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297. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Je vois bien, dit Cyrus, que vous avez dans ces loix plus connu la nature que Lycurgue. […] Je ne pouvois changer leur nature. […] Elle avoit pour chef un de ces hommes rares sur qui la nature semble vouloir essayer ce qu’elle peut produire de plus parfait. […] Un des plus forts génies que la Nature ait produit(peut-on porter plus loin l’aveuglement de l’enthousiasme ?)

298. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Un des points de la conversion de Louis XIV avoit été de se retirer des spectacles, mais la nature repousse toujours, son Apôtre l’y réplongea, sous prétexte même de piété, & l’introduisit dans le lieu saint où jusqu’alors il étoit inconnu, elle fit construire un théatre à St. […] Quelques vers du Marquis de la Faré, qu’on trouve à la suite des Poésies de Chaulieu son intime ami & son compagnon de débauche, n’ont d’autre mérite que le libertinage & l’irréligion, il les appelle lui-même présens de la seule nature enfantement de mon loisir  ; dans son Ode à la paresse sa bonne amie ; mais c’est un grand mérite, il a fait dire par un Poëte sous le nom d’Apollon : je chantois, la Fare écrivoit . […] Sa conduite étoit l’original que peignoient ses crayons ; Épicurien déclaré & Philosophe voluptueux qui ne modéroit la vivacité de ses passions & l’excès du plaisir, que pour le mieux goûter & en jouir plus long-temps, prétendoit que tous les hommes devoient plutôt suivre les mouvemens de la nature, que les réflexions de la raison qui jettent l’homme dans des égaremens aussi dangereux que ceux des passions . […] L’arrangement de quelques vers est fort au-dessous des calculs algébriques du Philosophe Anglois, qui semble tenir de l’infini ; tout cela fut-il égal, l’objet de la nature mettra toujours une distance infinie entre le théatre & la philosophie, Horace & Cinna & le livre sublime de ses principes ; un homme sage n’y sera point embarrassé dans le choix, il n’aura garde de le montrer, une perplexité aussi peu sensée le rendroit indigne d’avoir à choisir .

299. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Car quelque insensé que l’on soit, on a néanmoins assez de courage pour ne pas craindre la mort ; parce qu’on la regarde comme un tribut dû à la nature : mais pour le plaisir, l’attrait est si puissant, que les plus sages n’en sont pas moins frappés, que les fous ; parce que le plaisir fait le plus doux charme de la vie pour les uns et pour les autres. […] Or comme ces deux espèces d’idoles sont d’une même nature, d’autant que les morts et les dieux sont même chimère, nous nous abstenons également de l’une et de l’autre idolâtrie. […] Du reste nous avons déjà dit en parlant des lieux, où se donnent les spectacles, que ces lieux ne nous souillent pas par eux-mêmes ; mais par les choses qui s’y passent : parce que ces actions étant infâmes de leur nature, font rejaillir leur infamie sur les spectateurs. […] Esprit en nous par notre tranquillité, notre douceur, notre modération, notre patience ; parce qu’il est de sa nature un esprit tendre, et doux : il nous défend au contraire de l’inquiéter par nos fureurs, par nos emportements, par nos colères, par nos chagrins.

300. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Avant d’entrer dans les règles que je vais établir, voyons d’abord de quelle nature est l’intrigue des Drames qu’on joue actuellement au Spectacle moderne. […] Il est dans la nature que Marcel chante ce couplet, en s’adressant aux Acteurs qui sont sur la Scène, & qu’il les prie de lui accorder leur pratique, puisqu’il en est même deux qui viennent le faire travailler.

301. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Que d’autres exemples de même nature on peut ajoutera ceux-là ! […] Si le ressentiment et le délire de ceux que la philosophie a depouillés d’injustes priviléges, et d’une supériorité contre nature, qu’ils ne peuvent plus réclamer désormais raisonnablement, leur permettaient d’être justes, ils remonteraient à cette source féconde de dissolution, à cette véritable cause du mépris des autorités respectables, et de la révolte des inférieurs contre leurs supérieurs naturels et légitimes, ici directement et positivement avilis. […] On y voit quelque chose de précieux par dessus tout : on y voit que les passions seraient le plus sagement contenues ; que les goûts dépravés, que toutes les licences corruptrices, seraient le plus rigoureusement réprimés ; que les fables dangereuses, bien que piquantes, comiques ou pathétique seraient rejetées, et, par conséquent, que la morale pourra être mise en sûreté ; sans que les sociétaires et autres bien intentionnés puissent avoir à se plaindre, puisque la censure sera exercée dans la meilleure forme possible, par leurs pairs assemblés ; lesquels pourraient aussi mieux apprécier alors cet axiome : Naturam repellas furcâ, usque tamen recurret ; et faire une plus sage ou plus profitable distinction, 1° entre les vices inexpugnables de nature, qu’on ne peut que contenir, et les vices de civilisation qu’il faut combattre franchement, comme le courageux Alceste le fait dans les faquins et les intrigants, qu’il désigne ; 2° entre les travers d’esprit, les ridicules et les préjugés susceptibles d’être corrigés actuellement par le théâtre, et ceux qui doivent être encore respectés, ou corrigés par des moyens plus doux, à cause de leur adhérence à des parties délicates de la morale, à des vertus que l’action trop violente ou trop prolongée du premier remède détruirait avec eux.

302. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Porée est un homme sage, ferme & modeste, qui examine d’abord en Métaphysicien, comme les Théologiens scholastiques, si dans la spéculation le théatre envisagé dans sa nature comme la représentation d’une action humaine, ne peut pas être tourné au bien, & devenir une école de mœurs, comme l’histoire qui rapporte ces actions, la peinture qui les met sous les yeux, la philosophie qui en raisonne, la poësie épique ou lyrique qui les chante (c’est l’abstraction métaphysique de S. […] L’un & l’autre peut être dans la spéculation une école de vertu, l’un & l’autre dans la réalité est une école du vice, indifférens par leur nature, & très-pernicieux par notre faute. […] Tel fut le crime du chef inimitable des Auteurs & des Acteurs comiques, Moliere, aussi grand par l’art que par la nature, mais aussi vicieux par tous les deux, nuit autant qu’il excelle ; car le meilleur maître, s’il enseigne le mal, est le pire de tous les maîtres.

303. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Il est bien des sortes de tableaux : la prose est moins vive que la poésie ; l’harmonie, la mesure, la hardiesse des images, des figures et des inventions rapproche plus de la nature ; la peinture, plus frappante que la poésie l’est moins que la sculpture, qui rend la figure au naturel. […] Qu’ils peignent toutes les passions, à la bonne heure ; ils les sentent, ils y sont livrés, leur cœur en est le premier théâtre, de l’abondance du cœur la bouche parle, la nature agit et tient le pinceau ; les intrigues, les galanteries font tout le tissu de leur vie ; ils font sur la scène ce qu’ils font ailleurs. […] Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant ; Mais la nature est vraie, et d’abord on la sent. » Dans les pièces de Communauté, où les Acteurs sont communément des gens de bien, on sent qu’il leur en coûte de remplir les rôles de scélérat ; la vertu, timide et déconcertée, ne s’y prête qu’à regret.

304. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIII. De l’éducation des jeunes Poëtes, de leurs talents & de leurs sociétés. » pp. 204-218

La nature proportionne si bien les êtres, qu’ils semblent tous faits l’un pour l’autre.

305. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

C’est surtout à l’occasion du Théâtre que l’on voit régner aujourd’hui le désordre prédit par Saint Paul : la saine doctrine devient importune, on la rejette avec mépris, & l’on choisit en sa place des maximes agréables ; on prend pour guides des maîtres dont les idées sont plus assorties au penchant de la nature.

306. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

A présent tout s’y trouve conforme au génie délicat du siécle ; les portraits sont tirés d’après nature, il régne dans toute la piece une illusion séduisante ; le cœur qu’elle a le don d’intéresser, se suppose volontiers en la place des interlocuteurs, & puise des vices réels dans le spectacle des passions imaginaires.

307. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

S’il n’est pas tout cela, qu’il se retire ; qu’il descende à d’autres emplois ; celui qu’il s’arroge est trop sublime, il n’est fait que pour les favoris de la Nature].

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