Où Caton, le plus grand des humains, fait le rôle d’un pédant ? où Cicéron, le sauveur de la République, […] nous est montré comme un vil Rhéteur, un lâche ; tandis que l’infâme Catilina, couvert de crimes qu’on n’oserait nommer, prêt d’égorger tous ses Magistrats, et de réduire sa patrie en cendres, fait le rôle d’un grand homme et réunit, par ses talents, sa fermeté, son courage, toute l’estime des Spectateurs ? […] Je ne m’amuserai pas à le justifier, je vous somme seulement de la part du Public de trouver dans son rôle un seul vers qui sente le pédant. […] J’ai joué, comme je vous l’ai déjà dit, le rôle de Séide dans cette pièce ; M. de Voltaire avait lui-même composé notre Auditoire de gens qu’il avait prié d’apporter un œil connaisseur et critique sur la pièce et sur les Acteurs, plutôt que leurs dispositions à se laisser toucher par les beautés d’un Poème. […] Lekain représentait le rôle de Mahomet avec tout le feu, l’énergie et la dignité qui pouvaient paraître miraculeux dans un jeune homme qui n’avait encore chaussé le Cothurne que trois ou quatre fois pour s’amuser.
Le Philosophe Sans-souci a joué trois rôles dans le monde ; celui d’écrivain n’a pas été heureux. […] Le rôle de Conquérant fut d’abord malheureux. […] Sans-souci pour les intérêts de tout le monde, même pour les loix de l’honneur & de la probité ; mais fort en souci pour ses intérêts ; & par une foule de batailles & de siéges, où il a été tantôt vaincu, tantôt vainqueur, il y a peu de guerres aussi chargées, & peu d’acteurs sur le Théatre qui aient joué tant de rôles, En 1741 traité avec la Baviere, la France & la Pologne, contre la Reine de Hongrie. […] La guerre suivante, pour l’élection du Roi de Pologne Stanislas, ne fut ni moins tragique par le sang qu’elle fit répandre, ni moins comique par les rôles qu’y joua lâ Prusse. […] Le rôle d’Ambassadeur est très-difficile, il faut un homme très-riche, de grande condition & bon politique ; tout cela est rare.
Changez les noms ; ajoutez quelque circonstance, distribuez différemment les rôles, nuancez les caractères, vous ferez vingt pièces de la même étoffe. […] Ce n’est pas la qualité du rôle, c’est la manière de le jouer qui distingue. […] Cela n’arrive jamais dans la tragédie où les rebelles jouent les plus grands rôles, ni toujours dans la comédie, où les amis et les parents donnent de mauvais conseils. […] Mais ces rôles sont nécessaires dans la pièce. Il est vrai, et voilà le désordre du genre dramatique : il impose la nécessité de composer et de jouer des rôles vicieux qu’on ne peut trop ensevelir dans les ténèbres.
Il y avoit un rôle qui convenoit à une Actrice, & un plus brillant, mais moins dans son genre. […] Sa réponse fut toujours qu’elle seroit honorée de jouer dans cette belle pièce, quelque rôle qu’elle fît.
Fourberies, mensonges, faux témoignages, et tout ce qui peut lui servir pour venir à ses fins est mis en œuvre par Laurette : et son rôle est d’autant plus indécent, qu’elle agit toujours, non seulement par le motif d’un bas intérêt, mais encore par une forte inclination pour le mal. Si l’on corrigeait ce rôle de Laurette, si elle paraissait forcée à faire ce qu’elle fait, et qu’elle plaignit ceux à qui elle nuit en détestant la nécessité où elle est de prêter son secours à sa Maîtresse pour une si mauvaise fin, la Pièce serait instructive.
5.° Le rôle de l’amant de la Novice ne l’est pas moins. […] Mais c’est leur rôle, & le dessein de la piece. Mauvaise piece, formée sur un tel dessein de rôles si scandaleux. […] 8.° Le rôle de la mere n’est pas moins défiguré. […] 9.° Il n’y a de bien raisonnable que le rôle de père.
Tout autre qu’un Abbé auroit rempli le même rôle. […] On auroit pu se passer de ce personnage ; mais, mais comme les courtisannes ont une dose de philosophie dont elle se font honneur, ce rôle n’y est point déplacé, & il l’embellit. […] La plupart font regretter les masques des anciens, qui multiplioient les acteurs en chargeant leur visage aussi souvent qu’ils changeoient de rôle. […] L’Auteur distribuera les rôles de sa piece comme il le jugera à propos. […] Si telle étoit en effet l’opinion publique, qui de vous pourroit se résoudre à jouer les rôles de Narcisse ou du Tartuffe ?
Rien ne me satisfait moins que les prétendus Habits de Paysannes qui sont en usage sur nos Théâtres : il vaudrait autant que les Actrices conservassent leurs vêtemens ordinaires ; ils ressembleraient au-moins à ceux d’une condition quelconque : au-lieu que ceux de nos rôles de Villageoises du Théâtre Français ; & ceux de Ninette, Rose, Annette, au Théâtre Italien, ne ressemblent à rien, & nuisent à l’illusion.
Mademoiselle Clairon, qui jouait le Rôle d’Ariane avec tant d’âme & de vérité, reçut un jour dans une de nos Provinces méridionales, un applaudissement bien sincère : dans la Scène où Ariane cherche avec sa Confidente quelle peut être sa Rivale, à ce vers, Est-ce Mégisthe, Eglé, qui le rend infidèle ?
Ce n’est pas seulement dans le sens moral que tout ce monde n’est qu’une comédie, où chacun joue son rôle, se contrefait et se masque, et cherche à en imposer par des apparences de vertu, de probité, de valeur, de zèle, de grandeur, et qu’à la mort tous les hommes, comme les acteurs derrière le théâtre, deviennent égaux, et sont confondus dans la poussière ; cette comédie fut toujours jouée, elle l’est partout. […] Tout y applaudit : avoir bien rempli son rôle, c’est un nouveau lustre à la noblesse.
Leur conduite considérée sous ce double rapport, est un tissu d’excès monstrueux que je réduis à quatre choses : à leur obscénité outrée dans le langage : à leur impiété sans exemple : à leur insolence extrême à l’égard du Clergé : à leur iniquité opiniâtre dans l’infâme choix de leurs premiers rôles toujours scélérats et toujours applaudis.