La coquetterie est une vraie guerre ; un habile Général ne néglige rien, la position du camp, l’arrangement des troupes, le terrein de la tranchée, la situation des batteries, tout contribue au succès.
Par une noble émulation une autre troupe d’Actionnaires, mais simples bourgeois, s’est formée à même temps, & pour s’étayer de l’autorité du Prince, lui a fait entendre qu’on avoit empiété sur ses droits.
Que sera-ce d’être Acteur soi-même, de former avec ses amis des troupes pour jouer la comédie ?
Comme si les Grands du Monde, qui ne peuvent souffrir qu’on leur donne un mot d’avis, quoiqu’on le fasse en la manière du monde la plus respectueuse, qui disgracient leurs plus chers favoris, quand ils font le moindre semblant de ne pas entrer dans leurs passions les plus injustes, avaient été autrefois d’humeur à écouter patiemment les leçons, ou plutôt les insultes qui leur auraient été faites devant tout le monde par une troupe de Baladins qui les auraient tournés en ridicules. […] Le Parlement de Paris nous peut encore servir d’une forte preuve, pour apprendre au Théologien quel jugement il doit porter des Comédiens : car une troupe de ces sortes de gens étant venus à Paris, en l’année 1584. et ayant dressé un Théâtre dans l’Hôtel de Cluny, la Chambre des Vacations en étant avertie, leur fit défense de jouer dans Paris, sous peine de mille écus d’amende.
., qui ont la plus grande influence sur les mœurs qu’ils font métier de corriger, sans être obligés de prouver qu’ils en ont, et trop souvent sans en avoir ; qui sont sans mission régulière, sans titre ou sans caractère (observez qu’il ne s’agit pas ici d’écrivains qui publient simplement leurs pensées, mais d’instituteurs qui ont des écoles ouvertes dans toute l’Europe, qui appliquent leurs soins presque à tous les genres d’instruction, qui se chargent de l’éducation et de la réforme des deux sexes, des trois âges et de toutes les conditions) ; sans titre, dis-je, sans guide, sous le rapport essentiel, dont la dépendance immédiate est nulle dans l’intérêt des mœurs, qui n’ont que des chefs d’entreprise, ou spéculateurs, traitants, hommes ou femmes, pieux ou impies, croyants ou athées, édifiants ou scandaleux, à qui il suffit surtout d’avoir de l’argent et de l’industrie pour diriger une troupe de comédiens, ou maîtres de cette école, choisis comme eux ; qui, étrangers au grand corps constitué centre de l’instruction et de l’éducation publiques, et sans être astreints à aucune de ses plus importantes formes de garantie, jouissent également du droit d’instruire et de former ou réformer, en transmettant, non en maîtres, avec une autorité respectable, des préceptes ou leçons dès long-temps préparées et approuvées, mais en sujets tremblants, des leçons toutes nouvelles et hasardées pour la plupart ; non à des élèves soumis et obligés de les écouter, mais à des disciples-juges auxquels ils sont obligés, au contraire, de soumettre et préceptes et leçons, et leurs personnes mêmes, qui sont tous sifflés ou applaudis, rejetés ou admis, selon le goût et le bon plaisir des écoliers.
Ce Silene sortant du cabaret, avec une troupe d’ivrognes, & tout délabré, étourdissant par des discours sans suite, balbutiant de la morale : ne voilà-t-il pas un modele bien fin & bien noble à proposer dans un poëme didactique ?
Lorsque le Théâtre s’introduisit en France, il y a près de quatre cents ans, à l’occasion d’une troupe de Pèlerins, qui s’occupaient à réciter les Actes de la Passion de Jésus-Christ ou de quelque Martyr célèbre, il y avait lieu de douter si cet exercice ne serait pas avantageux.
Le Théologien a lu sur les affiches qu’on met au coin des rues, que la Comédie se joue avec Privilège du Roi, et par des Troupes entretenues par Sa Majesté.
.° S’ils peuvent, sans reproche, concourir à salarier une troupe de gens justement notés pour leurs mœurs, condamnés par l’Eglise, privés même des Sacrements. 3.° Si enfin, osant présumer de leur propre vertu, ils n’ont pas à craindre l’influence de leur exemple sur la faiblesse de tant d’âmes qui s’en prévalent et qui se perdent.
Il est vrai que ces deux troupes se ressemblent, & se font mutuellement peu d’honneur : quels modéles !
L’établissement fixe d’un spectacle, d’une salle publique, de troupes soudoyées la fureur pour le théatre, sont de très-fraîche date.