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21. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Cette loi ordonnait qu’on y modérât la joie dissolue du peuple, et pour y mieux réussir, qu’on consacrât tous ces jeux à la religion : « Ludis publicis popularem lætitiam moderanto, eamque cum divorum honore junquato. […] Vous n’en êtes que plus coupables de les célébrer et de les imiter : les sages Païens n’y croyaient pas plus que vous, et ne les laissaient qu’en rougissant adorer au peuple, vous les leur faites aimer. […] Sortez de Babylone, mon peuple, fuyez ce théâtre, où vous n’entendez que des discours, où vous ne voyez que des exemples de tous les vices. […] Il tourna à la frivolité et à la débauche ce peuple si grave et si vertueux, ce peuple dont la majesté éclipsait celle des Rois, dont l’autorité disposait des couronnes, dont la prudence donnait des lois à l’univers. […] Auguste, qui la connaissait bien, s’en moquait, et regardant ce peuple immense qui remplissait l’amphithéâtre : Les voilà, disait-il, ces hommes faits pour gouverner : « Romanos rerum dominos gentemque togatam !  

22. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Mais, peuple, comme leur joug s’appesantit sur toi ! […] Arrêtons-nous d’abord aux amusements du peuple ; franchissons les barrières qui emprisonnent la cité. […] Pour le peuple !… Le peuple est riche aussi ce jour-là…. […] Mais le peuple reconnaissant envers eux intervient, il a ouvert les portes et prononcé les prières que les prêtres ont refusées.

23. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Claude fit bastir de Marbre les Loges des bestes destinées aux plaisirs du Peuple. […] débauche assez souvẽt pratiquée, & ou le peuple se m’éloit : Si ce n’estoit qu’un combat contre des bestes farouches ou contre des Gladiateurs, on n’y admettoit que des gens de cette infame profession. […] Mais ce qui mit le comble à leur infamie, fut que les plus coupables estoient compris parmy eux comme des Victimes destinées aux plaisirs du Peuple, immolées à leur rage comme à celle des bestes. […] Le peuple mesme, ou du moins les honnestes gens qui se trouvoient aux Spectacles, leur jettoient quelques pieces d’argent. […] Parce que comme ils estoient braues & choisis pour estre comme domestiques & particulierement destinez aux plaisirs des Empereurs, ils estoient demandez par le peuple.

24. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Le Roi se plaît à jouir des mêmes spectacles que son Peuple. […] Après chaque Spectacle, les Romains exposoient aux yeux du peuple une Actrice toute nue ; cet usage s’étoit-il introduit par les Comédiens où par les Romains ? […] Sans cette sage politique le Peuple n’auroit jamais quitté le Théatre. […] Chez les peuples qui ne s’habillent point la nudité n’excite aucun désir. […] Tout le Peuple à ces traits reconnut César, & jetta les yeux sur lui.

25. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

L’émulation était si grande entre ces deux Acteurs, qu’Auguste, a qui elle donnait quelquefois de l’embarras, crut qu’il devait en parler à Pylade, & l’exhorter à bien vivre avec son concurrent, que Mécène protégeait : Pylade se contenta de lui répondre, « Que ce qui pouvait arriver de mieux à l’Empereur, c’était que le Peuple s’occupât de Bathylle & de Pylade. » On croit bien qu’Auguste ne trouva point à propos de repliquer à cette réponse. […] L’extrême passion que le Peuple & les personnes du plus haut rang avaient pour ce Spectacle, donna lieu de tramer des cabales pour faire applaudir les uns plutôt que les autres, & ces cabales devinrent des factions. […] Le Peuple se partagea donc aussi, & toutes les factions du Cirque dont il est si souvent parlé dans l’Histoire Romaine, épousèrent des Troupes de Pantomimes. […] Il falait avoir recours à un expédient triste pour le Gouvernement, qui ne cherchait que les moyens d’amuser le Peuple, en lui fournissant du pain, & en lui donnant des Spectacles ; mais cet expédient devenu nécessaire, était de faire sortir de Rome tous les Pantomimes. […] Il arrivait même que le Peuple, fatigué de ses propres desordres, demandait l’expulsion des Pantomimes ; mais il demandait bientôt leur rappel avec plus d’ardeur.

26. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

La nature étant la même par-tout, & dans tous les hommes, savans & ignorans, grands & petits, peuple & non peuple, il n’était pas possible qu’avec le tems, les Spectacles n’eussent pas lieu dans la société humaine : mais de quelle espèce devaient-ils être, pour faire la plus grande impression de plaisir ? […] Le premier Spectacle convient à un Peuple guerrier, c’est-à-dire destructeur ; l’autre est vraiment un art de la paix, puisqu’il lie entr’eux les Citoyens par la compassion & l’humanité. […] La plupart des Peuples polis, ne goûtent plus que les Spectacles mensongers qui ont rapport à l’âme, les Opéras, les Comédies, les Tragédies, les Pantomimes. […] L’Histoire Romaine est encore remplie de faits qui prouvent la passion démesurée du Peuple pour les Spectacles, & que les Princes & les Particuliers fesaient des frais immenses pour la contenter. […] Un Peuple de Héros punissait d’une mort cruelle ses Prêtresses qui s’étaient oubliées, parce que le salut de la République dépendait de leur pureté.

27. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Louis, & tant d’autres, ne se montroient-ils pas au peuple sans théatre ? […] Tous le peuple dramatique en fut choqué, & cria contre le Prélat. […] Les vices du peuple ont pénétré dans le sein des plus illustres familles. Ce sont plutôt les vices des Grands qui corrompent le peuple. […] est-ce le peuple ?

28. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Trop simples pour examiner, trop respectueux pour contredire, les Peuples crurent tout. […] Non : ce sera la grandeur du Peuple. […] ô pauvres Peuples, qu’aviez-vous fait au Ciel, pour naître dans ce siècle de fer ! […] Voila ceux qui chez les aveugles Sectateurs d’Omar & d’Ali, font profession d’amuser le Peuple. […] Le Peuple fondait en larmes.

29. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

L’argent ne manquera point pour ces folles dépenses : les peuples sont dans la misere, & on prodigue des sommes immenses pour dotter magnifiquement des spectacles, auxquels la Réligion & la vertu défendent de se trouver. […] comme autrefois Antoine montra au peuple Romain la robe déchirée & ensanglantée de Jules César. […] Avec cette différence que ces peuples sont sauvages, qu’ils ne font mourir personne, & que ce peuple si célebre par ses Loix, ses vertus, sa sagesse, y faisoient périr des milliers d’hommes, & pire que les barbares s’amusoient de cette boucherie, à la mort, aux funérailles, au mariage, à la naissance des enfans, &c. […] Chaque peuple s’en est fait selon son génie, où même les hommes par les yeux & par les oreilles, comme par le cœur & par l’esprit. […] Il y a à chacun une chaire élévée & des Prédicateurs vont tour-à-tour, matin & soir, nuit & jour, prêcher au peuple, & chanter les louanges du Saint.

30. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VII. Est-il de la bonne politique de favoriser le Théâtre ? » pp. 109-129

Qu’a-t-on à craindre en France d’un peuple toujours soumis et attaché à ses maîtres, qui paie tous les impôts sans résistance ? […] Les Empereurs Trajan, Alexandre, les Antonin, n’y allaient que par cérémonie, ne les toléraient que pour ne pas choquer le peuple. […] Les Romains allaient toujours nue tête, et ce peuple guerrier était endurci à tout, et s’en faisait gloire. […] Il faut être quelquefois insensé avec le peuple, pour modérer la folle joie : « Paulos ratio capit expedit interdum desipere. […] Le peuple les avait maltraités, un d’eux avait été tué.

31. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Mais, Monsieur, quelle autre école plus familiere au Peuple, avons-nous des mœurs, que le Théatre ? […] 3.° Il faut des Spectacles pour le Peuple. […] Ceux qui avancent qu’il faut de tels amusemens pour le Peuple, entendent par ce mot Peuple, la Populace ou la lie du Peuple. […] Certes, on ne représenta jamais à Lacédémone, à Athenes, à Rome, les infamies auxquelles le Peuple peut, chez nous, courir en foule. […] L’heureuse influence du Théatre sur tous les Peuples qui l’ont connu, prouve assez son utilité.

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