L’extérieur d’une fille mondaine ainsi parée, découvre assez clairement les différentes pensées de son âme ; elle désire ardemment d’être trouvée belle, sa prétention est d’attirer auprès de soi les garçons les plus divertissants, les plus agréables, les mieux faits, les plus enjoués, et les plus galants ; elle veut faire des conquêtes, et gagner des cœurs ; elle se préfère à toutes les autres Filles ; elle se tient fière, et prend un air de grandeur pour survendre ses appas, et se faire mieux valoir ses attraits ; elle ne sort de son logis, qu’après s’être regardée et considérée plusieurs fois ; elle porte encore un miroir de poche, pour se mirer dans tous les lieux où elle va ; son image, que ce miroir lui représente, lui plaît infiniment ; elle prend en elle-même un repos orgueilleux ; cherchant à l’entour d’elle des approbateurs qui soient de son sentiment ; c’est-à-dire en un mot, que cette âme superbe et dédaigneuse est toute remplie de vanité, de présomption, de vaine gloire, et de tous les autres mouvements, que la sensualité et l’orgueil ont coutume d’inspirer ; son cœur en est tout enflé et tout bouffi.
Celui-ci ne le satisfit pas plus que les autres, il en nomma un nouveau, qui refondit tout et mit l’ouvrage dans l’état où nous l’avons, « fort peu différent de ce qu’il était ».
Mais les jugements de Dieu sont bien différents de ceux des hommes : et il est bien plus raisonnable que sa volonté s’accomplisse que la nôtre. […] VIII. ne traitant que de la différence des Acteurs du Théâtre, et de leurs Noms, sont tout à fait inutiles, et hors de propos ; car cette distinction des différents Acteurs du Théâtre ne regarde point la Morale, qui ne les distingue que selon la différence de leurs vices, et qui les condamne tous selon qu’ils sont plus, ou moins vicieux. […] De sorte que toute délibération n’est presque autre chose qu’une comparaison de différentes raisons de part et d’autre. » Ainsi il est constant que ce que dit Quintilien en cet endroit sur le sujet des Jeux et du Théâtre, n’est qu’un exemple qu’il propose d’une manière de délibération, qui par conséquent est une chose douteuse, et qui souffre contradiction, y ayant des raisons contraires de part et d’autre. En voici encore un exemple semblable tiré de Tacite sur le même sujet : J’en ai rapporté une partie dans la première observation du 1. chapitre ; mais il est nécessaire de répéter ici, ce que j’en ai dit, pour faire voir la comparaison entière des différentes raisons de part et d’autre sur cette question, si l’on doit instituer des Jeux et bâtir un Théâtre. […] Combien outre cela y a-t-il de mystères sacrés, combien de sacrifices devant, au milieu, et après ; combien de compagnies différentes, combien de Prêtres, combien d’officiers et de Ministres qui marchent en procession ?
Pourquoi penchez-vous vers deux partis différens ?
Pourquoi ne pas dire que Venus étoit fille d’un premier Roi de l’Univers, que les hommes ne connoissoient alors que les loix de la nature, ignoroient ce que c’est que le choix & le goût, se livroient à leurs besoins sans délicatesse comme les animaux, & se multiplioient en aveugles, sans que jamais les pères reconnussent leurs enfans, & les femmes leurs époux (ce temps n’a jamais existé, un Chrétien qui croit à la Genèse n’avance point de si grossières absurdités) ; que cette Venus que le Ciel avoit doué d’une beauté divine, sentant des sentimens bien différens des femmes, le dessein de faire connoître aux hommes une union plus parfaite, qu’elle assembla les plus belles femmes, & que connoissant son sexe moins difficile à conduire que les hommes (peu de maris en conviendroient) : elle commença à publier par lui les loix, persuadée que les femmes porteroient bientôt les hommes à les suivre, lorsqu’elles se donneroient la peine de les en instruire (ces institutrices de chasteté sont à naître, à moins que ce ne soit les Actrices de l’opéra), dans cette nouvelle école cette Princesse leur fit voir l’horreur de se livrer à la nature sans que le cœur y prit aucune part ; que cette partie étant la plus belle & la plus noble, devoit conduire toutes les actions de la vie (quand on n’a que des sentimens platoniques, on n’en veut pas plus à la femme qu’à l’homme, la femme touche le cœur par d’autres endroits).
Si on appelle un tel personnage grand homme, les idées de notre siecle sont bien différentes de celles du genre humain, de la religion & de la vertu.
Le fleuve suivit la pente & reprit son cours, la comédie devint intolérable ; toutes les nations où elle se produisit furent indignées ; les ordonnances des Rois, les plaintes réitérées des États généraux, les arrêts des Parlemens, le châtiment, le bannissement, la suppression de différentes troupes, enfin les idées communes, le langage ordinaire, qui par un consentement unanime de tous les peuples & de tous les siècles, depuis la Chine & le Japon jusqu’en Portugal & en Écosse, a fait du nom de Comédien une injure proverbiale, une expression de mépris, de folie & de vice, peuvent en convaincre les plus incrédules.
Il y a cent comédies qui sous différens titres produisent le même effet, & sont jouées à la même fin.
Voici quelques traits singuliers d’une conduite bien différente.
L’amour est dans le dramatique la matiere d’un grand différent ; faut-il le mêler dans toutes les pieces ?
Dans je ne sais plus quelle intrigue un Coquin demande à d’autres, comment il faut s’y prendre pour se délivrer des obstacles que leur oppose certain personnage, et l’un d’eux répond de sang froid : la riviere coule pour tout le monde J’ai vu, oui, j’ai vu tous les Spectateurs s’indigner de cette atroce application d’un Proverbe consolant dans son vrai sens ; j’ai vu frémir jusqu’aux Tartares ; les Tartares, Monsieur, sont la foule de gens sans aveu, qui, chaque soir, se répandent sous les galeries, dans le jardin et les différens jeux du Palais-royal.