L’Histoire nous fournit dans ce siècle des monuments plus décisifs pour connaître ce qu’on pensait de la profession du Théâtre. […] Car outre les raisons que nous avons marquées, les principaux Officiers étant tous Francs, n’apprenaient que le Tudesque et n’entendaient ni le Latin ni le Gaulois, ainsi ils n’auraient donc pu rien entendre aux pièces de Théâtre, et on ne se serait pas avisé d’en faire composer en langue Tudesque, laquelle ne fournissait ni Poètes ni Orateurs. […] Qu’on y fasse une sérieuse réflexion, et on ne pourra manquer d’être convaincu sur ce point, et par tant de solides raisons que les Auteurs Ecclésiastiques nous ont fournies dans ce discours, et par cent autres qui se présenteront d’elles-mêmes à ceux qui seront attentifs. […] Outre ce qui a été dit sur la première difficulté, Monsieur d’Aubignac célèbre Apologiste de la Comédie, nous fournit une réponse qui mérite quelque attention Pratique du Théâtre, page 8.
Ce phénomène a un air d’héroïsme & de piété, que les harangueurs & les Poëtes ont élevé jusqu’au ciel, & que le peuple a cru sur leur parole ; l’histoire fournit peu d’exemple d’abdication d’une couronne, il n’y en a aucun parmi les femmes ; on voit bien des Impératrices & des Reines qu’on y a forcé, aucune ne la fait volontairement.
Ce mêlange n’est pas si élégant & si noble que celui des nations ; mais il fournit bien des scène divertissantes.
Gresset peut-il dire que les maximes de l’Evangile sont inalliables avec l’art du Théâtre ; ne représente-t-on pas avec succès dans les Collèges des sujets tirés de l’Ecriture, n’en représente-t-on pas sur nos Théâtres publics ; l’Evangile n’a-t-il pas fourni le sujet de l’Enfant prodigue, y a-t-il donc dans la morale de cette pièce quelque chose de contraire à la morale du Christianisme, les Espagnols n’ont-ils pas leurs Auto Sacramentalesd ?
Ces estampes & celles du Portier des Chartreux, qui les renouvellent & enchérissent sur elles, sont un meuble dont les acteurs, les actrices & bien des amateurs ne manquent gueres d’être fournis, ainsi que de bien d’autres, qui, quoique moins grossieres, ne sont gueres moins dangereuses pour les mœurs : peut être même le sont-elles davantage.
Cependant quand il serait vrai que la recette journalière ne suffirait pas à l’entretien du spectacle, je vous prie d’observer que la Ville de Genève est à proportion de son étendue, une des plus riches de l’Europe ; et j’ai lieu de croire que plusieurs Citoyens opulents de cette ville, qui désireraient d’y avoir un Théâtre, fourniraient sans peine à une partie de la dépense ; c’est du moins la disposition où plusieurs d’entre eux m’ont paru être, et c’est en conséquence que j’ai hasardé la proposition qui vous alarme.
Pour que l’on pût être de votre avis, il fallait ne pas faire apercevoir ce qui manquait à la loi de Louis XIV puisque c’était fournir à ceux qui vous liront une réponse qui coule de source.
L’une de ces vues nouvelles est de proposer, page 371, la suppression de ce qu’on nomme le quart des pauvres qui se retient sur la recette des Spectacles ; retenue que l’Auteur dit vexer les Comédiens, & les mettre hors d’état de fournir, sans s’obérer, à la pompe & à la dignité de leur Spectacle.
Les Histoires profanes fournissent aussi plusieurs riches sujets aux theatres, les mœurs des siecles luy donnent d’amples matieres, & si le tout est traité avec la bienseance qui est convenable à la Religion, & à l’honesteté publique ; leur innocence est à couvert des foudres.
Mais les dépenses des décorations, des habits & l’entretien des acteurs croissant à l’infini, par le dégré de magnificence où le luxe a porté la scène : il a fallu pour y fournir, réduire tout à trois jurandes, l’opéra, les françois & les italiens, avec un privilége exclusif pour la cour & Paris.
C’est ici le lieu de remarquer que Racine a fourni pour le Théatre François deux carrières également brillantes ; l’une toute profane, qui nous a valu neuf Tragédies ; l’autre toute sainte, & malheureusement de trop peu de durée, puisqu’elle n’a produit qu’Esther & Athalie.