On conserve la musique, contre le sentiment de Fenelon, autre pourtant que les voix luxurieuses de l’opéra, les sons attendrissans de Lulli, qui ne sont bons qu’à réchauffer les lieux communs de morale lubrique.
Par tout où il passoit on iettoit des bouquets & des Couronnes de fleurs, & l’on n’entendoit que Chœurs de Musique,* que Poëtes qui chantoient les loüanges du Triomphateur, & que les acclamations du Peuple qui benissoit sa Valeur & sa Victoire, en ces termes que nostre langue ne peut rendre bien fidellement dans leur iuste & plein sens.
Que serait-ce qu’un Spectacle à vos yeux où l’on ne parlerait ni d’intrigues ni d’amour ; où l’on n’entendrait, ni cette musique qui énerve, ni ces voix qui séduisent ; où l’on ne verrait, ni ces habits qui éblouissent, ni ces décorations qui charment ; où l’on ne retrouverait enfin, ni les mœurs du siècle, ni les usages du pays ?
Si les gens de ròbe, tant persécutés aussi sur le théâtre, embrouillent les affaires pour avoir plus de raisons de rançonner les clients, les commerçants falsifient les marchandises, vendent à faux poids et à fausses mesures ; le marchand de comestibles nous fait manger des drogues ; le marchand de boissons nous fait boire du poison ; l’orfèvre nous vend des objets d’or plaqué ou mêlé pour de l’or pur ; le bijoutier des pierres fausses pour des pierres fines ; le drapier du drap de Verviers pour du Louviers ; le fripier vend, à faux jour, du drap taché, rapé, rapetassé, en assurant qu’il est tout neuf, et qu’il fera honneur ; le mercier vend de la toile de Rouen pour du Jouy, des mouchoirs brûlés et mauvais teint, pour excellents et bon teint ; le bonnetier de la laine de Picardie pour de la Ségovie ; le chapelier du lapin pour du castor ; le fourreur du loup des Ardennes ou du bois de Bondy pour du loup de Sibérie ; l’épicier de l’eau de mort pour de l’eau-de-vie ; le confiseur du miel pour du sucre : le boulanger n’est ni plus ni moins fripon que les autres ; le rôtisseur vend de vieux coqs déchaussés pour des poulets ; le pâtissier vend des pâtés de sansonnets ou de pierrots pour des pâtés de bécassines ou de mauviettes, et le limonadier de la chicorée pour du café Moka ; le boucher vend de la vache pour du bœuf, et pèse avec le coup de pouce ; le chandelier du suif pour de la bougie ; le tabletier de l’os pour de l’ivoire ; l’imprimeur contrefait, le libraire vend les contrefaçons ; le tailleur met dans son œil, le fournisseur dans sa poche ; les caissiers, receveurs, payeurs, vident les caisses, violent les dépôts, prêtent à usure, grippent des sous, ou emportent tout ; les maçons sont des maisons en musique, ou d’une bâtisse légère, qu’ils vendent pour très-solides ; les architectes, entrepreneurs, peintres, paveurs et toiseurs, comptent des pieds pour des toises, demandent des mille pour des cents ; les horlogers et les médecins, qui travaillent à peu-près également dans l’ombre, par rapport à nous, désorganisent, dérangent nos montres et nos santés pour assurer leurs revenus, et se sont bien payer le tems et l’art qu’ils ont employés à faire le mal.
Pour marquer sa reconnaissance à l’Empereur, il fit bâtir, non à Jérusalem, il n’auroit-osé, mais à Berite, ville de Syrie un théatre & un amphithéatre, donna des concerts de musique, espece d’opéra où parurent 1400 hommes, partagés en deux troupes qui donnerent l’affreux spectacle d’un combat si sanglant qu’il n’y en resta aucun en vie.
Voulez-vous parler de musique ?
On revint pour le souper, où se trouva toute la musique de l’Empereur ; ce qui fut suivi d’un bal, qui dura toute la nuit.
L’Opéra, quoique doublement Académie de musique & de danse, a été peu flatté des offres de l’Académie de la langue.
Les quatte petits poëmes sur la Tragédie, la Comédie, le Geste, la Danse (je ne sai pourquoi il a négligé la Musique, qui joue un si grand rôle), poëmes qu’il réunit sous le titre général de Déclamation : titre mal rempli.
La musique est bonne, on l’emploie à chanter les louanges de Dieu.
Une Lavinia Fontana dans la sculpture, la Sirana, la Rosalba, l’épouse du célèbre Subleyras, Madame de Tagliazucchi dans la peinture, les deux Signore Tibaldi dans la musique et tant d’autres Dames célèbres, beaucoup plus jalouses de se faire estimer par leurs talents que par l’éclat de leurs charmes ou celui de leur naissance.