Je commencerai par la seconde loi du Code Théodosien touchant les spectacles, qui est attribuée aux Empereurs Gratien, Valentinien, et Théodose : « Nous vous avertissons avant toutes choses, que personne ne transgresse la loi que nous avons donnée il y a longtemps, en détournant le peuple de la piété par quelque spectacle » ; l. 2.
par une Ordonnance de l’an 789. les mit au nombre des personnes infâmes, et auxquelles il n’était pas permis de former aucune accusation en Justice.
Renfermées dans leurs maisons, elles reçoivent ceux qui viennent ; mais ne vont chercher personne, ne s’étalent point sur un théâtre, ne paroissent dans les rues que très-modestement couvertes. […] Elle prostitue la gloire comme Laïs prostituoit sa personne, & Apellés ses crayons à tout ce qui ne mérite que le mépris. […] Les Chapitres 13 & 14, couvrent de ridicule un des abus de la peinture ; c’est d’adresser la parole à des tableaux, des statues inanimées, comme si c’étoit des personnes vivantes ; tant, il est vrai, que les images entretiennent la passion jusqu’à s’épencher en vains discours, à des actes sans vie, qui ne peuvent ni leur répondre, ni les entendre ; non erubescit loqui cum ille qui est sine animâ, il demande la protection d’un bois mort, pro vila rogat mortuum ; car ils ont des yeux, & ne voient pas ; des oreilles, & n’entendent pas ; des pieds, & ne marchent pas ; des mains, & ne touchent pas ; une bouche, & ne parlent pas. […] Si ces amans savoient que la personne qu’ils aiment entend derriere la tapisserie les discours qu’ils tiennent à son portrait, ils seroient fondés à les tenir ; mais pensent-ils qu’elle les entend ?
Les serments ne leur sont pas moins familiers que ces énormes souhaits : ils partent en toute rencontre de la bouche impie de toutes sortes de personnes ; des gens de condition aussi bien que de la canaille, des braves aussi bien que des lâches : l’amour ou la haine, le bon ou le mauvais succès, le sang froid ou l’emportement ne sont jamais représentés sans quelque jurement qui soit comme l’âme et le coloris du tableau. […] Et que personne ne se méprenne ici à ces espèces de ménagements : le principe en est trop visible pour qu’ils fassent illusion. […] Le Fourbe n’est pas épuisé, Cynthie, Personne de haut parage devient pensive ; et répond à la question qu’on lui fait sur sa rêverie. […] son impatience va loin, il est vrai ; mais le caractère de la personne, la nature et l’occasion de son supplice sont des circonstances qui rendent ses plaintes comme naturelles et ordinaires, quelque outrées qu’elles paraissent : la violence de sa passion, la force de son tempérament et la grandeur de son courage ne pouvaient guère manquer d’ajouter de l’énergie et de la véhémence à ses discours.
Les Grecs le pratiquèrent ainsi, lors qu’ils représentaient sur les théâtres la vie des Héros par des personnes consacrées aux Dieux, et qui par cette action, se donnaient l’entrée aux plus grandes charges de la République D.
Toutes les personnes distinguées de la cour & de la ville y étoient en habits de différens caracteres, analogues aux personnages qu’elles devoient représenter. […] Le gazetier évalue le dégât à trois millions, sept personnes y périrent ; il en périt plus de cent à Amsterdam. […] Ce journal ajoute, il est arrivé à Perouse, le dernier jour de carnaval, un accident encore plus tragique, le toît du théatre s’écroula au milieu de la représentation, où se trouvoient plus de quatre cens personnes dont plusieurs ont été écrasées. […] Les assemblées de danses sembleroient au premier coup-d’œil n’avoir rien de dangereux pour les mœurs : mais si on les considere sous tous les rapports de vice, corruption, de scandale, dont elles peuvent être la source ; si des dangers de la licence, dont elles sont le prétexte, on passe à la qualité, à l’examen de la vie & de la conduite des personnes qui les goûtent ou les fréquentent, comment ne pas s’effrayer pour les mœurs du concours de tant d’ames viles ou corrompues ? […] M. de Saint-Lambert s’est servi du pinceau licencieux de la poësie pour étaler l’infame spectacle de l’anatomie des peintres dans le cadre de l’histoire de Campargue, que personne ne connoissoit, comme Saint-Foix dans le sables de Pigmalion, Deucalion & Pirrha.
Jamais on n’a vu à Salenci ce rafinement de poësie & de musique : on ne connoît pas même dans le monde cette maniere antithetique de s’entretenir, où plusieurs personnes qui chantant & pensant tout-à-la sois, ne devroient point s’entendre, se combattent & s’accordent par les idées & les consonnances. […] Le Curé n’est point invité comme à Salenci, quoique personne ne doive mieux connoître le mérite des sujets. […] Dans chacune sera le nom & surnom de la personne qui l’aura obtenue.
C’est même la seule personne qu’on trouve dans l’histoire envoyée en cette qualité par des rois, même par des reines, comme Elisabeth, Christine, &c. à l’exception de la maréchale de Guebriant, qu’Anne d’Autriche, mere de Louis XIV, envoya en Pologne. […] Personne ne la lui disputa, quoique bâtard : ce fruit du crime ne tenta point les parens, gens de bien & d’honneur ; & sans doute le pere n’eût point souffert que son fils en fût privé. […] Ce prince que personne n’égaloit en magnificence & en galanterie, avoit voyagé dans toutes les cours de l’Europe, & par-tout s’était rendu célebre par ses exploits.
Voila ce qui peut concerner sa personne. […] Car il étoit alors personne publique au dessus de tous les interests domestiques, Pere seulement de la Patrie, Romain, Triumphant, & rien plus. […] La premiere concerne le nom : la seconde, les personnes.
Déjà ils ont été introduits dans des sociétés analogues à leur condition, c’est-à-dire dans des cercles bourgeois, parmi des personnes simples et unies, chez qui la bonhommie n’exclut ni la délicatesse de sentimens, ni l’instruction. […] Aussi les voit-on, vous dis-je, disputer au théâtre, d’intelligence et de hardiesse avec les personnes faites. […] Pour les jeunes personnes du sexe, l’Enfant Jesus est un meilleur asyle que l’école d’Audinot.
Ce qui est différent du théatre, où on ne court, ni ne combat, ni ne dispute le prix à personne. […] Qui a donc pû persuader à une poignée d’hommes oisifs & vicieux, embarrassés de leur loisir & de leur personne, blasés, dégoûtés & languissans par leurs excès, & leur donner la confiance de s’imaginer qu’ils persuaderoient au monde, ce que leur propre expérience & celle de tous les siecles dément, qae le théatre est le souverain bonheur, le centre du plaisir, l’unique félicité de la vie ?