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10. (1678) Maxime LXXXI « LXXXI » pp. 39-41

Ainsi on sort de la Comedie le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, & l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtost à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mesmes plaisirs & les mesmes sacrifices que l’on a veûs si bien representez sur le theatre.

11. (1675) Traité de la comédie « V.  » p. 279

Les spectateurs ne reçoivent que l'impression de la passion, et peu ou point de la règle de la passion. […] La représentation d'un amour légitime et celle d'un amour qui ne l'est pas font presque le même effet, et n'excitent qu'un même mouvement qui agit ensuite diversement selon les différentes dispositions qu'il rencontre : et souvent même, la représentation d'une passion couverte de ce voile d'honneur est plus dangereuse, parce que l'esprit la regarde avec moins de précaution, qu'elle y est reçue avec moins d'horreur, et que le cœur s'y laisse aller avec moins de résistance.

12. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Le mot de recette, disent les comédiens, ne doit s’entendre que de ce qui se reçoit à la porte. […] Non, disent les comédiens ; cette somme ne se reçoit pas à la porte, notre caissier la reçoit dans son bureau : elle n’est donc pas dans l’état de la recette dont parle le réglement. […] Après neuf mois de sollicitation, elle fut enfin lue, jugée & reçue le 8 Août 1773. Lorsqu’un Auteur a une piece reçue, il a le droit d’exiger la lecture d’une seconde. […] Cependant, aux termes de la délibération, la piece reçue ne sera pas jouée.

13. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Tous les ans au mois de mai se tiennent les grands jours : les peres & les meres de familles, s’assemblent devant le Juge qui reçoit leur suffrage ; celui qui pendant l’année s’est attiré quelque reproche est exclus du droit de le donner. […] A la seconde, le garçon à qui la voix commune le destinoit, mourut avant de le recevoir. […] Vous allez recevoir une couronne passagere & fragile, qu’elle vous en rappelle une autre plus précieuse dont l’éclat sera éternel : voilà celle qu’il faut mériter ainsi que vos Compagnes ; je les invite à prendre part à votre bonheur, à marcher sur vos traces & à pratiquer constamment la vertu dont le prix est bien au dessus des trésors de la terre. […] Elle y reçut une infinité de visites la maison ne désemplissoit pas, elle y trouva deux jeunes Princesses Polonoises, filles du Prince Podoski qui étoit à Besançon & que la fête attira a saint Ferjeux ; le Carosse de la Marquise de Ligneville, alla chercher la Rosiere, pour la mener au parloir des Benédictins, où plusieurs Dames l’attendoient, lui firent mille caresses, & l’exhorterent à persévérer dans la vertu, & à mériter une plus prétieuse couronne de la main de Dieu même. […] les vieillards vous ont choisie, les mœurs ont applaudi à leur choix ; les filles ont orné votre triomphe, les grands & le peuple de la Cité, (Besançon,) vous ont comblé d’honneur, c’est à notre tour de rendre hommage à vos mœurs, à votre sagesse ; recevez cette guirlande à laquelle chacun de nous se fait un devoir d’attacher une fleur, & permettez-nous de vous offrir une fête qui sera digne de la vertu puisque vous en faites le sujet.

14. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Ne suffit-il pas que le penitent promette au Confesseur de remedier à ces empeschemens, pour estre en estat de recevoir l’absolution ? […] Il y a au contraire plus de dureté & plus de peril à precipiter l’absolution qu’à la differer, lorsqu’on n’a pas sujet de croire que le penitent soit assez bien disposé pour la recevoir avec fruit. […] Car alors il auroit receu le sacrement de penitence in voto comme parlent les Theologiens : ainsi que les catecumenes qui mouroient estant bien disposés à recevoir le baptesme & n’ayant pu le recevoir estoient censez l’avoir receu dans le desir qu’ils en avoient. […]  Pour ce qui regarde ceux qui meurent dans le cours de la penitence qui leur a esté imposée, nous ordonnons qu’on ne les prive pas de la communion de l’Eglise, mais qu’on reçoive les offrandes qu’on fera pour eux, parcequ’ils ont honnoré la penitence. […] On se repose sur l’absolution qu’on en reçoit, & on n’a presqu’aucun soin de s’en corriger.

15. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Comment donc pouvez-vous mettre au rang des saintes puissances du Ciel ces Dieux qui se plaisent à recevoir un culte, qui rend indignes parmi vous ceux qui le rendent, d'être mis au nombre des Citoyens Romains ? […] Si vous avez eu honte de recevoir ces sortes de personnes dans votre ville pour être vos concitoyens, à plus forte raison cette sainte Cité ne reçoit point ces sortes de Dieux: C'est pourquoi si vous désirez d'avoir part à la félicité de     cette bienheureuse Cité, fuyez la compagnie des Démons. […] Nous imitons en cela celui qui payerait d'une injure le plaisir qu'il viendrait de recevoir, et qui percerait le visage et le cœur de celui qui lui se ferait des caresses. […] Quiconque vit bien et ne se laisse pas emporter aux tempêtes du temps, montre qu'il attend cette gloire, et qu'il mérite de la recevoir. […] L'Eglise est vide en peu de temps, et en moins de temps encore le lieu qui reçoit les Spectateurs au Théâtre est rempli.

16. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Ce partage ne se fit pas tout d’un coup, puisqu’Aristote nous dit que la Tragédie ne reçut que tard sa gravité, & ne se défit qu’avec peine du stile burlesque. […] Ainsi la Tragédie reçut toute sa forme & sa beauté de Sophocle, qui trouva un Rival digne de lui dans Euripide. […] La Comédie avoit enfin été reçue à Athenes. […] Quelquefois quand il avoit joué sa Piece on le couronnoit de fleurs, & on le reconduisoit chez lui avec des acclamations ; il reçut même, par un decret public, la couronne la plus honorable que pût recevoir un citoyen. […] Quand les gens du Vaisseau eurent répondu qu’ils savoient des Vers d’Euripide, on leur permit d’aborder, & ils furent reçus avec distinction.

17. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Ce serait une profanation de les recevoir dans cet état. […] « Vous me demandez, dit-il à un Evêque qui l’avait consulté, si cet homme (un Comédien) doit être reçu dans notre communion » : « An talis debeat communicare nobiscum ». […] D’abord il défend de recevoir à la sainte table tous les pécheurs publics, arceantur ab hac mensa, etc. […] S’il n’est permis de rien donner aux Comédiens, comme nous l’avons prouvé, il n’est donc pas permis d’en rien recevoir. […] Il ne peut y avoir de difficulté que sur le gain du théâtre, sa portion aux représentations, sa portion comme Acteur, etc., c’est le fruit du crime, c’est un bien mal acquis, dont il ne doit pas disposer, qu’on ne peut ni lui donner ni recevoir de lui.

18. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

C’est au Collége où la jeunesse reçoit les premiers élemens de Littérature & de Poësie. […] Tels sont les secours, les conseils qu’ils reçoivent. […] Quel malheur pour nous si nous nous obstinions à ne recevoir que des pièces dignes du grand Corneille ! […] On vous a présenté une pièce, que contre votre coutume vous avez reçue sans aller au scrutin, & en présence de l’Auteur.

19. (1705) Traité de la police « Chapitre III. Du Théâtre Français, son origine, et qu’il n’a été occupé pendant plus d’un siècle, qu’à la représentation de pièces spirituelles, sous le titre de Moralités. » pp. 437-438

par la grâce de Dieu Roi de France, savoir faisons, à tous présents et avenir : Nous avons reçu l’humble supplication de nos bien-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eglise de la Trinité à Paris : contenant que comme pour le fait d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion, qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts de faire encore devant Nous, comme autrefois avaient fait, et lesquels ils n’ont pû bonnement continuer, parce que Nous n’y avons pas pû être lors présents, ou quel fait et Mystère ladite Confrérie a moult frayé et dépensé du sien, et aussi ont fait les Confrères chacun d’eux proportionnablement ; disant en outre que s’ils jouaient publiquement et en commun, que ce serait le profit de ladite Confrérie ; ce que faire ils ne pouvaient bonnement sans notre congé et licence ; requérant sur ce notre gracieuse Provision : Nous qui voulons et désirons le bien, profit et utilité de ladite Confrérie, et les droits et revenus d’icelle être par Nous accrus et augmentés de grâce et privilèges, afin qu’un chacun par dévotion se puisse adjoindre et mettre en leur Compagnie ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, cette fois pour toutes, et à toujours perpétuellement, par la teneur de ces présentes Lettres, autorité, congé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Saints comme de Saintes qu’ils voudront élire, et mettre sus toutes et quantes fois qu’il leur plaira, soit devant Nous, notre Commun ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, et d’eux convoquer, communiquer, et assembler en quelconque lieu et place licite à ce faire, qu’ils pourront trouver en notre Ville de Paris, comme en la Prévôté et Vicomté ou Banlieue d’icelle, présents à ce trois, deux ou un de nos Officiers qu’ils voudront élire, sans pour ce commettre offense aucune envers Nous et Justice ; et lesquels Maîtres, Gouverneurs, et Confrères dessus dits, et un chacun d’eux, durant les jours desquels ledit Mystère qu’ils joueront se fera, soit devant Nous, ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, ainsi et par la manière que dit est, puissent aller et venir, passer et repasser paisiblement, vêtus, habillés et ordonnés un chacun d’eux, en tel état ainsi que le cas le désirera, et comme il appartiendra, selon l’ordonnance dudit Mystère, sans détourner ou empêcher : et en pleine confirmation et sûreté, Nous iceux Confrères, Gouverneurs et Maîtres, de notre plus abondante grâce, avons mis en notre protection et sauvegarde, durant le recors d’iceux jeux, et tant comme ils joueront seulement, sans pour ce leur méfaire, ou à aucuns d’eux à cette occasion, ne autrement. […] Denis, et y avaient fait bâtir une grande maison pour y recevoir les Pèlerins et les pauvres Voyageurs qui arrivaient trop tard pour entrer dans la Ville, dont les portes se fermaient en ce temps. Entre autres édifices il y avait dans cette maison une grande salle de vingt-une toise et demie de long, sur six toises de large, élevée du rez de chaussée de trois à quatre pieds, soutenue par des arcades, pour la rendre plus saine et plus commode aux Pauvres que l’on y recevait. […] Juillet 1547. ordonna que les pauvres enfants qui auraient père et mère, y seraient charitablement reçus, nourris et instruits dans la Religion et dans les Arts ; de même que les orphelins l’étaient en l’Hôpital du saint Esprit : ainsi les Confrères de la Passion furent obligés d’abattre leur théâtre, et d’abandonner leur salle.

20. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Madame de Nemours  » pp. -

A Madame de Nemours MADAME, Comme il vous a plu être la première cause de l’honneur que j’ai reçu d’un Prince accompli de tant de grâces qu’il ne s’y peut rien ajouter que le désir qu’elles soient perpétuelles : j’ai pensé que vous aurez agréable, Madame, que je vous en remercie très humblement, et offre pour lui donner ce discours, et ces petits vers ; si vous les rejetez, pour être éclos de mon ignorance, recevez-les étant conçus de sa perfection : et que la vôtre me pardonne, Madame, si à l’imitation de ces pauvres qui ne voulaient porter les fleurs aux Dieux, que le Soleil ne les eût rayonnées, je conjure et supplie votre vertu de les éclairer de sa lumière, leur donner l’odeur et la couleur pour les rendre offrande pure et digne de l’Autel ; le respect et la crainte m’en eussent retenuea, sans l’assurance que j’ai prise que vous imiterez ces corps célestes dont l’influence passe sur tous les Eléments, et s’arrête en la terre pour sa nécessité.

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