Le feu s’allumoit, lorsque tout-à-coup une troupe de libertins, qui en fut instruite, vint à main armée, éteignit le feu, enleva les livres, & les distribua dans la ville : Novissimus error pejor priore. […] On peut en dire de même de l’ame juste, embrasée du feu de la charité, comme des rayons du Soleil, couronnée de la lumiere de la foi, comme des étoiles, elevée au dessus des choses d’ici-bas par la force de l’espérance. […] Ces vains ornemens, ces piquans artifices allument dans votre cœur un feu violent. […] Toute sorte d’ornemens y sont prodigués, frisure de cheveux, vermillon des joues, corail des levres, pendans d’oreilles, rubans, pompons, aigrettes, diamans, feu des regards, traits de la langue, impudence du front, que sais-je ! […] Il y a établi son empire, il y donne des loix, y prononce ses oracles, y allume ses feux, y étale ses livrées, y exerce son autorité, toutes les passions y sont à ses ordres, on y combat pour lui, on lui amene des esclaves.
) Depuis le péché originel, les garçons et les filles, les hommes et les femmes, sont si dangereux l’un à l’autre, qu’il ne faut qu’une œillade lancée inconsidérément, à la volée, en passant et en un moment, dans la rue ou même en l’église, pour allumer un fort grand feu ; témoin Samson, témoin David, témoin celui qui disait : Ut vidi ut perii, ut me malus abstulit error (Virg.
L’art du pantomime, l’adresse à contrefaire, la vivacité à exprimer des sentimens par l’inflexion de la voix, les nuances du geste, les traits du visage, le feu des regards, ne sont qu’un instinct naturel, une sorte de méchanisme qui résulte de la configuration des organes, sans que l’esprit & les vrais talens y entrent pour rien. […] Les petits spectacles forains remplissoient le vuide du théatre aboli ; le goût de la danse, passion épidémique, se réveille tout-à-coup avec fureur ; des bals champêtres s’ouvrent dans tous les villages aux environs de la capitale ; des artificiers Italiens donnent des spectacles Pyriques, (des feux d’artifices,) & pour les animer d’avantage, y réunissent des danses ; enfin, d’après le Vauxhall Anglois, on imagine de construire à grands frais des lieux d’assemblées, décorés comme des théatres, pour y attirer le public ; c’est-à-dire, les curieux, les gens de plaisir, les citoyens désœuvrés, des femmes, sur-tout les jeunes gens, &c. par toutes sortes d’amusemens, souvent par le seul concours des personnes qu’on y peut voir, ou de qui l’on peut être vu, & même encore par la facilité de se cacher dans la foule ; ces divers établissemens ont le succès de la nouveauté, toujours attrayans pour des François. […] On y entre par un large vestibule, sous une espece de porche, en colonne, où sont des boutiques de marchands ; on passe de-là dans un salon circulaire, d’une étendue & d’une élévation surprenante ; au tour de l’entablement de la coupole regnent trois galeries, l’une au-dessous de l’autre, le tour & les entrecolonnemens du salon sont remplis de gradins, le tout est magnifiquement décoré, chaque galerie a de tous côtés des dégagemens commodes, d’où on se répand dans les salles, sur des terrasses, dans des cours, dans un enclos planté d’arbres, & dans une espece de cirque découvert ; c’est dans ce cirque que l’on tire des feux d’artifice, & qu’il se fait des joutes sur l’eau, au moyen d’un bassin d’aréne ramassé, qu’on renouvelle de tems en tems.
Et quoique toute la France ait l’obligation à feu Monsieur le Cardinal de Richelieu, d’avoir épuré et purifié le théâtre de la comédie, et d’avoir réformé jusqu’aux habits, et aux gestes de cette courtisane effrontée. […] [Liber de virginibus], compare tous ces baisers, qu’on permet dans les bals, ces attouchements de mains, ces cajoleries, et autres indécences qui s’y commettent, aux attouchements du feu. […] De même, dit ce Saint, ce sortes d’attouchements trop libres entre les deux sexes, vont subitement frapper le cœur, et y causent des inflammations, qui brûlent la fleur de sa pureté, sans qu’on en puisse éteindre le feu qu’avec de très grandes difficultés. […] Ce regard éveilla sa passion, le feu s’augmenta, il vit cette femme, elle lui plut, il en fut charmé, il avala le poison, et le vainqueur de Goliath devint en un moment la conquête de Bersabée, sur quoi S. […] , dont les meilleurs ne valent rien, et quand il parle à sa Philotée, ne les appelle-t-il pas des récréations impertinentes, et des passe-temps très dangereux, parce qu’ils dissipent l’esprit de piété, affaiblissent les forces de l’Ame dévote, ralentissent le feu de la charité Chrétienne, et excitent dans le fond du cœur mille sortes de mauvaises affections.
Si vous êtes un jeune homme, vous regardez et convoitez les filles, vous allumez en votre cœur un feu infernal et diabolique qui vous porte à des actions honteuses et dénaturées ; vous dites des paroles dissolues ou à double entente, des paroles de moquerie ou de mépris du prochain, qui sont des sources de querelles, de duels, de dissensions et d’inimitiés immortelles.
Ses ennemis y entrerent, y mirent tout à feu & à sang. […] Le premier est un feu d’artifice, qui avec quelque personnage muet qu’on y mêle, représente une action. […] Le feu est un acteur avec qui on n’aime pas à se jouer, & qui a bientôt fini le dénouement des intrigues. […] On prit ici pour sujet les Amours de Venus & de Mars, sujet très-libre, où le feu n’entre pour rien. […] Il redouble le feu de ses forges, tout s’embrase, & vomit tant de feux & de flammes, les bombes, les pétards, font un bruit si épouvantable, que Mars, effrayé & vaincu, ne s’échappe que par la fuite.
Que diriez-vous Monsieur si vous voyiez cette Dame unir au talent de la Peinture, qui l’a fait recevoir dans l’Académie de Bologne, celui de la Poésie, qui l’a fait recevoir dans celle de Rome, et qui lui a mérité les suffrages distingués du feu Pape ? […] Vous accordez au Sexe, l’esprit, l’aptitude aux sciences mêmes, mais vous lui refusez le génie, ce n’est qu’à la seule Sapho et à une autre que vous ne nommez pas que vous accordez ce feu qui embrase l’âme, ce feu qui consume et dévore, pour en refuser la moindre étincelle à toutes les autres femmes. Quant aux hommes, vous les croyez très abondamment pourvus de ce feu : il faut que la plupart n’en fassent pas grand cas, puisqu’ils se soucient si peu de le faire éclater. […] Pourquoi Sapho, pourquoi la femme que vous ne nommez point, pourquoi celles que j’ai citées et dans les ouvrages de qui l’on trouvera sûrement du génie, quand on sera moins prévenu que vous contre le sexe, pourquoi dis-je, ont-elles leur part de ce feu qui dévore ? […] Je ne suis apparemment pas fait pour être aimé des Dames, puisque je remplis dignement du côté de la figure les rôles de feu M.
Ceux qui pensent autrement, nous les comparons à des hommes qui refuseroient de croire que le feu brûle, parce qu’on ne sauroit leur donner une notion exacte de la nature du feu ; qui nieroient l’existence de la boussole, parce que nous ne saurions leur rendre une raison suffisante de l’action de l’aimant ; qui contesteroient que César eut vécu, parce qu’on ne sauroit le prouver par une démonstration géométrique.
« Heureux, si le Théâtre au bon sens ramené, N’avait point, de l’amour aux intrigues borné Cru devoir inspirer d’une aveugle tendresse Aux plus sages Héros la honte et la paresse : Peindre aux bords de l’Hydaspe Alexandre amoureux, Négligeant le combat pour parler de ses feux, Et du jaloux dessein de surprendre une ingrate Au fort de sa défaite occuper Mithridate : Faire d’un Musulman un Amant délicat Et du sage Titus un imbécile, un fat, Qui coiffé d’une femme et ne pouvant la suivre Pleure, se désespère, et veut cesser de vivre … … … … … … … … … … … … Mais on suppose en vain cet amour vertueux : Il ne sert qu’à nourrir de plus coupables feux L’amour dans ces Héros plus prompt à nous séduire, Que toute leur vertu n’est propre à nous instruire. » Au regard des Anglais, que la paix multiplie chaque jour dans le Royaume, ils seront bien aises d’avoir un excellent Auteur de leur nation traduit dans une langue qu’il leur est nécessaire de savoir pour vivre en un pays étranger avec quelque plaisir et quelque satisfaction.
Toute la France a l’obligation à feu Monsieur le Cardinal de Richelieu d’avoir purifié la Comédie, et d’en avoir retranché ce qui pouvait choquer la pudeur, et blesser la chasteté des oreilles ; il a réformé jusques aux habits et aux gestes de cette Courtisane, et peu s’en est fallu qu’il ne l’ait rendue scrupuleuse. […] L’Impiété qui craint le feu, et qui est condamnée par toutes les Lois, n’a garde d’abord de se rebeller contre Dieu, ni de lui déclarer la guerre ; elle a sa prudence et sa politique, ses tours et ses détours, ses commencements et ses progrès. […] Et cet homme de bien appelle cela corriger les mœurs des hommes en les divertissant, donner des exemples de vertu à la jeunesse, réprimer galamment les vices de son siècle, traiter sérieusement les choses saintes ; et couvre cette belle morale d’un feu de charte, et d’un foudre imaginaire, et aussi ridicule que celui de Jupiter, dont Tertullien raille si agréablement ; et qui bien loin de donner de la crainte aux hommes, ne pouvait pas chasser une mouche ni faire peur à une souris : en effet, ce prétendu foudre apprête un nouveau sujet de risée aux Spectateurs, et n’est qu’une occasion à Molière pour braver en dernier ressort la Justice du Ciel, avec une âme de Valet intéressée, en criant « mes gages, mes gages m » : car voilà le dénouement de la Farce : ce sont les beaux et généreux mouvements qui mettent fin à cette galante Pièce, et je ne vois pas en tout cela, où est l’esprit ? […] Molière devrait rentrer en lui-même, et considérer qu’il est très dangereux de se jouer à Dieu, que l’impiété ne demeure jamais impunie, et que si elle échappe quelquefois aux feux de la Terre, elle ne peut éviter ceux du Ciel ; qu’un abîme attire un autre abîme, et que les Foudres de la Justice divine ne ressemblent pas à ceux du Théâtre : ou pour le moins s’il a perdu tout respect pour le Ciel (ce que pieusement je ne veux pas croire) il ne soit pas abusé de la bonté d’un grand Prince, ni de la piété d’une Reine si Religieuse, à qui il est à charge, et dont il fait gloire de choquer les sentimentsq.
Le feu de l’impureté qui fait des ravages si affreux dans la jeunesse leur paroît-il trop foible ?