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29. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

Fêtes de Théatre. […] Tout étant prêt, on annonce la fête au bruit des tambours, on y invite toute la Ville, le Clergé n’y fut pas oublié, c’est tout ce qu’il y a de distingué dans Saint-Pons, & à peu-près tout ce qui sait lire, & qui peut avoir quelque idée du théatre. […] Ces comédiens sont trop bons chrétiens pour ne pas faire honneur à leurs Pasteurs, & l’Archidiacre, premiere dignité, est proche parent du Directeur de la scéne, pouvoit-il n’être pas appellé à une fête de famille  ? […] Tout s’y est porté de bonne grace, on s’en est fait un honneur & un mérite, tout cela ne suffisant pas encore, les Pénitens, dont il y a une confrérie à Saint-Pons, ont prêté leur sac & leur capuchon, & le Chapitre ses aubes, & en particulier une aube très-belle, qu’on avoit acheté pour solemniser la fête du Sacré Cœur de Jesus. […] La preuve évidante de ce panégyrique que fait de son Vauxhal, le Marseillois, auteur de l’anonce répandue dans les papiers publics, sans doute un des directeurs de la fête : la voici.

30. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Quelque Prêtre de la Divinité devait y présider, et sur la fête, et sur les Prêtres inférieurs (les Comédiens). […] Ces jeux superstitieux et ridicules devinrent des fêtes brillantes ; les croquis furent des tableaux magnifiques, et les tombereaux des théâtres superbes. […] Ils sont Prêtres des mêmes Dieux ; même culte, mêmes objets, mêmes fêtes, mêmes crimes ; Vénus, Adonis, Jupiter, Endymion, etc., ne règnent pas moins sur le théâtre. […] Mais depuis que par des théâtres fixes, construits à demeure, les représentations théâtrales devinrent journalières, et par conséquent indépendantes des fêtes, elles ne furent plus que des amusements, et non des actes de religion, que dans certains temps où elles concouraient avec des fêtes, quoique les autels des faux Dieux y demeurassent toujours. […] On lui immole les cœurs, on chante ses exploits, on célèbre ses fêtes, on fait gloire de ses faveurs.

31. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Les Anglois ordinairement entousiastes, ont fait une fête à l’honneur de Shakespear, qui a couté des sommes immenses, Garrik en a eu l’intendance, & en a fait les honneurs. […] Dès la pointe du jour tout le monde a été éveillé par une simphonie, qui fut entendue dans toutes les rues de la ville de Straford, sa patrie, où se faisoit la fête. Des belles voix chantoient des couplets adressez aux Dames, pour les inviter à honorer la fête de leurs regards, & faire respecter un Poëte que la beauté aura d’aigné courronner. […] Les officiers de la grand-chambre, la plupart vieux maris, ou vieux célibataires, prennent peu d’intérêt à ces fêtes comiques, qui sont pour les jeunes Magistrats des évennemens très-importans. […] On donne un avant goût du plaisir futur, on annonce les pieces qui se représenteront après Pâques, c’est un sujet fort dévot de méditation pendant les fêtes.

32. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

Pleræque enim earum, tamquam in numerosa multitudine diebus festis, cum adveniunt audituræ verbum Dei, per inscitiam lætitiæ spiritualis, se dedunt inhonestis disciplinis. » c’est-à-dire, de femmes et de filles Chrétiennes, qui par une indiscrète et fausse joie, qu’elles appellent spirituelle, dansent aussi d’une manière honteuse les jours des Fêtes, et dans le temps même qu’elles viennent dans les Eglises pour entendre la parole de Dieu. […] « Avertissez incessamment vos voisins et vos proches, dit ce saint Docteur, de s’appliquer toujours aux bonnes œuvres, et de ne s’entretenir que de discours honnêtes et Chrétiens dans leurs conversations, de peur qu’en détractant, et parlant mal de leur prochain, et dansant les jours des Fêtes des Saints, ou en chantant des chansons impudiques, ou indécentes, ils ne blessent leur conscience par ces dérèglements. […] « Choreas ob fragilitatem hominum difficile sine diversis peccatis haberi, et omnia peccata choreizare in choreis. » Saint Bernardin de Sienne, très illustre par sa sainteté et par sa doctrine, dans l’un de ses Sermons touchant la sanctification des Fêtes. « C’est une chose exécrable, dit-il, de danser les jours des Fêtes, puisque dans cet exercice les âmes de ceux qui y assistent, tombent dans les pièges du démon, et contractent beaucoup de taches par la vue, par l’ouïe, par le goût, et par l’attouchement. » Bernardinus ser. 10. de observant. […] Jacques de Vitry rapporte qu’au pays de Saxe dans quelques villages, Dieu punit d’une manière terrible et extraordinaire des personnes qui dansaient un jour de Fête, et qui ne voulurent pas quitter ce divertissement, quoiqu’ils en fussent charitablement avertis par leur Curé.

33. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

Tout cela peu conforme au goût régnant de la philosophie, qui se joue de tout, & qui tient à l’irréligion, fort innocent dans son principe, utile même à des peuples dont la piété pure & simple s’en nourrissoit avec fruit ; il l’est encore, pourvu qu’on en écarte tout ce qu’une imagination bisarre voudroit introduire de puérilités & de bouffonneries, comme elle avoit fait dans ces fameuses fêtes des Foux, justement abolies, qui n’étoient qu’un théatre ambulant dans les processions, adoptées dans les solemnités, scandaleusement transportées dans le sanctuaire. Ces fêtes ne furent des folies que parce que c’étoit l’ouvrage du théatre, qui empoisonne tout ce qu’il touche. […] Le bas peuple les imita dans la campagne (ces déguisemens hideux sont faciles à imiter), & firent des fêtes, d’abord religieuses pour faire craindre l’enfer, mais qui dégénérerent en licence & toutes sortes de débauches. […] Cela sans doute est arrivé quelquefois : mais plus communément c’est le Théatre qui a embelli les autels, & les actrices les divinités qu’on y adore, par les ornemens qui en ont fait la parure, par les cantiques qui les célebrent, & les divertissemens qui solemnisent leurs fêtes.

34. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Une fête si prophane dans un pays & sous un Roi Protestant, une adulation si outrée dans un moment si malheureux mériteroit une place dans la justification de la Bulle qui les supprime. […] Comment a-t-elle pu sans aucune nécessité, donner une fête à des Officiers qui ne sont rien moins que scrupuleux en galanterie, n’y admettre que des femmes, & les faire servir par les Dames ? […] Cette fête déplut au Roi & mit obstacle à l’avancement du Prince ; un esprit livré a ces folies est-il capable de grandes affaires ? On eut même l’imprudence de les faire dans un temps que le Roi dangereusement malade, venoit de souffrir l’opération de la fistule ; étoit-ce le temps de donner des fêtes ? […] Elisabeth, Reine d’Angleterre étoit trop Comédienne pour ne pas aimer éperdument les spectacles, elle alloit fréquemment à la comédie, elle ne donnoit point de fête que le théatre n’en fit les honneurs ; il lui doit presque sa naissance.

35. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre II. Que la représentation des Comédies et Tragédies était un acte de Religion parmi les Grecs et Romains. » pp. 36-56

Or comme la Comédie et la Tragédie avaient eu pour Berceau les Autels de Bacchus, et qu'elles faisaient la plus solennelle dévotion de ses Fêtes, elles ont toujours été tenues parmi les Païens pour une cérémonie de Religion. […] , où les Poètes Tragiques, les Comiques et les Musiciens disputaient le prix de la Poésie et de la Musique ; et cette noble dispute d'esprit et d'art se fit aux trois plus grandes fêtes de Bacchus. Cette révérence néanmoins ne lui fut pas si particulière qu'elle n'ait passé jusqu'aux autres Dieux qu'ils honoraient par les Jeux du Théâtre ; car aux Fêtes de Minerve les Athéniens introduisirent la même dispute de Poésie et de Musique ; et chez les Romains il y avait toujours sur le Théâtre deux Autels, l'un à la main droite, consacré à Bacchus, comme au Dieu du Théâtre, et l'autre à la main gauche, au nom de celui en l'honneur duquel on faisait les Jeux ce jour-là. […] Domitien pour célébrer la fête de sa Victoire, ce sont les mots de XiphilinXiphilin.

36. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

La ville de Dresde ne fut signalée que par les fêtes qu’il y donna. […] Le fête que le Surintendant Fouquet donna au Roi dans sa maison de Vaux, & qui hata sa ruine, fut au-dessus de tout ce qu’on avoit vu en ce genre : la seule maison de Vaux étoit un prodige (une folie) il s’en faloit beaucoup, que St-Germain & Fontainebleau, les seules maisons de plaisance qu’eût alors le Roi, approchassent de la beauté de Vaux ; (on eut depuis la foiblesse de vouloir l’emporter sur lui à Marli, à Saint-Cloud, à Chantilli, &c.) & on représenta pour la première fois à cette fête, le Facheux de Moliere. […] Le Roi vouloit le faire arrêter dans sa maison même, pendant le repas, la Reine qui vouloit jouir de la fête, fit renvoyer au lendemain. […] Madame de Maintenon s’ennuyoit beaucoup avec le Roi, qui la tenoit dans une espece d’esclavage, comme elle s’en plaint dans vingt endroits de ses lettres, sur-tout depuis que devenu dévot, ce Prince avoit renoncé aux plaisirs, aux fêtes, aux théatre, dont Madame de Montespan, pendant son regne l’avoit rendu amateur.

37. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

On s’y occupe presque toutes les Fêtes, même publiquement, et à la campagne, et dans les villes ; et ce qui est plus insupportable, c’est dans ce saint temps, qui est depuis la fête de Noël jusques au Carême, qu’on s’y abandonne avec plus d’excès.

38. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

Depuis que les systèmes modernes ont tout desséché, on n’assiste guère à de pareilles fêtes ; mais il n’y a pas plus de trente ans qu’au milieu des processions, les ânes entraient dans des cathédrales avec le droit d’y braire, permission qui depuis leur a été retirée. […] Les avis ont été fort partagés sur la fête des fous qu’on célébrait dans les cathédrales de Reims, de Sens, et dans beaucoup d’autres. Tandis qu’un théologien soutenait une thèse pour démontrer que cette cérémonie n’était pas moins approuvée du ciel que l’office de la conception de N.D., un chancelier de l’église de Paris prétendait que si les diables avaient à fonder une fête dans les temples chrétiens, ils ne pourraient rien imaginer de plus que ces « abominations mêlées d’une infinité de folâtreries et d’insolences ».

39. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VIII. De la Folie. » pp. 163-179

Il serait inutile et impossible de faire l'histoire et d'épuiser le détail des folies humaines dans les divertissements ; nous ne parlerons que d'une espèce qui s'était répandue dans toute la France pendant les siècles d'ignorance, et s'était glissée jusques dans les Eglises et dans l'Office divin, et par les plus indécentes profanations avait porté dans le sanctuaire l'abomination de la désolation, sous une infinité de noms bizarres, la Fête des Fous, la Fête de l'Ane, les Innocents, la Mère folle, l'Abbé et les Moines de Liesse, l'Evêque des Imbéciles, le Pape des Fats, le Roi des Sots, le Prince de Plaisance. […] Toute la fête n'était même qu'une farce ambulante, dans le goût du siecle. […] Si l'on daigne avoir la curiosité de s'instruire de cette importante matière, on peut consulter les Mémoires pour servir à l'Histoire de la Fête des Fous, par M. […] Il était ordinaire aux Juifs de danser dans leurs fêtes ; on le voit au passage de la mer Rouge, devant le Veau d'or, etc. Tous les peuples du monde sont dans le même goût, et quoique le christianisme ait inspiré plus de gravité, on voit encore dans toutes les campagnes les fêtes célébrées par des danses.

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