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40. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Voilà la pure, la brutale nature au-dessous de l’amour des animaux. […] Cette maniere de maîtriser l’amour doit-elle rassurer ? […] L’amour seul auroit suffi pour établir l’immortalité de l’ame parmi le peuple le plus sauvage. C’est sans doute l’amour de Dieu ? Non : ce sera l’amour du prochain : J’aimois, j’étois aimé ; l’amour m’a enlevé l’objet qui m’étoit si cher : non, je ne saurois me persuader que je ne le reverrai plus.

41. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

La Comédie & la Tragédie mettent toujours l’amour en jeu ; notre Opéra, plus hardi dans ses entreprises, met l’indécence en action, ou du moins peu s’en faut. […] La bonne Jacinte répond en femme complaisante ; Ah, vous aimez l’amour badin ! […] A chaque ligne on est averti que le genre de cet Opéra Bouffon respire la volupté, l’amour du libertinage. […] Profite de la conquête que l’amour t’offre en ce jour. […] Veut-on voir quel est l’amour innocent qu’on dépeint dans l’Opéra-Bouffon ?

42. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CONCLUSION, de l’Ouvrage. » pp. 319-328

Le Spectacle du Théâtre est le seul qui embrasse et qui excite toutes les affections et toutes les passions du cœur humain ; il y a telle représentation qui inspire la joie, la tristesse, la colère, l’amour, les larmes et les rires ; et tous ces mouvements s’emparent bien souvent dans un seul jour du cœur des Spectateurs, jusqu’à leur faire sentir toutes ces différentes impressions à la fois. […] Sans examiner s’il est utile ou dangereux d’agiter le cœur humain jusqu’à ce point, ni le risque évident que courent ceux qu’on fait subitement passer d’un état de tranquillité et de repos à celui d’inquiétude, de colère, ou de toute autre passion : sans, dis-je, examiner ces points, je me bornerai seulement à parler de la passion d’amour, que je vais comparer dans la Tragédie du Cid à toutes les autres impressions que cette même Pièce peut inspirer. […] La passion d’amour fait impression sur tous les hommes, et non seulement une impression vive, prompte et indélibérée, mais encore une impression durable et permanente, pendant que les autres passions ne font qu’une impression passagère, comme si la passion d’amour, plus homogène et naturelle à l’homme, tenait de plus près que toute autre à l’humanité. […] Je crois donc qu’il faut convenir que si le Théâtre excite toutes les passions, jamais, ou rarement du moins, il parvient à en déraciner quelqu’une ; et comme la passion de l’amour est la plus dangereuse, parce qu’elle est la plus séduisante, je crois qu’il est absolument nécessaire de réformer le Théâtre en ce point, comme je l’ai dit tant de fois, et comme je me flatte même de l’avoir prouvé.

43. (1707) Lettres sur la comédie « LETTRE, de Monsieur Despreaux. sur la Comédie. » pp. 272-275

Je soutiens que l’amour exprimé chastement dans cette Poésie, non seulement n’inspire point l’amour, mais peut beaucoup contribuer à guérir de l’amour les esprits bien faits, pourvu qu’on n’y répande point d’images ni de sentiments voluptueux. […] Enfin, Monsieur, souvenez-vous que l’amour d’Hérode pour Marianne, dans Joseph, est peint avec tous les traits les plus sensibles de la vérité ; cependant, qui est le fou qui a jamais pour cela défendu la lecture de Joseph ?

44. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Une des principales raisons du danger de la Comédie, c’est qu’elle ne tend qu’à flatter les trois plus dangereuses passions de l’homme, l’amour, l’ambition et la vengeance, en nous faisant sentir du plaisir dans la représentation des plus grands excès de ces passions, car certainement si nous n’aimions pas ces passions, comme nous ne les devrions pas aimer selon la profession que nous faisons d’être Chrétiens, nous ne serions pas touchés de tant de plaisir dans leur représentation. […] Un mari ne se divertirait pas à voir jouer les amours de sa femme, ni un père à voir jouer les débauches de sa fille, etc. au contraire on fait ce que l’on peut pour s’ôter de la mémoire les spectacles qui nous affligent. Il est donc constamment vrai que nous n’aimons les grandes pièces qui nous représentent ces vertus Romaines (c’est-à-dire l’orgueil, la vengeance, l’ambition, l’amour, jusques, où l’imagination la plus outrée et la plus forcée les peut pousser) Car on s’abuse bien si on croit que les Romains étaient tels qu’on nous les dépeint sur les theatres : c’étaient des hommes, et les hommes naturellement ne pensent point tout ce qu’on leur fait dire. […] Mais pour revenir à mon sujet, nous ne prenons plaisir que dans la représentation des choses que nous aimons : et cette représentation fortifie encore dans nous l’amour de ces choses, bien loin de nous disposer à les haïr, comme nôtre Religion nous y convie. […] Lui dira-t-il, Seigneur, j’ai passé quarante ou cinquante années à composer des pièces pleines d’amour, d’ambition, de vengeance de bouffonneries, etc.

45. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — IV.  » p. 458

Or en excitant par les Comédies cette passion, on n'imprime pas en même temps l'amour de ce qui la règle: les spectateurs ne reçoivent l'impression que de la passion, et peu ou point de la règle de la passion: l'auteur l'arrête où il veut dans ses personnages par un trait de plume ; mais il ne l'arrête pas de même dans ceux en qui il l'excite. La représentation d'un amour légitime, et celle d'un amour illégitime font presque le même effet, et n'excitent qu'un même mouvement qui agit ensuite diversement selon les différentes dispositions qu'il rencontre ; et souvent même, la représentation d'une passion couverte de ce voile d'honneur est plus dangereuse, parce que l'esprit la regarde plus sûrement, qu'elle y est reçue avec moins d'horreur, et que le cœur s'y laisse aller avec moins de résistance.

46. (1678) Maxime LXXXI « LXXXI » pp. 39-41

C’est une peinture si naturelle & si délicate des passions, qu’elle les anime, & les fait naître dans nôtre cœur, & sur tout celle de l’Amour, principalement lors qu’on se represente qu’il est chaste & fort honneste : car plus il paroît innocent aux ames innocentes, & plus elles sont capables d’en estre touchées. On se fait en mesme temps une conscience fondée sur l’honnesteté de ces sentimens ; & on s’imagine que ce n’est pas blesser la pureté, que d’aimer d’un amour si sage. Ainsi on sort de la Comedie le cœur si rempli de toutes les douceurs de l’amour, & l’esprit si persuadé de son innocence, qu’on est tout préparé à recevoir ses premieres impressions, ou plûtost à chercher l’occasion de les faire naître dans le cœur de quelqu’un, pour recevoir les mesmes plaisirs & les mesmes sacrifices que l’on a veûs si bien representez sur le theatre.

47. (1675) Traité de la comédie « V.  » p. 279

Or en excitant cette passion par les Comédies, on n'imprime pas en même temps l'amour de ce qui la règle. […] La représentation d'un amour légitime et celle d'un amour qui ne l'est pas font presque le même effet, et n'excitent qu'un même mouvement qui agit ensuite diversement selon les différentes dispositions qu'il rencontre : et souvent même, la représentation d'une passion couverte de ce voile d'honneur est plus dangereuse, parce que l'esprit la regarde avec moins de précaution, qu'elle y est reçue avec moins d'horreur, et que le cœur s'y laisse aller avec moins de résistance.

48. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

L’amour, non la politique, fait selon lui le jeu de toutes les affaires. […] L’amour est une folie, qui a son flux & reflux, comme une fievre qui a ses redoublemens. […] Elle me fit confidence des amours du Prince, dont elle avoit la clef. […] C’est le langage de tous les théatres : On ne peut résister à l’amour. […] Venus met ces flêches dans le carquois de l’Amour, qui en décoche une à Mars.

49. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Il ne connoît de Dieu que l’Amour : l’adorer, s’enivrer de ses plaisirs, c’est-là toute sa religion. […] L’Amour seul est mon Dieu, c’est lui seul que j’écoute. […] Quand l’Amour a parlé, quel cœur est combattu ? […] Un amour insensé, adultere, sacrilége, contre la volonté des parens, les loix du mariage & des vœux solemnels. […] L’amour étoit autrefois croit, la nudité en étoit presque couverte & dégoûtoit en vice.

50. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

A l’amour ne mêlons point la crainte. […] Le charme de l’amour, son pouvoir invincibles. […] L’amour y fût, hélas ! […] L’amour déterminoit son ascendant sur moi. […] L’amour qu’attend la foudre.

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