/ 374
246. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Le plaisir que nous procure une action théatrale naît de l’intérêt, vous en convenez dans votre ouvrage. […] Prédicateur du genre humain, vous vous croyez seul appellé à cette importante fonction : vous pensez que tous ceux qui se mêlent d’instruire sont ennuyeux, toujours en vous exceptant de cette loi commune, à laquelle vous soumettez tous les autres. […] Sujets à s’égarer, ainsi que les autres hommes, leurs plus fréquentes erreurs naissent de la jalousie de leurs rôles ; jalousie qui les aveugle, parce qu’ils sont sujets à confondre l’ambition déréglée avec l’émulation que produit l’amour du talent, mais ces querelles peu importantes n’étouffent point en eux les sentimens de l’humanité : ils s’imposent volontairement l’obligation de s’aider mutuellement.

247. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Après tout, les jeunes gens, encore plus que les autres, devraient s’interdire des divertissements où l’on expose à leurs yeux d’infâmes portraits, et tracés par des mains habiles : en se permettant ces amusements prétendus, ils risquent de sentir naître en eux des passions qu’on n’étouffe point sans peine, et qu’on ne contente en quoi que ce soit sans crime. […] Cependant les lois de la modestie sont si sévères à l’égard des femmes, que ce leur est presque un crime d’apercevoir trop qu’elles sont mal observées : elles ne peuvent quelquefois témoigner sur cela leur répugnance ni changer de visage, sans qu’il en naisse quelque sentiment désavantageux à leur vertu : pour peu qu’elles paraissent comprendre en ces occasions, c’est dans l’esprit des autres comme si elles avaient part au mauvais discours qui se tient, ou comme si elles dissimulaient mal qu’elles y entendent finesse. […] Sa narration néanmoins est dans la bienséance ordinaire : les sentiments y sont élevés et tendres à la fois ; ils ravissent et touchent ; ils font naître l’admiration et la piété ; et rien davantage.

248. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Il y a pourtant encore une autre indécence de geste, plus recherchée, plus fine, dont on n’est pas absolument corrigé ; elle consiste à accompagner une expression à double sens, d’un mouvement des yeux, des bras, ou du corps, qui fasse naître dans l’esprit du Spectateur, l’idée nondécente exclusivement à l’autre ; il arrive par-là, qu’une Pièce en apparence fort sagement écrite, très châtiée, devient néanmoins dangereuse à la représentation. […] Il serait inutile de s’arrêter à l’idée, que nous pourrions, à l’imitation des Anciens, faire des Tragédies où la déclamation fût modulée : un Drame historique & sérieux, dans notre Musique, qui diffère beaucoup plus de la prononciation commune que celle des Anciens, seroit un monstre, qui pourrait donner de la curiosité, mais qui ne saurait jamais faire naître le plus léger intérêt, parce que jamais il n’en pourrait résulter d’illusion. […] nt L’homme est imitateur : de sorte, que dans la vérité, le Mimisme est lui-même plutôt un don naturel, qu’un art ou un talent. […] Heureux enfans d’être nés dans un Pays, où tout était Fête, Spectacle, moyen d’acquérir de la gloire ! […] Si les Grands, si les Princes ne naissaient que pour eux-mêmes, on aurait raison de leur épargner toute réflexion desagréable ; mais ils sont faits pour la société, & cette société ne doit rien négliger pour se les rendre utiles.

249. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Il fait naturellement naître les plus grandes idées ; il s’empare de l’imagination, & semble garantir l’élevation de l’esprit. […] Ces deux excès font également naître des soupçons : un masque qui les épargneroit seroit-il si repréhensible ?

250. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

On tira même de cet éclair de sagesse, & de la gothique simplicité d’une femme soumise & fidèle ; la piece fait même naître des réflexions affligeantes. […] Quels fruits vont naître d’une si mauvaise semence !

251. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

La province n’avoit point alors de théatre, il ne faisoit que de naître à Paris, sous les auspices éminens de Richelieu. […] On ne sauroit vivre sans sentimens, c’est l’aliment du cœur d’une femme : ici tout ressent, tout exprime, tout inspire les plus vifs & les plus délicieux, de toute espèce ; pitié, fureur, langueur, fierté, chaque scène en fait naître.

252. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

Soit qu’il ait reçu quelque ordre de le composer, soit qu’il n’ait écouté que son goût ou son intérêt, cet éloge perpétuel des Grands, souvent avec fadeur, presque toujours avec excès, les met, comme des Divinités, si sort au-dessus des atomes qui naissent dans la foule des êtres, qu’on ne peut les voir qu’avec admiration & frayeur. […] Ce fils d’une tige illustre (une tige a des rejetons, un père a des fils), au lieu du cœur de ses ayeux, ne trouvera au-dedans de lui qu’un cœur qui ne peut pas même l’élever aux vertus d’un homme dans la foule.

253. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Un Episode d’un poëme rempli de saletés a fait naître une pantomime où Dorothée qui en est l’héroïne se défend devant les Spectateurs, avec un art trop approchant de la vérité, contre les empressemens lubriques du Maire de la ville. […] Du mépris pour le sexe naissent l’éloignement de toute galanterie, la brutalité, la haine du mariage, ou si ces gens se marient, dieux !

254. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Un enfant du Marais, au courant du répertoire ordinaire des Théâtres secondaires, n’est point embarrassé aujourd’hui pour raisonner, si l’on veut bien nommer raison les traits que sa mémoire lui fournit ; il y en a même qui n’ont pas d’autre éducation, et dont les parents s’applaudissent d’une intelligence, qui fait naître souvent dans la société des scènes comme Molière en a si bien tracé dans ses comédies des Précieuses ridicules et des Femmes savantes. […] Les comités et les parterres de nos théâtres s’achètent aujourd’hui, voilà ce qui fait… que votre fille est muette, dit Sganarelle, dans le Médecin malgré lui. » Mes deux flâneurs levèrent le siège, et je conclus que l’attrait de la nouveauté a, jusqu’à présent, couvert le déficit qui doit nécessairement résulter des abus nés d’une mauvaise administration, et que l’échafaudage du Gymnase, pour résister au souffle de l’envie et aux caprices du temps, a besoin de bâtir sur un fonds plus solide, afin d’atteindre à une réputation, pour laquelle il n’a encore rien fait.

255. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

On y forme de mauvais desseins, on s’y donne des rendez-vous ; la licence des regards fait naître de mauvais désirs : « Dum lasciviunt oculi, calescunt appetitiones. » Les yeux, accoutumés à regarder avec impudence, satisfont la cupidité. […] est-ce pour elle qu’il s’est incarné, qu’il est dans une étable, qu’il est mort sur une croix ?

256. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

C’est aussi pour cela, que l’on court volontiers au théâtre, où l’on voit si bien faire ce personnage, & d’où l’on tire de si belles leçons : Theâtre mal-heureux, sur lequel on a veü naître de nos jours, quelque chose de pis, que ce qu’avoit celuy des Romains, où la pieté n’estoit pas tant décriée par les infidelles, qui l’ignoroient, qu’on l’a veuë l’estre aujourd’huy par des Chrêtiens, qui la connoissant, en ont fait leur fable & leur divertissement !

/ 374