Qu’on le demande à ces enfans dociles qu’une éducation chrétienne avoit garantis des impressions précoces du vice, et que l’imprudence des parens a conduits comme des victimes sur l’autel de l’histrionisme : que dis-je ? […] Leurs sens sont tellement occupés des objets qui y ont laissé une impression neuve et profonde ; leur imagination y est tellement absorbée, que vous ne leur entendrez pas dire un mot, pas fixer un œil sur ce qui pourroit les distraire : les caractères les plus gais, les plus actifs à jouir des plaisirs innocens, sont d’une insensibilité repoussante et ne savent plus que méditer…. […] Il n’y a point de danger, point d’aspect de ruines et de mort qui puisse affoiblir votre victorieuse impression ! […] Calamité presqu’inconnue à nos pères, et qui aujourd’hui, dans une infinité de malheureux, devance le moment de la naissance ; qui attaque l’existence dans sa source, et laisse dans l’ame des observateurs éclairés, l’impression des plus funestes présages sur la destinée de notre espèce. […] quelle impression peuvent-elles faire ?
L’action de la Tragédie de Médée, n’est que la vengeance qu’elle prend de l’insulte que Jason lui a faite, en la renvoyant ; et la catastrophe de l’action est l’excès de son crime ; c’est ce crime qui seul doit attacher les Spectateurs, et faire sur eux une vive impression. […] On dira, peut-être, que l’expérience nous apprend le contraire de ce que j’avance ; puisque nous sommes témoins chaque jour que les justes supplices, décernés aux grands criminels, font sur les hommes les plus vives impressions d’horreur et de compassion ; pendant qu’ils ne voient qu’avec répugnance les coupables languir dans les douleurs : mais, il on fait réflexion à la différence qu’il y a de voir avec les yeux de l’âme, ou avec les yeux du corps, on cessera de faire cette objection. […] Je ne puis juger de la Tragédie de Médée, de M. de Longepierre, que par l’impression qu’elle m’a faite à la lecture, ne l’ayant jamais vue représentée : mais, si une longue expérience peut procurer cette sorte d’avantage ; j’ose dire que, par rapport à moi, la lecture ne diffère guère de la représentation. […] Je ne m’embarrasse pas de ce que produira la compassion dans le cœur des Spectateurs ; mais je suis extrêmement touché de l’impression que le mauvais exemple fera dans leurs esprits. […] Il semble d’abord que cette Pièce ne nous présente pas une passion d’amour, telle que nous la demandons pour le Théâtre de la réforme ; c’est-à-dire, une passion qui porte à de si grands excès qu’elle inspire l’horreur, et devienne par là propre à corriger et à instruire : cependant, si on y fait attention, on trouvera que cette première impression n’est pas conforme à la vérité.
Je réponds que, quand cela serait, la plupart des actions tragiques n’étant que de pures fables, des événements qu’on sait être de l’invention du poète, ne font pas une grande impression sur les spectateurs. […] Tant il est vrai que les tableaux de l’amour font toujours plus d’impression que les maximes de la sagesse, et que l’effet d’une tragédie est tout à fait indépendant de celui du dénouement ! […] Enfin, que peuvent faire de mieux ceux qui vont vous entendre, que d’armer leur cœur contre des impressions funestes à leur repos, et d’oublier si parfaitement ce qu’ils viennent d’apprendre, qu’il ne leur en reste aucun souvenir en rentrant dans le sein de leur famille ? […] Quelles impressions peuvent faire sur le cœur novice et tendre d’une jeune fille les exemples séducteurs que lui montrent tant de drames, à la représentation desquels ses parents ont eux-mêmes la folie de la conduire ? […] Ce sont des fables, à la vérité, mais des fables qui font sur le cœur de plusieurs des impressions plus durables que les vérités les plus sublimesag . » Et quand même le fond de ces pièces serait tiré de l’Ecriture sainte, on ne peut pas les voir sans danger ; parce que la sainte morale, transportée sur un théâtre, ne peut produire dans ce sol empesté que des fruits pernicieux : sa place véritable et naturelle est dans la chaire, où environnée de la majesté de Dieu, nourrie de l’onction qui la rend si touchante et si auguste, elle déploie toute sa dignité et toute sa force ; mais au théâtre c’est un sel affadi ; elle n’y paraît que pour être tournée en ridicule, pour essuyer le mépris et encourir la haine des spectateurs.
Accoutumé à avoir la fibre ébranlée par l’impression de tableaux épouvantables, le peuple renonce à la jouissance des impressions douces ; il ne veut plus que Clytemnestre meure derrière la toile. […] Ne dégoûtez plus le peuple des utiles impressions du vrai ou du vraisemblable.
RIen n’empêche l’Impression du Livre ayant pour titre Le Pour & Contre les Spectacles.
J’ai lu par ordre de Monseigneur le Chancelier un Manuscrit intitulé, Essai sur la Comédie moderne : et je n’y ai rien trouvé qui puisse en empêcher l’impression.
je n’y ai rien trouvé qui m’ait paru devoir en empêcher l’impression ; à Paris, le 29 Avril 1767.
Je m’en rapporte à l’impression qu’elle fait. […] Rousseau s’est mépris sur l’impression de ces comédies, ce sont les applaudissements. […] Le théâtre peut faire l’une et l’autre impression ; mais ces deux effets n’ont pas la même cause. […] Quelle est de ces deux impressions celle qui domine et qui reste. […] Ferait-il consister l’impression de l’amour au spectacle, dans l’émotion physique des sens ?
LEs autorités très-respectacles & les raisonnemens très-solides qui forment cet Ouvrage en rendent l’impression très-utile ; on desire ardemment qu’il soit lu avec pause, & l’esprit dépouillé de toute prévention.
Les partisans des Spectacles disoient à ce Père : nous y assistons, sans en recevoir aucune impression : spectamus quidem sed nil movemur. […] Pour ne prendre qu’un honnête délassement à une Scène dont le jeu réunit tant d’objets si capables de faire des impressions contraires à l’honnêteté, quelle violence ne faut-il pas faire à ses sens & à son imagination ! […] Tertullien va plus loin : quelque gracieux, dit-il, quelque simples, quelque honnêtes que paroissent ces chants, ces accords, ces jeux de Théâtre, les impressions agréables qui en dérivent ne sont que les gouttes d’un miel qui coule d’une liqueur empoisonnée4.
Les partisans des Spectacles disoient à ce Père : nous y assistons, sans en recevoir aucune impression : Spectamus quidem sed nil movemur , Ah ! […] Pour ne prendre qu’un honnête délassement à une Scène dont le jeu réunit tant d’objets si capables de faire des impressions contraires à l’honnêteté, quelle violence ne faut-il pas faire à ses sens & à son imagination ! […] Tertullien va plus loin : quelque gracieux, dit-il, quelque simples, quelque honnêtes que paroissent ces accords, ces jeux de Théâtre, les impressions agréables qui en dérivent ne sont que les goutes d’un miel qui coule d’une liqueur empoisonnée*.