Si vous leur prescrivez quelque espéce de travail, ils s’en acquittent mal, ou font le contraire. […] Enfin, cet usage est contraire aux Comédiens mêmes.
Telle est la volonté du prince, manifestée dans l’article 6 de la Charte, qui s’exprime ainsi : « La religion catholique, apostolique, et romaine, est la religion de l’Etat. » L’Eglise n’a donc aucun droit de faire invasion dans l’Etat, car c’est par la volonté et l’autorité du prince et de la loi, que la religion existe dans l’Etat ; si cette volonté avait été contraire, cette religion n’y existerait pas, ou du moins elle n’y aurait pas la supériorité que la Charte lui donne ; par conséquent, la religion n’est là que parce que le prince l’a voulu, c’est sa puissance qui l’a instituée religion de l’Etat ; or, la puissance qui institue, est toujours la puissance supérieure ; le clergé qui doit son institution à cette puissance supérieure, ne peut ni ne doit la censurer, ni la blâmer, et encore moins la guerroyer, à la manière du jésuite Guignard, qui fut pendu et brûlé comme régicide, en place de Grève. Les prêtres, non seulement naissent sujets du roi, et soumis à toutes les lois du royaume, comme les autres citoyens, mais ils ne peuvent dans l’exercice de leurs fonctions, rien faire, rien articuler, de contraire à la volonté du prince et aux lois de l’Etat.
Vous avez laissé avec raison aux déclamateurs de la chaire, cet argument si rebattu contre les spectacles, qu’ils sont contraires à l’esprit du Christianisme, qui nous oblige de nous mortifier sans cesse. […] Voilà, Monsieur, de quoi vous croyez le Théâtre incapable ; vous lui attribuez même un effet absolument contraire, et vous prétendez le prouver. […] Cette passion, le grand mobile des actions des hommes, est en effet le ressort presque unique du Théâtre Français ; et rien ne vous paraît plus contraire à la saine morale que de réveiller par des peintures et des situations séduisantes un sentiment si dangereux. […] Il me semble que le sujet et les détails de la pièce, que le sentiment même qu’elle produit en nous, prouvent le contraire. […] Ne prenez point cette invitation pour un trait de satire contre vos ministres ; eux-mêmes ne doivent pas s’en offenser ; en matière de profession de foi, il est permis à un Catholique de se montrer difficile, sans que des Chrétiens d’une Communion contraire puissent légitimement en être blessés.
où il décide le contraire par ces paroles : « A l’égard de ceux qui vont à la Comédie, il y en a qu’il serait indécent et scandaleux d’y voir assister, comme sont les Religieux, et surtout les plus réformés ; et je vous avoue que j’aurais de la peine à les sauver du péché mortel, aussi bien que les Evêques, les Abbés et tous les gens constitués en dignité Ecclésiastique. […] Il soutient qu’elle est supposée, qu’il a cherché partout sans l’avoir pu trouver ; qu’il n’est pas probable qu’un saint Evêque, tel qu’était saint Charles, ait fait une Ordonnance pour permettre la Comédie, lorsqu’on trouve le contraire dans le premier concile Provincial de Milan, où ce saint Archevêque parle avec ses Suffragants en ces termes : « Nous avons, dit-il, trouvé à propos d’exhorter les Princes et les Magistrats, de chasser de leurs Provinces les Comédiens, les Farceurs, les Bateleurs, et autres gens semblables de mauvaise vie, et de défendre aux Hôteliers et à tous autres sous de grièves peines, de les recevoir chez eux. […] Jean Chrysostome contre la Comédie, et de montrer combien elle est contraire à la Discipline de l’Eglise, et les maux qu’elle attire sur le peuple Chrétien. […] On se lassa bientôt de ces Pièces pieuses ; ce qui y fit ajouter des Farces que le Parlement de Paris défendit en 1541. sous François I. comme contraires aux Saints Canons.
Je n’oublierais pas assurément Dom Sanche, si l’Auteur, comme vous l’avez très ingénieusement démêlé en parlant de Molière, n’eût, à l’exemple de ce fameux Comique, défiguré un si bel ouvrage par un dénouement postiche, contraire aux mœurs établies dans les quatre premiers actes de la pièce, et amené seulement pour ne pas blesser les préjugés de sa nation, et pour s’assurer davantage des applaudissements du parterre, qu’il a préférés aux éloges du sage3 et au but le plus noble qu’ait pu se proposer l’art dramatique. […] Reste donc à examiner quelques exemples donnés par vous, et à vous en opposer d’autres qui, leur étant contraires, suffisent pour mettre la vérité dans tout son jour. […] Et si la Poésie dramatique fait tant de ravages par les moyens qu’elle emploie quelquefois, comment de moyens contraires, employés par le même génie, ne pourrait-il résulter aucun bien ? […] L’Auteur s’est servi du moyen qu’avait imaginé Molière, et son ouvrage est d’autant plus utile à l’humanité, qu’il a attaqué le vice qui lui est le plus contraire, et qu’il l’a combattu avec les seules armes qui pussent lui porter quelque atteinte.
7, soutient que rien n’est plus contraire aux bonnes mœurs que d’assister à quelque spectacle ; que l’ame s’y trouvant séduite par le plaisir, reçoit aisément les méchantes impressions du vice ; & tout Stoïcien qu’il étoit, il avoue qu’il en sortoit plus avare, plus ambitieux, plus porté au plaisir & au luxe. […] Après cet examen, Tertullien conclud à la condamnation des spectacles, parce qu’ils excitent les passions, qu’ils sont contraires aux dons du Saint-Esprit, incompatibles avec les engagemens contractés dans le baptême, & à l’obligation qu’ont tous les Chrétiens de rapporter à Dieu toutes leurs actions, & de vivre dans une disposition continuelle de priere, d’attention, de vigilance & de pénitence. […] Lorsque les spectacles sont une occasion prochaine de péché mortel, quoiqu’on ne s’y trouve qu’à regret & par nécessité : c’est, dis-je, un péché mortel dans ce premier cas, 1°. parce qu’on autorise les acteurs par sa présence ; 2°. parce que l’on contribue à leur entretien, & que l’on coopere par conséquent au péché qu’ils commettent en représentant : s’il n’y avoit point de spectateur, il n’y auroit point d’acteur ; 3°. à cause du scandale ; 4°. à cause de la perte du tems ; 5°. par rapport au mauvais emploi de l’argent, qui est dû aux pauvres, s’il est superflu, ou aux autres besoins, s’il est nécessaire ; 6°. parce qu’on s’y expose presque toujours à l’occasion prochaine, & au danger presqu’inévitable d’offenser Dieu ; 7°. parce qu’en s’exposant ainsi à l’occasion prochaine de pecher, on tente Dieu ; 8°. parce qu’on fait une action que l’on ne peut rapporter à Dieu, & qui est directement contraire à l’esprit du christianisme, qui est un esprit de vigilance, de priere, de recueillement, de pénitence ; 9°. parce qu’on viole les loix de l’Eglise, qui condamnent les spectacles & ceux qui les représentent.
Que si l'on considère que toute la vie des Comédiens est occupée dans cet exercice ; qu'ils la passent tout entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant des spectateurs l'image de quelque vice ; qu'ils n'ont presque autre chose dans l'esprit que ces folies: on verra facilement qu'il est impossible d'allier ce métier avec la pureté de notre religion: et ainsi il faut avouer que c'est un métier profane et indigne d'un Chrétien ; que ceux qui l'exercent sont obligés de le quitter comme tous les conciles le leur ordonnent ; et par conséquent qu'il n'est point permis aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l'autoriser par leur présence.
Et ainsi il faut avouer que c'est un emploi profane et indigne d'un Chrétien ; que ceux qui l'exercent sont obligés de le quitter, comme tous les Conciles l'ordonnent ; et par conséquent qu'il n'est point permis aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession contraire au Christianisme, ni de l'autoriser par leur présence.
Or, c’est à tous ces principes que la morale des Spectacles est directement contraire. […] Les quatre sortes de sentiments que je viens d’indiquer sont tels que, s’ils étaient mis sur la Scène avec tout l’appareil propre à en faire valoir l’intérêt, ils ne pourraient manquer de remplir l’objet que l’on doit se proposer, qui est de corriger et d’instruire ; mais on ne saurait disconvenir que la passion de l’amour, ainsi qu’on a coutume de nous la représenter, ne produise des effets tout contraires.
En premier lieu, le Substitut de la Police jugera si l’ouvrage n’est point contraire aux Loix du Gouvernement. […] On commencera par m’opposer que mon systême (toute proportion gardée) peut être comparé à celui de Platon, par rapport à sa République : il aurait fallu, pour la peupler, que ce Philosophe eût créé des hommes nouveaux ; et, pour fonder le Théâtre que je propose, on dira qu’il faudrait pétrir des hommes d’une pâte toute nouvelle : on ajoutera qu’il est impossible que des Spectateurs, qui n’ont jamais connu d’autres Spectacles que ceux où l’amour sert de base, où cette passion anime les intrigues, où elle détermine presque les caractères, et où enfin les épisodes et la diction ne respirent que l’amour, il est impossible, dis-je, que de tels Spectateurs adoptent précisément le contraire, et ne soient pas révoltés par mon système.
» Mais le moins que l'on puisse faire, est de n'y mettre pas d'obstacle et d'empêchement en faisant volontairement ce qui est directement contraire à cet esprit.