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8. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « III. » pp. 12-16

Vous vous attireriez sur les bras tout ce qu’il y a d’Evêques zélés et de bons Pasteurs dans l’Eglise, aussi bien que les Seigneurs qui ont de la piété, qui emploient tout ce qu’ils ont d’autorité ou spirituelle ou temporelle, pour bannir les danses des lieux où ils ont du pouvoir. […] Ce n’est donc pas au Théâtre et au bal que vous avez dû conduire un Archevêque qui fait son entrée dans la principale Ville de son Diocèse, mais à l’Eglise et à l’Autel pour implorer le secours de Dieu dans les commencements de ses fonctions Episcopales, et pour attirer les grâces dont il a besoin pour s’acquitter d’une charge qui a toujours fait trembler les plus grands Saints.

9. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Le peuple romain désertait le théâtre de Térence pour courir aux bateleurs ; et, de nos jours, Mérope l et le Méchant m, dans leur nouveauté, ont à peine attiré la multitude pendant deux mois, tandis que la farce la plus grossière a soutenu son spectacle pendant deux saisons entières. […] La farce est le spectacle de la grossière populace, et c’est un plaisir qu’il faut lui laisser, mais dans la forme qui lui convient, c’est-à-dire, avec une grossièreté, innocente, des tréteaux pour théâtre, et pour salles des carrefours ; par là, il se trouve à la bienséance des seuls spectateurs qu’il convienne d’y attirer.

10. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Et partant bien que ie sçache asseurerement, que si vous fleurissez beaucoup dans la foy & dans la pieté, vous n’estes pas moins austeres & Reguliers en vos mœurs ; & que vos actions ne desmentent en rien vostre creance ; ie sçay aussi que le siecle est remply d’esprits libertins, qui estans engagés dans le vice luy donnent beaucoup d’autorité pour le faire aymer, & ne voulants pas estre seuls dans l’erreur, taschẽt non seulemẽt d’y attirer les autres par leurs persuasions ingenieuses, mais empruntẽt encor la faueur de l’Escriture Saincte pour l’accõmoder à leurs sentimẽts ; nous voulãt faire croire qu’elle appreuue les crimes & les diuertissemẽs impies des spectacles puis que (disent-ils) n’ont rien qu’vn innocent plaisir, & qu’ils seruent à delasser nos esprits abbatus des continuelles occupations ; car l’impudence du siecle a si fort alteré la vigueur de la discipline Ecclesiastique, & l’a renduë si languissante & eneruée par les desbordements, que les vicieux ne se mettent plus en peine de treu-a des excuses aux vices les voyants appuyées du consentement public. […] L’idolatrie, comme i’ay déja dit, est la mere de tous ces ieux : mais n’osant se declarer ouuertement aux pauures Chrestiens, elle a recours aux artifices pour les y attirer, & surprendre insensiblement, auec les doux charmes de la volupté, leurs yeux & leurs oreilles. […] Sacrement qu’il venoit de receuoir, & s’est allé ietter auec ce precieux dépost entre les bras des publiques & prostituées, sans cõsiderer que pour le plaisir criminel d’vn Spectacle, il attire sur soy les vengeances & les chastimens du Ciel. […] L’vn fait exprimer à sa trompette vn son guerrier & enroüé, & l’autre fait exprimer à sa flute des voix plaintiues ; vn autre voulant accorder vn instrument auec la voix delicate d’vn homme, emplit le corps du sien de l’air qu’il a premierement attiré dans ses poulmons ; il se peint la face à force d’y souffler, & puis retirant par les pertuis l’air qui s’y est gardé quelque temps, & entrecouppant le son à diuerses reprises, il tasche de donner à ses doigts l’vsage de la parolle : Et bien qu’il forme seulement des voix inarticulées, n’est-il pas bien m’éconnaissant de renuerser ainsi les ordres du createur, qui pour parler ne luy a pas dõné les doigts mais la langue. […] Vn Chrestien doit preferer les loüables occupations à l’oysiueté du theatre ; & si les spectacles ont attiré ses inclinations, il y en a de plus beaux dans la nature que ceux de la gentilité, & il aura dans leur entretien les vrays & solides plaisirs.

11. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Car hors leur presomption, dont on se divertit toûjours assez bien, il est tres-peu de choses en eux qui attire ou qui plaise, & les Comediens & les Libraires souvent ne s’en trovent pas bien. […] Nous croyons plaire aux autres, quand nous ne plaisons qu’à nous-mesmes, & à force de nous flater dans nostre presomption, nous rebutons le monde & nous nous attirons son mépris ou ses censures. […] La premiere, est un fait de grande importance & de grand exemple, car de soy il attire les esprits & les engage.

12. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Je ne suis point jaloux des applaudissements qu’on donne à ces Messieurs, j’admire leurs grands talents ; mais je les plains de les employer si malheureusement, qu’il faut renoncer à la Religion que nous professons, et à l’Evangile de Jésus-Christ, pour ne pas croire qu’il est fort à craindre que ce qui leur a attiré l’applaudissement des hommes, n’attire sur eux l’indignation de Dieu.

13. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

C'est pourquoi je vous prie tous de ne point assister à ces infâmes représentations des Spectacles, et d'en retirer les autres ; car tout ce qui s'y fait, bien loin d'être un divertissement, n'est qu'un dérèglement pernicieux qui n'attire que des peines et des supplices. […] Oui, mes frères, c'est le Démon qui a fait un art de ces divertissements et de ces Jeux pour attirer à lui les soldats de Jésus-Christ et pour relâcher toute la vigueur, et comme les nerfs de leur vertu, c'est pour ce sujet qu'il a fait dresser des Théâtres dans les places publiques, et qu'exerçant et formant lui-même ces bouffons, il s'en sert comme d'une peste dont il infecte toute la vie. […] Ils leur applaudissent pour des choses pour lesquelles on les devrait lapider, et ils s'attirent ainsi sur eux-mêmes par ce plaisir malheureux le supplice d'un feu éternel ; car en les louant de ces folies, on leur persuade de les faire, et on se rend encore plus digne qu'eux de la condamnation qu'ils ont méritée. […] Quand vous ne seriez point blessé de ces représentations infâmes, n'est ce rien que vous y avez attiré les autres par votre exemple ?

14. (1697) Essais de sermons « POUR LE VINGT-TROISIÈME DIMANCHE D’APRÈS LA PENTECÔTE. » pp. 461-469

Comme il lui fallait remettre la dévotion en toutes sortes de conditions, et la faire entrer dans l’âme de ceux qui vivaient à la Cour, aussi bien que de ceux qui vivaient dans les Cloîtres ; pour insinuer cette piété dans l’âme de ceux qui vivaient dans le monde, il lui fallait prendre des mesures de douceur, il fallait user de tolérance, de crainte que la sévérité n’écartât ceux qu’il voulait attirer, et que la pensée d’une malheureuse impossibilité ne les empéchât de venir à lui. […] Il ne voulut donc pas épouvanter le monde, il voulait les attirer ; se persuadant que si une étincelle de l’amour divin entrait dans leurs cœurs, ils seraient bientôt embrasés, et alors ils trouveraient facile ce qui leur semblait difficile. […] Or est-ce porter sa croix, est-ce ressembler à Jésus-Christ crucifié, que d’être ornée comme une idole pour attirer les vaines adorations d’une infinité d’impudiques ?

15. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

Dans une année, où la main de Dieu vient de s’appesantir sur nous, en nous ôtant la récolte qui fait la principale ressource du païs : dans un tems de calamité, où nous ne devrions penser qu’à fléchir sa colére par des œuvres de pénitence, n’attirez pas par de nouveaux crimes, de nouveaux traits de vengeance. […] Exhortons les ames pieuses de faire à Dieu, conjointement avec Nous, des priéres particuliéres, pour détourner sa colére, que ces sortes de scandales attirent ordinairement sur les villes.

16. (1705) Traité de la police « Chapitre II. De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés. » p. 436

La décadence de l’Empire, au commencement du cinquième siècle, attira celle de ces mêmes jeux, et les ensevelit, pour ainsi dire, sous les ruines des lieux où ils avaient été autrefois représentés. […] Ils ne furent pas longtemps sans abuser de cette liberté ; les obscénités et les insolences qu’ils mêlerent dans leurs récits et dans leurs postures, les rendirent enfin odieux, et attirèrent également contr’eux l’indignation de l’une et de l’autre des deux Puissances, la spirituelle et la temporelle.

17. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXVI.  » p. 485

 » Que si la prière qui doit attirer l'Esprit de Dieu sur tout le corps de nos œuvres est elle-même souillée, que doit-on juger de tout le reste des actions ?

18. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

La licence qui y régnoit, & qui leur a attiré tant de justes censures, en est sévèrement bannie. […] N’avons-nous pas entendu des hommes du monde reconnoître qu’on ne pouvoit y être attiré que par l’appas même de la licence, & avouer qu’en grossissant la foule des spectateurs, ils auroient eu honte d’y conduire les personnes dont ils avoient intérêt de conserver l’innocence & la vertu ? […] Je veux donc que les comédiens représentent des actions pleines de générosité & de décence ; mais ce n’est-là qu’un artifice pour déguiser le poison qu’ils veulent verser dans nos ames ; nous devons être plus effrayés du danger qu’attirés par le plaisir : omnia illic seu fortia, seu honesta, proindè habe stillicidia mellis de poculo venenato, nec tanti gulam facias voluptatis quanti periculum. […] L’incrédulité a mêlé son poison à tant d’autres qui les infectoient déja : on n’y néglige aucune occasion d’ébranler les fondemens de la foi, de lancer sur la Religion, sur ses Ministres, sur ses Mystères, les traits les plus malins ; & ce sont ces traits impies qui attirent les applaudissemens des spectateurs ; ce sont ceux qu’on retient avec plus de facilité, qu’on répète avec plus de complaisance. […] Vous en concluez l’innocence de ce divertissement ; & moi je devrois peut-être en conclure la corruption de votre cœur ; je devrois peut-être vous dire que si vous n’y avez pas perdu votre innocence, c’est que vous ne l’y aviez pas portée ; que si des objets si séduisans n’ont point allumé dans votre cœur le feu des passions, c’est qu’il en étoit déja tout consumé ; qu’enfin si le démon ne s’est pas servi de ce moyen pour vous attirer dans ses piéges, c’est qu’il étoit déja assuré de vous y tenir.

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