Le Poète qui compose un Drame du nouveau genre, & qui veut se distinguer de la foule, aura pourtant soin dans la prémière Scène d’exposer le sujet.
Page 134 L’église ne peut s’exposer au reproche d’agir à l’égard des comédiens avec deux poids et deux mesures.
Mais quant au regard des Comédiens qui n’ont point de Compétiteurs ni de personnes pour corriger la liberté de leurs pièces, ils représentent sans considération d’offenser la vertu de leurs Auditeurs ; A quoi je réplique ; qu’il n’y a point de ville bien policée, où leurs Comédies ne passent par la coupelleq des Magistrats, et où il ne leur soit défendu de n’exposer aucun sujet sur le Théâtre, qui puisse choquer l’honneur de Dieu, le service du Roi, et la réputation du prochain (Dictionnaire de l’Académie, 1694).
C’est trop s’exposer à la tentation, bien des gens m’ont avoué que leurs passions y avaient été vivement émues. » Cependant tout était à S.
Qu’il est condamnable par ses propres principes, pour avoir prétendu justifier la Comédie contre la discipline de l’Eglise clairement exposée dans les derniers Conciles de France, dans les Rituels presque de tous les Diocèses, principalement dans celui de Paris, et dans les Statuts Synodaux même les plus récents, tels que ceux de Besançon en 1676. titre 2.
Un premier Ministre obligé de prendre la fuite, dont on met la tête à prix, & qu’on va quelques jours après recevoir en triomphe, qu’on comble de bénédictions, qu’on remercie de ses soins, à qui on baise les pieds ; un Roi & la Reine sa mere fugitifs au milieu de la nuit, qui avec sa petite Cour va coucher sur la paille ; des Princes emprisonnés pour crime d’Etat, & l’auteur de leur détention, enveloppé des détours de la politique & des bassesses de la frayeur, court à la prison, brise leurs fers à genoux, & les ramene à la Cour ; le Roi lui-même, après les avoir déclarés coupables d’une révolte qui eût mérité la mort, par un assemblage incompréhensible de fermeté & de déférence, écrit humblement au Parlement pour les justifier ; deux femmes, la Régente & la Duchesse, se disputant la souveraineté, se déclarant la guerre, se fuyant, se poursuivant, se caressant, se maltraitant ; des courtisans incertains, passant selon le vent de la fortune d’une Cour à l’autre, de la soumission à la révolte, se trahissant, se déchirant mutuellement ; un Archevêque de Paris, l’ame de toutes les intrigues, toujours avec des femmes, portant des pistolets dans ses poches, levant un Régiment, soulevant le peuple, enfin emprisonné, obligé de se défaire de son Archevéché, & mourant dans l’obscurité, & heureusement dans la pénitence ; deux Cardinaux plus divisés qu’on ne l’a jamais été dans les brigues des Conclaves, se poursuivre tous les deux comme ennemi de l’Etat, l’un par les entreprises les plus hardies, l’autre par les artifices les plus obscurs ; un grand Prince couvert de gloire, jusqu’alors défenseur de l’Etat contre les étrangers & contre les Frondeurs mêmes, s’arme contre son Roi, quitte le royaume, va combattre chez l’ennemi, & répand le sang des françois pour lesquels il avoit tant de fois exposé sa vie ; une Postulante Carmelite amoureuse, séditieuse, à la tête de la révolte, se moquant de son mari, tantôt brouillée, tantôt intime avec ses freres, les embrassant, les caressant, les insultant, écoutée comme un oracle, haïe & méprisée, ses associés brouillés entre eux, se plaignant les uns des autres, prétendant de remédier aux désordres & en causant de plus grands ; les Magistrats guerriers dirigeant les opérations militaires ; les Guerriers magistrats prenant l’ordre de la Grand’Chambre, & se réglant sur les formalités de la Justice ; des Soldats & des Officiers passant de la toilette aux combats, couvrant de rubans leurs épée, leur tête de frisure & de poudre, & au premier coup de mousquet prenant la fuite ; des Citoyens courageux, qui après avoir bien bu, opposant Bacchus à Mars, se font des retranchemens de leurs barriques ; un Parlement qui prêche la fidélité, & leve des troupes ; des Conseillers qui se plaignent d’une legere imposition sur leurs charges, & en établissent une énorme sur le peuple, sur eux-mêmes, pour les frais de guerre, qui envoient des députés à la Cour rendre hommage & signer la paix ; un Peuple aveugle qui fait également des foux de joie pour l’emprisonnement des Princes & pour leur élargissement, pour l’entrée de la Princesse & pour sa fuite précipitée pendant sa nuit, dans une voiture empruntée, par des chemins détournés, pour éviter la prison ; &, après une folle joie pour des biens imaginaires ou plutôt des vrais maux, tombe dans la sombre consternation, croyant tout perdu ; &, toujours victime des grands, tantôt se livre à une fureur insensée, tantôt rampe bassement dans la poussiere. […] Enfin la terre lui manqua : elle implore le secours de Neptune, & veut s’enfuir par mer, & s’exposer aux caprices des vents & des flots ; elle appelle une barque de pêcheur qu’elle voit sur le rivage ; le patron la prend entre ses bras pour la porter dans sa barque, & la laisse tomber dans la mer.
N’a-t-il pas bonne grace de dire que jusqu’à lui on n’avoit fait du spectacle que de foibles apologies, que personne n’avoit exposé les raisons avec soin ?
.° Que ces récréations toutes mondaines ne conviennent point du tout à des personnes consacrées à Dieu, qui font une profession solennelle de renoncer au monde, et qu’elles les exposent à beaucoup de dissipation et de mollesse.
Si Dieu permet les désordres, c’est alors qu’il est plus irrité ; s’il les laisse impunis, c’est alors qu’il punit plus sévèrement, et la misère qui tarit la source des débauches est un effet de sa miséricorde : « Theatrorum moles extruuntur, et effodiuntur fundamenta virtutum ; luxuriantur Histriones, et necessaria vix habent pauperes ; theatrica corporum et animorum dedecora celebrantur, et blasphematur Deus, etc. » Quelles horreurs d’exposer sur un théâtre public les amours des Dieux, les adultères de Jupiter, les infamies de Vénus, vrais ou faux !
En effet, une fille qui consent que son Amant l’enlève, dans l’instant qu’elle est à l’Autel pour en épouser un autre que son père lui a destiné, et qui à la fin se trouve réduite par la mort de son mari à se tuer elle-même, ne peut, je pense, que présenter une leçon bien utile aux jeunes personnes ; puisque malheureusement il s’en trouve qui ne craignent pas de s’exposer au sort de Servilius et de Valérie.
Les Corses se donnent le spectacle guerrier d’une bataille simulée, qui leur rappelle les exploits de leurs ancetres, fort exposés aux incursions des Sarrasins, dans une grande pleine où des rentes dressées offrent la vue de deux camps ; on voit des troupes en bataille, d’un côté en habit de Turc, & de l’autre en habit du Pays.