C’est à peu près toujours la même chose ; peinture des passions, surtout de l’impureté, pour inspirer et pour plaire ; mélange des sexes, femmes indécemment vêtues et parées, ornatu meretricio ; gestes, attitudes, chants, danses, conversations dissolues, personnes de mauvaises mœurs, prêtes à tout, ne cherchant qu’à séduire, communément très séduisantes ; mauvaise compagnie, parterre et loges pleines de libertins, que le vice y rassemble.
Elle est habillée en dévote, et d’une manière convenable au personnage qu’elle joue ; devant elle un jeune homme alerte, qui représente le diable, fait mille sauts et mille cabrioles, et tâche, par ses gestes bouffons, de faire rire la prétendue sainte qui, de son côté, s’efforce de conserver la gravité qui convient à son caractère et à la cérémonie ; de jeunes filles viennent ensuite, portant l’image de la sainte Vierge. […] Il y a lieu d’être surpris que les Espagnols, naturellement si graves et si sérieux, aient pu allier aux cérémonies les plus saintes de la religion, les pantomimes et les gestes burlesques des bouffons.
puisqu’il enseigne que la vertu d’Eutrapélie, ce grand bouclier dont se sert l’Amateur des Comédies, lui permet tellement de se répandre en des paroles et des gestes agréables, qu’elle lui défend de perdre la gravité de son âme, et d’interrompre le moins du monde cette harmonie et ce concert de vertus, qui doit remplir tout le temps de sa vie et les heures de sa journée : puisqu’enfin dans l’Article suivant, saint Thomas condamne de péché mortel le ris et la joie immodérée. […] Qu’est-ce, je vous prie, que la Comédie telle qu’on l’exerce à présent, qu’un assemblage de tout ce qui peut attendrir le cœur, paroles, soupirs, gestes, actions, décorations, compagnie ?
Secondement, si l’on regarde les circonstances qui accompagnent les Comédies, elles sont ordinairement mauvaises, quelque honnête qu’en soit le sujet ; l’on n’y voit que des femmes parées, qui ne s’étudient qu’à plaire à ceux aux yeux desquels elles s’exposent ; qui dans leurs ajustements, dans leurs gestes, dans leurs actions, dans leurs regards, dans leurs parodies n’ont rien qui ne blesse la modestie de leur sexe, qui ne respirent que la vanité et l’esprit du monde. […] L’on peut voir ce que l’on a rapporté ci-devant de saint Basile, de saint Chrysostome et des autres touchant la Musique des Théâtres, pour être convaincu qu’il n’y a rien de si propre pour corrompre le cœur que ces airs languissants et tendres d’une Musique accommodée à des paroles capables par elles-mêmes d’émouvoir beaucoup, et qui est soutenue de gestes et de mouvements convenables à ce dessein ; de sorte que l’on peut appliquer ici ce que saint Basile a dit de la différence qu’il y a d’une Musique honnête, qui n’est capable que d’exciter dans l’âme les mouvements d’un plaisir réglé, pour conserver ou rétablir le juste tempérament où les puissances de l’âme doivent être, d’avec celle des Théâtres. « Il y a, dit ce Père107 , une si grande différence entre une Musique honnête et celle qui ne l’est pas, que cela vous doit exciter à fuir celle qui est maintenant en usage avec autant de précaution que vous fuiriez une chose très honteuse ».
Il a fait des décorations innombrables pour toutes sortes de fêtes, de pieces & d’opéras, même de décorations mouvantes qui forment de vraies pieces, une pantomime mecanique bien supérieure aux marionnettes, qui alloit d’elle-même, aussi énergique, aussi pitoresque que les discours & les gestes des meilleurs acteurs : c’est être à la fois acteur & acteur, é jouer tous les rôles.
Les quatte petits poëmes sur la Tragédie, la Comédie, le Geste, la Danse (je ne sai pourquoi il a négligé la Musique, qui joue un si grand rôle), poëmes qu’il réunit sous le titre général de Déclamation : titre mal rempli.
Les danses, les chants, le mélange des sexes, les discours libres, les parures indécentes, les postures, les gestes, les mœurs des spectateurs et des auteurs, d’un exercice de religion firent un scandale.
» Qu'y trouve-t-on, qu'indécence dans les paroles, les gestes, les chansons ?
: « Voici ce que dit le Seigneur, parce que les filles de Sion se sont élevées, qu’elles ont marché la tête haute en faisant des signes des yeux et des gestes des mains, qu’elles ont mesuré tous leurs pas, et étudié toutes leurs démarches, le Seigneur rendra chauve la tête des filles de Sion, et il arrachera tous leurs cheveux….
Qu’il suspende un peu la direction pour méditer la Morale Chrétienne, il apprendra que c’est moins par tels gestes et telles paroles, que par les mauvaises dispositions excitées en nous-mêmes et dans les autres que nous insultons à Dieu, et que nous nous livrons au Démon.
Si nous entrons dans sa pensée, nous devons dire avec lui, que vouloir être de la danse, et vouloir donner son âme au Diable, c’est quasi la même chose : C’est vouloir percer son cœur, d’autant de flèches qu’il s’y jette de regards lascifs, qu’il se dit de mauvais mots, qu’il se voit de gestes qui peuvent porter à l’impureté : Et cela est aussi vrai des hommes que des femmes, et encore plus des garçons et des filles :« Viri ac fœminæ communes constituentes choros, maloque Dæmoni miseras tradentes animas sese invicem libidinum telis confodiunt atque lacerant. » D. […] sens qui sont les entrées par lesquelles les vices se glissent dans nos âmes, y sont tous ouverts et tous y ont des objets très charmants du péché : Les yeux qui ont leur opération très prompte et très subtile, ne se peuvent porter que sur des beautés charnelles, que l’amour et la vanité ont parées de leurs mains pour leur donner plus d’empire sur nos cœurs : Les nudités, les gestes, les œillades, les mouvements du corps sont autant de dards qui nous portent le coup de la mort, et personne ne s’en défend : Après cela viennent les voix ou les instruments, qui frappent l’oreille d’un air si doux, que tout le corps s’émeut et s’amollit, et notre âme semble sortir hors de soi. […] ne disons rien des gestes et des postures qui lui porteraient la mort dans le cœur. […] cette vilaine figure, à ce qu’ils pensaient, devait faire prendre horreur de la Danse et de l’impureté : L’autre était de Silénus, et des ivrognes, dont les gestes étaient si indécents, et les pas si mal réglés, que c’était assez de les voir pour en faire mépris.