Je conviens qu’ils n’ont pas la même forme ; qu’ils sont destitués de l’appareil majestueux des Théâtres, des Cirques et des Amphithéâtres ; et c’est peut-être ce qui empêche qu’on ne les reconnaisse : mais, si ces magnifiques monuments, dont nous avons encore de si beaux restes, étaient rétablis, et si on en bâtissait d’autres sur leur modèle, on serait forcé de convenir que les Spectacles, en passant des Payens aux Chrétiens, n’ont fait que changer de nom.
L’Esprit avec plaisir reconnaît la Nature. […] Voilà quels sont les grands coups que l’on veut porter au nouveau Spectacle, Ses énnemis prétendent l’accabler par de fortes raisons, tandis que ses partisans croient que tout doit se réunir en sa faveur : au milieu de tant d’avis différens il n’est pas difficile de reconnaître ceux qui suivent le parti de la vérité.
C’est dans ces pièces où l’on reconnaît le destin et la fortune, comme donnant le branle à tous les mouvements du monde, et qu’on leur attribue le gouvernement qui n’appartient qu’à Dieu seul Roi des siècles. […] Psaume, pour reconnaître sur ce sujet la volonté de Dieu ?
Les Païens mêmes ont reconnu que rien n’était plus dangereux pour les bonnes mœurs que ces sortes de spectacles, ils avouent qu’ils faisaient de grands changements en leur cœur, qu’ils en retournaient non seulement plus avares, plus ambitieux, plus enclins aux plaisirs et au luxe, mais encore plus cruels, et moins hommes. […] L’instinct du Christianisme va si fort à en éloigner, que les Païens reconnaissaient qu’un homme était devenu Chrétien dés qu’ils ne le voyaient plus dans ces lieux, et la curiosité y ayant un jour conduit une Chrétienne, le démon prit possession d’elle aussitôt, et comme on le conjurait dans les exorcismes de dire ce qui l’avait rendu assez insolent pour s’emparer du corps de cette servante de Jésus-Christ, il répondit par sa bouche qu’il l’avait trouvée dans sa maison, in meo inveni.
Il est impossible de nier la grandeur et l’éclat d’une époque qui honore la nation française ; mais il est impossible aussi de ne pas reconnaître qu’à travers tant de gloire les mœurs de la cour pouvaient être plus pures, et nous en voyons le reflet dans les compositions de Racine. […] Je cite seulement un fait reconnu par tous ceux qui ont un peu étudié l’histoire.
Ce qui est reconnaître d’assez bonne foi, qu’une vierge véritable fait un tres méchant personnage sur un théâtre ; qu’il demande plus de galanterie et plus de chaleur, qu’il n’y en a dans une vierge chrétienne ; et que si les autres Scènes de cette pièce ne sont pas si ennuyeuses, c’est qu’en effet Théodore n’y parle ni en vierge, ni en martyre. […] Et ne reconnaît-on pas qu’ils ont changé de vie, et qu’ils sont pour ainsi dire, devenus Chrétiens une seconde fois, en ce qu’ils refusent de se trouver dans ces lieux, qu’ils ne savent que trop leur avoir été funestes ?
Mais d’un autre côté ces masques fesaient perdre au Spectateur le plaisir de voir naître les passions, & de reconnaître leurs différens symptômes sur le visage des Acteurs.
Le 1. renverse la plus certaine règle de la bonne conscience reconnue par les Païens mêmes qui n’ont pas cru qu’il fut permis de faire une chose que l’on doute si elle est juste ou injuste :17 « Quod dubites æquum sit an iniquum » : au lieu que vos Casuistes que suit M.
C’est toute la restriction qu’il apporte ici, laquelle ne regarde point les jeux publics, puisqu’il ne retranche rien de la défense des spectacles, qu’il laisse par conséquent en son entier, comme portée expressément par tous les canons où il est parlé de la pénitence, ainsi qu’il l’a reconnu dans le passage qu’on vient de voir sur les sentences.
La modération dans le boire et dans le manger est toujours digne de louange : les bons conseils reconnaissent l’abstinence pour leur mère ; et un Prince qui ne mange que quand la nécessité l’y oblige, n’a pas grand peine à modérer sa colère, ni à garder sa chasteté.
Mais comment faire passer à des spectateurs qui ont les moindres notions, soit des usages, soit des opérations de la guerre, soit des convenances historiques, & de tout qu’on comprend en fait de comédie sous le nom de mœurs, soit de la bouillante vivacité de Henri IV, 1°. tout le temps qu’il perd dans le château de Lenoncourt, qu’il ne vouloit que reconnoître ; 2°. les amours romanesques dont on le rend témoin, & dont on veut qu’il s’occupe ; 3°. l’espece de conseil de guerre, qu’il tient d’abord tout seul, & ensuite avec Biron & d’Aumont ; 4°. le long dîné qu’il fait avec eux & le bon Roger ; 5°. les folies de ce dîné de guinguette, où on chante & fait chanter à Henri des chansons de cabaret ; 6°. l’incognito qu’on lui fait garder, tandis qu’on le décele deux ou trois fois en sa présence, dans un château ennemi ; 7°. le secret de Roger, qui l’a reconnu, dont on fait une finesse sans objet ; 8°. la conversion subite du Chevalier de Lenoncourt que rien ne prépare ; 9°. ce mêlange d’histoires & de traits particuliers de Henri, rassemblés comme dans un Ana ; 10°. la célébrité du combat & de la victoire, par le trop long intervalle entre le départ de Henri pour une bataille rangée, & son retour au château : on a eu la maladresse de parler de trois heures, tout cela est impossible ; 11°. […] Saint Louis est canonisé, Henri a passé presque toute sa vie dans l’excommunication, bien méritée à cause de son hérésie, si bien reconnue qu’il en demanda & en reçut l’absolution à Rome par ses ambassadeurs. 2°. […] Louis, fils d’une Reine très-pieuse, qui l’éleva dans la piété, a passé sa vie dans les bonnes œuvres, est mort dans les sentimens les plus chrétiens, après avoir reçu tous les Sacremens ; Henri, fils d’une Reine furieuse qui fit mourir des milliers de Catholiques, néglige dans son éducation, après la vie la plus libertine, à péri de la mort la plus déplorable, par l’horrible attentat d’un de ses sujets, sans avoir un moment pour se reconnoître. 6°. […] Voltaire lui-même dans sa Henriade l’a reconnue & le donne pour protecteur & pour modele à Henri.