Qu’étaient les sombres connaissances de la Loi, en comparaison de l’admirable lumière qu’il a fait briller dans nos cœurs ? Il faut sans doute que sa parole ait une grande étendue, puisqu’elle contient tous les principes et les règles qui doivent juger le monde, non seulement dans les actions extérieures, mais dans les mouvements les plus secrets de la volonté, et les dispositions les plus intimes du cœur, « judicabit occulta hominum secundum Evangelium »Rom. 2.
Un Chrétien qui sait ce qu'il doit à Dieu ne doit point souffrir dans son cœur aucun mouvement, ni aucune attache de cette sorte sans la condamner, sans en gémir, et sans demander à Dieu d'en être délivré : et il doit avoir une extrême horreur d'être lui-même l'objet de l'attache et de la passion de quelque autre personne, et d'être ainsi en quelque façon son idole, puisque l'amour est un culte qui n'est dû qu'à Dieu, comme il ne peut être honoré que par l'amour. « Nec colitur nisi amando. » C'est ce qui fait voir qu'il y a une infinité de femmes qui se croient innocentes, parce qu'elles ont en effet quelque horreur des vices grossiers, et qui ne laissent pas d'être très criminelles devant Dieu, parce qu'elles sont bien aises de tenir dans le cœur des hommes une place qui n'appartient qu'à Dieu seul, en prenant plaisir d'être l'objet de leur passion.
Tu sais comme un soufflet touche un homme de cœur. […] « C'est peu pour négliger un devoir si puissant, Que mon cœur en secret vous déclare innocent.
Un Chrétien qui sait ce qu'il doit à Dieu, ne doit point souffrir dans son cœur aucun mouvement, ni aucune attache de cette sorte sans la condamner, sans en gémir, et sans demander à Dieu d'en être délivré ; et il doit avoir une extrême horreur d'être lui-même l'objet de l'attache et de la passion de quelque autre personne, et d'être ainsi en quelque façon son idole; puisque l'amour est un culte qui n'est dû qu'à Dieu, comme Dieu ne peut être honoré que par l'amour. « Nec colitur nisi amando. » C'est ce qui fait voir qu'il y a une infinité de femmes qui, se croyant innocentes, parce qu'elles ont en effet quelque horreur des vices grossiers, ne laissent pas d'être très criminelles devant Dieu, parce qu'elles sont bien aises de tenir dans le cœur des hommes une place qui n'appartient qu'à Dieu seul.
Tu sais comme un soufflet touche un homme de cœur. […] « C'est peu pour négliger un devoir si pressant, Que mon cœur en secret vous déclare innocent.
De l’abondance du cœur la bouche parle, dit l’Evangile, dont l’autorité vaut bien celle de Gherardi & de Vadé. Leur cœur ne goûtât-il pas ces objets criminels, ne faut-il pas, pour les mettre au jour, qu’il s’en occupe, les invente, les combine, les embellisse ? […] Je ne sens point ces funestes effets ; le spectacle n’est qu’un amusement qui ne blessa jamais mon cœur. […] pense-t-il qu’il faille rentrer dans son cœur, & en fouiller tous les replis ? […] L’homme éclairé tombe, mais il se relève ; le cœur est blessé, mais l’esprit est sain.
On a bonne grace de crier contre les Missionnaires & d’aplaudir aux Comédiens, de condamner les Casuistes & de fréquenter les Italiens, de n’oser-lire un examen de conscience & d’apprendre Moliere par cœur : Clodius accusat machos, Catilina cethegos. […] L’art de corrompre les cœurs est porté à la plus haute perfection. […] C’est un corsaire qui arbore le pavillon ami pour venir sans résistance à l’abordage, c’est une amorce où la simplicité du poisson se laisse prendre, & où le cœur corrompu aime à être pris. […] C’est là que règne la licence : les yeux, les gestes, la langue, le cœur, tout s’y donne la plus libre carriere, tout s’y fait entendre, tout s’y fait goûter. […] Que doivent faire mutuellement sur leur cœur les Acteurs & les Actrices ?
Ces images ne s’effacent jamais de leur mémoire ; ils agissent en conséquence quand ils jouissent de leur liberté : leur esprit & leur cœur sont corrompus pour le reste de leurs jours. […] Quelque air de sagesse qu’on lui donne, elle a toujours trop d’empire sur le cœur pour ne pas faire des blessures mortelles. […] Dans un livre dicté par la sagesse & la vertu, mais où sans doute trop crédule l’esprit a été la dupe de la droiture du cœur. […] Les chemins par où on passe pour arriver à ces exces, ne sont propres qu’à corrompre le cœur. […] Il faut au cœur corrompu un mauvais caractère, pour se livrer à la haine, à la vengeance, aux soupçons.
Déchirée par ces sentimens, si puissans sur les cœurs généreux, la religion, le devoir & l’amour ; elle n’ose avouer Ces foiblesses des sens que sa raison surmonte. […] Zamor auroit son cœur, si Gusman n’avoit sa main. […] Son sort arrache des pleurs au cœur le plus indifférent, & les pleurs honorent l’humanité. […] Si vous craignez de voir un homme furieux, si vous fuyez l’aspect du jaloux, si vous redoutez les tristes effets de la haine, retirez-vous de la scène du monde où vous êtes sans cesse exposé à voir de pareils objets ; c’est au théâtre, à la vérité, qu’on vous en présente le spectacle le plus accompli ; mais c’est aussi là que vous voyez vos foiblesses au grand jour ; l’esprit apperçoit les défauts du cœur ; & la connoissance des vices est le germe des vertus.
Qui viderit mulierem ad concupiscendum eam, jam mœchatus est eam in corde suo. » Ajoutez d’autre part à cela ce que notre Seigneur dit encore lui-même, que celui-là est adultère dans son cœur, c’est-à-dire, est coupable devant Dieu du crime de l’adultère, qui jetant les yeux sur une femme conçoit des mauvais désirs contre sa pureté. […] Car ce Prince si plein de Dieu, et qui par le témoignage de Dieu même était selon son cœur, pour avoir jeté et arrêté ses yeux sur Bersabée, se rendit coupable de deux crimes horribles, d’un adultère et d’un homicidee. […] Car comme ceux qui se trouvent dans ces assemblées veulent tenir le haut bout, et précéder les autres, par cet amour de propre excellence dont le cœur humain est empoisonné, et qui fait la principale partie de l’esprit du monde, soit en dansant actuellement, soit pour se placer, soit encore pour prier ou inviter les femmes ou filles à danser ; il se rencontre mille occasions de contestation, dans lesquelles on s’emporte souvent à dire des paroles aigres, offensantes et injurieuses ; on se pique d’honneur ; on entre dans le ressentiment ; on conçoit de la haine et des désirs de vengeance ; on en forme le dessein, et on en vient même aux mains et aux armes. […] Mais que dirons-nous de ceux qui ne vont au bal que pour contenter les passions déréglées de leur cœur, afin d’y voir les personnes pour lesquelles ils ont de l’attachement, et afin d’avoir la liberté de s’entretenir avec elles, de les cajoler, et de leur communiquer leurs mauvais sentiments ?
Vos cœurs, ajoûte ce prodige d’éloquence, sont assiegez, ils sont attaquez, ils sont pressez de tous côtez par la representation de ces Pieces scandaleuses. […] Mettez un flambeau allumé dans la paille, si elle ne brûle point, j’avoueray qu’un cœur plus disposé à brûler que la paille peut estre penetré du feu, & en prendre de tous côtez sans aucune brûlure. […] Salvien, passent de la bouche des Acteurs dans les cœurs & dans les actions de ceux qui les entendent, & qui les voyent. […] Les theatres portent le feu dans le cœur des hommes, les theatres empoisonnent & tuent les ames. […] Les bons prennent quelquefois le goût du mal en voyant representer ces Pieces ambiguës, le mal s’insinuë jusques dans leur cœur, à la faveur de ces belles apparences, sans qu’ils s’en soient presque apperçus : Des ennemis déguisez sont quelquefois dans le cœur de la ville, sans que personne les ait vû entrer ; & comme on ne reconnoist que ce sont les ennemis, que quand ils commencent à tuer, à brûler, à piller, ces personnes ne remarquent les méchantes qualitez de ces Pieces, que quand leur cœur est pris, & qu’il est passé de la vertu à l’indifference, de l’indifference au peché, du peché quelquefois à la coûtume, à l’insensibilité, à l’impudence.