Judith en est bien aise, lui ordonne de faire le guet d’un œil curieux et jaloux, et croit que sa gloire a besoin d’un tel témoin.
Cet habile homme n’avait aucun besoin du docteur Prinn pour faire son livre, bien meilleur que celui de l’Anglais, qu’il n’avait peut-être jamais vu, et qui n’est guère connu en France.
Chaque ville a eu besoin de prendre bien des mesures pour arrêter les désordres trop communs dans des assemblées malheureusement tolérées, qui sont elles-mêmes un très grand désordre.
Mais on n’a pas besoin de le leur interdire, aucun Comédien n’a jamais eu la dévotion de s’y présenter ; y croient ils ?
Or, la sensation d’horreur & de désespoir qu’on dit en résulter, est-elle nécessaire pour éloigner du crime un cœur vertueux qui n’a pas besoin de ces horribles leçons ? […] Nous n’avons pas la vingtieme partie des Ouvrages des Anciens, dont nous aurions besoin pour entendre mieux ceux que le temps nous a conservés.
Oüy M. vous avez besoin d’un grand pardon & d’une grande misericorde, puisque les crimes qu’on commet à la comedie, sont plus grands que vous ne pensés ; la sainteté de la Religion y est profanée, les vœux du Baptême y sont violés, & pour comble d’iniquité, l’innocence des mœurs y est corrompuë. […] Je crois M. que tout ce que je vais vous dire là dessus se trouvera plus fortement appuyé sur vôtre experience, que sur mes raisonnemens ; c’est pourquoy afin de vous bien representer ce qui se passe au dedans de vous-même, il faut remarquer qu’il y a cette difference entre les Anges & les hommes, en ce que les Anges étans de purs esprits dégagez de corps & de matiere, ils n’ont pas besoin de recevoir les especes sensibles des objets exterieurs pour les connoître.
« Mais qu’est-il besoin d’exemples et de faits dans une matière où la simple raison déploie toutes ses lumières, où la nature même de l’homme, la trempe et la constitution de son cœur déposent contre les effets funestes du théâtre ?
qu’il y a des objets qui peuvent frapper si vivement nos sens, & faire telle impression sur nôtre esprit, qu’on a besoin des plus puissans secours de la grace pour s’en défendre ?
16, rapporte ce trait : nous avons besoin de veiller à toute heure, pour avancés que nous soyons dans la perfection, d’autant que nos passions renaissent, même quelquefois après avoir vécu long-tems en réligion, & avoir fait un grand progrès dans la vertu : comme il arriva à Silvain, Réligieux de Saint Pacôme, dans le monde il étoit comédien de profession, & s’étant converti & fait Réligieux, il passa plusieurs années dans une mortification exemplaire, sans qu’on lui vit jamais faire aucun acte de son premier métier ; vingt ans après il pensa pouvoir faire quelque badinerie, sous prétexte de récréer ses Freres, croyant que ses passions fussent tellement amorties, & qu’elles n’eussent plus le pouvoir de le faire passer au-delà d’une simple récréation ; mas le pauvre homme fut bien trompé, car la passion de la joie se réveilla tellement, que des badineries, il passa aux dissolutions, de sorte qu’on résolut de le chasser ; ce que l’on eût fait, sans un des Réligieux qui demanda grace, & se rendit sa caution, promettant qu’il se corrigeroit, ce qu’il fit, & veçut depuis très-saintement : Naturam expelles furcâ tamen usque recurret.
Il est des naturels heureux portés à la vertu, qui ont moins besoin de secours : le nombre en est petit, & ceux-là même risquent tout, s’ils sont exposés aux dangers du monde.
La dame de Guebriant étoit sa dame d’honneur, chargée de veiller sur sa conduite, & d’en répondre à son mari ; elle eut besoin de la garantie d’une dame de ce mérite.