Il ne faut doc point trouver étrange que l'on ait interdit aux premiers Chrétiens avec tant de rigueur les Jeux du Théâtre, et tous les autres Spectacles du Paganisme, puis qu'ils avaient partout les marques de l'hommage honteux et détestable que l'on y rendait aux Démons. […] On n'y reconnaît plus ces Anciens Prêtres, Ministres de l'Idolâtrie, comme Souverains Pontifes, ce n'est plus à l'honneur de quelques fantastiques Divinités que nos Poètes et nos Acteurs consacrent leurs travaux, ni qu'ils rendent des actions de grâces, quand ils y reçoivent des applaudissements ; Tous leurs soins ne vont qu'à complaire à la Cour de France et à la Ville de Paris, et leurs remerciements ne sont que pour les bienfaits dont nos Princes les honorent. […] Il ne faut donc plus employer contre le Théâtre de notre temps ces grandes paroles de zèle et de foudre que les anciens Pères de l'Eglise ont autrefois prononcées, et l'on ne doit pas condamner un divertissement que les Papes et les Princes Chrétiens ont approuvé depuis qu'il a perdu les caractères de l'impiété qui le rendaient abominable.
Rendus à leur grandeur naturelle, ils se montrent tels qu’ils sont. La politique ne les masque plus ; l’adulation ne les rend plus timides & foibles ; la fortune qu’ils voient de plus loin, ne leur demande plus autant de sacrifices ; éloignés de cette idole qui veut & exige tout pour elle-même, leur grandeur, s’il est permis de le dire ainsi, est toute entiere à eux. […] Ainsi le vice dans un lointain reculé, dans une sorte de nuit epaisse qui augmenteroit l’horreur qu’il inspireroit, serviroit lui-même à rendre la vertu plus aimable. […] Le Prélat dit dans le même discours : Le sacré & le profane, le sérieux & le comique, la Chaire & le Théâtre doivent se liguer pour rendre le vice odieux.
Combien pensez-vous qu’il y ait en effect d’heretiques, lesquels, pour me servir des termes du même Pere, amassent des charbons de feu sur nôtre teste, c’est-à-dire, qui se fortifient tous les jours dans leurs erreurs à la vûë de nos debauches, & qui par un aveuglement étrange, à la verité, mais que nous prenons plaisir de rendre tous les jours plus incurable, rendent peut-être graces à Dieu de les avoir fait naître hors d’un Christianisme si corrompu ? […] Je ne vous blâme pas du desir que vous avez de la rendre heureuse dés cette vie : mais vous êtes bien miserable, si vous pensez qu’il faille hazarder & son salut & le vôtre, & son éternité & la vôtre, pour une felicité si vaine si chimerique, pour une felicité qui ne doit durer qu’un moment. […] Claude de Colombiere de la Compagnie de Jesus : non seulement parce que je n’y ai rien trouvé qui ne soit trés conforme aux veritéz Evangeliques, mais encor parce que tous les Sujets y sont traitéz d’une maniere solide & édifiante, & que l’on y remarque le caractere de la Pieté & du zele de leur Auteur, qui ne s’est pas moins rendu recommandable par la regularité de sa vie, que par les Travaux Apostoliques, dans lesquelles il n’a pas manqué au Martire si le Martire lui a manqué.
Faut-il donner toujours des taches à la vertu, pour la rendre odieuse ? […] Ne pas se rendre aussi-tôt à l’inconstance, au caprice, à la passion de sa fille, est l’unique crime du père. […] Pourquoi lui a-t-elle laissé prendre l’habit, & faire son noviciat, pour la rendre malheureuse toute sa vie ? […] La pièce est si mal adroitement désignée, qu’au lieu de le rendre odieux, & de garder tout l’intérêt pour sa fille, c’est au contraire la fille qu’on rend méprisable par une conduite insensée & un langage forcené, & le père qu’on fait estimer & plaindre. […] Dieu a permis qu’en voulant rendre la religion odieuse, l’Auteur tournât contre lui-même ses traits, & se rendit ridicule : foderunt ante faciem meam foveam, & inciderunt in eam.
Vous en allez juger par ses propres paroles, auxquelles je me ferais un scrupule de rien changer, tant elles sont justes et expressives : je me contenterais de les pouvoir bien rendre, et de ne vous rien dérober de leur beauté. […] Le Seigneur rendra chauve la tête des filles de Sion, etc. »« Pro eo quod, etc. »Isaïe, 3. […] éloquentes qui lui attiraient toujours une foule d’Auditeurs, qu’après s’être un peu relâché l’esprit la Campagne, il revenait rendre aux Martyrs les honneurs qu’ils méritaient. […] J’en ay confessé et connu assez particulièrement, qui hors du Théâtre et dans leur famille, menaient la vie du monde la plus exemplaire : et vous m’avez dit vous-même que tous en général prenaient sur la Masse de leur grain de quoi faire des Aumônes considérables, dont les Magistrats et les Supérieurs des Couvents pourraient rendre de bons témoignages. […] Elle est si longue que je tremble que vous ne me reprochiez avec un bel Esprit de ce Siècley, que je n’ai eu ni le temps ni l’esprit de la rendre plus courte : mais souffrez, Monsieur, que je vous réponde avec un AncienPline lib. 5. épître.
Quand ce Philosophe recommande aux Poètes, que les Héros de leurs Pièces ayent des mœurs, il ne veut point recommander qu’on ait soin de les rendre sages, vertueux ; mais qu’on les fasse parler selon l’Histoire, ou de la manière qu’ils se présentent d’abord dans un Poème. […] Rien ne les altère ; les discours qu’ils tiennent leur sont propres ; aussi faut-il remarquer qu’ils ne sçauraient les ennoblir, ni les rendre plus bas, sans disparaitre entiérement.
J’ôse me flatter qu’on me rendra assez de justice pour sentir que ce n’est que par ironie que je parais soutenir que les Personnages des nouveaux Poèmes doivent toujours être bas & vils. […] C’est une vérité qu’on ne saurait révoquer en doute ; & voilà un hommage qu’il m’est bien flatteur de rendre au mérite.
Si on ne parlait des duellistes que comme des gens insensés, comme ils le sont en effet, si on représentait ce faux honneur comme une chimère et une folie, et la vengeance comme une action lâche, comme un crime énorme, les mouvements de colère que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents ; mais ce qui les rend si vifs, c’est qu’on s’imagine qu’il y a de la lâcheté à souffrir une injure. […] Voilà ce qui rend la vengeance si active qu’elle est presque toujours prête à laver dans le sang la moindre injure ; voilà la source funeste de cette foule de duels qui portent si souvent la désolation dans les meilleures familles.
Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. […] Les femmes, flattées des adorations qu’on rend à leur sexe sur le théâtre, s’habituent à être traitées en nymphes et en déesses.
Ces circonstances sont uniques dans l’histoire ; les grands Seigneurs Romains donnoient les spectacles à leurs propres frais, le Seigneur Polonois devient monopoleur pour se les faire payer, & se rend ainsi Marchand du vice par l’autorité des loix qui ne sont faites que pour le corriger & le punir. […] Cet hommage lui plut infiniment, car quoique très-vertueuse elle n’étoit pas encore déclarée pour la haute spiritualité ; l’Abbesse de Salfines avec ses Religieuses, la plupart jeunes, jolies, & toutes filles de condition, se rendirent dans la salle du festin pour voir la fête, elle fut admise dans le cercle. […] On bâtit la chamade, on se rendit prisonnière de guerre ; l’Enseigne suivi de l’État-Major s’avance enseigne déployée, va trouver l’Abbesse pour prendre possession de sa conquête. […] Le vice rend les plus grands hommes bien petits ! […] Rien ne rend plus petit que le vice, il dégrade tout ; naissance, fortune, talent, exploits, on se dégrade en l’estimant, qu’on se rend petit en l’admirant, en traitant de grand, d’illustre, de héros, ce que le vice met au-dessous de la populace !
peut-on enfin s’imaginer qu’il ne soit pas facile de faire un bon Chrétien de quelqu’un que le Théâtre aura déjà rendu honnête homme ? […] Réformons les abus, rien n’est plus facile, je le répète, et gardons nous de rejetter un moyen que la Providence nous accorde de rendre la vertu précieuse, aimable et facile à pratiquer. […] Je crois donc que les plus scrupuleux de nos Pasteurs sont en conscience obligés de travailler à nous rendre l’estime publique. […] La rigueur d’une loi dont l’extension est absurde ne les empêchera plus de nous rendre la justice qui nous est due. […] Il s’efforcera de rendre l’estime de ses Lecteurs à une profession utile qui n’est pas plus responsable que les autres, des désordres d’une partie de ceux qui l’exercent.