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395. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Sylvestre étend cette même doctrine au jour du Dimanche, quoique en cette matière il se soit beaucoup écarté de la vérité, et qu’il se soit laissé aller dans des opinions fort accommodantes.

396. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Il ferait lui-même sentir leur inconséquence à beaucoup de ses admirateurs, aussi intolérants qu’aveugles, qui vantent sans restriction et regrettent le fouet de sa critique, lorsqu’ils ne voient aucun des bons effets par où il doit être principalement apprécié ; lorsqu’ils n’aperçoivent au contraire partout où il a frappé que désordres, que masques jetés, freins rompus, jougs secoués ; lorsqu’ils approuvent tous les jours les censures les plus fortes, les tableaux les plus hideux, inouïs des temps qui ont suivi ce grand moyen de correction et de perfectionnement ; enfin, lorsqu’ils applaudissent, avec transport, et sur la scène même où ils font éclater les témoignages constants de leur reconnaissance envers le remède, cette publication de l’effrayante augmentation du mal : Et les vices d’autrefois sont les mœurs d’aujourd’hui ! […] Cette manière d’agir, aussi peu sensée que celle de frapper rudement et bouleverser un homme endormi pour l’éveiller, tandis qu’il suffit de l’agiter doucement, quoique bien établie et admirée aujourd’hui, doit faire regarder enfin les auteurs qui l’emploieront avec aussi peu de raison comme des forts à bras littéraires, ou des don Quichote, mus par l’orgueil et l’amour propre, dont le principal objet est de faire montre de l’étendue de leur esprit, de la force de leur génie, en produisant de grands effets, bons ou mauvais, n’importe, pourvu qu’ils soient extraordinaires et étonnants, et qu’ils fassent beaucoup et long-temps parler d’eux. […] Encore une fois, laissez-les pratiquer une si belle vertu qui les séduira enfin, ou bien à laquelle ils s’attacheront, du moins par la nécessité d’affermir la considération qu’ils lui doivent ; laissez-les crier au secours sur le sort des malheureux auxquels dans le fond ils s’intéressent peu, comme vous laissez crier au feu sur l’incendie d’une maison, par des individus à qui la conservation de cette propriété est fort indifférente, et qui ne font rien autre chose pour elle. […] La plus forte preuve qu’une verve irrésistible entraînait notre premier poète comique, et ne lui laissait pas toute liberté de réflexion et de jugement, c’est qu’il n’a pas pu s’apercevoir, avant de composer la comédie du Misantrope, qu’il donnait personnellement le plus sensible exemple de misantropie ; qu’il avait lui-même le caractère qu’il allait jouer, qu’Alceste suivait ses traces, et ne les suivait même que de loin.

397. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

La vertu interdit toutes les actions & les paroles licentieuses devant la jeunesse, à plus forte raison ne permet-elle pas de les initier dans les mysteres du vice, de les mener à cette école pernicieuse dans ce dessein, & enfin la conduire à une prétendue vertu, en l’égarant dans les routes de la passion. […] Les pieces de College sont d’un fort petit secours ; elles sont trop rares, se bornent à un rop petit nombre d’Ecoliers Acteurs, donnent top de peine au maître, & détournent trop de tout le reste pour être de quelque utilité au public. […] Toutes les raisons qui combattent le théatre sont ici beaucoup plus fortes, & les prétextes dont on voudroit l’autoriser beaucoup plus foibles. […] pourquoi se tient-elle dans une situation qui le lui fasse si fort craindre ?

398. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Mais ce n’est pas là que je me voudrois arrêter, et il y a encore de plus fortes considérations qui me détermineroient. […] Si pour être sage, il faut l’être sans excès, à plus forte raison faudra-t-il éviter l’excès pour se divertir en sage. […] Car que seroit-ce, si je parlois d’une femme qui, dans un jeu dont les plus fortes remontrances ne l’ont pu déprendre, dissipe d’une part tout ce qu’un mari amasse de l’autre ; qui se tient en embuscade pour le tromper, et détourne pour son jeu tout ce qui peut venir sous sa main : si je parlois d’un mari, qui tour à tour passant du jeu à la débauche, et de la débauche au jeu, expose jusqu’à ses fonds et fait dépendre d’un seul coup la fortune de toute une famille : si je parlois d’un jeune homme, qui sans ménagement et sans réflexion, emprunte de tous les côtés et à toutes conditions, et ne pouvant encore se dépouiller d’un héritage qu’il n’a-pas, se dépouille au moins par avance de ses droits, et ne compte pour rien toute une succession qu’il perd, pourvu qu’il joue. […] Or à combien plus forte raison cette grande maxime doit-elle vous servir de regle à l’égard de vos divertissements ?

399. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

C’est un esprit fort qui se joue de tout, un homme sans religion qui ne croit rien, qui ne respecte rien, qui affiche, s’il l’ose, du moins qui insinue adroitement ses principes & sa liberté de penser, un libertin sans mœurs, qui sous un ombre de décence & de probité se livre à ses plaisirs. […] Ce livre, annoncé dans le Mercure de novembre 1765, en veut fort au Théatre de la Foire, & il faut convenir que les règlemens faits pour l’Opéra comique, & ensuite sa suppression, font peu l’éloge de ses vertus. […] Est-il fort intéressant pour Athenes, qu’on rende parfaitement sur la scene Priam, Ulisse, Philoctete, tandis que personne ne sait être citoyen dans la place publique, ni magistrat dans l’aréopage ?

400. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

gens d’une éminente vertu, et d’une conscience fort délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, ont été obligés de m’avouer qu’à l’heure qu’il est, la Comédie est si epurée sur le théâtre Français, qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne pût entendre. » L’on ne convient pas de ce que le Théologien avance ici, que mille gens d’une conscience délicate, pour ne pas dire scrupuleuse, vont à la Comédie. […] que la Comédie est la perce des jeunes gens, dans lesquels la concupiscence est plus vive et plus forte et qu’elle y cause de funestes ravages dès qu’elle en trouve la moindre occasion. […] « On peut en tirer des moralités fort instructives, et capables d’inspirer aux hommes de l’amour pour la vertu et de l’horreur pour le vice. » Saint Isidore dit positivement que les Comédiens ne s’étudient qu’à pervertir le peuple, et non pas à le rendre meilleur.

401. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

J’ai de fortes raisons pour me persuader qu’ils le cultivaient, ainsi que nous.

402. (1698) Mandement de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras au sujet des Tragédies qui se représentent dans les Collèges de son Diocèse [25 septembre 1698] « Mandement  » pp. 37-43

 » Nous croyons devoir exhorter les Régents qui seront chargés de ces sortes d’ouvrages, de ne pas y donner si fort leur temps, qu’ils oublient le soin qu’ils doivent prendre de leurs Ecoliers ; et de se souvenir qu’ils doivent s’appliquer beaucoup plus à les rendre de bons Chrétiens, qu’à en faire de bons Acteurs.

403. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

On y vient avec un cœur fort disposé à recevoir les impressions les plus fâcheuses. […] La sainteté la plus affermie & la plus consommée, tremble & ne croit pas être en assurance dans les retraites les plus écartées ; & de jeunes personnes, avec une vertu très-foible, avec des passions fort vives & un cœur fort tendre, se croiront assez fermes pour s’exposer à un danger si certain & si évident ? […] C’est à quoi on a beaucoup travaillé au sujet de la comédie ; car, comme il n’y a guére de divertissement plus agréable aux gens du monde que celui-là, il leur étoit fort important de s’en assurer avec une jouissance douce & tranquille, afin que rien ne manquât à leur satisfaction. […] Moyse s’étant approché du camp, vit le veau d’or & les danses, & fort en colere jetta les tables de la Loi & les rompit aux pieds de la montagne. […] voilà les piéces qu’on expose tous les jours à vos yeux : est-ce donc là cette prétendue honnêteté que vous vantez si fort ?

404. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Dans les nouveaux Colléges élevés sur leurs débris, on a fort peu de soin de la Religion des enfans ; les livres innombrables sur l’éducation, la plupart d’après l’Emile de Rousseau, à peine en disent un mot en passant, n’en prescrivent aucun exercice. […] On a fait pour la premiere fois cette cérémonie le 3 mai 1777 : Messieurs les Curés en le recevant ont bien voulu faire un petit remerciement à l’Académie qui a été fort applaudi ; plusieurs Académiciens ont donné ; les uns des discours, les autres des pieces de vers très-ingénieux, analogues au sujet de la Fête.

405. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

L’instinct du Christianisme va si fort à en éloigner, que les Païens reconnaissaient qu’un homme était devenu Chrétien dés qu’ils ne le voyaient plus dans ces lieux, et la curiosité y ayant un jour conduit une Chrétienne, le démon prit possession d’elle aussitôt, et comme on le conjurait dans les exorcismes de dire ce qui l’avait rendu assez insolent pour s’emparer du corps de cette servante de Jésus-Christ, il répondit par sa bouche qu’il l’avait trouvée dans sa maison, in meo inveni. […] Ce seraient des vérités trop fortes dans ce temps de relâchement d’ajouter avec le même Tertullien, que l’état d’un Chrétien l’engage de fuir les plaisirs des sens, et de faire consister toute sa joie dans les larmes de la pénitence, la rémission de ses péchés, la paix d’une bonne conscience, festin continuel, la connaissance de la vérité et le mépris même des plaisirs.

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