C’est comme s’il disait que le métier de la guerre l’emporte sur tous les autres, parce que dans le temps des combats les hommes agissent comme des bêtes farouches, au lieu que dans la paix ils font usage de leurs lumières naturelles.
Quoique nous ayons déjà parlé de son théatre françoit, la célébrité de cet Auteur nous sera pardonner quelque répétition : c’est une suite de dialogues sur l’histoire de France, qu’il appelle drames, parce que les acteurs du tems, c’est-à-dire, ceux qui ont part aux événemens en sont les interlocuteurs : on peut traiter de même toutes les histoires, faire de tout l’univers un théatre, de tous les siecles une comédie ; ce seroit une bibliotheque théatrale, immense, dans cette suite de conversations appellées des scenes, sans observer aucune unité de tems & de lieux ; mais seulement d’action ; tout ce qui eut part aux affaires passe en revue, ses drames doivent être d’une longueur fort inégale, puisqu’elle dépend de l’importance & de la durée des événemens. […] Il réforma le luxe & la licence des gens du théâtre : défendit d’exposer dans les lieux publics, les portraits des pantomimes, histrions, &c.
Qu’on en juge par le caractere de ceux qui fréquentent les mauvais lieux ; on n’y voit aller que des gens sans mœurs ; ou si une premiere fois on y vient innocent, on n’en revient que corrompu, & bientôt tout-à-fait dépravé, si l’on continue. […] Cet usage respectable donne à toutes les filles du lieu une belle émulation à qui se conduira le mieux pour obtenir une récompense plus glorieuse par son objet, que les couronnes académiques, puisque la vertu est plus precieuse que les talens.
Mais ils sont presque toujours confondus avec des gens de la lieu du peuple ; & d’ailleurs, on voit si rarement de tels Poèmes qu’ils ne font point éxception à la règle générale.
Sont les joueurs artisans mécaniquesaa, comme cordonniers, savetiers, crocheteurs de grève, de tous états et arts mécaniques, qui ne savent lire ni écrire et qui onques ne furent instruits ni exercés en théâtres et lieux publics à faire tels actes, et davantage n’ont langue diserte, ni langage propre, ni les accents de prononciation décente, ni aucune intelligence de ce qu’ils disent, tellement que le plus souvent advient que d’un mot ils en font trois, font point ou pause au meilleur d’une proposition, sens ou oraison imparfaiteab, font d’un interrogant un admirantac ou autre geste, prolation ou accents contraires à ce qu’ils disentad, dont souvent advient dérision et clameur publique dedans le théâtre même, tellement que, au lieu de tourner à édification, leur jeu tourne à scandale et dérision.
C’est unei horrible présomption, de se persuader que le secours de la Grâce (sans lequel nous ne pouvons éviter le mal, ou faire le bien, et qui ne nous manque jamais, tant que nous marchons dans la voie où Dieu nous a mis pour aller à lui) nous suive jusques dans ces lieux où l’on ne se peut trouver avec affection, qu’en se détournant de Dieu, et transgressant toute sa Loi.
Ce serait ici le lieu, de parler des différentes espèces d’excommunications qui sont fondées sur le droit naturel, que toute société doit avoir, de bannir de son corps ceux qui en violent les lois ; et on demanderait à l’autorité spirituelle si elle prétend avoir le droit de lancer un anathème dont l’effet puisse produire, dans l’ordre social, une peine civile et matérielle, sans la permission du souverain, dont l’excommunié est le sujet.
Baronius le fait venir d’un bourg de la Palestine, dépendant de Gaze, où il croit que ces jeux ont été institués, du mot Syriaque Majamas, qui signifie les eaux, parce qu’ils se célébraient au bord de la mer ou des rivières, ce qui les rendit si fameux à Antioche dans le faubourg de Daphné, où les eaux étaient abondantes, avec les débauches énormes que les délices du lieu, la superstition païenne, le caractère des habitants, ne pouvaient manquer de porter à l’excès.
Le législateur d’Athènes avait compris toute cette influence quand il indiquait à Thespis l’écueil qu’il devait éviter, et justifiait les restrictions imposées aux libertés du théâtre dans le lieu même où il avait pris naissance.
Il n’y a point de lieu au monde d’où tous exercices extérieurs de la piété soient plus séverement bannis : il n’y en a point la moindre trace ; elle y seroit ridicule, on en rougiroit. […] Buck lui répondit dans les mêmes termes, accepta le défi, & promit de se trouver au temps & au lieu : Je ne demande, dit-il, qu’un théatre libre, & point de quartier.
Les excès multipliés de plusieurs membres du clergé, dévots par profession, les grands scandales de prélats, de princes même de l’église, ont fait peu de mal à la religion, constatés et transmis, pendant des siècles, par des voies ordinaires ; au lieu que la peinture dramatique de la perfidie d’un misérable clerc l’a ébranlée jusques dans ses fondements !