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124. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Examinons quelques textes les plus apparents que l'on allègue ordinairement pour défendre cette fausse opinion. […] C'est encore avec moins de raison que l'on pense autoriser cette mauvaise intelligence de l'Antiquité par la Constitution des Empereurs Théodose, Arcadius et Honorius, qui défendent de mettre aucunes figures de ces Joueurs Scéniques dans les lieux publics où leurs statues sont élevées en objets de vénération ; car elle parle en termes exprès des Pantomimes, ou d'un vil Histrion, c'est-à-dire des Danseurs et des Bouffons, et non pas des Acteurs du Poème Dramatique. […] Et Macrobe soutient que les Histrions n'étaient point infâmes, et le prouve par l'estime que Cicéron faisait du fameux Roscius Comédien, et d'Esope excellent Tragédien, avec lesquels il avait une étroite familiarité ; et par les soins qu'il prit de défendre les intérêts du premier devant les Juges ; où le mot d'Histrions ne signifie que les Joueurs de Comédie et de Tragédie, comme il résulte assez clairement de l'exemple qu'il en tire de Roscius et d'Esope seulement, et de ce que auparavant il avait montré que les Danses malhonnêtes et désordonnées, qui étaient propres aux Bouffons et vrais Histrions, étaient condamnés par tous les sages au siècle de ces deux célèbres Acteurs.

125. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Parmi cette foule de méchantes raisons, je m’arrête aux principales, car il serait impossible de les rapporter toutes, on allègue que la comédie ou tragédie est une peinture, et une représentation fidèle d’une action, ou plutôt de quelque événement dans sa substance et dans ses circonstances, et qu’elle n’est différente de la lecture de l’histoire, que nul ne s’avisera de soutenir être défendue, qu’en ce qu’elle représente d’une manière vive animée, et pour ainsi dire personnelle, ce que l’autre ne raconte que comme passé, et d’une manière morte et sans action. […] Mais si la comédie était quelque chose d’aussi mauvais qu’on nous le veut faire croire, la police ne la défendrait-elle pas ? […] Mais Jésus-Christ a-t-il défendu la comédie dans l’Evangile ?

126. (1607) Prologue de La Porte, Comédien

Thomas, de l’autorité duquel je me fusse contenté s’il eût été simplement question de vous prouver que la libéralité est plus honnête que l’avarice, le parler plus nécessaire que le silence et la vertu plus louable que le vice, car cela se défend assez de soi. […] On leur reproche notamment la théorie du pouvoir indirect du pape sur les affaires temporelles, défendue par Robert Bellarmin dans ses Disputationes de controversiis christianae fidei adversus hujus temporis haereticos, publiées entre 1587 et 1593 et plusieurs fois rééditées. […] La Porte passe à la menace voilée : les comédiens sauront trouver qui les défende.

127. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Il ne comprend pas en quoi cette troupe académique a pû mériter l’indignation des Pasteurs : ceux-ci ont grand tort de défendre un amusement qui lui paroît très-honnête. […] Car tout ce que Dieu défend ne peut, dit Saint Augustin1, être agréable aux yeux de Sa Majesté, ni devenir la matiere d’un vœu légitime.

128. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

Vous agréerez, s’il vous plait, que j’aie défendu la vérité contre ce mensonges, et que j’aie fait connaître aux villes éloignées de la nôtre qu’à tort et faussement les jésuites ont été calomniés en un fait, auquel ils se sont montrés autant zélateurs du bien public, qu’amateurs de votre honneur, et désireux de l’avancement de vos enfants, et pour lequel ils méritaient devant les hommes plutôt une réciproque bienveillance que les calomnies de cet écrivain de Genève. […] Le texte est donc moins écrit pour démontrer aux autorités la valeur de l’action théâtrale des jésuites, que pour la défendre, avec leur appui. […] , p. 28), que nous reportons : « Nous, sieur de la Baume Dostun, Sénéchal de Lyon, approuvons beaucoup, et louons la présente conviction, comme ayant été témoin de la vérité, qui y est défendue, contre les mensonges, impostures, et calomnies couchées au récit fabuleux qui y est réfuté. […] [NDE] Nestorien : personne adhérant à la doctrine défendue par Nestorius (IVe siècle), affirmant que deux personnes, une divine et une humaine, coexistent en Jésus-Christ. […] [NDE] Les pères de l’Eglise, utilisés généralement comme autorités contre le théâtre par les ennemis de la scène, sont ici convoqués pour défendre la pratique théâtrale.

129. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Telles sont les lois qui défendent les spectacles les jours de dimanche, qui interdisent aux Comédiens les habits ecclésiastiques ou religieux, et même les habits et les parures trop riches, qui ordonnent d’ôter des lieux publics leurs portraits, qui donnent à toutes les personnes attachées au théâtre la liberté de se retirer quand elles veulent se convertir, et défendent d’administrer les derniers sacrements aux Comédiens qu’après un sérieux examen et des preuves bien certaines de leur conversion, constatées par l’information des Juges et l’approbation des Evêques. Plusieurs de ces lois regardaient nommément les Magistrats, comme celles qui leur défendaient d’aller à la comédie après dîner, de faire aux Acteurs d’autres largesses que d’une somme modique qui était taxée ; de paraître aux spectacles que deux ou trois fois l’année, le jour de la naissance et du couronnement de l’Empereur ; de transférer pour leur satisfaction les Acteurs, les décorations, les chevaux, d’une ville dans une autre, afin de se donner ce divertissement dans le lieu de leur séjour, etc.

130. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXI.  » p. 480

Il s'ensuit de là que tous ceux qui n'ont point besoin de divertissement, c'est-à-dire que la plupart de ceux qui vont à la Comédie, ne le peuvent faire sans péché, quand il n'y aurait point d'autre raison qui rendît la Comédie défendue.

131. (1675) Traité de la comédie « XXI.  » p. 309

Il s'ensuit de là que tous ceux qui n'ont point besoin de divertissement, c'est-à-dire que la plupart de ceux qui vont à la Comédie, ne le peuvent faire sans péché; quand il n'y aurait point d'autre raison de la croire défendue.

132. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

Canon ces paroles remarquables1 : le saint Concile défend les Farceurs & leurs Spectacles, les Danses qui se font sur le Théatre : Si quelqu’un enfreint la présente Constitution, nous voulons, s’il est Clerc, qu’il soit déposé, s’il est Laïque, qu’il soit excommunié. […] Concile1 de Ravenne, l’an 1286, défend aux Clercs d’entretenir dans leurs maisons ou des derniers des Pauvres, les Comédiens que les Seigneurs leur envoyoient, après s’en être divertis ; n’étant pas convenable de faire un usage aussi illicite d’un bien qui doit être converti en aumônes. Un Concile de Tours, en 1583, défend, sous peine d’Excommunication, les Comédies, Jeux de Théatre, & toutes sortes de Spectacles irréligieux : Comœdios, ludos Scenicos vel Theatrales & alia ejus generis irreligiosa spectacula, sub Anathematis pœna prohibet1 sancta Synodus. […] Cet aveu que je fais ici, à l’occasion de l’appel comme d’abus, ne donne au sieur de la M… aucun avantage sur moi : le Parlement est bien éloigné de s’inscrire en faux contre l’Excommunication des Comédiens, & dans la supposition que ceux-ci portassent leurs plaintes en cette auguste & religieuse Cour, on leur produiroit une multitude d’Arrêts qu’elle a prononcées dans tous les tems contre la Comédie ; ils sont d’accord avec le Code Théodosien, qui défend à quiconque, étant pressé par la maladie, a renoncé au Théâtre, pour se reconcilier avec l’Église, & recevoir les derniers Sacremens, s’ils recouvrent la santé, de reprendre la profession qu’il a quittée, & de manquer à d’aussi saints engagemens.

133. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Lettre apologétique ou défense contre le Libelle du Père Augustin L’Approbation que la Comédie reçoit des plus célèbres esprits de ce siècle, lui sert d’un puissant avantage, pour se défendre contre le Père Augustin, qui non content de la faire l’objet de sa passion, tâche de la rendre odieuse, par la force de ses calomnies, et priver un chacun du plus agréable divertissement, qui sonta entre les exercices de l’esprit. […] Jean Chrysostome, Patriarche de Constantinople, en son étude du droit, défend d’admettre aucunsj plaisanteurs dans les Villes, pour le scandale qu’ils causaient, et en une Epitre à l’Empereur Honorius, se réjouit de ce qu’il les avait chassés de l’Empire, pour leurs dépravations. […] Cyprien, Evêque de Carthage, un des plus excellents Philosophes de son temps, et grand Orateur, en sa seconde Epitre de l’humilité des Chrétiens, fait mention d’un certain Comique, Neoptolomeus, qui avait infecté l’Empereur Valerius, par ses postures lascives ; bref, ils étaient convaincus de toutes sortes de crimes par les sacrés canons et décrets ; même le Pape Gesalius leur fit défendre la communion des Sacrements, comme nous l’enseigne le docte Rupert, en ses décrétales. […] Mais quant au regard des Comédiens qui n’ont point de Compétiteurs ni de personnes pour corriger la liberté de leurs pièces, ils représentent sans considération d’offenser la vertu de leurs Auditeurs ; A quoi je réplique ; qu’il n’y a point de ville bien policée, où leurs Comédies ne passent par la coupelleq des Magistrats, et où il ne leur soit défendu de n’exposer aucun sujet sur le Théâtre, qui puisse choquer l’honneur de Dieu, le service du Roi, et la réputation du prochain (Dictionnaire de l’Académie, 1694).

134. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Je ne sais encore pourquoi on n’a pas défendu d’arborer sur la scène et dans les bals masqués la robe du palais, le rabat, le bonnet quarréd, comme on y a proscrit les habits ecclésiastiques et religieux. […] Ils pourraient et devraient faire observer les canons qui défendent la comédie au Clergé, et le punir, s’il y allait. […] Auguste dans les premiers temps eut le même intérêt ; mais affermi sur le trône, il écouta les lois de la décence ; il défendit aux Sénateurs de paraître sur le théâtre. […] Un amateur, communément épris des charmes de quelque Actrice, se défend mal de ses sollicitations.

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