Otez les auditeurs, vous ôterez les acteurs, c’est pour vous, dit saint Chrysostome, qu’un Chrétien se fait bouffon, et renonce par là à la dignité du nom qu’il porte, vous ne faites aucun scrupule de contribuer à faire vivre dans l’abondance, et même dans le luxe des gens qu’il faudrait laisser mourir de faim et qu’on devrait lapider, voudriez-vous que vos enfants ou quelqu’un de votre famille exerçât un art si honteux, ne les désavouerez-vous pas aussitôt ?
Mais il répond. 1°. avec Sanchez, qu’il n’y a que l’ignorance invincible qui pourrait excuser : or il n’y a personne qui n’ait ouï parler qu’il y a des gens qui condamnent la Comédie. 2°.
» Cette déclaration de principes, faite au nom des gens de lettres d’alors, ne ferait pas fortune aujourd’hui.
Quelqu’un d’entre eux estant allé à Rome, & voyant avec quelle passion les Romains y accouroient, demanda gravement, si ces gens-la estoient mariez, & s’ils avoient des enfants ? […] Les Laïques ont toujours disputé sur la liberté qu’ils prétendent avoir d’assister à ces sortes de divertissements ; mais ce n’a jamais esté une question, s’ils doivent estre interdits aux gens d’Eglise.
C’est le privilege brillant des gens de qualité, de s’attacher par la main gauche, & l’appanage glorieux & inaliénable du Roi d’en accorder la permission.
Pour moi, s’il m’est permis de dire mon sentiment après les gens habiles, je recommande sur-tout aux Poètes l’Unité de lieu.
Saverio, la faisoit venir tous les ans à Rome pendant le Carnaval, attention qu’eut pendant tout le tems de son Pontificat ce grand Mæcenas des Gens de Lettres.
Ce Magistrat étoit dans la robe ce que Montausier étoit dans l’épée l’homme le plus vertueux & le plus respectable ; ce qui en avoit fait des ennemis déclarés de Molière & de ses farces, il ne méprisa pas moins ces traits lancés contre lui ; mais le Parlement eut moins de patience, prit en main la cause de son chef, & défendit de jouer le Tartuffe, Louis XIV, frappé des plaintes de tous les gens de bien, la défendit aussi pendant plusieurs, années, comme nous l’avons dit ailleurs. […] Il y a donc & il y aura toujours dans le monde deux partis sur le théatre ; l’un des gens de bien qui le condamnent & le fuient : l’autre des libertins qui l’aiment, le fréquentent ou qui jouent la comédie.
On se replie sur l’exemple des personnes vertueuses ; si elles le sont en effet, ce n’est pas en tout point : il faut louer leur probité, leurs aumônes, sans toutefois approuver en elles la fréquentation des Spectacles, Tertulien rapporte en cette occasion le trait du Roi Prophéte : lorsque vous appercevez un Voleur1 vous vous empressez de le suivre : imitez les bons exemples des gens de bien, & détournez les yeux de dessus leurs foiblesses ; car, selon l’Ecriture2, on ne doit point entrer dans la foule de ceux qui font le mal, ni marcher sur leurs traces.
Page 103 Les anciens conciles contre les gens de théâtre, ne sont plus applicables aux comédiens français.
Il reste maintenant de voir, comme quoi les pères des quatre premiers siècles, ont parlé de ces impies, et pourquoi l’Eglise a telles gens en abomination ?