/ 581
481. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Les Coëffeurs & les Coëffeuses qui voudront s’en rendre l’usage familier, trouveront toute la facilité dans la politesse & le zéle patriotique pour le bien public, dont le Grand César Daillion est rempli, ils abrégeront beaucoup leurs ouvrages, & gagneront au moins une heure de tems, sur chaque tête à coëffer ; tant pis, ils seront moins employés, moins payés ; il faudra moins de Coëfeurs, on y mettra moins de tems. […] Est-ce la partie qu’on coupoit qui pesoit 200 sicles, ou la totalite qu’on croyoit les peser ; quel étoit le poids de ces sicles, qu’on appelloit poids public, poids du Roi ? […] En les arrangeant de mille manieres différentes, en toupet, en boucles, en tresses pendentes, en pointes, en ondes, en couronne, en boudin, en mouton, en marron, à divers étages, comme on voit les Imperatrices & les Dames Romaines, sur les médailles, mais on n’y voit point des hommes dans un attirail si effeminé ; même les Empereurs le plus effeminés, Neron, Commode, Heliogabale contents de la couronne de laurier qui ceignoit leur tête, ne se sont pas ainsi dégradés aux yeux de l’Univers & de la postérité, par un ridicule indigne de la Majesté Impériale. 7° En les poudrant par différentes especes de poudres de plusieurs couleurs, ils se servoient peu de la farine de froment, que nous employons, & que le bien public devroit faire proscrire, puisque la toilette en fait une consommation étonnante ; il n’y a point d’homme ou de femme poudrés à blanc, dont la poudre ne suffit chaque jour pour nourrir un pauvre.

482. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Il brilloit au bal, quelquefois sur le théatre public, & fréquemment sur les théatres de société, qui commençoient à s’établir. […] Il est certain que depuis une maladie qui le mit à deux doigts du tombeau, & son voyage à Siam, en qualité de Sous-Ambassadeur, & sa promotion au Sacerdoce par l’Evêque de Métellopolis, Missionnaire Apostolique, l’Abbé de Choisi converti a mené une vie réguliere ; il a composé plusieurs livres de piété qui ont édifié le public, & font honneur à son esprit & à son cœur, l’Histoire Ecclésiastique, la Vie de David, de Salomon, de Madame de Miramion, Dialogues sur la Religion, Recueil d’Histoires édifiantes, &c. […] Sa vie, qu’on a donnée depuis peu en histoire & en lettres, rapporte qu’elle aimoit si fort le Grec & les antiquités, & avoit tant d’envie de paroître savante, qu’elle fit représenter en Grec les tragédies de Sophocle, auxquelles pour lui faire la Cour on applaudissoit sans les entendre, & auxquelles malgré leur beauté les Dames Suédoises s’ennuyoient fort ; que Meibomius ayant donné au public des recherches sur la musique des anciens, & Naudé ayant écrit sur la danse Grecque & Romaine, elle obligea ces deux Auteurs, qui étoient à sa Cour, de réaliser leurs opinions, & de joindre la pratique à la théorie.

483. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées. […] Ainsi donc, après avoir mis à part, avec l’admiration et tous les égards qui leur sont dûs, l’esprit, le génie et l’art qui brillent dans la satire du Tartufe, et qui ont aveuglé le public sur ses défauts, comme la pompe et les richesses l’aveuglent ordinairement sur ceux des riches, on peut dire que son instruction s’est bornée à donner aux honnêtes gens l’avis qu’on pouvait les tromper sous un masque noir comme sous un masque blanc, ou sous l’habit ecclésiastique comme sous l’habit de laïc ; ce qui ressemble au soin de leur apprendre que les brigands et les voleurs, qui se mettent en embuscade aux coins des édifices profanes, pour surprendre et dépouiller les passants, se cachent aussi derrière les temples, quand ils croient y être plus avantageusement placés ; or, l’on n’attendait pas après une telle révélation ; tout le monde en conviendra ; donc la plus savante, la plus ingénieuse attaque dramatique a été dirigée contre un moulin à vent.

484. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Le Roi de Prusse, aussi bien que l’Eglise Catholique, ordonne la publication des bans & la bénédiction du Ministre devant des témoins, deux conditions nécessaires pour empêcher la clandestinité, chose la plus opposée à la nature d’un état que tout doit rendre public dans la société pendant toute la vie, publication d’ailleurs nécessaire pour découvrir les empêchemens du mariage, instruire les personnes intéressées à s’y opposer, à mettre en sûreté les hypotheques des créanciers. […] Rien certainement n’est moins sacré, moins public, moins annoncé, moins exposé aux yeux de témoins irréprochables, comme il l’exige, & la bénédiction, que la copulation allemande.

485. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Il est bon pour la tranquilité publique & le maintien de la subordination, que la conduite des princes demeure couverte de nuages. […] Un autre secret du Machiavélisme, c’est d’amuser les peuples par des spectacles, pour les distraire sur les malheurs publics, ce qui procure par-tout tant de protection à Thalie.

486. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Mes chers frères, vous avez fait profession publique de renoncer au démon et à toutes ses pompes : vous y avez, dis-je, renoncé non seulement en présence des hommes, mais aussi devant les Anges, qui ont eux-mêmes écrit les paroles que vous avez prononcées. […] Faites en sorte qu’après un renoncement si solemnel et si public, il ne retrouve plus en vous ses œuvres ; et qu’il ne vous r’engage plus sous sa tyrannie.

487. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Cependant il est bon de desabuser le public, & d’asseurer les personnes de tous les Ordres, que les plus florissans Estats de la Grece, ont estimé la Dance non-seulement comme une qualité galante & de bonne grace dans les particuliers, mais qu’ils l’ont encore fait passer pour une vertu Politique, pour un talent Royal, & qui pouuoit decider du merite des pretendans à la domination. […] Toutefois suposant aussi que la plus grande partie de ceux qui entreprenent les Balets, ne sont ni Musiciens ny Poëtes, il ne sçauroit estre qu’utile pour eux & pour le public, de toucher icy quelque chose de la veritable beauté des airs. […] Ie ne parle pas non-plus des autres Instrumens, pour les rejeter & pour les exclure des divertissements Royaux & publics. […] Ie ne veux pas forcer ny la mode ny le temps ; ny mesme m’étendre sur les belles manieres de la Dance publique & domestique, où les deux sexes ont droit d’agir & de paroistre. […] Cette division à mon sens ne convient point trop mal à nos deux manieres de Dance, à l’ordinaire ou à la commune dans les Bals publics & particuliers, & à la forte ou à l’extraordinaire, telle qu’on la pratique dans les Balets.

488. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

Ils feroient de plus grands efforts pour soutenir l’action théatrale, & ils y gagneroient, ainsi que le public.

489. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Il est inutile d’en dire davantage ; en continuant d’éxaminer cette Pièce si bisare, je craindrais à la fin de perdre le sang froid, la gravité nécessaire à l’Auteur d’un Ouvrage, tel que celui que j’offre au public.

490. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Aura-t-on de la peine à croire, que long-tems avant cet Auteur, on ne se soit joué dans des couplets malins de ceux qui méritaient la risée publique, ou dont le mérite éxtiait l’envie ?

491. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

L’ambition, l’orgueil, l’amour, la haîne, la fureur, qui agitent les Rois, déchirent pareillement l’ame du dernier Citoyen ; mais les transports où le livrent ces diverses passions ne sont point si terribles & n’éxcitent point tant la curiosité publique.

/ 581