Cette gêne n’est point un attentat contre la nature ; c’est une heureuse transformation de la liberté naturelle en liberté sociale, la seule qui puisse convenir à l’homme dans l’état présent des choses celui-là seule est vraiment libre, qui l’est selon les Loix. Toute liberté qui passe ces bornes est licence, & la licence est la plus proche voisine de l’esclavageParallele de la condition & des facultés de l’homme, avec la condition & les facultés des autres animaux : Ouvrage traduit de l’Ang. par M.
, garde si exactement la sévérité de sa discipline, qu’elle ne laisse pas monter sur le Théâtre les Mimes, qui ne représentent dans la plupart de leurs pièces, que des amours impudiques ; de peur que ses Citoyens s’accoutumant à voir ces représentations, ne prennent la liberté de les imiter. » Si tous les Jeux étaient des choses de Religion, pourquoi les Pantomimes n’osèrent-ils pas se trouver aux Jeux sacrés que Néron faisait célébrer. […] , eussent la liberté de monter sur le Théâtre, il ne leur fut pas néanmoins permis de se trouver à ces Jeux qui étaient sacrés. » Le Peuple Romain croyait-il que ces Jeux des Pantomimes fissent une partie solennelle de la Religion, lorsqu’il pria l’Empereur Trajan de les abolir ? […] Augustin, après avoir bien examiné ce que Varron a écrit sur ce sujet, conclut que ces grands esprits n’improuvaient pas moins la Théologie civile, que la fabuleuse, et que par conséquent ils ne condamnaient pas moins les Comédies, et les Tragédies qui contenaient les actions infâmes de leurs Dieux, et qui étaient représentées aux jours de leurs Fêtes, et de leurs réjouissances publiques, faisant en ce cas partie de la Théologie civile, que celles qui étaient représentées aux autres jours, et qui ne faisaient en ce cas que partie de la Théologie fabuleuse ; quoique en condamnant celles-ci ouvertement et avec toute sorte de liberté, ils n’osassent condamner les autres publiquement, craignant la sévérité des lois. […] Souffrons-la toutefois si elle a offensé des méchants du menu peuple, si elle a repris des séditieux, qui aient excité des troubles dans la République, comme un Cléon, un Cléophon, un Hyperbole : souffrons-lui cette liberté ; quoiqu’il eût pourtant mieux valu que ces sortes de gens eussent été repris par un Censeur que par un Poète. […] Et certes c’est avec grande justice qu’elles ont fait cette ordonnance ; car si notre vie doit être soumise à la puissance de la Justice, à la censure et à la connaissance légitime des Magistrats ; elle ne doit pas être en proie à la licence des Poètes : et il ne doit point être permis de nous dire une injure, sinon à condition que nous y puissions répondre, et que nous ayons la liberté de nous en défendre, et d’appeler l’autorité publique à notre secours... » « Cicéron passe ensuite à d’autres discours ; et pour conclure il montre enfin que les anciens Romains ne pouvaient souffrir qu’un homme vivant fût ni loué, ni blâmé sur le Théâtre » « …Dicit deinde alia ; et sic concludit hunc locum, ut ostendat veteribus disciplicuisse Romanis, vel laudari quemquam in scena vivum hominem, vel vituperari. » Idem.
comme le consistoire privé de l’impudicité, où l’on approuve les libertés que jamais on n’auroit le front de prendre ailleurs ; & que ceux qui osent fréquenter des lieux si funestes à l’innocence, n’ont point dans la vérité d’autre motif que le dessein de jour impunément des plaisirs les plus illégitimes.
Des souliers brillants qui à chaque pas éblouissent ne laissent ni le temps ni la liberté de voir les graces de la personne.
Cette source intarissable en fait un très-grand commerce ; tous les serrails comme ici nos théatres occupent une foule de parfumeurs ; aussi le luxe, la molesse, la pluralité des femmes, la liberté du divorce y exercent leur empire sans résistance, & les peuples efféminés toujours vaincus quand ils ont été attaqués par les Européens, ont été moissonnés comme les fleurs qui sont dans les prairies tombent sous le tranchant de la faulx.
Ces statues de décoration qui s’animent, ce Silphe amoureux devenu fille de chambre, cette fille assez imbécille pour ne pas le deviner à son masque, à sa voix, à ses manieres, & l’attribuer à un corps aërien, cet amant statue qui s’émancipe aux pieds de sa maîtresse, & n’est repoussé que par grimace pour irriter ses désirs, ces services d’une femme de chambre amant, les libertés & désordres d’une femme qui se fait habiller & déshabiller par son amant travesti, &c. tout cela est sans doute sans vrai-semblance ; mais ce qui est bien plus condamnable, tout cela est sans décence & du plus pressant danger ; c’est le jeu d’une imagination libertine qui s’applique en détail & tient les heures entieres le spectateur appliqué à tout ce qu’il y a de plus séduisant.
Ces images ne s’effacent jamais de leur mémoire ; ils agissent en conséquence quand ils jouissent de leur liberté : leur esprit & leur cœur sont corrompus pour le reste de leurs jours.
C’est un esprit fort qui se joue de tout, un homme sans religion qui ne croit rien, qui ne respecte rien, qui affiche, s’il l’ose, du moins qui insinue adroitement ses principes & sa liberté de penser, un libertin sans mœurs, qui sous un ombre de décence & de probité se livre à ses plaisirs.
On se contente d’aller à une petite Messe les jours de Fêtes et les Dimanches ; et après cela l’on croit avoir une liberté entière de se divertir.
La défense dura deux ans ; enfin, à force de sollicitations, de placets, de protections, Molière, à la faveur de quelque prétendu changement, obtint la liberté de la représenter.
Excès du temps que l'on y perd, de la dépense qu'on y fait, du danger que l'on y court, du plaisir que l'on y goûte, de l'ivresse à laquelle on se livre, de la liberté dont on y jouit, des passions qu'on y exprime et qu'on y sent, tout y est réuni, tout invite, l'un appuie l'autre, l'un embellit l'autre.