C’est là qu’un jeune homme, dont la vertu faisait le bonheur de sa famille, apprend à connaître le vice et à mépriser les conseils d’un père vertueux ; c’est là enfin que se préparent tant d’infidélités dans le mariage. […] N’est-ce donc rien aux spectateurs de payer le luxe de ces actrices, dont les regards sont mortels, de nourrir leur corruption, d’aller apprendre d’elles ce qu’il ne faudrait jamais savoir ? […] » Nos spectacles nous ont appris à ne plus rougir des passions, dit l’illustre d’Aguesseau, les charmes des spectacles et les actions qui y sont représentées, étouffent peu à peu les remords de la conscience, en apaisent les scrupules et en effacent insensiblement cette pudeur importune. […] Louis XV, qui à ce trait, que les courtisans lui donnaient pour indubitable, ne reconnaissait pas son saint, prit le parti de lui faire écrire pour apprendre de lui ce qui en était. […] « Les parents, continue-t-il, pour l’ordinaire plus occupés de l’extérieur que du fond de l’éducation de leurs enfants ne s’attachent qu’à leur apprendre les manières et l’usage du monde, où ils ont grand soin de les produire.
Ciceron dans son Livre de l’Orateur nous apprend l’attention qu’il avoit à placer les pieds qui conviennent au commencement, au milieu, & à la fin d’une Période, & il nous rapporte que cette Phrase, Patris dictum sapiens, temeritas Filii comprobavit, fut, quand il la prononça, extrêmement applaudie, à cause du Dichorée qui la termine. […] Augustin dans son Traité de la Doctrine Chrétienne, nous apprend que Virgile a fait dans Italia la premiere syllabe longue, que jusqu’à lui les Poëtes avoient fait breve. […] Par le premier Vers, il veut dire seulement, vous m’apprenez qu’on joue mes Piéces, & par le second il veut dire, & qu’on applaudit à mes Vers. […] C’est ce qui arrivoit souvent, parce que les mauvais Comédiens sont plus communs que les bons, & les cris des mauvais Acteurs Tragiques, donnerent lieu aux railleries de Lucien : mais puisque par d’autres passages, nous apprenons que souvent les Spectateurs étoient en larmes, nous ne devons pas douter que la Déclamation ne fût alors très-naturelle. […] Puisque leur langue factice étoit pareille à celle des Muets du Grand Seigneur, que sont obligés d’apprendre, comme le dit M. de Tournefort, ceux qui sont reçus dans le Sérail ; comment le Peuple pouvoit-il tant aimer des Acteurs qu’il ne pouvoit entendre ?
C’est un homme qui persévère dans l’infamie de son art, « in artis sua dedecore perseverat » ; un maître, un docteur pour perdre les jeunes gens, « magister doctor perdendorum puerorum » ; il enseigne ce qu’il a appris par des crimes, « quod maledidicit insinuat ». […] On apprend à tous les âges que ce qui s’est autrefois commis peut se commettre encore. Les crimes ne sont point ensevelis dans l’oubli, ne meurent point par le laps du temps, ils deviennent des exemples : « Scelus oblivione non sepelitur, exempla fiunt quæ facinora esse desierunt. » On retrouve le péché qu’on a commis dans sa maison, ou on y apprend ceux qu’on y peut faire. On apprend l’adultère en le voyant jouer : « Adulterium discitur dum videtur. » Le vice est moins redouté par le crédit de l’autorité publique, qui en tolère l’image. […] » En voyant avec plaisir le tableau du crime, on perd la pudeur, on s’enhardit, on apprend à faire ce qu’on s’est accoutumé à regarder : « Qui oblectatur simulacris libidinis, deposita verecundia fit audacior ad crimina, discit facere quod consuescit videre. » Là un Acteur dissolu, plus efféminé qu’une femme (un pantomime), parle avec les mains : « Vir ultra muliebrem mollitiem dissolutus. » Toute une ville s’agite pour un personnage dont on ne sait s’il est homme ou femme ; on aime ce qui est défendu, et on rappelle les égaremens de la jeunesse que l’âge aurait dû faire oublier.
Apprenons par cet exemple à nous défier de ces gens universels, habiles dans tous les arts, versés dans toutes les sciences, qui sçavent tout, qui raisonnent de tout, & semblent réunir à eux seuls les talens de tous les mortels. […] Mais que penser de celui qui nous veut enseigner ce qu’il n’a pas pu apprendre ? […] Faut-il apprendre à d’autres ces mêmes devoirs, & instituer des Philosophes & des Sages qui pratiquent ce qu’on leur a enseigné ? […] un Protagore d’Abdère, un Prodicus de Chio, sans sortir d’une vie simple & privée, ont attroupé leurs contemporains autour d’eux, leur ont persuadé d’apprendre d’eux seuls l’art de gouverner son pays, sa famille & soi-même ; & ces hommes si merveilleux, un Hésiode, un Homere, qui sçavoient tout, qui pouvoient tout apprendre aux hommes de leur tems, en ont été négligés au point d’aller errans, mendiant par tout l’univers ; & chantant leurs vers de ville en ville, comme de vils Baladins ! […] L’expérience nous apprend que la belle harmonie ne flatte point une oreille non prévenue, qu’il n’y a que la seule habitude qui nous rende agréables les consonances, & nous les fasse distinguer des intervalles les plus discordans.
Il semble qu’il ait plus d’envie d’amuser son Lecteur que de lui apprendre quelque chose de bon. […] Enfin les Acteurs n’avaient point encore appris ces soupirs entrecoupés, ces airs languissants et vifs, avec lesquels ils expriment à présent les passions. […] « Nous apprîmes, dit Rufin,De Vitis Patrum. […] Saint Paul nous apprend que la charité cherche l’utilité des autres aux dépens de ses propres intérêts : les Comédiens cherchent leur intérêt temporel aux dépens du salut éternel de leurs frères. […] O Dieu, quel nouveau feu est-ce que je sens s’élever en moi-même, à la pensée de tant d’irreligions et de profanations que j’apprends qui s’y commettent !
On apprend l’adultère en le voyant ; et avec la douceur de l’autorité publique, la personne qui était entrée chaste à la comédie, s’en retourne chez elle toute impudique. […] Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ?
N’est-ce pas le comble de la misere de ne pouvoir trouver de plaisirs que dans ses propres maux, & de récompenser ceux qui nous apprennent à les entretenir & à les rendre incurables ? […] Mon expérience m’a appris, disoit un fameux courtisan, qu’on ne peut être Chrétien & participer aux spectacles. […] Mon expérience m’a appris, dit-il, qu’on ne peut être Chrétien & participer à ces plaisirs. […] Allez cependant leur faire apprendre à cette école de vertu l’art de conduire habilement une intrigue, de vous dérober les secrets de leur cœur, l’art de nourrir, d’entretenir une passion que toutes les bienséances condamnent. […] Mon expérience m’a appris, disoit un fameux courtisan, qu’on ne peut être Chrétien & participer aux spectacles.
Ce que le Maître des Sentences nous apprend encore, disant que les pénitents sont obligés de s’abstenir de tous ces divertissements mondains. […] Ils eussent bien mieux fait de suivre constamment et de soutenir généreusement la doctrine des anciens, appuyée sur la discipline de l’Eglise, et animée de son esprit, et de réprimer par la force de la vérité la licence effrénée des Chrétiens relâchés et vicieux, que de leur apprendre une voie large qui favorise leurs convoitises, et qui par conséquent ne peut que les conduire au précipice, par des opinions nouvelles, qui n’ont aucun fondement dans la doctrine de l’Eglise, ni dans celle des Saints.
Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. […] Mais les Astrologues prétendent qu’ils ne se peuvent tromper, parce que leurs principes sont infaillibles, qu’ils s’élèvent au-dessus du temps, qu’ils entrent dans l’Eternité, et qu’ils consultent le Ciel pour apprendre de ses constellations ce qui doit arriver sur la Terre.
. : ce fera un comédien émérite & consommé ; il les exercera quatre heures par jour, & leur fera apprendre par préférence mes pieces dramatiques : Corneille est sublime, mais gothique. […] Je ne voudrois pas même qu’on fit parler un payen contre la religion qu’il professe, quoique fausse ; c’est un ait de blasphême, une sorte de scandale, qui peu à peu apprend à se jouer de toute sorte de religion. […] Ce seroit le moyen de faire apprendre & retenir l’histoire en s’amusant : c’étoit le goût des anciens maîtres. […] Si c’est la morale qu’on apprend dans Térence, ce n’est pas un sermon à prêcher dans les chaires ; mais les personnages odieux sont des valets fripons, des femmes de mauvaise vie, qui sont punies par le mépris. […] sur la Tragédie ; de voir, de juger, de sentir, de jouir ; l’un satisfait la curiosité, le désir d’apprendre : l’autre la vanité de prononcer souverainement : le troisieme, l’épreuve des sentimens agréables de toute espece : le quatrieme, la volupté par des regards, des pensées, des goûts.
On a bonne grace de crier contre les Missionnaires & d’aplaudir aux Comédiens, de condamner les Casuistes & de fréquenter les Italiens, de n’oser-lire un examen de conscience & d’apprendre Moliere par cœur : Clodius accusat machos, Catilina cethegos. […] Est il sort utile d’apprendre ces beaux dictons ? […] Les Casuistes auroient bien inutilement distingué, limité, excepté, pour nous apprendre qu’il est jour à midi. […] Madame de Maintenon avoit eu une idée approchante : elle avoit composé des conversations familieres sur divers sujets de morale, qu’on fait apprendre aux Demoiselles de S. […] Sans sortir des bornes de la paisible modestie du sexe, & donner dans les bruyans mouvemens du spectacle, on y apprend une bonne morale & l’art de converser avec grace & avec fruit.