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5. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Après avoir vû combien ils sont mauvais, voyons encore combien sont frivoles les raisons qu’on allégue pour les justifier. […] On justifie ordinairement le spectacle de deux façons, ou en lui-même, ou par rapport à soi. […] On justifie mal-à-propos le spectacle par rapport à soi-même. […] Par où donc enfin prétend-t-on se justifier ? […] On justifie mal-à-propos le spectacle par rapport à soi-même.

6. (1667) Traité de la comédie « Préface » pp. 452-454

Préface Une des grandes marques de la corruption de ce siècle est le soin que l'on a pris de justifier la Comédie, et de la faire passer pour un divertissement qui se pouvait allier avec la dévotion. […] Et après avoir ainsi justifié leur idée générale de Comédie, ils croient avoir prouvé qu'il n'y a donc point de péché aux Comédies ordinaires, et ils y assistent ensuite sans scrupule.

7. (1675) Traité de la comédie « I. » pp. 272-274

Il n'y a guère eu que ce siècle-ci où l'on ait entrepris de justifier la Comédie, et de la faire passer pour un divertissement qui se pouvait allier avec la dévotion. […] Et après avoir ainsi justifié leur idée générale de Comédie; ils croient avoir prouvé qu'il n'y a point de péché aux Comédies ordinaires, et ils y assistent ensuite sans scrupule.

8. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Non, Monsieur, ceux d’entr’eux qui liront votre brochure vous plaindront de négliger la partie la plus brillante de notre littérature, & porteront au spectacle l’arrêt de votre condamnation : pour moi je fais plus, j’entreprends aujourd’hui de le justifier à vos yeux. […] Voilà donc l’amour justifié ; car vous voyez que, s’il est innocent, il n’en doit résulter aucun mal, si ce n’est par un abus fatal. […] C’est maintenant le lieu de justifier le jeu de nos acteurs. […] L’oreille suffit pour justifier la musique.

9. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

On dira peut-être : les Avocats font tous les jours la même chose au Barreau ; ils emploient les mêmes moyens, ils plaident pour excuser le crime & justifier le coupable ; on les souffre pourtant, on les écoute. […] Il est juste que le prévenu se défende, & se justifie, s’il est innocent ; on n’excuse point le crime, on le nie au contraire, & on en infirme les preuves.

10. (1695) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie [4 décembre 1695] « Mandement  » pp. 34-37

Il est donc impossible de justifier la Comédie sans vouloir condamner l’Eglise, les saints Pères, les plus saints Prélats ; mais il ne l’est pas moins de justifier ceux qui par leur assistance à ces spectacles non seulement prennent part au mal qui s’y fait, mais contribuent en même temps à retenir ces malheureux ministres de Satan dans une profession, qui les séparant des Sacrements de l’Eglise, les met dans un état perpétuel de péché et hors de salut s’ils ne l’abandonnent.

11. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

Les autres sont plus à plaindre, parce qu’elles ont autant de faiblesse sans avoir autant de lumières, et qu’elles justifient ce que les autres voient bien qu’il faut condamner. […] Les maximes établies avec plus de soin sont les plus conformes aux passions, et par conséquent les plus fausses ; et, si un vice y est quelquefois condamné, c’est pour en justifier quelque autre plus éclatant et plus dangereux. […] On accoutume son cœur à tout ; on lui apprend en secret à ne rougir de rien : on le dispose à ne pas condamner, à son égard, des sentiments qu’il a excusés et peut-être loués dans les autres ; enfin on ne voit plus rien de honteux dans les passions, dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du poète, et mêlées à dessein avec les vertus dans des personnes que la scène nous présente comme des héros.

12. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Les autres sont plus à plaindre, parce qu’elles ont autant de faiblesse sans avoir autant de lumière, et qu’elles justifient ce que les autres voient bien qu’il faut condamner. […] Les maximes qui y sont établies avec plus de soin, sont les plus conformes aux passions, et par conséquent les plus fausses ; et si le vice y est quelquefois condamné, c’est pour en justifier quelque autre plus éclatant, mais plus dangereux. […] Enfin on ne voit plus rien de honteux, dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le Théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du Poète, et qu’elles ont été unies à dessein avec les vertus et le mérite dans des personnes que la Scène nous représente comme des Héros.

13. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Cela ne justifie pas, j’en conviens, une femme qui cherche à déshonorer son époux : mais Molière a produit ce caractère par les mêmes motifs qui justifient MM. de Voltaire et de Crébillon dans les pièces de Mahomet et d’Atrée. […] J’en parlerai moi, et même pour justifier l’usage qu’on en fait : on les représente tels qu’ils sont, fourbes, fripons impudents, par une raison très louable, c’est comme si l’on disait aux pères de famille : « Vous qui négligez de prendre vous-mêmes soin de l’éducation de vos enfants, qui ne leur donnez souvent que vos valets pour surveillants ou tout au moins qui leur permettez trop de commerce avec eux, vous qui, par une sévérité mal entendue, êtes presque toujours opposés à des goûts que la nature et la jeunesse autorisent ; vous qui, sans faire aucune attention à l’inclination, au goût, au caractère de vos enfants, ne leur prescrivez que ce qu’ils doivent haïr, ne soyez point surpris s’ils se livrent à des conseils tout à fait opposés à vos vues, et si les avis d’un Valet fripon ou d’une Soubrette effrontée obtiennent leur confiance que votre dureté leur a fait perdre. » Voilà Monsieur l’usage que nos Auteurs font des valets. […] Après avoir justifié Le Bourgeois Gentilhomme, George Dandin, L’Avare et nos Valets, vous jugez bien qu’il me sera facile de justifier le Misanthrope : que je vous suis obligé Monsieur de ne pas me donner d’ouvrage plus difficile à faire. […] Voilà l’homme que Molière a joué et que tous vos sophismes ne justifient pas, vous allez voir. […] L’absurdité de ce dénouement ne doit-il pas justifier la Pièce à vos yeux ?

14. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Les uns éclairez de la veritable sagesse, qui est la sagesse de l’Evangile, les reprouvent ; les autres trompez par les fausses lumieres d’une prudence charnelle les justifient, ou s’efforcent de les justifier. […] Vaine excuse qu’ils traitoient, ou de déguisement & de mauvaise foi, ou d’erreur au moins & d’illusion : de déguisement & de mauvaise foi, parce qu’ils n’ignoroient pas que c’est un pretexte, dont veulent quelquefois se prevaloir les plus corrompus, cachant les desordres secrets de leur cœur, afin de justifier en apparence leur conduite, d’erreur au moins & d’illusion, parce qu’ils savoient combien on aime à s’aveugler soi-même, & combien la passion fait de progrès, qu’on n’aperçoit pas d’abord & qu’on ne veut pas apercevoir, mais qui ne diviennent ensuite que trop sensibles.

15. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

Les Comédiens ne sont pas justifiés en disant que cette Comédie se joue à Paris et à Rome ; comme si on ne savait pas que l’Eglise condamne bien des choses qui se font publiquement par un usage, ou plutôt par un abus qu’elle ne saurait empêcher : comme si de semblables abus pouvaient changer la loi de Dieu, et rendre innocent et licite ce qui est mauvais de sa nature. […] Il est donc indubitable que ces sortes de Comédies étant mauvaises, ne sauraient être représentées sans péché, et qu’il n’y ait point d’autorité qui puisse justifier devant Dieu ce que toute la tradition condamne, parce qu’il n’y a point en lui acception de personnes, et qu’il pèsera et jugera toutes choses au poids du Sanctuaire. […] On voit par tout ce qui vient d’être dit, combien est frivole et mauvaise l’excuse que les Comédiens en question apportent pour justifier leur long séjour parmi les hérétiques, où ils sont privés du culte que l’Eglise Catholique rend à Dieu, et qu’elle ordonne de lui rendre les Dimanches et Fêtes ; car ils n’allèguent point d’autre raison que leur Profession qu’ils exercent en ce Pays-là, et le gain considérable qu’ils y font : comme si une Profession que l’Eglise réprouve pouvait rendre un tel gain légitime, et excuser devant Dieu le violementc qu’ils font du précepte de l’Eglise, qui leur ordonne d’entendre la Messe les jours de Dimanches et Fêtes, sans considérer que volontairement ils se sont jetés dans cette nécessité, et qu’il ne tient qu’à eux d’en sortir.

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