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88. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Les préceptes peuvent diriger, les récompenses encourager, les menaces intimider, les peines arrêter ; mais un exercice qui, éclairant l’esprit, le formeroit ; qui, touchant le cœur, le corrigeroit ; qui, faisant connoître la vertu, la rendroit aimable ; qui, montrant le vice, en découvriroit la laideur, seroit le plus beau présent qu’on pût faire au public. […] faisons… défenses… à tous Comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double-entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique, & sur peines d’être déclarés infâmes, & autres peines qu’il écheoira : enjoignons à nos Juges, chacun en son district, de tenir la main à ce que notre volonté soit religieusement exécutée ; & en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons & entendons que nosdits Juges leur interdisent le théâtrea, & procédent contr’eux par telles voies qu’ils aviseront à propos, selon la qualité de l’action, sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grandes peines que l’amende ou le bannissement : & en cas que lesdits Comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles soient du tout exemptes d’impureté, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public ; ce que nous faisons afin que le desir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir des représentations publiques qu’ils feront, que la crainte des peines qui leur seroient inévitables, s’ils contrevenoient à la présente Déclaration.

89. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Mais ce grand homme ne voulait pas qu’on ruinât Carthage, pour laisser un exercice à la valeur, et fermer l’entrée à l’ambition, à l’avarice, à la corruption des mœurs, que le repos et l’abondance font naître. […] de la Musique) après avoir montré que dans la plupart des Comédiens qui plaisent le plus par leur chant, il y a très peu de science, même de la musique, parce que ce n’est ordinairement que la beauté naturelle de la voix, une routine, un exercice, qui n’est qu’un pur mécanisme, où l’esprit a très peu de part, ce qui est très vrai, de même que dans la danse, les instruments et tous les arts, où l’on voit tous les jours que le plus grand Musicien chante désagréablement, le plus grand Poète débite mal, le plus savant Architecte ne taillerait pas une pierre, qu’ainsi quelque honneur qu’on veuille faire à la poésie, à la musique, les exécuteurs, c’est-à-dire les Comédiens, ne sont que de purs artisans, S. […] Ils ont les grâces de la voix, de la figure, du mouvement, et l’embellissement de l’exercice, ce qui n’est qu’un pur mécanisme, et ne suppose aucune science.

90. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

Cet autel, c’est le cœur de l’homme, dont tout chrétien est le prêtre : comme tels, notre devoir est de veiller à ce que le feu de la charité ne s’éteigne pas sur l’autel de notre cœur, et pour cela, nous devons sans cesse lui fournir des aliments nouveaux ; ces aliments ne sont autre chose que la méditation et la contemplation des choses divines, ainsi que les exercices pieux. […] Un exercice modéré est nécessaire, surtout aux personnes sédentaires ; mais qu’il ne soit pas trop fréquent ni trop long. […]  » « Toutes les personnes qui entrent dans ces lieux profanes, et qui contribuent de leur bourse à les soutenir, quelque modique que soit d’ailleurs la somme, doivent se considérer comme ayant contribué, autant qu’il a été en elles, au succès de ces instruments de corruption, et se sont en conséquence rendues complices de l’exercice public et patent de l’impureté et de la profanation.

91. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Dans le cinquieme discours, il blâme avec raison, comme une grande folie, qu’on n’ose point faire des actes de religion devant le monde, prier Dieu soir & matin, au commencement & à la fin des repas, parler des choses saintes, en un mot tous les exercices du Christianisme. Il n’y a point de lieu au monde d’où tous exercices extérieurs de la piété soient plus séverement bannis : il n’y en a point la moindre trace ; elle y seroit ridicule, on en rougiroit. […] Nous avons souvent condamné le mêlange profâne du Paganisme avec le Christianisme sur le théatre, le culte simulé des faux dieux, ces exercices d’idolâtrie qui y sont si communs : l’autorité d’un anglois sera sans doute d’un grand poids dans ce siecle angloman. […] Son origine est divine : elle fut inventée par la déesse Rhéa : son exercice est divin, elle fut employée par les Corybantes pour sauver Jupiter : son esprit est militaire, la danse Pyrrique, chef-d’œuvre de Pyrrhus, immortalise ce prince plus que toutes ses conquêtes. […] Il le croit même utile, comme une école de bravoure & un exercice militaire ; pourvu qu’on n’y emploie que des criminels.

92. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

Il falloit dire que l’opprobre tomboit seulement sur l’état & sur l’occupation habituelle du Comédien, & point du tout sur l’exercice d’un moment de la jeunesse. […] En 1641, il fit jouer sa tragédie de Polieucte, à l’occasion de laquelle Louis XIII se détermina à accorder aux Comédiens la déclaration du 16 Avril, où après leur avoir été fait défenses de représenter aucune action malhonnête, ni d’user d’aucune parole à double entente qui puisse blesser l’honnêteté publique, sur peine d’être déclarés infâmes, il est ordonné que dans le cas où les Comédiens régleront tellement les actions du théâtre, qu’elles soient exemtes d’impureté, leur exercice qui peut innocemment divertir les peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudice à leur réputation dans le commerce public, &c. […] En 1685, Madame la Dauphine, de l’agrément du Roi, fit faire elle-même le réglement de la troupe des Comédiens François : leur contrat de réunion, leurs pensions, le nombre de leurs parts, le droit que chacun y auroit, enfin tout ce qui les intéresse, est arrêté par ce réglement, & les premiers Gentilshommes, comme auparavant, sont nommés pour leur faire savoir les ordres du Roi, par les Intendans des Menus & Contrôleurs de l’argenterie en exercice, en la maniere accoutumée. […] Cet exercice, dans les instans précieux de la jeunesse, servira encore à perfectionner son éducation. […] Cette expression ne prouve rien pour l’Acteur, il seroit ridicule de penser qu’il fût possible que l’héritier présomptif d’une couronne n’eût d’autre exercice que l’emploi de Comédien ; mais avec quels applaudissemens, avec quelle satisfaction, avec quels transports de joie les spectateurs verroient des jeunes élèves de l’Ecole Militaire & de S.

93. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

Les intérieures en l’âme car l’exercice et la pratique de la vertu, porte avec soi une grande paix, joie, et tranquillité de cœur, qui est comme un avant-goût des joies, et des délices du Paradis : comme à l’opposite, le péché traîne avec soi sa peine, et est un commencement de celle à laquelle il engage le pécheur dans un Enfer éternel : ce qui a fait dire au Philosophe Sénèque, « Que la plus grande peine du péché est d’avoir péché. […] Saint Ignace de Loyola43 visitant un jour un Citoyen de Rome, le trouva jouant au billard, invité à jouer avec lui, l’accorda ; mais avec une sainte condition, que celui qui perdrait, ferait l’espace de trente jours la volonté de celui qui gagnerait ; Dieu bénit tellement ce jeu, que le Saint, qui n'avait jamais manié ni bille, ni billard, gagnait à chaque coup, et la partie finie, le vaincu se mit entre les bras de ce Saint, obligé par sa promesse, de faire l’espace de trente jours, tout ce qu’il voudrait : le Saint lui conseilla une retraite durant ces 30. jours, pour vaquer aux exercices spirituels ; le fruit desquels il ressentit tout le reste de sa vie. […] et d’autant que la mort vous peut arriver aussi bien en jouant, comme en priant ; il est convenable que vos jeux, et vos récréations soient tellement faites, qu’en icelles Dieu soit honoré, votre salut éternel avancé, et que la mort vous arrivant durant icelles, elle ne vous surprenne pas, ni ne vous trouve pas en l’exercice d’une action, où Dieu trouve quelque sujet de déplaisir : c’est où je vise en cet article, vous enseignant la pratique pour jouer, et pour vous recréer, sans aucune offense de Dieu, et avec du mérite devant Dieu. […] car il est dommage que le cœur de l’Ame Chrétienne, capable de grandes, divines, et héroïques affections, s’occupe à celles qui sont de si peu de valeur, et mette sur le même autel, l’amour des choses spirituelles, et d’une frivole danse, laquelle outre qu’elle est en soi vile et basse, est fort dangereuse, comme maintenant on la pratique ; prenez donc cette action, comme un exercice du corps, un divertissement de l’esprit, une récréation de soi indifférente, laquelle vous pouvez rendre bonne, la rapportant à Dieu. […] Ayez une pure intention, comme ès autres actions indifférentes, de plaire à Dieu, et de l’honorer en cela, soit par la modestie que vous témoignerez, soit par l’habilité et industrie à faire cette action selon la bienséance, et conformément aux règles de l’art ; et aussi de faire quelque exercice corporel, et cette honnête récréation, pour puis après servir à Dieu, avec plus de vigueur de corps, et d’esprit.

94. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE IV. Détail des péchés qu'on commet en allant aux Spectacles. Réponse à ceux qui demandent s'il y a péché mortel, et si tous ceux qui y vont, sont également coupables. » pp. 76-81

5. « Dans la perte du temps ; on se plaint qu'on en manque pour ses exercices du Christianisme,Le Père Cheminais Jésuite dans un Sermon sur la Conception de la sainte Vierge.

95. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

Pour le premier point, il est évident qu’ils peuvent sous des peines Ecclésiastiques défendre la danse les jours des Dimanches et des Fêtes, et pendant tout le temps qui est particulièrement destiné à l’exercice de la pénitence et de la prière, parce que comme nous avons auparavant prouvé, la danse qui ne s’est introduite que par l’instinct de la nature, et pour la satisfaction des sens, est prohibée les jours des Dimanches et des Fêtes, et pendant tout le temps qui est consacré à la mortification et à l’Oraison, par les Canons et par les Lois.

96. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XIII et dernier. De l’utilité de l’art théâtral, et des dangers attachés à la profession de Comédien, sous le rapport des mœurs. » pp. 223-228

Je suis bien éloigné de pallier la vérité, au sujet des dangers de la profession de comédien, sous le rapport des mœurs ; mais je dirai que, d’un côté, le souverain, par ses ordonnances, et en confiant à ses agents, la surveillance des théâtres, a suffisamment pourvu aux mesures nécessaires, pour prévenir les abus qui pourraient naître de l’exercice de l’art théâtral.

97. (1824) Un mot à M. l’abbé Girardon, vicaire-général, archidiacre, à l’occasion de la lettre à M. l’abbé Desmares sur les bals et les spectacles, ou Réplique à la réponse d’un laïc, par un catholique pp. -16

J’aurais pu, en multipliant les citations, ne pas me borner à Louis XIV dont, quoique vous en disiez, la danse ne fut pas le plus grand péché ; une foule de traits auraient prouvé que ce prince n’était pas le seul qui eût du goût pour cet exercice : on sait que le duc de Chartres, depuis Régent, s’attira l’admiration de toute la cour par un menuet et une sarabande qu’il dansa au mariage du duc de Bourgogne, où celui-ci se distingua lui-même en dansant une courante. […] En quoi Dieu est-il offensé par un exercice agréable, salutaire, propre à la vivacité des jeunes gens, qui consiste à se présenter l’un à l’autre, avec grâce et bienséance, et auquel le spectateur impose une gravité dont on n’oserait sortir un instant ?

98. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

Les Gymnases ou lieux d'exercices publics étaient ornés de Statues, d'Autels et de Temples consacrés à Hercule, au rapport de Dion Chrysostome et de Pausanias, comme le Cynosarge d'Athènes selon Athénée, et le Gymnase de Chalcyde selon Plutarque. […] Il ajoute que tous les combats des Grecs, soit pour l'exercice de chanter et jouer des instruments, soit pour éprouver la force du corps, n'ont point d'autres chefs que les Démons, et que tout ce qui plaît aux yeux, ou qui flatte les oreilles au Théâtre, n'a point d'autre sujet que le respect qu'ils ont voulu rendre à quelques fausses Divinités, ou à des morts.

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