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250. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

Dieu qui verra nos cœurs touchés par ces images, Jusque dans nos plaisirs recevra nos hommages. […] Rien, Monsieur, ne m’a tant touché que le ton intéressant de ses instructions maternelles. […] C’est une peinture si naturelle & si délicate des passions, qu’elle les anime & les fait naître dans notre cœur, & sur-tout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste & fort honnête ; car plus il paroît innocent aux ames innocentes, & plus elles sont capables d’en être touchées : on se fait en même temps une conscience fondée sur l’honnêteté de ces sentimens ; & on s’imagine que ce n’est pas blesser la pureté, que d’aimer d’un amour si sage. […] Et si les personnages qui en sont animés, ne touchent plus de si près au moment de se satisfaire, le jeu ne laisse-t-il pas assez entrevoir ce qui ne doit plus se passer que derriere la toile ? […] Houdart de la Motte remporta ce Prix par un Discours116 dont l’éloquence prouve que le Poëte & l’Orateur se touchent de près, finitimus Oratori Poëta. « Nous voulons, dit ce Poëte Orateur, être grands, & nous le sommes en effet ; mais nous nous avilissons, en cherchant notre grandeur où elle n’est pas.

251. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Si les peintures et les images immodestes ou obscènes présentent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des représentations théâtrales, où, comme dit Bossuet, « tout paraît effectif ; où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion, de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges ; et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement et n’excite que par accident les passions….

252. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Les filles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur elles que sa piété, qu’elles sont plus touchées de la perte qu’elle fait de son amant, que de celle qu’elle fait de son père, et qu’elles sont plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner. » Il regarde comme impossible, depuis le péché originel l’entière pureté du théâtre, ainsi que des Poètes, parce « que les mauvais exemples plaisent plus que les bons, qu’on a plus d’inclination pour le vice que pour la vertu, qu’on exprime beaucoup mieux les passions violentes que les modérées, les criminelles que les innocentes, et que les Poètes, contre leur intention même, favorisent le péché qu’ils veulent détruire, et lui prêtent des armes contre la vertu, qu’ils veulent défendre, etc. » Sans toutes ces antithèses, ordinaires à cet éloquent et pieux Ecrivain, et qui n’affaiblissent pas la vérité qu’il enseigne, le P. le Moine, Jésuite, dans son Monarque, le P.

253. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Attentif aux morsures des ours et aux éponges des rétiaires, il sera touché de pitié.

254. (1590) De l’institution de la république « SIXIEME TITRE. Des Poètes, et de leurs vertus, item quels Poètes on peut lire et quels on doit rejeter des Théâtres. » pp. 117-127

Lorsqu’il pensait aux choses plus grandes, que ne sont communément les humains, et qu’il contemplait la nature des astres, il semblait lorsqu’il touchât de la tête au ciel : lorsqu’il combattait vaillamment contre les hommes, ou contre les bêtes cruelles et sauvages, adonc était il estimé preux et vaillant.

255. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Si nous sommes donc touchés d’un véritable regret d’avoir perdu ce Prince ; témoignons-le en punissant nos crimes qui nous l’ont ravi ; et tâchons de profiter des instructions, et des exemples qu’il nous a laissés. […] « Anciennement on avait accoutumé de chanter dans les Chœurs des Dithyrambes à l’honneur de Bacchus ; mais les Poètes ensuite changeant cette coutume, ne représentaient que des Ajax, des Centaures, et d’autres semblables Fables : sur quoi les Spectateurs s’écrièrent par moquerie : Cela n’est point à propos, cela n’est point à l’honneur de Bacchus ; Ce qui fit que les Poètes touchés de ce reproche, commencèrent à introduire des satyres, afin qu’il ne semblât pas qu’ils n’eussent rien fait à l’honneur de Bacchus. » Cela nous fait voir clairement que les Tragédies où l’on ne parlait point de Bacchus, n’étaient pas considérées comme des actes de religion, mais comme des choses qui ne se rapportaient point à l’honneur de ce Dieu. […] . » Nous lisons dans la vie de Platon, qu’ayant fait dans la maturité de son âge des Tragédies comme il allait les réciter sur le Théâtre, il rencontra Socrate qui le toucha tellement par ses discours, qu’il jeta aussitôt ses Tragédies dans le feu, disant ; « Vulcain, viens à mon aide, Platon a besoin de toi « Plato maturior quoque Tragedias scripsit, quas cum in Dionysii Theatro recitaturus esset, in Socratem incidit, et ejus Syrene delinitus Philosophiæ opera dare cœpit, poëmata igni tradidit, inquiens.

256. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Toucher, attendrir, faire desirer d’aimer & de l’être ? […] Le but de ces Comédies, est d’augmenter la somme de nos plaisirs, en donnant le Spectacle nouveau de la réalité, au sein de l’illusion : nous verrons le bonheur de ceux qui nous auront touchés, attendris ; nous le sentirons presqu’aussi vivement qu’eux. […] A la fin du jour, lorsque tout le monde était rassemblé, le Père-de-famille bénissait de même ce que chacun avait rapporté des champs, comme des fruit ; & dans la suite, du gibier ; postérieurement encore, il tuait lui-même, une agneau, un mouton, un bœuf de ses troupeaux, suivant que sa famille était nombreuse : on le fesait rôtir sur le champ pour le souper ; mais on n’y touchait qu’après que le Vieillard en avait offert les prémices au Père de tout. […] Dans ce malheur inattendu, l’homme faible & timide, voit le bras d’un Dieu irrité : il reste d’abord muet d’étonnement & de crainte ; mais bientôt il fait chanter des sons lugubres ; il retrace aux yeux du Dieu qu’il implore les maux qu’il vient d’éprouver, & croit l’attendrir par les expressions touchantes qu’animent sa Poésie & sa Musique : ses enfans l’imitent, & célèbrent leurs pertes en pleurant ; leurs cœurs se fondent, ils poussent de longs gémissemens, qui, s’ils ne touchent pas la Divinité, attendrissent au moins les cœurs des hommes, & forcent une dangereuse mélancolie à s’exhaler au dehors.

257. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Pensez-vous, Monsieur, qu’un de ces especes de monstres à la représentation d’Esope à la Cour ne se fera pas horreur à lui-même lorsqu’il verra une mere tendre se plaindre du mépris de sa fille qui refuse de la reconnoître, et; croyez-vous que ce même monstre ne sera pas touché, quand cette fille tombera aux genoux de sa mere après le reproche qu’Esope lui aura fait de la perversité de son cœur, en la comparant à une petite riviere qui enflée d’orgueil, parcequ’elle est devenue un fleuve considerable méconnoît son humble source. […] La générosité, la bonté, la tendre humanité, voilà ce qui remue l’ame et; touche agréablement le cœur. […] S’ils cherchent à briller dans les autres pays par la parure, c’est parce qu’il faut en imposer au petit peuple, et; c’est par les yeux qu’on le prend ; encore ceux d’entr’eux qui pensent un peu philosophiquement, aussi peu touchés du mépris de la populace que de sa considération, se mettent au-dessus de l’obligation que quelques autres s’imposent de s’habiller superbement. […] 12 Ce n’est point en révoltant l’esprit qu’on touche le cœur.

258. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Les critiques qu’on en fait, sont accompagnées de tant d’actions efféminées : elles sont comme assaisonnées de tant d’expressions molles, équivoques & lascives, dans les sujets même les plus sérieux, que pour une bonne vérité qu’on y comprend sans en être touché du côté de Dieu, parcqu’il n’y donne point sa grace, on y conçoit mille mauvais desirs, après s’être rempli l’esprit de mille idées profanes.

259. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

C’est une pensée communs chez les peres, d’après Tertulien & Saint Cyprien, que le fard fait injure à Dieu, que c’est vouloir réformer son ouvrage, y ajouter, & l’embellir, comme un apprentif qui oseroit toucher aux tableaux d’Apelle, que ce qui est naturel est l’ouvrage de Dieu, & ce qui est artificiel l’ouvrage du démon : Quod nascitur, opus Dei est ; quod fingitur, diaboli.

260. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

A l’instant Renaud touché fait sa confession génerale à ses pieds, & Pierre aussitôt lui annonce le pardon de ses fautes.

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