Une ordonnance de nos Rois qui en défendant ces excès, les supposerait, serait peu honorable à nos troupes.
On voit dans le troisiéme livre des Rois, C. […] Ces arts sont par eux-mêmes innocens, ils furent employés inocemment pour conserver la mémoire d’un fils cher enlevé par la mort, d’un Roi respectable, éloigné de ses sujets ; ne pouvant les voir on traça leurs images, qui sembloient les rendre présens, & consoler de leur absence : on dit aussi que l’amour crayonna le premier portrait d’un amant, par les mains de sa maîtresse ; on abuse de tout, cette image adorée comme l’original, est devenue une idole, la passion lui a rendu un culte sacrilége, & de combien d’abominations, ce culte n’a-t-il pas été suivi ?
Les Rois de la terre demandent de tels valets, pourquoi non pas Dieu ? […] Comme devant la fin d’icelles, puisque nous devons procurer de recréer Dieu, et de lui donner du plaisir en nos récréations ; et c’est en ce sens que j’explique les paroles de David, « servez à Dieu en la joie » ;84 c’est-à-dire, faites que votre joie, et votre récréation soit un service à Dieu, aussi bien que votre Oraison ; et que Dieu se réjouisse en elle, comme les courtisans jouent devant le Roi pour le recréer.
Ecrivant dans le sein d’une République idolâtre de sa liberté, ils s’attacherent à décrier la tyrannie ; ils tracerent des portraits effrayans ; des Rois & de tout ce qui les environne, afin d’inspirer plus d’horreur au Peuple contre tout ce qui pouvoit altérer la forme du gouvernement établi.
C’est le privilege brillant des gens de qualité, de s’attacher par la main gauche, & l’appanage glorieux & inaliénable du Roi d’en accorder la permission.
Si quelque puissant protecteur vouloit vous introduire auprès du Roi, & vous obtenir des graces, n’y eût-il pas même des graces à obtenir, préféreriez-vous le théatre ?
Pour soustenir sa foy, quand elle chancelle ou quand elle se revolte absolument contre ces apparences fabuleuses, il faut voir dans Quinte-Curce les soûmissions & les services que les Elephãs ont rẽdus aux Rois Indiens, & entr’autres à Porus ; ou lire dans Ælian, leur intelligence & le profit qu’ils font dans les divers Arts que l’on veut leur enseigner.
J’arracherai tous ces ornemens dont vous êtes parée, je vous dépouillerai des habits dont vous êtes couverte, vous serez reduite à la plus honteuse nudité, à la plus dégoutante laideur, à la plus profonde misere, votre Roi sera enlevé, le temple détruit, le peuple captif, la ville reduite en cendres. […] Son Roi dans un grand repas, au milieu de ses concubines, brillant de toutes les graces de leur parure, voit une main qui écrit la condamnation sur la muraille.
On a trouvé d’abord extremement hardi que j’aie dédié mon Livre au Roi sans en avoir obtenu l’agrément, on a trouvé bien plus hardi encore que j’aie osé commencer mon Epître dédicatoire par cette phrase. […] Je réponds à la première objection que j’aurais cru m’exposer aux soupçons d’un projet intéressé, en demandant au Roi cette permission : que c’était d’ailleurs mettre la modestie de ce grand Monarque à une épreuve dont j’aurais été la dupe, puisqu’il ne me l’aurait pas permis ; que j’avais un témoignage de ma gratitude à rendre public et que si le respect me condamne, la reconnaissance me justifie.
Il se fit encore de semblables institutions par Tullus Hostilus, par Ancus Martius et par les autres rois de Rome. […] Les autres moins fixés doivent leur origine ou à la naissance, ou au couronnement des rois ; ou aux prospérités de la république, ou aux fêtes superstitieuses des villes municipales.
Il ne fut jamais naturel de voir les Immortels folâtrer et les plus hauts Etres descendre aux actions les plus basses : un Roi qui ferait toutes les grimaces et tous les tours d’un sagouin, ne serait pas à beaucoup près si ridicule et si impertinent. […] Les Gazettes de l’année 1697. portent que le Roi avait proscrit la Comédie Italienne ; parce que l’on n’y gardait pas les règlements de sa Majesté, que l’on y jouait encore des pièces trop licencieuses, et que l’on ne s’y était pas corrigé des obscénités et des gestes indécents. Les mêmes Gazettes disent que quelques personnes de la première qualité, Protecteurs de la Comédie Italienne, avaient agi auprès du Roi pour la révocation de son Arrêt contre elle, mais que leurs démarches avaient été inutiles. […] Mais le Prophète Roi recommande ici à l’homme de bien de ne se réjouir que dans le Seigneur.… Car, comme dit le Prophète Isaïe : "Malheur à ceux qui prennent l’amer pour le doux, et le doux pour l’amer."