Il faut qu’elle soit déclamée dans le sanhédrin, où l’on juge si elle peut être exposée au public ou non, c’est-à-dire, si on a lieu d’espérer que les spectateurs se sentiront fortement affectés des sentiments passionnés que le poète se propose d’exciter.
Marchons sur les traces des Grecs qui avoient en si grand honneur les Spectacles, qu’ils les regardoient comme une partie essentielle de l’administration publique. […] « La Jeunesse de Rome ne souffrit point que ce genre de Comédie fût souillé par les Acteurs publics. » Juventus ab histrionibus pollui non Passa est.
Aristophane, un de ces Génies, heureusement très-rares, parce qu’ils sont très-dangereux, Génies qui sachant assaisonner d’un sel fin, les choses les plus grossieres, savent faire rire à la fois la canaille & les gens d’esprit, entreprit de rendre utile, non pas aux mœurs, mais au Gouvernement public, une Comédie si folle & si obscéne. […] Il en estimoit une surtout, que ses Amis l’ont sagement empêché de rendre publique.
Les ministres, livrés à eux-mêmes, seront bientôt connus par un public pénétrant. […] L’impunité leur est acquise, les mesures répressives ne sont pas même proposées pour punir le vol fait à la chose publique ; des procès insignifiants sont intentés pour la forme, ils s’éteignent avec le temps, et se terminent pour ainsi dire à l’amiable, tandis que les grands complices du brigandage se partagent tranquillement les dépouilles du peuple.
La seconde ne concerne que les divers amusemens de quelques particuliers, dont les chaudes & vives imaginations, se sont faits divers ébats mysterieux ; tantôt sous le voile de Religion, tantost sous un pretexte de Politique, souvent par une pure ostentation, quelquefois par exemple ou par occasion, mais toûjours pour divertir le public, dont la joye estoit pretieuse, & passoit pour le seul bien universel & approuvé de la raison & des sens.
qu’on applaudisse de toute sa force, et qu’on attire l’applaudissement de tout le public à l’ambition, à la gloire, à la vengeance, au point d’honneur que Jésus-Christ a proscrit avec le monde ?
« Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des spectacles publics où les pères et mères ont l’imprudence de les conduire.
pour autant qu’ils ne pouvaient donner au peuple chose, qui lui fût plus agréable, que de leur représenter et exhiber des comédies, tragédies, spectacles, et jeux publics.
Le Public n’a pu là-dessus se conformer à votre ami. […] Dispensez-moi d’en faire l’application dans des exemples, cela n’est que trop public. […] Quoiqu’il en soit, ils sont toujours exclus des Charges publiques, l’Eglise les regarde et les traite comme des Excommuniés, et le Public comme des Infâmes. […] Et d’où vient ce scrupule, si ce n’est de l’infamie dont ils sont notés dans le Public. […] Il y en a même un qui a dit en Chaire, qu’elle méritait le feu, et que l’Auteur devait en faire une pénitence publique.
Les Grands Poëtes Tragiques d’Athenes avoient en vue dans leurs Piéces les affaires publiques. […] Je me borne à exhorter ceux qui travaillent pour les Spectacles qu’ils trouvent établis dans une Ville, à avoir toujours en vue l’utilité publique : leur Art seroit très-méprisable, s’il n’avoit pour objet que l’amusement. […] Je n’y ai jamais prétendu justifier les Représentations publiques. On dit ordinairement qu’elles sont nécessaires pour occuper une multitude de Citoyens oisifs, & que si dans une grande Ville, il n’y avoit point de Plaisirs publics, il y auroit plus de crimes secrets. […] Saverio,5 que le Théâtre puisse être jamais une Ecole publique pour les Peres de Famille, les Enfans & le Peuple.
L’histoire Romaine est pleine de ces ridicules et impies dévotions, vouées dans les calamités publiques, dans un jour de bataille, au siège d’une ville ; les Vestales même y avaient un rang distingué. […] Il est pourtant vrai que cette consécration religieuse ne dura pas toujours ; ce ne fut que dans les premiers siècles, où l’on n’avait à Rome que des théâtres mobiles, qu’on dressait à l’occasion de quelque fête publique, pour donner des jeux à l’honneur des Dieux. […] Malgré son autorité, Pompée fut fort blâmé, et peut-être aurait-il tôt ou tard reçu quelque affront ; mais, comme nous l’avons dit, il s’avisa d’y bâtir un temple à Vénus et de le lui consacrer : « Pompeium à majoribus incusatum quòd mansuram theatri sedem posuisset. » Cette innovation de Pompée paraît à Tacite l’époque de l’entière dépravation des mœurs, par le goût et l’habitude du théâtre qu’elle inspira, l’occasion et la facilité qu’elle donna de rassembler et d’étaler au public tout ce qui était le plus propre à le corrompre : « Abolitos paulatim patrios mores funditus everti per accitam lasciviam, ut quodcumque corrumpi, et corrumpere queat, in urbe videatur degeneretque juventus gymnasia, et otia et turpes mores exercendo. » Je ne sais pourquoi on n’a pas craint dans plusieurs collèges d’imiter cette innovation de Pompée, en y construisant des théâtres à demeure, comme si ce n’était pas assez d’en élever dans l’occasion, quand on voulait donner quelque pièce.