Si ce que je dis est fondé sur de bonnes et de solides raisons, il faut nous contenter de choses purement naturelles, mais extraordinaires ; et choisir en nos Héros des actions principales, qui soient reçues dans notre créance comme humaines, et qui nous donnent de l’admiration comme rares et élevées au-dessus des autres.
Si Sa Majesté donne des pensions aux Comédiens, & les soumer à la jurisdiction de quelques-uns de ses principaux Officiers, c’est pour que les amusemens de ses Sujets soient plus réglés & moins dépendans des caprices de la Troupe ; c’est pour en écarter les abus, qui se glisseroient dans un Spectacle sous l’autorité du public si facile à éluder ou à usurper ; c’est pour que la Troupe sente mieux l’étendue de ses devoirs, & ait moins de prétextes de s’en affranchir.
Par cette courte description on sent combien ce Colisée mérite d’être vu ; mais son étendue qui fait sa principale beauté, a des inconvéniens ; si l’on se perd une fois de vue, on a de la peine à se retrouver, & la peine augmente à proportion du concours.
J'en trouve deux principales qui méritent d'être examinées, et qui m'obligent à reprendre cette matière de plus haut.
Agenor, la Reine et Astrate, qui sont les principaux Acteurs de la Pièce, sont tous les trois amoureux ; leur conduite est si folle, qu’ils ne méritent pas moins que les Petites-Maisons.
Je ne la crois pas impossible avec le temps et la persévérance à écarter graduellement toutes les causes principales de désordres, indiquées dans cet écrit et dans plusieurs autres sur le même sujet. […] Pour dissiper parfaitement et sans retour les anciens préjugés existants contre cette profession diffuse et disloquée, et en ennoblir les fonctions, donner toute considération à ceux qui les exerçent, et les mettre dans la seule situation propre à en remplir dignement le plus important objet, en un mot, pour arrêter dans sa principale source le mal que les spectacles font, je ne crois pas qu’il y ait de moyen plus naturel et plus sûr que d’affilier ou aggréger l’école théâtrale au grand corps d’instruction et d’éducation nationales, à l’université, qui doit en effet toujours être le centre, former l’unité de toutes les écoles publiques de morale.
Les articles 29 & 35 des statuts de l’Université portent expressément : Afin d’ôter aux Ecoliers l’occasion de se détourner de leurs études, ou de se porter ou mal, que tous les Comédiens soient chasses du quartier de l’Université, & rélégués au-delà du Pont ; que les Principaux & Modérateurs des Colléges prennent bien garde qu’on ne représente ni tragédie, ni comédie, ni fable, ni satyre, ni autres jeux, en Latin ou en François, ces exercices dramatiques étant très-dangereux pour les mœurs. Le célèbre Garde des Sceaux M. du Vair avoit prévenu l’Université, & dès l’année 1616, qu’il fut élevé à cette dignité éminente, il fit défendre aux Principaux & aux Recteurs des Collèges les représentations des comédies & tragédies, & ordonna que pour former les jeunes gens à l’art de la prononciation, on ne s’éloigneroit pas des usages des anciens Recteurs.
On remarquera qu’il avoit déjà composé ses principaux chefs-d’œuvres quand il exposoit ces réflexions, fruits de son expérience & de ses travaux. […] J’observerai à l’égard de cette Tragédie une chose qu’on doit appliquer à toutes celles du même Auteur ; c’est qu’il est faux qu’elles doivent à l’amour leurs principaux ornemens. […] La dernière défaite de Mithridate, les principales actions de sa vie ramenées habilement & fondues dans la Pièce, l’invasion qu’il projette, sa haîne implacable contre les Romains, secondée par son fils Xipharès, les liaisons de Pharnace avec ces mêmes ennemis, & la trahison de ce Prince, la puissance & la fierté de Rome, les victoires de ses généraux, forment dans cette Tragédie un tableau où le Poëte a rassemblé tout ce qui se passoit alors dans l’univers.
Voilà donc la cause efficiente de nos Jeux, dont il appert, que l’honneur de cette invention n’appartient à autre qu’à Satan : Lui aussi, et non autre, en est la première et principale fin, puisque ces jeux, avaient pour but principal, l’honneur, et le service de ce Dieu du monde, qui par telles occasions, et moyens attirait les hommes à toute turpitude, et méchanceté, pour les plonger après en perdition éternelle. […] Sur quoi il se moque plaisamment des Romains, qui tenaient pour service de leurs Dieux, les Comédiens, et détestaient tant les Comédiens, au lieu de les honorer comme Prêtres, et principaux serviteurs des Dieux : Mais je crois qu’il eût pleuré amèrement, aussi bien que son Commentateur VivesLib. 8. cap. 27 ey (lequel quoique de l’Eglise Romaine, déteste l’impiété des Prêtres, qui aujourd’hui permettent de jouer l’histoire de la passion de notre Seigneur) s’il eût prévu, que la même corruption dût entrer en l’Eglise, en la Cité de Dieu, où il s’en voit plus, qu’il n’y en eut jamais entre les Païens.
Ces deux noms sont tirés des caractères de Lovelace et d’Amanda, qui sont l’un et l’autre des personnes d’un rang inférieur par rapport au sujet principal. […] En effet, l’Intrigue et le Dénouement roulent uniquement sur le jeune La Mode, qui est sans contredit l’Acteur principal. […] La troisième unité qui est celle d’Action, consiste en ce que l’action principale d’une Pièce de Théâtre soit une et simple : cette Unité demande qu’une seule personne paraisse visiblement plus intéressée dans l’Action que toutes les autres. Il faut, pour ainsi dire, que toutes les forces du Théâtre se réunissent sous un seul Général ; que les Episodes ou les intrigues de moindre importance se rapportent à la principale ; que tous les Incidents et tous les obstacles servent à quelque chose, et ne paraissent que pour être combattus et surmontés. […] Ce penchant à se retrouver au dehors tel qu’on s’aime en soi-même donne du prix à des ouvrages dont l’amour est le but principal, et engage à les venir entendre.
Ecoutons l’auteur des réflexions sur les principales vérités de la religion, imprimées à Paris chez Charles-Maurice d’Houry, en 1726, in-12.