées contre le fanatisme, l’enthousiasme, c’est-à-dire, la piété & le zele de la Religion ; l’affectation de la profession déclarée de ne jamais parler des Mysteres & de la Religion revêlée, tout attribuer à la raison & à la nature, sans aucune mention de l’Evangile, de la Grace & de la fin surnaturelle : c’est un vrai Pélagianisme qui fait honneur de toutes les vertus au libre arbitre, sans reconnoître que la nature corrompue par le péché originel est incapable de pratiquer & de connoître cette perfection, sans la grace intérieure. […] Tout cela est inconnu à l’Auteur : il ne connoît que la nature & les vertus morales, un bonheur ou un malheur temporel du vice & de la vertu. […] La partie morale, ces tableaux des vertus & des vices ne sont qu’un Evangile déguisé par un langage qu’il se fait, & qui ne laisse voir que la nature. […] C’est un effet naturel & physique de la nature de l’homme. […] Chaulieu ne voyoit que des gens de condition, Chapelle s’enivroit au cabaret avec les premiers ivrognes qu’il y trouvoit : tous deux ne suivoit que la nature.

211. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Dans le Journal du mois de mai 1768, dans l’Economique de Xénophon, dont on donne la traduction, il est dit en parlant de Socrate, il avoit reçu de la nature une trempe d’ame qui le fortifioit contre tous les évenemens. […] On joua Beverlai ou le Joueur anglois, image parfaite d’un libertin qui en jouoit le rôle d’après nature. […] Quand elle lui vit, au dernier acte, lever la main pour massacrer son enfant, elle se leva, & s’écria d’une voix terrible, avec le frémissement de la nature : Arrête, malheureux, ne tue pas ton enfant, je le prendrai plutôt chez moi. […] On veut justifier encore un religieux apostat, qui, malgré ses vœux, se livre au vice, ne peut résister à l’amour, ce premier vœu de la nature, supérieur à toutes les loix, veut tenir le serment qu’il a fait à sa maitresse, divinité qui doit l’emporter sur tous les dieux. […] Rien à l’égal de toi n’est beau dans la nature ; j’admirois le soleil brillant au haut des cieux, un jour plus enchanteur étincelle à mes yeux.

212. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

S’il en est de plus susceptibles que les autres, la différence est dans le dégré, & non dans la nature de l’émotion. […] Elle est trop dans la nature pour qu’on soit le maître de s’y refuser.

213. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

La règle sévère à laquelle nous l’assujettissons n’est point prise dans la nature. […] Qu’on ne pense pas se sauver à l’aîde de la musique ; elle a son terme aussi-bien que tout ce qui est dans la Nature.

214. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Les grands Guerriers, les grands Poètes, les grands Peintres semblent coûter beaucoup à la Nature. […] Jadis un bon faiseur mettait un ou deux ans à composer une pièce, de nature à s’assurer un droit éternel à nos hommages.

215. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur de Nemours » pp. -

Pour moi qui ai l’âme craintive Je ne veux sonder cette rive, La nature du vrai j’ai pris, A dépeindre et tracer l’histoire, Dont la vérité sert de gloire, Et l’art de honte à mes écrits.

216. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Pour moi, je l’ai vu cent fois déplorer ces égarements : mais aujourd’hui on autorise ce qui a fait la matière de sa pénitence et de ses justes regrets, quand il a songé sérieusement à son salut, et si le théâtre Français est aussi honnête que le prétend la dissertation, il faudra encore approuver que ces sentiments dont la nature corrompue est si dangereusement flattée, soient animés d’un chant qui ne respire que la mollesse.

217. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Mais, quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré & par les traits les plus vifs, pour en mieux marquer l’excès & la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature & d’abandonner la vrai-semblance. […] Le quiétisme s’allie-t-il avec l’incrédulité, le Traité de l’existence & des attributs de Dieu avec le Système de la nature, les Maximes des Saints, les lettres spirituelles avec le discours philosophique, la philosophie de l’histoire ? […] Un mérite unique dans Moliere c’est de peindre, de contrefaire les hommes ; c’est le vrai mérite de sa comédie, fondé sur l’observation des caractères, comme la peinture & la sculpture sur l’imitation de la nature. […] Elle est fondée sur la nature (corrompue) & sur la raison (philosophique). […] Si l’avarice est le défaut de l’âge avancé, peut-il changer la nature ?

218. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Que cette force de la conscience, n’a lieu, qu’ès choses en soi indifférentes, non en celle qui de leur nature sont mauvaises, qui ne deviennent jamais bonnes, quelque conscience que l’on y apporte. […] Il est plus que notoire, qu’en toute Comédie, ou Tragédie, qui se joue en public ; on se déguise, on contrefait le sexe, tant par les habits, que par les gestes : Or quand nous n’aurions autre raison pour rejeter cela, que l’instinct de nature, où l’Apôtre renvoie les Corinthiens1. […] Mais tant y a, que quelque allégorie que les Anciens en tirent ; ils n’abolissent jamais le sens littéral, et le maintiennent purement et simplement moral : Et nous le devrions bien apprendre, par cette sévère répréhension, que fait l’Apôtre aux Corinthiens1 Cor. 11 bp , entre lesquels s’était seulement glissé une petite partie de cette corruption, dont toutefois il infère incontinent, du déshonneur pour l’un et l’autre sexe ; de la confusion aux œuvres de Dieu, de la contrariété à la Nature même. […] Et certes la modestie, et l’ordre de nature, ne doivent pas être gardés seulement en l’Eglise, mais en tout lieu, principalement en compagnie, qui n’est jamais petite, aux lieux où se jouent Comédies ou Tragédies. […] Je réponds ; puisque les habitudes sont toujours semblables aux actions, et exercices, qui les engendrent, comme disent très bien les Philosophes, et comme nature même par l’expérience nous enseigne ; Ceux qui s’exercent souvent à jouer Comédies, et Tragédies ; ne peuvent espérer autre faculté, habitude, ou dextérité, par le fréquent usage de tels exercices sinon qu’ils deviendront un jour habiles bateleurs, et Comédiens aussi adroits, que ceux qui viennent d’Italie.

219. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

Ciceron, ce grand orateur, qui connaissait si parfaitement le cœur humain et la nature des choses, s’exprime contre les théâtres en ces termes : « Ah !

220. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

d’un cerveau creux : elle n’a pour garants ni la nature ni l’exemple : Sophocle ne peint point Œdipe dans une tempête de joie ; il ne le guinde point aux étoiles. […] Un discernement exquis et sûr qui saisit les choses du côté de la nature, et de l’usage, ne l’abandonne jamais : une force de raison soutenue et une vivacité d’imagination modérée, règnent également dans ses ouvrages : son bel esprit ne s’évapore point en idées vaines et chimériques, et sa fureur poétique ne l’entraîne jamais au-delà des règles. […] Chlorée n’est qu’or, qu’écarlate et que broderie ; il est aussi magnifique dans tout son équipage que la nature et l’art peuvent le faire. […] Mais Homère et Virgile pensaient autrement que nos Poètes au sujet des Prêtres : ils suivaient pour règles et la nature et l’usage établi ; ils savaient que le Sacerdoce est en soi un ministère considérable, et qu’on en avait toujours eu cette idée. […] Et il est facile de s’imaginer combien un attentat de cette nature doit irriter sa colère.

221. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Le savant Isaac Casaubon paraît être de mon avis ; il date de bien loin la naissance des Spectacles, puisqu’il prétend qu’ils ne la doivent qu’à la Nature. […] « La nature, dit-il, est la mère des Arts ; elle l’est aussi des Fêtes ; les Fêtes ont enfantés la Danse & les bons mots ; de la Danse est venue la Musique ; & des bons mots sont nés les Spectacles comiques. » Voila, selon moi, une réfléxion à laquelle il est difficile de rien objecter. […] La faiblesse de sa nature, & le malheur attaché à l’espéce humaine, détruisent bientôt le peu de contentement dont il jouit, pour le plonger dans la douleur.

222. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Pourquoi l'accoutumance à voir toutes les merveilles du monde et de la nature dont Dieu est l'auteur, les lui a-t-elle rendues moins estimables et moins précieuses ? […] Ne sont-ce pas des hommes à qui ils donnent ; mais ils ne considèrent pas en eux la nature de l'ouvrage de Dieu ; ils ne regardent que l'iniquité de l'ouvrage de l'homme. […] C'est pourquoi ils n'ont jamais pensé a corriger les dérèglements des hommes ; et quand ils le voudraient entreprendre, ils ne le sauraient faire, parce que la Comédie d'elle-même, et par sa nature, ne peut être que pernicieuse et nuisible.

223. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Il est vrai que ce n’est pas d’aujourd’hui, que ce Moine réformé a donné l’essor à sa méditation frénétique, pour choquer cette profession ; Mais la connaissance que tout le monde a de son mérite augmente d’autant plus sa réputation que son ignorance essaie d’en diminuer le prix : Ce qui m’a le plus étonné ça a été qu’après avoir lu son libelle, intitulé (le Théâtre du Monde) par lequel il prétend assujettir la liberté de notre Vie ; J’ai trouvé qu’il était de la nature deb ces écrevisses, où il y avait plus à éplucher qu’à prendre, que ses arguments étaient des galimatias, et qu’il savait mieux débiter une invective, qu’enseigner une doctrine, faire le Rabelais, que le Théologien, que les passages qu’il a tirés de l’Ecriture sainte, étaient des allégories ou métaphores, pour amuser ceux des petites maisons de Paris, que les allégations des Docteurs qu’il produit contre la Comédie, ont si peu de rapport à son sujet, que j’ai honte que le public soit témoin de la faiblesse de son jugement. […] De quelle impétuosité n’a-t-elle point heurté les premiers Chrétiens, quand les Païens les appelaient secte pernicieuse, ennemis des Dieux, des Empereurs, des mœurs, et enfin de toute la nature comme témoigne Tacite en son livre des mœurs, et Suetonius en la vie de Néron. […] La langue dit le docte Alciatus en son traité De Jure Civili, étant le plus bel ornement dont Dieu ait enrichi notre nature, doit s’appliquer plutôt à la louange qu’au blâme.

224. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

Pour moi la nature, seul organe que je consulte, & que je fais vanité de croire, crie au fond de mon ame que le mépris est le partage de ses pareils.

225. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIII. La Comédie considérée dans les Acteurs. » pp. 26-29

… On y voit des femmes qui ont essuyé toute honte ; qui paroissent hardiment sur un Théâtre devant tout un peuple ; qui ont fait une étude de l’impudence ; qui par leurs regards & par leurs paroles, répandent le poison de l’impudicité dans les yeux, dans les oreilles de tous ceux qui les voient, qui les entendent ; & qui semblent conspirer par tout cet appareil qui les environne, à détruire la chasteré, à deshonnorer la nature, & à se rendre les organes visibles du démon.

226. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIV. La comédie considérée dans ses Spectateurs. » pp. 30-33

C’est un principe constant & puisé dans la nature du cœur, qu’on ne goûte de plaisir au Spectacle, qu’autant qu’il émeur, qu’il touche, & qu’il cause une espéce d’yvresse.

227. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

Bauny, « qu’on ne doit ni refuser, ni différer l’Absolution à ceux qui tombent et retombent dans des crimes contre la Loi de Dieu et de la Nature, quoi qu’il n’y paraisse aucune espérance d’amendement.

228. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVII. On y risque tout par une seule assistance. » pp. 40-44

Alype tombe à la vue d’un Spectacle qui ne présente rien que d’affreux & de révoltant ; & on prétendroit ne pas même chanceler au milieu de Spectacles qui n’offrent rien que de séduisant, & ce qu’il y a de plus capable d’irriter les penchans d’une nature corrompue ?

229. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE IV. Des Femmes de Théâtre. » pp. 42-48

Malheureusement la corruption humaine a éludé les sages dispositions de la nature, altéré les Loix, et changé les coutumes.

230. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

La comédie renaissant au quatorzième & quinzième siècle, à l’ombre de la dévotion & des mystères, se sentit bien-tôt de la nature du théatre, & ne tarda pas à allarmer la piété même grossière, qui trompée par les apparences, avoit cru devoir l’autoriser. […] Après des commencemens, & une suite si continuelle de désordres pendant deux mille ans par-tout où il a existé, malgré les révolutions des États, les changemens de religion, les loix des Princes, les anathémes des Pères, les condamnations de l’Église, peut-on disconvenir que le vice n’y ait acquis l’empire le plus absolu, ou plûtôt ne soit dans sa nature même, que la parfaite réforme n’en soit impossible ? […] Cette intime liaison n’est elle pas dans sa nature ? […] Ils auroient dû la laisser tomber comme tant d’autres de cette nature ; mais on n’aimoit pas Dubois, & on saisit cette occasion pour s’en défaire.

231. (1674) Le Theâtre François pp. -284

Voila en peu de mots quelle est la nature de la Comedie, & les vsages qu’on en peut tirer. […] Il est malaisé d’aller contre la nature & de forcer le genie ; & l’austere Scipion eut essayé en vain d’imiter Lelius, & d’aquerir ce qui le rendoit aimable. […] Ainsi l’hyuer est destiné pour les pieces Heroïques, & les Comiques regnent l’Esté, la gaye saison voulant des diuertissemens de méme nature. […] Les Comediens ont encore quelques autres maximes de cette nature, que ie blamerois d’auantage, si ces petites jalousies ne leur estoient communes auec toutes les Societez. […] L’affiche suit l’annonce, & est de méme nature.

232. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Les sentimens de la nature qu’elles excitent, causent les impressions les plus délicieuses. […] Nous n’y voyons qu’une crédulité foible, qu’une terreur imaginaire, que nos idées sur la nature des songes, excepté ceux que la Religion a consacrés, ont bientôt détruites.

233. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Ce qui fait dire au même Saint Augustin que si les mouvements que ces Histrions font en dansant avaient leur signification de la nature, et non pas de l'institution des hommes, il n'eût point été nécessaire au commencement que les Pantomimes sont venus danser à Carthage, que le Héraut du Théâtre eût publié ce qu'ils étaient prêts de représenter, « et nous avons encore , ajoute-il, vieillards qui s'en souviennent fort bien », et ils s'y rendirent s'y rendirent si parfaits, que sous Néron un Pantomime blâmé par DémétriusLucian. […] , c'est-à-dire Farceurs, Bateleurs et Bouffons, monstres de la nature ou de la morale, capables de donner quelque impertinent plaisir à la plus vile populace ; Et ce sont là véritablement ceux que l'on nommait Histrions, Scéniques ou Scénatiques, gens de scène ou de Théâtre, pratiquant l'art de jouer, bouffonner, et faire montre de leurs corps, par des postures insolentes, et par de ridicules plaisanteries.

234. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Les Animaux les plus faibles et les plus timides ; les animaux que la nature a formés pour toujours craindre et toujours fuir, vont fièrement au-devant de ce qu’ils craignent le plus, pour garantir le sujet de leur amour. […] Que si l’on conservait en ce temps-là les vrais sentiments de l’humanité, il fallait murmurer contre la cruauté des Dieux en impie ; et si l’on voulait être dévot envers les Dieux, il fallait être cruel et barbare envers les hommes : il fallait faire, comme Agamemnon, la dernière violence à la nature et à son amour : « Tantum Religio potuit suadere malorum. » dit Lucrèce sur ce sacrifice barbarej.

235. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

… Avec quelle surprise, mêlée de joie, ne reconnaîtront-ils pas l’impulsion de la nature qui leur parle comme à Néron, quand ce tyran, tout féroce qu’il est, se voit terrassé par la vertu de Burrhus2 ? […] Gresset) qu’on entend le cri de la nature : est-ce ici le vice qui domine ? […] [NDA] Quoi qu’en ait dit récemment un philosophe éloquent, il est un cri de la nature, perçant et universel, qui avertit l’homme de ses devoirs.

236. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

caressoit au fond du cœur toutes les passions cruelles : il étoit de la nature de son ame de produire des crimes, comme une plante venimeuse produit le poison. […] que devient la liberté, si le crime est dans la nature de l’ame, si l’homme n’est qu’une plante, si l’on disoit, M. de … né libertin, caresse au fond de son cœur les passions impures ; il est de la nature de son ame de produire des obscénités comme une plante venimeuse ! […] parce que la nature sacrifiée a repris ses droits, parce qu’une fille a cédé à ses désirs & à ceux de son amant, tout un empire regarde cet amourette comme un présage de quelque événement sinistre. […] C’est l’écueil de tous les jeunes gens, parce que les Actrices joignent à des talens séducteurs les charmes dangereux d’une figure que la nature & l’art concourent à rendre intéressante.

237. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [P] » pp. 441-443

On peut s’étonner que le véritable caractère de la Comédie ait été si long temps inconnu parmi nous ; les Grecs & les Latins nous ont laissé des modèles, & dans tous les âges, les Auteurs ont eu la Nature sous les yeux : par quelle espèce de barbarie ne l’ont-ils si long temps imitée que dans ce qu’elle a de plus abject & de plus desagréable ?

238. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

Les unes viennent d’un mouvement de grâce, et sont rapportées au culte de Dieu, comme celles que nous avons marquées au Chap. précédent ; et les autres de l’inclination de la nature vers son propre plaisir, que le S.

239. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

Pour le premier point, il est évident qu’ils peuvent sous des peines Ecclésiastiques défendre la danse les jours des Dimanches et des Fêtes, et pendant tout le temps qui est particulièrement destiné à l’exercice de la pénitence et de la prière, parce que comme nous avons auparavant prouvé, la danse qui ne s’est introduite que par l’instinct de la nature, et pour la satisfaction des sens, est prohibée les jours des Dimanches et des Fêtes, et pendant tout le temps qui est consacré à la mortification et à l’Oraison, par les Canons et par les Lois.

240. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Bien loin d’avilir ce lien, inspiré par la nature, rien n’est plus propre à en faciliter le succès. […] La comédie, renaissant aux quatorzieme & quinzieme siecles, à l’ombre de la dévotion & des mysteres, se sentit bientôt de la nature du théâtre.

241. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Saint Cyprien dans son Traité des Spectacles, trouve pareillement en leur nature un vice radical ; il n’est pas possible d’y assister sans renoncer à la foi chrétienne. […] Interrogez Ciceron, ce grand Orateur, qui connoissoit si parfaitement le cœur humain, & la nature des choses ; ah !

242. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

S’il y a du mal, de la vilénie, du dolt, de la tricherie et de l’avarice, ce n’est plus jeu, il perd son nom – au moins sa nature. […] Tels sont les tournois, jeux d’escrime et autres semblables où cela advient bien souvent de propos délibéré ou autrement, pource quev la nature de tels jeux n’est point de s’entrechatouiller.

243. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Les Dames Françoises n’ont pas besoin de tirer de rideau dans ces momens, leurs tableaux sont de nature à être plutôt découverts pour instruire & animer les Acteurs. […] la nature & l’équité parleroient en votre faveur. […] il auroit joué d’après nature le rival malheureux, respectueux, vertueux, généreux.

244. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Ce fut la tout l’apareil des premiers temps ; car les beautez de la nature suffisoient à la facilité des gens de ce siecle. […] Ensuite l’on voyoit une grande file de Chars dorez & embellis qui portoient les Dames, soit pour commencer à plaire par ce qu’il y a de plus beau dans la nature, soit pour reveiller le courage des braves qui les suivoient sur de superbes chevaux, ou mesme sur des Chars, selon la course qu’ils avoient entreprise. […] 225 pas, chaque pas valant 5. pieds, ou du moins auec un seul retour ; & toute l’importance consistoit dans la vitesse ou dans la legereté, & le succez dependoit beaucoup plus de la force & de la nature que de l’esprit ou de l’adresse.

245. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

La condamnation de ces deux journaux, me paraît très probable par la nature même de la loi de tendance qui va les juger. […] Les mauvais prêtres n’ignorent donc pas que la servitude et le manque d’instruction avilissent les hommes, abrutissent les peuples et les rendent tous malheureux : tandis qu’au contraire, la science, la raison, le bon sens et la liberté tempérée par les lois, corrigent nécessairement la nature humaine et rendent meilleures et plus heureuses toutes les classes de la société. […] Ils se sont ainsi dépeints d’après nature, et ils ont donné en même temps une idée du caractère qui les distingue et de la morale corrompue qu’ils prêchent et qu’ils ont observée avec tant de persévérance depuis que le monde existe, dans toutes les religions et malheureusement sans en excepter aucune.

246. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VII. De l’inconséquence de quelques prêtres ignorants envers les Comédiens, et de leur fanatisme mis en opposition avec l’autorité du pape et avec la conduite éclairée du haut clergé et des ecclésiastiques sensés en France. » pp. 134-140

J’y renvoie le lecteur ; chacun pourra y juger par lui-même, s’il ne vaudrait pas mieux réformer cette coutume, qui est un opprobre pour l’humanité et un deuil pour la nature.

247. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

Car je ne suis pas du sentiment de ceux qui donnent tout à la naissance, et qui prétendent que l’homme nait bon ou méchant, suivant que la nature en dispose ; et qu’il restera toute sa vie tel qu’il est né.

248. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

Il semble qu’il suivrait de là que ce sont les murs et les loges du Théâtre public, les décorations, les habits des Comédiens, les Symphonistes, etc. qui attirent la censure des personnes graves que nous entendons déclamer tous les jours contre les Spectacles, et qu’elles ne condamnent pas la représentation en elle-même, ni la nature des Pièces que l’on représente ; ce qui serait absurde et insoutenable.

249. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Le plus grand homme n’est pas grand en tout ; il ne faut copier , dit l’Abbé le Bateux, que la belle nature . […] Un pareil galimatias explique-t-il quelque chose, dans cette route obscure du labirinthe immense où se perd la nature  ? C’est l’homme, c’est Voltaire qui se perd dans le labirinthe de la nature. La nature ne s’y perd jamais, elle fuit sa route, pour nous obscure, avec la plus exacte régularité, &c.

250. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Saint Jean Chrysostome, parce qu’elles sont des obstacles à la conversion des ames & à leur salut ; saint Augustina, parce que c’est un crime énorme que de donner son bien aux Comédiens qui sont des gens infames, que plus un homme est vertueux & plus il doit s’éloigner du theâtre ; & que l’on n’eût jamais approuvé les Comédies & les crimes qu’elles representent sur le theâtre, si les mœurs des hommes qui estoient soüillez des mesmes vices ne l’eussent soufferte ; saint Isidore de Damiéteb, parce que les Comédies d’elles-mêmes & de leur nature, ne peuvent estre que pernicieuses & nuisibles ; saint Bernardc, parce qu’elles ne sont que vanité ; enfin Jean de Salisberi Evêque de Chartresd, parce qu’elles sont propres à entretenir les vices, & sur tout l’oisiveté, qui est l’ennemie de l’ame & qui la dépoüille de toutes ses inclinations vertueuses, & qu’en y assistant on participe aux crimes des Comédiens, à qui l’Eglise a interdit la sacrée Communion. […] On ne doit pas trouver étrange que les farces, les boufonneries, les marionnettes, & tous les vains amusemens de cette nature, soient interdits aux veritables Fidéles qui sont profession de la Religion Catholique, puisqu’ils le sont même aux heretiques que nous appellons Pretendus Reformez. […] a « Que les femmes, dit la Loi de Dieu, ne s’habillent point en hommes, ni les hommes en femmes ; car quiconque le fait, est abominable devant Dieu. » Sur quoi saint Ambroise fait cette belle reflexionb : « Si vous considerez avec attention (dit ce saint Prelat) ce qui est défendu par ce precepte du Deuteronome, vous verrez que ce déguisement est un dereglement étrange, que la nature même ne peut souffrir. […] La nature a revêtu chaque sexe d’habillemens qui leur sont propres. » Ce déguisement a paru aussi tellement étrange à Saint Augustin, qu’il a crû que ceux qui le faisoient étoient infames, & incapables de faire des Testamens & de servir de temoins en justice. […] « Nous défendons aux Ecclesiastiques les mascarades & les autres divertissemens de même nature, qui des honorent l’Eglise. » Le Concile Provincial de Narbonnea en 1551.

251. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Celui qui les mérite, honore la nature : L’ignorance & l’envie en ont fait une injure, L’hypocrite un forfait, l’honnête homme un devoir. […] La nature, la religion, les loix, l’usage de tous les peuples lui sont bien favorables, & il est bien-importans à la société de la maintenir. […] Certainement le ton en paroît mieux assorti à la nature du drame. […] Son père ne doit-il pas la destiner aux petites maisons, lorsqu’il l’entend dire : Votre cœur dès-longtemps a banni la nature, Et j’apris de vous seul, à ne la pas sentir. […] Faut-il que de vos bras on ait pu m’arracher, Faut-il que cette absence & si longue & si dure Ait effacé les traits que peignoit la nature ?

252. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

trop dans la Nature.

253. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Septième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 282-286

mon ami, tu seras enchanté lorsque tu la verras : dans son jeu, c’est la nature ; mais embellie, mais séduisante, parée de fleurs de la jeunesse & de la beauté : son ton est celui de la douceur & de la vertu ; avec ce ton enchanteur, l’expression devient plus honnête, le sentiment se place sous chaque mot qui sort d’une si belle bouche ; à tout elle donne un prix inconnu.

254. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

Tout ce qui est dans la nature n’est pas bon à mettre sur le Théâtre, 58 Critique des Ouvrages d’Aristophane, et son autorité nulle pour l’affaire présente, 59 Le témoignage de ce Comique contre lui-même, 79 Autorités de Ben Jonson, 83, et suiv.

255. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Car quoique rien ne puisse corrompre ce que la Nature a fait naître pour notre usage, et que les présents de Dieu soient inviolables, nous nous abstenons néanmoins de ces oblations profanes, de peur qu’on ne croie, ou que nous cédions aux démons à qui elles sont présentées, ou que nous ayons honte de notre religion.

256. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

La nature même rend maître & grand maître dans l’art de peindre par la danse. […] Ces deux genres de beautés, à qui la nature donne des rapports si marqués & si vifs, se prêtent par leur concours un secours mutuel qui les rend plus séduisantes, & conduit à leur union, dont elles offrent l’image licentieuse : image qu’on charge encore par des vis-à-vis, des regards, des langueurs, des épanchemens, des vivacités, qui la mettent sous les yeux par toutes les allures de la passion, & en font un tableau vivant. […] Quel crime, quelle honte pour ces misérables esclaves du vice, de n’employer qu’à perdre les ames & se perdre elles-mêmes, les graces qu’elles ont malheureusement pour elles & pour le public, reçues avec profusion de la nature !

257. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Les Modernes pourraient critiquer l’Auteur de la Tragédie de Géta ; parce que ce Prince, ainsi que Justine sa maîtresse, sont représentés trop vertueux, sans donner lieu à la compassion des Spectateurs de s’affaiblir par la vue de quelque défaut, suivant qu’ils soutiennent que les Anciens ont fait : je pense, pour moi, que les Anciens n’ont jamais songé à diminuer la compassion des Spectateurs ; car ce serait avoir entrepris de faire violence à la nature, chose qu’on ne peut leur reprocher. […] Ils voulaient que les Spectateurs fussent persuadés de la fatalité forcée, qui entraînait les hommes comme les Dieux ; mais ils ne les empêchaient pas de se laisser aller ensuite à tous les mouvements de la nature, de gémir et de pleurer sur les malheurs des personnes que le Destin punissait. […] Dans la Tragédie de Pénélope le Poète abandonne la nature, altère l’histoire, et fait violence à la raison.

258. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

n’avons-nous pas assez d’autres exercices licites, et usités dans l’Eglise, qui ne répugnent point à la sainteté des jours qui sont destinés à la prière et à la piété, pour témoigner notre joie, s’il arrivait qu’on ne pût pas différer cette réjouissance en autre temps ; sans avoir recours à des usages qui favorisent la nature corrompue, et qui nourrissent l’esprit du siècle ?

259. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Il aurait mieux valu aussi leur rappeler que de bons parents, avant de se révolter et d’en venir à des extrémités fâcheuses contre leurs enfants ingrats et dénaturés, souffrent long-temps, meurent quelquefois de chagrin ; que de bons enfants, qui ont moins droit d’exiger, ne sont pas obligés à moins de combats et d’égards pour leurs parents indifférents et injustes, dont, au reste, l’insensibilité ne résiste pas toujours aux efforts constants de la tendresse, ou du respect filial ; et que probablement leur père se souviendra enfin qu’ils sont ses enfants, s’ils n’oublient pas qu’il est leur père ; et puis ajouter que si, en attendant que l’amour paternel se réveille dans son cœur, ils se trouvent dans le besoin, alors ils doivent penser qu’appartenant à un père disgracié de la nature, il est raisonnable qu’ils s’assimilent aux enfants d’un père disgracié de la fortune, et suivent les exemples qu’ils en reçoivent de se servir soi-même, de se contenter de peu, de ne pas désirer de superflu, de travailler s’il le faut, se rendre utile aux autres, tirer parti de ses talents et de son industrie ; ou de se jeter dans les bras de sa famille, de ses amis, invoquer leur appui. […] C’est par de pareilles leçons de morale que des distinctions, imaginaires ou de convention, auxquelles la nature continue, malgré tout, d’avoir peu d’égards, et qui ne dirigeant pas dans leurs choix les jeunes cœurs sans ambition, deviennent plus tard, dans le temps, des préjugés, des prétextes à l’inconstance, des titres pour mépriser ses devoirs les plus sacrés. Les satires, dans un sens philosophique, qui font triompher les droits de la nature de ceux des préjugés sont donc plus utiles dans cette circonstance aussi. […] Cette pièce devait parfaitement concourir avec celle du Tartufe à la décadence des mœurs, par la raison encore que dans celle-ci on soulève de fait les vices, on leur donne des armes contre la vertu qu’ils ne ménagent point, et que dans le Misantrope on prescrit à la vertu de ménager les vices, de les supporter en silence, vu qu’ils sont unis à l’humaine nature ; de vivre d’accord, par conséquent, avec les fourbes, les fripons, les scélérats même.

260. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

le vice change-t-il de nature sous des draps d’or ? […] Nous nous contentons de cacher à la vue ce que la nature a destiné pour la conservation de notre espece, de peur d’accoutumer nos yeux à des objets qui vus sans cesse plaisent moins. […] Le théatre est par sa nature une école, un exercice continuel d’impudence. […] La nature & le prix de l’étoffe sont par eux-même indifférens à la vertu, & relatifs à la fortune & à la dignité.

261. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Ainsi la flûte & le flageolet avoient leur langage, c’est-à-dire sans doute, qu’ils y avoient des airs, des mouvemens qui exprimoient la joie, des airs tendres & languissans, des airs tristes & lugubres, ce qui se trouve dans tous les pays, parce que la nature l’enseigne, aussi bien que les gestes, les regards, les inflexions de la voix Les filles y étoient si accoutumées, qu’elles entendoient leurs amans, & leur rendoient réponse à la premiere entrevue, & souvent se rendoient sur le champ au rendez-vous, à l’invitation de la savante musique de leur Orphée. […] On a joué long-temps à Naples des comédies où l’on copioit exactement la nature. […] Il faut n’imiter que la belle nature ; le reste déplaît en peinture comme en réalité. […] La perte est légere ; & par la nature de l’ouvrage, c’est celui d’un impie qui ne mérite pas de voir le jour, & par le caractere du Traducteur qui faisoit très-mal les vers sérieux, témoin le poëme du Val de Grace, qui n’est rien moins qu’un bon ouvrage, & qui ne savoit pas assez de latin & de philosophie pour bien traduire un Auteur aussi difficile.

262. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Sophocle, Eurypide, étudierent les deux plus puissans ressorts du cœur, la terreur & la pitié, les mirent en œuvre avec cette grandeur & cette simplicité que la nature révelle aux génies qui l’interrogent. […] Auteur sublime du Mysantrope, vous à qui la nature par une faveur particuliere a confié les secrets des cœurs humains, vous à qui le succès même du Théatre rendoit le poids de l’humiliation plus pesant & plus insupportable, ne seriez-vous pas étonné de la gloire qu’a acquise la scène ? […] Il disoit assez naïvement : La nature a prodigué d’excellens hommes dans tous les genres ; il n’y a eu sur la terre que deux grands hommes, Roscius & moi.

263. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

L'exécution du crime serait sans doute un plus grand mal ; mais la complaisance réelle dans les sensations du plaisir est un péché, de même nature que l'action qui en est l'objet. […] Tous les actes moraux sont caractérisés par leurs objets ; la décoration n'en change pas la nature. […]  » Le spectacle cultive ce penchant à l'ombre de ses ailes, et par tous les agréments que l'art et la nature peuvent répandre, il en assure l'empire.

264. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

des plus rigides en ces occasions, mais il parle seulement contre les assemblées du Théâtre, où l'on introduisait des troupes de femmes débauchées, et des sujets d'autres crimes, qui faisaient horreur à la nature, des Danseurs et des Mimes qu'il appelle tous infâmesHom. 8. de pœnit.

265. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — Méthode et règlement pour réformer le Théâtre. Avant Propos. » pp. 87-98

Les Modernes nous ont présenté sur la Scène les Acteurs, tels que la nature les a faits, et non défigurés par les cothurnes, par les masques et même par la voix, dont le son n’était jamais naturel sur les Théâtres d’Athènes et de Rome ; car il fallait la proportionner à la figure agrandie des personnages, et à la distance des Spectateurs.

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